« J'ai l'habitude de ce genre de personne en effet, voir je ne connais que ça. Bien alors allons voir ce médecin, j'ai hâte. »
Carol hésita à la reprendre sur ce point. La comparer à Rachel, c’était dur... Et flatteur. Cependant, elle ne le fit pas, car il lui semblait que l’esprit d’Akiko était préoccupé par autre chose. Elle marcha donc, repensant à l’accident dont il ne fallait pas parler... Quand Akiko avait malheureusement tué un camarade, ce qui avait entraîné son insertion au sein de l’armée. Oh, Carol pouvait comprendre la peur des Japonais, mais ces derniers manquaient d’expérience, dans ce domaine. C’était assez paradoxal, car le Japon était un pays superstitieux, mais le phénomène des mutants s’était surtout développé aux États-Unis. Certes, les Américains avaient développé des formations avec leurs alliés, mais c’était surtout les pays-membres de l’OTAN qui en avaient profité. C’était désormais au tour de Japon de s’investir, et ce depuis qu’on avait repéré un nombre très élevé de singularités anormales à Seikusu.
Visiblement, Akiko aimait son pays, et était reconnaissante à l’armée japonaise. Carol nota donc, dans sa petite tête blonde, d’éviter de la harceler sur ce point à l’avenir. Akiko était effectivement très fragile, comme l’avait dit Jun, et risquait de se braquer à tout moment, en s’enfermant sous sa capuche, dans un mutisme confondant. Akiko ne devait pas être facile tous les jours, et c’était pourtant à Carol qu’il incombait de s’en occuper. On avait du noter, en haut lieu, qu’Akiko était proche de Nina. Comme Carol l’était aussi, il était plus logique de l’affecter à Akiko.
« Bon et bien, allons-y alors ! Je prendrai bien une douche après tout cela. »
Carol hocha la tête, répondant rapidement :
« Pas de soucis. »
Miss Marvel s’avança dans les coursives métalliques du bunker. Il y avait des néons le long des couloirs, et de nombreuses portes avec de grandes vitres permettant de voir à l’intérieur. Il y avait essentiellement des bureaux, où des hommes et des femmes discutaient entre eux, travaillaient sur des ordinateurs, ou se concertaient devant de grands tableaux blancs. Le bunker était divisé en plusieurs zones, et c’était la zone administrative, regroupant, outre le secrétariat personnel du SHIELD, les bureaux des agents spéciaux, des espèces de policiers paranormaux. Il y avait même un important service juridique, qui avait de nombreuses activités. Outre résoudre les procès qu’on intentait au SHIELD, le service planchait aussi sur les relations cordiales entre la police et le SHIELD, organisant continuellement des meetings et des réunions pour préciser la conduite à tenir. Ce service était extrêmement important, car c’était de lui que dépendait l’effectivité juridique des actions du SHIELD. C’était la grande impasse des super-héros. À quoi bon arrêter des criminels, s’ils n’étaient pas condamnés ? Au bout de quelques mois, ils retournaient à l’air libre, leurs avocats trouvant sans problème des vices de procédure. Le service juridique faisait la liaison entre les enquêtes du SHIELD et les procès, permettant ainsi aux criminels appréhendés par les forces du SHIELD de finir réellement en prison. Le service juridique planchait donc sur tous les dossiers, afin de les éclaircir, envoyant ensuite des mails aux agents concernés pour leur demander les indispensables pièces manquantes, des pièces qu’un bon avocat demanderait sans problème, sous peine de soulever un vice de procédure susceptible de faire tout annuler, au motif que les droits de la défense aient été bafoués. Bien que le Japon soit, sur ce point, bien moins laxiste à l’égard des prévenus que pouvaient l’être les juridictions américaines, on ne pouvait pas se permettre ce genre de choses, surtout compte tenu de la nature très particulière des crimes dont le SHIELD avait à s’occuper.
Carol avançait donc le long des coursives, jusqu’à atteindre le département scientifique, où on voyait désormais des séries de laboratoires. Des codes couleurs sur le sol, formant de longues lignes de peinture, formaient des indications où aller. La peinture rouge indiquait le centre cybernétique, la peinture verte le centre biologique, et la peinture bleue le centre médical. Il y avait également des panneaux dans les coins.
« C’est normal de se sentir un peu paumée au début, c’est un grand complexe. »
Miss Marvel suivit donc la peinture bleue à travers plusieurs couloirs, descendant des marches, saluant quelques personnes qui partaient par là. Elles atteignirent une salle de détente avec une télévision à écran plat, éteinte, et deux machines à cafés, ainsi que des sucreries, et quelques plantes vertes.
« Alors, Okinawa, c’est pour demain ?
- Tu parles, j’ai trop hâte ! » discutèrent entre eux deux techniciens.
Carol s’avança dans la salle d’accueil du centre médical, donnant l’impression d’être dans un cabinet de médecin. Il y avait une confortable moquette, et un bureau pour le secrétariat, où une Japonaise les accueillit.
« Ah, Ito-san... Mademoiselle Danvers... On m’a prévenu de votre arrivée. Nichiha-san sera bientôt là. »
Carol hocha la tête, puis entra dans la salle d’accueil. Une peinture murale montrait une plage d’Okinawa, et il y avait plusieurs magazines sur la table centrale, dont un comic de Captain Doom. Carol entendit alors du bruit, et une autre Japonaise entra, dans une blouse blanche. Elle était petite.
« Bonjour ! papillonna-t-elle. Akiko, c’est ça ? Je suis Fudeko. »
Ses parents l’avaient appelé ainsi en hommage à Fudeko Tanaka, une actrice japonaise méconnue en Occident. Elle était chaleureuse et aimable.
« Tu viens ? Rassure-toi, l’examen ne sera pas long, c’est un simple contrôle. »
Elle conduisit Fudeko, ainsi que Carol, dans une sorte de salle ressemblant à un cabinet ordinaire, avec des meubles, des posters de prévention, et une sorte de fauteuil.
« Par contre... Il va falloir que tu te mettes en sous-vêtements... Alors, si tu veux que Carol s’en aille, je le comprendrais tout à fait. »