« Je prendrais deux morceaux de sucre dans le thé, merci »
Son détournement de situation avait marché. Grâce au ciel ! Elle s’occupa du sucre et lui en mit deux dans sa tasse. Elle était très gênée de la situation. Son baiser avait été spontané, elle n’avait pas vraiment réfléchie à ce qu’elle faisait. Mais elle se demandait si, au fond, elle n’en avait pas eu envie. Elle se concentra sur sa propre tasse et se mit à remuer sa cuillère afin de refroidir son propre thé.
Le silence s’installa. Hirano semblait gêné, lui aussi, par la situation. Elle avait peur de l’avoir froissé. Elle craignait de le voir s’en aller. Elle se reprocha son comportement. Timidement, elle jeta un coup d’œil vers le jeune homme assis auprès d’elle. Il en fit de même.
« Kairi... heu...je... »
Elle eut très peur de ce qu’il allait dire. Elle l’entendit s’éclaircir la voix. Elle retint sa respiration, s’attendant au pire.
« Je... je dois t'avouer une chose. Depuis que je t'ai rencontré ce soir là, je n'arrête pas de penser à toi. Tu hantes mon esprit. À chaque fois que je ferme les yeux, je te vois. Quand je suis loin de toi, je me sens seul et abandonné. Tu es dans ma tête autant que tu es dans mon cœur »
Kairi ne s’attendait pas du tout à une telle déclaration. Elle qui était persuader qu’il allait s’en aller à cause de son baiser. Elle était sous le choc. Elle ne pensait qu’il ressentait ça pour elle. Elle regarda Hirano, il semblait soulagé comme débarrasser d’un fardeau. Elle-même se sentait heureuse. Même si la déclaration était inattendue, elle n’en était pas moins agréable.
Elle sourit. C’était bien la première fois qu’on lui disait ce genre de choses. Son cœur battait la chamade. Elle avait l’impression d’être sur un petit nuage.
« Je me rend compte à présent de la gravité de mes paroles. Si tu désires ne plus jamais me voir après ça, je comprendrais. Tous ce que je désire ce n'est plus ni moins que ton bonheur »
Hirano semblait inquiet par sa réaction. Il semblait avoir peur qu’elle ne partage pas ses sentiments. Kairi ne savait pas trop comment réagir. Tout son cœur lui disait qu’elle ressentait la même chose pour lui, que lui pour elle. Mais sa raison lui disait de se méfier. Une ombre se dessina soudain dans son ciel bleu. Cela la rendit particulièrement malheureuse alors.
Elle s’était trompée une fois. Son cœur ne supporterait un deuxième choc. Malgré tout ce qu’elle ressentait pour Hirano, elle devait être prudente. Elle devait se protéger. Mais elle ne voulait se séparer d’Hirano. Elle tenait bien trop à lui. Mais comment lui expliquer ?
Kairi soupira. Elle n’avait pas le choix à présent. Elle devait lui parler ou elle risquait de le perdre.
« Je… je suis très touchée par tes paroles. Vraiment ! Et je dois bien avouer – elle sourit et rougit en même temps – Que je ressens les mêmes choses pour toi. Je me sens si bien avec toi, Hirano. Je me sens heureuse et je me sens triste quand tu n’es pas près de moi »
Elle respira profondément. Sa voix devint plus faible et plus triste.
« Mais je… je sais pas comment t’expliquer… mais… j’ai connu quelqu’un, il y a longtemps, au lycée. J’étais très amoureuse de lui et lui de moi. Il était gentil et doux avec moi et puis… du jour au lendemain, il a changé. Il est parti – Les larmes commencèrent à couler sur ses joues – Je l’ai revue, ici, dans cette ville, il y a peu de temps. Mais il avait tellement changé. Il était charmant mais ce n’était plus le même. C’était un monstre, il était devenu un monstre. Il m’a fait beaucoup de mal, aussi bien physiquement que psychologiquement »
Elle éclata en sanglots. Elle n’osait même plus le regarder, tellement elle avait honte.
« Je t’apprécie vraiment, vraiment beaucoup. Mais j’ai si peur aussi. J’ai peur de me tromper. Je le supporterais pas. Si je n’écoutais que mon cœur. Je te dirais combien je tiens à toi… que je… que je t’aime… mais je ne peux pas. Je ne veux pas que tu t’en ailles, je ne veux pas te perdre mais je… je ne sais pas quoi faire. Pardonne-moi, je suis désolé. Si tu veux me quitter, t’en aller, je comprendrais »
Elle finit par s’effondrer sur la table, la tête au creux de ses bras. Elle était violement secoué par ses sanglots. Il allait s’en aller, l’abandonner. Elle le savait. Elle avait tout gâché. Mais qu’avait-elle donc fait ?