Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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[FINI] Une offre qu'on ne devrait pas refuser... [Yamagashi-sensei]

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Yamagashi Hitomi

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Re : Une offre qu'on ne devrait pas refuser... [Yamagashi-sensei]

Réponse 15 mercredi 20 juin 2012, 00:17:13

Shii, forcément Shii. Il n'y en avait qu'une dans ce foutu manoir ! Une seule d'assez gentille pour faire tomber mes dernières défenses, peut-être sans le vouloir. Et elle me laisse chialer pitoyablement par terre en larguant dans les oreilles des mots qui me blessent encore plus. Je voudrais enrager pour lui répondre mais je suis beaucoup trop triste. Je ne suis rien de ce qu'elle dit, et ça me fait encore plus mal d'entendre qu'elle le croit. Si, il y a bien une chose : je suis ridicule.

Et voilà qu'elle se confie, qu'elle m'écrase encore plus. D'autant que je pense déjà que son père est un sale con. Tous les autres professeurs le disent. Avant d'apprendre ce qui liait Shii à Mélinda, j'avais appelé ses parents pour leur parler des résultats de leurs filles. Je leur ai dit que le lycée était bien en-dessous de ses capacités, et ils s'en sont royalement foutus. Leurs filles a des bonnes notes, donc tout va bien, pas besoin de s'occuper d'elle. Je commence à en avoir marre. Rien que d'imaginer que j'aurai pu devenir ce genre de parent, je suis presque heureuse d'être stérile.

Mais surtout j'en ai marre de devoir fermer ma gueule. Mes parents m'adore et je les adore aussi. Ça a toujours été comme ça malgré toutes les difficultés. Et quoi ? C'est un crime ? Que je montre ou non que ma famille me rend heureuse, tout le monde me vomit ses drames filiaux à la gueule. Sakura quand j'étais à la fac, Gabriel dès le premier jour, aujourd'hui c'était Mélinda, et maintenant Shii. Comme s'il n'y avait qu'une échelle pour la douleur, et que l'amour de mes parents tirait la mienne trop bas pour que j'ai le droit de me plaindre. D'ailleurs je ne me suis jamais plainte d'eux.

Encore heureux que Mélinda ne lui ai jamais fait de mal. Je serais pas venue ici pour jouer ce numéro merdique : j'aurai envoyé Kyle lui régler son compte ! Un grand coup de Sentinel Prime dans la gueule, qu'elle voit ce que ça fait d'être du mauvais côté du bâton ! Ça n'empêche qu'elle peut se garder ses leçons de vie, j'ai eu les miennes. Je suis en train d'en apprendre une bonne en ce moment. La gentille Mélinda Warren est triste et furieuse ? Et moi alors, j'ai l'air de péter la forme ? Je ne me suis pas retenue plus longtemps qu'elle. Qu'elle vienne voir ce que ça me coûte, ce que j'ai et qu'elle n'a pas !

Et ce n'est franchement pas le moment de me débiter des niaiseries en me câlinant. Mes mains tremblante remontent le long du corps de la lycéenne. La droite vient saisir sa nuque, la gauche agrippe son bras. Puisque les mots n'ont pas suffit, je serre quitte à lui faire mal. Et je remonte mon visage pour presque grogner à son oreille.

" Mes parents m'ont toujours adorée... Et même si ça n'a pas toujours été le cas, ils sont fiers de moi... Mais ne sois pas jalouse, Shii : mes parents habitent chacun à un bout de la planète... Je ne les ai jamais eu ensemble plus de vingt et un jours d'affilée... Ce n'est arrivé qu'une seule et unique fois... Après que j'ai tenté de me suicider parce que j'avais appris que... "

Mon cœur ne bat pas tout au fond de moi : il se coince dans ma gorge pour me faire fermer ma gueule. Mais c'est trop tard.

" Que je suis stérile... Moi non plus je n'aurais jamais d'enfant... Et je n'ai personne à qui m'en prendre pour ça ! "

Je la relâche, ou plutôt je la rejette. Je l'envoie s'étaler au sol en me dressant sur mes deux genoux.

" Ne vient pas me parler de joie ou de souffrance ! Ne vient pas me dire ce que je suis ou ce que je ne suis pas ! Et surtout ne vient pas me parler d'amour, pauvre conne ! C'est parce que je vous aime toutes que je suis venue ! Parce que l'homme que j'aime pourrait tuer Mélinda ! Sans se forcer ! Et je ne veux pas prendre le risque de lui donner une raison ! "

J'ai beau hurler de rage je pleure toutes les larmes de mon corps.

" L'amour ne m'a pas fait pousser des ailes, Shii ! Il m'a fendu le cœur ! Il m'a forcé à choisir un des plus précieux morceaux ! Et à me l'arracher de la poitrine ! Ça vaut le coup ! Mais ça me fait atrocement souffrir ! Et je ne m'en remettrais jamais ! Alors je ne vois pas pourquoi je devrais sourire ! "

Je me relève pour rejoindre, me pencher sur elle, et braquer mon regard le plus furieux et menaçant dans ses yeux.

" Ne répète jamais ça à Mélinda ! Elle n'accepterait pas que j'aie fait tout ça pour la protéger. Et toute cette douleur n'aurait servi à rien. Alors jure-moi que tu ne diras jamais, à personne, ce que tu viens d'entendre ! "

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Re : Une offre qu'on ne devrait pas refuser... [Yamagashi-sensei]

Réponse 16 mercredi 20 juin 2012, 20:20:21

Sentir l’emprise d’Hitomi sur sa gorge rappela à Shii quelques forts lointains souvenirs, guère agréables, où Mélinda elle-même l’avait maintenu dans cette position, en la plaquant contre un mur dans un lycée. Mélinda ne l’avait pas faite souffrir physiquement. Ce n’était pas son genre. Elle se plaisait souvent à dire que la douleur physique était le refuge des faibles et des imbéciles. Le dernier recours à utiliser, quand rien ne marchait. Convaincre Shii n’avait pas été difficile, et, au fur et à mesure qu’Hitomi, que Shii n’arrivait plus à appeler ‘‘senseï’’, tant elle lui semblait éloignée de son image classique des professeurs, déballait ses souffrances, Shii réalisa une chose simple, tellement évidente qu’elle ne l’avait pas remarqué. Elle lui ressemblait beaucoup. Bien sûr, la stérilité n’était pas le problème de Shii, tout comme le fait de vivre avec des parents distants. Mais elle avait déjà songé à se suicider. Ou, tout du moins, elle avait déjà ressenti cette impression de vide absolue, cette impression de n’être utile à personne, quand ses parents n’avaient pas été là pour la féliciter, quand elle avait réalisé qu’elle était de trop.

Elle fut incapable de parler. Elle se contentait de toussoter, massant sa gorge, tandis que Yamagashi continuait à vociférer ses explications. Elle avait perdu tout self control, toute maîtrise d’elle-même. C’était un spectacle navrant, et surtout pathétique. Shii se sentait triste pour elle. Sincèrement. Mais pas pour les mêmes raisons qu’Hitomi. Elle tentait de la menacer, mais Shii fut de marbre. Son petit ami pourrait tuer Mélinda ? Elle en doutait sincèrement ! Des individus plus forts que la vampire, elle en avait déjà vus. Comme ce démon, ce Jax War, qui avait démoli une partie de la maison, et qui était aussi puissant que dix T-1000 croisés avec Hulk. « Une version démoniaque de Hulk et d’Iron Man », avait résumé Clara pour le décrire. L’image était restée. Et Mélinda avait survécu face à un tel monstre. Encore une fois, Hitomi commettait les mêmes erreurs que Shii, et cette dernière resta donc de marbre. Ses joues rouges témoignaient toutefois de son malaise. Voir une femme péter les plombs, lui postillonner à la figure, surtout quand c’était cette femme qui la notait, c’était... Violent. Surprenant. Shii avait de nombreuses choses à répliquer, et bien des choses  à lui dire.

La jeune lycéenne ne dit toutefois rien, et se releva lentement. Un léger silence s’abattit, tandis que les deux femmes se toisaient du regard.

« Vous savez ce qui a provoqué la destruction d’une partie du manoir ? Ce n’était pas une simple tempête, ou un vulgaire orage. Et pourquoi la sécurité a été renforcée au point de ressembler au manoir de Big Brother ? Nous avons été attaquées. Je vous épargne les détails. Le démon qui a attaqué était... Et bien, je suppose que, si vous croyez sérieusement que votre mec peut tuer Mélinda, c’est qu’il ne doit pas être vraiment un humain normal... Pour vous donner un ordre d’idées, le démon qui a attaqué se recevait des balles de plein fouet sans hoqueter, et pouvait provoquer des espèces de séismes en frappant sur le sol. Un char d’assaut invincible. Ne vous trompez pas ; ce n’est pas parce que Mélinda ressemble à un gringalet qu’elle est inoffensive. Mais je ne lui dirais pas, rassurez-vous. Autrement, elle serait capable de le tuer. Même si votre homme dispose de supers-pouvoirs, Mélinda, elle, dispose d’un cerveau. Et, croyez-moi, il existe dans son monde des créatures abominables. »

Shii haussa les épaules. C’était sans importance, de toute façon. Elle n’en parlerait pas à sa Maîtresse, sauf si cette dernière venait à lui demander de quoi elles avaient parlé, et si elle insistait. Shii ne pouvait pas mentir à sa Maîtresse. Elle avait regardé le manoir en parlant. Clara était sur le perron, attendant que Shii revienne, en profitant pour fumer une cigarette. Mais la lycéenne avait d’autres idées derrière la tête. Se mordillant les lèvres, elle se retourna vers Yamagashi.

« Je... Vous êtes plus vieille que moi, alors ce n’est pas à moi de dire ce qu’il convient de faire. Mais j’aurais des remords à vous laisser ainsi. Pour insulter l’une de vos élèves préférées, l’une de celles qui, selon vos dires, vous permet d’aimer votre métier, et la menacer, vous ne devez vraiment pas vous sentir bien. Et... Je crois que vous avez besoin de décompresser un peu. »

Exiger des faveurs de la part des professeurs était quelque chose que Shii ne tenait pas à faire, tout comme leur rappeler qu’elle était une de leurs chouchous. Depuis qu’elle avait retrouvé confiance en croisant Mélinda, Shii n’était plus une simple élève studieuse et discrète ; elle était studieuse et énergique, participant bien plus en classe. L’élève modèle, en somme. Elle se mordilla les lèvres, consciente du caractère assez déplacé de sa proposition, en ressentant une gêne terrible, surtout pour ce qu’elle signifiait, et finit par lâcher, rouge comme une pivoine :

« Ça vous dirait, de manger avec moi ? Je connais un petit cabaret sympathique. »

Shii sembla alors réaliser l’absurde de sa proposition, et secoua la tête.

« Oubliez ça, c’était stupide. »

Un soupir, et Shii reprit.

« J’espère que tout ira bien pour vous, senseï. Je ne vais plus vous imposer ma présence. »

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Yamagashi Hitomi

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Je me disais bien que Mélinda ne devait pas simplement être en train de refaire les peintures. Shii esquive ouvertement la promesse que je lui ai demandée, et ça ne me surprend pas de sa part. Si Mélinda lui cuisine un peu pour savoir ce qu'on s'est dites, et je pense qu'elle le fera, la lycéenne lui racontera tout. Autant ne pas se faire mentir, c'est compréhensible. Honnêtement je ne la reconnais plus. Je pensais au moins lui faire peur, pas uniquement me tourner en ridicule. Ça me fait l'effet d'une paire de claques, d'une douche froide et d'une autre paire de claques derrière. Maintenant c'est clair : j'ai poussé Mélinda à bout pour rien. Et le pathétique c'est que je suis trop démoralisée pour en être triste.

J'en ai marre, tout simplement marre. Je suis fatiguée de faire des efforts qui se retournent toujours contre moi. De me faire remettre à ma place parce que j'ai pas la vie la plus pourrie ou risquée. D'entendre les autres se vanter de leurs malheurs et m'envoyer chier quand je suis triste pour eux, ou s'en foutre quand je partage les miens. Après tout c'est tellement normal pour eux qu'ils n'y voient pas un sacrifice. C'est fini, j'abandonne. T'entends ça, le monde ? T'as gagné. Puisque je fais forcément mal, autant ne rien faire. J'ai à peine un petit sursaut sarcastique quand Shii me parle de décompresser. Sans déconner, ça se voit tant que ça ?

Je suis déjà un zombie quand je remarque Clara qui nous lorgne méchamment en fumant une cigarette, bien à l'abri de la distance. Et mon regard reste vide, en fait je suis vide, creuse, quand Shii entame ses petit pas de danse. Je cherche, je gratte tout au fond de moi pour trouver la force de lui laisser une chance de me remonter le moral. Ou au moins de lui donner l'impression qu'elle y arrivera. Allez, Hitomi. Un dernier petit effort, même si ça doit encore te retomber dessus t'auras essayé.

" J’espère que tout ira bien pour vous, senseï. Je ne vais plus vous imposer ma présence.
- D'accord. On va manger un morceau. "

Je lui ai même pas laissé le temps de se retourner. Je la rejoins, en traînant un peu les pieds. Il paraît que tout va mieux quand on a le ventre plein, c'est l'occasion de vérifier. Je passe mon bras sous le sien pour donner le départ. Mais je n'ai pas envie de parler de ce qui vient de se passer. Pas de Mélinda, pas de Kyle, pas de monstres ou de drames. Te m'efforce de sourire avec un regard très vaguement impressionné.

" Tu as vraiment gagné un championnat de gym ? "

Bien sûr, c'est dans son dossier scolaire...

Mélinda Warren

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« D'accord. On va manger un morceau. »

Hein ? Avait-elle bien entendu ? Shii sursauta, et deux voix contradictoires résonnèrent simultanément dans sa tête :

*Yessssss !
Et merde...
*

Elle avait été tellement sûre que Yamagashi refuserait qu’elle l’avait presque souhaité. Après tout, la senseï avait volontairement choisi de couper les ponts à Mélinda, et à tout ce que Mélinda impliquait. Et Shii ne tenait pas à se retrouver à choisir entre Yamagashi et Mélinda, car elle choisirait indéniablement celle qui l’avait aidé à lui montrer qu’elle était stupide de se plaindre, celle qu’elle appelait volontiers « Maîtresse ». Et non senseï. Que Yamagashi accepte la laissa donc pantoise, et elle fut donc surprise. La senseï la rejoignit rapidement, sans que Shii ait eu le temps, ni de dire quoi que ce soit, ni de se retourner.

« Tu as vraiment gagné un championnat de gym ? »

Sur le coup, ce fut au tour de Shii de ressentir une pique de colère. Elle regarda sa senseï en fronçant des sourcils, et croisa les bras, avant de répliquer d’une voix outrée :

« Bien sûr ! J’ai eu droit à un article dans le journal local... Que j’ai conservé, d’ailleurs. Je voulais le jeter, et je l’avais fait, d’ailleurs, mais, quand Clara l’a vu, elle... Hum... Disons que, parfois, une gifle n’est pas forcément une mauvaise chose. »

Clara l’avait en effet giflé, et lui avait hurlé dessus. Shii avait pleuré, et Clara avait soupiré, mais lui avait formellement interdit de jeter l’article. Quelques jours plus tard, il avait été encadré dans le salon principal du manoir. Avec le recul, Shii trouvait effectivement qu’elle avait mérité cette gifle. Elle haussa les épaules, et prit Hitomi par-dessous le bras, quand une voix, sèche, résonna derrière elle :

« Shii. »

Sursautant légèrement, l’intéressée tourna la tête. Clara avait jeté sa cigarette, et s’approchait d’elle. La tête de Shii oscilla vers Yamagashi, et elle murmura des mots inaudibles sur ses lèvres.

Attendez... Moi.

Elle s’écarta rapidement, rejoignant Clara, nerveuse. Elle allait devoir affronter la rancune de Clara, et cette dernière n’avait pas l’air contente.

« Qu’est-ce que tu fous ? lâcha Clara, acerbe. Elle a délibérément choisi de nous tourner le dos. Ne lui fais pas plaisir en allant ramper à ses pieds !
 -  Je ne rampe pas à ses pieds... protesta Shii.
 -  Alors, c’est quoi ton petit numéro, là ?!
 -  Je sais ce que je fais ! » répliqua cette dernière.

Les deux femmes se jaugèrent du regard. Shii était très nerveuse, mais elle ne baissa pas les yeux. Elle fixa avec bravade Clara, qui finit par soupirer, et haussa les épaules.

« Oh, et puis je m’en fous ! fit-elle. Fais ce que tu veux, ma vieille ! »

C’était un mensonge, mais Clara avait aussi sa fierté. Cette dernière s’éloigna, et Shii soupira lentement, puis se retourna vers Hitomi, et se força à sourire.

« Allez, venez ! »

Elle la prit à nouveau par le bras. Certes, leur senseï leur avait craché à la figure, et au diable si sa raison profonde était de protéger Mélinda. C’était une excuse, le genre de justifications qu’on se sortait pour pouvoir dormir tranquillement la nuit sans avoir à regretter ses actes. Le faire parce qu’on était forcé, c’était une manière de ne pas porter la responsabilité de ses propres actes. C’était un pieux mensonge, mais, à force de se le répéter, Yamagashi finirait probablement par y croire... Sauf lors de ces longues veillées nocturnes. Quand elle se coucherait, les remords l’assiégeraient, la vérité s’imposerait, cruelle, mais serait noyée. Le jour venu, elle verrait les choses différemment.

Sortir du manoir et rejoindre l’arrêt de bus fut le plus long. Elles avançaient en vadrouille dans l’un des quartiers les plus chics de Seikusu, une succession de manoirs, de villas, où aucune voiture n’était garée dehors. Les rues ressemblaient à de grandes avenues avec des pistes cyclables, des voies réservées pour les bus, des rangées d’arbres. Tout respirait la luxure, la richesse, l’arrogance, l’accomplissement personnel.

« Quand je suis arrivée à Seikusu, et quand j’ai été ici, je me suis dit que c’est ici que je voudrais finir mes jours. Honnêtement, je n’aime pas la campagne. Mais il faudrait que je me trouve un mari très riche, que je me débrouille pour être bénéficiaire exclusive de son assurance-vie, et que je l’empoisonne. Ou alors, être une star de la téléréalité. Je ne sais pas trop... »

Elles finirent par atteindre l’arrêt de bus. Shii croisa les bras.

« Sacrée journée... »

Espérons que la soirée allait rattraper l’ensemble.

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" La télé-réalité ? Aucune chance : t'es trop intelligente. Ça ferait un bide. "

C'est l'une des rares choses dont m'accordent encore le droit d'être convaincue. Je me suis tellement plantée sur tout le reste que j'ai même pas envie d'y penser. Parce que si j'y pense, on va forcément en reparler. Et si on en reparle Shii va regretter son invitation. C'est peut-être déjà le cas ? Je veux pas savoir, je veux pas deviner pour me planter une fois de plus. Arrivée à l'arrêt de bus je m'adosse à un lampadaire et me passe une main sur le visage. Je suis fatiguée, physiquement. La pression, la peur, les cris et les larmes : ça épuise. C'est peut-être un peu pour ça que je suis aussi vidée ? Mon corps en a marre de subir les délires de mon cœur et de mon cerveau.

" Sacrée journée...
- Nous porte pas la poisse. "

La journée n'est pas finie, sinon on serait au lit. Je tourne les yeux vers la lycéenne avec un petit sourire.

" Je suis Irlandaise, faut bien que je sois un peu superstitieuse de temps en temps... Déjà que j'ai même pas de lutin chez moi... "

J'ai baissé les yeux et murmuré vraiment bas à la fin. Pas non plus la peine de me faire psychanalyser à l'improviste sur un autre sujet, encore moins celui-là. Mais c'est qu'elle me manque, la maison de ma mère, le coin de campagne dos à la mer où moi je voudrai couler mes vieux jours. Et la présence presque invisible de Mister Tic-Pic, qui prend soin de moi à sa façon quand je suis là-bas. Et je sens que je vais avoir besoin de lui pendant les vacances avec Kyle. J'en aurai le cœur net bien assez tôt.

Au moins quand Shii reviendra dans ma salle de classe, je n'aurais plus à faire semblant de ne pas la connaître. Je ne sais déjà plus comment lui parler, et c'est bien pour ça que je devais accepter son invitation. Pas pour faire à nouveau connaissance, seulement pour redevenir un visage dans la foule. Si elle arrive à me voir comme une simple erreur elle en convaincra peut-être Mélinda. Tout cette histoire n'aura finalement été que beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Tout le monde en aura bien profité avant que ça se termine, et la vie continuera. Un adieu pas si déchirant, puisque d'un côté comme de l'autre ça ne vaudra pas la peine.

Et puis zut. Même si ça colle pas avec Kyle j'aurai encore un coloc' nerveux, un démon sex friend et une petite amie libertine. Ça suffira amplement à meubler ma vie, bien que ce soit franchement ignoble de penser comme ça. Alors voilà ce que ça fait de rendre les armes ? Sur ça aussi je m'étais trompée ? Je devrais sans doute me détester mais ça reviendrait encore à essayer de lutter ou de fuir. Alors puisque je trouve rien de plus intelligent à faire ou à dire : j'attends le bus en silence. Moi j'aime bien la campagne, les quartiers riches ne me font ni chaud ni froid si je n'y connais personne.

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Re : Une offre qu'on ne devrait pas refuser... [Yamagashi-sensei]

Réponse 20 vendredi 22 juin 2012, 12:59:30

« Je suis Irlandaise, faut bien que je sois un peu superstitieuse de temps en temps... Déjà que j'ai même pas de lutin chez moi... »

Shii ne put retenir un sourire. Irlandaise... C’était bien trop tentant ! Elle hésita un peu. La senseï avait l’air... Complètement paumée, pour dire ça simplement. Qu’est-ce qui avait bien pu la pousser à dire non à Mélinda ? Elle-même n’avait pas l’air convaincue de ce qu’elle faisait. Plus que jamais, la senseï lui donnait l’impression d’être un navire à la dérive, d’être un capitaine qui avait perdu son cap dans des eaux tumultueuses, et qui essayait de trouver quelqu’un pour se raccrocher... Une autre navette pour le guider ? Était-ce pour ça qu’elle était venue au manoir ? Pour que Mélinda la guide involontairement ? Sortant de ses pensées, Shii décida de détendre légèrement l’atmosphère :

« Irlandaise... Hum... Ça doit être pour ça, votre tempérament de feu, alors. »

Même au Japon, les Irlandais avaient la réputation d’être des têtes brûlées, des fonceurs têtus et très fiers. Quand on présentait aux élèves la géographie de l’Angleterre, sur ce que voulait dire « Royaume-Uni », « Angleterre », ou « Grande-Bretagne », on faisait généralement quelques précisions utiles : « Dites à un Écossais qu’il est Anglais, et vous aurez droit à une copieuse insulte. Dites à un Irlandais qu’il est Anglais, et ce sera directement la poing dans la gueule ! » Voilà comment sa senseï en anglais, l’an dernier, avait résumé la situation. Hitomi était donc Européenne... Une Européenne qui s’était perdue à Seikusu. Quel parcours tortueux l’avait amené si loin de sa patrie ? Cette femme était décidément très énigmatique.

*Ça explique tout... Une étrangère... On dit des Occidentaux que leurs cours sont des porcheries, que leurs profs sont des incapables, et que la moitié des élèves est incapable de parler correctement.*

L’immigration à l’Occidentale était loin de tenter le Japon, qui était un pays aux frontières plus fermées. Partant de là, il n’était pas étonnant que sa senseï ait une vie sentimentale tumultueuse. Dans le fond, c’était même rassurant ! Ça remettait tout en perspective. Shii en était soulagée, mais tâcha de ne pas trop le montrer. Le bus arriva ensuite, et les deux femmes montèrent. La lycéenne alla s’asseoir. Le bus était relativement vide, et se mit à démarrer.

« Vous savez, j’ai toujours eu envie de visiter l’Europe... lâcha Shii. Je respecte les traditions, mais, au Japon, le passé nous écrase toujours. Et nous n’avons pas vos cathédrales ni vos châteaux... L’Europe est le plus beau des continents, affirme-t-on... »

Shii se faisait légèrement rêveuse, tandis que le bus les amenait au centre-ville.

L’ambiance était sensiblement différente. C’était Vendredi soir, après tout. Les jeunes faisaient la fête. Les étudiants en tête. Tous les bars avaient été envahis, et Shii tenait à éviter ces places. Pour Clara, c’était une « fête populaire ». Pour elle, une séance d’hystérie frénétique où l’alcool, les amphétamines, et la drogue coulaient dans les veines des jeunes, et leur faisaient faire n’importe quoi. C’était animé. Beaucoup de commerces étaient encore ouverts, et elles sortirent sur une place publique. Shii tenait Hitomi par la main, et la conduisit dans une petite ruelle pavée assez éloignée de l’animation.

« Vous devriez aimer, c’est un cabaret européen... »

Le cabaret faisait aussi office de restaurant, et était bien moins agité que les bars surpeuplés le long des avenues, où on chantait en hurlant, où on s’habillait n’importe comment. Shii et Hitomi auraient fait tâche dans le décor. Quoique... Il n’était pas impossible que la senseï, avec son sang irlandais, se soit laissée prendre au jeu. C’était sans doute égoïste, mais Shii la voulait pour elle toute seule ! Sa senseï était au bord du point de rupture, perdue. Et Shii l’aimait suffisamment pour savoir qu’elle avait sans doute du mentir tout au long de cette soirée. Mentir à Mélinda, mentir à Clara, mentir à elle, et, en définitive, se mentir à elle-même.

Quelques notes de musique sortaient du cabaret. Du rock. Shii y entra. A droite, il y avait une scène où des lycéennes chantaient dans la bonne humeur, et, à gauche, des tables. A droite aussi, soit dit en passant. L’endroit était assez calme et convivial. Dans un coin, une cheminée crépitait. Le snotes de musique résonnèrent aux oreilles de Shii :

We'll be the passenger
We'll ride through the city tonight
See the city's ripped insides
We'll see the bright and hollow sky
We'll see the stars that shine so bright
The sky was made for us tonight

C’était visiblement de grands classiques, et elle esquissa un sourire. Les chanteuses n’avaient pas la voix superbe d’Iggy Pop, et le chant ressemblait plus à un massacre à la tronçonneuse qu’à un vrai massacre, entrecoupées de rires amusés.

« Que bella ! » lâcha soudain une voix à côté d’elles.

Tournant la tête, Shii esquissa un léger sourire en voyant le tenancier s’avancer. Un Italien. Elle n’avait pas songé à le préciser à Hitomi dans la confusion, mais c’était un restaurant italien, tenu par un Italien pure souche qui avait un accent affreux.

« Salut, Antonio... lâcha Shii. Nous voudrions une table... Pour deux.
 -  Ah... Si, si, bien sûr. Suivez-moi... C’est... Votre soeur ?
 -  Hum... »

En quoi ressemblait-elle à une Irlandaise ? Shii répliqua rapidement :

« C’est une Irlandaise ! »

Le sourire d’Antonio se crispa légèrement, et il regarda Hitomi avec pitié, mais aussi avec un mélange de fierté. Récemment, l’équipe de football d’Italie avait aplati celle d’Irlande. Il y avait largement de quoi déclencher une guerre civile. Il leur fit signe vers une table, et Shii s’avança, avant de regarder Hitomi :

« Ça... Ça te va ? »

Shii n’arrivait même plus à comprendre ce qu’elle fabriquait ici. Sur le coup, ça lui avait semblé une bonne idée, mais, maintenant, elle n’en était pas vraiment sûre.

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Yamagashi Hitomi

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Re : Une offre qu'on ne devrait pas refuser... [Yamagashi-sensei]

Réponse 21 vendredi 22 juin 2012, 17:13:53

Mon tempérament de feu ?... Oui, peut-être. Mais à côté de Shii je me demande si le Dalaï-lama aurait pas l'air d'un excité de nature. En tous cas le petite lycéenne frise l'effronterie par cette remarque. Mais si elle veut jouer à ça je serais plus que ravie d'entrer dans la partie. Plutôt que de la rembarrer en lui rappelant que Yamagashi ne sonne pas vraiment irlandais, je lui sourie. Et de toutes façons les demi-japonais : ça n'existe pas.

" Non, ça c'est parce que j'ai été élevée à la campagne. "

Vu la population de chats sauvages qu'on se payait quand j'étais petite, heureusement que j'avais un tempérament de feu. Et aussi un gros chien. Mais Shii n'est pas vraiment la personne pour parler de tout ça, en tous cas pas si elle était sincère en parlant de se marier un porte-monnaie pour vivre dans ce quartier. Le bus finit par arriver et on se trouve deux places assises.

" Vous savez, j’ai toujours eu envie de visiter l’Europe... Je respecte les traditions, mais, au Japon, le passé nous écrase toujours. Et nous n’avons pas vos cathédrales ni vos châteaux... L’Europe est le plus beau des continents, affirme-t-on... "

Je hausse les épaules.

" Il paraît... Pourquoi attendre ? Parles-en à Mélinda quand tu rentreras. Vous devez toutes avoir besoin de vous changer les idées. "

Et même si ce n'était pas à cause de moi, je n'aurais pas été du voyage. Mon Europe n'est pas celle des cartes postales, des guides touristiques et des hôtels. Mon petit monde est sans doute trop familier pour une bonne japonaise comme Shii, et trop campagnard pour une disciple de Mélinda Warren. Quand je quitte le Japon je ne suis pas Yamagashi-sensei qui part en vacances, je suis la digne fille de Miss Abi Finnegan qui passe voir la famille, les amis de la famille et les potes des potes. Ça fait des années que je me sens chez moi partout et que les châteaux ou les cathédrales servent de roue de secours quand on s'ennuie.

Encore des pensées qui me remontent le moral, et que je ne vais surtout pas raconter à Shii. Si je lui évoquais seulement la possibilité d'aller étudier un an à l'étranger, je suis certaine qu'elle ne me le pardonnerait pas. Un an à l'étranger c'est un an sans Mélinda, elle croirait que je cherche à semer encore plus de pagaille entre elles. Alors j'en reste à ce qu'elle me donne : je suis une étrangère et basta. D'ailleurs elle est déjà bien assez gentille de m'emmener dans un "cabaret européen"... où tout le monde doit mépriser Iggy Pop vu ce qu'on fait subir à son œuvre. Et soudain : Antonio ! Je me trompe peut-être mais je sens d'ici le bon roturier avec qui je pourrais m'entendre à merveille. Un étranger, lui aussi, qui doit sans doute avoir plus de mal que moi à gérer les entraves de la politesse codifiée du Japon.

" C’est... Votre soeur ? "

Je sourie immédiatement, en rougissant un peu, à ce qui me semble être une flatterie aussi subtile d'un éléphant dans un couloir... Mais visiblement trop subtile pour Shii.

" C’est une Irlandaise ! "

Mon sourire retombe immédiatement. Désolée, j'ai pas fait exprès. Et Antonio me regarde comme si j'avais tiré le plus mauvis numéro. Sympa, j'ai bien fait d'accepter l'invitation.

" Ça... Ça te va ?
- Parfaitement. "

J'ai répondu avec un sourire tellement dégoulinant de miel que j'en ai moi-même la nausée. Enfin ! Avec tout ce que je prends sur moi je ne suis plus à ça prêt. Même si je me sens de moins en moins à ma place en la présence de Shii et dans cette ambiance déjà trop bourgeoise pour moi. En fait je me sens de moins en moins à ma place au Japon. À force de rester à Seikusu, trop occupée pour me trouver de vrais endroits pour décompresser, je commence à avoir le mal du pays. C'est d'autant pire que mon prochain départ sera avec Kyle, et que j'ai l'impression que tout ce qu'on va trouver c'est le mur contre le quel notre couple va se désintégrer. Ça y est : j'ai plus le moral.

Maintenant qu'on est assise à notre table je coincée jusqu'à la fin du repas. je vais essayer d'éviter les silence de plomb, surtout si c'est pour faire agresser les oreilles par des voix de crécelle qui s'acharnent sur le vieil Iggy.

" Où est-ce que tu voudrais aller, en Europe ?... Et au fait, tu es déjà sortie du Japon ? "

J'ai peut-être pas bien choisi mes mots, on dirait que je lui demande si elle s'est évadée de prison.

Mélinda Warren

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Re : Une offre qu'on ne devrait pas refuser... [Yamagashi-sensei]

Réponse 22 vendredi 22 juin 2012, 22:44:39

« Parfaitement. »

Hum.. Shii avait l’impression d’avoir dit une bêtise. Mais quoi ? Impossible de le savoir... Ce n’était sans doute pas lié à elle. Elle baissa les yeux, se sentant tout d’un coup mal à l’aise, avec ce sentiment... De ne pas être à sa place. Elle était avec sa prof’ dans un restaurant ! Elle avait presque l’impression d’être en train de lui proposer un rendez-vous galant ! Shii en rougit légèrement, et regarda à droite et à gauche. Une furieuse envie de sortir, d’arrêter ses conneries ici et maintenant. Ce n’était pas elle qui changerait les choses. Yamagashi avait décidé de choisir sa voie, et cette voie excluait Shii. Elles ne seraient plus qu’une élève et une senseï ensemble. Tout appartiendrait au passé. C’était à la fois préférable et regrettable. Elle ne verrait plus Hitomi dans une élégante robe, en train de lui relever sa jupe pour lécher son intimité sous le regard pervers de sa Maîtresse. Elle ne la verrait désormais plus que derrière un bureau, une heure le Lundi matin, une autre heure le Mardi après-midi, et une troisième le Jeudi, en fin de journée.

Et c’était mieux comme ça. Pour Shii, en tout cas. Elle songeait silencieusement à tout ça, alors que son portable se mit à vibrer, ronronnant contre sa cuisse. Elle le sortit rapidement, pour voir une petite alerte s’afficher dessus : « Vous avez 1 nouveau message. » Elle appuya sur le bouton pour le lire, quand Hitomi lui parla, essayant d’engager la conversation :

« Où est-ce que tu voudrais aller, en Europe ?... Et au fait, tu es déjà sortie du Japon ? »

Shii releva la tête, et se mordilla les lèvres, semblant réfléchir à la réponse. Ce portable... C’était Mélinda qui le lui avait acheté, quand elle avait affirmé ne pas en avoir un. Avant de la rencontrer, Shii n’avait que quelques rares amies, et ses parents ne l’appelaient que fort rarement. Pourquoi s’embêter à avoir un téléphone portable ? Elle essayait alors de se convaincre qu’elle était différente, qu’elle n’était pas dans le moule, pas comme tous ces gens qui ne pouvaient exister sans avoir d’amis, comme toutes ses filles qui n’existaient visiblement que pour choisir avec quel mec sortir le soir, ou quelles fringues porter... Elle se mentait à elle-même, tout simplement.

« Je... Non... avoua-t-elle en baissant les yeux. Le seul voyage scolaire auquel j’ai participé m’avait amené à Okinawa. L’Europe... Il y a tellement d’endroits que j’aimerais voir, en Europe. Le Mont Saint-Michel, le Big Ben, la cathédrale de Grenade, Notre-Dame de Paris, le Louvre, les châteaux de la Loire, le Haut-Koenigsbourg... Et les landes écossaises. Ça a l’air si beau... »

Elle faillit mentionner Mélinda, mais elle se retint. Sa Maîtresse lui avait déjà donné son accord pour voyager avec elle... Sous peu, avait-elle dit, mais, pour un vampire, un « sous peu » pouvait aussi bien dire demain que dans trois ans. Elle lui avait dit qu’elle désirait aussi visiter la Terre, n’ayant après tout vu des Terriens que Seikusu. Soupirant légèrement, Shii sortit de ses pensées, et regarda alors Hitomi, posant à son tour une question :

« Dites-moi... Je... Je sais que ma question est mal placée, alors ne vous sentez pas obligée de répondre, mais... Si vous êtes née en Irlande, pourquoi porter un nom japonais ? En fait... Comment avez-vous fait pour vous retrouver à Seikusu ? »

DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.

Yamagashi Hitomi

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Re : Une offre qu'on ne devrait pas refuser... [Yamagashi-sensei]

Réponse 23 samedi 23 juin 2012, 00:51:49

Un message ? Je pense savoir d'où il peut venir, et j'espère que Shii ne s'attire pas de problèmes en ne répondant pas. En tous cas je ne sais pas si elle essaie de cacher qu'elle est mal à l'aise, mais c'est râpé. Je me doutais bien qu'elle regretterait de se retrouver seule avec moi. Je suis passée chez elle comme une tornade, je suis sa prof, et je ne sais plus combien de fois je lui ai relevé sa jupe. Elle a toutes les raisons de me fuir, surtout dans un lieu public. Au moins elle répond.

Comme je m'en doutais elle n'a jamais mis un pied hors du Japon. Je n'ose pas lui dire que j'ai vu tous les endroits qu'elle cite et que je n'en garde que de vagues souvenirs. Sauf pour le Haut-Koenigsbourg. J'y suis allé, j'ai une photo où on me voit avec des amis. Mais c'était pendant la très confidentielle "Beer-Warp Week", dont je n'ai gardé aucun souvenir entre la fin du premier après-midi et la voiture où je me suis réveillée sur le chemin de l'aéroport, sept jours plus tard. Si mes amis allemands savent ce qui s'est passé ils ne me l'ont jamais dit. De toutes façons eux-mêmes ne comprennent pas comment on a traverser la pays dans tous les sens comme des billes de flipper, d'autant qu'on devait tous être complètement ronds. Quand on dit que les voyages forment la jeunesse...

Je m'étonne de l'entendre parler de l'Écosse. Les Highlands sont vraiment magnifique, si on est pas frileux et qu'on ne part pas campé avec des petits malins qui racontent des histoires de loup-garous. Enfin, ce genre de choses ne doit pas faire peur à une fille qui vit avec une Vampire. Et j'avoue que je vois mal Shii faire du camping, plutôt faire escale dans les vieux manoirs écossais aux chambres hors de prix, plantés au bord d'un loch ou sur une haute colline. Il y en a bien un ou deux que je peux lui avouer, des incontournables pour quelqu'un qui prend l'avion dix fois par ans pour des vacances en Europe.

" Big Ben, c'est moins fatigant de l'extérieur. Et il y a une tonne d'autres choses à voir à Londres. Et Notre-Dame... "

Je fronce les sourcils. Notre-Dame...

" En fait, la dernière fois que je suis passée à Paris, ils étaient en train de rénover la façade. Il faudra que j'y pense la prochaine fois que je passerais dans le coin... "

Elle m'a même pas écoutée... Tant mieux, ça lui fera une raison de moins de m'en vouloir. Même si je suis brouillée avec toutes les autres, je n'aimerai pas que Shii me déteste. Ou du moins je ne veux plus. J'en sais rien.

" Dites-moi... Je... Je sais que ma question est mal placée, alors ne vous sentez pas obligée de répondre, mais... Si vous êtes née en Irlande, pourquoi porter un nom japonais ? En fait... Comment avez-vous fait pour vous retrouver à Seikusu ? "

Je reste interdite une seconde. Sachant ce qui nous attend après ce soir, est-ce vraiment le moment de lui raconter ma vie ? D'autant qu'elle me permet de refuser. Mais je n'ai pas envie de me dérober, pas devant elle.

" Je... Mon père est Japonais... Ma mère était venue pour ses études, ils se sont rencontrés à l'Université, et... Mon père ne voulait pas quitter le Japon, ma mère ne voulait pas s'installer pour de bon. Alors elle m'a emmenée en Irlande, et à six ans je suis allée m'installer chez mon père, à Tokyo... "

C'est vieux tout ça, et même si ça me touche toujours d'y penser, ce soir ça résonne différemment. Je me dis que c'est peut-être pour ça que je une telle bille quand il s'agit de sentiments. Mes parents sont encore aussi amoureux qu'au premier jour. Et même si je ne les ai jamais eu très longtemps ensemble avec moi je ne regrette rien. Leur histoire a sans doute eu des hauts et des bas, et mon père a dû parfois mal la vivre avec la pression de sa famille. Mais tout a toujours eu l'air si simple entre eux. Des couples qui tiennent vraiment la longueur il y en a un sur un million. Des histoires comme celle de mes parents, qui marchent envers et contre tout, il y a une sur un million d'années... S'ils ont eu cette chance, quelles chances ils m'ont laissées, à moi ?

Ressaisit-toi, Hitomi ! Je cligne des yeux pour ramener mon regard du néant où il vient de se perdre.

" Et quand j'ai eu mon diplôme, on m'a proposé un remplacement à Seikusu. Puis finalement on m'a laissé le poste alors je suis restée. "

Une autre façon de le dire, c'est que j'ai fui aussi loin que possible mes proches à Tokyo. Même des années après je lisais toujours dans leurs regards la peur de voir sombrer à nouveau. Je ne le supportais plus, alors j'ai saisi la première perche qu'on me tendait. Puis j'ai rencontré Mélinda, alors quand on m'a proposé de passer titulaire je pensais n'avoir que de bonnes raisons. Avance rapide : je suis là en train jouer une comédie que je ne comprends même pas, avec une fille que j'adore mais à qui je pourrais à peine adresser la parole après ce soir. Et que je fixe depuis vingt bonnes secondes, en me demandant comment je vais pouvoir supporter de la voir en classe sans hurler de douleur.

Je me relève d'un coup, tellement vite que je pousse la table et manque de perdre l'équilibre. Je baisse la tête mais je n'ose pas la regarder.

" Je... Je suis désolée, Shii. Merci pour tout, mais... Je peux pas rester. Pardonne-moi. "

Et je pars à travers la salle, droit vers la sortie. J'essaie de retenir mes larmes, les dents serrées sur quelques mots que je murmure en boucle pour m'aider à tenir.

" Ça vaut le coup... Ça vaut le coup... "

Je m'étais jurée de ne pas être trop exigeante avec toi, Kyle. Mais si tu n'es pas à la hauteur... Non ! Tu vaux le coup ! Tu es le seul qui vaille...

Mélinda Warren

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Re : Une offre qu'on ne devrait pas refuser... [Yamagashi-sensei]

Réponse 24 samedi 23 juin 2012, 03:42:16

Les crécerelles avaient laissé place à d’autres candidats. Shii eut la surprise de reconnaître un ancien lycée : Tenshi. Il avait une énorme chevelure, et choisit la musique. Entre-temps, la lycéenne avait compris qu’Hitomi était du genre à voyager beaucoup, mais semblait... Blasée. Oui, voilà le mot qui résumait parfaitement la manière dont elle lui décrivait certains monuments. Des trucs sans intérêt. Où Shii ne pourrait être que déçue. Diable ! L’amour était supposée rendre heureux, et permettre de rendre les gens plus accomplis. Pourtant, avec Hitomi, on avait plus envie de la plaindre, de la serrer dans ses bras, et de la laisser pleurer. Si c’était ça l’amour, alors l’amour était bien différent de ce qu’on en disait dans les films. Sur la scène, Tenshi s’entretenait avec un serveur, disant qu’il voulait avoir un aperçu de la musique originelle avant de se lancer. Le serveur haussa les épaules, et le jeune homme alla vers le juke-box. Bizarre... Shii cessa à nouveau de s’y intéresser, car Hitomi répondait à sa question. Ladite question avait d’ailleurs semblé la mettre mal à l’aise.

« Je... Mon père est Japonais... Ma mère était venue pour ses études, ils se sont rencontrés à l'Université, et... Mon père ne voulait pas quitter le Japon, ma mère ne voulait pas s'installer pour de bon. Alors elle m'a emmenée en Irlande, et à six ans je suis allée m'installer chez mon père, à Tokyo... »

Oh... Voilà qui expliquait pas mal de choses.  Shii ouvrit la bouche, comme pour essayer de dire quelque chose, mais les accords de musique filèrent dans la pièce, ainsi que les premières phrases :

« Life is bigger
It's bigger than you
And you are not me
The lengths that I will go to
The distance in your eyes
Oh no, I've said too much
»

Le rock était l’une des passions musicales de Shii. Pas les variantes modernes et assourdissantes du rock moderne, non, plutôt les vieux classiques américains. A cette époque où les chanteurs ne se résumaient pas à chanter dans des caves ou à prendre des voix caverneuses, et à noyer l’auditrice sous un déluge de notes stridentes et abrutissantes. Elle ne comprenait pas pourquoi Clara aimait tant ce type de musiques. La voix de Michael Stipe était tout de même magnifique, et les paroles de la chanson résonnaient comme un douloureux accord par rapport à leur situation respective.

*J’ai donc commis une boulette... Elle n’est pas vraiment Irlandaise... Du moins, à moitié...*

Elle a grandi en Irlande, au début, avant d’arriver à Tokyo. Est-ce qu’elle avait des souvenirs de l’Irlande ? Cette question taraudait les lèvres de Shii, mais Hitomi sembla alors sortir de ses pensées pour enchaîner :

« Et quand j'ai eu mon diplôme, on m'a proposé un remplacement à Seikusu. Puis finalement on m'a laissé le poste alors je suis restée. »

Elle eut un léger sourire.

« Vous êtes une bonne enseignante, c’est normal qu’on ait décidé de vous garder. »

Shii ne la flattait pas. Elle le pensait sincèrement. Une bonne senseï... Mais sans doute une moins bonne femme. Sa vie sentimentale ressemblait à une espèce de chaos désordonné, et Shii était bien tentée d’en savoir plus. Elle imaginait mal Hitomi rester uniquement parce qu’on le lui avait proposé. Aimait-elle Seikusu ? Par rapport à Tokyo ? Tokyo était une ville immense... A chaque fois que Shii y avait été, elle avait été affolée par ce monde terrifiant.

« I thought that I heard you laughing
I thought that I heard you sing
I think I thought I saw you try
»

Shii attrapa alors son portable, et considéra les messages. Les deux émanaient de Clara, et étaient assez éloquents :

« M va mieux. »

M... Un surnom affectueux et respectueux pour désigner Mélinda. M pour Mélinda, M pour Maîtresse, et M, en hommage à la Boss du MI6, dans les James Bond. L’imagination des adolescents était débordante. Elle consulta le second message, un peu moins laconique :

« Bran prend cher ! »

Bran... Le frère aîné de Mélinda. Un vampire silencieux, discret, d’une beauté incroyable, mais qui était aussi le souffre-douleur de Mélinda. Qu’elle le batte signifiait que l’homme allait probablement souffrir, car, avec lui, elle n’y allait pas de main morte. Mais, quand on connaissait le passé de Mélinda, leur passé respectif, on avait du mal à éprouver de la pitié pour Bran. Il avait payé au centuple ce qu’il avait fait.

« That's me in the corner
That's me in the spotlight
Losing my religion
Trying to keep up with you
And I don't know if I can do it
»

Hitomi se releva alors brutalement, et Shii sursauta. Était-ce à cause de la musique ? Ou parce qu’elle avait, comme Shii, l’impression persistante de n’avoir rien à faire là. Toujours est-il qu’Hitomi semblait sur le bord du point de rupture.

« Je... Je suis désolée, Shii. Merci pour tout, mais... Je peux pas rester. Pardonne-moi. »

Shii en eut mal au cœur, et la resta silencieusement. Hitomi se retourna, et elle tenta de la rattraper.

« Hi...
 -  Shii ! Et ben ça alors, pour une surprise ! »

Tournant la tête, elle vit Tenshi, qui avait visiblement remarqué sa surprise. Hitomi était sortie en trombe, et Shii s’élança à sa poursuite, en oubliant même son portable et ses affaires. La lycéenne se rua vers la sortie, en oubliant ce brave Tenshi, qui avait essayé de la draguer à maintes reprises jadis.

« Hitomi ! » s’exclama-t-elle sur le palier du restaurant.

Elle ne l’avait pas entendu murmurer, mais elle savait qu’elle ne pouvait pas la retenir. Si elle n’avait pas été une simple lycéenne, mais une collègue, une amie, elle l’aurait fait. Elle aurait franchi le pas, mais il y avait entre elles une barrière. Une barrière sociale. Elle était l’élève, et elle la prof’. Elle était l’enfant, et elle l’adulte. Et il était bien connu que les problèmes d’adulte ne concernaient pas les problèmes des enfants.

« Vous valez mieux que ce que vous croyez » finit-elle par lâcher.

Elle-même ne savait pas pourquoi elle avait sorti ça, et se dit que ça s’appliquait sans doute mieux à elle, qu’à Hitomi. Shii se retourna alors, et retourna dans le restaurant. Tenshi lui jeta un sourcil interrogateur.

« C’était ta sœur ? T’aurais du me la présenter, elle est trop canon ! »

Léger sourire. Blasé, fatigué. Elle n’avait plus la force d’argumenter.

« C’est ma senseï d’anglais.
 -  Ah ouais ? Je savais bien que j’aurais du rester au lycée ! »

Pendant ce temps, Stipe terminait son récital. Le temps devait lui donner raison, mais cela, Shii ne pouvait pas le savoir. Pas encore, en tout cas.

« But that was just a dream, try, cry, why, try
That was just a dream, just a dream, just a dream
Dream
»

DC d’Alice Korvander.

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