«
Je...je m'appelle Lucas, maîtresse. J'ai été gagné aux cartes lors d'une orgie aux alentours de Nexus. Le marchand m'a fait voyager avec sa marchandise jusqu'à Ashnard. »
Au moins, il connaissait la politesse.
Maîtresse... Il était visiblement un peu plus doux que les deux gladiateurs qui étaient dans son dos. Pour autant, Mélinda les savait serviles. Elle faisait confiance au dressage et à la formation de Drozak, et savait qu’ils faisaient juste de l’excès de zèle, dans l’espoir de satisfaire les penchants sexuels de leur Maîtresse. Cette dernière hocha lentement la tête, et tendit sa main, caressant la joue de l’homme.
«
Je vois. Moi, je m’appelle Mélinda Warren, mais tu peux continuer à m’appeler ‘‘Maîtresse’’. Tu vivras désormais dans mon harem, et tu auras des vêtements un peu plus corrects. »
Le sang de ce Lucas la perturbait, mais, ce dont elle pouvait être sûre, c’était que, avec ses vêtements rapiécés, il faisait vraiment pitié. Cependant, l’Empire d’Ashnard n’était pas très agréable envers les faibles. La pitié ne faisait pas partie des Ashnardiens, et les faibles devaient courber l’échine. S’ils espéraient obtenir un peu de soutien, alors c’est qu’ils s’étaient trompés d’adresse. Ça, c’était quelque chose que Mélinda avait clairement compris quand elle était encore une humaine, et qu’on la maltraitait. Ceux qui avaient fait d’elle une vampire ne l’avaient pas fait par pitié, mais uniquement dans le but d’un échiquier politique, pour venir à bout d’un adversaire. Elle reprit sa route, accompagnée par son cortège. Le harem n’était pas très loin de cette place, et le groupe s’engagea le long d’und es grands boulevards reliant le Palais Impérial et les entrées de la ville.
Ashnard était une ville circulaire, avec un épais mur de protection à l’extérieur, et dont l’urbanisation était très impériale. Chaque corps de garde permettant d’entrer menait à un énorme boulevard, une rue immense, et toutes menaient au cœur de la capitale, au cœur de l’Empire : le Palais Impérial. Ainsi, depuis chaque entrée, en ayant de bons yeux, on pouvait voir les hautes tours du Palais. Par ordonnance impériale, et pour souligner que c’était là le cœur de l’Empire, il était interdit à ce qu’un seul bâtiment de la capitale soit plus haut que les tours impériales du Palais. Cependant, les tours étaient tellement hautes que cette ordonnance n’avait jamais eu à s’appliquer. On pouvait continuellement voir des patrouilles de gardes, des miradors, des archers et des arbalétriers sur les murs, ainsi que différentes affiches vantant les mérites de l’Empire. La propagande impériale battait toujours à plein régime, affirmant que l’Empire ne cessait de s’enrichir, de s’étendre, et de croître. Tous les grands boulevards étaient propres, sans aucun graffiti ou détritus. Les services urbains s’affairaient perpétuellement à les nettoyer.
Tout en marchant, Mélinda repensait aux explications de Lucas. Il avait traversé tout le continent... Sur Terre, le continent entre Nexus et Ashnard faisait à peu près la superficie de l’Eurasie. Autant dire que le voyage était long, d’autant plus que les deux États étaient aux antipodes l’un de l’autre, chacun ayant ainsi sa sphère d’influence. En soi, les Ashnardiens pouvaient venir faire du commerce à Nexus, mais il valait mieux ne pas le crier sous els toits. Avec la guerre qui couve, ce genre d’activités pouvaient être mal vus par les puissances publiques.
*
Au moins, je ne suis pas la seule à aller parfois faire mes courses à Nexus...*
Le groupe finit par s’approcher d’un beau bâtiment avec un mur devant, et un portail en fer. L’entrée de ce bâtiment, derrière le portail, était une belle cour avec une fontaine. La statue sur la fontaine représentait une Déesse du sexe.
«
Nous y voilà. Ceci est votre nouvelle résidence. »
Les gardes à l’entrée saluèrent «
Madame Warren », et la laissèrent entrer. Elle laissa Marina se charger de la paperasse habituelle, et, de son côté, se retourna vers les trois hommes.
«
Vous deux, fit-elle en désignant les gladiateurs,
vous allez venir avec moi. Toi, Lucas, tu vas aller aux cuisines manger un coup. Mes servantes te trouveront des vêtements corrects, tu en profiteras pour prendre un bon bain, et pour leur parler de ton passé. Je reviendrais ensuite te voir. »
Pour l’heure, elle avait quelque chose de très important à faire : satisfaire un fantasme avec ses deux hommes. Elle envoya une servante s’occuper de Lucas, tout en demandant à une autre d’aller chercher les sœurs Lane. En attendant,
une jeune femme conduisit Lucas dans une salle de bains.
«
Prends un bain. Les sœurs Lane viendront s’occuper de toi quand tu seras propre. »
Elle préférait le faire manger après, et le laissa seul dans la pièce, en récupérant ses vêtements crasseux, qu’elle s’empressa de brûler. Quand Lucas sortirait du bain, ce serait pour tomber sur ses nouvelles guides, décidées à lui présenter le manoir :
les sœurs Lane, deux sympathiques femmes qui adoraient se déguiser en
bunny girl, et qui avaient pour particularité de faire des embrassades à n’importe qui, surtout entre elles. Si Mélinda les avait choisi, c’est parce qu’elles étaient très sympathiques, et qu’elles aideraient sans doute le petit Lucas à sortir de son mutisme.
En tout cas, on ne pouvait que l’espérer.