21
Les alentours de la ville / Re : L'Ombre du passé [Saël Thorne]
« Dernier message par Saël Thorne le mardi 02 décembre 2025, 21:39:21 »Anéa parle, et ses mots pourraient être des lames si sa voix n’était pas si familière.
Tsaphkiel incline très légèrement la tête, l’ombre de ses cheveux sombres glissant sur sa joue. Son regard mordoré évite le sien une seconde, pas par gêne, ni par honte… mais parce qu’il sait trop bien ce que ses yeux reconnaissent quand ils rencontrent les siens. Une vérité qu’il n’est pas encore certain d’avoir le droit de regarder en face.
Quand elle se moque de lui, de son aura, de son épée, du ridicule d’être “discret” ici, un souffle lui échappe. Pas un rire. Pas vraiment. Plutôt une exhalation qui appelle la sincérité.
“Ce n’est pas moi qui ai choisi l’endroit où je descendrais.”
Sa voix est calme, posée, d’une douceur intransigeante.
“Le point d’arrimage m’a simplement… laissé ici. Le hasard, ou ce qu’il en reste.”
Il relève lentement les yeux vers elle, juste assez pour accrocher son regard avant de le laisser glisser ailleurs, par pudeur plus que par prudence.
“Et pour le reste… Méniel a pris les dispositions nécessaires. Là-Haut, tout le monde croit que je suis dans mes quartiers, ou en audience. Personne ne sait que je suis sur Terre.”
Un silence. Court. Dense.
Puis, sans détour :
“Et je suis venu pour toi.”
Le Gardien du Jugement Silencieux ne dit pas pour t’abattre. Il n’en a ni la posture, ni l’intention, ni même l’ombre du geste.
“Non pour couper ton souffle… mais pour rétablir l’Équilibre qui t’a été arraché.”
Il la suit quand elle contourne, quand elle frôle son épaule. Un contact si infime qu’aucun humain ne l’aurait senti. Eux si.
Sur le chemin, il observe tout. Les différents moyens de locomotion. Les enseignes. La circulation des passants. Les différentes manières de s’habiller. Les différentes teintes de lumière. Chaque artère de la ville, chaque odeur d’asphalte, de terre, de pluie, comme s’il devait mémoriser une carte invisible. On ne sait jamais… la Terre n’a pas la constance du Ciel.
Quand celle en qui il avait le plus confiance parmi les Archanges dit que son ciel est “bas” maintenant, il l’écoute sans broncher, puis répond avec une fermeté douce, presque chaleureuse :
“Le haut et le bas ne sont que des directions. Il y a du bon et du mauvais partout, Anéa. Ce ne sont pas les lieux qui décident… mais ce qu’on en fait.”
Il la laisse entrer seule dans l’immeuble, par respect, ou peut-être par intuition. Et juste après qu’elle a disparu dans les étages, il ferme les yeux et appelle mentalement :
Méniel.
Sa pensée traverse la trame céleste, ténue, sacrée, un fil d’ambre dans l’immense. Il ignore si son scribe peut entendre si loin, mais il essaye.
Je l’ai trouvée. L’Archange guerrière. Anéa. Je dois vérifier ce qu’elle est devenue. Reste en alerte, mais ne fais rien. Pas encore.
L’air crépite autour de lui une seconde… Puis s’apaise. Pas de réponse, mais une impression. Comme une fidélité intime qui lui revient, chaude et discrète.
Celle pour qui il aurait arrêté de contrôler ses émotions, réapparaît.
Le regard de glace heurte celui d’ambre. Et, malgré lui, une tension lui traverse la poitrine. Pas de désir, pas encore, mais cette sensation de retrouver quelque chose qui n’aurait jamais dû être perdu.
Il apprécie. Oui. Ce regard droit. Ce regard vrai.
Lorsqu’elle hoche la tête pour signifier leur départ, une ombre passe dans les yeux du Prince. Une nuance de douleur.
Il n’a plus ses ailes. Il les a laissées au seuil du monde pour descendre jusqu’à elle.
Alors il inspire. Profondément. Il lui faut un peu de temps. Et la lumière craque d’un coup derrière ses omoplates.
Son dos se cambre, imperceptiblement, alors que les cicatrices argentées se rouvrent, que les muscles se soulèvent sous la peau, qu’un sifflement humide perce la chair céleste. Les rémiges s’extirpent, longues, lisses, sombres comme une nuit sans étoiles, tandis que le tissu humain se déchire en silence autour d’elles.
La douleur est fine, intense, métallique, presque musicale. Il ne la montre pas. Il n’en a jamais montré aucune.
Ses ailes jaillissent, s’étendent, battent l’air, et l’Archange se met à la suivre, se maintenant toujours derrière elle. Toujours à distance respectueuse. Mais sans jamais perdre sa vitesse.
Ils volent longtemps. L’océan exhale son sel, son froid, ses embruns épicés. L’air gifle, le vent chante, la lumière danse.
Habomai apparaît. Un plateau sauvage, vaste comme un souffle ancien.
Tsaphkiel se pose derrière elle, et la terre glisse sous ses pieds un bref instant. Un déséquilibre, discret, humain presque.
Il ferme les yeux une seconde. Il savoure. L’air marin. La mousse. Le parfum minéral du monde. Si différent du Ciel. Lorsqu’il les rouvre, Anéa est là, en train de s’incliner avec une révérence digne d’une cour perdue depuis mille ans.
Il croit d’abord à l’ironie. Il n’a jamais aimé qu’on ploie devant lui. Alors il s’incline à son tour. Plus bas. Plus gracieux.
Pas pour le rang. Pour elle.
En se redressant, un sourire très fin traverse son visage. Sa duelliste pourrait croire que c’est le plaisir du duel. Ce ne l’est pas. Pas vraiment.
C’est le plaisir. Simple, pur, presque douloureux, de la retrouver.
Sans un mot, il retire sa veste noire, aux reflets mats. Puis ses gants prunes, glissants comme de la soie froide. Puis sa chemise, que le vent marin saisit aussitôt. Enfin, il défait ses cheveux, qui tombent en cascade sombre jusqu’entre ses omoplates et dansent dans la brise. Il reste torse nu, en pantalon, laissant ainsi une marque inconnue de l’ancienne guerrière. Une ligne noire-bleutée au reflet argenté de son bras gauche à son dos en passant par son coeur. Une marque qui palpite doucement, vivante.
Il ne le fait pas pour impressionner. Ni pour provoquer.
C’est un réflexe ancien. Un automatisme guerrier. Sans armure, tout tissu devient un obstacle aux mouvements.
Il avance de quelques pas, serein, presque nu sous le ciel pâle. Son torse sculpté par des siècles de discipline céleste brille légèrement sous la lumière. Ses ailes replient leur envergure, absorbées lentement jusqu’à disparaître en un frisson de lumière.
Il croise enfin son regard. Sans hypocrisie. Sans détour.
La voix de la jeune femme venait à peine de mourir dans l’air que Tsaphkiel la fixait déjà avec une intensité trop calme pour être rassurante.
Un souffle traversa les ruines, poussière, cendres, odeur métallique de pierre chauffée au soleil, et fit trembler les mèches de ses cheveux pâles. Ses ailes sombres se déployèrent légèrement, non pour menacer… mais comme un réflexe ancestral de domination silencieuse.
L’Archange ne dit rien au début. Il observe. Comment elle respire. La manière dont ses mains restent visibles. Le léger tremblement que même un soldat aguerri ne peut masquer après des années d’exil. Le cœur qui cogne, perceptible dans l’air pour une créature comme lui.
Puis il bouge.
Ce n’est pas une mise en garde. Ce n’est pas un avertissement. C’est un test pur, brut, instinctif. Le genre de test que seules des guerrières comme Anéa savent décoder avant même de réagir.
Ses doigts se posent sur la garde de son épée. Un cliquetis de métal contre cuir, sec, précis, fend l’air.
Il feinte une posture bien particulière… Celle qui pourrait faire penser que sa lame décrira une trajectoire nette, en couronne puis en taille, de droite à gauche. Un coup qui aurait décapité n’importe quel soldat. Cependant, à la dernière seconde, celui qui se fait passer comme étant Saël Thorne, effectue un tout autre geste. Un mouvement ascendant en diagonale et de gauche à droite.
Il ne la touche pas. Il ne cherche pas à la toucher. Il cherche son premier réflexe. La vérité d’un guerrier ne se lit jamais dans ses mots, mais dans le mouvement qui précède la pensée. Le métal s’arrête à quelques centimètres seulement de sa gorge.
Une vibration basse, presque inaudible, résonne encore dans la lame. Les ricochets de la puissance retenue.
Tsaphkiel la fixe, la pointe de son épée encore levée, l’expression indéchiffrable. Une rage froide sous-jacente. Une blessure qu’il refuse de nommer. Et une attente : montre-moi qui tu es devenue.
Lorsque sa voix tombe enfin, c’est avec un calme qui tranche autant que la lame.
“Avant que je n’entende tes raisons… Montre-moi si ton premier réflexe est encore celui d'un Archange… ou de quelqu’un qui a oublié qui elle était.”
Pas d’accusation. Pas de douceur. Pas encore. Il se contient. Juste la vérité nue du Prince des Trônes.
Tsaphkiel incline très légèrement la tête, l’ombre de ses cheveux sombres glissant sur sa joue. Son regard mordoré évite le sien une seconde, pas par gêne, ni par honte… mais parce qu’il sait trop bien ce que ses yeux reconnaissent quand ils rencontrent les siens. Une vérité qu’il n’est pas encore certain d’avoir le droit de regarder en face.
Quand elle se moque de lui, de son aura, de son épée, du ridicule d’être “discret” ici, un souffle lui échappe. Pas un rire. Pas vraiment. Plutôt une exhalation qui appelle la sincérité.
“Ce n’est pas moi qui ai choisi l’endroit où je descendrais.”
Sa voix est calme, posée, d’une douceur intransigeante.
“Le point d’arrimage m’a simplement… laissé ici. Le hasard, ou ce qu’il en reste.”
Il relève lentement les yeux vers elle, juste assez pour accrocher son regard avant de le laisser glisser ailleurs, par pudeur plus que par prudence.
“Et pour le reste… Méniel a pris les dispositions nécessaires. Là-Haut, tout le monde croit que je suis dans mes quartiers, ou en audience. Personne ne sait que je suis sur Terre.”
Un silence. Court. Dense.
Puis, sans détour :
“Et je suis venu pour toi.”
Le Gardien du Jugement Silencieux ne dit pas pour t’abattre. Il n’en a ni la posture, ni l’intention, ni même l’ombre du geste.
“Non pour couper ton souffle… mais pour rétablir l’Équilibre qui t’a été arraché.”
Il la suit quand elle contourne, quand elle frôle son épaule. Un contact si infime qu’aucun humain ne l’aurait senti. Eux si.
Sur le chemin, il observe tout. Les différents moyens de locomotion. Les enseignes. La circulation des passants. Les différentes manières de s’habiller. Les différentes teintes de lumière. Chaque artère de la ville, chaque odeur d’asphalte, de terre, de pluie, comme s’il devait mémoriser une carte invisible. On ne sait jamais… la Terre n’a pas la constance du Ciel.
Quand celle en qui il avait le plus confiance parmi les Archanges dit que son ciel est “bas” maintenant, il l’écoute sans broncher, puis répond avec une fermeté douce, presque chaleureuse :
“Le haut et le bas ne sont que des directions. Il y a du bon et du mauvais partout, Anéa. Ce ne sont pas les lieux qui décident… mais ce qu’on en fait.”
Il la laisse entrer seule dans l’immeuble, par respect, ou peut-être par intuition. Et juste après qu’elle a disparu dans les étages, il ferme les yeux et appelle mentalement :
Méniel.
Sa pensée traverse la trame céleste, ténue, sacrée, un fil d’ambre dans l’immense. Il ignore si son scribe peut entendre si loin, mais il essaye.
Je l’ai trouvée. L’Archange guerrière. Anéa. Je dois vérifier ce qu’elle est devenue. Reste en alerte, mais ne fais rien. Pas encore.
L’air crépite autour de lui une seconde… Puis s’apaise. Pas de réponse, mais une impression. Comme une fidélité intime qui lui revient, chaude et discrète.
Celle pour qui il aurait arrêté de contrôler ses émotions, réapparaît.
Le regard de glace heurte celui d’ambre. Et, malgré lui, une tension lui traverse la poitrine. Pas de désir, pas encore, mais cette sensation de retrouver quelque chose qui n’aurait jamais dû être perdu.
Il apprécie. Oui. Ce regard droit. Ce regard vrai.
Lorsqu’elle hoche la tête pour signifier leur départ, une ombre passe dans les yeux du Prince. Une nuance de douleur.
Il n’a plus ses ailes. Il les a laissées au seuil du monde pour descendre jusqu’à elle.
Alors il inspire. Profondément. Il lui faut un peu de temps. Et la lumière craque d’un coup derrière ses omoplates.
Son dos se cambre, imperceptiblement, alors que les cicatrices argentées se rouvrent, que les muscles se soulèvent sous la peau, qu’un sifflement humide perce la chair céleste. Les rémiges s’extirpent, longues, lisses, sombres comme une nuit sans étoiles, tandis que le tissu humain se déchire en silence autour d’elles.
La douleur est fine, intense, métallique, presque musicale. Il ne la montre pas. Il n’en a jamais montré aucune.
Ses ailes jaillissent, s’étendent, battent l’air, et l’Archange se met à la suivre, se maintenant toujours derrière elle. Toujours à distance respectueuse. Mais sans jamais perdre sa vitesse.
Ils volent longtemps. L’océan exhale son sel, son froid, ses embruns épicés. L’air gifle, le vent chante, la lumière danse.
Habomai apparaît. Un plateau sauvage, vaste comme un souffle ancien.
Tsaphkiel se pose derrière elle, et la terre glisse sous ses pieds un bref instant. Un déséquilibre, discret, humain presque.
Il ferme les yeux une seconde. Il savoure. L’air marin. La mousse. Le parfum minéral du monde. Si différent du Ciel. Lorsqu’il les rouvre, Anéa est là, en train de s’incliner avec une révérence digne d’une cour perdue depuis mille ans.
Il croit d’abord à l’ironie. Il n’a jamais aimé qu’on ploie devant lui. Alors il s’incline à son tour. Plus bas. Plus gracieux.
Pas pour le rang. Pour elle.
En se redressant, un sourire très fin traverse son visage. Sa duelliste pourrait croire que c’est le plaisir du duel. Ce ne l’est pas. Pas vraiment.
C’est le plaisir. Simple, pur, presque douloureux, de la retrouver.
Sans un mot, il retire sa veste noire, aux reflets mats. Puis ses gants prunes, glissants comme de la soie froide. Puis sa chemise, que le vent marin saisit aussitôt. Enfin, il défait ses cheveux, qui tombent en cascade sombre jusqu’entre ses omoplates et dansent dans la brise. Il reste torse nu, en pantalon, laissant ainsi une marque inconnue de l’ancienne guerrière. Une ligne noire-bleutée au reflet argenté de son bras gauche à son dos en passant par son coeur. Une marque qui palpite doucement, vivante.
Il ne le fait pas pour impressionner. Ni pour provoquer.
C’est un réflexe ancien. Un automatisme guerrier. Sans armure, tout tissu devient un obstacle aux mouvements.
Il avance de quelques pas, serein, presque nu sous le ciel pâle. Son torse sculpté par des siècles de discipline céleste brille légèrement sous la lumière. Ses ailes replient leur envergure, absorbées lentement jusqu’à disparaître en un frisson de lumière.
Il croise enfin son regard. Sans hypocrisie. Sans détour.
La voix de la jeune femme venait à peine de mourir dans l’air que Tsaphkiel la fixait déjà avec une intensité trop calme pour être rassurante.
Un souffle traversa les ruines, poussière, cendres, odeur métallique de pierre chauffée au soleil, et fit trembler les mèches de ses cheveux pâles. Ses ailes sombres se déployèrent légèrement, non pour menacer… mais comme un réflexe ancestral de domination silencieuse.
L’Archange ne dit rien au début. Il observe. Comment elle respire. La manière dont ses mains restent visibles. Le léger tremblement que même un soldat aguerri ne peut masquer après des années d’exil. Le cœur qui cogne, perceptible dans l’air pour une créature comme lui.
Puis il bouge.
Ce n’est pas une mise en garde. Ce n’est pas un avertissement. C’est un test pur, brut, instinctif. Le genre de test que seules des guerrières comme Anéa savent décoder avant même de réagir.
Ses doigts se posent sur la garde de son épée. Un cliquetis de métal contre cuir, sec, précis, fend l’air.
Il feinte une posture bien particulière… Celle qui pourrait faire penser que sa lame décrira une trajectoire nette, en couronne puis en taille, de droite à gauche. Un coup qui aurait décapité n’importe quel soldat. Cependant, à la dernière seconde, celui qui se fait passer comme étant Saël Thorne, effectue un tout autre geste. Un mouvement ascendant en diagonale et de gauche à droite.
Il ne la touche pas. Il ne cherche pas à la toucher. Il cherche son premier réflexe. La vérité d’un guerrier ne se lit jamais dans ses mots, mais dans le mouvement qui précède la pensée. Le métal s’arrête à quelques centimètres seulement de sa gorge.
Une vibration basse, presque inaudible, résonne encore dans la lame. Les ricochets de la puissance retenue.
Tsaphkiel la fixe, la pointe de son épée encore levée, l’expression indéchiffrable. Une rage froide sous-jacente. Une blessure qu’il refuse de nommer. Et une attente : montre-moi qui tu es devenue.
Lorsque sa voix tombe enfin, c’est avec un calme qui tranche autant que la lame.
“Avant que je n’entende tes raisons… Montre-moi si ton premier réflexe est encore celui d'un Archange… ou de quelqu’un qui a oublié qui elle était.”
Pas d’accusation. Pas de douceur. Pas encore. Il se contient. Juste la vérité nue du Prince des Trônes.









Messages récents
