Les coyotes se ruaient vers le groupe, et Hélène fut la première à attaquer. Elle se redressa, et vit l’un des animaux bondir vers elle. Elle le frappa au menton avec le pied, l’envoyant tomber sur le sol, puis utilisa son épée pour frapper l’animal à la taille, faisant gicler son sang. Un peu d‘exercice nocturne, c’était toujours bon à prendre. Hélène vit un autre coyote jaillir sur sa droite, et utilisa ses jambes pour bondir en l’air, évitant la charge de la bête. Furieux, le coyote se retourna, mais ne fut pas assez rapide. Sortant de sa chaussure l’une de ses dagues, Hélène plongea vers lui, et enfonça l’arme dans sa gorge, le soulevant du sol pour le balancer plus loin. Calypso vit alors un coyote foncer droit sur elle, et poussa un cri de panique.
« Îîîîîîîh !! »
Le coyote bondit, gueule ouverte… Quand Acté atterrit juste devant Calypso, et frappe avec sa puissante lame. Cette dernière décapita presque le coyote, dont le corps sans vie se mit à rebondir sur le sol. Un autre animal tenta d’attaquer Acté sur la droite, qui utilisa son gantelet en acier pour frapper la bête à la tête. Couinant, le coyote ne demanda pas son reste, et se mit à fuir. Sourire aux lèvres, Acté le laissa filer, tandis que les coyotes survivants choisissaient également de fuir. La meute avait souffert, et Acté se retourna, énervée, vers Calypso, qui en était tombée par terre, complètement paniquée.
« Es-tu une Amazone, ou une couarde, ma sœur ? lâcha la femme sur un ton réprobateur.
- Je...
- Tu ne pourras pas voyager si tu perds tous tes moyens face à une menace ! Nous sommes des Amazones, pas de pauvres demoiselles qui attendent leurs chevaliers servants pour les secourir des problèmes ! »
Calypso rougit, mais ne répliqua pas. Acté avait tout à fait raison ; l’Amazone s’était très mal comportée. Elle avait laissé sa panique contrôler ses gestes, et avait, en ce sens, clairement manqué de self control. C’était une erreur de débutante, inacceptable chez les Amazones. Elle se mordilla les lèvres, mais ne demanda pas à Acté de la pardonner. Ce serait faire preuve de faiblesse, et Acté risquait encore de s’énerver. Au lieu de ça, elle secoua la tête, et Hélène revint alors parmi elles.
« Ne la juge pas trop sévèrement, Acté, elle n’est pas une guerrière...
- Ce n’est pas une excuse ! répliqua l’Amazone. Sa lâcheté nous couvre de honte ! »
Mortifiée, Calypso baissa la tête, et dut lutter contre l’envie de pleurer. Acté serait bien capable de la battre si elle se mettait à pleurer. Hélène croisa les bras, consciente qu’Acté était dans son droit... Mais elle était un peu moins exigeante que la fière Amazone. Elle se disait que Calypso avait fait de son mieux, mais qu’elle n’était pas une guerrière, et qu’elle n’avait aucune expérience du combat. En cédant à sa panique, elle avait indéniablement commis une erreur, mais Hélène était sûre qu’elle y réfléchirait à deux fois. La sermonner serait totalement contreproductif.
« Retourne te coucher, ma sœur, je vais m’entretenir avec elle... »
Acté grogna, et haussa les épaules.
« Comme tu voudras. »
Elle retourna sur le dolmen, et Hélène s’assit à côté de Calypso, la prenant dans ses bras, tandis que le Père, de son côté, montait la garde, en allant dépecer les bêtes.
« Je.... Je suis faible... ronchonna Calypso.
- De tels mots sont intolérables dans la bouche d’une Amazone, rétorqua Hélène sur un ton ferme. Tu es forte, Calypso... Mais tu n’es pas une guerrière... Contrairement aux Amazones, tu n’as pas passé le rituel de l’eau. »
Le rituel de l’eau était un rite que les Amazones pratiquaient sur les nouvelles-nées. Il s’agissait de tremper le jeune bébé dans un bain d’eau froide, et de voir si elle survivait. Bien que ce rite puisse sembler cruel et barbare, la mort était rare. Une Amazone pouvait y survivre, soit en réussissant à sortir sa tête de l’eau, soit en manquant se noyer. Celle qui sortait sa tête de l’eau était une guerrière, et celle qui manquait se noyer restait au sein de la Horde, mais devrait prouver sa valeur pour rejoindre une guerrière. Il y avait bien longtemps que les Amazones avaient décidé de ne pas laisser les filles mourir... Tout comme abandonner les faibles et les infirmes. Cette pratique était passée de mode, Andromaque préférant maintenant qu’on les mette dans un orphelinat.
« Je... Ça ne se reproduira plus, je... Je surmonterai ma peur...
- Tu as intérêt. Acté est dure envers toi, mais juste. Si tu laisses ta peur te guider, tu mourras... »
L’Amazone se tut un peu, puis finit par se coucher, Calypso restant contre elle. Les Amazones étaient sévères, dures, redoutables, mais elles pouvaient aussi être douces et affectueuses entre elles. Elles savaient combien leur mode de vie était difficile, et il était donc normal qu’elles fassent preuve, entre elles, d’un peu de compassion. Acté, à sa manière, était douce, car sa manière d’être rigide et sévère envers Calypso était une forme d’amour. Elle voulait que Calypso s’endurcisse pour réussir à devenir une fière Amazone, et non une simple femme qu’on acceptait parce qu’elle était l’une des apprenties de Mythilène.
La nuit se passa sans aucun problème. Calypso se réveilla entre les bras d’Hélène, et resta encore un peu contre le corps chaud d’Hélène. Elle avait dormi la tête entre ses seins, et ce fut très confortable. Elle sentait les rayons du soleil sur son corps, et vit qu’Acté était déjà levée. Calypso bâilla, et commença à se relever, avant de s’étirer. Hélène ne tarda pas à se lever également.
« En nous dépêchant, nous serons au campement avant midi... Il faut traverser le canyon, et nous y serons. »
Hélène hocha la tête. Chez les Amazones, on se saluait rarement en se demandant si on avait bien dormi... C’était inutile. Calypso s’étira encore, sentant ses articulations craquer, et suivit ensuite Acté.
« Il faut suivre le soleil, et nous atteindrons le campement. Il est dans une plaine, derrière le canyon. »