Une organisation sur Terre aussi ? [Black Widow] // TERMINE

Au temps pour lui, Kouta était en réalité un homme. Assis sur le fauteuil, Lloyd avait vu Lucy se rapprocher, mais il n’était pas inquiet... Ou, en tout cas, il le masquait bien. Sans doute pouvait-il se reconvertir en acteur si sa carrière au sein du SHIELD s’avérait être un échec. Face à Lucy, l’homme restait calme, tandis qu’elle lui expliquait simplement que Kouta était un individu normal, un simple lycéen qui n’avait pas eu de chance. À la surprise de Lloyd, Lucy s’écrasa contre lui, en indiquant avoir tué toute la famille de ce jeune homme. Ça, c’était dur à entendre. La femme semblait sincèrement désolée, et, avant que Natalia ne puisse dire quoi que ce soit, elle vit Amélie l’inciter à aller dans une pièce à part. Elle croisa le regard de Lloyd, qui acquiesça silencieusement. Il fallait obtenir des informations, et cette neko semblait être plus communicante que Lucy. Néanmoins, Natalia n’était pas rassurée à l’idée de laisser Lloyd seul avec cette diclonius. Elle était instable, dangereuse, et Widow ne lui faisait pas confiance. L’agente suivit néanmoins Amélie dans la cuisine.

« C'est la première fois que je vois Lucy pleurer » iondiqua alors Amélie, visiblement émue.

Natalia croisa lentement les bras sur sa poitrine, observant la neko.

« On peut aider ton amie, Amélie. Si elle est aussi forte qu’elle le prétend, ceux qui lui ont donné ces pouvoirs la recherchent. Combien de temps penses-tu que vous allez pouvoir encore fuir ? Il existe bien des organisations dangereuses dans ce monde, bien des groupes qui seraient intéressés par cette femme. De ce que j’ai cru comprendre, elle n’a pas l’air de contrôler ses pouvoirs à la perfection... Tu ne l’aurais pas assommé, sinon, pas vrai ? Il faut que quelqu’un l’aide à se contrôler. »

Amélie semblait un peu plus réceptive que Lucy, elle semblait faire preuve d’un peu plus de bon sens. Natalia regarda autour d’elle. L’appartement était bien entretenu. Ce n’était pas un taudis, mais elle se demandait comment les deux femmes le finançaient. Elles étaient certainement locatrices, ce qui revenait à dire qu’elles avaient un bailleur. Un moyen de les retrouver, mais aussi un problème potentiel. Quand un bailleur réclamait son loyer, ou refusait de faire des réparations, on avait tendance à facilement s’énerver... Or, un accident arrivait particulièrement vite.

« Ton amie est une criminelle, Lucy. Une meurtrière. Elle t’a aidé à te défaire des griffes de l’esclavage, tu dois l’aider à se défaire de sa noirceur... Nous sommes venus en amis, mais, la prochaine fois, s’il y a une prochaine fois, ce n’est pas pour discuter que nous viendrons, mais pour l’appréhender. »

Ce que Lucy avait dit était, à vrai dire, entièrement suffisant pour envoyer une équipe d’intervention, afin de la neutraliser. Cependant, c’était à Lloyd d’en décider. Il était son officier superviseur, son OS, et c’était sur ses épaules qu’incombait la gestion de cette situation. Natalia lui faisait confiance... C’est juste qu’elle ne croyait pas en Lucy. Cette dernière semblait sincère dans ses remords, mais Widow avait déjà pu remarquer que sa personnalité comprenait plusieurs facettes. Elle se méfiait d’elle, de ce dont cette femme était capable, et des risques que Lloyd prenait.

Ce dernier était un peu surpris par le subit changement d’attitude de Lucy,e t tendit maladroitement sa main, lui caressant les cheveux, déglutissant légèrement, tandis que Lucy s’effondrait devant lui, toute son agressivité ne semblant être qu’un mur de verre se craquelant pour révéler sa dépression.

« Pendant dix ans, j'ai attendu... Je voulais le revoir, pour expier mes fautes... Je me suis enfuie, et... Je l'ai revu... Et il m'a juste... Pardonné... Après ce que je lui ai fait... »

Lloyd hocha lentement la tête.

« Il faut croire que ton ami est quelqu’un de généreux, Lucy... Je ne suis pas un fervent adepte de la religion, tu sais, mais, en tant que bon Américain, j’ai fait mon catéchisme. Tu es en quête de rédemption, Lucy... Si tu ne veux pas qu’on te considère comme un monstre, alors agis dans ce sens. Aide-nous à protéger Kouta... À te protéger, toi, et à protéger les autres qui sont comme toi. »

Sa voix s’était légèrement radoucie, mais, en toute honnêteté, il n’était pas trop sûr de son coup. Lloyd regrettait légèrement d’avoir choisi d’opter pour l’approche douce, ayant pensé qu’il serait facile de maîtriser deux minettes. En fait, il ne s’attendait pas à tomber sur une telle histoire, et à serrer une meurtrière contre lui. Il avait déjà enfreint plusieurs règles du protocole, et, si Natalia le signalait, il risquait de se faire sévèrement engueuler pour avoir inutilement mis sa vie en danger, ainsi que celle de Widow. Suivre les règles n’avait cependant jamais vraiment profité à Lloyd, si ce n’est l’envoyer à l’hôpital, où il avait manqué de peu de mourir.

Pour une fois, l’homme comptait agir en suivant son instinct, qu’il aille droit dans le mur ou non.

Natalia semblait sceptique. Elle n'avait pas Lucy à la bonne, il suffisait juste de voir qu'elle avait dégainé son arme pendant que Lloyd avait mieux réagi. Elle s'en méfiait, ça se voyait. Se méfiait-elle aussi de la Neko ? C'était une possibilité...

On peut aider ton amie, Amélie. Si elle est aussi forte qu’elle le prétend, ceux qui lui ont donné ces pouvoirs la recherchent. Combien de temps penses-tu que vous allez pouvoir encore fuir ? Il existe bien des organisations dangereuses dans ce monde, bien des groupes qui seraient intéressés par cette femme. De ce que j’ai cru comprendre, elle n’a pas l’air de contrôler ses pouvoirs à la perfection... Tu ne l’aurais pas assommé, sinon, pas vrai ? Il faut que quelqu’un l’aide à se contrôler.

Elle ? Ne pas contrôler ses pouvoirs à la perfection ? Non, il devait avoir erreur là. Lucy maîtrisait parfaitement ses vecteurs. Non, ce qu'elle n'arrive pas à contrôler, ce sont ses émotions. Surtout quand on lui parle de son passé.

Ton amie est une criminelle, Amélie. Une meurtrière. Elle t’a aidé à te défaire des griffes de l’esclavage, tu dois l’aider à se défaire de sa noirceur... Nous sommes venus en amis, mais, la prochaine fois, s’il y a une prochaine fois, ce n’est pas pour discuter que nous viendrons, mais pour l’appréhender.
L'appréhender... ?

Une lueur d'inquiétude passa dans les yeux de la Neko, avant de vite s'effacer. Pour les arrêter, il fallait déjà pouvoir les immobiliser. Entre Lucy et ses vecteurs qui peuvent l'envoyer très loin, très vite et elle-même avec ses pouvoirs de téléportation, il serait difficile d'attraper les deux amies. Très difficile.

Bon courage... lâcha-t-elle, énigmatique. Et tu n'as pas compris. Lucy contrôle très bien ses... "pouvoirs", comme tu les appelles. Elle a eu plus de dix ans pour s'entraîner dans ce fichu laboratoire. Elle ne vous aurait pas tués, juste traumatisés pour ne pas que vous reveniez. Par contre, je garantis pas que vous auriez été dans un bon état. Je l'ai endormie juste pour avoir cette discussion.

Elle se massa les tempes puis continua :

Tout le monde a sa part intime qu'il ne faut surtout pas approcher. Vous avez piétiné celle de Lucy sans aucune délicatesse. Car quand quelqu'un découvre qu'elle n'est pas humaine, elle fait vite le rapprochement avec ce laboratoire. Elle a peur qu'on la découvre. Et elle en a marre de ce monde en fait. On va bientôt retourner sur Terra. Définitivement. On va rejoindre l'"Ordre de la Croix du Sud", un des seuls groupes qui luttent contre l'esclavage à Nexus.

Elle lui sourit un peu, amusée par la situation.

En fait, vous êtes venus pour rien.


Lucy n'avait jamais su quoi penser de ce pardon. On lui avait succinctement expliqué qu'il avait été traumatisé par la mort de ses parents juste devant ses yeux, mais pour elle cela n'expliquait pas tout.

Il faut croire que ton ami est quelqu’un de généreux, Lucy... Je ne suis pas un fervent adepte de la religion, tu sais, mais, en tant que bon Américain, j’ai fait mon catéchisme. Tu es en quête de rédemption, Lucy... Si tu ne veux pas qu’on te considère comme un monstre, alors agis dans ce sens. Aide-nous à protéger Kouta... À te protéger, toi, et à protéger les autres qui sont comme toi.
Protéger Kouta ? Je le fais déjà en vous empêchant de faire une connerie avec les autres diclonius... Elles sont vraiment dangereuses, plus que tu le penses. Et surtout, le labo n'est pas loin de l'endroit où il habite. C'est là où j'ai atterri en premier...

Elle retint à grand peine un dernier sanglot, et se détacha de l'homme, le regardant dans les yeux. Les siens avaient rougis, signe qu'elle avait un peu pleuré pendant ce court laps de temps. D'ailleurs, on pouvait voir une larme descendre sur sa joue gauche, laissant une traînée salée derrière son passage.

Et puis, pour les humains, je suis un monstre. Je ne suis que ça dès qu'ils voient mes cornes. Ce monde m'a refusé, et je n'ai rien à faire ici. Strictement rien.

Amélie lui certifia que Lucy contrôlait ses pouvoirs, ce en quoi Natalia était, effectivement, sceptique. Ce n’est pas l’impression qu’elle en avait. Si elle les contrôlait si bien que ça, les deux agents ne seraient pas là en ce moment, en train d’en parler. Elle reprocha ensuite aux deux agents d’être responsables de cette situation, d’avoir piétiné son passé. À leur corps défendant, ils ne savaient rien de cette histoire, mais Natalia estimait tout de même qu’ils avaient su faire preuve de politesse. Ils avaient même fait preuve d’une politesse excessive, car ils n’avaient pas respecté ce que le protocole prévoyait. Dès qu’un sujet se mettait à paniquer, ou à manifester ses capacités surnaturelles, le protocole impliquait le recours à une équipe d’assaut pour appréhender la menace, et éviter une catastrophe. Depuis Stamford, le SHIELD était très vigilant là-dessus, et ne voulait aucun débordement. Si Natalia rendait un rapport fidèle à la réalité, Lloyd risquait de ne plus devenir son OS, et d’avoir un blâme.

Plus intéressant encore, Amélie lui expliqua qu’elles avaient l’intention de partir, de rejoindre Nexus... Un nom classifié, mais que Natalia, avec son haut niveau d’accréditation, connaissait. Elles comptaient rejoindre une organisation, l’Ordre de la Croix du Sud. Ce nom, en revanche, ne disait rien à Natalia, mais, de ce qu’elle comprit, il luttait contre l’esclavage. Natalia s’était renseignée sur Terra, et elle savait que l’esclavage y était massivement pratiqué, même si certains s’y opposaient. L’ancien Roi de Nexus, par exemple, avait voulu l’abolir, et il existait même un État qui menait une politique terroriste au nom de l’abolition de l’esclavage, Caelestis... Un mode de fonctionnement qui n’était pas sans rappeler l’Amérique des années Bush, prête à commettre n’importe quelle exaction si c’était pour la bonne cause, pour lutter contre les terroristes islamistes.

« En fait, vous êtes venus pour rien » conclut la neko.

Natalia croisa lentement les bras, à nouveau.

« Je n’en suis pas si sûre, Amélie. Si ce que Lucy a fait est vrai, c’est une criminelle... On n’efface pas ce qu’on a fait en souriant, ou en allant ailleurs. Elle a une dette à rendre. Et, vu sa manie à se servir de ses pouvoirs quand elle s’énerve, je dirais qu’elle ne contrôle pas si bien que ça ses pouvoirs. »

Widow ne cachait pas qu’elle était méfiante. Sur ce point, elle était plus pragmatique que Lloyd, bien plus vigilante. De son côté, ce dernier était toujours sur la sellette, toujours dans le doute et dans l’expectative. Il ignorait comment cette femme allait réagir à la suite des évènements, et, en un sens, ceci l’inquiétait. Il n’aimait pas ce qui n’était pas facile à comprendre. L’impulsivité était terrible, surtout quand on était doté de superpouvoirs. Il la laissa se détacher de lui.

La jeune femme était ébranlée, et poursuivit, en lui disant une phrase qu’il avait déjà entendu ailleurs :

« Et puis, pour les humains, je suis un monstre. Je ne suis que ça dès qu'ils voient mes cornes. Ce monde m'a refusé, et je n'ai rien à faire ici. Strictement rien. »

Il hocha lentement la tête.

« Strictement rien, en effet... À part peut-être veiller sur ce Kouta. Ou racheter tes erreurs passées. Tu as des cornes, oui, mais, de ce que tu m’as dit, ton passé n’est pas particulièrement joyeux... Alors, si les humains te prennent pour un monstre, c’est qu’ils n’ont pas fondamentalement tort, non ? Tu me dis que tu as changé, et, en un sens, c’est vrai, puisque tu n’as pas encore balancé par la fenêtre... Mais c’est encore insuffisant. Les humains sont par nature des gens superstitieux et peureux. Ils craignent ce qu’ils ne comprennent pas, c’est pour ça qu’il faut parfois leur cacher la vérité... Ils ne sont pas prêts à tout entendre. Mais tu n’es pas la seule, Lucy... Il existe des gens à la peau bleue, d’autres qui ont des yeux rouges... Pendant un temps, mon gouvernement peinait à voir en eux autre chose que des monstres. Les mentalités évoluent. »

Lloyd laissa planer quelques secondes d’hésitation, avant de poursuivre sur sa lancée :

« Ce monde n’est peut-être effectivement pas fait pour toi, mais ce n’est pas pour autant que tu dois te détourner de tes responsabilités. Vois les choses autrement... Si ce Kouta est si proche que ça de ces diclonius, qu’est-ce qui te garantit qu’il est en sûreté ? Pourquoi ceux qui ont fait des expériences sur toi regrouperaient des gens comme toi, et en feraient des machines à tuer ? Ton laboratoire, Lucy, ressemble fortement à un camp d’entraînement. Ne me sors pas tous ces clichés sur la société pourrie, sur le fait que ces gens ne méritent pas qu’on les sauve. Il y a du bon en chacun de nous, et je ne peux pas laisser une telle menace potentielle sans réagir. Tu veux prouver que tu n’es pas un monstre ? Très bien, je t’en offre l’occasion. Aide-nous à faire ce qui est juste. »

Cela faisait du bien de parler. Juste parler, sans même se préoccuper de la réaction de la personne en face. Se libérer de l'immense poids que Lucy avait sur les épaules, juste en partageant sa peine et sa douleur. Quand elle avait tué la famille de Kouta, elle avait vraiment cru qu'il ne s'agissait que de justice, jusqu'à ce qu'elle le voit pleurer, et qu'elle se déteste elle-même. Oui, d'une certaine manière la jeune diclonius cherchait la rédemption, mais elle voulait aussi que personne ne soit dans son cas, ce qui lui posait un gros problème de conscience avec les diclonius. Elle savait bien que les libérer était hors de question, mais les laisser là-bas signifierait les laisser souffrir pendant le reste de leur misérable vie. C'est aussi pour cette raison qu'elle voulait fuir la Terre, pour s'attaquer à un problème plus à sa portée.

Strictement rien, en effet... À part peut-être veiller sur ce Kouta. Ou racheter tes erreurs passées. Tu as des cornes, oui, mais, de ce que tu m’as dit, ton passé n’est pas particulièrement joyeux... Alors, si les humains te prennent pour un monstre, c’est qu’ils n’ont pas fondamentalement tort, non ? Tu me dis que tu as changé, et, en un sens, c’est vrai, puisque tu n’as pas encore balancé par la fenêtre... Mais c’est encore insuffisant. Les humains sont par nature des gens superstitieux et peureux. Ils craignent ce qu’ils ne comprennent pas, c’est pour ça qu’il faut parfois leur cacher la vérité... Ils ne sont pas prêts à tout entendre. Mais tu n’es pas la seule, Lucy... Il existe des gens à la peau bleue, d’autres qui ont des yeux rouges... Pendant un temps, mon gouvernement peinait à voir en eux autre chose que des monstres. Les mentalités évoluent.

Elle le regarda d'un air indéchiffrable. La comparer à un monstre était certainement la dernière chose à faire pour ne pas l'énerver, mais elle savait qu'il y avait une part de vérité dans ce qu'il disait. Elle avait beaucoup tué. Beaucoup trop tué. Mais il s'agissait du passé, lorsqu'elle était encore sous le contrôle pervers d'on ne sait qui. Alors que là, si elle avait bien compris, elle était soumise à un tel interrogatoire juste parce qu'elle avait utilisé ses vecteurs pour repousser un garçon qui s'approchait trop près de ses secrets. Déplorable...

Ce monde n’est peut-être effectivement pas fait pour toi, mais ce n’est pas pour autant que tu dois te détourner de tes responsabilités. Vois les choses autrement... Si ce Kouta est si proche que ça de ces diclonius, qu’est-ce qui te garantit qu’il est en sûreté ? Pourquoi ceux qui ont fait des expériences sur toi regrouperaient des gens comme toi, et en feraient des machines à tuer ? Ton laboratoire, Lucy, ressemble fortement à un camp d’entraînement...
Camp d'entraînement...
Camp d'entraînement...
Camp d'entraînement...

Ces trois mots raisonnèrent plusieurs fois dans sa tête, et elle n'entendit même pas le reste de la phrase. Elle le regarda d'un air horrifié.

Non... souffla-t-elle. Ce n'est pas possible... Me dis pas que...

Et pourtant, cela semblait presque évident pour elle aussi maintenant qu'elle considérait cette possibilité. Il y avait trop d'évènements qui allaient dans ce sens. Déjà, le fait qu'ils veuillent capturer Lucy à tout prix, sans la tuer. Nana avait reçu ces ordres, et Mariko, même si elle l'avait bien amochée, n'avait jamais émis la volonté de la tuer. Pourquoi elle ? Nana lui avait donné un élément de réponse.

Parce que tu es la Reine, lui avait-elle dit.

C'était bien la seule différence qu'elle avait avec les autres diclonius. Elle pouvait perpétrer la mutation, maudire à son tour d'autres personnes pour que leur descendance soit aussi des diclonius. Elle l'avait déjà fait, et n'était pas prête à le refaire. Il y avait eu aussi ce scientifique totalement taré qui voulait qu'elle soit "l'Eve" d'un nouveau monde. Ridicule. Sauf que maintenant, tout prenait son sens. Le laboratoire voulait en effet avoir une armée de diclonius en son pouvoir, et la manière dont ils avaient soumis Mariko pouvait leur donner le contrôle de chacun d'entre eux. Et ils seraient libres de faire quoi que ce soit avec.

Non...

Kouta et le reste de sa famille d'adoption était en première ligne. Elle eut des tremblements incontrôlables. Il ne fallait pas qu'ils meurent, quitte à détruire ce laboratoire. Mais pour l'instant, le plus urgent restait de les déplacer, pour qu'ils ne soient plus autant en danger. Elle se leva, et appela Amélie.


Pendant ce temps, la Neko était en pleine discussion avec Natalia.

Je n’en suis pas si sûre, Amélie. Si ce que Lucy a fait est vrai, c’est une criminelle... On n’efface pas ce qu’on a fait en souriant, ou en allant ailleurs. Elle a une dette à rendre. Et, vu sa manie à se servir de ses pouvoirs quand elle s’énerve, je dirais qu’elle ne contrôle pas si bien que ça ses pouvoirs.

La jeune femme soupira. Elle n'avait pas compris...

Je t'ai dit plus tôt que Lucy avait été maudite, et avait été presque forcée à faire ces meurtres. J'ai vu la malédiction moi-même, et c'est moi qui lui ait enlevée. Si vous voulez emprisonner quelqu'un, c'est celui qui a créé la malédiction, pas Lucy. Et pour les pouvoirs... Comment dire ça ?

Elle réfléchit quelques secondes, avant de continuer :

Imagine que tu es entourée de personnes qui ne peuvent même pas ouvrir les yeux alors que toi tu peux. Donc ils sont totalement aveugles et pour ne pas être repérée, tu dois aussi fermer les yeux. Quand quelque chose d'important arrive, tu es obligée d'ouvrir les yeux, même si les autres doivent... te voir... Euh...

Elle se rendait compte de l'absurdité de ce qu'elle disait lorsque ses mots s'échappaient de sa bouche. Elle avait essayé de trouver une comparaison pour expliquer l'utilisation des pouvoirs de Lucy et, d'une autre manière les siens.

Enfin, tu vois ce que je veux dire ? Nos pouvoirs, et surtout ceux de Lucy, font partie intégrante de nous. Nous les enlever, c'est comme nous enlever un bras. En moins douloureux. Mais...

Amélie !!

La diclonius avait presque hurlé son nom, et son amie se rendit immédiatement compte que quelque chose n'allait pas. A peine eut-elle le temps de sursauter qu'elle la vit arriver en trombe dans la pièce et lui saisir les épaules.

Tu peux faire un aller-retour ?

Son ton était fiévreux, ce qui fit un peu peur à la magicienne.

Euh... Oui mais...
Alors on y va ! Maintenant !!

La diclonius lui prit la main et la serra tellement fort qu'elle en eut mal.

Arrête ! Si je fais un aller-retour maintenant, je n'aurais plus de magie pendant au moins trois jours !
Merde ! lâcha-t-elle entre ses dents.

Elle répéta plusieurs fois ce mot pendant qu'elle lâchait Amélie et qu'elle se tournait vers le plan de travail, regardant un point devant elle.

Qu'est-ce qu'il se passe ?
Merde !! fit-elle une dernière fois, plus fort.

La comparaison d’Amélie avec les yeux était assez maladroite, mais Widow avait, pensait-elle, saisi l’idée. Cependant, elle ne voulait pas ôter à Lucy ses pouvoirs. Ce n’est pas ce qu’elle avait voulu dire, juste qu’il fallait qu’elle apprenne à les contrôler. Elle comptait rectifier le tir, mais, au même moment, Lucy intervint en trombe, visiblement émue. Qu’est-ce qui avait bien pu se passer entre elle et Lloyd ? Natalia la regarda, en quête de réponses, mais, au lieu de ça, Lucy se rapprocha d’Amélie, l’ignorant totalement. Lloyd arriva à son tour, et Natalia le regarda brièvement. Il haussa les épaules, visiblement aussi surpris qu’elle. Lucy parla d’un « aller-retour », ce qui amena Widow à froncer les sourcils. Qu’est-ce que ça voulait dire ?

« Arrête ! Si je fais un aller-retour maintenant, je n'aurais plus de magie pendant au moins trois jours ! »

Hum... Natalia avait du manquer un épisode. Aller où ? Lloyd était visiblement aussi étonné qu’elle. Lucy jura ensuite à plusieurs reprises. Lloyd, de son côté, comprenait qu’il avait du taper dans le mille en parlant d’un camp d’entraînement. Il s’écarta alors, et sortit son téléphone portable, probablement pour lancer une recherche, obtenir des informations, et appeler des renforts. Si un tel laboratoire existait vraiment, ce dont il ne doutait pas, ils allaient avoir besoin de renforts pour l’assiéger. Lloyd était doué, mais il se voyait mal affronter avec uniquement l’aide de Romanov une armée de diclonius qui auraient envie de le tuer.

« Euh... »

Natalia prit la parole, afin que les deux femmes se rappellent de sa présence.

« Je peux savoir ce qui vous arrive ? »

Lloyd arriva alors, et répondit à Natalia, avant même qu’Amélie ou Lucy ne puissent répondre :

« Vous voulez aller dans ce laboratoire, c’est ça ? Si c’est un moyen de transport que vous voulez, on en a un qui arrive. »

Il eut à peine le temps de finir sa phrase qu’il y eut une légère vibration venant du salon... Suivi d’un coup tapé contre une fenêtre.

« Ça vous dérange que j’aille ouvrir ? »

Dehors, il y avait une femme qui semblait issue d’un carnaval... Elle portait un justaucorps bleu qui moulait son torse, une longue cape rouge, et, surtout, son justaucorps était brodé d’un « S » sur sa poitrine. Elle avait également de longues bottes rouges, et de beaux cheveux blonds. Lloyd se dirigea vers la fenêtre, et l’ouvrit. Un bol d’air frais fusa dans la pièce, et Supergirl se posa sur le salon.

« Vous vous souvenez de la personne qui est capable de balancer des lasers avec ses yeux ? C’est elle. Supergirl, Lucy... Et Amélie. Amélie et Lucy, je vous présente... Supergirl. »

Supergirl croisa les bras, et les salua, saluant également Widow, qui lui rendit ses salutations.

« Pourquoi est-ce que tu m’as appelé, Lloyd ? J’étais en cours ! »

Cette simple information devrait suffire à comprendre que Supergirl devait être rapide, car elle avait traversé en une minute une bonne partie de la ville, le plus proche lycée étant le lycée Mishima. Or, il était bien à deux ou trois kilomètres. Natalia décida alors de se rappeler à tous ces braves gens en intervenant à son tour :

« Bon ! Où est-ce que vous comptiez aller, Lucy et Amélie ? Qu’est-ce que c’était que cette histoire d’aller-retour ? »

Vous voulez aller dans ce laboratoire, c’est ça ? Si c’esdt un moyen de transport que vous voulez, on en a un qui arrive.

Aller dans le laboratoire... Il est taré lui ? C'est la pensée qu'eut Lucy en agitant sa main au niveau de sa tempe alors qu'elle était de dos, en train de réfléchir intensément. Elle avait réagi trop vite. Car cela faisait plus d'un an qu'elle avait quitté le labo, et si ils voulaient agir, il n'y avait pas de raison pour que ça soit pile au moment de sa prise de conscience. Ce genre d'action arrivait uniquement dans les mangas. Non, elle avait le temps avant d'agir. Enfin, le temps... Tout était relatif. Car plus le labo manigançait tranquillement, il devenait de plus en plus puissant, et risquait à tout moment de sortir de l'ombre pour passer dans la lumière des médias, en tant que groupe visant à la destruction du monde. Ou alors d'autre chose, mais il était dangereux. Trop dangereux. Et le pire, c'est que Lucy n'y pouvait rien, car s'y infiltrer reviendrait à se suicider. Toutes les diclonius la repéreraient à des kilomètres à la ronde, avec cette étrange capacité qu'avait un diclonius à en sentir un autre, et ce serait pire que de téléphoner et d'annoncer tout de suite qu'elle allait attaquer.

Quelqu'un toqua à la fenêtre.
...
...
A la fenêtre ? Lucy se retourna, surprise, pour y trouver la version féminine de Superman, dont elle avait déjà vu une des histoires en étant petite. Quant à la Neko, dès que Lloyd cita les lasers sortant des yeux, elle l'avait regardé d'un air envieux, telle une gamine qui voulait un cadeau de Noël.

Pourquoi est-ce que tu m’as appelé, Lloyd ? demanda la nouvelle arrivante. J’étais en cours !

C'était lui qui l'avait appelée ? Elle n'avait même pas remarqué qu'il avait téléphoné. Peut-être l'avait-il fait avant de venir...

Bon ! intervint la femme rousse. Où est-ce que vous comptiez aller, Lucy et Amélie ? Qu’est-ce que c’était que cette histoire d’aller-retour ?

La Neko ne prêta même pas attention à cette remarque, trop occupée à s'imaginer avec le pouvoir de cette "Supergirl". Nom étrange au passage. Et Lucy se disait que si cette femme possédait vraiment toutes les capacités de ce superhéros de bande dessinée, prendre la base d'assaut serait beaucoup plus aisé. Mais il faudrait quand même qu'elle reste sur ses gardes. Car même les légendes peuvent se faire décapiter par derrière ! La diclonius retourna dans le salon tout en leur disant :

Nulle part !

Elle décrocha le téléphone fixe et inscrit le numéro de Kouta. Celui-ci répondit à la troisième sonnerie, et elle ne lui laissa même pas le temps de parler.

C'est Lucy. Il faut que je parle à Nana le plus vite possible, c'est très important !

Pendant ce temps, telle une gamine, Amélie demandait à Supergirl :

Tu peux me montrer les lasers s'il te plait ? J'ai envie d'essayer moi aussi !

Supergirl était paumée, regardant tout ce beau monde, et Natalia, elle, agacée. On la foutait sur les roses, et elle n’aimait pas ça. Elle avait l’impression d’être une plante verte qu’on avait amené ici pour décorer, et que personne ne faisait vraiment attention à ce qu’elle disait. Hey, elle était Black Widow, pas une stagiaire timide dissimulée derrière un bureau ! L’agente du SHIELD voulait comprendre ce qui se passait. Lucy parlait très sûrement d’attaquer ce laboratoire, ce qui était un subit changement par rapport à son attitude de tout à l’heure, où elle était littéralement dans le déni, et refusait d’envisager de faire quoi que ce soit concernant ce centre de recherches. Il fallait croire que Lloyd avait réussi à trouver les moyens justes, et ce dernier fut soulagé du coup de fil de Lucy. Il serait évidemment tracé par le SHIELD, afin de découvrir à qui elle appelait. Il s’agit très certainement de ce Kouta, et, puisqu’elle avait dit que sa maison était proche du centre de recherches, ils avaient de quoi mener, eux aussi, des recherches approfondies, et découvrir l’emplacement de ce laboratoire. À partir de là, ce ne serait plus qu’un jeu dangereux. Une équipe serait envoyée pour inspecter les archives locales, afin de trouver des preuves supplémentaires. Une autre se renseignerait sur les mouvements financiers et irait voir les archives de la mairie, afin d’éplucher la copie de tous les actes de propriété, et les plans cadastraux, dans le but de retrouver une grande installation susceptible de correspondre à ce laboratoire. Il y avait maintenant un cap, et Natalia se faisait la même réflexion. Pour autant, bénéficier de l’aide de Lucy leur aurait certainement permis d’avancer bien plus vite dans leur mission. Il fallait juste réussir à la convaincre.

Amélie, de son côté, semblait n’avoir d’yeux que pour Supergirl, ce qu’elle confirma rapidement :

« Tu peux me montrer les lasers s'il te plait ? J'ai envie d'essayer moi aussi ! »

D’essayer ? Est-ce que cette neko copiait les pouvoirs des autres ? Tout était en train d’échapper au contrôle de Widow. Lloyd, lui, restait en retrait, essayant de trouver un moyen d’agir, et Natalia tenta sa chance. Au téléphone, Lucy avait parlé d’une certaine Nana. Natalia pouvait débrancher la prise téléphone pour forcer Lucy à lui parler. Maintenant que Supergirl était là, elle pouvait se montrer un peu plus persuasive, mais elle ne voulait pas compliquer la situation en rajoutant encore plus de tensions.

« Vous m’avez amené ici simplement pour que je... ?!
 -  Personne ne fera de démonstrations à qui que ce soit tant que je n’aurais pas de réponses à mes questions ! trancha alors Natalia en haussant le ton. Qu’est-ce que vous comptez faire, toi et Lucy ?! Vous ne devriez pas nous sous-estimer, ou me prendre pour une touriste ! Qu’est-ce qui se passe ici ?! »

Natalia avait du hausser le ton, mais elle avait le sentiment qu’elle n’obtiendrait aucune réponse claire si elle ne leur montrait pas qu’elle n’était pas ici que pour faire de la figuration, ou pour suivre bêtement les ordres de Dawkins. Certes, il était son OS, son officier superviseur, mais Natalia était tout, sauf une bleue. Et, pour elle, le temps des réponses était venu.

Personne ne fera de démonstrations à qui que ce soit tant que je n’aurais pas de réponses à mes questions ! trancha alors Natalia en haussant le ton. Qu’est-ce que vous comptez faire, toi et Lucy ?! Vous ne devriez pas nous sous-estimer, ou me prendre pour une touriste ! Qu’est-ce qui se passe ici ?!

Dans un premier temps, Amélie sembla déçue, mais elle se reprit bien vite. Il est vrai que Lucy avait eu un comportement très étrange, et son appel à Nana n'arrangeait rien.

Je... Je sais pas ! Je sais même pas où Lucy voulait que je l'amène !

Elle regarda la principale concernée, qui semblait donner des directives à Nana.

Ecoute-moi bien. Si tu sens une autre diclonius, tu vas pas te suicider comme la dernière fois. Cette fois, ce n'est pas nous qu'ils rechercheront. Si tu les sens, tu prends Kouta et les autres et tu les emmènes loin, très loin.
...
Plus tard les questions ! Promet-le moi.
...
Je te rappelle !

Et elle raccrocha presque violemment. Elle ferma les yeux, leva la tête et poussa un long soupir, essayant de se calmer. Nana et sa logique à la con... Elle jeta ensuite un regard sur l'assemblée qui la regardait, attendant des réponses.

Vous voulez que je vous explique tout, c'est ça ?

Elle retourna dans le salon, se posa devant un meuble qui s'ouvrit de lui-même et quelques papiers volèrent derrière elle.

Je l'ai foutue où déjà ?... Ah la voilà.

Suivie par Amélie et certainement les autres, elle avança vers la table basse et une carte vola juste devant elle, se dépliant sur cette table.

Pour ceux qui ont pas suivi où qui viennent d'arriver, je suis une diclonius, une non humaine avec des pouvoirs "magiques". Les diclonius sont maudites et incitées à tuer dès qu'elles ont accès à leurs pouvoirs. Trois, quatre ans généralement. Et tant que la malédiction continue, elles développent une haine contre toute la race humaine, et continuent à tuer. Il existe un laboratoire de "recherches" qui capturent les diclonius et les soumettent à toutes sortes de tests proches de la torture. Je m'y suis échappée, mais je sais pas où il se trouve. Ce qui est dangereux, c'est que le laboratoire a trouvé le moyen de faire en sorte que les diclonius leurs obéissent : ils posent des bombes dans leurs corps. Si vous voulez un ordre d'idée, si le laboratoire décidait d'attaquer le Japon, je donne pas dix jours de survie à la race humaine.
Mais...
Laisse-moi finir. Quand je me suis échappée, je me suis faite prendre par surprise par une balle de sniper qui m'a assommée. Quand je me suis réveillée, je me trouvais sur cette plage.

Elle montra la plage juste en dessous du point rouge de la carte.

Vous êtes les dernières personnes qui peuvent sauver l'humanité sur cette planète sans bombe ou quelque chose comme ça.
Tu ne vas pas...
Je te rappelle que les diclonius se sentent entre elles à des kilomètres. Tu veux prendre ton téléphone et appeler le labo pour les prévenir qu'on va les attaquer peut-être ?

Elle se retourna et fit quelques pas vers la porte de sortie.

Une dernière chose. Je tiens à la vie de certaines personnes dans ce monde de merde. Alors s'ils crèvent à cause de vous, je vous en tiendrai responsable.

Kamakura... Tandis que les informations s’échappaient finalement de la bouche de Lucy, Natalia regardait son plan. Kamakura était une ville côtière, connue pour ses temples et ses statues bouddhistes. C’était un haut lieu touristique du Japon, où on venait voir la statue représentant Amitābha, un bouddha, ou encore visiter le temple Hachimangu, ou, plus simplement, se servir de Kamakura comme escale, soit pour rejoindre Tokyo, soit le mont Fuji. La ville était proche de cette célèbre montagne, et Lucy leur expliqua qu’elle s’était réveillée sur une plage aux abords de cette ville. Natalia l’écoutait silencieusement. Elle s’était renseignée sur le Japon, et plongea dans ses souvenirs pour se rappeler qu’il existait effectivement une plage à proximité de cette ville, Shichirigahama. C’était une longue plage touristique, avec une belle vue sur le mont Fuji.

Lucy semblait visiblement vouloir que Natalia et les autres attaquent ce complexe. Il se trouvait donc dans la région de Kamakura, quelque part.

« Une dernière chose, précisa Lucy. Je tiens à la vie de certaines personnes dans ce monde de merde. Alors s'ils crèvent à cause de vous, je vous en tiendrai responsable. »

Lloyd fronça lentement les sourcils, et hocha la tête, acquiesçant silencieusement.

« Il n’est pas dans nos habitudes de faire des massacres... Mais, si ce que vous dites sur ces diclonius est vrai – et je n’ai aucune raison d’en douter, nous ne pourrons pas nous perdre d’agir légèrement. Nous essaierons de les sauver, mais, en cas de légitime défense, nous devrons ouvrir le feu. »

C’était de la pure logique. Lloyd allait devoir appeler ses supérieurs, et mener des recherches autour de Kamakura. Le SHIELD allait devoir mener une lourde opération sur cet endroit, mais ce n’était maintenant plus qu’une question de temps. Bras croisés, Natalia ne disait rien, tandis que Supergirl, de son côté, commençait à comprendre la situation.

« Si ce laboratoire est caché, tant qu’il n’y a pas de plomb, je pourrais utiliser ma vision spéciale pour le retrouver. »

Lloyd hocha la tête.

« C’est une idée, oui, mais il nous faudra de toute manière réunir du monde, et prévenir les autorités sur place, afin de protéger la population. Dès qu’on aura trouvé le laboratoire, il suffira de faire croire à la population qu’il y a une alerte à la bombe... Je ne sais pas, une ogive datant de la Seconde Guerre Mondiale retrouvée dans les égouts, ou un truc comme ça... »

Natalia hocha lentement la tête. La priorité du SHIELD était de protéger la population civile. C’était bien pour ça que l’acronyme de l’organisation signifiait « Bouclier », dans le fond.

« Je vais aller mener des recherches. Widow, vous... »

Natalia regarda autour d’elle, et haussa les épaules.

« Je pense que je vais rester ici... Si personne n’y voit d’inconvénient. »

De cette manière, elle pourrait servir de relais entre Kara et le SHIELD. Sur ce coup, les pouvoirs très élevés de Supergirl pouvaient s’avérer très utiles. Cette dernière se retourna d’ailleurs vers Amélie.

« Tu voulais que je te montre mes pouvoirs, n’est-ce pas ? Fais-moi couler un verre d’eau, je vais te faire une petite démonstration. »

C’était un moyen comme un autre de se rapprocher des deux femmes. Lloyd, de son côté, laissa à Lucy le choix. Elle n’était pas obligée de l’accompagner, mais son aide pouvait toujours être utile. À elle de voir, en somme, où elle voulait aller, et ce qu’elle voulait faire. Lloyd avait déjà suffisamment d’éléments pour lancer toute une opération d’envergure.

Au moins, c'était dit. Si les diclonius s'échappaient et massacraient toute la ville, Lucy viendrait personnellement s'occuper des responsables, c'est-à-dire eux. Et elle n'aurait aucune pitié. C'est à Kouta qu'elle devait la vie, et elle ne supporterait pas de le savoir mort à cause des autres diclonius.

Il n’est pas dans nos habitudes de faire des massacres, répondit l'homme. Mais, si ce que vous dites sur ces diclonius est vrai – et je n’ai aucune raison d’en douter, nous ne pourrons pas nous perdre d’agir légèrement. Nous essaierons de les sauver, mais, en cas de légitime défense, nous devrons ouvrir le feu.
Vous ouvrirez le feu.

Ce n'était pas une question, mais une affirmation. Il était improbable que les diclonius se laissent faire ainsi. Et puis Kouta n'était pas dans le laboratoire, donc il ne risquait rien si le SHIELD faisait correctement son boulot.

Si ce laboratoire est caché, tant qu’il n’y a pas de plomb, je pourrais utiliser ma vision spéciale pour le retrouver.

La fille qui se faisait appeler Supergirl avait prononcé ces mots qui interpellèrent la diclonius. Une vision spéciale ? Comme le Superman de fiction ? Ce serait pratique, mais pas dans cette situation. Elle savait que le laboratoire se trouvait sur une île ou quelque chose comme ça. Elle était tombée d'une falaise, et elle s'était retrouvée sur une plage. Il n'y avait aucun doute à ça. Elle allait répondre, mais ce fut l'homme qui, une nouvelle fois, monopolisa la parole en parlant de protéger la population, ce à quoi elle répondit :

Pas la peine, le labo est sur une île...

Il enchaîna ensuite en disant qu'il allait mener des recherches, alors que Natalia resterait ici. Et quitte à choisir entre les deux, Lucy préférait parler avec l'homme, dont elle ignorait toujours le nom.

Si tu fais un détour par le lycée Mishima, je t'accompagne. Je connais quelqu'un qui pourrait vous aider.

Amélie tiqua.

Mais Lucy, Inori ne...
Elle veut sauver le monde ? Ben là elle en a l'occasion !
Mais...
Fin de la discussion.

Pour apaiser la discussion, Supergirl proposa à Amélie de lui faire une démonstration de ses pouvoirs et lui demanda d'aller chercher un verre d'eau. Le visage de la Neko se transforma, et c'est avec un sourire presque jubilatoire qu'elle lâcha un D'accord ! et qu'elle se précipita presque au pas de course dans la cuisine chercher ce qu'elle voulait et lui apporta en moins de quinze secondes.

Des lasers hein ? Surveille-la bien quand elle voudra refaire ton sort... Ce serait con que tu te fasses tuer par accident si tu as ce genre de pouvoir, fit Lucy en avertissant Supergirl.

Pas que la Neko était excessivement maladroite, mais elle avait du mal avec les nouveaux sorts.

« Des lasers hein ? Surveille-la bien quand elle voudra refaire ton sort... Ce serait con que tu te fasses tuer par accident si tu as ce genre de pouvoir »

Qu’est-ce que c’était censé vouloir dire ? Supergirl cilla des yeux à plusieurs reprises, puis Lloyd fit signe à Lucy de sortir. Il salua Natalia, puis Kara, et envisagea alors de se présenter à la femme, lui disant qu’il s’appelait Lloyd, et qu’elle pouvait l’appeler ainsi. Il sortit ensuite. De toute manière, Natalia restera en contact avec lui par téléphone. Il s’occupait de l’élément le plus dangereux et le plus agressif, cette Lucy, laissant à Natalia une neko qui faisait brusquement preuve d’un grand entrain. Elle n’avait pas traîné avant de remplir le verre d’eau, et, visiblement, ses capacités consistaient à copier et à reproduire les pouvoirs des autres.

« Je tiens juste à te dire que mes pouvoirs ne sont pas magiques, précisa Kara. C’est plus une sorte de mutation liée aux radiations de votre étoile. »

Les copier pouvait être dangereux, mais il était maintenant trop tard pour reculer, et, de toute façon, si cette neko voulait vraiment les copier, il lui suffirait juste d’attendre que Supergirl se manifeste dans la rue. À défaut, il semblait largement préférable à Natalia de superviser ça. Supergirl attrapa le verre, et le posa sur la table, puis eut un sourire en coin à l’attention d’Amélie, qui avait les yeux rivés sur elle.

« Observe bien... »

Supergirl se concentra, et souffla. Un souffle glacial qui se répandit sur le verre d’eau, et, au bout de quelques secondes, gela l’eau, formant un solide bloc de glaçon. La température ambiante avait également diminué de quelques degrés, une conséquence normale du fait de l’utilisation de cette capacité. Kara sourit lentement devant Amélie, puis se concentra à nouveau. Elle allait devoir opter pour une très faible intensité de ses rayons-lasers. On put voir ses pupilles rougeoyer, et les lasers filèrent, frappant l’eau glacée. Le glaçon se mit à fondre, de la vapeur d’eau remontant devant les yeux de Kara. Elle cligna lentement des yeux, puis tourna sa tête vers la neko.

« Satisfaite ? Quand mes lasers sont à pleine intensité, ils provoquent des explosions. Si tu hérites de ce pouvoir, sois prudente, Amélie... Mes capacités spéciales et surnaturelles ne sont pas simples à maîtriser. »

C’était le moins qu’on puisse dire.


Dehors, Lloyd avait rejoint sa voiture, et la fit démarrer, filant vers le lycée. Il était décidé à faire un détour, afin d’en savoir plus sur Lucy, ainsi que sur l’étrange gang qu’elle semblait avoir formé. Le lycée Mishima intéressait beaucoup les hommes comme lui, non pas en raison du taux de filles sexy en jupe courte qui s’y trouvaient, mais bien en raison des phénomènes paranormaux qui s’y déroulaient.

« Bon... C’est qui, cette Inori, Lucy ? Tu la connais d’où ? Et elle est capable de faire quoi ? »

Lorsqu'elle revint avec le verre d'eau, elle vit Lloyd et Lucy partir. Elle allait vraiment demander une telle chose à Inori... Bah, tant pis ! Elle allait avoir un nouveau sort ! Et quel sort ! Amélie allait pouvoir cracher des lasers avec ses yeux !! La classe.

Elle lui donna le verre d'eau pendant que la réplique de la femme agissait comme une douche froide pour elle :

Je tiens juste à te dire que mes pouvoirs ne sont pas magiques.

Son sourire se transforma en un regard étonné. Si ce n'est pas de la magie... Elle ne pourrait pas copier le sort alors. Non, elle voulait continuer à espérer ! Supergirl se mit à souffler sur le verre et son contenu se glaça. Parallèlement, Amélie avait fermé les yeux pour pouvoir sentir mieux les flux magiques. Mais rien ! Il n'y avait strictement aucun flux magique sortant de cette femme ! Rien à copier ! Elle ouvrit les yeux pour voir les lasers sortir des yeux de la mutante et faire fondre le glaçon. Elle était déçue, et ses oreilles s'étaient baissées.

Satisfaite ? demanda la tireuse de lasers, avant d'ajouter une phrase rendue inutile.
Non...

Amélie avait le visage baissé pour essayer de cacher un peu de sa déception, sans succès.

Moi aussi j'aurais bien aimé pouvoir tirer des lasers, mais je peux copier que la magie... Et il n'y a pas de magie qui sort de toi quand tu lances tes sorts.

La déception était assez grande pour la jeune Neko il fallait dire. Mais étonnement, elle se reprit bien vite et le sourire prit place à nouveau sur son visage.

Tant pis ! Je peux faire déjà plein de choses ! D'ailleurs, fit-elle en s'adressant à Natalia, je te déconseille d'utiliser ton arme, je crois que je l'ai trafiquée un peu et tu risques de pas aimer le résultat...


Bon... C’est qui, cette Inori, Lucy ? Tu la connais d’où ? Et elle est capable de faire quoi ?

Telle était la question posée par l'homme à la diclonius. Il s'était rapidement présenté, disant s'appeler "Loyd" ou "Lloyd", et ils s'étaient ensuite tout deux dirigés vers une voiture noire imposante. Il avait accepté de faire un détour par le lycée, mais tenait à en savoir plus sur cette Inori. Sauf qu'il lui posait trois questions bien différentes à la fois.

On s'calme là.

Son ton était tranquille. Elle n'avait pas besoin de le menacer ou quoi que ce soit d'autre.

Inori, normalement, tu dois déjà la connaitre. Au moins de nom. Où alors t'es encore plus paumé qu'Amélie qui est sur Terre depuis trois mois. Ouais, c'est la chanteuse, Inori Yuzuriha. Ses capacités...

Elle prit une petite pause afin de réfléchir à ce qu'elle allait dire ensuite. Elle se remémora les évènements qui avaient eu lieu lorsque Ata et elle s'étaient rendues chez Amélie et Lucy.

J'suis pas sûre d'avoir bien compris, mais en gros elle peut tirer un objet du corps d'une personne vivante. La personne reste vivante eh, elle a juste l'air morte pendant une ou deux minutes c'est tout. J'crois que ça a un rapport avec l'esprit ou quelque chose du genre. En tout cas, d'après elle, si l'objet est détruit, la personne meurt aussi. Par contre ça fait des armes puissantes. Elle a essayé avec Amélie, et son objet était une espèce de boule noire qui lui permettait de lancer des sorts à l'infini. C'était pratique mais elle a jamais voulu lui laisser. Trop dangereux d'après elle. Du coup elle lui a remis dans son corps.

Et elle ne lui avait pas encore dit le meilleur.

C'est pas que pour le combat que je veux aller la voir. Il paraît qu'elle a vécu dans le futur, et elle pourra certainement nous donner plus d'infos sur ce qui nous attend.

Elle eut un petit sourire. Il est vrai que si cette femme pouvait les aider pour botter le cul aux scientifiques du labo, ce serait toujours bon à prendre. Surtout si elle pouvait fournir ce genre d'armes puissante.

Et comment je la connais... Coïncidence. Sa p'tite copine est dans ma classe.

Natalia eut sa réponse : Amélie ne pouvait copier que des pouvoirs magiques. Elle fut donc déçue de voir qu’elle ne pouvait pas prendre ceux de Supergirl. Kara afficha un sourire contrit, tandis que Natalia, plus mâture, se disait que c’était un mal pour un bien. Supergirl avait des pouvoirs terrifiants. Elle était presque invulnérable, et pouvait démolir toute une armée, et potentiellement ravager le monde. Il valait donc mieux éviter qu’elle ne se multiplie dans la nature. Le SHIELD n’avait pas envie d’une seconde Supergirl sur les bras. Amélie sembla vite se remettre d’aplomb, et précisa alors à Natalia qu’il valait mieux qu’elle évite d’utiliser son arme.

Cette dernière cligna des yeux, surprise.

« Comment ça ? »

Elle sortit son pistolet, et commença par inspecter le chargeur, puis ensuite le canon... Elle remarqua alors une espèce de bille de métal qui bloquait ce dernier. Son regard oscilla entre son pistolet, Supergirl, et Amélie.

« Tu peux faire fondre ce bout de métal avec tes lasers, Kara ? » demanda-t-elle à la Kryptonienne.

Cette dernière acquiesça silencieusement. Est-ce qu’Amélie pouvait, à la manière de Magneto, influer sur le métal ? Si c’était le cas, alors cette petite disposait d’un pouvoir particulièrement redoutable, un pouvoir qu’il faudrait surveiller avec attention et avec la plus grande des vigilances. Elle avait sûrement du faire ça quand Natalia avait dégainé son arme pour menacer Lucy. Elle comprenait ce choix. Lucy était son amie, et il était normal qu’Amélie cherche à la protéger. Ce faisant, Widow ne pouvait pas lui en vouloir, au contraire même. Amélie venait de prouver sa loyauté et son efficacité.

« Tu tiens beaucoup à Lucy, n’est-ce pas ? soupçonna Natalia, sans que sa question ne demande vraiment une réponse. Je te promets qu’on fera tout ce qu’on peut pour vous aider, et pour neutraliser ceux qui vous veulent du mal. »

Comme si elle sentait que la rassurer ne serait pas suffisant, Natalia rajouta rapidement, après avoir laissé plané quelques secondes de silence :

« Quels sont tes pouvoirs, Amélie ? De quoi es-tu capable de faire ? »

Cette neko était comme une éponge magique. Elle captait la magie, et la retenait avec elle... Mais qu’avait-elle bien pu retenir depuis ? Natalia était curieuse de le savoir.


En tant que pur Américain chauviniste, Lloyd ne connaissait pas Inori Yuzuriha. À l’entendre, ça avait l’air d’être une actrice populaire... Sûrement l’une de ces gamines prépubères à la voix de crécerelles chantant du J-Pop dans des clips psychédéliques vous donnant envie de vomir. Lloyd préférait un bon vieux rock à l’ancienne. Springsteen, les Red Hot, Skynyrd, Creedence... Quand on écoutait ça, on ne pouvait pas s’intéresser à la J-Pop, tout simplement. Lucy lui expliqua que le pouvoir d’Inori était d’arracher des « objets » des corps des gens pour s’en servir. Lloyd cligna des yeux. Qu’est-ce que c’était que cette histoire encore ?!

De ce qu’il crut comprendre, Inori arrivait à matérialiser un objet à partir d’un corps, utilisant ces objets pour se battre, l’objet étant lié à la personne. Si on le détruisait, alors la personne mourrait. Lloyd resta silencieux, analysant cette information. Quand on était au sein du SHIELD, on voyait quantité de choses bizarres. Quand Tony Stark était directeur du SHIELD, l’un des nouveaux mutants recrutés dans le cadre du projet Initiative, par exemple, était un individu ayant la capacité de se transformer en la plus grande peur d’un individu. Une sorte de télépathie accrue et redoutable, faisant de ce mutant, surnommé Trauma, un individu particulièrement dangereux. Quand on croisait ce genre de personnages, on pouvait accepter le reste.

Lucy lui précisa alors qu’Inori venait du futur, avant de préciser comment elle l’avait rencontré :

« Et comment je la connais... Coïncidence. Sa p'tite copine est dans ma classe. »

Lloyd hocha la tête. Il laissa, à son tour, quelques secondes, avant de répondre, tout en filant le long des rues de Seikusu :

« Je n’ai jamais cru à ces théories de voyages temporels... Ton amie doit probablement venir d’une autre dimension, c’est comme ça que ça marche. Le Multivers et toutes ces conneries... Je suis quelqu’un qi considère que le futur n’est pas écrit, et que nous avons toujours le choix. Autrement, il n’existe pas de libre-arbitre, et nous sommes tous des prisonniers de nous-mêmes, ou d’une volonté supérieure et invisible... Et je suis quelqu’un qui croit à la liberté... Bref, tout ça pour dire que, si l’avis de ta copine peut être intéressant, tu comprendras bien que je ne peux pas m’y fier, même si elle m’annonce une grosse catastrophe en attaquant ce laboratoire. »

Lloyd se rapprochait du lycée, et reprit rapidement :

« Par ailleurs, nous provoquerons quand même à une évacuation de la ville. Même si le laboratoire est isolé, il y a toujours des risques pour que la bataille dégénère. Or, mon rôle est de protéger les civils, de s’assurer que chacun de ces gens qui paient des impôts, ou qui hantent les bancs des tribunaux, ne soient pas menacés en permanence par des individus surhumains capables de les annihiler en un battement de cils. On est rien de plus que des flics très spéciaux, en un sens. »

Rien de plus, en effet... Ou si peu.

Comme prévu, Natalia fut surprise lorsque la Neko lui annonça qu'elle avait trafiqué son arme. Elle l'inspecta donc, et trouva bien vite son canon obstrué. Et lorsque la femme la regarda, Amélie lui fit un sourire un peu forcé et mima un "Désolée" avec ses lèvres. Puis elle demanda à Supergirl... Kara ? C'était un autre nom ? Attend un peu... Lucy lui avait déjà parlée d'une "Kara" au lycée. Si ça se trouve, la diclonius avait déjà entendu parler d'elle pour une raison ou pour une autre, où alors son nom était connu au lycée. Mais la femme ne semblait pas avoir reconnu la diclonius, ce qui était presque plus étrange.

Bah, pas grave, elle lui demanderait plus tard !

Tu tiens beaucoup à Lucy, n’est-ce pas ? lui demanda Natalia, ce à quoi elle acquiesça vivement de la tête. Je te promets qu’on fera tout ce qu’on peut pour vous aider, et pour neutraliser ceux qui vous veulent du mal. Quels sont tes pouvoirs, Amélie ? De quoi es-tu capable de faire ?

Euh...

Ses pouvoirs ? On ne lui avait jamais demandé quels étaient tous ces pouvoirs, ou en tout cas elle n'avait jamais considéré le dire vraiment. Il y en avait pas mal dont elle avait oublié la manière de les lancer, où même certains dont elle était persuadée les avoir totalement effacés de sa mémoire, pour y laisser les plus importants et les plus utiles.

Ben... J'ai jamais vraiment fait une liste, mais ceux que j'utilise le plus souvent...

Elle réfléchit quelques secondes en se grattant la tête.

Il y a celui d'endormir les gens, comme je l'ai fait tout à l'heure avec Lucy, celui de pouvoir transformer les objets en n'importe quoi d'autres, ce que j'ai fait avec ton arme, euh... Téléportation, manipulation du sang et des vaisseaux sanguins que j'ai volé à un de mes anciens maîtres, euh... Ah oui, le bouclier anti-magie aussi ! Euh...

Elle n'en voyait pas d'autres, hormis... Elle baissa légèrement la tête et son air léger disparut comme un enchantement.

Il y a aussi un rituel qui permet de désenvouter les personnes. C'est certainement le sort le plus compliqué que j'aie, et je ne peux pas le lancer seul tellement il consomme de magie. En fait, ma limite n'est pas au niveau de mon arsenal de sort, mais de la magie. J'ai eu un accident magique il y a longtemps, et je n'ai plus aucune magie en moi.

Elle sortit son pendentif de sous son T-shirt et le mit bien en évidence. Il était à moitié terne, signe qu'elle avait utilisé la moitié de la magie qu'il contenait.

Sauf que j'ai aussi une capacité qui me permet de manipuler la magie des objets et des personnes que je touche. Et j'ai réussi à créer ce bijoux qui permet de contenir un peu de magie et surtout qui la régénère. C'est ma vraie limite.


Une autre dimension... Mouais... Sur le coup, elle faisait plus confiance à Inori qu'à cette théorie un peu foireuse. Lucy avait vu de quoi elle était capable, et la chanteuse n'aurait eu aucun intérêt à lui mentir. Et il était en train de sous-estimer l'aide qu'elle pouvait leur apporter... Tant pis pour lui. Il y aurait peut-être plus de victimes dans leur camp contre les diclonius enragées.

Par ailleurs, nous provoquerons quand même à une évacuation de la ville. Même si le laboratoire est isolé, il y a toujours des risques pour que la bataille dégénère. Or, mon rôle est de protéger les civils, de s’assurer que chacun de ces gens qui paient des impôts, ou qui hantent les bancs des tribunaux, ne soient pas menacés en permanence par des individus surhumains capables de les annihiler en un battement de cils. On est rien de plus que des flics très spéciaux, en un sens.
Comme tu veux, j'm'en fous.

En effet, les victimes humaines n'était pas du tout son principal intérêt. Tant que Kouta n'en faisait pas partie du moins. Elle vit qu'ils étaient juste à coté du lycée. Sans même attendre qu'il se gare, elle défit sa ceinture de sécurité et lui dit :

Je t'attend devant le lycée.

Elle ouvrit la portière alors qu'ils étaient encore à bien cinquante kilomètres heures, s'accrocha au toit de la voiture avec deux de ses vecteurs puis, grâce à eux, se porta au-dessus du véhicule afin de pouvoir refermer la portière grâce à un troisième vecteur. Elle sauta ensuite, ses vecteurs touchant le sol en premier pour qu'elle puisse se stabiliser sans trop de problèmes, se posa au sol sous le regard blasé des passants qui devaient la croire folle à lier, puis marcha tranquillement vers les portes du lycée qui se trouvaient à moins d'une cinquantaine de mètres. Bien entendu, elle avait mit son bonnet pour éviter tout problème avec ses cornes. Une fois devant les portes, elle s'adossa à l'une d'elles et attendit le fameux Lloyd.

NATALIA ROMANOV

Kara était au lycée depuis fort peu de temps, et avait encore bien du mal à sociabiliser avec les autres. Mishima était un vaste lycée, comprenant beaucoup d’élèves, et elle était un peu perdue. Après tout, Supergirl avait au moins la quarantaine. En tant que Kryptonienne, son organisme vieillissait beaucoup moins rapidement que les êtres humains normaux, mais être au lycée quand on avait quarante ans, ce n’était pas le top non plus. Supergirl avait du mal à s’y faire, mais c’était, dans le fond, une bonne expérience. Elle apprenait ainsi à mieux gérer ses pouvoirs, et à mieux se comporter comme une humaine.

Natalia écouta Amélie lui expliquer toute l’étendue de ses pouvoirs. Elle pouvait donc endormir les gens, comme Natalia l’avait vu avec Lucy, se téléporter, manipuler le sang, et créer un boucler antimagique. Autant de capacités qui pourraient s’avérer très précieuses. Il était dommage que ces deux jeunes femmes aient envie de quitter la Terre pour Nexus. Natalia n’avait aucun moyen de les retenir. La meilleure façon serait de faire du chantage sur elles, en insistant sur les crimes commis par Lucy, mais c’était bancal, car Lucy affirmerait avoir été possédée... Non, Widow ne pouvait rien faire, si ce n’est faire un rapport, et laisser ses supérieurs s’en charger. Elle expliqua avoir aussi un rituel permettant de désenvoûter les personnes, et que sa magie provenait, non pas d’elle-même, mais de son pendentif. Il aurait fallu appeler le Docteur Strange pour avoir de plus amples explications là-dessus. La connaissance de Natalia sur le monde de la magie était plus que rudimentaire, étant surtout très théorique. Elle n’avait aucun pouvoir magique quelconque, mais elle savait écouter et retenir.

« En gros, quand ton pendentif est vide, tous tes pouvoirs sont à plat. »

Ce n’était pas une question, mais une constatation. Kara croisait les bras, écoutant cela, fascinée. Supergirl devait probablement se demander pourquoi on l’avait invité ici. Elle était généralement l’arme de destruction massive déployée par le SHIELD face à de redoutables menaces.

« Tu le recharges comment, ce pendentif ? Et c’est toi qui as permis à Lucy de ne plus être... Maudite ? Je n’ai pas trop compris cette histoire de malédiction, en fait. Qu’est-ce qui a fait que Lucy ne l’est plus ? Maudite, je veux dire... »

Si ça avait marché sur elle, peut-être que ça pourrait marcher sur les autres, et, puisqu’Amélie avait le pouvoir de désenvoûter les gens... Et bien, il était facile de joindre les deux bouts, et de relier ces différents éléments entre eux. Natalia faisait le bilan, afin de mieux comprendre ce qui se passait.

LLOYD

« Je t'attends devant le lycée.
 -  Hein ? Hey, qu’est-ce que tu... ?! »

Lloyd n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il vit Lucy ouvrir la porte, et sortir de cette dernière, alors que ce dernier roulait sur l’autoroute. Lloyd appuya instinctivement sur la pédale de frein. Lucy alla sur le toit de la voiture, et bondit alors, sautant depuis le pont autoroutier pour tomber vers le sol, où elle atterrit devant le lycée.

*Nom de... !!*

Des klaxons réveillèrent Lloyd. Il avait subitement freiné, et il accéléra soudain, regardant à droite, en contrebas, où on pouvait apercevoir, à proximité, le lycée Mishima. Comme toujours, les manifestations surnaturelles avaient le don de le scotcher sur place. Il s’avança lentement, passant sur la sortie, puis rejoignit le lycée. Lucy l’attendait à l’entrée, devant l’une des portes, et il gara sa voiture sur le trottoir, sortant ensuite, sans faire vraiment attention aux lycéens et lycéennes qui traînaient dans le coin. Il traversa la cour, et rejoignit Lucy, un sourire sur les lèvres.

« Ma foi, tu ne dois pas avoir de problèmes avec les bouchons, toi... »

Il n’y avait plus qu’à attendre cette fameuse Inori, maintenant. Lloyd avait remis ses lunettes de soleil. On avait beau dire, au Japon, le soleil tapait plutôt fort.