« Elles sont très bonnes monsieur. Vos installations sont très bonnes et fournies, celles-là doivent offrir un endroit efficace pour l'entraînement. Je pense que j'ai beaucoup de choses à y apprendre monsieur. »
La timidité d’Akiko refaisait violemment surface. Elle était raide comme un bâton d’allumette, tendue comme un string. Carol, elle, avait les bras croisés. La discipline militaire était une chose dont elle se moquait bien, maintenant qu’elle n’était plus militaire. La discipline ne lui avait pas permis d’être renvoyée de l’armée comme une malpropre, et elle n’avait pas à s’y tenir. Lloyd observait Akiko en étant légèrement surpris par ce ton formel, téléphoné. De tous les agents du SHIELD présents à Seikusu, Lloyd était probablement l’un des plus appréciés et des plus intelligents. Il était charismatique, et surtout très social, ce qui faisait qu’on avait du mal à voir en lui un militaire... Et puis, il était également très beau. Ce n’était pas un élément à négliger. Lloyd était souvent l’agent qu’on envoyait pour recruter les mutants comme Akiko. Cette fois-ci, le commandement avait décidé de n’envoyer que Carol, au lieu du binôme classique, car Akiko était plus un transfert qu’un véritable recrutement.
« Hum..., fit Lloyd, avec un léger sourire. À t’entendre, on dirait que les Japonais ne t’ont rien appris... »
Le major japonais poussa un léger grognement, et Lloyd ravala son sourire en se retournant.
« Nous ne sommes pas là pour les chamailleries ! s’agaça Browning. Ne restez pas plantée là comme une plante verte, Mademoiselle Ito, venez vous asseoir. »
Browning était assez âgé, avec des cheveux grisonnants, et avait participé à la Guerre en Irak, avant de se retrouver ici, à Seikusu Base Camp. Probablement avait-il cru à une voie de garage, avant d’apprendre que le gouvernement des Etats-Unis avait un programme tout à fait particulier concernant Seikusu et le Japon.
« Je peux vous assurer, intervint le responsable japonais, que nous avons mené quantité d’expériences sur le projet Asceltys, afin d’en déterminer les capacités, et que nous sommes arrivés à des résultats relativement satisfaits sur le contrôle de son pouvoir. »
Browning hocha la tête.
« Je sais, j’ai lu le rapport, et je félicite d’ailleurs son rédacteur pour la clarté de ce dernier. »
Un léger silence se mit à planer. Rachel avait visiblement envie de parler, car elle observait Akiko, mais son sens du devoir lui interdisait de déclencher une polémique. Ce fut donc Carol qui intervint, en se glissant dans le dos d’Akiko, posant chacune de ses mains sur ses épaules.
« Akiko n’est pas un ‘‘projet’’ gouvernemental, ni un objet. Son pouvoir n’a pas été contrôlé, il a été éteint. C’est légèrement différent.
- Mademoiselle Danvers, cette réunion n’a pas pour objectif de commenter les méthodes de l’armée japonaise, rétorqua Browning, agacé. Toutefois, il est admis que le Japon a transféré sous notre autorité l’éducation de Mademoiselle Ito, eu égard aux derniers tests, qui se révélaient assez négatifs. »
Carol soupira devant ce langage feutré et mielleux. Les Américains avaient besoin de la coopération des Japonais pour pouvoir agir sur leur territoire plus efficacement, et il était donc logique que Browning adopte un ton diplomatique. Le responsable japonais semblait visiblement assez contrarié, et, avant que le sujet ne devienne polémique, Rachel se mit à intervenir, recentrant le sujet :
« Ce que nous voulons savoir, Akiko, c’est ton approbation. Si nous voulions parler de toi, c’était pour savoir s’il était possible d’envisager que tu fasses partie d’une importante opération qui va se dérouler prochainement à Okinawa. Nous allons bientôt arrêter la liste des effectifs qui seront déployés dans cette mission, et une personne capable de manipuler la gravité serait un grand atout pour nous. »
Les différentes personnes acquiescèrent silencieusement. Rachel avait relancé le sujet, et reprit ses explications :
« Il faut savoir que c’est une opération risquée, et que tu auras peu d’entraînement avant que nous ne décidions de t’y envoyer ou non... Par conséquent, nous voulons savoir si tu as envie d’y participer, ou si tu préfères t’entraîner normalement, et être affectée à des missions de patrouille classique et plus régulières. »
C’était un bon résumé, et qui semblait assez cohérent pour Carol. C’est ce moment que choisit Norman Jayden, l’expert juridique, pour intervenir, donnant son éclairage :
« J’ai été formé par Charles Xavier, Akiko, et, pour autant, je n’ai jamais fait partie des X-Men, car je n’ai jamais participé à une quelconque intervention. Nous ne voulons pas faire de toi une arme gouvernementale, même si je ne te cache pas que l’idée que tu mettes tes talents au service du gouvernement est des plus alléchantes. Nous cherchons avant tout à nous assurer que tu ne constitues pas un danger pour toi-même ou pour d’autres personnes. En d’autres termes, notre intention est de t’apprendre à utiliser tes pouvoirs, mais nous ne voulons pas faire de toi un cobaye au sein de l’armée, un esclave qui serait contrainte de travailler pour nous. Tu n’es pas forcée de répondre tout de suite, et la réponse éventuelle que tu fourniras pourra être modifiée, et ne liera pas notre décision, même si elle nous forcera à y réfléchir. Si tu ne veux pas participer à cette opération, ce que je comprendrais tout à fait, alors nous ne te forcerons pas à t’y participer. »
Norman s’exprimait sur un ton calme et clair, détachant chaque syllabe.
« On ne te forcera pas à te déplacer dans une autre ville. Nous n’avons qu’une base, et c’est ici que tu résideras, le temps que nous nous assurions que tes pouvoirs sont parfaitement maîtrisés. Une fois cette période terminée, tu seras libre, soit de travailler pour nous, soit de mener une vie normale, en sachant que, dans ce cas de figure, il te sera interdit d’utiliser tes pouvoirs, autrement que dans des situations d’assistance à personne en danger ou de légitime défense. Autrement dit, si tu veux être une justicière, il te faudra travailler pour les autorités chargées d’appliquer le droit. »
De la part d’un avocat, il ne fallait pas s’attendre à autre chose qu’un discours.
« Pour récapituler, en l’état actuel des choses, nous te demandons de savoir si, dans l’hypothèse où tu serais choisie pour participer à une intervention militaire à venir, tu accepterais cette mission, en sachant qu’elle présente des risques certains. »