41
Base Spatiale / Re : Les rescapés d'Hypérion IV [Pv.]
« Dernier message par Jack Marston le samedi 29 novembre 2025, 05:39:00 »Pour diverses raisons, Jack n’avait pas reconnu l’attirance évidente entre Kira et lui ; et certainement pas les œillades discrètes mais un peu jalouses de Rory. Ils étaient dans une situation extrêmement dangereuse et toutes ses pensées étaient tournées vers le combat et la survie. En outre, ce n’était certainement pas le meilleur cadre pour se mettre en valeur. Et puis, la brune était la sœur de sa défunte Lina. Il était difficile d’éprouver une attirance pareille et de se regarder dans le miroir.
Malgré tout, il y avait quelque chose qu’il était impossible de nier, une tension palpable et presque électrique entre eux. Peut-être était-ce la tenue de la mercenaire, qui avait abandonné ses effets vestimentaires jusqu’au minimum décent, peut-être était-ce l’intensité trop dure avec laquelle elle avait immédiatement refusé l’idée de le laisser, peut-être aussi était-ce seulement un concours de circonstances, le fameux instinct de procréation souvent cité dans le cadre de contextes propices à la mort. Peut-être était-ce un peu tout cela.
A ce stade, Jack l’aurait soulevé s’ils n’avaient pas été interrompus. Et il était peut-être mieux qu’ils aient été interrompus. La petite créature blonde qu’il avait tiré du trou n’était pas juste une distraction bienvenue. C’était une trace de vie, un témoignage de résilience et leur chance de sauver une âme innocente de cet enfer. Certes, l’âme en question était certainement noircie par un traumatisme qui mettrait une vie à s’estomper, mais c’était quelque chose et, en la reposant, le chasseur de primes sentait quelque chose de rassurant et de positif, en même temps que son côté le plus bonhomme ressortait, à mi-chemin entre papa et grand-frère.
A la fois déconcerté par le contact de la petite, attendri, et sentant Kira plus douée en la matière que lui, il resta silencieux, souriant et saluant quand il fut présenté, et attendit de voir ce qui allait arriver. Il eut un éclair optimiste quand elle fit signe qu’elle n’était pas seule, mais celui-ci mourut bien vite. Ils étaient bien seuls avec elle, et sa seule chance de survivre désormais.
Merde.
Quoi qu’il en soit, le nom de l’ours en peluche qu’elle gardait fermement, seul compagnon d’infortune de la petite, ancre silencieuse de son esprit immature, faillit lui faire lâcher un hoquet rieur. Il se retint avec peine en continuant d’écouter. Enfin, la petite parlait et, désormais, elle s’ouvrait. Elle s’appelait Nora. Newt. C’était mignon. Kira était clairement aussi bouleversée que lui lorsqu’elle saisit sa main et se précipita dans les bras de la mercenaire. Jack fit un pas en avant, restant près d’elles tandis que le silence réconfortant se prolongeait.
« Heureux de faire ta connaissance, Newt. »
La fillette ne répondit pas. Elle avait besoin de se réconforter et d’oublier un instant, sans doute. L’attention de Jack, elle, ne pouvait pas débrancher. Il la dirigea vers leurs alentours. Il croisa le regard brillant de larmes, ému mais joyeux, de Rory, et, derrière elle, la salle du réacteur. Les monstres avaient arrêté d’essayer de les déloger, mais ils semblaient agités. Avec l’arrêt du réacteur, leur reine allait être coupée de cette source d’énergie corruptrice. Peut-être les choses reviendraient-elles à la normale. Peut-être mourrait-elle, laissant sa marmaille sans cap ni espoir de perpétuation ; à moins que d’autres mécaniques existent pour sauver la situation ?
Jack n’en savait rien. Il savait qu’un réacteur nucléaire mettait des heures, peut-être même des jours, à s’arrêter. Cela dit, il voyait bien que quelque chose se passait. Il le sentait au comportement de ces saloperies et à la posture de la créature massive. Sentaient-ils déjà le changement ? Se sentait-elle malade ?
« D’accord, on ne se sépare pas, valida-t-il enfin. Mais on ne peut pas rester là. Quelque chose se prépare, je le sens. »
« Oui, on dirait que quelque chose se prépare. »
Rory semblait avoir eu la même impression que lui, et elle se tendit, l’air grave, avant d’ajouter :
« D’ailleurs… On n’a pas trois heures devant nous. Le réacteur est déjà entré en fusion. »
« Je vois. »
C’était donc ça, le problème. Il n’avait pas vu venir quelque chose de si grave, mais il était bizarrement rassuré d’en être conscient ; jusqu’à ce qu’une question lui vienne, anxieuse.
« On a combien de temps ? »
« Je dirais… Trente minutes ? »
« AH ! »
L’exclamation sortit sans contrôle, vive, mêlant surprise, angoisse, colère et frustration. Le Tanexien, une main toujours captive, se retint de s’arracher de la menotte de la petite et resta calme pour elle, mais la situation était dramatique. Sans obstacle, ils avaient à peine le temps de se précipiter dehors et, peut-être, de se mettre à l’abri du blast. Mais les radiations et, surtout, la vague de chaleur… Il était impossible de savoir s’ils y échapperaient. Ses vagues cours sur les effets des armes nucléaires lui revinrent à l’esprit et il frissonna.
« Okay, on n’a plus le temps. On s’en va. On tente le tout pour le tout. Je porte Newt. Newt ? »
La petite décrocha son visage de l’épaule de Kira pour croiser son regard.
« Tu veux bien que je te porte. »
La petite blonde hocha la tête et quitta les bras de la mercenaire pour tendre les siens vers Jack, qui l’attrapa et, malgré la fatigue, la souleva jusqu’à son épaule comme si elle ne pesait rien.
« On va prendre le chariot ? »
« On va courir, Newt. Aussi vite que possible. Il faut que tu t’accroches. »
« Ce serait plus rapide avec le chariot. »
« Je suis désolé, mais… Le quoi ? De quoi est-ce que tu parles ? »
La petite se redressa et expliqua la chose avec l’air le plus sérieux du monde.
« Une fois, papa m’a amenée ici. Il m’a dit qu’en cas d’urgence, et elle prit le ton grave d’un homme adulte aussi bien que possible, il fallait rapidement évacuer et emprunter le chariot. Il m’a montré, c’était rigolo. »
« Ça ressemble à quoi ? Est-ce que c’est comme… une rangée de sièges, avec de gros trucs qui descendent pour tenir les gens, et qui monte très très vite sur un rail ? »
Newt sembla confronter ses souvenirs et son propre vocabulaire à l’image que voulait lui véhiculer Rory, et elle finit par hocher la tête. La technicienne sauta en criant de joie.
« Ils ont un lift ! »
« Un quoi ? »
« C’est long à expliquer. Mais c’est devenu courant sur ces centrales souterraines. C’est comme des sièges de manège à sensations. D’accord ? Sauf qu’au lieu de monter pour retomber, ils montent jusqu’à un transport d’évacuation. »
« Alors... »
« On va s’en sortir ! »
« On va s’en sortir ! »
« On va s’en sortiiiir ! »
« Newt. Est-ce que tu connais le chemin ? »
La petite réfléchit, puis elle hocha vivement la tête et pointa la porte avec détermination.
« C’est à côté. »
« D’accord. Guide-moi ! Kira, Rory, on fonce ! »
Et Jack s’élança, attentif aux indications de Newt. Il ne pouvait pas penser aux éventuels dommages subis par le chariot. Il fallait que ça marche. Il fallait que le transport marche. Mais si tout marchait, alors il saurait le faire bouger, et ils seraient bientôt à l’abri. Peut-être qu’ils croiseraient les gars. Peut-être que l’engin volerait et les conduirait hors d’ici. Peut-être…
Malgré tout, il y avait quelque chose qu’il était impossible de nier, une tension palpable et presque électrique entre eux. Peut-être était-ce la tenue de la mercenaire, qui avait abandonné ses effets vestimentaires jusqu’au minimum décent, peut-être était-ce l’intensité trop dure avec laquelle elle avait immédiatement refusé l’idée de le laisser, peut-être aussi était-ce seulement un concours de circonstances, le fameux instinct de procréation souvent cité dans le cadre de contextes propices à la mort. Peut-être était-ce un peu tout cela.
A ce stade, Jack l’aurait soulevé s’ils n’avaient pas été interrompus. Et il était peut-être mieux qu’ils aient été interrompus. La petite créature blonde qu’il avait tiré du trou n’était pas juste une distraction bienvenue. C’était une trace de vie, un témoignage de résilience et leur chance de sauver une âme innocente de cet enfer. Certes, l’âme en question était certainement noircie par un traumatisme qui mettrait une vie à s’estomper, mais c’était quelque chose et, en la reposant, le chasseur de primes sentait quelque chose de rassurant et de positif, en même temps que son côté le plus bonhomme ressortait, à mi-chemin entre papa et grand-frère.
A la fois déconcerté par le contact de la petite, attendri, et sentant Kira plus douée en la matière que lui, il resta silencieux, souriant et saluant quand il fut présenté, et attendit de voir ce qui allait arriver. Il eut un éclair optimiste quand elle fit signe qu’elle n’était pas seule, mais celui-ci mourut bien vite. Ils étaient bien seuls avec elle, et sa seule chance de survivre désormais.
Merde.
Quoi qu’il en soit, le nom de l’ours en peluche qu’elle gardait fermement, seul compagnon d’infortune de la petite, ancre silencieuse de son esprit immature, faillit lui faire lâcher un hoquet rieur. Il se retint avec peine en continuant d’écouter. Enfin, la petite parlait et, désormais, elle s’ouvrait. Elle s’appelait Nora. Newt. C’était mignon. Kira était clairement aussi bouleversée que lui lorsqu’elle saisit sa main et se précipita dans les bras de la mercenaire. Jack fit un pas en avant, restant près d’elles tandis que le silence réconfortant se prolongeait.
« Heureux de faire ta connaissance, Newt. »
La fillette ne répondit pas. Elle avait besoin de se réconforter et d’oublier un instant, sans doute. L’attention de Jack, elle, ne pouvait pas débrancher. Il la dirigea vers leurs alentours. Il croisa le regard brillant de larmes, ému mais joyeux, de Rory, et, derrière elle, la salle du réacteur. Les monstres avaient arrêté d’essayer de les déloger, mais ils semblaient agités. Avec l’arrêt du réacteur, leur reine allait être coupée de cette source d’énergie corruptrice. Peut-être les choses reviendraient-elles à la normale. Peut-être mourrait-elle, laissant sa marmaille sans cap ni espoir de perpétuation ; à moins que d’autres mécaniques existent pour sauver la situation ?
Jack n’en savait rien. Il savait qu’un réacteur nucléaire mettait des heures, peut-être même des jours, à s’arrêter. Cela dit, il voyait bien que quelque chose se passait. Il le sentait au comportement de ces saloperies et à la posture de la créature massive. Sentaient-ils déjà le changement ? Se sentait-elle malade ?
« D’accord, on ne se sépare pas, valida-t-il enfin. Mais on ne peut pas rester là. Quelque chose se prépare, je le sens. »
« Oui, on dirait que quelque chose se prépare. »
Rory semblait avoir eu la même impression que lui, et elle se tendit, l’air grave, avant d’ajouter :
« D’ailleurs… On n’a pas trois heures devant nous. Le réacteur est déjà entré en fusion. »
« Je vois. »
C’était donc ça, le problème. Il n’avait pas vu venir quelque chose de si grave, mais il était bizarrement rassuré d’en être conscient ; jusqu’à ce qu’une question lui vienne, anxieuse.
« On a combien de temps ? »
« Je dirais… Trente minutes ? »
« AH ! »
L’exclamation sortit sans contrôle, vive, mêlant surprise, angoisse, colère et frustration. Le Tanexien, une main toujours captive, se retint de s’arracher de la menotte de la petite et resta calme pour elle, mais la situation était dramatique. Sans obstacle, ils avaient à peine le temps de se précipiter dehors et, peut-être, de se mettre à l’abri du blast. Mais les radiations et, surtout, la vague de chaleur… Il était impossible de savoir s’ils y échapperaient. Ses vagues cours sur les effets des armes nucléaires lui revinrent à l’esprit et il frissonna.
« Okay, on n’a plus le temps. On s’en va. On tente le tout pour le tout. Je porte Newt. Newt ? »
La petite décrocha son visage de l’épaule de Kira pour croiser son regard.
« Tu veux bien que je te porte. »
La petite blonde hocha la tête et quitta les bras de la mercenaire pour tendre les siens vers Jack, qui l’attrapa et, malgré la fatigue, la souleva jusqu’à son épaule comme si elle ne pesait rien.
« On va prendre le chariot ? »
« On va courir, Newt. Aussi vite que possible. Il faut que tu t’accroches. »
« Ce serait plus rapide avec le chariot. »
« Je suis désolé, mais… Le quoi ? De quoi est-ce que tu parles ? »
La petite se redressa et expliqua la chose avec l’air le plus sérieux du monde.
« Une fois, papa m’a amenée ici. Il m’a dit qu’en cas d’urgence, et elle prit le ton grave d’un homme adulte aussi bien que possible, il fallait rapidement évacuer et emprunter le chariot. Il m’a montré, c’était rigolo. »
« Ça ressemble à quoi ? Est-ce que c’est comme… une rangée de sièges, avec de gros trucs qui descendent pour tenir les gens, et qui monte très très vite sur un rail ? »
Newt sembla confronter ses souvenirs et son propre vocabulaire à l’image que voulait lui véhiculer Rory, et elle finit par hocher la tête. La technicienne sauta en criant de joie.
« Ils ont un lift ! »
« Un quoi ? »
« C’est long à expliquer. Mais c’est devenu courant sur ces centrales souterraines. C’est comme des sièges de manège à sensations. D’accord ? Sauf qu’au lieu de monter pour retomber, ils montent jusqu’à un transport d’évacuation. »
« Alors... »
« On va s’en sortir ! »
« On va s’en sortir ! »
« On va s’en sortiiiir ! »
« Newt. Est-ce que tu connais le chemin ? »
La petite réfléchit, puis elle hocha vivement la tête et pointa la porte avec détermination.
« C’est à côté. »
« D’accord. Guide-moi ! Kira, Rory, on fonce ! »
Et Jack s’élança, attentif aux indications de Newt. Il ne pouvait pas penser aux éventuels dommages subis par le chariot. Il fallait que ça marche. Il fallait que le transport marche. Mais si tout marchait, alors il saurait le faire bouger, et ils seraient bientôt à l’abri. Peut-être qu’ils croiseraient les gars. Peut-être que l’engin volerait et les conduirait hors d’ici. Peut-être…









Messages récents
