Nouvelle rencontre [Pv ~> Marine]

Injuste ? Ce n’était pas ce qu’il pensait. Au fond de lui, il savait que Marine n’aurait pas vraiment été d’accord avec sa proposition, et ça n’avait pas loupé. Tout ce qui lui importait à présent était d’être avec elle, donc ce genre de sacrifices ne le dérangeait pas vraiment. Elle lui demanda donc de ne pas y penser et de plutôt profiter de la fin de soirée qu’il leur restait. Sur ce point, il était du même avis qu’elle …

Elle lui prit la main et l’entraina à l’endroit où elle avait laissé sa cape et la mit sur ses épaules. Elle tourna son visage vers lui : ce sourire lui allait à merveille. Elle paraissait vraiment … changée. Il répondit à son sourire par un autre, jusqu’à ce qu’elle lui demande de quelle manière il pouvait la ramener : ses ailes ou ses jambes ? Il avait récupéré, mais ne savait pas s’il en était encore capable. La ramener à pieds était pour elle la meilleure solution, la solution la plus prudente. Prudente ? A quoi bon maintenant ? A présent, il devait juste faire attention à elle, pas à lui.

« Ah, c’est une bonne question ça ! »

Se concentrant, il laissa de nouveau ses ailes pousser dans son dos. Jusque là, tout allait parfaitement, du moins lorsqu’il se tenait sur ses jambes. Il lâcha doucement la main de la jeune femme et battit des ailes. Il y avait juste une petite douleur, mais rien de trop grave. S’il ne faisait pas de folies sur le chemin du retour, tout devrait bien se passer pour lui. L’ange retourna vers elle, lui prenant les deux mains.

« Alors, tu en penses quoi ? Ça à l’air de marcher non ? »

Il se pencha vers son visage, l’embrassant quelques instants, puis la prit dans ses bras et décolla sans lui laisser le temps de répondre. Il l’a connaissait assez pour se douter qu’elle ne l’aurait pas laissée faire lui faisant la morale comme quoi ce n’était pas du tout sérieux. Cela l’amusait et lui faisait à la fois plaisir qu’elle s’inquiète autant pour lui.

Ils volèrent de longues minutes, Kei ne pouvant pas s’empêcher de forcer sur ses ailes. C’était surement leur dernière soirée, donc autant que Marine en reparte avec un bon souvenir. L’hôtel de celle-ci fut enfin en vue et ils durent se poser un peu plus loin pour ne pas attirer l’attention. L’ange rangea ses ailes et tendit son bras en souriant.

« Et voilà m’dame, vous êtes de retour chez vous ! »

S’il l’avait laissé choisir, elle lui aurait dit de revenir à pieds et non par les airs mais visiblement, il s’en doutait un peu. Il l’embrassa et avant qu’elle n’ait le temps de réagir, il l’a prit dans ses bras et l’emporta dans les airs. Malgré son inquiétude pour l’ange, elle ne put s’empêcher d’admirer une nouvelle fois la vue et d’apprécier la sensation de liberté. Ils arrivèrent en vue de l’hôtel qu’ils dépassèrent. La jeune femme en fut surprise mais son sens pratique lui revint vite en tête. C’est sûr que ça ferait bizarre s’ils se posaient comme ça devant l’hôtel.

Kei la posa doucement à terre et rangea ses ailes.

« Et voilà m’dame, vous êtes de retour chez vous ! »

Il lui tendit son bras qu’elle prit avec plaisir et lui rendit son sourire. Ils partirent en direction de l’hôtel de la jeune femme et montèrent dans sa chambre.

Arrivés dans la pièce, Marine lâcha le bras du jeune homme et se mit à tourner sur elle-même en riant dans la pièce comme une petite fille. Elle avait cette impression de retourner en enfance. Plutôt que de retourner, tomber en enfance serait plus juste. Elle n’avait jamais eu d’enfance, elle ne savait pas ce que c’était mais là elle s’imaginait que ça devait ressembler à ça.

Elle continua sa ronde solitaire jusqu’à ce qu’elle se laisse tomber sur le lit totalement étourdie. Elle souriait aux anges. L’expression serait plutôt qu’elle souriait à son ange. Elle releva tout doucement la tête, elle était encore étourdie, et le regarda :

« Merci, mille fois merci pour ce voyage merveilleux dans les étoiles. C’était merveilleux et magique »

Elle éclata de rire de bonheur. Ses joues étaient roses de plaisir et d’excitation. Elle se laissa retomber en arrière, les bras en croix sur le lit.

Marine accepta sans problèmes le bras que lui tendait le jeune homme, puis ils partirent tout deux en direction de l’hôtel, tel deux amoureux. Une fois à l’étage, dans sa chambre, elle le lâcha en allant rire aux éclats au centre de la pièce. Apparemment, elle avait beaucoup appréciée la soirée, plus que ce qu’il avait imaginé même. Il l’a laissa donc tournoyer toute seule puis la regarda se laisser tomber doucement sur son lit, le visage toujours rayonnant. Elle tourna doucement son visage vers lui, le remerciant pour ce merveilleux moment qu’elle avait passée. Il n’y était pour rien, du moins pas entièrement. Si elle ne s’était pas ouverte à lui, rien de tout cela ne se serait passé. Donc tout le mérite ne lui revenait pas entièrement car elle avait dû mettre de côté son ancienne vie de côté, chose qui n’était pas forcément facile à faire. Elle rigola et se laissa tomber en arrière, se retrouvant allongée, les bras grands ouverts. Il s’assit à ses côtés …

L’heure des adieux commençait à arriver à vitesse grand V. Il redoutait ce qui allait maintenant se passer. Peut-être que rien ne changerait, du moins pas en mal. Ils se considéreraient peut-être toujours comme des êtres à part l’un pour l’autre. Mais peut-être que tout allait recommencer, comme une nouvelle vie. Son regard se fixa sur un point du plafond dont il était le seul à pouvoir voir. Son ton s’était légèrement durcit par peur de ce qui allait se passer, et il sentit un nœud se former au fond de sa gorge.

« Hé bien je suppose que c’est l’heure des séparations … ? »

Ça ne sonnait pas vraiment comme une question, mais plutôt comme une affirmation. Il repassa en revue tout les moments qu’ils avaient vécus ensembles. La bousculade au centre commercial, son invitation à diner, le diner, la nuit où il l’avait eut contre lui, dans ses bras, son visage rayonnant dans le ciel … Même s’il ne l’aurait jamais admis, ça lui faisait un pincement au cœur. Il sentit donc une trop grosse vague d’émotion et préféra se lever afin de l’éviter. Il s’étira longuement avant de lui dire.

« Il est temps … N’oublie pas de regarder de temps en temps dans le ciel. Qui sait, peut-être que tu pourrais apercevoir un ange passer hein ? »

Lui souriant une dernière fois, il tourna les talons, lui adressant un signe de la main. Il n’avait pas la force de lui dire adieux, c’était beaucoup trop dur pour lui. Il marcha en direction de la porte-fenêtre, l’effleurant du bout des doigts : même ainsi c’était trop dur. Il se mordit la lèvre inférieure, le gout du sang se faisant sentir dans sa bouche, et ouvrit la porte …

Elle le sentit s’asseoir près d’elle. Elle était heureuse. Du moins, elle l’était jusqu’à ce qu’il se lève et prononce cette question maudite :

« Hé bien je suppose que c’est l’heure des séparations … ? »

Marine se redressa d’un coup, toute sa joie était évanouie à présent. Il avança dans la pièce et s’étira comme si de rien n’était. Cette attitude ne fit qu’accentuer la tristesse de la jeune femme.
 
« Il est temps … N’oublie pas de regarder de temps en temps dans le ciel. Qui sait, peut-être que tu pourrais apercevoir un ange passer hein ? »

Kei lui sourit avant de se diriger vers la porte fenêtre. Il n’attendit même pas qu’elle-même lui dise au revoir. Il semblait agir comme si de rien n’était. Comment pouvait-il agir ainsi ? Agir comme si ce n’était pas grave ? N’éprouverait-il rien pour elle ?

Marine ne comprenait plus rien. Elle ne comprenait pas sa façon d’être. Elle était malheureuse aussi malheureuse qu’elle avait été heureuse. Des cieux où il l’avait conduite, il la faisait à présent plonger dans les abîmes. Le bruit de la porte fenêtre qui s’ouvrait la ramena vers la réalité. Il allait s’en aller, s’envoler peut-être pour toujours.

Elle se leva et couru jusqu’à lui. Elle l’enlaça plaquant son visage dans son dos come un acte désespéré pour le retenir. Que pouvait-elle lui dire pour le faire rester ? Peut-être juste ça.

« Reste ! Tu as dit que tu ne m’abandonnerais pas ! Alors ne m’abandonne pas ! Je t’en pris »

Elle se laissa glisser le long de son corps jusqu’à se retrouver à genoux sur le sol.  Ses bras autour des jambes de l’ange. Ses yeux déversaient des torrents de larmes et son corps était secoué de spasmes. Elle ne voulait pas le perdre.

Kei entendit Marine se redresser de son lit et courir jusqu’à lui. Quelques instants plus tard, il fut ceinturé et sentit son visage se poser dans le creux de son dos. Elle lui demanda de rester, de rester avec elle. Demander était presque un terme faible, supplier était plus approprié. Il n’avait jamais voulut l’abandonner. Au contraire, il l’aimait. Même si ses actes ne le montraient pas, c’était pourtant la vérité. Il n’avait jamais apprécié les adieux, c’était pour ça qu’il avait agit ainsi. Il s’était dit qu’en agissant comme ça, la séparation serait moins douloureuse. Ça avait été tout le contraire. Il s’était conduit comme le dernier des enfoirés.

Marine tomba au sol, à genoux, sans pour autant lâcher l’ange : ses jambes étaient toujours entravées par ses bras. Puis il l’entendit sangloter et sentit son corps trembler. Il n’avait jamais envisagé que ça irait si loin. Si seulement elle savait à quel point il s’en voulait. Elle était passée en quelques instants du paradis aux enfers. Il serra de toutes ses forces la poignée de la porte-fenêtre qu’il n’avait toujours pas lâchée jusqu’à ce que sa main en soi endolorit. A son tour, il sentit des larmes rouler sur ses joues. Il les essuya d’un revers de main et tourna sur lui-même pour se retrouver face à la jeune femme.

Elle n’avait toujours pas décidé de le lâcher et avait posé sa tête sur ses jambes. Il se laissa tomber à genoux, pour se retrouver à sa hauteur. Il lui souleva le visage d’une grande délicatesse et essuya les larmes ruisselantes de son visage. Il l’attira contre lui, plaquant sa tête sur son torse, la serrant contre lui. La main qui était posée dans le dos de Marine commença à s’agiter, glissant de bas en haut dans son dos pour la réconforter.

« Je suis désolé. Vraiment désolé d’avoir agit comme ça. Je ne me sentais pas capable d’affronter mes sentiments. Je pensais que te présenter mes adieux aurait été trop dur … Mais en définitive, je ne me préoccupais encore que de moi. Je n’avais pas pensé à toi … »

Il pensait avoir enfin changé après l’avoir rencontrée. Il croyait être devenu quelqu’un de bien, mais il s’était trompé. Il était toujours resté cette personne égoïste qu’il avait toujours été. Il était temps de changer. S’il ne le faisait pas pour lui, autant le faire pour la personne qui comptait le plus à ses yeux. Autrement dit, la personne qu’il serrait à l’heure actuelle contre lui.

« Je crois qu’il est temps pour moi d’arrêter de fuir … Souhaites-tu toujours m’avoir … à tes côtés ? »

Ce qu’il lui avait fait était ignoble, tout à fait dégueulasse. Il ne s’en étonnerait pas si elle lui en voulait éternellement. C’est pour ça qu’il ne pouvait pas s’imposer de lui-même dans sa vie …

Marine sentit qu’il se retournait et s’agenouillait devant elle. Il lui prit le visage et le releva. Il essuya ses larmes et la prit dans ses bras. Elle se serra contre lui, se nourrissant de sa chaleur et de sa présence.

« Je suis désolé. Vraiment désolé d’avoir agit comme ça. Je ne me sentais pas capable d’affronter mes sentiments. Je pensais que te présenter mes adieux aurait été trop dur … Mais en définitive, je ne me préoccupais encore que de moi. Je n’avais pas pensé à toi … »

Alors c’était donc ça ! Il souffrait de cette séparation tout autant qu’elle. Il avait eu peur de lui dire au revoir. La jeune femme préféra ça. Il tenait à elle.

« Je crois qu’il est temps pour moi d’arrêter de fuir … Souhaites-tu toujours m’avoir … à tes côtés ? »

La jeune femme releva son visage mouillé vers le doux visage de l’ange. Comment pouvait-il lui demander ça ? Doutait-il des sentiments qu’elle lui portait ? Elle passa ses bras autour de son cou et y enfoui son visage.

« Oui, oui je veux que tu restes avec moi. Du moins, jusqu’à ce que toi tu ne veuilles plus de moi. Je t’aime tant ! »

Elle le serra fort et fit descendre son visage jusqu’au sien. En même pas deux jours, il était devenu plus important que tout pour elle. Elle avait décidé de renoncer à son poste pour pouvoir rester avec lui.

« Je t’aime »

Elle posa ses lèvres sur celle de Kei. Sa langue franchit la barrière de ses lèvres et alla jouer avec celle du jeune homme. Son baiser était des plus passionnés.

A son grand soulagement, Marine accepta de l’avoir toujours près d’elle. Il avait eu peur que son comportement ne blesse trop profondément la jeune femme à tel point qu’elle ait décidé de ne plus faire attention à lui. Heureusement qu’il en était tout autrement, il ne l’aurait pas supporté. Elle avait passé ses bras autour de son cou, nichant son visage dans le creux de celui-ci. L’ange ressentait à intervalle régulier son souffle chaud, encore légèrement saccadé.

Doucement, il la sentit attirer son visage vers le sien. Il se laissa faire et se retrouva enfin à son niveau, les yeux dans les yeux, et elle prononça ces quelques paroles.

« Je t’aime »

L’instant d’après, leurs lèvres étaient une nouvelle fois scellées. La langue de Marine vint timidement chercher la sienne, puis dansèrent toutes les deux dans un rythme effréné. Chaque baisers étaient toujours plus passionnés que le précédent. C’était clair à présent : il l’aimait vraiment, il ne pouvait plus en douter. Le baiser dû, bien évidemment se rompre. Leurs bouches se décollèrent lentement et chacun tira son visage légèrement en arrière. Kei posa son front contre celui de Marine.

« Je t’aime aussi … Et je ne te laisserai plus jamais seule … »

Il écarta une mèche de cheveux qui vint barrer le visage de la jeune femme, puis il posa ses mains sur ses joues, reposant ses lèvres sur les siennes. Maintenant qu’il y avait gouté, il était bien trop dur pour lui d’arrêter. Au bout d’un moment, Kei sentit que le corps de Marine n’était plus secoué de spasmes. Il l’aida donc à se relever.

« Allez, debout jeune fille, tu vas attraper froid par terre »

Il la gratifia d’un sourire. Oui, cette fois c’était la bonne. Il ne la laisserait pas partir. Il fallait qu’il lui donne tout son amour et qu’il passe le plus de temps avec elle …

Lui aussi l’aimait, il le lui disait et elle le croyait. Il reprit possession de ses lèvres mais ce baiser fut plus bref que celui qui l’avait précédé. Plus court mais tout aussi bon. Marine s’était calmée. Elle ne pleurait plus.

« Allez, debout jeune fille, tu vas attraper froid par terre »

Il l’aida à se relever et lui souriait. Elle le fit rentrer à nouveau dans la chambre qu’il comptait quitter seulement quelques minutes plus tôt. Elle referma la porte-fenêtre pour empêcher le vent froid d’entrer.

La jeune femme revint alors vers l’homme de son cœur et, une fois de plus, se blottit contre lui. Elle avait besoin de se rassurer. Elle n’avait jamais eu confiance en personne d’autres qu’elle-même. Là, elle essayait, pour la première fois, de faire confiance à quelqu’un. De faire confiance mais aussi d’aimer. Deux choses inconnues. Un frisson la parcourue. Si elle se trompait, elle ne ferait plus jamais confiance à qui que se soit mais si elle s’interdisait cet amour, elle s’isolerait encore plus du reste du monde.

Elle leva son visage vers lui. Elle ne pouvait pas imaginer qu’il lui mente. Elle croyait en lui et lui croyait en elle, certainement bien plus qu’elle-même. Elle aurait besoin de lui dans le futur pour apprendre à vivre. Une chose qu’elle ne savait pas faire non plus. Vivre parmi les gens, les côtoyer. Lui, il lui apprendrait tout ça. Il resterait près d’elle, l’aimerait comme elle en avait tant besoin. La jeune femme comptait aussi lui donner tout l’amour qu’elle n’avait jamais eu.

Une fois mise sur pied, elle referma derrière lui la porte fenêtre et se retourna se blottir contre lui. Comme on dit, tout est bien qui finit bien. Sauf que leur histoire ne finissait pas, bien au contraire, elle venait tout juste de commencer. Elle releva son visage vers lui, le regardant : il l’a trouvé de plus en plus belle. Il se pencha au dessus d’elle, l’embrassant de multiples fois sur les lèvres dans un léger bruit sonore. A présent, il ne fallait plus la décevoir.

Il ne se rendit que vraiment compte qu’il était lorsqu’il sentit son ventre remuer. En y repensant, ils avaient passés la majeure partie de la journée ensemble et étaient rentrés alors que le soleil se couchait. Puis il y avait eu cet incident. Il n’avait donc pas besoin de montre pour savoir qu’il était tard, son ventre le lui rappelait très bien. Il fronça tout de même les sourcils, un peu embêté d’être dérangé pour si peu. Mais bon, il fallait qu’il reprenne tout de même des forces après s’être ainsi vidé pendant les vols de la journée. Et quitte à aller manger, autant le faire en bonne compagnie. Il se détacha lentement de Marine et la poussa doucement jusqu’à la salle de bain.

« Allez, ce soir on sort, alors fais toi belle ! – il fit mine de réfléchir – Enfin, je devrai plutôt dire de te faire encore plus belle, car belle, tu l’es déjà. Je passerai te prendre vers … 20h30. »

Il lui fit un fit un clin d’œil avant de lui sourire. Il lui donna un dernier baiser puis au lieu de partir par la fenêtre comme il l’avait toujours fait jusque là, il passa par la porte d’entrée qu’il referma derrière lui. Cependant, il resta un instant contre la porte. Il ne savait pas si tout cela était un rêve. Si c’en était un, qu’on ne le réveille jamais …

Il rentra donc chez lui, s’arrêtant chez un fleuriste qui allait bientôt fermer boutique et lui acheta un bouquet de roses. Il prit une douche, et passa le temps à essayer de se choisir des habits pour ce premier rendez-vous. Du moins, rendez-vous amoureux. Il ramassa le bouquet posé sur la table et sortit, se dirigeant vers l’hôtel de Marine. Le réceptionniste le regarda passer d’un drôle d’œil, ne comprenant certainement pas pourquoi depuis deux jours il ne faisait que faire des allers-retours, ni comment il faisait pour descendre de l’étage sans y être au préalable monté par les escaliers. Kei continua donc son chemin jusqu’à la dite chambre, puis toqua à la porte. Lorsque celle-ci s’ouvrit, il tendit les roses devant lui, à bout de bras.

« Allez, ce soir on sort, alors fais toi belle ! Enfin, je devrai plutôt dire de te faire encore plus belle, car belle, tu l’es déjà. Je passerai te prendre vers … 20h30 »

La remarque la fit rire. Elle eu à peine le temps de hocher la tête en signe d’accord qu’il quittait déjà sa chambre et par la porte, presque une première.

Elle allait rentrer dans la salle de bain et se dit que tant qu’à sortir, surtout avec l’homme qu’elle aimait, autant se mettre sur son 31 comme on dit. Elle attrapa sa cape, sortit au pas de course de l’hôtel et se dirigea vers le centre commercial. Heureusement, elle y arriva avant que les magasins soient fermés. Elle regarda les vitrines pendant quelques minutes avant de se décider à rentrer dans une des boutiques. Alors qu’elle ressortait, elle reprit sa course mais dans l’autre sens. Arrivée dans sa chambre, elle alla en vitesse se passer sous la douche. Elle remarqua alors qu’elle n’avait plus aucunes cicatrices sur le corps.

A peine sortit, elle enfila la tenue qu’elle venait de s’acheter. Une robe longue, fluide, argentée, assez simple mais vraiment jolie. La robe n’avait que de fines bretelles. C’était une première pour elle que d’avoir les bras nus et un décolleté qui mettait en valeur sa poitrine. Marine l’avait toujours détestée aujourd’hui elle essayait de s’en accommoder. Elle portait des escarpins de la même couleur que sa robe.

Elle releva ses cheveux avec quelques épingles, dégageant ainsi sa nuque. Son tatouage était alors visible mais ça lui importait peu. Elle espérait juste que cela ne gêne pas l’ange. Il fallait dire que ce n’était pas un petit tatouage vu qu’il prenait tout son dos, de sa nuque à la chute de ses reins. Il était composé de multiples arabesques noires. Elle l’avait toujours bien aimé.

Elle était terriblement stressée. C’était la première fois qu’elle sortait officiellement avec quelqu’un et en plus, elle avait décidé de se faire belle comme il lui avait dit. Elle espérait lui plaire.

Son cœur battit à tout rompre quand elle entendit toquer à la porte. Elle alla ouvrir et se retrouva devant un magnifique bouquet de roses. Elle le prit et s’effaça pour laisser Kei entrer.

« Elles sont magnifiques, tu n’aurais pas dû. En plus, je n’ai pas de vase – Elle réfléchit quelques secondes – Je vais descendre à la réception, ils en auront peut-être un. Je reviens »

Elle sortit juste après avoir déposé un baiser sur les lèvres du jeune homme. Elle revint au bout de cinq minutes, un vase dans les mains.

La porte s’ouvrit quelques secondes plus tard. Il ne voyait toujours pas Marine car le bouquet était toujours devant lui. Lorsqu’elle lui prit des mains et qu’elle s’effaça de l’entrée pour le laisser rentrer, il resta bouche bée. Il en cligna même plusieurs fois des yeux. Elle était absolument magnifique. Oui, c’était le mot, magnifique. Et encore, c’était bien trop peu. Il lui avait dit cela pour rigoler, mais elle l’avait vraiment fait. Elle prit le chemin de la réception juste après avoir brièvement déposé ses lèvres sur les siennes. Quant à lui, il était toujours dans le même état. Il ne comprenait plus …

Lorsqu’elle revint, son état ne s’était pas vraiment arrangé. Il avait juste avancé d’un pas. Il la contempla de haut en bas, pas trop longtemps pour pas qu’elle se sente comme une bête de foire. Mais c’était quelque chose, vraiment ! Il se pinça, tira la joue pour voir si tout ça était réel … Et ça l’était. En à peine moins de deux heures, elle avait changée du tout au tout. Il avait devant lui une nouvelle Marine. Alors qu’elle remplissait le vase d’eau, il ne l’a quittait pas des yeux. Elle mit les roses à l’intérieur et resta planté devant celles-ci. Il s’approcha doucement d’elle, posant ses mains sur ses hanches, lui chuchotant à l’oreille.

« Tu es vraiment … Magnifique … »

Il la tourna doucement pour qu’elle soit fasse à lui et l’embrassa tendrement … Après avoir vérifié qu’elle avait bien prit tout ce dont elle aurait put avoir besoin, ils sortirent de la chambre et se retrouvèrent dehors. Là, l’ange prit la main de Marine dans la sienne, faisant en sorte d’entrelacer leurs doigts, et ils se mirent en route. Il ne savait toujours pas où ils iraient manger, donc ils avançaient doucement. Peut-être était-ce tout simplement pour profiter le plus longtemps possible l’un de l’autre …

Ils passèrent devant plusieurs échoppes, mais regardant à l’intérieur, ils constatèrent qu’il y avait bien trop de monde. Ce qu’il recherchait, c’était plutôt un grand calme. Puis à force de tourner en rond, ils trouvèrent enfin un restaurant à l’allure chic, pas trop plein. Pile poil ce qu’il fallait. Rentrant à l’intérieur, ils allèrent s’installer à une table un peu à l’écart des autres. Tel un gentleman, il tira sa chaise, l’invitant ainsi à s’assoir, puis alla s’installer en face d’elle. Ils commandèrent leur repas, et des cocktails arrivèrent pour les faire patienter.

Chaque fois qu’il essayait de poser son regard sur elle, il se sentait rougir. Pourquoi était-il si nerveux ? Parce que c’était son premier rendez-vous amoureux avec une fille qu’il aimait vraiment ? Il se posait trop de questions et n’arrivait plus à réfléchir de lui-même. Maintenant qu’ils étaient ensemble, ils devaient apprendre à se connaitre. Mais il n’arrivait toujours pas à ouvrir la bouche, ni à aligner deux mots sans bégayer. La soirée commençait bien …

Elle rougit quand il lui dit qu’elle était magnifique. C’était bien la première fois qu’on lui disait ça. Main dans la main, ils déambulèrent un certain temps dans les rues avant de trouver un restaurant qui leur convenait.

Une fois à l’intérieur, Kei écarta sa chaise pour qu’elle puisse s’asseoir. Marine apprécia son geste. Une fois la commande passée, les cocktails leurs furent apportés. Visiblement, ni l’un, ni l’autre, ne savait quoi dire. Elle n’était jamais sortie avec quelqu’un. Elle n’avait donc aucune idée de ce que deux personnes pouvaient bien se dire dans une telle situation. Elle lui sourit.

« Toi aussi, tu es très élégant »

Elle se sentait un peu idiote. C’était stupide comme phrase mais elle ne savait vraiment pas quoi dire.

« Je suis désolé. Je ne sais pas trop quoi dire. Tu voudrais parler de quoi ? »

Marine était toujours très franche, un peu trop certainement, mais elle ne savait pas agir autrement.

Il la gratifia d’un sourire lorsqu’elle lui dit qu’elle le trouvait élégant. Il n’avait donc pas passé si longtemps à essayer de choisir ses vêtements pour rien. Lui qui avait l’habitude de mettre des habits simples, ça n’avait pas été facile. Il gardait tout de même quelques habits assez « classe » pour certaines occasions, mais en dehors de ça, on ne pouvait pas le qualifier d’élégant. C’était sûrement une première !

Aussi, elle s’excusa de ne pas trop parler, prétextant ne pas savoir de quoi discuter. Ils étaient dans de beaux draps ! Elle qui ne savait pas de quoi parler et lui qui était toujours coincé par ce premier rendez-vous galant … Ça commençait bien …

« J’en ai aucune idée … »

En disant cela, il avait l’impression de se retrouver à cette première soirée où il l’avait rencontrée. Sauf qu’à présent, il savait qu’il ne devait pas lui parler de son passé qui lui était troublant. Il ne voulait plus la décevoir, ni la rendre triste. Elle l’avait accepté comme il était, alors que très peu l’auraient fait. Très peu puisque il aurait fallut qu’il leur montre sa vraie nature. Et il n’aurait pas pu le faire devant tout le monde. Quitte à parler pour ne rien dire, il valait mieux qu’ils commencent à faire de plus amples connaissances. Ils avaient juste abordés les sujets les plus simples sans trop approfondir. S’ils étaient amenés à vivre ensemble, il ne voulait rien lui cacher.

« Hé ben … Si tu veux savoir quelque chose à propos de moi, pose toutes les questions qui te passent par la tête … »

Ce serait peut-être un début, qui sait ?

Marine fut surprise par sa proposition. Apprendre des choses sur lui, elle n’était pas contre mais elle ne savait ce qu’on pouvait demander à un ange. Peut-être devrait-elle simplement essayer de le connaître lui, la personne, et non pas la créature mystique qu’il était.

Elle réfléchit quelques instants. Ce n’était pas évident pour elle. Elle n’essayait pas en général de connaître les gens. Elle n’en retirait aucun intérêt. Là, c’était différent, il s’agissait de la personne qu’elle aimait même si ça lui semblait bizarre de penser ça. L’amour avait été toujours si abstrait pour elle mais maintenant elle le vivait. Elle devait faire un effort pour garder cet amour.

« Qu’est-ce que tu aimes faire en dehors du lycée ? Tu fais du sport ?  - elle baissa les yeux sur son assiette, pour l’instant vide – Je ne suis pas très doué pour poser des questions comme ça. Je connais encore assez peu de choses de la vie de tous les jours – elle porta son regard sur son compagnon – Si tu as des questions, tu as le droit de les poser aussi »

Peut-être que lui saurait quoi lui demander. Elle se voyait mal se mettre à sortir de la philosophie à table dans un dîner en amoureux mais elle ne voyait rien d’autres à faire ou plutôt à dire.

Apparemment, c’était toujours aussi dur. Cela l’amusait car elle semblait aussi mal à l’aise que lui. Mais il n’en fit rien de peur de la blesser. D’après ce qu’il comprenait, c’était la première fois qu’elle aimait quelqu’un, donc il ne voulait pas lui donner une mauvaise impression de l’amour. Il savait à quel point ce sentiment était important et combien il fallait le préserver.

Alors il réfléchit à sa question. A par le lycée que faisait-il ? Tout ce que pouvait faire un adolescent normal surement : sortir, aller dans des salles de jeux, au cinéma, au parc d’attraction, …

« Hé bien pour te faire une idée de mes loisirs, je fais ce que nous avons cet après-midi, en quelques sortes … »

Même s’il était habitué, il devait bien avouer qu’il y avait une grosse différence entre sortir seul et sortir avec quelqu’un. Il ne s’était jamais autant amusé. A croire que même les choses les plus simples pouvaient être amusantes lorsqu’on était entouré de personne que l’on appréciait, que l’on aimait. Pour ce qui était du sport, c’était différent. Ayant toujours été solitaire, il n’avait pas trop accroché à tout les sports qu’il avait fait. Il ne pouvait pas non plus pratiquer de sports de combats à cause de ses pouvoirs : même s’il ressemblait à quelqu’un de normal, ses muscles étaient plus développés qu’un être humain. Sans parler de sa régénération. En fin de compte, il ne se sentait bien que dans une seule discipline …

« Je sais pas trop si on peut appeler ça du sport, mais j’aime bien courir … D’ailleurs, je cours tout les jours. Je ne me suis jamais sentis très à l’aise au milieu d’un groupe, donc j’ai rayé de ma liste les sports collectifs … C’est ma façon à moi d’évacuer mon stress j’imagine … »

Puis en y réfléchissant, il remarqua qu’il avait dit une bêtise : lui, stresser ? Pour lui, ce mot n’existait que dans le dictionnaire, puisqu’il ne s’appliquait pas à lui.

« Et toi ? A part la bibliothèque, y’a rien qui t’attire ? »