Une organisation sur Terre aussi ? [Black Widow] // TERMINE

« Pour la prison, je vous fais confiance. Si vous pouvez enfermer des personnes comme Nana, vous aurez pas de problèmes avec les diclonius. Mais il faut vraiment que je parle à Supergirl et les autres personnes qui vont emporter les diclonius, pour qu'ils se préparent à ce qu'ils vont devoir retenir. »

Ça paraissait logique. Tout comme Lloyd, Natalia avait pu noter que, parfois, Nana avait des « absences », des moments de blanc où elle semblait absorbée ailleurs, dans un autre monde. Difficile de savoir à quoi elle pouvait penser pendant de tels moments. La vie n’avait visiblement pas été très tendre avec elle, et, pourtant, elle continuait à conserver le sourire, comme si elle était habitée d’une sorte d’indéfectible sentiment de joie et d’allégresse. Ça faisait plaisir à voir, mais Natalia avait maintenant le sentiment que leur conversation était terminée.

« Tu ne pourras pas les voir tout de suite, Nana, il nous faut le temps de les réunir... Et trouver un meilleur lieu que celui-ci. Je pense que voir Supergirl sera amplement suffisant pour un premier contact. Tu as un moyen de communication, un téléphone portable, ou une autre adresse mail ? Au pire, je pourrais venir déposer un message dans cet appartement quand je pourrais te donner une date. »

Pour elle, le mieux était de faire comme ça. Lloyd et elle n’avaient plus rien à faire ici, si ce n’est prendre le thé et passer le temps. Nana ne pourrait rien leur apprendre de plus, et la jeune diclonius avait peut-être besoin de se reposer un peu, de se détendre.

« Si jamais vous revoyez Lucy, n’hésitez pas à lui dire que nous ne lui voulons vraiment aucun mal, et qu’elle n’a rien à craindre de nous. »

Elle ignorait encore si Nana avait toujours les moyens de contacter Lucy ou non. Apparemment, non... Cette jeune femme avait l’air trop honnête pour pouvoir mentir, ce que Natalia, en un sens, trouvait touchant. Elle aimait bien cette jeune femme, et elle n’avait pas spécialement envie de l’impliquer dans cette sinistre histoire. Si les informations d’Nana s’avéraient exacts, attaquer ce centre de recherches promettait d’être musclé. Néanmoins, Natalia en revenait toujours à la même position morale : rien ne justifiait le fait d’utiliser des êtres vivants comme expériences de laboratoires. Ces gens se devaient d’être arrêtés, et, si ce centre était aussi important que Lucy et Nana le leur disaient, il était certain que les responsables de ce centre devaient disposer d’un appui politique ou militaire. Il fallait taper de ce côté-là pour trouver des personnes ayant l’autorité suffisante pour couvrir une telle opération.

C’est sur ces ultimes notes que les deux agents sortirent.


Le rendez-vous annoncé eut lieu plusieurs jours plus tard, le long de la plage de Seikusu. Natalia était désormais seule, Lloyd participant à de multiples réunions ayant pour but d’assiéger le complexe de recherches. Les satellites du SHIELD avaient localisé précisément ce dernier, au large de Kamakura, et une enquête avait lieu dans la ville, afin de trouver des informations. Une organisation aussi grosse ne pouvait effacer toutes ses traces. Peu à peu, tout le passé était en train de ressortir, les agents du SHIELD remontant le fil.

Natalia se tenait sur une partie déserte de la plage, celle près de la falaise où se trouvait Seikusu Base Camp. On voyait la base militaire en hauteur, et la mer se fracassait contre les rochers de la falaise, roulant le long de la plage. Elle avait été chercher Nana à l’appartement de Lucy, qui n’était malheureusement toujours pas revenue, et s’était chargée elle-même de conduire la femme à la plage.

Supergirl ne tarda pas à arriver, volant depuis le ciel, et arriva devant Nana, flottant lentement en hauteur, sa cape tourbillonnant le long de ses jambes.

« On voulait me voir ? » demanda-t-elle simplement en se posant sur le sable.

Elle allait donc rencontrer cette Supergirl dont ils lui avaient parlé. Certainement celle qui va diriger l'assaut contre le Laboratoire. Il fallait donc qu'elle lui montre les dangers d'une diclonius, ce qu'elle peut faire. Le seul point qui dérangeait la jeune diclonius est qu'elle allait devoir rester ici pour qu'on puisse lui communiquer la date du rendez-vous. Hors de ses repères habituels, Nana se sentait un peu perdue dans cette grande ville, voguant au rythme des différents commerces pour trouver de quoi s'alimenter, et essayer au maximum de camoufler ses capacités et ses attributs de Diclonius.


Nana marchait dans le parc. Cela faisait deux jours qu'elle était à Seikusu, et on ne l'avait pas encore contacté. La jeune diclonius a beaucoup réfléchi aux paroles de l'Agent Natalia, et a finalement décidé de chercher Lucy. Pour cela, elle devait traverser un portail qui devait se trouver dans le parc. Elle trouva vite le parc, mais concernant le portail, ce fut une autre épreuve. Elle passa trois bonnes heures à errer en dehors des sentiers battus, jusqu'à ce qu'elle tombe sur l'objet de sa venue. Elle traversa prudemment le portail et, dès qu'elle fut de l'autre coté, un sentiment habituel l'envahit. Une autre Diclonius ne se trouvait pas loin d'elle. Nana attendit donc Lucy, qui arriva deux minutes après son arrivée.

Qu'est-ce que tu fais là ?

Pas un bonjour, rien du tout. Pas d'animosité dans sa voix non plus, juste une question à laquelle Nana répondit :

Je voulais te parler. Pour le laboratoire.
Suis-moi.

Les deux Diclonius firent route vers l'habitation de l'Ordre de la Croix du Sud, où Lucy vivait désormais, et s'enfermèrent dans la chambre de cette dernière pour parler au calme. Nana lui résuma donc les dires des agents du SHIELD, pour finir par lui dire que l'organisation ne lui était pas hostile, qu'elle voulait juste lui parler.

Me parler hein ? Avec du poison ? s'emporta Lucy.
Je... Je sais pas ce qu'il s'est passé, mais...
Il s'est passé qu'ils m'ont agressé !!
Quoi ?
Bah, laisse tomber. De toute façon, je participerai pas à leur combat. Je peux pas prendre le risque que d'autres Diclonius me sentent.
Je peux peut-être vous aider...

La tête des deux Diclonius se tournèrent dans la même direction.


La plage de Seikusu. D'un certain coté, elle ressemblait pas mal à celle qu'elle connaissait, tout en étant différente. Heureusement, il n'y avait personne d'autre que celles conviées au rendez-vous. Elle pouvait donc sans problèmes montrer ses capacités et ses attributs de Diclonius. L'Agent Natalia était venue la chercher, et elles attendaient maintenant Supergirl, qui arriva... en volant ? Même si elle devait s'y attendre, cela surprenait pas mal quand même.

On voulait me voir ?

Nana s'avança d'un pas, un peu intimidée par la femme qui lui faisait désormais face. Elle semblait plus jeune que l'Agent Natalia pourtant, mais elle avait un peu plus de hauteur que cette dernière. Au sens propre du terme. Enfin, elle avait plus de hauteur, même si Nana restait plus petite qu'elle de dix bons centimètres. Quand il faut y aller, il faut y aller. Nana prit une grande inspiration et lui dit :

Oui. Je m'appelle Nana, et je suis une Diclonius comme celle que vous allez combattre dans le Laboratoire. Je voulais que vous sachiez ce que vous allez affronter, car une seule seconde d'inattention contre une Diclonius alors qu'elle est à portée et vous pouvez mourir avant même de vous en rendre compte. Là, par exemple, je pourrais vous tuer toute les deux avant que vous puissiez réagir.

Son ton était tout sauf menaçant. Ses vecteurs étaient certes déployés, mais ils servaient à articuler ses membres factices.

Les recherches du SHIELD sur le centre de recherches des diclonius avaient, pour l’heure, permis de faire ressortir deux noms : Kurama et Enoshima. Le premier correspondait à un célèbre docteur qui ne publiait plus grand-chose depuis quelques années, et le second à une petite île au large de Kamakura. Les agents du SHIELD soupçonnaient qu’Enoshima abritait les installations de recherche, et que le gouvernement japonais était impliqué, voire même au-delà. L’armée japonaise avait probablement une part d’implication dans un programme qui avait d’évidents aspects militaires, et Natalia se demandait si le projet n’était pas aussi couvert ou financé par des militaires américains, compte tenu de l’étroitesse des relations militaires entre les États-Unis et le Japon. Autrement dit, le SHIELD jouait à un jeu dangereux, car, bien que l’organisation soit relativement indépendante, elle devait malgré tout rendre des comptes au gouvernement américain. Natalia ignorait ce que ce projet cachait, mais il lui rappelait son propre passé... Elle savait qu’elle avait été, comme Lucy ou Nana, un cobaye, un rat de laboratoire utilisé par des scientifiques dans de sinistres expériences génétiques destinées à faire d’elle une super-espionne. Elle ne se souvenait plus de son passé, elle ne savait plus ce qu’elle avait enduré, mais les cauchemars qu’elle faisait une nuit sur deux, en se réveillant en sueur, avec des scènes abominables dans la tête, était un signe flagrant qu’on lui avait fait faire des choses horribles. Des siècles et des siècles de civilisation n’avaient toujours pas empêché les êtres humains de se prendre pour des Dieux, de réitérer à l’infini le mythe de Babel en jouant avec la génétique, la mutation, avec des forces qui les dépassaient complètement. Trop de sang avait déjà coulé hors de ce laboratoire. Il était temps d’agir, d’y mettre un terme.

Le passé de Lucy n’était pas rose, et le SHIELD s’était renseigné là-dessus. Ils avaient ainsi appris, en fouillant les archives de vieux journaux locaux, en interrogeant des gens, en allant au-delà de la censure japonaise, que Lucy avait commis un massacre, jadis, à une fête foraine. Certains habitants s’en souvenaient encore, et la scène avait fait le bonheur des psychiatres, même si le gouvernement avait fait tout son possible pour étouffer l’affaire. Curieuse ironie que celle dans laquelle c’était à une organisation spécialisée dans l’art de dissimuler la vérité, le SHIELD, que revenait la lourde tâche de débusquer les secrets. Il était désormais admis que Lucy avait été violente et meurtrière avant de rejoindre le centre de recherches, qu’elle avait été une tueuse incapable de contrôler ses pouvoirs... Mais est-ce que ça justifiait le fait de mener des expériences génétiques sur des gamins ?

Pour l’heure, Kurama était leur principal poisson. Quel était son rôle au sein de cette organisation ? Difficile à dire, mais ses anciens articles publiés dans des revues universitaires parlaient clairement de génétique, de mutation... Des thèmes tournant autour de ceux des diclonius. Leur autre lien avec cette histoire était Nana. Lucy restait introuvable, et le SHIELD savait déjà que la diclonius se trouvait sur Terra. Sans le savoir, Nana avait été pistée par des drones de surveillance, des drones qui l’avaient repéré se rendre au parc, afin d’y trouver une faille dimensionnelle.

*Cette petite en sait plus qu’elle ne veut le dire(/i], s’était dit Natalia. Toute la difficulté est de trouver comment la faire parler...*

Pour le coup, c’était un sacré challenge, et elle espérait que Supergirl, qui avait impressionné Lucy, saurait y arriver avec Nana. Kara était face à Nana, et venait de se poser sur le sable, sa cape virevoltant dans son dos, tandis que Nana se mit à lui parler, expliquant le but de sa présence ici :

« Oui. Je m'appelle Nana, et je suis une Diclonius comme celle que vous allez combattre dans le Laboratoire. Je voulais que vous sachiez ce que vous allez affronter, car une seule seconde d'inattention contre une Diclonius alors qu'elle est à portée et vous pouvez mourir avant même de vous en rendre compte. Là, par exemple, je pourrais vous tuer toute les deux avant que vous puissiez réagir. »

Kara hocha lentement la tête. Elle avait été légèrement briefée sur les diclonius. Officiellement, Kara travaillait pour le SHIELD, mais Natalia savait que les choses étaient plus compliquées. Elle se méfiait de cette organisation, et elle ne les aidait que quand ça impliquait, comme c’était le cas en ce moment, d’aider les autres. Supergirl était un autre mystère. Elle n’était pas originaire de cette dimension, mais elle était trop peu loquace quant à ses origines, ou à ce qu’elle faisait réellement ici. À chaque fois qu’on lui demandait, elle haussait les épaules, en expliquant que ça n’avait aucune importance, qu’elle avait été lassée de la dimension d’où elle venait.

Supergirl lui sourit, et haussa les épaules :

« On m’en a parlé, oui... Tu veux essayer ? Frappe-moi aussi fort que tu peux... Au ventre. Je pense que ça vaudra mille explications. »

Kara n’était pas spécialement inquiète, et écarta les bras, offrant ainsi la vue de son ventre à la jeune femme.

On m’en a parlé, oui... Tu veux essayer ? Frappe-moi aussi fort que tu peux... Au ventre. Je pense que ça vaudra mille explications.
Au... Au ventre ?

En réalité, cela fait bien longtemps que Nana n'a pas utilisé ses vecteurs au maximum de leur capacité, s'en servant uniquement pour bouger ses prothèses comme une humaine lambda ou pour quelques tâches régulières d'intérieur. Elle n'était même pas persuadée qu'elle arrive encore à sa puissance d'antan. Et puis, les coups ne sont pas le plus utilisé par les diclonius. Elles préfèrent trancher tout ce qui dépasse, et Nana ne voulait pas essayer sur elle. Du moins, pas avant d'être certaine qu'elle y résiste. Supergirl écartait ses bras, dévoilant ainsi son ventre à la diclonius qui n'en menait pas large. Elle fixait cet endroit, comme si elle s'attendait à ce qu'un monstre sorte de ses entrailles.

Puis elle s'y résolut. Elle était là pour montrer de quoi sont capables les diclonius, et même si elle est loin d'avoir la puissance de Lucy, elle peut quand même ôter la vie d'un humain très facilement. Elle leva les yeux, croisant le regard de son interlocutrice et lui fit :

D'accord...

La seconde suivante, ses prothèses qui lui servent de bras tombèrent et elle fit un pas en direction de Supergirl.

Je peux bouger ces bras et ces jambes avec mes vecteurs, expliqua-t-elle, si je veux les utiliser pour autre chose, je dois les laisser tomber. Ne vous inquiétez pas pour ça.

Elle regarda encore Supergirl dans les yeux une dizaine de secondes, avant d'inspirer et d'expirer bruyamment et de lui faire :

Prête ?

Nana commença ensuite à donner un coup dans son ventre, mais elle était loin d'y mettre toute sa puissance. C'est comme si elle avait donné un coup de toutes ses forces avec son épaule. Elle mit quatre coups intermédiaires, y allant crescendo avant de donner un coup qui aurait envoyé une personne normale à une vingtaine de mètres plus loin. Impressionnée devant la résistance de son punching-ball, elle lui avoua :

Je ne peux pas faire plus. Mais je ne suis plus aussi puissante qu'avant, et certaines sont beaucoup plus dangereuse. Et puis, donner des coups n'est pas la manière dont on se défend. On cherche à couper les membres ou la tête. Comme ça.

Avec un de ses vecteurs, elle donna un grand coup circulaire dans le sable, coupant celui-ci en deux et permettant à l'eau de gorger un peu le sable au-dessus.

Voir Nana retirer ses bras était un spectacle toujours assez désagréable à voir. Un pincement traversa brièvement les lèvres de Natalia. Bras croisés, elle regarda ensuite le spectacle, sans rien dire, et en veillant bien à rester éloignée. Se recevoir un coup perdu ne la tentait pas particulièrement. Le spectacle ne tarda pas à commencer, Kara ayant écarté les bras. Les vecteurs s’enclenchèrent, et la frappèrent à plusieurs reprises, provoquant des impacts sonores. Kara se crispa en reculant de quelques centimètres, mais son corps formait comme un mur imperméable, et, après quelques essais, Nana s’arrêta, expliquant qu’elle avait tout donné, et qu’elle ne pouvait pas faire plus. La combinaison de Supergirl n’était pas entaillée, et cette dernière ne saignait même pas. Le dernier coup de Nana avait été le plus puissant, ayant juste amené Kara à reculer de deux ou trois mètres, ses pieds traçant des sillons dans le sable. Le coup avait pourtant été suffisamment puissant pour faire voleter du sable, et pour que Natalia sente ses cheveux légèrement bouger. Comme toujours, la résistance surnaturelle de la Kryptonienne ne cessait de l’étonner.

Après ces quelques coups, Nana effectua une petite observation :

« Je ne peux pas faire plus. Mais je ne suis plus aussi puissante qu'avant, et certaines sont beaucoup plus dangereuse. Et puis, donner des coups n'est pas la manière dont on se défend. On cherche à couper les membres ou la tête. Comme ça. »

Le sable s’envola alors quand l’un des vecteurs le frappa, venant légèrement éclabousser le corps de Kara. La femme blonde hocha lentement la tête.

« Je vois... Ce sont des coups puissants... Mais j’ai ma propre technique, moi aussi, pour couper le sable. »

Joignant le geste à la parole, Kara s’empressa de faire une petite démonstration. Ses yeux se mirent à rougeoyer, et elle visa à quelques mètres d’elle. Ses yeux crachèrent alors deux puissants rayons-lasers, qui provoquèrent une violente explosion, faisant s’envoler des pelletées de sables dans tous les sens. La super-héroïne regarda ensuite à nouveau Nana, tandis que Natalia époussetait sa combinaison, chassant les grains de sable qui s’étaient logés dessus.

« Je dispose aussi d’une puissance surnaturelle, que ce soit pour résister à des attaques, ou pour en infliger... Néanmoins, infliger la mort ou des blessures trop graves est quelque chose que je me refuse à faire. »

La fameuse règle d’or des super-héros, la règle qui les empêchait de franchir la ligne, de passer du statut de « justiciers » à celui de « vengeurs ». Natalia, qui était restée en retrait, s’avança prudemment, décroisant les bras.

« Comme tu le vois, Nana, nous avons des moyens surnaturels, adaptés à traiter avec des menaces qui le sont tout autant. J’espère que cette démonstration suffit à te rassurer un peu sur notre capacité à pouvoir appréhender et gérer la force que représente les diclonius. »

Natalia espérait bien que, contrairement à Lucy, Nana accepterait de les épauler.

Elle avait reculé de quelques mètres, et bien que cela ait rassuré Nana sur sa capacité à encaisser les coups, cela lui montrait qu'elle n'était pas aussi invulnérable qu'elle le pensait. Elle tenta d'imaginer Mariko, attaquant Supergirl de toutes ses forces. Si cette dernière la laissait faire, elle n'aurait aucune chance et se ferait fracasser la tête contre terre. Ou alors elle se ferait découper en rondelles. Fort heureusement, il y a un moyen pour que les diclonius ne puissent plus utiliser leurs vecteurs, certes barbare mais très efficace : il faut frapper la tête des diclonius. La jeune Nana est capable de faire cela avec ses propres vecteurs, mais il faudrait qu'elle soit à portée, et celle-ci risque d'être plus petite que celle de son opposante. Bien qu'elle possède une largesse de six mètres, d'autres en ont plus de vingt, et là elle serait réellement inutile.

Mais Supergirl semblait avoir d'autres tours dans son sac, et deux lasers sortirent de ses yeux devenus rouges pour l'occasion, créant une véritable mini-explosion à quelques mètres à peine de la jeune diclonius qui, surprise, laissa échapper un petit cri et tomba sur les fesses en voulant reculer précipitamment. Son corps faisait un angle supérieur à 90° et, pour tenir assise, elle utilisait ses deux vecteurs comme un humain aurait utilisé ses bras, à l'exception que la seule chose qui pouvait démontrer leur existence était les traces de mains dans le sable.

Je dispose aussi d’une puissance surnaturelle, lui fit Supergirl, que ce soit pour résister à des attaques, ou pour en infliger... Néanmoins, infliger la mort ou des blessures trop graves est quelque chose que je me refuse à faire.
Je ne fais pas ça non plus, lui répondit Nana du tac-au-tac, sans même réfléchir une seconde. La vie est trop importante pour en gâcher une, même si c'est celle des autres.

Cette phrase à elle seule résumait l'esprit pacifiste de la diclonius. Elle ne voulait pas combattre des humains. L'Agent Natalia lui demanda si elle avait été rassurée par la démonstration, ce à quoi elle répondit :

Oui et non. Comme je vous l'ai dit, je suis loin d'avoir la même puissance que certaines diclonius, et je crains que l'une d'entre elles essaye de vous décapiter.

Elle se releva, regarda alternativement l'Agent Natalia et Supergirl avant de soupirer et de continuer :

Si vous voulez les empêcher de s'enfuir, vous devrez trouver un moyen de les neutraliser. Et surtout, vous ne devez pas vous faire surprendre, car elles pourront prendre l'ascendant sur vous très vite. Je vais vous montrer ce que nous possédons de plus que les humains.

Un de ses vecteur dénoua la cravate qu'elle portait sur la tête, dévoilant ainsi ses petites cornes semblables à celles de Lucy.

Nous avons tous ces cornes. Nous naissons avec, et c'est le meilleur moyen de reconnaître une diclonius. Mais elles ne sont pas utiles, contrairement à notre deuxième particularité. On les appelle Vecteurs, et ce sont des espèces de bras psychiques. On peut traverser les choses comme si elles n'existent pas, ce qui nous permet entre autres de les utiliser alors que nous portons des vêtements. Car ils sortent de notre dos. Le nombre, leur longueur et leur puissance varie selon les diclonius. Lucy en a quatre qui ont une portée de deux mètres, moi j'en ai quatre aussi qui font environ six mètres de longueur mais ils sont moins puissants que ceux de Lucy. Même parmi les diclonius, il y a des monstres... J'ai dû affronter une diclonius avec plus de dix vecteurs et qui pouvait m'attaquer bien avant que je puisse lui faire quoi que ce soit... Elle avait cinq ans...

Sa tête s'était baissée, comme si elle voulait refouler un mauvais souvenir. En effet, Mariko avait pris un malin plaisir à la torturer, la laissant tomber de plusieurs mètres de hauteur une dizaine de fois avant d'essayer de la tuer. L'arrivée de Kouta avec Nyu lui a sauvé la vie. Gardant les yeux baissés, elle fit à ses deux interlocutrices :

Si vous voulez les empêcher d'utiliser leurs vecteurs, vous devrez attaquer la tête, en les frappant assez fort pour qu'elles aient très mal et qu'elles ne puissent plus les contrôler.

Nana continua ses explications. Pour Natalia, c’était de la redite, même si les explications de Nana permettaient de clarifier ce qu’elle avait appris sur les diclonius. Leur particularité physique, et qui permettait de les identifier, était la présence de cornes sur leur tête. Pour les neutraliser, le meilleur moyen était de les atteindre à la tête, de les neutraliser en tirant ici. La difficulté était que, s’ils étaient repérés, les diclonius se défendraient, leurs vecteurs pouvant vraisemblablement former des boucliers efficaces pour protéger leurs têtes. Si ce que Nana disait vrai – et Natalia n’avait aucune raison d’en douter, toute la réussite de leur opération reposerait sur leur capacité à s’infiltrer, et à neutraliser le plus grand nombre de diclonius avant que ces derniers ne s’énervent. Le SHIELD allait probablement au devant de problèmes politiques, mais c’était un risque qu’ils étaient prêts à prendre.

« Si vous voulez les empêcher d'utiliser leurs vecteurs, vous devrez attaquer la tête, en les frappant assez fort pour qu'elles aient très mal et qu'elles ne puissent plus les contrôler. »

Natalia choisit ce moment pour revenir dans la conversation :

« Supergirl et les autres super-personnes sont prévues pour intervenir en renforts. Notre plan consistera par envoyer des escouades d’agents formés, des professionnels, afin de s’infiltrer dans le complexe, et d’utiliser des tirs incapacitants pour neutraliser les diclonius. Les super-agents n’interviendront que lorsqu’ils seront découverts. »

Le plan était somme toute assez basique dans les grandes lignes. Les diclonius étaient trop dangereux pour rentrer en force, et, vu que le SHIELD affronterait probablement des hommes travaillant pour le gouvernement japonais, on ne pouvait pas non plus se permettre de faire un carton. Voilà pourquoi la cellule japonaise du SHIELD comptait faire appel à des agents très talentueux pour soutenir l’assaut. Il y aurait Natalia, bien entendu, mais aussi d’autres pointures, comme Sharon Carter, ou encore Maria Hill. Une grosse opération, une vraie petite fête. Widow continuait régulièrement à s’entraîner, afin de se mettre en coordination avec les différentes équipes présentes.

Kara observait les cornes de la femme en clignant lentement des yeux. Elle avait vu la tête de Nana se baisser, et sa main se tendit, venant caresser tendrement ses cheveux. Elle comprenait ce que la femme avait senti, le sentiment d’être différente... Pour une Kryptonienne capable de voler, et dont l’esprit avait été manipulé par des ennemis, c’était très compréhensible.

« Ne t’inquiète pas, Nana, j’ai affronté des armées d’envahisseurs extraterrestres, des tyrans galactiques, je peux survivre à ça... Et puis, il faut bien leur venir en aide. »

Oui... Et sans doute en profiter pour obtenir leurs recherches. Le SHIELD n’agissait jamais non plus de manière totalement désintéressée. L’organisation devait continuer à obtenir de nouvelles technologies et des ressources supplémentaires, afin de mieux se préparer à combattre les créatures comme celles que Supergirl affrontait.

Restait à savoir ce que Nana comptait faire dans ce siège, ce dont Natalia s’empressa de s’assurer :

« Tu comptes te dissimuler quelque part comme Lucy, Nana, ou tu envisages de nous assister ? »

La jeune diclonius avait peur que leur plan ne fonctionne pas, mais apparemment elles étaient habituées. L'Agent Natalia lui dit que les agents qui s'occuperaient des diclonius utiliseraient des armes incapacitantes, ce qui pourrait être utile sur leurs adversaires, et qu'ils voulaient ne pas se faire repérer. Cependant, cela risquait d'être très compliqué pour eux, parce que le laboratoire est conçu pour empêcher les diclonius de s'enfuir même si elles sortent de leur chambre de confinement, Lucy n'ayant réussi à sortir que grâce à un énorme coup de chance. En effet, il n'y avait qu'une seule entrée et, au bout d'un moment, le seul moyen d'accéder aux chambres des diclonius était de passer une énorme porte blindée faisant quatre mètres de large. Et Nana avait du mal à imaginer comment, sans pouvoirs magiques, ils allaient réussir à passer par là. Mais avant qu'elle puisse le lui dire, Supergirl la rassura en lui caressant les cheveux. Nana leva alors vers elle deux yeux interrogatifs vers elle. Elle aussi était différente des autres humains, et elle devait savoir à quel point c'était compliqué de faire comme eux, d'être réduit qu'à une partie de soi-même. Mais elle le faisait sans rechigner, car elle était consciente qu'il s'agissait là du seul moyen de s'intégrer à la société humaine. En refusant d'aller avec Lucy, elle avait refusé d'aller dans un monde où elle pourrait être acceptée telle qu'elle est réellement, mais elle avait aussi montré sa loyauté envers sa famille. Sa famille de cœur, celle avec qui elle était depuis maintenant plus de un an et demi, ceux qui l'ont acceptée telle qu'elle est pour ce qu'elle est réellement et pas pour ses pouvoirs.

Oui... Mais on ne peut pas les laisser tuer des gens non plus.

C'est ce dont elle avait peur, qu'il y ait un cafouillage et que des diclonius s'enfuient.

Il ne faudra pas les laisser sortir sans les surveiller.

Vint ensuite la question qu'elle attendait, accompagnée par une proposition...

Tu comptes te dissimuler quelque part comme Lucy, Nana, ou tu envisages de nous assister ?

Son air changea immédiatement, et elle commença à paniquer en ayant quelques flash dans sa tête. Sa mémoire était en train de lui rappeler des éléments précis de sa période de captivité, lorsqu'elle était sous le joug des scientifiques chargés de l’ausculter et de mesurer la progression de ses vecteurs. A chaque fois, elle avait mal, très mal. Se prendre des billes en mousse sur le front et sur d'autres parties du corps quotidiennement à très grande vitesse était extrêmement douloureux et il ne se passait pas une journée sans que le sol devant elle ne se teinte de rouge et que des gouttes de sang s'ajoutent à la flaque. Et chaque jour, elle entendait les autres diclonius hurler de douleur tout autant qu'elle. C'était horrible. Et Nana n'avait pas du tout l'envie d'y retourner. C'est pourquoi elle recula de quelques pas hésitants et fit aux Agents d'un air suppliant :

Non... S'il vous plaît... Ne me forcez pas à y retourner... Pitié...

De plus, elle ne savait pas si elle pourrait contenir ses pulsions destructrices face à ceux qui l'ont torturée pendant aussi longtemps.

Non...

Elle semblait sur le point de pleurer.

Natalia pensait vraiment que Nana pouvait leur être utile. Toute la difficulté de la mission, outre affronter des mutants qui voudraient probablement tous les massacrer, était l’absence de reconnaissance. Les satellites-espions du SHIELD avaient juste permis de dessiner la superficie du complexe scientifique, mais pas ce qu’il y avait à l’intérieur. Savoir où se trouvait les cellules, le centre de contrôle, auraient été de précieuses informations. Comme Natalia l’avait dit, ce n’était pas la première fois que le SHIELD attaquait une base secrète. Généralement, il s’agit de complexes militaires appartenant à des organisations terroristes internationales, comme l’HYDRA, ou l’AIM. Des rats de laboratoire, des robots de défense, des cobayes transformés en mutants, c’était le quotidien du SHIELD. Ce complexe de recherches était juste une étape en plus, et, généralement, l’organisation essayait d’obtenir autant d’informations que possible. Ce faisant, Nana était donc une bonne piste... Mais, comme pour Lucy, Natalia comprit assez rapidement qu’il n’y aurait rien de potable à obtenir d’elle. Elle se mit à paniquer sur place.

Des larmes semblèrent même commencer à perler sur ses joues, alors qu’elle en vint à supplier Natalia de ne surtout pas la ramener là-bas :

« Non... S'il vous plaît... Ne me forcez pas à y retourner... Pitié... »

Natalia réagit rapidement. Elle ne voulait pas que Nana prenne, comme Lucy, la poudre d’escampette, et leva les bras, en signe éternel d’apaisement, tandis que Supergirl, surprise, n’osait pas parler.

« Hey ! Hey ! Du calme, Nana, okay ? On ne va pas t’envoyer là où tu ne veux pas aller, d’accord ? »

Widow parlait calmement. La psychologie n’avait jamais vraiment été son fort, ce dont on pouvait très aisément se douter, et elle faisait de son mieux pour apaiser la scène... En gros, ne pas répéter le même fiasco qu’avec Lucy. Nana était plus agréable qu’elle, plus ouverte d’esprit, mais ce n’était pas une raison pour la laisser partir.

« Si tu ne veux pas aller dans ce complexe, tu n’y iras pas, d’accord ? répéta-t-elle à nouveau. Calme-toi, Nana... »

Il fallait apaiser la scène, afin d’éviter que les évènements ne s’emballent. De toute manière, l’aide de Nana ne serait qu’un plus dans l’opération qui s’annonçait. Un plus bon à saisir, mais Black Widow ne pouvait effectivement pas la forcer.

Non, Nana ne voulait définitivement pas y retourner. Ce serait trop dur pour elle de se retrouver à l'endroit où elle a passé le plus clair de son temps à servir d'expérience scientifique pour le bien de l'humanité, et elle avait une peur incommensurable que cela recommence avec le SHIELD. Heureusement pour elle, l'Agent Natalia réagit vite en lui promettant qu'elle n'y irait pas si elle ne le voulait pas en lui demandant de se calmer. La jeune diclonius la regarda dans les yeux pendant de longues secondes pendant qu'elle s'apaisait progressivement en se rendant compte qu'il n'y avait finalement pas lieu de paniquer. Il semblait clair qu'elle n'y retournerait pas. Lâchant un soupir soulagé, elle lui dit :

Je... J'avais peur que vous me fassiez la même proposition qu'à Lucy... Je suis pas aussi forte qu'elle vous savez. D... Désolée d'avoir paniqué comme ça.

Elle ferma les yeux quelques secondes encore pour retrouver son calme, avant d'enchaîner, les rouvrant :

Et puis elle a raison, je ne peux pas y aller. Les diclonius se sentent entre elles à des kilomètres, et bien avant que je sois arrivée sur l'île, ils auront le temps de se préparer. C'est d'ailleurs sur quoi Amélie et elle sont en train de travailler. Elle essaye de l'isoler du reste des diclonius, mais elle ne sait pas du tout si elle va y arriver.

Un sourire timide éclaira son visage en repensant à la conversation entre Amélie et Lucy. Les deux femmes lui semblaient très liées. Elle ne savait pas trop ce que ça voulait dire, mais en tout cas elles s'aiment bien, ce qui est plutôt rare venant de Lucy.

[HRP : Désolé pour la taille, mais vu la réaction qu'il risque d'y avoir en face, je préfère m'arrêter là ^^]

La catastrophe semblait être évitée, car Nana se calma. Natalia en fut rassurée. Si elle perdait aussi Nana, après avoir perdu Lucy, ses supérieurs risquaient vraiment de ne pas être contents. La diclonius se calma peu à peu, et lui apprit alors autre chose : les diclonius avaient la capacité de se repérer entre eux. Effectivement... Vu cette situation, il semblait assez difficile de compter sur elle pour une mission d’infiltration. La Veuve Noire hocha donc la tête. Supergirl, elle, restait silencieuse, n’ayant rien de particulier à dire. Natalia ne pouvait pas compter sur Nana, mais, au moins, elle pourrait servir de consultante... Du moins, c’est ce que Widow espérait, mais il fallait qu’elle s’en assure.

« Et... Si on te demande de nous donner le plus d’informations possibles sur les diclonius ou sur ce laboratoire, tu penses que tu pourrais le faire ? Il ne s’agit pas de rentrer dedans, simplement de t’asseoir sur une chaise, et de dire à nos agents tout ce que tu sais... Comme le fait que les diclonius se repèrent entre eux... »

À travers cette remarque, il y avait aussi une interrogation sous-jacente dans l’esprit de Natalia. Si Nana était capable de sentir les autres diclonius, pouvait-elle aussi sentir les mutants ? Ou les personnes dotées de capacités surnaturelles comme Kara ? Les agents du SHIELD étaient globalement des agents normaux, disposant juste d’entraînements très avancés, mais il y avait aussi, dans le lot, des mutants. Face à des menaces surnaturelles défiant parfois l’entendement, il était loisible de comprendre qu’une organisation fasse appel à des individus dotés des mêmes capacités. Et, si les diclonius pouvaient les sentir... Il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que la situation allait sensiblement se compliquer. Natalia avait bien compris qu’il fallait opter pour l’infiltration. Un combat contre les diclonius risquait de dégénérer en une grosse tuerie, car Widow n’avait aucune raison de douter des informations de Nana sur la dangerosité des autres.

Sa phrase était restée en suspens, et elle poursuivit, restant proche de Nana :

« Est-ce que tu peux sentir les autres mutants aussi ? Les gens comme Kara ou... Ou d’autres personnes. »

Une autre piste possible était de se servir de Nana comme diversion, mais le plan serait trop risqué, car il mettrait probablement le centre de recherches en alerte. Si ce centre était aussi horrible que ça, il serait difficile de comprendre pourquoi une diclonius chercherait à s’en rapprocher... Non, le plan le plus simple était sans aucun doute de la laisser sur place, et d’effectuer l’opération sans elle.

Quelle idiote d'avoir paniqué comme ça ! Pour rien en plus... Mais c'était plus fort qu'elle. Elle avait encore régulièrement des cauchemars où elle était retrouvée par des gens méchants du laboratoire, ceux qui ne s'intéresse qu'aux résultats des expériences et qui traitent les diclonius comme des rats, avec la même considération qu'on apporterait à un monstre immobilisé. Et elle se voyait disséquée pour s'être enfuie ainsi, pour ne pas être revenue au laboratoire immédiatement. Elle les voyait avec des scies et des haches, alors qu'elle était attachée et droguée... Brrr ! Rien que de l'imaginer, elle en frissonna. Mais eux ne semblaient pas être comme ça. Ils ne la forceront pas à y retourner.

Et... Si on te demande de nous donner le plus d’informations possibles sur les diclonius ou sur ce laboratoire, tu penses que tu pourrais le faire ? Il ne s’agit pas de rentrer dedans, simplement de t’asseoir sur une chaise, et de dire à nos agents tout ce que tu sais... Comme le fait que les diclonius se repèrent entre eux... Est-ce que tu peux sentir les autres mutants aussi ? Les gens comme Kara ou... Ou d’autres personnes.
Kara ? Qui c'est ?

Après qu'on lui ait expliqué que Kara était Supergirl, elle hésita. Pourrait-elle la repérer ?

Euh... J'ai jamais essayé.

Elle ferma les yeux et respira profondément, se concentrant sur son instinct. Sentait-elle quelqu'un ? Peut-être était-ce plus ténu que l'impression de sentir une diclonius... Elle essaya de provoquer ce sentiment sur une des personnes à coté d'elle, mais elle n'y parvint pas. Cependant, elle sentit, au bout d'une dizaine de secondes, une autre diclonius apparaître, comme sortie de nulle part. Elle se trouvait en plein milieu de la ville, au niveau du parc. Nana le savait car elle savait de qui il s'agissait. C'est un des tests réguliers d'Amélie tentant de l'isoler des autres diclonius. A peine deux secondes plus tard, le signal qu'elle percevait s'estompait petit à petit, jusqu'à disparaître complètement. Sans même s'en rendre compte, Nana sourit. C'est la première fois qu'Amélie arrivait à un tel résultat. D'habitude, elle sentait toujours un peu la présence de son ancienne ennemie, mais là il n'y avait plus rien du tout. Elle y est arrivée.

La jeune diclonius rouvrit les yeux, et ses deux interlocutrices purent remarquer que son air apeuré de tantôt avait été remplacé par un sentiment heureux.

Non, je ne sent pas les autres mutants. Pas vous en tout cas, fit-elle en regardant Supergirl. Et pour les diclonius, je vous ai dit tout ce qu'il y a de différent entre nous, à part peut-être que les plus puissantes ne savent même pas marcher car elles n'en ont jamais eu l'occasion. Et pour le laboratoire, je peux pas vous en dire beaucoup, j'y suis allé une seule fois en dehors de ma prison. Je me souviens juste d'un grand ascenseur qui descend et des portes qui font plusieurs mètres d'épaisseur. Je peux pas vraiment plus vous aider, désolée.

Elle semblait un peu déçue de ne pas pouvoir faire plus pour elles, tandis que deux paires d'yeux les observaient au loin. Une chevelure rose, l'autre brune.

Nana ne tarda pas à répondre par la négative. En un sens, c’était rassurant. Tout ce qu’il fallait espérer, c’est que les autres diclonius n’auraient pas des capacités de perception plus évoluées qu’elle. L’infiltration était véritablement au cœur du succès de la mission à venir. Nana semblait avoir abattu toutes ses cartes, n’ayant plus rien à leur offrir. Elle n’avait aucune information précise sur le laboratoire, ne se rappelant tout simplement plus de ce dernier, ou ne l’ayant pas assez visité pour avoir des souvenirs précis et exploitables. Autrement dit, tirer sur la corde ne risquait que d’amener cette dernière à se rompre, comme avec Lucy. Natalia, même si elle n’avait pas beaucoup d’expériences avec les adolescents, savait qu’elle en avait assez demandé à Nana, et qu’il n’y avait plus rien à obtenir d’elle. Le reste appartiendrait aux agents du SHIELD et à l’enquête en cours autour du centre de recherches, et des soutiens dont il disposait.

Widow hocha donc la tête, et posa ses mains sur les épaules de la femme.

« Okay, Nana... Merci pour ton aide, je pense que ça pourra nous aider. On ne va pas t’en demander plus, tu... »

Natalia n’eut pas le temps d’achever sa phrase que Supergirl s’envolait déjà, faisant remuer un peu de sable. Si Widow n’avait pas les sens suffisamment affutés pour avoir repéré les deux observatrices qui les observaient au loin, c’était bien différent de la Kryptonienne. Elle disposait de sens surdéveloppés, et atterrit sans difficulté derrière les deux femmes, au milieu des arbres dans lesquels elles s’étaient dissimulées pour pouvoir les observer en douceur. Le déplacement d’air induit par son déplacement alla sans aucun doute amener Lucy et Amélie à ressentir sa présence.

« Hey ! s’exclama Kara. Je suis ravie de vous voir, toutes les deux ! »

Surprise, Widow s’était retournée, fronçant les sourcils en se demandant ce que Supergirl fabriquait... Et elle vit alors, à son tour, les deux silhouettes aux abords de la plage, à plusieurs dizaines de mètres. Depuis sa position, même avec ses bons yeux, Natalia peinait à les discerner... Mais elle pensait avoir une bonne idée de leur identité.

*Pourquoi est-ce que j’étais sûre qu’elles ne disparaîtraient pas aussi facilement ?*

La seule question en suspens était de savoir pourquoi elles étaient venues là... Pour proposer leur aide, ou pour s’assurer que Natalia ne cherche pas à capturer Nana ? Lucy et Nana avaient beau mutuellement affirmer que les diclonius se haïssaient entre eux, elle avait clairement senti une sorte d’attirance fraternelle entre les deux femmes... Et ce même si Lucy avait apparemment fait grièvement souffrir Nana. Il restait encore des zones d’ombre à éclaircir, pour Widow, dans leur relation mutuelle, mais elle doutait, de toute manière, que Lucy puisse véritablement les aider. Son départ précipité d’il y a quelques jours, en tout cas, en était la meilleure preuve.

En passant le portail, Lucy sentit que Nana se trouvait du coté de la plage. Lucy s'en inquiéta pendant un court laps de temps, se rappelant qu'il s'agissait du seul terrain où un humain avait réussi à la vaincre, mais elle se rassura bien vite. C'est alors qu'Amélie a déployé le bouclier autour de l'esprit de la diclonius, la coupant ainsi de Nana. C'est la première fois que cela marchait aussi bien, et elle regarda son amie avec un petit sourire.

Je ne la sent plus du tout. Tu y es arrivée.
Génial ! Tu veux qu'on aille la voir pour voir si ça tient à courte distance ?
C'est une bonne idée. Et puis pour savoir aussi si tu peux me rendre invisible à leurs yeux sans me couper d'eux complètement, au cas où une diclonius s'enfuie en solitaire.
Tu ne fais pas confiance au SHIELD ?
Pas vraiment, même avec ce que m'a dit Nana. Ils ont quand même essayé de m'enfermer.

Amélie se tut et se fit porter par les vecteurs de la diclonius. Elle ne fut pas surprise, ayant l'habitude maintenant, et les deux se retrouvèrent près de la plage en quelques bonds à peine. Quand Lucy aperçut la chevelure rose de Nana, elle s'arrêta et reposa la Neko à terre, l'air préoccupée. Cette dernière suivit son regard et vit Supergirl, reconnaissable avec son habit bleu et rouge, ainsi qu'une autre personne, certainement un agent du SHIELD, en train de lui parler.

Merde... grogna la mutante.
Mais pourquoi ? Tu dois aussi leur parler non ? Pour l'attaque.
J'espérais pouvoir passer par l'intermédiaire de Nana...

Seule Lucy vit la silhouette s'envoler, Amélie s'étant retournée vers son amie.

Donc tu veux pas vraiment participer à leur attaque ?
Non... J'ai quelques comptes à régler, et le SHIELD n'a rien à voir là-dedans.
Des comptes ? Qu'est-ce que tu veux...
Hey ! Je suis ravie de vous voir, toutes les deux !
Iiik !

Surprise, Amélie ne put s'empêcher de pousser un petit cri et de se retourner, son cœur battant la chamade. Quant à la diclonius, elle ne réagit même pas, s'attendant à sa venue.

Tu... Tu m'as fait peur ! lui fit l'ESPer, tentant de retrouver son souffle. Ra... Ravie de te voir aussi. Qu'est-ce qui...
Tant que tu cherches pas à m'enfermer comme ta copine, on peut dire que ça va, lui sortit Lucy, cinglante, sans même se retourner.

Dans le même temps, un de ses vecteurs prit la main d'Amélie, lui signifiant ainsi "Soit prête à te téléporter".

Nana eut beau suivre le regard de l'Agent Natalia, elle ne vit rien du tout. Elle se retourna donc vers elle et lui demanda :

Qu'est-ce qu'il se passe ?

« Qu'est-ce qu'il se passe ? » demanda Nana.

Natalia tourna la tête vers elle. Désormais, elle était sûre que c’était bien Lucy et Amélie qui étaient au loin, mais Nana n’avait pas la bonne vision de Widow... Et, visiblement, Amélie avait bien réussi à camoufler les diclonius, ce qui, encore une fois, perturbait le plan de Widow. Si Amélie pouvait agir ainsi, alors l’aide de Nana ou de Lucy redevenait théoriquement possible. La seule difficulté  était désormais de réussir à convaincre les diclonius, car elles étaient résolument hostiles à l’idée d’y aller... Et Natalia ne voulait pas se les mettre à dos. La tentation était grande d’aller voir Supergirl et les deux autres femmes, mais, vu ses dernières relations avec Lucy, elle craignait que ces dernières ne s’échappent si elle s’approchait trop. Par conséquent, Natalia choisit prudemment de rester en retrait, proche de Nana.

Widow se retourna vers elle, commençant à sentir des idées perler dans son esprit.

« Lucy et Amélie viennent d’arriver... Et je pense que Lucy se méfie toujours de moi. »

Cette méfiance trouvait son origine dans un quiproquo, dans des expressions maladroites, et dans la peur de Lucy d’être à nouveau exploitée et enfermée, utilisée comme un rat de laboratoire. Contrairement à Supergirl, Natalia était véritablement une agente du SHIELD, travaillant pour un organisme supranational et tentaculaire aux ressources presque illimitées. L’organisation n’était pas invincible, mais elle aimait se prétendre l’être, se plaçant un peu sous la forme d’une organisation orwellienne, contrôlant et régulant tout ce qui se passe sur le monde. C’était la même logique que les services secrets américains, qui répandaient la rumeur de leur efficacité totale à travers des théories du complot fantaisistes pour que, inconsciemment, les gens se disent que l’anarchie n’existait pas, qu’il y avait un ordre quelque part... Pourtant, Petraeus, l’ancien directeur de la CIA, avait démissionné à cause d’un simple adultère. Difficile, dans ces conditions, de parler d’une organisation surpuissante qui contrôlait tout et savait n’importe quoi sur n’importe qui. En filigrane, l’idée était de simplement rassurer Lucy sur ce qui se passait, et, dans ces circonstances, Nana ferait un bien meilleur informateur qu’elle.

Son idée était décidée, bien imprimée dans sa tête, et elle poursuivit donc :

« Je pense que tu peux aider à dénouer sa peur, car elle est infondée. Contente-toi juste de lui répéter la teneur de notre conversation. »

Tout ce que Natalia avait dit avec Lucy, c’est qu’il lui semblait normal que la diclonius doive rendre des comptes, si elle avait effectivement commis des crimes. Un tel propos semblait un peu hypocrite dans la bouche de Widow, une femme qui, en tant qu’espionne, avait déjà commis son lot d’infractions et de crimes en tout genre. Se réfugier derrière la légitimité étatique, en arguant que lesdites infractions étaient tolérées dès lors qu’elles avaient pour but l’intérêt de la nation, était par ailleurs relativement cynique. Autrement dit, Widow reconnaissait s’être un peu merdée en voulant jouer sur la corde judiciaire avec Lucy. Il aurait été plus simple de gagner sa confiance, en lui assurant qu’elle ne voulait pas l’exploiter, ou se servir d’elle comme une arme... Même si, dans les faits, il était regrettable de se priver de femmes aussi puissantes.

Supergirl, elle, avait un point de vue légèrement différent de Natalia. Elle n’avait jamais caché ses suspicions à l’égard du SHIELD, et ne travaillait avec eux que parce qu’ils lui permettaient de bénéficier d’un soutien tactique solide, et de pouvoir réellement agir en tant que justicière.

« Tant que tu cherches pas à m'enfermer comme ta copine, on peut dire que ça va » lâcha tout simplement Lucy.

Kara s’était posée sur le sol, et s’humecta les lèvres, un peu déstabilisée.

« Désolée de t’avoir fait peur, Amélie, ce n’était pas mon intention, entama Kara, avant de se retourner vers Lucy. Et, malgré les apparences, sache que je ne travaille pas pour le SHIELD... C’est plutôt une forme de collaboration. »

La nuance était importante, car, si Kara travaillait avec le SHIELD, elle n’accepterait pas certains penchants.

« Je ne peux pas te garantir que le SHIELD ne cherchera pas à s’approprier tes capacités, reconnut Kara, mais je peux te garantir que je les en empêcherais, si jamais ils essaient. »

Supergirl se méfiait volontiers de toutes ces grosses organisations, car, dans la dimension d’où elle venait, elle avait vu jusqu’à quel point ce genre de groupements pouvaient dégénérer. Elle ne tenait pas à réitérer cette expérience ici. Se rapprocher du SHIELD permettait aussi, en un sens, de pouvoir mieux le surveiller.