La lumière du soleil traversant les fenêtres me réveille de ma torpeur, les yeux piquants je place comme je peux ma main pour arrêter d’être ébloui le temps que je reprenne mes esprits. Je me souviens alors du combat contre Virgil, j’ai failli y passer encore pour la seconde fois en trois jours, je me redresse pour m’assoir lorsque je sens une main là où je pose la mienne. Je vois alors Lyadril inconsciente, je me souviens alors lui avoir demandé de soigner notre ennemi, puis elle m’a soigné moi…mais je vois les draps en sang et les marques de griffes dans sa chair n’ont pas été soignés, et ne voyant aucun matériel, je réalise tardivement qu’elle a soigné tout le monde sauf elle.
Je me lève soudainement du lit, tentant de rassembler mes idées, je ne suis pas sur qu’elle ai du désinfectant qu’on trouve en pharmacie ici, pourtant elle doit être soignée…je prends son pouls, elle ne semble pas en danger immédiat, je la soulève et la ramène dans sa boutique, n'osant pas entrer dans l'intimité de sa chambre, profitant des lieux j’ai le temps de fouiller les carnets dans sa boutique pour trouver une indication sur comment la soigner. A cet instant je n’ai pas de pensée parasite, concentré sur une seul tâche, je trouve quelques carnets, certains écrits en elfique, d’autre en démonique.
Les notes en démoniques sont pour les poisons, une fois ce constat fait, je me concentre sur tous les écrits en elfique. Lisant des pages en vitesse pour trouver un remède, je ne suis pas capable de tout comprendre au langage technique. Je me base alors sur l’essentiel, pour désinfecter il faut de la lavande, du thym, et de la camomille pour la cicatrisation.
Fouillant mes souvenirs sur les gestes qu’elle fait quand elle prépare un onguent, je chope un mortier et broies les plantes comme je peux, ajoutant du miel pour que ça tienne sur ses plaies. Espérant que ça n’aggrave rien, j’applique la pate sur ses plaies, de façon maladroite, je dois récupérer un trop plein sur une des plaies pour réussir à toutes les couvrir, puis arrachant une de mes manches, je recouvre le tout en faisant un nœud, avant de la porter dans mes bras. Je réalise alors combien elle est légère, et la dépose sur un lit propre, caressant ses cheveux et son front.
- Repose-toi, je ne vais pas rester les bras croisés en attendant.
Prenant les draps sales, je fouille un moment pour trouver la machine à laver rangée dans le sous-sol, à peine le temps de le dire, les draps sont chargés dedans et le programme lancé. En attendant, la situation m’a permis de réaliser que si elle est blessée je ne suis pas en mesure d’être efficace pour la soigner, et l’alliance finirait aussi vite qu’elle a commencée. Alors l’urgence passée, et restant à son chevet, je me penche sur ses carnets de note pour me perfectionner aux soins, ça sera toujours utile de toute manière.
Cela étant, si l’apprentissage de l’elfique avait été surprenamment simple, les subtilités et les mots technique liés à l’herboristerie et à la curation sont une autre paire de manche, retenir le nom de chaque plante, leur aspect et leur capacité curative dans le détail me semble être un labyrinthe ou une œuvre de Tolkien, obligé de relire plusieurs pages précédentes pour comprendre ce que racontes les pages suivantes, et dès que je pense avoir compris, je m’y perds à nouveau. Je finis par avoir mal à la tête…
Les heures passent et elle ne se réveille toujours pas, ses blessures ne semblent pas infectées, c’est déjà ça, je la laisse continuer à se reposer. J’ai déjà étendu les draps lors de ma pause de lecture, et ai commencé à préparer le repas, un risotto de betteraves en entrée, un bobun avec un bouillon à bases d’herbes aromatiques, et en entrée un cheesecake de matcha qui repose dans le frigo.
Retournant m’assoir près d’elle, mon inquiétude grandit…je me souviens alors la charge furieuse que j’ai lancé lors de notre combat alors qu’elle était en danger…sans vraiment faire attention à ce que je fais, je prends sa main dans la mienne, posant mon front dessus je reste à ses côtés, attendant un signe d’amélioration…elle semble apaisée, sans son masque habituel je réalise que je la vois pour la première fois naturelle, sans faux semblant, sans gêne, sans colère, juste…sereine, mon cœur accélère un peu, alors que je dépose un baiser sur sa main, hésitant, mais ne pouvant me retenir…
- Ne me laisse pas Lya’ je t’en prie…
La nuit commence à tomber, et je ne lache que pour allumer la bougie à coté…mais alors que je comptais prendre une allumette, je veux l’allumer via les arcanes, me souvenant la leçon de se matin qu’elle m’a donné. Seulement je ne souhaite pas reproduire mes exploits qui risqueraient de mettre le feu à sa boutique. Alors posant ma main au dessus de la mèche, à cinq centimètres comme elle m’a appris, je fixe mon objectif…ressens l’énergie de la bougie, ce qu’elle me dit, et dans un souffle naturel
- Nai gilthoniel (que la lumière brille)
Et sans effort supplémentaire, la flamme apparait, là où j’avais échoué ce matin en utilisant l’elfique…c’est au même moment que je sens ma main dans la tienne être serrée. Tournant la tête, je la vois commencer à ouvrir les yeux, un sourire incontrôlé dessinant mon visage, je fais au mieux pour le dissimuler. Mais au fond je suis rassuré de la voir éveillé, et plus encore…
- Tout vas bien, tu es en sécurité…prends le temps qu’il faut.
Réflexe ou acte manquée, je dépose mes lèvres sur son front.