Kei sentit Marine serrer sa main un peu plus fort : au moins, ça ne la dérangeait pas qu’il fasse ça et ses joues reprirent leur teinte normale en quelques instants. S’il pouvait décider, il aurait donné beaucoup pour que cet instant s’arrête et qu’ils restent tout deux ainsi, main dans la main, et ce pour l’éternité. Mais il ne le savait que trop bien : chaque bonnes choses devaient avoir une fin, malheureusement.
Ils continuèrent leur chemin, ne se lâchant pas la main pour autant. Il avait autant prit sa main pour la rassurer que pour se rassurer lui-même. Il savait que le moment où ils devraient ne plus se voir en tant qu’amis allait mais plutôt en tant qu’élève-professeur arrivait à grand pas. Et bien qu’il n’avait rien laissé paraitre de son mécontentement, ça l’embêtait un peu, pour ne pas dire beaucoup. Mais ce genre de chance était unique, et si elle l’avait refusée, qui sait dans combien de temps une autre se serait représentée ? Elle avait fait le bon choix, même si les sacrifices engendrés par ce choix étaient pour l’un comme pour l’autre.
Sur leur bord de la ruelle, une sorte de petit snack se profila au loin. Une fois devant, Marine lui demanda si manger ici lui convenait : il haussa les épaules. Plutôt que manger, il voulait profiter au maximum de chaque instant passé avec elle. Son visage se tourna lentement vers lui et il y lut une grande peine. Il essaya vainement de lui faire un sourire, mais elle s’excusa de son comportement, se jugeant d’une mauvaise compagnie, et qu’ils feraient mieux de reporter leur repas à un autre jour lorsqu’elle irait mieux. Mais Kei doutait qu’un autre jour conviendrait mieux. Ça ne servait à rien de déprimer, mais il fallait plutôt prendre la vie comme elle venait.
Doucement, sa main s’échappa de la sienne, laissant pendre son bras dans le vide. Plus moyen de s’y raccrocher. Elle allait partir. Voilà déjà qu’elle se tournait … Et qu’elle revint vers lui. Pourquoi ? Elle resta plantée là, en plein milieu de la rue, à le regarder. Ce regard le fit frissonner : il sentait qu’il n’allait pas aimer ce qui allait se passer. Mais ce fut tout le contraire. Lentement, il sentit les mains de Marine se poser sur son visage, et vit ses lèvres arriver droit vers lui. Il est tétanisé. Non pas par la peur, mais plutôt par la surprise. Il ne broncha pas et sentit même ses yeux s’ouvrir un peu plus lorsque leurs lèvres rentrèrent en contact. A la différence du baiser qu’ils s’étaient déjà donné, celui là était … différent. Il sentit ses yeux se fermer au fur et à mesure que le baiser se prolongeait, jusqu’à ce que les lèvres de la jeune femme s’éloignent. Elle rougit, puis après s’être excusée de cette action, se tourna et partit …
Kei resta là, incapable de bouger. Il n’en revenait toujours pas. D’ailleurs il n’était pas le seul. Lorsqu’il reprit ses esprits, les passants le regardaient : encore se malaise qui naissait au creux de son estomac. Il n’allait pas laisser s’en aller comme ça, pas maintenant. Il voulait être avec elle. C’est à ce moment qu’il s’en rendit compte : il ne voulait pas seulement être avec elle, il voulait être à elle, il la désirait. C’était peut-être égoïste de sa part vu qu’il avait l’éternité devant lui et pas elle, mais se quitter était trop dur pour lui, même pour l’ange qu’il était. Il se tourna vers le gérant du petit snack et commanda deux sandwichs, puis partit en direction de l’hôtel de Marine.
Lorsqu’il arriva à destination, il leva la tête vers le balcon de la jeune femme, mais il ne la vit pas. Peut-être n’était-elle pas chez elle. Mais dans l’état où elle l’avait quitté, c’était l’endroit le plus susceptible de l’abriter. Restait à savoir si elle voulait le voir. Il poussa la porte et demanda au réceptionniste s’il l’avait vu passer un peu plus tôt. Le vieux monsieur répondit positivement à sa question, rajoutant qu’elle était revenu en pleurant. Il le remercia et se dirigea vers sa chambre, empruntant les escaliers. En cour de route, il se mordit la lèvre inférieure nerveusement : qu’allait-il bien pouvoir lui dire ? Cette question restait toujours sans réponses lorsque la porte se fit voir. Il ne lui restait plus qu’à improviser. Il s’en approcha et après avoir profondément inspiré, il tapa sur le montant en bois, son front posé sur la porte.
« C’est moi … »