Theorem offrit ce soir une belle prestation. Mélinda ne pouvait pas le nier. Elle observa au début ce qui se passait, depuis son bureau en hauteur, avant de s’éloigner. La soirée fut assez tranquille. Theorem s’occupa d’un grand nombre de clients, mais il n’était, naturellement, pas le seul dans le restaurant. Sur un fauteuil, une prostituée était en train de danser sur le corps d’un autre. Une autre offrait un câlin très sensuel, ses seins servant de sucettes pour un autre client particulièrement heureux. Quelqu’un qui voyait ça se dirait assurément que Mélinda perdait de l’argent en offrant « gratuitement » (ou presque, car on n’entrait pas dans le restaurant les mains dans les poches) à des clients des séances de sexe, mais il fallait surtout comprendre que chaque client était surveillé, et qu’ils avaient droit dans le restaurant à un simple avant-goût. Celui qui avait une fellation n’en avait qu’une, et, s’il tentait de forcer une autre prostituée à lui en faire une, elle se devait de refuser. S’il était insistant, les gardes débarquaient. Il y avait parfois eu des pugilats, mais ils étaient relativement rares. La plupart des visiteurs savaient où ils se trouvaient. Les gardes de Mélinda n’étaient pas non plus des amateurs, et on était dans l’un des quartiers les plus luxueux de la capitale impériale, le long d’un des grands boulevards qui menait tout droit au Palais Impérial. La garde impériale était donc massivement regroupée dans la zone.
L’Inu passa une longue soirée à sucer. Des queues plus ou moins grosses, plus ou moins propres, plus ou moins poilues, plus ou moins tentaculaires, plus ou moins liquides, s’enfoncèrent dans sa bouche. A force, il serait probablement capable de discerner l’espèce de ceux qu’il suçait, à force de goûter à leurs sexes. Mélinda, de son côté, passa une soirée relativement tranquille. Elle s’occupa des dossiers de ses filles. Gérer un harem, ça demandait beaucoup d’administration. Il fallait notamment répartir chaque chambre, s’occuper des traitements à allouer aux filles, de leurs plaintes... Sans parler des différents créanciers et autres fournisseurs d’esclaves, du courrier... La vampire s’offrit néanmoins une petite pause en compagnie de l’une de ses nekos. La « petite » pause fut d’ailleurs un peu plus longue que prévue, et, quand elle quitta sa neko éreintée, elle apprit que le restaurant venait de fermer. Aucun incident à déplorer.
*On aimerait n’avoir que des soirées ainsi...* songeait Mélinda.
Le harem était désormais plus faiblement éclairé, vu qu’il faisait nuit dehors, mais il était toujours ouvert. Si le restaurant fermait, et si on était en train de le nettoyer, d’ôter toutes les traces de sperme et de cyprine, les chambres, elles, étaient ouvertes. Le harem était ouvert tout le temps : 24/7, comme on disait. La vampire avança le long des couloirs, voyant quelques clients. Les couloirs du harem étaient très propres, très calmes. A travers les portes closes, on peinait à croire ce qui se passait derrière, car les murs étaient insonorisés. Curieuse, Mélinda s’approcha de l’une des portes, et glissa une clef dans un petit volet en bois sur la porte, révélant une discrète œillère qui lui permit de voir l’intérieur de la pièce.
Un homme était attaché par des sangles. C’était une vraie flasque, un gros tas immonde et puant. Heureusement qu’il ne se sentait pas bien dans sa peau et aimait qu’on le fouette, car, s’il avait voulu faire l’amour de façon classique, avec toute sa graisse puante, sa pauvre dame aurait été aplatie sous son corps. Un vrai mollusque qui se faisait violemment fouetter. Mélinda était sûre que sa chérie aimait ça : le fouetter jusqu’au sang. Elle les laissa ensemble, et, curieuse, regarda une autre pièce. Liana était à l’intérieur, et faisait l’amour à deux hommes. Le premier était un mineur, et le second son garde du corps. Pour autant qu’elle s’en souvienne, ce gamin était le fils d’un noble ashnardien, et était particulièrement arrogant.
*Liana aura sans doute besoin d’un gros câlin après ça...*
Mélinda décida ensuite d’aller voir son petit chien. On l’avait déposé dans une petite pièce, et elle alluma la lumière en le voyant. Il avait l’air... Épuisé. Pour autant, les réflexes vinrent, car il ouvrit d’emblée la bouche, ce qui fit sourire la vampire. Sa robe était froissée, sale, avec des taches. Elle allait devoir ordonner à une esclave de la mettre au lavage. Ce dernier remercia sa Maîtresse, et elle se pencha vers lui, l’embrassant sur les lèvres.
« Mais de rien, petit chien... Je crois qu’il est temps pour toi de te reposer. Je vais te retirer ta cagoule. »
Mélinda l’enleva, ainsi que sa robe, ne laissant plus à l’Inu que ses collants, ses longs gants, et sa ceinture de chasteté. Elle sortit avec la robe, et alla la placer dans l’une des étagères mobiles qui allaient rejoindre les lingeries, dans l’un des souterrains. La vampire attrapa ensuite Theorem par la main en lui souriant.
« Comme tu viens de débarquer, tu vas dormir dans le dortoir commun. Tu auras droit à une chambre individuelle plus tard. »
Elle se contentait de lui exposer les faits, n’attendant pas son approbation. Le dortoir commun comprenait toutes les récentes prostituées, ainsi que des filles plus anciennes, afin d’encourager, de consoler, et de cajoler les nouvelles. C’était une grande pièce, avec de la moquette, deux cheminées, et de confortables lits superposés assez grands Rien à voir avec des dortoirs militaires. Il y avait de grandes fenêtres, des petites tables, des tapis, des fauteuils, de gros coussins bien moelleux où des nekos étaient câlinées en ronronnant, généralement par des petites filles. Les esclaves de Mélinda, celles qui n’étaient pas encore formées, étaient dans ce grand dortoir, et les petites filles, généralement, allaient mieux quand on leur présentait de belles nekos qui se lovaient dans leurs bras. Elles poussaient de gros miaulements près de leurs oreilles avant de leur lécher la joue en remuant leurs queues.
Mélinda entra la première dans cette chaleureuse ambiance féminine. Très chaleureuse, puisque, sur un lit, deux femmes se faisaient tendrement l’amour. L’une était dotée d’un sexe masculin, et se tenait sur l’autre, la couverture recouvrant leurs corps. Les femmes tournèrent la tête vers Mélinda. Elles étaient toutes légèrement vêtues, soit avec des nuisettes, soit avec des culottes. Dans un coin, une mère donnait le sein à son bébé. Ce petit, d’ici quinze ou vingt ans, serait un esclave parfait, car il n’aurait jamais connu la liberté, rien d’autre que l’esclavage.
« Mes chères, je vous présente Theorem... Viens par là, Theorem... »
Elle attrapa l’Inu par les cheveux, le poussant en avant.
« Offrez-lui une place pour dormir.
- Bien, Maîtresse...
- Je vous souhaite une bonne nuit. Reposez-vous bien !
- Bonne nuit, Maîtresse ! » répondirent-elles en chœur, à l’exception de celles qui faisaient l’amour.
Mélinda referma la porte, et trois filles s’approchèrent de Theorem, le dévisageant.
« C’est un Inu !
- C’est une femme ?
- Qu’il est beau !
- Tu t’appelles comment ?
- T’es esclave depuis quand ? »
Le pauvre Inu n’avait même pas eu le temps de s’asseoir qu’il était bombardé de questions.