Son sourire, son rire, je ne le pris pas mal, d’autant qu’elle avait aussitôt tout explicité. Je ne voyais pas de raison de penser que les choses se passeraient mal. Je lui fis un sourire en coin, de nouveau, alors qu’enfin, nous sortions vraiment de l’appartement. L’air frais faisait du bien. Tout simplement.
« Je me doute. »
J’avais souvent du mal à réellement sourire. Sincèrement, comprendre ma vie, comprendre sans doute pourquoi je souriais pleinement si peu… ça pouvait s’entendre. Je me nourrissais de choses qui auraient souvent fait froid dans le dos. je commençais à marcher, pour aller prendre les escaliers. Je lui posais une question qui pouvait paraitre étrange. Me détestait-elle ? je m’en doutais, ces petits jeux, et cette situation avaient tout d’un rapport forcé, ou même d’une série de rapports forcés. C’était tout ce qui pouvait compliquer les choses. Tout simplement.
En tout cas, elle semblait plus douce, plus affable, maintenant, comme si elle pouvait se montrer plus elle-même dans les jeux. C’était une bonne chose. Ça faisait beaucoup de bien, je le reconnaissais bien volontiers.
Ses mots avaient, à mes yeux, valeur d’excuse. Elle se calait contre moi, plus fermement, plus fort. Son sein appuyé contre mon avant-bras, comme pour me montrer qu’elle ne s’échapperait pas, continuant à me parler.
« Je n’ai aucun intérêt à te piéger, ma belle. Parce que si je voulais te faire chanter, il me suffirait de te faire subir l’enfer dans tes rêves à un point tel que tu viennes ici en rampant, pleurant et suppliant de cesser, alors pourquoi est-ce que je voudrai te piéger ici ? »
C’était vrai, et c’était la raison pour laquelle je ne mettais aucune emphase sur les mots. Parce que c’était d’un pragmatisme cruel. Un pragmatisme violent, même. ; Alors forcément, toujours était-il que nous avancions et que nous entamions sa première difficulté : les escaliers et les sensations que cela risquait de procurer.
« Passons, je suppose que tu verras bien, à la fin de la journée, que je n’aurai rien fait pour te piéger. Si nous voulons nouer une relation durable, je ne peux pas me permettre de te mentir ou de me montrer malhonnête envers toi, sans doute… »
Je posais ma main libre sur la sienne, celle qui tenait mon bras, et je la serrais avec douceur.
« Détend un peu les doigts ou je vais finir par avoir une marque. Et puis, tu sais ce qu’on dit : dans les escaliers, s’agripper c’est tricher. »
Trois étages sans toucher la rampe, sans s’accrocher à moi. une jolie petite épreuve.