« Je n’ai pas dit « toutou » pour vous blesser. C’est juste une expression, c’est tout. Pour ce qui est de votre paiement, ne vous inquiétez pas vous serez payés même si je venais à disparaitre ! Pour ce qui est de m’avoir suivi, posez-vous la question de savoir si vous auriez fait la même chose si j’étais un homme ! La réponse est non, j’imagine ! Vous me suivez juste pour être sûr que personne ne me fasse de mal parce que je suis une femme. C’est la seule et unique raison. Aussi arrêtez de me voir comme une femme, considérez moi juste comme votre employeur et un combattant, le reste est sans importance »L'attitude de la rouquine pour lui répéter et marteler le fait qu'il avait agit de la sorte parce qu'elle était une femme l'irritait peu à peu, et elle avait en partie raison ce qui agaçait peut être encore plus le mercenaire, mais elle se trompait si elle croyait qu'il n'aurait pas assuré la sécurité d'un "homme" de la même manière, elle n'y connaissait pas grand chose à son boulot, il lui était arrivé de suivre quelques uns de ses anciens employeurs pour assurer leur survie, surtout dans une région aussi dangereuse que les bas fond du nexus, mais il ne releva pas, la laissant croire ce qu'elle voulait après tout, il n'avait pas de comptes à lui rendre, du moins c'est ce qu'il pensait.
Aussi ses mains, les doigts de ses phalanges se contractaient et se désserraient, signe d'un stress évident suite à cet échange, malgré celà il gardait un ton anormalement posé et calme :
"-Le reste est "sans" importance, entendu, madame."« Non, j’ai besoin de vous. L’incident est clos pour ma part. Des excuses auraient été les bienvenues mais je m’en passerai »"-Je... n'ai aucune raison de regretter ni de m'excuser pour vous avoir suivi dans ce coupe-gorge, si j'ai des regrets, c'est de n'avoir pas été assez discret pour que vous ne puissiez pas me repérer... ce qui me prouves que je dois m'être relaché un peu, où que je suis simplement légèrement rouillé, croyez le où non la protection de mes mandataires, surtout lorsque ceux ci sont impliqués d'aussi près dans le "contrat", est l'une de mes priorités, le fait que vous soyez une femme... celà... celà passe à un tout autre plan et degré, et je ne considères absolument pas ce que j'ai fait comme un manque de respect à votre égard, alors vous n'aurez pas d'excuses, même si vous avez l'impression d'y avoir droit, par contre je pourrai sans doute à nouveau être impressionné par vos capacités et vous félicites de m'avoir débusqué." Même si, ça lui écorchait un peu la bouche qui effectua une étrange moue lorsqu'il la félicita de façon assez sommaire, il était en faute, point barre, mais il s'obstinait, absolument têtu et pensant avoir réponse à tout, son regard restait planté, droit, dans celui de l'humaine, ne cillant à aucun moment.
« Faites comme bon vous semble. Je passerai vous chercher demain matin ! »"-Bien "madame"..."Il suivit son saut avec un certain interêt, elle était si belle... une vraie tigresse, avec un tempérament chaud, enflammé, et elle ne se laissait pas marcher sur les pieds, chose qui plaisait beaucoup au mercenaire, mais bon, même si ces hanches évasées, ses fesses lisses et musclées s'entrecarressaient entre elle dans chacun de ses mouvements, elle appartenait déjà à quelqu'un d'autre, cette pensée le remettant rapidement à sa place et le laissant dans une étrange colère, celle, de s'être fait "réprimander" par cette sulfureuse créature, il ne la suivit que du regard pour être sûr qu'il ne lui arrive rien sur le chemin de retour à l'auberge, une fois qu'elle fut à l'intérieur il déporta son regard sur la corniche d'en face, restant là un long moment en écoutant le "silence" des rues, il se mettait à pleuvoir de plus en plus fort, en fait, il était resté là, assez "interdit" de l'échange qu'ils venaient d'avoir, ça faisait longtemps qu'il ne s'était plus confronté a une femme de cette manière, ça lui laissait un étrange "vide" au creux du ventre, qui, lui brouillait encore plus les tripes que l'étrange colère qui n'arrivait pas à définir là non plus.
Elle lui avait rappellé quelqu'un... une personne... C'est ça... une personne qu'il aurait préféré, sans doute oublier... La pluie battait et il restait encore un moment, là, à laisser ses cheveux se plaquer sur son visage, et ses habits se faire détremper, ce sont les battements intenses des gouttes de pluies frappant sur les tuiles qui le sortirent enfin de ses pensées, alors qu'il regardait ses mains s'entrouvrir et se refermer, rétracter, et sortir les griffes, un léger sourire en coin, empli de nostalgie s'esquissant sur ses lèvres.
"-Pourquoi j'agis toujours comme le dernier des enfoirés... Est ce que j'ai changé à ce point..."Il plongea l'une de ses mains dans la poche intérieure de sa veste en cuir, dans laquelle un objet très précieux à ses yeux se trouvait, une vieille montre gousset, abimée, usée par le temps, il en fit le tour avec ses doigts, du bout de ses griffes, c'était un cadeau... le dernier objet qu'il gardait sur lui qui le liait encore au souvenir de personnes qui furent chères à son coeur, il voulut un moment la sortir pour se souvenir, mais la pluie pourrait sans doute plus l'abîmer qu'elle ne l'était déjà.
"-...Marianne... ?"A son tour il sauta du toit, se réceptionnant en amortissant le choc de la plante de ses pieds arquées à cet effet, la souplesse de ses chevilles, ses genoux et reste du corps fléchis, à la fin du saut il fut obligé d'effectuer une roulade vers l'avant sur les pavés détrempés, l'eau ayant rendu casse gueule son atterrissage tout de même, un sentiment étrange l'envahissait, c'était à la fois du renoncement, de la colère, et de vieilles choses qu'il avait du mal à oublier, où se pardonner, foutue conscience de merde, une frustration grouillante, bouillante au fond de son corps faisait monter un agacement, une irritation dont il n'arrivait pas à connaître l'origine, mais que Marine avait déclenché en le remettant à sa place.
Il l'avait mérité, pensa t'il, même si son poing droit se fermait si fort qu'il n'arrivait pas à tenir rétractée ses griffes par tension de ses divers tendons, griffes, qui s'enfonçaient dans sa paume, du sang ruisselant entre ses phalanges pour goûter sur le sol, pourquoi était il tant en colère contre lui même, ça montait, crescendo, mais c'était bien là, le poussant à aller frapper le coté extérieur contre la brique à la fin de la ruelle, débouchant en face de l'auberge, son poing frappa si fort contre la brique, qu'il l'abîma, faisant éclater ses joints pour la disloquer et la faire tomber du coin du mur, mais il y avait mis une telle force, que même sous les bandages enroulant sa main, il avait réussi à faire "éclater" une partie de la chair de ses doigts, mettant certaines de ses phalanges à sang, ses dents crissaient les unes sur les autres, les muscles de sa mâchoire roulaient et se striaient aux coins de ses joues, une colère venue du fond des âges s'emparait peu à peu de son corps et laissait son doux travail de sappe ronger peu à peu sa retenue.
"-...Va te faire... foutre..."Ce fut son deuxième poing qu'il envoya dans le mur, puis il frappa dans des cartons et des poubelles disposées dans la ruelle, à gauche et à droite, foutant un bordel pas possible qui attira l'attention d'un groupe de personnes de l'autre coté de la rue, revenant parfois frapper l'un de ses poings déjà bien abîmé contre le mur, tournant en cercles pour se prendre la tête entre les mains, parfois, enfonçant ses griffes dans son cuir chevelu assez profondément pour se faire saigner, répétant simplement "va te faire foutre" à de nombreuses reprises avant de recommencer à frapper, et à frapper ses poings sur le mur, encore, et encore avec une rage incontrôlable et indéfinissable, jusqu'a s'en déboiter les poignets, jusqu'a ce qu'il ne soit plus capable de "s'abimer".
Face à cette rage auto destructrice les individus s'étant rapprochés pour jeter un coup d'oeil à la scène préférèrent foutre le camp plutôt que de lui chercher des poux, et ils avaient fait le bon choix.
Quand il eut enfin terminé ses conneries, et qu'il s'était presque assomé en fracassant sa tête au mur plusieurs fois, il laissa son dos racler contre les briques jusqu'a ce que son derrière rejoigne le sol, posant ses yeux sur ses mains pendantes, avant de douloureusement les "remboiter" avec l'un ou l'autre cri bien glauque qui laissait sans nul doute comprendre à quel point celà pouvait être douloureux, voilà à peu près comment il se calmait seul pour éviter que ses souvenirs les plus douloureux ne le submergent, remplaçant aussi une douleur psychologique par une, bien physique qui l'empêchait d'aller plus loin dans le ressassement de ses souvenirs... ça fonctionnait... un temps, et puis il fallait parfois recommencer.
Mais bon, là, il était bien calmé, le sang ruissellait sur son front, sur ses arcades sourcillières et puis perlait sur la fin de son menton pour rejoindre le sol, son ventre gargouilla il crevait la dalle, cette grande créature se releva avec la prestance d'un grand nordique, d'un noble viking, malgré son étrange apparence, rajustant sa veste et son col malgré le sang qui peinturlurait son visage de marques guerrières tracées par le passage de ses doigts, ses mains ensanglantées également, il traversa la rue pour se rendre au rez de chaussée de l'auberge, la taverne donc, visage à découvert, rien à foutre, à vrai dire, dans son état il n'en avait plus rien à battre même s'il risquait de s'attirer des emmerdes, et c'est son pied qui poussa violemment la porte pour entrer dans la salle, afin... d'être le plus discret possible, bien entendu.
Un silence de mort prit place dans l'auberge qui fut, précédemment animée, autant par les cris et les rires des "clients" que par une musique jouée par quelques musiciens intimidés par son entrée pour le moins "fracassante", Khaléo s'approcha du comptoir en écartant les bras, tournant deux fois lentement sur lui même comme pour bien se "présenter" et s'afficher aux personnes présentes, pointant ensuite ses doigts vers l'assemblée en terminant son dernier "tour" sur lui même, en les ramenant ensuite lentement vers sa poitrine pour se présenter "lui" lorsque le bas de son dos fut appuyé sur le bord boisé du comptoir.
Dans l'auberge quelques "qu'est ce qu'il veut ce connard ?" où "putain d'où il débarque avec sa gueule celui là ?" où encore "t'as vu le sang sur sa gueule ? On dirait qu'il vient d'assassiner quelqu'un..." flottaient dans les airs, alors que quelques clients non désireux de prendre un coup perdu quittaient déjà l'établissement.
"-Pourquoi tu me regardes comme ça, toi ? Et toi ? Et toi aussi ? Qu'est ce qu'il y a ? Je ne correspond pas à tes putains de standard et canon de beauté ? Va t'faire foutre, ne me regarde pas comme ça..."Khaléo possédait, deux "dents" rétractables, un peu comme des crocs de vampires, en un peu plus long et légèrement courbées, elles n'étaient rien d'autre que des dents de "sabres" vestiges d'ancêtre des tigres, les smilodons, qui, étaient bien plus féroces et dangereux que les tigres actuels, soit, il sortit ses dents de sabres en approchant sa gueule fort près d'un client qui fut paralysé un temps par la peur, puis prit ses jambes à son cou pour foutre le camp, ses deux compagnon de beuverie s'étant rétamés au sol lorsqu'il sortit ses crocs l'accompagnèrent dehors.
Il se redressa lentement en parcourant la salle du regard, scrutant les clients qui avaient perdu toute forme de témérité à son égard et qui, restaient bien assis à leurs tables en détournant enfin le regard, là, il n'était pas très fier de ce qu'il venait de faire, il venait d'agir comme un putain de vampire qui veut imposer sa présence, mais de toute façon il cherchait les emmerdes et, malheureusement il avait jeté un froid tel qu'aucune des créatures présentes ne daignait avoir l'originalité et l'amabilité de venir lui péter sa gueule, chose qu'il se savait mériter, il soupira en rétractant ses crocs.
"-Qu'est ce qu'on se marres..." Il traversa la salle pratiquement en ligne droite en poussant les tables et les chaises qui se trouvaient sur son passage, renversant quelques personnes qui, étaient elles mêmes encore assises sur leurs sièges, où poussant des pieds les corps allongés au sol, arrivant à l'autre coté du comptoir, ne prenant même pas la peine de s'excuser de son comportement, il claqua deux griffes ensembles et à la fin de ce claquement il pointa de l'index les musiciens, prolongeant le mouvement d'une sortie de la griffe du même doigt.
"- Vous ne voyez pas que l'ambiance est "mortelle" ? Continuez de jouer..."Déglutissant dans un premier temps les musiciens reprirent sans grande conviction ni entrain leurs instruments, se regardant les uns les autres avant de se remettre à jouer.
Suite à quoi il empoigna le tenancier par le col et le rapprocha du bar, assez près pour qu'il sente son souffle, plantant un regard assassin dans le sien, reniflant la puanteur de ses odeurs corporelles qui lui faisaient tressauter les sourcils et relever les babines avant de le relâcher, pour lui parler à une distance plus convenable finalement.
"-Je veux la meilleure de tes viandes saignantes dans moins de cinq putain de minutes où je recouvres ton bouge de merde du sang et de la cervelle de tes clients... Et grouilles toi je manques indubitablement de patience ce soir..."Il n'y avait pas de "héros" dans cette salle, personne pour venir l'empêcher de dire où faire n'importe quoi, il était tard, son comportement était volontairement provocateur et révoltant mais personne n'allait lever le petit doigt, il empoigna si fort le bord du comptoir entre ses doigts et ses griffes que le bois se concassa, les fibres explosèrent sous la pression laissant la marque de son passage dans l'auberge.
"-Tu feras livrer ça et une bouteille de Liqueur de fruits rouges des bois à la 104... J'espères pour toi que je n'aurai pas à redescendre pour venir chercher ma commande."Une fois arrivé en haut il batailla un peu avec la porte de sa chambre mal remboitée pour qu'elle s'ouvre, la défonçant à nouveau à coup de pied elle aussi, et la reclaquant derrière lui, un cadre accroché au mur pencha sur le coté, et un autre tomba par terre, une fois dans la chambre il laissa échapper un long soupir en s'asseyant sur le lit, c'est pas ce soir qu'il allait reprendre "foi" en l'humanité ni en lui même, bientôt la serveuse apporta sa commande, et ce, pil poil dans le laps de temps demandé, c'est lui qui attendit quelques secondes supplémentaires dans la chambre avant d'ouvrir la porte à moitié défoncée pour l'acceuillir, lui stipulant qu'elle avait six secondes de retard, les six secondes qu'il avait attendu avant de lui ouvrir la porte en restant derrière, pas contrariant et "chiant" quand il le voulait bien.
Elle essaya tout de même de tergiverser sur le fait que celà faisait presque trente secondes qu'elle frappait à la porte, Khaléo sortit à nouveau ses crocs et elle s'enfuya dans un cri strident, le laissant se marrer avec son plateau sur le pas de sa porte avant de retourner dans sa chambre, fallait bien se marrer avec ce qu'on pouvait dans ce monde, et ce soir il ne se sentait pas spécialement de bonne humeur, une petite crise de fou rire lui fit du bien.
Il s'assit donc à nouveau sur le bord du lit, retirant sa veste en cuir détrempée, d'où tomba la vieille montre gousset, rebondissant sur le sol, il la ramassa et la posa à coté de lui avant de jeter les couverts disposés sur son plateau par dessus son épaule, il détestait les couverts et avait toujour eu du mal à s'en servir depuis leur invention, rien de tel que de bouffer avec les mains et empoigner sa nourriture à pleins doigts, au diable les manières, il était seul, il prit tout de même ses premiers morceaux de viande du bout de ses griffes piquées dans quelques morceaux de choix, accompagnant bien quelques gorgées de son alcool de fruits rouges avec ces derniers, prenant son temps pour apprécier l'une des rares choses qui, lui étaient encore "permises" d'apprécier.
Il mordait à pleines dents dans les entrecôtes de boeuf et concassait, broyait assez facilement les os, ayant une pression abominable dans la mâchoire qui lui permettait presque de trancher les os comme du beurre, bref, il avait terminé de manger et de boire.
Il attrapa ensuite sa vieille montre gousset, qu'il fit tourner autour de son doigt par la chaîne avant de la stopper net du pouce dans son dernier "tourniquet", parcourant de la griffe de son index le bord du couvercle avant d'envoyer une pichenette dans ce dernier, pichenette de la griffe qui fit s'ouvrir doucement le couvercle, il se pinça la lèvre inférieure en adoucissant enfin les traits de son visage, soupirant d'une étrange aise, d'une nostalgie empreinte d'une tristesse insondable, ses yeux étincelant étrangement voyageaient sur le cadran de cette montre, dont la vitre était brisée et rendait presque illisible l'heure, et la date sur laquelle la montre s'était arrêtée, et pourtant... elle était arrêtée sur une date et une heure lourde de sens pour Khaléo, sur le fond du couvercle, deux visages... deux visages gravés dans le métal, usés... si usés par le frottement de ses doigts ces derniers siècles, qui, cherchaient à parcourir les traits de ses deux visages, comme pour s'en rappeller, d'ailleurs ça lui faisait peur ça... si ces visages disparaissaient, seul souvenir qui lui restait d'elles, il avait peur de les oublier définitivement, Mais si le mécanisme d'horlogerie était abimé, celui de la boite musicale lui, fonctionnait toujours, et ce dés l'ouverture du couvercle, une musique profondément triste, résonnant dans les coins de la pièce, presque douloureuse à l'esprit de l'ancien soldat, du mercenaire s'éleva dans la pièce :
http://www.youtube.com/watch?v=o_SChDmSedMCette montre avait appartenu à Marianne... sa femme, assassinée il y a de celà plus de trois cent ans déjà... avec sa fille également... Les vampires avaient déjà assez à faire avec le contrôle des lycans que pour se coltiner une nouvelle espèce qui, s'avérait bien plus dangereuse encore à leurs yeux, provenant d'une souche méconnue, et ils savaient, que le "lion blanc" n'était autre qu'une espèce de Tigranthrope, ils l'avaient senti... La progression de sa troupe de mercenaire à travers cette époque, les rumeurs d'un guerrier fauve, d'une "bête" incroyablement destructrice dans leur rang avait fini par attirer l'attention, et le regard de certaines castes de vampires de l'époque, et c'est lors d'une négociation tardive, trop ambitieux, et trop jeune pour se rendre compte des danger qui pesaient sur les épaules de sa famille, qu'il arriva beaucoup trop tard pour sauver les siens, ses soirées s'étaient allongées de plus en plus pour régler des histoires de protection seigneurales, territoriales et ça prenait du temps, beaucoup trop de temps pour arriver à des accords et des signatures, plaçant le travail avant la famille.
Il l'avait payé cher... encore une fois c'est sa différence, à travers sa descendance et sa femme qui était au coeur du problème, encore une fois c'est son "anormalité" qui lui avait arraché ce qu'il avait de plus cher au monde à cette époque, une larme silencieuse coula sur sa joue, et il décida de refermer le couvercle pour que la musique cesse enfin, et que le souvenir s'estompe... Les images horribles de sa femme, et de sa fille mutilées, lardées de lacérations, de coup de fouet, pendues par les pieds, décapitées et saignées à blanc lui revenaient en mémoire, sur le fond de sa vieille bâtisse en flammes.
Il ne se pardonnerait sans doute jamais, car pour lui, c'était bel et bien sa faute, il aurait du être à leur coté pour les protéger et pas en train de parader dans sa magnifique armure blanche du Lion blanc, une superbe pièce d'orfèvre finement ciselée, en train de parader et d'user d'apparences nobles pour la négoce, mais c'était inutile de se faire encore plus de mal qu'il ne s'en était fait ce soir, il avait besoin de repos demain serait un autre jour de merde à affronter, il enfouit à nouveau cette vieille montre dans la poche intérieure de sa veste, et se releva pour aller se regarder dans le mirroir, les contours des yeux rougis par les pleurs, et le visage recouvert de sang séché, il rinça ses mains avant de les appuyer lourdement sur ses traits fatigués, ayant du mal à reconnaître son reflet ce soir.
Il se déshabilla en laissant ses habits et ses bandages tomber au sol, finissant par son pantalon, qu'il enjamba en sortant un pied, puis l'autre des jambes du pantalon, une douche... une bonne douche froide... ça lui remettrait ses putains d'idées mélangées en place, il en oubliait même presque la raison de sa présence ici, la douche froide n'eut pas le don de le détendre réellement, et il éternua même en sortant de la salle de bain.
Il ne fut pas long à éteindre la lumière et aller se reposer, ses poignets, ses blessures sur le front ayant pratiquement déjà disparu grâce à l'absorption d'une bonne quantité de viande saignante, il ferma la porte à double tour en se servant également du loquet pour empêcher la porte de s'ouvrir, on ne sait jamais qu'un des abrutis congénitaux de la taverne d'en bas n'aille pas le courage de l'affronter en face mais ait une envie soudaine de venir lui planter un pieu dans le coeur durant son sommeil.
La chambre de Marine était juste à coté de la sienne, et malgré le fait qu'il essayait de chercher le sommeil, il n'avait jamais eu besoin de dormir très longtemps, son métabolisme récupérait de la fatigue assez rapidement, une, deux heures de sommeil et c'était fait, donc il resta éveillé une bonne partie de la nuit en gardant tout de même les yeux fermés, ponctuant sa nuit de quelques mini-siestes espacées de vingt minutes.
Au beau millieu de la nuit il entendit d'étranges gémissements provenir de la chambre de la guerrière, soit elle était en plein délire, où faisait un cauchemar, pire même... elle était en train de se faire agresser... Et tout comme sa famille qu'il n'avait pas su défendre, il ne se le pardonnerait pas si il lui était arrivé du mal alors qu'il se trouvait à coté.
En parlant de cauchemars, Lui n'arrêtait pas d'en faire également, c'était sa conscience qui le travaillait tout le temps, et fallait croire que ce n'était pas bien différent pour la belle rousse, l'on évitera de détailler les passages sordides des cauchemars du mercenaire mais c'était assez dégueulasse et horrible, mais depuis le temps il... y était plus ou moins habitué, même s'il on ne s'habituait jamais à ce genre de truc, on pouvait peut être tenter de le "banaliser", mais ça laissait toujours des séquelles.
Sa nuit risquait d'être longue, et, les retournements dans le lit, les gémissements et autres bruits provenant de la chambre de Marine ne le rassuraient pas non plus... Malgré le fait qu'elle lui ait dit de s'occuper de ses affaires, peut être par curiosité malsaine aussi, il sortit de sa chambre en utilisant sa cape / capuche comme un grand peignoire, et pénétra discrètement, silencieusement dans la chambre de Marine.
Il s'approcha du lit, en tournant autour, se positionnant dans le coin sombre à coté de la fenêtre, ainsi, elle ne le verrait peut être pas immédiatement si elle se réveillait, il la regarda bouger sous les draps, l'écouta gémir, et même, crier de plus en plus fort, cette personne était drôlement torturée pour son jeune âge, et quelque part il avait presque l'impression de se voir dans un mirroir, il restait là, croisant les bras, parfois pinçant une de ses griffes entre ses lèvres par anxiété "partagée" par empathie de la voir souffrir dans son sommeil de la sorte, trépignant parfois un peu des pieds.
« Non… arrêtez… je vous en prie… je vous jure… je me vengerai… espèce de salaud… je me vengerai… ahhhhh… »Elle était bel et bien une victime... il n'en était pas tout à fait sûr même s'il le soupçonnait un peu, maintenant tout doute était dissipé, son vieux coeur de tigre se pinça un peu, juste avant qu'elle ne se mette à crier, à hurler, et ne se réveilles en pleurs, en larmes et en sueur, Khaléo resta un instant figé de surprise, de peur, il n'avait absolument rien à faire là, et elle lui avait bien stipulé que dorénavant ils n'auraient que des relations employé, employeur, quand bien même, il s'assit sur le bord du lit et attrapa le visage de Marine entre ses mains, lui dégageant quelques mèches du visage rapidement pour qu'elle s'aperçoives qu'elle se trouvait bel et bien dans sa chambre, à l'auberge, et plus dans son cauchemar.
"-Lààà... làààà... ça suffit... c'est terminé... c'est terminé... ce n'était qu'un cauchemar... "Son magnifique visage de porcelaine ruisselant de sueur et de larmes était encore plus beau ainsi humidifié, il ne put s'empêcher, de lui poser un baiser sur la joue pour tenter de la rassurer, goûtant à sa peau, sa sueur et ses larmes salées, lui caressant du revers des doigts les joues de haut en bas, puis finit par doucement la relâcher au cas où elle s'emporterait où rentrerait dans une fureur noire suite à son geste, et, sa présence dans sa chambre.
"-Ne... ne vous méprennez pas... j'ai entendu d'étranges bruits... j'ai... une ouïe fine... et j'ai cru qu'il y avait un... agresseur... dans votre chambre...""-Je suis... soulagé, que ça ne soit pas le cas..."