Le voyage vers le camp se passa sans anicroche. Acté menait la marche, et Hélène la fermait, Calypso au milieu. La jeune Amazone avait toujours aussi honte de son comportement, et regardait ses pieds en avançant lentement. Elle avait réussi à ne pas pleurer, et se félicitait au moins de ça, mais elle doutait d’arriver à faire mieux. Une véritable Amazone aurait hurlé contre Acté, lui aurait répliqué qu’elle n’avait pas le droit de lui parler ainsi, et l’aurait probablement défié en duel... Mais Calpso n’était pas une guerrière. ERlle n’était qu’une guérisseuse, et, quand bien même toutes les Amazones étaient égales entre elles aux yeux de la Déesse-mère, certaines l’étaient toujours plus que d’autres. La Horde fonctionnait selon un système de castes, au sein de laquelle la caste des guerrières était la plus dominante. Acté en était le bon exemple. Fière et courageuse, l’Amazone ne se laissait pas faire, et était l’une des guerrières les plus puissantes. Calypso avait été flattée de faire une mission en la compagnie de la brave Acté, mais elle avait échoué... Elle n’avait qu’une seule envie : retrouver Ladé, et se perdre dans ses bras. La puissante chamane était plus conciliante que les guerrières, et était la confidente de Calypso.
Après plusieurs heures, le groupe atteignit le camp, qui, comme Acté l’avait dit, se trouvait autour d’un grand oasis, au milieu de palmiers, de buissons, et d’un grand point d’eau où les troupeaux des Amazones, qu’elles utilisaient pour manger, se reposaient. Les chevaux broutaient, et les brahmanes, qui portaient généralement les tentes et le matériel des Amazones, se reposaient également. Les jeunes filles étaient baignées dans le lac en même temps que les Amazones, le tout dans une ambiance très sensuelle. Bien des Amazones étaient ainsi, sans la moindre forme de gêne, nues. Les trois Amazones approchèrent des sentinelles, qui, naturellement, furent surprises de voir un homme. Un prisonnier ? Non, il n’avait aucune chaîne.
« Cet homme est sous ma protection. C’est un homme de foi et un prêtre. »
Les belles sentinelles hochèrent la tête.
« Tu connais nos lois, Sœur Calypso. Il faut que ton mâle aille obtenir le droit de séjourner ici auprès de notre grande Reine Andromaque.
- Je le sais, ma Sœur. Mais, avant cela, je me dois d’aller prier auprès de la statue de la Déesse-mère. »
Les sentinelles hochèrent la tête. Acté et Hélène étaient également parties prier, car la Horde était très pieuse. Elles s’agenouillèrent devant l’autel de la Déesse-mère, joignant les mains en priant silencieusement. L’autel comprenait des offrandes, mais aussi quelques statues à l’effigie de la Déesse-mère. Calypso se rapprocha, et vint également prier devant la Déesse-mère, formulant une rapide mélopée en joignant solidement ses mains, dans une véritable position de dévote, tandis qu’Acté se redressait, et s’écartait.
« Ô Déesse-mère, grande et noble Déesse-mère, je t’implore pour me partager un peu de ta Force... Car j’ai failli aujourd’hui, piètre mortelle que je suis... J’implore ton Courage et ta Noblesse, que les exemples de nos Saintes puissent m’inspirer... »
Calypso continua ainsi à prier, et se permit de laisser libre cours à ses larmes, car, devant la Déesse-mère, il ne fallait rien cacher. Calypso était l’une des Amazones les plus ferventes, et elle resta ainsi pendant près d’un quart d’heure, prononçant plusieurs prières improvisées. Contrairement à la religion de l’Ordre, il n’y avait pas de prières pré-faites, et Calypso finit par se redresser. Ses larmes étaient séchées, et elle se retourna, faisant face au Père.
« Je vais vous conduire à notre Reine. Elle seule pourra décider si vous pouvez rester ici ou non. »
Calypso se mit à avancer, et ne tarda pas à être abordée par les petites sœurs, de jeunes filles qui étaient presque nues, et qui la saluèrent. Calypso eut un sourire. Les filles l’aimaient bien, car elle les soignait, et était très douce et très gentille avec elles.
« Où se trouve la Reine Andromaque, mes chères sœurs ? s’enquit Calypso.
- Je vais te mener à elle ! »
Calypso eut un sourire, et la jeune Amazone se mit à courir rapidement, filant entre plusieurs petites tentes et des groupes d’Amazones, qui vaquaient à leurs occupations. Brosser les plus jeunes, leur apprendre à se battre, ou travailler les peaux, réparer les armures. Elles jetaient des regards curieux vers le mâle. La petite Amazone conduisit Calypso à la Reine Andromaque, qui se trouvait dans une tente. Calypso s’entra, et vit que la Reine était dans l’armurerie, et discutait avec une Amazone. Calypso resta poliment sur le palier, jusqu’à ce qu’Andromaque remarque leur présence... Et celle de l’homme.
« On m’a rapporté que tu avais offert l’hospitalité à un homme, Calypso...
- Oui, ma Reine...
- Et aussi que tu avais fait preuve de faiblesse... »
Calypso rougit, et baissa les yeux, mais elle savait que se taire ne ferait qu’agacer Andromaque. Partant de là, elle releva donc la tête, et hocha la tête.
« Oui, ma Reine...
- Nous en discuterons plus tard. »
La Reine darda ensuite son attention sur le Père Carmody, et se mit à parler :
« Comme vous avez du le remarquer, homme, la Horde est essentiellement féminine. On dit que vous êtes homme de foi. J’espère que votre motivation n’est pas d’insinuer le doute dans la foi de mes Amazones, mais que c’est simplement la soif de connaissance et la curiosité qui vous ont conduits ici. »