«
Je vous dis qu’elle a changé, Mère... -
Et qu’en sais-tu, hum ? -
Je connais Juliette, Mère ! Je la surveille fréquemment, et je sais que son stage l’a changé... Le stage avec cette Décatis... -
Si ce stage la rend moins dévergondée, alors c’est une bonne chose. -
Je pense que vous ne réalisez pas très bien, Mère ! Nous sommes les Beaumont ! Nous avons nos entrées au sein du Conseil Impérial, ce que Juliette semble ignorer ! Je me méfie de cette nouvelle amitié, et... »
Pour toute réponse, la Matriarche,
Ursa Beaumont, eut un grand éclat de rire, et sa main, ferme et autoritaire, trempée du sang de l’esclave à qui elle venait d’arracher un lambeau de peau, se déplaça pour attraper le cou de sa fille,
Joan Beaumont. Elle la souleva, la décollant du sol, et sa fille se mit à couiner, se tortillant lentement, devant la poigne solide et terrifiante de la Matriarche. Son visage dégoulinait de sang, et Joan la vit sucer ses doigts griffus. L’esclave était en train de pisser du sang, avec des épines plantées dans un corps torturé et retenu au-dessus du sol par de solides cordes, la tête penchée vers le bas.
«
Jusqu’à preuve du contraire, ma petite Joan, c’est moi, ta Maman, qui s’occupe des intérêts du clan Beaumont ! Qui est la Matriarche, Joan ? Toi, ou moi ? -
Uugh... T-Toi, Mè... Mère... Je... Désolée, je... -
Et qui est donc la mieux placée pour savoir ce qui est bon ou non concernant le clan ? -
Haaa... T-T-Toi, Mè... »
Joan avait du mal à respirer et la Matriarche, en soupirant, la balança alors comme un fétu de paille. Les deux femmes se tenaient dans un grand hall, entreposant les multiples « repas » de la Matriarche, accrochés au plafond. Joan s’envola, et heurta lourdement un mur, avant de tomber sur le sol en grognant. La Matriarche se retourna alors, mettant fin à la conversation, tout en retournant s’occuper de son repas. Ursa avait de longues canines pointues. Elle était une vampire... Très particulière.
«
Maintenant, file, tu es en train de gâcher mon repas... Retourne t’amuser avec tes deux esclaves, et laisse Juliette en paix. »
Joan se releva, et acquiesça. Elle allait partir, oui... Mais elle n’allait pas lâcher Juliette. Après l’échec de Valentin, Joan continuait à surveiller Juliette... Et, si elle ignorait précisément ce qui se passait dans l’enseigne de Décatis, elle s’était renseignée sur elle... Et avait engagé des agents qui les avaient suivis. Elle savait ainsi que les deux femmes avaient mangé ensemble dans l’un des restaurants les plus prestigieux de la capitale. Joan savait comment Juliette pensait, et elle savait que Décatis était une femme forte et autoritaire, talentueuse, qui avait de nombreux clients, et des protections haut placées... Elle était notamment proche d’Edea Kramer, une puissante sorcière galbadienne, un État insulaire sur lequel l’Empire avait des vues.
*
Il est hors-de-question qu’on me la vole ! La virginité de Juliette est mienne !*
Elle sortit sur cette pensée, tandis qu’Ursa continua à caresser la chair de l’homme, arrachant l’une des pointes noires, longue de plusieurs centimètres, et la léchait, recueillant le sang du blessé, qui gémissait faiblement...
Ce que Juliette vivait s’apparentait à un rêve éveillé. Ni plus, ni moins. Les semaines défilaient à toute allure, et, sur tous les plans, Maîtresse Décatis la comblait. Elle était exigeante et dure, mais Juliette n’était pas dérangée par cela, car elle n’avait jamais travaillé autant sur ses enchantements, et, en quelques semaines, son niveau avait singulièrement accru. Il s’avérait que Juliette était une enchanteresse très talentueuse, maîtrisant à la perfection la théorie, et la pratique de plus en plus. Elle n’était pas un boulet, mais un véritable soutien... Et ça, c’était très positif pour elle, et pour sa fierté. Et puis... Outre ça, outre le travail en lui-même, il y avait... Il y avait leurs pauses... Décatis veillait à toujours l’attacher, et à toujours la faire jouir, mais jamais Juliette n’avait eu l’occasion de la toucher. Plus le temps passait, et plus elle voyait davantage Décatis comme une sorte de Déesse, comme sa véritable Maîtresse, et elle comme sa disciple.
Elle avait encore en tête leur soirée au restaurant, et la révélation qui avait suivi par la suite... Sa virginité était toujours intacte, malgré ses nombreux orgasmes. Décatis lui avait montré ce qu’elle était réellement... Une vampire. Sur ce balcon, Juliette avait alors su avec certitude qu’elle l’aimait. Plus aucun doute n’était en effet venu assaillir son esprit, seul dominant l’absolue certitude de ses sentiments. Avec le reflet de la lune sur son corps, Décatis était comme une espèce de nymphe. Juliette était tombée à genoux, et elle aurait alors pu offrir sa vie à Décatis, sans rechigner et sans sourciller. Elle avait cru que la femme prendrait sa virginité ce soir, mais Juliette était rentrée chez elle avec l’intimité en feu, et avait à nouveau utilisé une culotte spéciale... Une culotte qu’elle avait enchanté grâce à Décatis. Un client avait eu une demande particulière à faire, voulant développer une culotte qui pourrait, en sentant l’excitation sexuelle de la femme qui le portait, faire pousser de petits tentacules en elle afin de la faire jouir. L’imagination des clients était réellement sans faille, et Juliette avait réitéré cette technique, qui lui permettait de jouir sans avoir à utiliser ses mains. Elle joui toute la nuit, et avait littéralement fait une nuit blanche...
Juliette se trouvait maintenant seule dans la boutique, et ne pouvait s’empêcher de regarder l’escalier menant à l’étage. La porte du haut était fermée à clef, et Maîtresse lui avait formellement interdit d’y grimper.
*
Je me demande bien ce qu’il peut se passer là-haut...*
Ses pensées furent interrompues quand un client arriva, demandant à récupérer une commande. Juliette acquiesça, et lui apporta l’objet. Elle sentit alors une odeur de brûlé, et releva la tête... Quelque chose était en train de brûler à hauteur du plafond, et Juliette s’approcha à nouveau de l’escalier, en se pinçant les lèvres. Le sol vibrait parfois, comme les murs. Juliette serra nerveusement les doigts. Dans sa lettre, Décatis avait clairement dit qu’elle risquait de mourir... Que pouvait-elle bien affronter à l’étage ? Juliette se sentait comme l’épouse de Barbe-Bleue, et posa un pied sur la marche, la main posée sur la rampe... Puis un autre pied.
*
Arrête, Décatis t’a formellement interdit de...*
La porte d’entrée du magasin s’ouvrit brusquement, et Juliette sursauta.
«
Helloooooo !! »
Cette voix... Non ! Juliette sentit ses yeux s’écarquiller, et retourna dans la boutique... Joan ! Joan Beaumont était là ! Sa sœur ! Elle s’avançait lentement, dans une sensuelle toge rouge, et sourit à sa sœur. Mais que faisait-elle là ?
Et, pendant ce temps, Décatis était en train de se battre contre une force terrifiante...