La délicate remarque de Theorem fit sourire Mélinda. Il avait probablement du remarquer la présence de la neko, ou comprendre ce que cette dernière avait fait. La perspective d’être à sa place devait donner des envies à bien des individus. Mais ce n’était pas aujourd’hui qu’il pourrait remplacer sa petite Liana. Cette neko lui était très précieuse, et était après tout l’une de ses plus proches esclaves. Heureuse, cette dernière continuait à nettoyer le sol, tandis que Mélinda se rendit donc vers le laboratoire, congédiant également sa secrétaire, qui en fut soulagée.
Le laboratoire se trouva dans les souterrains du harem. C’était le mieux, car l’endroit était dangereux, et, parfois, certaines expériences dégageaient des odeurs nauséabondes. Dans les catacombes, près des égouts, les odeurs ne dérangeraient personne. Mélinda avança donc, descendant dans des escaliers isolés, avec quelques gardes qui éclairaient les couloirs sombres avec des torches. En réalité, le laboratoire n’était pas dans le harem à proprement parler, mais dans un bâtiment annexe, qui servait aussi de réserve. Les mages et alchimistes ashnardiens se rendaient dans ce bâtiment pour délivrer leurs produits, et il était plus rapide de le rejoindre en passant par les souterrains.
Du reste, le laboratoire avait la forme de n’importe quel laboratoire. Des murs en pierre, froids, gris, des étagères remplis de bocaux, de potions, de fioles, et dans laquelle deux intendants officiaient, répertoriant les produits. Il n’y avait pas grand-chose à faire là, l’endroit était donc une relative planque. Theorem inspecta les lieux, et son regard finit par se poser sur une espèce de fauteuil avec des lanières en cuir et des sangles permettant d’attacher le sujet. Une mesure de sécurité indispensable quand on utilisait des produits, même des aphrodisiaques.
« C'est euh... pour ... qui ? »
Mélinda esquissa un léger sourire vers Theorem. L’Inu ne semblait pas rassuré, mais, à sa place, Mélinda ne le serait pas non plus. Elle ne lui répondit pas, et fit signe aux deux gardes qui les accompagnaient. Ces derniers attrapèrent brutalement Theorem par les épaules.
« Rassure-toi, ce n’est qu’une simple mesure de précaution... La procédure standard implique que le patient soit totalement immobilisé, afin que rien n’entrave le traitement. Aidez-le à s’asseoir, et attachez-le solidement. »
Les gardes s’exécutèrent, et, de son côté, Mélinda alla sortir un flacon avec un fin liquide blanc. Elle le décapsula, et songea à recouvrir ses mains de longs gants noirs, afin d‘éviter de recevoir du produit. De son côté, Theorem se retrouvait attaché par les bras et les jambes sur le fauteuil, et on le fit légèrement basculer. Se retournant, Mélinda s’avança vers lui, et posa le flacon ouvert sur une table.
« Il faut qu’il ait la bouche grande ouverte... Ça risque d’être un peu douloureux, mais c’est nécessaire. Lors des prochaines séances, une simple absorption suffira, mais, comme c’est la première fois... Écartez-lui bien les lèvres, autant que possible. »
Les gardes s’emparèrent d’espèces de branches métalliques, et on pinça le nez de l’Inu, afin qu’il soit forcé d’ouvrir la bouche. Les pinces se plantèrent entre ses lèvres, sur la commissure. C’était un baîllon-écarteur, qu’on utilisait que dans deux domaines : en médecine, chez les chirurgiens, et dans les plaisirs pervers. On tira dessus, écartant ainsi les lèvres de Theorem, et les écartant même plutôt bien. Le pauvre devait pour le coup avoir assez mal, et il ne pouvait pas fermer les dents, ni même parler. Mélinda se pencha alors, et un gros spot lumineux s’alluma soudain au-dessus du fauteuil, afin de lui permettre de voir sa bouche en profondeur.
Une chance : il sentait bon. Mélinda trempa ses doigts dans l’onguent, et commença à l’appliquer. Ses doigts se faufilèrent en lui, et elle commença par les lèvres intérieures, cette partie de peau coincée entre les dents et la bouche. Le liquide blanc resta sur la peau, disparaissant lentement, se mélangeant à la peau. Les doigts continuèrent ensuite à se promener, Mélinda s’appliquant et rester concentrée. Il ne fallait pas en mettre trop. Autrement, le simple fait de manger lui déclencherait des orgasmes à répétition. Elle s’appliquait donc soigneusement, consciencieusement, indifférent aux soupirs de douleur de l’Inu. Toutes les dents y passèrent, les doigts frottant dessus, et elle alla ensuite encore plus loin, caressant l’intérieur de sa bouche, remuant sur cette surface gluante, avant de s’attarder sur sa langue, ce muscle intense. Elle le caressa avec deux doigts, laissant deux légères traînées, et s’enfonça un peu plus profondément. La sensation de haut-le-cœur ne viendrait normalement pas, et Mélinda poursuivit ainsi son petit manège, pendant plusieurs minutes, avant de retirer ses doigts. Ils étaient trempés, un subtil mélange de salive et de ce liquide.
Mélinda caressa avec ses doigts les lèvres de l’Inu, parachevant ainsi le tout, et ôta ses gants, tandis qu’on lui retirait le bâillon. Retrouvant ainsi l’usage de ses lèvres, l’Inu était fin prêt à comprendre. Retirant les gants, Mélinda s’assura qu’elle ne s’était pas faite contaminer par erreur, puis consentit à lui donner des explications :
« Ce liquide que je t’ai ingéré... C’est une forme particulière d’aphrodisiaque, qui stimule les zones érogènes du corps, expliqua-t-elle. J’en ai appliqué sur ta bouche de manière à ce que n’importe quoi qui passe par tes lèvres t’excite plus que de raison. A chaque fois que tu mangeras un aliment, tu ressentiras des frémissements de plaisir. Je pourrais même te donner à manger de la merde que tu pourrais apprécier ça, mais... Nous n’irons pas jusque-là, glissa-t-elle dans un sourire guère encourageant. Montre-lui » intima-t-elle à l’un des gardes.
Ce dernier obtempéra, et se pencha pour embrasser Theorem.