Elle ignorait qui était cet esclave, cet homme qui se trouvait la tête en bas, à se vider lentement de son sang. Ursa était une femme cruelle, cruelle et sadique, comme une Ashnardienne de pure souche se devait de l’être. Un croisement entre un humain et un démon n’était jamais très beau à voir. Parfois, il y avait des ratés, comme Juliette, et, parfois, il y avait de franches réussites, comme Ursa, ou comme ses autres sœurs. Juliette, elle, était la Bête noire… Car elle faisait preuve de compassion, de miséricorde, d’indéniables qualités qui, aux yeux de ses sœurs, n’étaient rien de plus que d’horribles défauts. Elle sentit, dans sa tête, la voix de sa Maîtresse, qui continuait à l’accompagner, qui lui disait d’y aller, et de ne pas avoir peur. Ursa, elle, souriait joyeusement, presque de manière moqueuse, tant cette situation était en train de l’amuser. Maîtresse Décatis lui avait dit de ne pas montrer ses émotions, de rester calme et stoïque… Mais, en voyant cette queue qui pointait entre les doigts d’Ursa, Juliette fut incapable de masquer ses émotions, amusant sa Matriarche. L’esclave avait probablement eu sa langue arrachée, et, pour autant, malgré toute la souffrance qu’il ressentait, sa verge était bien opérationnelle. Maîtresse lui souffla d’y aller, de ne pas avoir peur, et de se dire qu’elle ferait tout ça pour elle.
*Oui… Oui, Maîtresse, vous… Vous avez raison.*
Elle avait raison, bien entendu, et Juliette s’avança lentement, en reprenant son souffle. Chacun de ses pas lui semblait lourd et long, comme une longue marche sans fin menant vers l’homme en souffrance. Il avait été grièvement torturé, ce qu’on pouvait voir en observant son corps rempli d’hématomes, d’ecchymoses, et de griffes. Ohlàlà ! Quelle horreur ! Mais Ursa ne plaisantait pas… Mère voulait que Juliette le fasse, elle avait ordonné à sa petite Juliette d’y aller, et de ne pas avoir peur… Si elle se défilait, ce serait le déshonneur. Oui, il fallait penser à Décatis, à sa Maîtresse, à son corps nu, à ce qu’elle ressentait pour elle, aux frissons que cette femme lui infligeait. Dans sa tête, Juliette remplissait son esprit d’images douces, les souvenirs de ces pause-déjeuners avec sa Maîtresse, quand elle l’attachait dans sa chambre de plaisir, en mettant à l’épreuve la résistance de son corps. Juliette ne pouvait rien masquer à Décatis, et il fallait bien qu’elle ressente un peu de plaisir, afin de convaincre sa mère.
Ursa avait bien évidemment des doutes sur les raisons amenant Juliette à agir ainsi. Même si elle était cruelle, elle restait sa mère, et, à sa manière, elle l’aimait… Une manière très particulière. Juliette se rapprocha de l’homme, et regarda craintivement sa mère. Cette dernière soupira alors, et ses ongles s’enfoncèrent dans le sexe de l’homme, faisant perler un peu de sang, l’homme se mettant à gémir.
« Bon sang, Juliette, ce n’est qu’une queue ! Elle ne va pas te mordre ! »
Juliette rougit, et posa ses mains sur les hanches de l’homme, avant de se retrouver face à son sexe. Ursa l’observait soigneusement. Impossible de savoir ce que sa Mère pensait. Est-ce qu’elle savait ? Est-ce qu’elle se doutait ? Joan avait bien compris, elle… Et Juliette avait tendance à penser qu’Ursa était bien plus intelligente que sa grande sœur. Soupirant donc, Juliette approcha sa bouche de ce sexe… Et l’enfonça en elle. Il était sale, ça puait, c’était ignoble… Rien à voir avec la douce odeur de sa Maîtresse quand elle l’embrassait ou qu’elle la caressait… Dans sa tête, yeux clos, elle pensait à tout, sauf à ça… Elle laissait ses fantasmes avec Maîtresse Décatis s’exprimer, et sentit la main d’Ursa caresser ses cheveux.
« Là, là… Remue d’avant en arrière, mon ange, et respire par le nez… Respire bien fort, et sois tranquille… »
Les mains de Juliette se crispaient contre la chair de l’homme, et elle continuait à remuer sa tête d’avant en arrière, sentant la main d’Ursa lui caresser tendrement les cheveux, caressant ensuite son dos. L’esclave, lui, gémissait silencieusement et faiblement, sa queue se mettant à gonfler et à grossir dans sa bouche, prenant des formes monstrueuses qui paniquaient Juliette… Son esprit s’emballait, et Ursa continuait à la consoler, à la caresser.
« Je sais très bien que Décatis Cryptinna n’est pas qu’une simple maître de stage pour toi… Une fille ne peut pas mentir à sa mère, Juliette… C’est pour ça que, tôt ou tard, je rencontrerais cette femme, et je déterminerai si son influence est positive pour toi, ou non… »
À la grande surprise de Juliette, qui en soupira, Ursa alla l’embrassa sur la joue.
« Tu es une fille faible et bête, Juliette… Mais tu es aussi la plus loyale des Beaumont. Si seulement tu pouvais acquérir un peu de sang-froid, tu serais la plus parfaite des héritières. »
Tout simplement.
« Allez, cesse de le sucer, et va te reposer… Tu auras droit à un esclave, Juliette. Je l’enverrais dans ta chambre ce soir. »
Juliette déglutit en retirant ses lèvres. Sa bouche était pâteuse, et elle s’éclaircit la gorge.
« Me… Merci, Maman… »
Que pouvait-elle dire d’autre ? Elle était toute rouge, affreusement gênée, et marcha précipitamment, en filant dans sa chambre.