Sya était donc vaincue ?! Mélinda ne pouvait que s’avouer surprise. Edessa, elle, s’était lentement retournée, sortant de son somme, probablement en sentant la présence d’une Ange. Les deux espèces antagonistes se reconnaissaient sans problème, confirmant ce vieux dicton selon lequel personne ne vous connaissait mieux que votre pire ennemi. Étonnée, Edessa se relevait lentement. La connaissant, elle était probablement ressortie d’une longue orgie de sexe avec des clients. Au sein du harem, son esclave succube était très demandé, et très populaire, si tant est que, parfois, dix personnes en même temps venaient pour lui faire l’amour, la magie rose d’Edessa les empêchant de s’endormir, de sombrer sous la fatigue, de la baiser jusqu’à leurs dernières gouttes. Voir Edessa faire l’amour était un hommage vibrant à la luxure et au sexe sauvage et débridé. C’était bien pour cette raison que Mélinda avait fini par amener Sya près de la succube, mais la petite Ange était épuisée. À son corps défendant, il fallait bien admettre qu’elle avait offert une superbe prestation. Néanmoins, Mélinda ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine fierté. Épuiser une servante de Lust, Déesse de la Luxure… En un sens, c’était presque une provocation divine.
*Avec ça, je suis sûre de pouvoir faire de mon harem un temple dédié à Lust si je le souhaite.*
L’idée l’amusa. Fondamentalement, un harem n’était-il pas un autel pour Lust ? La vampire se mordillait les lèvres, mais Sya avait besoin de repos. Edessa, elle, les observait avec ses beaux yeux, et sa robe insolente.
« Très bien, petite Sya… Même les plus braves ont besoin de repos. Marche à quatre pattes, et suis-moi. »
Mélinda n’allait tout de même pas la porter, mais, avant de l’abandonner, elle embrassa Edessa, et lui susurra quelques mots dans le creux de l’oreille. La succube hocha lentement la tête en acquiesçant, une lueur malicieuse brûlant dans le regard, puis la vampire retourna agripper la chaîne de Sya, et tira dessus, sortant de la salle de bains. Même si Sya voulait lui demander de quoi retournait la conversation entre elle et Edessa, Mélinda ne dirait rien. Elle préférait lui faire la surprise, et elle s’avança le long de couloirs chauds et humides, circulant le long des douches du harem.
Il y avait des bassins et des douches, certains étant pour les clients, et d’autres à usage privé, pour permettre au personnel de se nettoyer et de s’hydrater. Ça n’empêchait pas le sexe d’éclore dans ces autres pièces-là, car, de manière générale, il n’existait pas une seule pièce de ce harem qui n’ait fait pas l’objet, au cours de son existence, de parties de sexe crapuleuses. Pour une succube, cet endroit était féérique, presque comme une sorte de Paradis sur Terre. Mélinda s’avançait lentement, sentant des groupes sanguins le long des portes. Dans un sauna, un homme prenait en levrette une femme. Dans un petit bassin, trois femmes couchaient avec un client au ventre proéminent, l’envoyant voler dans les rêves en s’agglutinant contre lui, nymphes délicieuses sorties d’un rêve mielleux.
Sa route vers les escaliers menant aux chambres croisa alors, par hasard (ou pas) celle de Limma. La porte de la douche était ouverte, et Mélinda y rentra. Limma était nue sous la serviette qu’elle utilisait pour se sécher. La vampire lui sourit gentiment.
« Ton amie Sya est quelque peu fourbue… Je vais la faire se reposer dans ta chambre. »
Vu que Limma était proche d’elle, Mélinda soupçonnait que ça ne risquait pas de la déranger. Elle se retourna alors, et grimpa les escaliers, Sya toujours à quatre pattes derrière elle, en position naturelle de soumission. La position qui lui convenait le mieux.
« Tu vas reposer sur le lit, et je vais aller te chercher à manger. Il vaudrait mieux pour toi que tu reprennes vite des forces, bien de mes filles souhaitent encore profiter de tes services, ma belle. »
Mélinda la narguait un peu.
Il n’y avait rien de mieux que de frapper l’orgueil des gens pour les motiver.