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Agonie & herboristerie [Lyadril]

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Lyadril Ilfirin

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Re : Agonie & herboristerie [Lyadril]

Réponse 15 mardi 09 septembre 2025, 01:06:26

Lyadril ne détourne pas les yeux lorsque la lame effleure sa peau. Sa main gauche, offerte, tremble à peine sous l’entaille. Son regard, ancré dans celui de Réo, ne vacille pas, rougeoyant d’une intensité implacable. Elle accueille la brûlure, puis le sang mêlé au sien, comme une fatalité nécessaire.

À l’instant où leurs fluides se confondent, un grondement secoue l’herboristerie. Les sceaux tracés sur les murs éclatent dans une pluie d’étincelles sombres, les protections magiques se disloquent dans un souffle qui fait vibrer les vitres. La porte menant à l’Enfer gémit, ses runes incandescentes craquelant sous la pression, comme si l’alliance de leurs sangs avait brisé un équilibre ancien.

Lyadril frappe aussitôt du pied gauche. La hallebarde jaillit du néant, noire et écarlate, vibrant d’un feu infernal. Son aura se déchaîne, ses cornes s’allongent, ses ailes d’ombre et de braises se déploient. Sa forme démoniaque s’impose, majestueuse et terrifiante.

Sans un mot, elle fonce jusqu’à la passerelle de pierre menant à la porte. L’air crépite autour d’elle, le sol se fissure sous la force de son passage. Arrivée devant l’arche béante, elle plante la hallebarde en travers, scellant physiquement l’accès.

Ses lèvres murmurent un enchaînement d’incantations gutturales, un dialecte des Enfers que peu d’oreilles vivantes ont entendu. D’un geste brusque, elle dresse de nouveaux sceaux dans l’air, des chaînes incandescentes qui s’enroulent autour de la porte. Chaque mot, chaque frappe de son arme résonne comme une condamnation.

Enfin, elle relève sa main gauche, encore sanglante, et laisse couler une traînée de son sang directement sur les runes. Le rouge se mêle au noir, et la porte hurle une dernière fois avant de se figer. Les flammes s’éteignent, remplacées par un silence profond, presque oppressant.

Halètement court, Lyadril reste un instant immobile, puis essuie la plaie ouverte sur sa paume contre sa robe sombre. Ses yeux toujours incandescents se tournent vers Réo, lucides, sans une once de faiblesse.

"Voilà. La porte est scellée. Tant que je vivrai, aucun démon n’en franchira le seuil. Et si mon sang a permis de la refermer, c’est que désormais… il est lié au tien."

Ses mots tombent comme une lame, à la fois promesse et sentence. Puis, lentement, elle resserre sa prise sur sa hallebarde et esquisse un sourire sans chaleur :

"Qu’il nous veuille ennemis ou alliés, peu importe. Désormais, il nous craindra tous les deux."

Le silence après le scellement est lourd, presque irréel. Mais à travers les murs de pierre, dans les veines du sol, quelque chose pulse encore. Une onde sourde traverse l’herboristerie, si profonde qu’elle semble résonner jusque dans leurs os.

Lyadril fronce les sourcils. Ce n’est pas seulement la porte qui a été verrouillée. Son sang et celui de Réo, mêlés dans l’acte, ont réveillé une empreinte plus ancienne, une barrière tissée autrefois par sa mère, Elarinya.

Du fin fond des Enfers, une conscience s’ébranle. Az’Kharel.
Il l’a senti. Non seulement le verrouillage de la porte, mais la nuance subtile qui l’accompagne : la trace d’Elarinya, son ennemie intime, sa défunte épouse, qui, même après sa mort, continue à défier son emprise. Mais cette fois, quelque chose est différent. Le sceau n’est pas uniquement elfique : il est nourri de deux sangs, celui de sa fille et celui de son ancien commandant.


Un rire lointain, étouffé, semble traverser les flammes de l’abîme. Ni Lyadril ni Réo ne peuvent l’entendre pleinement, mais tous deux ressentent un frisson glacé, comme si une ombre avait effleuré leur nuque.

Lyadril baisse enfin les yeux vers sa paume gauche. La plaie ouverte a commencé à se refermer, mais à l’endroit de l’entaille demeure une marque sombre, irrégulière, comme une rune inachevée qui pulse faiblement. Elle lève son regard vers Réo : sur sa main, le même sceau luit à peine, rouge sombre.

Elle serre les poings.

"Il le sait… Il a senti ce que nous avons fait."

Ses yeux s’assombrissent, rouge incandescent. Elle montre sa paume marquée, son souffle légèrement tremblant malgré son ton froid :

"Ma mère avait placé ses protections pour m’éloigner de lui, pour empêcher l’Enfer d’envahir ma vie. Mais en liant mon sang au tien… c’est différent. Désormais, il saura que tu es à mes côtés. Il saura que nous avons choisi de lui tourner le dos."

La rune palpite doucement, puis se fond dans la peau, invisible à l’œil nu. Seuls les initiés aux arts infernaux pourraient la déceler, preuve indélébile de leur serment.

Lyadril reprend, avec une ironie glaciale :

"Un sceau que seuls ses fidèles pourront reconnaître, ou les hauts-elfes pratiquant Les Arcanes. Autrement dit, il vient de nous offrir un masque… et une cible."

Elle relève sa hallebarde, la pointe vers la porte close, et un sourire amer, presque cruel, se dessine sur ses lèvres :

"Mais qu’il sache. Qu’il sente. Plus il croit nous tenir, plus il nourrira la force qui nous fera le briser."

*************

Au plus profond des Enfers, Az’Kharel est immobile, sa présence massive se mêlant aux flammes et à la cendre. Un frisson parcourt sa conscience. Une vibration inhabituelle, subtile mais persistante, l’avertit d’un changement.

Son attention se concentre, et il perçoit une signature ancienne, familière, mais altérée : le sang de sa fille, mêlé à celui d’un autre. Un sceau, ancien et puissant, laissé par Elarinya, sa défunte épouse, et maintenant réactivé d’une manière qu’il n’avait pas anticipée.

Au lieu de ressentir colère ou menace, un sourire lent étire ses lèvres. La logique de sa réflexion est simple : si Lyadril scelle ainsi la porte avec le sang d’un autre… c’est qu’elle a reconnu la nécessité de revenir vers lui. Elle se prépare, elle reviendra. Elle reviendra à moi.

Un rire bas, presque paternel, résonne autour de lui, vibrant dans les flammes. Chaque pulsation du sceau lui est un murmure : «Elle m’écoute encore, malgré tout.»

Il ferme les yeux, savourant cette sensation, ignorant totalement que ce sceau n’est pas un acte de loyauté, mais de défi. Pour lui, c’est un jeu subtil qu’il croit maîtriser. Il sent l’empreinte de sa femme dans cette protection, et un pincement d’émotion — rare, presque humain — traverse sa fierté démoniaque.

«Parfait…» murmure-t-il. «Ma fille reviendra. Elle revient toujours.»

Mais sous cette assurance, une nuance lui échappe : la force de cette alliance ne le servira pas, mais l’affrontera. Le sceau est visible pour ceux qui connaissent les arts infernaux, mais il est scellé par deux volontés indépendantes, et non par sa domination. Az’Kharel le sent, et pourtant il choisit d’y voir un signe de fidélité.

La flamme d’illusion danse dans ses yeux, tandis qu’au loin, la barrière sur la porte de l’herboristerie pulse toujours, symbole d’une alliance inattendue et d’une force qui pourrait bien transformer les plans du général infernal.
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Réo

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Re : Agonie & herboristerie [Lyadril]

Réponse 16 mardi 09 septembre 2025, 23:03:43

Le contact de nos mains et de nos sangs me fait ressentir comme un puissant choc électrique me traversant tout le corps, incapable de prédire si c’est le mélange de nos fluides, ou le simple contact physique qui me fait sentir ça, mais en même temps un fracas de tous les diables résonne dans la boutique, et aussitôt je revois pour la seconde fois l’apparence démoniaque de l’hybride qui sans une explication s’empresse d’aller redessiner le sceau menant à l’enfer, je décide de te suivre et t’observe sans geste parasite, implacable et en un instant les verrous détruis sont remplacés, mais je le ressens ils sont nettement plus puissants et complexe qu’avant.

Je ressens en même temps une perte d’énergie, comme si nos essences avaient participé à cette nouvelle protection. Je vois bien qu’elle a aussi payé ce prix, semblant épuisée.

"Voilà. La porte est scellée. Tant que je vivrai, aucun démon n’en franchira le seuil. Et si mon sang a permis de la refermer, c’est que désormais… il est lié au tien. Qu’il nous veuille ennemis ou alliés, peu importe. Désormais, il nous craindra tous les deux."

J’acquiesce, dessinant un sourire de satisfaction en repensant à comment le hasard a retourné la situation en ma faveur. Je me dis à cet instant que l’apparition de Melkior la veille était finalement une bénédiction…Quoi que, voir sa face de rat n’a jamais été plaisant.

Le silence s’installant devient pesant, je suppose que la prochaine étape est de me rétablir pour envisager l’avenir. Mais le visage de la succube se ferme, quelque chose ne va pas, je m’approche pour en savoir plus, me tenant au mur pour ne pas flancher. Alors que je lui prends l’épaule pour voir si tout va bien, il me semble entendre un rire lointain, familier, et un frisson comme si un danger nous guettait nous enserre tous les deux. Tous deux avons compris qu’il savait, peut être en connais-elle la raison, ce n’est pas mon cas, je ne comprends pas comment il peut déjà le savoir, mais il sait…
Tant mieux, je n’ai rien à lui cacher, et le connaissant, il se monte la tête en pensant que ce qui arrive est à son avantage. Je lui souhaite de tout cœur de continuer, ça ne fera que nous faciliter la tâche. 

Mais son visage se ferme alors qu’elle observes sa main, là où je t’ai entaillé, puis elle observe la mienne avec la même entaille mais…une marque y est apparu, palpitant presque comme un cœur, je ne suis pas expert en arcane, mais ça m’a tout l’air d’être une clé, ou pour être plus précis, la moitié d’une clé. Mon regard se portant vers la porte.

"Il le sait… Il a senti ce que nous avons fait."

-   Il l’aurai appris de toute façon…

La rune disparait peu à peu, comme fondant sous la peau, je peux toujours sentir sa présence malgré tout.

"Un sceau que seuls ses fidèles pourront reconnaître, ou les hauts-elfes pratiquant Les Arcanes. Autrement dit, il vient de nous offrir un masque… et une cible. Mais qu’il sache. Qu’il sente. Plus il croit nous tenir, plus il nourrira la force qui nous fera le briser."

Je peux lire sur son visage la même haine, la même détermination dès que j’imagine le briser, je sais à ce moment là que j’ai trouvé une puissante allié, comme je n’aurai pu en rêver.

-   Bien…l’avenir s’annonce prometteur ma chère…Déjà occupons nous de me rétablir, et toi de te reposer, nous sommes liés désormais, je sais que tu es plus épuisée que tu ne le montre…alors fermes la boutique le temps de récupérer tes forces.

La laissant, je retourne dans mon lit de convalescence, en profitant pour contacter Louis, qu’il me rapporte quelques affaires de rechange. Comme toujours il accepta sans réfléchir, sans se plaindre, par pur attachement. Fermant les yeux, je sens mon corps se relâcher, capable enfin de retrouver un sommeil paisible depuis l’avant-veille.

Lorsque je rouvre les yeux, tu es le visage au-dessus de moi, et une pensée intrusive me dictant que j’ai rarement eu meilleure vision au réveil m’envahit.

-   Tu t’es reposé j’espère, je me doute bien que suivre les ordres ou conseils n’est pas ton fort, mais quand même.

Tu m’indiques que quelqu’un est à la porte et me demande.

-   Oh, merci, ça doit être mon bras droit, il doit m’apporter des affaires de rechange, vu le lambeau que tu as fais des autres.

On pourrait croire que je lui en tiens rigueur, mais c’est avec un sourire sur les lèvres que je partage ma pensée. Prenant le premier tissu qui me tombe sous la main, visiblement un vieux châle, ou une serpillère impossible à définir vraiment, je vais ouvrir à Louis, et apparait dans l’ouverture, un homme aussi grand que moi, habillé de manière impeccable dans un costume trois pièces teinté de vert, ses cheveux bruns masquant en partie son œil droit, laissant le gauche paré d’un monocle libre de tout obstacle, portant des gants immaculés, et un sac en bandoulière.

-   Monsieur, ravi de voir que vous semblez bien portant. Il s’incline respectueusement

-   Louis, je t'ai déjà dit de ne pas faire tant de manière, déjà je te remercie pour mes affaires.
 
L’invitant à entrer, je te présente à lui, alors que je la sens méfiante.

- Madame, je vous remercie d’avoir soigné Monsieur Réo, il néglige tellement sa santé. J’espère qu’il finira par rencontrer une compagne qui lui donnera l’envie de se préserver.

S’inclinant également face à Lyadril, j’ai une furieuse envie de pousser une guelante contre lui de me mettre dans l’embarras…mais attends, pourquoi je le suis d’abord ? Comme s’il sous entendait qu’elle pourrait être cette personne, mais finalement il a juste parlé de son inquiétude. Elle lui tend un tasse de thé par savoir vivre, mais il me semble percevoir une étrangeté dans son regard suite à la remarque de Louis.

Pensant me tromper, je chasse cette pensée, et une fois que Louis en a fini, je lui explique que je risque d’être absent quelques jours le temps d’être totalement rétabli, et que je lui laisse les rennes de l’Eden en mon absence.

- C’est un grand honneur Monsieur. Merci.

Et c’est après des au revoir, trop solennels à mon goût, que je le laisse repartir.

-   Ne fais pas trop attention à lui, il m’infantilise alors qu’il a tout juste la vingtaine.
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Lyadril Ilfirin

Créature

Re : Agonie & herboristerie [Lyadril]

Réponse 17 mercredi 10 septembre 2025, 18:02:49

-   Bien…l’avenir s’annonce prometteur ma chère…Déjà occupons nous de me rétablir, et toi de te reposer, nous sommes liés désormais, je sais que tu es plus épuisée que tu ne le montre…alors fermes la boutique le temps de récupérer tes forces.

Oh tiens. Il la tutoie ? "Ysilnar drel’kor…" (Par les racines brûlées d’Ysilnar…) Quand ont-ils cessé de se vouvoyer ? Elle se souvient seulement qu’au départ, elle l’avait tenu à distance, dans les formes. Ma chère ?… Trop de familiarités à la fois, malgré leur alliance scellée dans le sang. L’espace d’un instant, Lyadril a peur. Peur de s’attacher.

Plus épuisée qu’elle ne le montre ? À quoi le voit-il ? L’herboriste reprend peu à peu ses traits elfiques et fait disparaître sa hallebarde, comme pour couper court à cette remarque. Toutefois, il n’est pas encore l’heure de fermer la boutique. Elle se refuse à priver quiconque de ses soins, au risque de laisser une vie sans aide.

Réo regagne seul son lit de convalescence. Elle aurait pu l’accompagner, mais préfère respecter son intimité, ses besoins d’appeler ses gens pour quelques affaires, et surtout son besoin de sommeil. Refermant doucement la porte derrière lui, la soigneuse attend qu’il s’endorme avant d’aller déposer près de lui un tissu ancien, transmis de génération en génération dans la famille de sa mère. Un vieux morceau semblant n’être qu’un chiffon… mais auquel les hauts-elfes attribuent des vertus pour apaiser les songes et éloigner les cauchemars.

Pendant que son patient se repose, Lyadril ramasse et nettoie les dégâts. Son herboristerie ne saurait rester dans un désordre pareil. Une fois l’ordre revenu, elle se plonge dans sa salle de préparation et s’affaire : une crème contre les brûlures, mêlant eau, vinaigre de cidre et miel. Une autre contre les coupures, à base de cire d’abeille, de ciste ladanifère, de beurre de karité et de propolis. Une décoction de reine-des-prés, toujours utile. Et pour le convalescent autant qu'elle-même : un thé d’exception, Gyokuro Wazuka.

À peine a-t-elle fini qu’un homme franchit le seuil. Grand, aussi grand que son patient, vêtu d’un costume trois pièces d’un vert impeccable, les cheveux bruns masquant partiellement un œil, l’autre orné d’un monocle brillant. Des gants immaculés habillent ses mains, un sac en bandoulière lui pend à l’épaule.

"Soyez le bienvenu à Dae & Calad. Prenez la peine de vous asseoir, je vais voir si le patient est réveillé et s’il peut vous recevoir."

Elle referme la porte derrière elle, se dirige vers la chambre. Sa part sombre ricane en silence : après tout, ce n’est qu’un incube, et les hommes à conquêtes multiples, très peu pour elle. Mais en même temps, qui apprécierait de se réveiller avec quelqu’un penché sur soi, le décolleté à découvert ? Elle se penche donc, place une main sur son cœur pour masquer, et l’appelle doucement.

"Réo ?"

Il émerge, encore alourdi de fatigue.
-   Tu t’es reposé j’espère, je me doute bien que suivre les ordres ou conseils n’est pas ton fort, mais quand même.

La propriétaire du lieu détourne la tête, choisissant de ne pas répondre. Quelques secondes passent avant qu’elle n’informe :

"Quelqu’un est à la porte."

-   Oh, merci, ça doit être mon bras droit, il doit m’apporter des affaires de rechange, vu le lambeau que tu as fais des autres.

Son ton, son sourire même, effacent la pique, et Lyadril esquisse un demi-sourire en retour. Elle conduit l’inconnu jusqu’à la porte, puis file dans la salle de préparation chercher un plateau chargé de la boisson chaude préparée quelques instants plus tôt et de tasses en grès.

Réo la présente. D’abord méfiante, l’elfe est troublée par l’émotion sincère dans la voix de Louis.
"Je n’ai fait que mon devoir, monsieur." s’incline-t-elle doucement en retour.

Mais comment réagir face à sa remarque suivante ? L’elfe rougit malgré elle, tandis que la démone en elle esquisse un sourire presque cruel. Pour masquer ce trouble, elle s’empresse de servir le thé, puis se souvient de ses préparations en trop.

"Louis ? C’est bien cela ? Tenez, c’est pour vous. En remerciement d’être aussi attentif aux besoins de votre… partenaire d’affaires."

Elle s’efface ensuite, leur laissant le temps d’échanger. Lorsque Louis repart enfin, Réo retrouve son alliée à l’îlot d’accueil, un livre ouvert entre ses mains.

-   Ne fais pas trop attention à lui, il m’infantilise alors qu’il a tout juste la vingtaine.

Lyadril relève la tête, elle pensait que Louis avait la trentaine.
"Sans vouloir t’offenser… qu’il connaisse ou non ta nature, je pense qu’il s’inquiète réellement pour toi. Mais il est vrai que je ne connais pas cela. Je peux me tromper."

Elle observe la lumière décliner derrière les vitraux.
"Mais je manque à mes devoirs, en tant que ta sauveuse. Préfères-tu rester ici le temps de ta convalescence… ou passer ces jours chez moi ?"

Il accepte. Et lorsque, vêtu de propre, il la suit par l’arrière-boutique à l’heure de fermeture, quelques pas suffisent à atteindre sa demeure.

Lyadril ouvre la porte d’un geste mesuré. Un souffle parfumé d’herbes rares s’échappe dans le couloir. Elle s’efface légèrement, son regard aux lueurs d'étoiles filtrant à travers un feuillage nocturne accroche celui du démon, et lui indique l’intérieur d’un mouvement élégant de la main.

"Entre."

Le hall d’entrée s’impose dès qu’il franchit le seuil : marbre blanc aux veines vertes et argentées, tapis rouge profond, statues hybrides entre grâce elfique et menace démoniaque, miroir spectral posé sur une console gravée. Tout respire à la fois raffinement et avertissement.

Le salon suit, cœur vivant de l’appartement : cheminée en métal vert patiné aux lueurs mouvantes, canapés rouges profonds, coussins argentés, vitraux teintés filtrant la lumière, tapis riche aux motifs entrelacés, cristaux lumineux vibrant d’une magie subtile. Un équilibre fragile entre hospitalité et mysticisme.

"Je t’amène à la chambre d’ami."

Un détour, un couloir, et la chambre se dévoile : draps verts ponctués de coussins argentés, lumière douce filtrée par des lampes suspendues, tapis moelleux, commode en bois clair, tableaux forestiers baignés de clarté irréelle. Dans l’air flotte un charme discret, voile de sécurité et de réconfort.

"Je te laisse t’installer. Tu me trouveras en train de cuisiner, quand tu auras fini."
« Modifié: mercredi 10 septembre 2025, 18:23:38 par Lyadril Ilfirin »
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Réo

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Re : Agonie & herboristerie [Lyadril]

Réponse 18 jeudi 11 septembre 2025, 08:24:39

"Sans vouloir t’offenser… qu’elle connaisse ou non ta nature, je pense qu’elle s’inquiète réellement pour toi. Mais il est vrai que je ne connais pas cela. Je peux me tromper."

Je tourne mon regard vers toi, me disant qu’elle n’a pas tort, il s’inquiète réellement, dans les faits nous avons une relation de subordonné, mais au fond il est mon meilleure ami et celui en qui je place une foi aveugle. Et je suis touché qu'elle l’aies remarqué alors que je me pose à moitié affalé sur le rebord d’une fenêtre en pierre, donnant sur un jardin digne d’une elfe, laissant la nature se développer, tout en assurant la grâce et l’harmonie. J’ai rarement eu l’occasion de rencontrer des elfes à vrai dire, mais si je devais imaginer leur ville ou village, ils ne seraient sans doute pas aussi bien traités que ce certes modeste lopin de terre, mais au fond c’est une vue qui restera gravée dans ma mémoire.
Il n’y a que sa voix mélodieusement calme qui me sort de ma réflexion.

"Mais je manque à mes devoirs, en tant que ta sauveuse. Préfères-tu rester ici le temps de ta convalescence… ou passer ces jours chez moi ?"

La proposition me surprend sur l’instant, me laisse sans voix, et me demande un temps de réflexion, laissant un certain silence au milieu de la verrière de la boutique et de l’odeur de pins et huiles essentielles, je me dis que puisque nous sommes alliés, plus nous en savons l’une sur l’autre mieux c’est, restant quand même sur mes gardes par habitude.
J’accepte ton invitation avec plaisir, ça serait impoli de refuser de toute manière.

Précédant tes pas, nous repassons devant la fameuse armoire que j’observe de plus près et dont je sens l’énergie des verrous traverser mon corps contrairement à la première fois que je me suis approché, me disant que c’est un effet secondaire du sceau que j’ai dans la main et du mélange de nos sangs pour le recréer.

Nous passons la porte reliant son foyer, et je contemple le hall d’entrée, d’une propreté chirurgicale et pas moins décoré qu’un véritable manoir, j’y décèle quand même des évidences faisant clairement comprendre que je suis chez elle, notamment les statues qui ornent la pièce, finement ouvragées j’y ressens la dichotomie entre sécurité et danger qui te caractérise tant, et la fine odeur végétale qui flotte dans l’air vient clore le doute s’il y en avait encore un qu’une herboriste totalement dévouées à ses plantes vit ici.

Elle me montre ensuite le séjour, décoré avec le même gout que l’entrée mais laissant planer une atmosphère chaleureuse en voyant la cheminée, les flammes dansantes dans le foyer me rappelle l’enfer, qui est quelques pas d’ici finalement, mais en y regardant, je réalise que grâce à l’ornement général de la pièce, ces flammes loin d’être source de colère et de fureur, sont au contraires apaisantes et réconfortantes.

"Je t’amène à la chambre d’ami."

Me dépêchant de la suivre, me disant que j’aurais l’occasion de profiter des lieux, je découvre ma chambre, modeste au premier regard, mais une atmosphère particulière en ressort, une ambiance douillette et apaisante qui donne envie d’y poser ces valises comme si j’étais en vacances en pleine forêt, ce qui est surprenant car je n’y suis jamais allé.

"Je te laisse t’installer. Tu me trouveras en train de cuisiner, quand tu auras fini."

-   Je tiens à te remercier pour ton hospitalité, je n’ai pas encore tout visité, mais ton foyer est charmant, si je peux faire quelque chose pour t’aider pendant que tu m’héberges, n’hésites pas.

Seul dans ma chambre, je prends possession des lieux, sortant mes affaires du sac que j’ai posé sur le lit je prends le temps de les ranger dans la commode, puis je retourne vers le salon, et me permet d’explorer les différentes pièces. Chaque pièces que je découvre possède une odeur végétale différente, mais pensée pour aller en parfaite osmose avec la fonction de la salle en question pour s’y sentir le mieux possible…

Je finis par pousser une porte depuis le salon qui me conduit visiblement vers le bureau de Lyadril, possédant de grandes rangées de livres dans une bibliothèque en chêne massif, habillé de magnifiques ornementations florales taillé à même le bois, et dans le mur du fond, mon attention fût attire par un tableau gigantesque, à moitié brulé volontairement, je ne vois donc qu’une femme rivalisant avec la beauté de mon hôte que j’imagine être sa mère en notant les ressemblances et ses oreilles d’elfe, bien qu’une partie soit légèrement noircie par les dégâts de l’incinération masquant la seconde personne sur le cadre…

Mon regard s’assombrit, en repensant à Az’Kharel que je devine avoir été à l’origine sur ce cadre, mais qui n’est plus qu’un tas de cendres fumantes, signe non anodin de l’avenir que nous lui réservons…Je repense à ma rencontre avec lui, il m’avait terrifié la première fois que je l’ai rencontré, mais il possédait un charisme le rendant fascinant, les choses auraient pu être autrement, mais son intransigeance et son obsession pour cette guerre me fit perdre tout respect pour lui au fil du temps.

-   Ne sois pas pressé, tu finiras vite comme ton portrait, j’en fais le serment…dis-je à moi-même.

Sur le bureau, rangé impeccablement sur le côté se trouve un carnet, que je feuillette après avoir vérifié que mon hôtesse n’arrivait pas, mais je ne compris que la moitié de ce que je lisais, toute la partie démonique, je devinais qu’elle faisait des recherches pour avoir un meilleur contrôle sur le basculement de ses deux formes, mais je n’en était pas sûr n’ayant que la moitié des informations.
Mais il est temps pour moi de te rejoindre en cuisine, sinon elle pourrait se poser des questions, et je ne suis pas certain qu’elle apprécie que je fouille dans ses affaires, je commence néanmoins à un peu moins l’appréhender, même s’il reste énormément de questions.

Mais au fond, est ce que je m’intéresse autant à sa vie pour l’intérêt de notre alliance ? Ou est-ce une raison plus profonde que je ne suis pas sûr de saisir, et encore moins d’assumer ? En même temps découvrir une personne avec qui j’ai un lien aussi puissant par rapport à mon passé…ce n’était pas quelque chose que j’avais envisagé, en m’effondrant devant l’herboristerie hier soir, je pensais devoir affronter seul le grand général Az’Kharel, mais aujourd’hui, je me dis pouvoir compter sur quelqu’un de mon monde pour la première fois de ma vie…
Traversant le foyer, je finis par trouver la cuisine, dans laquelle, je la vois s’impliquer pleinement. Souriant et détendu par les bonnes odeurs qui chatouillent mes narines, je passe le pas de la cuisine, serein. C'est alors qu'en me voyant elle se prends les pieds dans sa robe manquant de tomber lorsque je la rattrape au dernier moment en la prenant dans mes bras.

-   Besoin d’un coup de main ?
« Modifié: jeudi 11 septembre 2025, 08:38:21 par Réo »
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Lyadril Ilfirin

Créature

Re : Agonie & herboristerie [Lyadril]

Réponse 19 jeudi 11 septembre 2025, 12:57:13

-   Je tiens à te remercier pour ton hospitalité, je n’ai pas encore tout visité, mais ton foyer est charmant, si je peux faire quelque chose pour t’aider pendant que tu m’héberges, n’hésites pas.

Si son invité empoisonné croit qu’elle va facilement accepter son aide, c’est mal la connaître ! Un invité est un invité. Même s' ils sont chez elle et non dans l’herboristerie, Lyadril se fait un honneur de continuer à faire attention à lui, à lui apporter encore les soins nécessaires.

Vu le mauvais temps, et recevant quelqu’un chez elle pour la première fois, l’elfe-démone ne cherche pas à l’impressionner mais à rester naturelle. Lui confirmer sa nature dans leur premier repas ensemble bien qu’elle sache se débrouiller avec la cuisine actuelle. Sur la plaque, est en train de cuire une soupe claire aux herbes elfiques, dont le goût est frais, apaisant et doux, dans laquelle la soigneuse y déposera quelques pétales luminescents qui s’ouvriront et se fermeront dans la chaleur du bouillon lorsque celui-ci sera dressé dans les bols. A côté, cuit doucement un ragoût de venaison aux épices infernales. Les effluves qui s’en dégagent sont de la cannelle sombre, du poivre fumé et une légère pointe de piment carmin. Dans un panier d’argent ciselé se trouve des petits pains légèrement sucrés aux graines d’ombre.

Autant dire que l’hybride ne se rend pas compte du temps qui passe au point qu’elle est surprise lorsque Réo paraît dans la cuisine. Si surprise qu’en voulant attraper la liqueur verte et légèrement mentholée destinée à la préparation du dessert, elle se prend les pieds dans sa longue robe fluide aux teintes vertes et émeraude qui pourrait la confondre avec le cœur des forêts. Le tissu épouse sa taille avec souplesse, s’ouvrant sur un décolleté mesuré mais assumé, laissant deviner la force tranquille qui émane de sa poitrine et de ses épaules nues.

La sang mêlé s’attend à se retrouver par terre mais le jeune homme la rattrape. L’elfe baisse la tête car se sent rougir mais la démone en elle aurait tout de même voulu le taper en plein milieu du torse à cause de leur proximité.

-   Besoin d’un coup de main ?

Et voilà que ce dernier redemande si elle a besoin d’aide. Sa part d’ombre, trop fière, refuserait, mais sa part lumineuse se dit qu’il serait impoli de le laisser s’ennuyer.

Choisis le lieu où tu veux manger. La salle à manger ou le salon principal ? Dans ce cas, j’accepte que tu dresses la table. S’il te plaît.

Remarquant qu’elle commence à s’adoucir un minimum, elle termine sa phrase en étant un peu plus froide et directive. Néanmoins, l’herboriste est encore dans les bras du démon sous sa forme humaine. Tant et si bien qu’elle le quitte d’un coup, peut-être un peu trop brutalement. Il n’obtient pas un merci mais un digne hochement de tête pour l’avoir rattrapée.

Pendant que son empoisonné choisit le lieu du repas et mette la table, l’hôtesse prépare le dessert : dans de fines coupes de verre gravé, elle dépose des fruits rouges confits, puis les arrose de la liqueur qu’elle avait voulu attraper plus tôt.

"Réo, peux-tu sortir le vin clair aux reflets argentés qui se trouve dans le meuble du salon principal ? Je voudrais te le proposer pour accompagner le repas."

Si son incube de père voyait cela…

Le jeune homme ne tarde pas à réapparaître, la bouteille élégante à la main. Le liquide à l’intérieur accroche la lumière de la cheminée, miroitant d’éclats argentés presque lunaires. Il la dépose sur la table dressée avec une simplicité qui contraste avec la noblesse des lieux.

Lorsque Lyadril apporte les plats, un parfum envoûtant emplit aussitôt la pièce : la fraîcheur herbacée de la soupe elfique se mêle aux effluves épicés du ragoût infernal. L’hybride dépose aussi le panier de pains sucrés et les coupes de dessert encore perlées de liqueur.

Elle prend place en face de son invité, droite, mesurée, comme si elle présidait un banquet officiel. Pourtant, ses mains se détendent autour du verre de vin qu’elle lui sert, et son regard, malgré la retenue, trahit une forme de curiosité sincère.

Le tintement discret des verres résonne dans l’air parfumé d’herbes et de braises. Premier partage, premier vrai repas ensemble.
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Réo

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Re : Agonie & herboristerie [Lyadril]

Réponse 20 jeudi 11 septembre 2025, 21:53:45

Ce n’est que lorsque je la rattrape et que le temps semble s’être arrêter un court instant, que j’ai une vue légèrement plus osé de son corps, sa poitrine bien que modeste semble aussi douce, ferme et délicate qu’une rose parée d’épines tranchantes si je m’en approche trop, mais cette vue disparait bien trop vite lorsqu’elle se redresse, le visage aussi rouge qu’une tomate parfaitement mûre…un sourire en coin se dessine sur mon visage une fraction de seconde, brisant mon masque de contrôle de mes émotions.

Choisis le lieu où tu veux manger. La salle à manger ou le salon principal ? Dans ce cas, j’accepte que tu dresses la table. S’il te plaît.

-   Très bien, la table de la salle à manger me semble un peu grande pour nous deux, je vais mettre la table dans le salon, auprès du feu.

Lui demandant où trouver les ustensiles et les serviettes, il n’y a qu’à ce moment que je peux vraiment observer la cuisine dans son élégance, un mélange de vert et de rouge incrustés dans les meubles qui doivent valoir une fortune, chaque ingrédient, chaque bocal, chaque éléments propre à une cuisine sont impeccablement rangés, et placés de manière à tout atteindre facilement, un vrai travail d’orfèvre de l’organisation. Certains idiots la qualifieraient de maniaque.

Ouvrant les placards pour récupérer les assiettes en fine porcelaine, ainsi que les couverts en argents, je descends, et installe une nappe vert pâle, avant d’y déposer les assiettes, couverts, verres à pied, et je trouve un chandelier que j’installe sur la table. Je prends même le temps de faire du pli de serviette pour que le raffinement de la table ne tranche pas avec celui de la pièce.
Cela me prend une dizaine de minutes, le temps de trouver la forme parfaite, avant de revenir te voir, m’enquérir s’il y a autre chose à faire.

"Réo, peux-tu sortir le vin clair aux reflets argentés qui se trouve dans le meuble du salon principal ? Je voudrais te le proposer pour accompagner le repas."

-   Bien sûr, c’est comme si c’était fait.

Retournant dans le salon j’ouvre la cave à vin du salon, que des grands cru elfique. Si elle s’occupe du repas, alors je vais m’occuper du vin pour le préparer afin d’en dégager les meilleurs arômes. Si la cuisine est ton truc, ma spécialité reste l’alcool et comment en tirer le meilleur goût possible. Revenant dans la cuisine, je récupère une carafe, t’observant travailler un instant du coin de l’œil en me demandant pourquoi je fais ça, j’attrape le tire-bouchon et débouche la bouteille avec une aisance et une fluidité égale à la tienne.

En servant une goutte dans un verre pour m’assurer qu’il n’est pas bouchonné, je prends la carafe pour la mettre de biais et verse le vin à l’intérieur, avant de le faire délicatement tourner pour faire sortir tous ses arômes, je le sens pour m’assurer qu’il soit parfait, avant de l’emmener sur la table.

Je m’assois en attendant, pour profiter de la douceur du canapé, veillant à ne penser à rien. Ce qui est compliqué car depuis que nous sommes liés, et que je sens ces odeurs d’herbes un peu partout dans la maison, son visage m’apparait dès que je ferme les yeux…je me demande si c’est le cas pour elle aussi, peut être est ce un effet secondaire de notre alliance.

Je t’entends alors arrivée, les bras chargés de victuailles dont les odeurs viennent chatouiller mes narines et ouvrir mon appétit, bien que j’aie été avec elle quelques instants en cuisine, ce n’est que maintenant que je remarque à quel point elle doit être une vraie cordon bleue.

Prenant place face à moi, j’allumes les chandelles alors qu’elle sert le vin tout en ayant toujours une allure digne, gracieuse et contrôlée. Je me demande alors comment ça serait si elle se permettais d’être moins dans le contrôle, et puis j’ai le souvenir de sa version démoniaque qui me revient à l’esprit.
Me levant avec déférence, je lève mon verre.

-   Je tiens à porter un toast, déjà à celle qui m’a sauvé la vie, sans savoir qui j’étais, et qui a redoublé d’effort, même en l’ayant appris. Mais également à une rencontre, qui bien qu’inattendue, nous offre à l’un et l’autre, une chance de nous libérer d’une emprise qui nous maintient tous les deux en alerte. A toi Lyadril.

Je constate en trinquant avec toi, qu’un discours élogieux de ma part n’était pas dans ton programme. Ce qui m’amuse d’autant plus, réussir à briser la glace qui te sers de masque en permanence sans faire sortir la succube ne doit pas être un mince exploit.

M’asseyant, fier de t’avoir perturbé, mais sincère dans chaque parole et pensée, je découvre une soupe singulière comme je n’en avais jamais vu, les pétales luminescentes qui se meuvent dans le plat me laissent sans voix et curieux, prenant la cuillère à soupe à ma droite, j’ose à peine venir perturbé l’harmonie de l’assiette, et en même temps, il serait impoli de ne pas déguster ce que ma ravissante hôtesse m’a préparer.

Une fois en bouche, la chaleur de la soupe s’efface, donnant un sentiment de fraicheur redonnant une telle énergie à mon corps que je me demande si elle a mis dans la magie dedans, effaçant même la sensation de douleur lancinante que le poison me faisait ressentir il y a encore une minute.

-   Lyadril, je n’ai pas les mots, si ce n’est que si tes talents de soigneuses égalent ne serait ce que tes talents en cuisine, alors les rumeurs selon laquelle tu serais la meilleure des soigneuses ne te rendent pas hommage.

Sur ces paroles, je déguste le reste de la soupe sans dire un mot de plus, profitant de chaque instant.

-   J’aimerai, tant que je suis là te demander quelque chose. L’homme que l’on déteste voulait me forcer à apprendre l’usage des arcanes, mais je lui ai toujours refusé ce plaisir. Cependant aujourd’hui, si tu le veux bien, j’aimerai que tu me prennes comme apprenti, plus on a de connaissances et plus nous sommes puissants individuellement, plus notre force combinée sera inarrêtables.

Je m’attends à ce qu’elle refuse ma demande à vrai dire. Cependant je me souviens qu’à l’époque ma seule raison de refuser venait du fait qu’il en soit à l’origine. Mais au fond ça m’avait toujours attirée. Aujourd’hui l’occasion de palier ce manque et cette ancienne curiosité me reprennent…
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Lyadril Ilfirin

Créature

Re : Agonie & herboristerie [Lyadril]

Réponse 21 vendredi 12 septembre 2025, 00:47:16

Lyadril croit presque rêver lorsqu’elle quitte trop brusquement ses bras. L’espace d’un instant, il lui a semblé voir ce sourire en coin… ou bien est-ce seulement parce qu’elle a accepté qu’il mette la table ? L’elfe n’est pas sûre, et cela l’agace autant que cela la trouble. Son cœur bat un peu trop fort, cognant contre sa cage thoracique comme un tambour sauvage, et la chaleur dans sa poitrine se mêle à un frisson glacé qui lui parcourt l’échine.

Voyant Réo revenir dans la cuisine, elle le surprend en train de déboucher la bouteille. Le geste est sûr, précis, presque élégant, et la lumière des chandelles se reflète dans le verre, projetant des éclats dansants sur ses traits, accentuant les lignes parfaites de son visage. La démone en elle gronde : cette scène a des allures de couple, mais il n’en est rien. Chaque détail, de la vapeur qui s’élève du vin aux reflets sur la table, semble contredire sa vigilance, et elle doit serrer les mâchoires pour ne pas trahir son trouble.

Il lève son verre pour un toast, et ses mots la frappent droit au cœur, comme une lame qui traverse une armure. Elle limite ses réactions au strict minimum, le visage figé dans une dignité parfaite, mais ses pensées se bousculent, turbulentes, s’entrechoquent dans un chaos silencieux. Elle devrait se vexer, devrait hausser les sourcils et tourner le dos à cette audace, et pourtant… il a raison, et son éloge la touche plus qu’elle ne l’aurait voulu.

Alors, contre toute attente, elle porte aussi son verre, sa voix s’élevant avec une clarté souveraine :

"À toi, Réo. Celui qui a abattu Melkior, cette ombre qui fut ma geôle plus que mon gardien. Et à celui qui a su faire vaciller le masque que je m’impose depuis trop longtemps."

Elle boit une gorgée, droite, mesurée, mais ses yeux verts, d’ordinaire presque doux, brillent d’un éclat plus humain, plus vulnérable. Les pétales luminescents de la soupe se referment peu à peu, comme si le plat s’éteignait au rythme de leur consommation, et la vapeur qui s’élève dégage un parfum subtil, floral et légèrement fumé, qui envahit le salon et s’accroche aux rideaux de velours.

Lyadril se lève pour débarrasser leurs assiettes. Ses mouvements sont fluides, presque chorégraphiés, mais son esprit est en désordre. Ses gestes lui paraissent étrangers, comme s’ils étaient détachés de son corps, et le bois de la table, le froid du marbre sous ses doigts, le léger froissement de sa robe contre le sol, tout lui renvoie l’étrangeté de la situation. Est-ce elle qui agit ainsi ? Ou bien la maison, sensible à son état, interfère-t-elle subtilement avec ses gestes ?

En revenant, elle tente d’alléger l’atmosphère :

"Je me débrouille en cuisine elfique et démoniaque… mais dans la cuisine actuelle, je suis un désastre absolu."

Elle esquisse un sourire, presque imperceptible, tandis qu’une odeur douce de cannelle, de noisette grillée et de racines rôties se mêle au parfum plus âcre du vin. Lorsque Réo reprend la parole, l’hybride tressaille : il n’a pas nommé son père. Elle ressent un respect silencieux, qui lui réchauffe les tempes et lui fait vibrer la poitrine.

Mais lorsqu’il demande à devenir son élève dans l’art des Arcanes, elle recule si vivement qu’elle manque de renverser son verre. Ses yeux passent au rouge incandescent, une lueur démoniaque surgissant dans ses prunelles. Un juron guttural, venu du plus profond de ses entrailles, lui échappe malgré elle :

"Khal’thar ven’raakh !" (Que mille chaînes d’ombre m’étouffent !)

L’instant d’après, elle se fige, glacée d’effroi. Son père saura sa décision. La simple certitude fait battre son cœur comme un marteau dans ses côtes. Sa main tremble lorsqu’elle repose le verre, et elle détourne les yeux pour ne pas laisser voir cette panique brute. Le souffle court, elle ferme un instant les paupières, et le parfum chaud de la pièce, mêlé à l’odeur plus âcre du vin, semble s’épaissir autour d’elle.

Quand ses yeux se rouvrent, ses iris ont retrouvé le vert profond de son héritage elfique. La sagesse reprend le dessus, imposant une mesure que sa moitié démoniaque n’a pas.

"Soit. Puisque telle est ta volonté… je t’enseignerai les Arcanes."

Elle se lève brusquement et se précipite dans la cuisine, le claquement de ses pas sur le marbre résonnant comme le battement d’un tambour dans une caverne. L’hôtesse implacable s’efface un instant, remplacée par une femme partagée entre crainte et devoir, chaque respiration trahissant son inquiétude.

Le ragoût de venaison aux épices infernales trône bientôt sur la table. La cannelle sombre, le poivre fumé et le piment carmin s’élèvent en volutes parfumées, s’infiltrant dans chaque recoin de la maison, qui semble respirer à l’unisson avec elle. Lyadril sert avec soin, chaque geste précis malgré le tumulte intérieur qu’elle tente de contenir. Le parfum puissant contraste avec la fraîcheur de la soupe elfique, un rappel tangible de sa dualité.

Elle entame son assiette, mais à peine a-t-elle atteint la moitié que la sonnerie de la porte d’entrée retentit, claire et insistante, tranchant le silence comme un coup de glaive. Son regard s’assombrit. Elle repose lentement ses couverts, se lève et traverse le hall, sa robe fluide effleurant le sol, soulevant un nuage de poussière dorée qui scintille dans la lumière.

Lorsqu’elle ouvre, elle se retrouve face à un elfe de haute taille, ses traits marqués par la noblesse et une gravité glaciale. Ses cheveux, de la même teinte profonde que ceux de Lyadril, trahissent le lien de sang. C’est son oncle maternel.

Leurs voix se heurtent aussitôt en elfique, fluides, rapides, trop mélodieuses pour un étranger mais chargées de tension.

"Ilya nórë mi hauta-nórë marta-nya ná sina !" (Toute la famille s’est réunie aujourd’hui, et toi, tu brilles par ton absence !)

Son ton est cinglant, accusateur. Lyadril soutient son regard, ferme, sans se décaler pour le laisser entrer.

"I nís ilyë teni cala mi vëa sívë." (Ma mère est honorée dans la lumière, où que je sois.)

Le ton monte, les reproches fusent comme des lames. Puis, c’est elle qui lâche, glaciale, un juron qui résonne comme une gifle en elfique :

"Námo hauta-nórëlya, urco úvëa !" (Que Mandos maudisse ta lignée, monstre infâme !)

Un silence brutal tombe, lourd, presque sacrilège. Jamais elle n’a prononcé une insulte si violente envers un membre de sa famille. Mais Lyadril ne cède pas : son vert profond étincelle comme une lame tirée du fourreau, et le hall tout entier semble vibrer à l’unisson de sa volonté.

La tension est telle que l’air se charge d’une chaleur moite et électrique, chaque pierre du hall frémissant comme si elle retenait son souffle. Une statue de marbre se fissure dans un craquement sec et éclate dans un fracas sourd, projetant des éclats et de la poussière sur le sol, comme si la maison elle-même exprimait sa colère contenue.

Lyadril ne cille pas, mais ses narines frémissent, une goutte de sueur perlant sur sa tempe. Son autorité est tranchante, sa voix vibrante :

"Je connais l’identité des assassins. Tu veux que je partage leur table aujourd’hui ? Jamais. Je l’honorerai seule, à ma manière."

Sa voix tremble à peine, mais chaque mot résonne avec une force farouche, comme si la maison elle-même vibrait de sa détermination. Son oncle ouvre la bouche pour répliquer, mais elle l’interrompt, le bras tendu pour barrer le passage.

"J’ai un patient à soigner. Un empoisonnement de scorpion ne souffre pas ton cérémonial."

Son bras bloque toujours l’entrée, mais elle ne ferme pas la porte. Pas par faiblesse : par respect, et par peur aussi, de trahir ce qu’il reste d’elle-même si elle cédait à l’impulsion.

Derrière elle, depuis le salon, Réo peut voir la scène : il ne comprend pas les mots, mais le ton trahit la violence de l’échange, la colère contenue, la douleur à vif. L’air est chargé d’électricité, chaque fibre de la maison vibrant autour d’eux.

Lyadril ne se retourne pas. Elle sait que son invité perçoit tout malgré la barrière de la langue. C’est un choix : laisser la porte ouverte, c’est accepter qu’il soit témoin de cette déchirure intime, et que la maison elle-même garde le secret de ses éclats, de ses colères et de ses forces.
« Modifié: vendredi 12 septembre 2025, 04:45:36 par Lyadril Ilfirin »
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Réo

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Re : Agonie & herboristerie [Lyadril]

Réponse 22 samedi 13 septembre 2025, 00:11:22

Le repas se passe somme toute aussi bien qu’on puisse l’espérer, je suis touché par son toast, j’ignorais qu’elle avait un tel passif avec Melkior, je serais curieux d’en savoir plus le moment venu. Ayant disparu longtemps, c’est vrai qu’il a visiblement évolué en terme de perfidie et surtout de rang social…Quels horreur ce porc a bien pu lui faire vivre…

"Khal’thar ven’raakh !"

C’est surtout sa réaction de recul qui me laisse pantois et circonspect dès lors que je lui ai demandé de me prendre comme élève, je ne montre rien, mais je me sens vexé me demandant si elle a ressenti que je n’aurais pas les capacités, ou si elle s’imagine qu’en m’apprenant ses connaissances je pourrais la trahir. Quoi qu’il en soit voir qu’elle me fuit du regard, et la voir trembler comme une feuille me fait penser que j’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas.

Tant pis, j’apprendrai autreme...

"Soit. Puisque telle est ta volonté… je t’enseignerai les Arcanes."

Euh…d’accord ? je n’ai même pas le temps de la remercier qu’elle s’esquive visiblement furax en entendant ses talons claquer au sol comme les fouets les plus intransigeant de l’enfer. Me retrouver seul ici pendant un moment me provoque une certaine gêne, comme si j’étais de trop. Devrais-je partir ?

Je n’ai pas le temps de me décider qu’une douce odeur me fait vite oublier mon envie de partir, et je la vois réapparaître sous l’arcade donnant sur le salon, un plat imposant entre des mains si frêles, mais habiles il faut l’admettre. Lorsqu’elle dépose le plat, je sens une forte odeur que je reconnais bien, mais que je n’ai pas côtoyer depuis une éternité, des épices venues tout droit des enfers…et j’en aurai profiter pleinement si je n’avais pas remarqué que l’ambiance générale de la pièce se détériorant, passant de calme et harmonie, à un sentiment oppressant qui est prêt à exploser à tout moment mais se contient.

En y regardant de plus près et vu son expression, je devine que la pièce est une fenêtre ouverte sur son état psychologique, qu’elle essaie de contenir et c’est pour ça que les choses ne se détériorent pas. Ignorant comment l’aider je la laisse gérer et apprendrait peut-être au fil du temps à canaliser ses émotions pour la libérer un peu. En attendant la tension se calme pour le moment, et nous pouvons déguster ce délicieux repas, ces saveurs qui feraient fuir la plupart des palais tellement l’épice est puissante, pour moi ne sont que douceurs et succulences à porter de fourchette. Le silence s’étant installé depuis la discussion sur les cours, il fut brisé tel une explosion dans un jardin zen par le bruit de la sonnette d’entrée qui tintille.

Ayant un mauvais pressentiment en voyant son regard s’assombrir, je l’observe se diriger vers l’entrée, et je ne vois qu’une tête qui la dépasse avec une expression hautaine, mais une beauté qui n’appartient pas à ce monde…un elfe ?

"Ilya nórë mi hauta-nórë marta-nya ná sina !"

Je ne comprends rien à ce qu’ils se racontent, mais au ton employé ce n’est pas une conversation amicale, ce qui m’est confirmé encore une fois par la maison elle-même qui semble être sous une tension intenable, comme si elle allait se briser sur elle-même, au point de me pousser à me lever.

"Je connais l’identité des assassins. Tu veux que je partage leur table aujourd’hui ? Jamais. Je l’honorerai seule, à ma manière."

J’approches d’eux, traversant le hall

"J’ai un patient à soigner. Un empoisonnement de scorpion ne souffre pas ton cérémonial."

Je finis par arriver à leur niveau.

- Que se passe t’il ici ? J’ignores qui vous êtes et je n’en ai cure, mais je trouve bien impoli d’interrompre un repas, et de venir pour s’en prendre à la propriétaire des lieux

Faisant la même taille que l’intrus, je viens m’interposer entre eux, sans montrer d’agressivité, mais laissant comprendre que je suis prêt à me battre s’il ne fait pas comme l’artillerie, se tirer ailleurs. Et visiblement il n’a pas l’air d’apprécier qu’un tiers vienne intervenir dans la dispute.

"Man le rathad, egor? I oron, egor i naur?" (Comment oses tu m'adresser la parole insecte ? Son patient ou son animal de compagnie ?)

Il croit impressionné qui avec son elfique ? Mon regard s’assombrit, et mes yeux s’enflamment pour lui faire comprendre qu’il est temps de partir.

"Un démon ? la corruption attire la corruption." Dit-il avec dégout, crachant sur le sol avant de partir d’une manière qu’il s’imagine noble

Je me demande tout de suite qui il peut bien être, mais d’abord je me tourne vers Lyadril pour voir comment elle se porte au vu de l’affrontement. Elle a beau tenté de cacher ce qu’elle ressent, la maison tremble, mais plus uniquement de colère mais également d’une tristesse froide, et profonde.

Le premier réflexe qui me vient est de la prendre dans mes bras, j’ignore pourquoi, mais vu son état ça pourrait être mal interprété, alors je me contente de doucement posé ma main sur son épaule, comme pour lui dire que je suis là, et que ses galères deviennent les miennes également.
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Lyadril Ilfirin

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Re : Agonie & herboristerie [Lyadril]

Réponse 23 samedi 13 septembre 2025, 17:47:02

La propriétaire des lieux sursaute en entendant la voix de Réo qui se rapproche. Elle voudrait lui intimer de ne pas s’interposer, de la laisser affronter seule son oncle, mais les mots se meurent dans sa gorge. Cette fois, elle n’a pas voix au chapitre. Une part d’elle se dit qu’étant donné que c’est un homme qui intervient, peut-être que son oncle se contiendra. Belle erreur.

L’insulte de son parent claque comme une lame nue dans le silence :
"Man le rathad, egor? I oron, egor i naur?" (Comment oses tu m'adresser la parole insecte ? Son patient ou son animal de compagnie ?)

Lyadril sent le feu remonter dans sa poitrine. Elle tremble, de colère, de respect, de peur aussi, mais sa voix s’élève malgré tout, glaciale et vibrante :

"Sina nér… ná néronya… ataninya." («Cet homme… est mon époux… mon oncle.»)


Les mots claquent dans l’air saturé, son souffle à peine maîtrisé. Ses lèvres frémissent, un tremblement trahissant ce que sa posture veut dissimuler. Et soudain, comme un écho involontaire, ce qu'elle vient de dire en elfique, est dit en syllabes gutturales jaillissant de ses entrailles sans nommer l'hérédité oncle-nièce pour autant :

"Khorv’ash nakh… zher’anakh…"

Mensonge adressé à elle-même… et à Réo, pour le protéger des Hauts-Elfes. La jeune femme s’y accroche comme à une bouée au milieu d’un océan déchaîné. La langue démonique s’impose à elle, brisant l’armure de son contrôle. Elle s’interrompt brutalement, comme si elle craignait de libérer quelque chose de plus terrible encore. Son cœur cogne si fort qu’elle croit qu’il va éclater. Son oncle, lui, a tout vu, tout entendu : les yeux de l'inconnu, ceux de sa nièce flamboyant d’une fureur contenue, sa voix vacillant entre deux mondes. Pourtant, elle garde le dos droit, le menton levé, le port altier de celle qui refuse de plier. Hors de question que Réo, dans son dos, la découvre en état de faiblesse.

L’homme la fixe, la mâchoire crispée, puis tourne finalement les talons. Il crache sur le pas de la porte, geste de mépris brûlant, avant de s’éloigner dans un silence lourd, laissant derrière lui une traînée d’amertume glacée.

Lyadril reste immobile quelques instants. Ses doigts tremblent, mais elle refuse de les croiser ou de les cacher : sa seule armure est cette immobilité. Lorsqu’elle sent la main de Réo se poser doucement sur son épaule, elle garde le regard fixé droit devant elle. Aucun souffle, aucun clignement ne doit trahir le tumulte qui la déchire.

L'herboriste inspire lentement, profondément, comme pour rétablir l’ordre dans ses veines enfiévrées. Sa voix, lorsqu’elle finit par s’élever, est d’une maîtrise glaciale, mais chaque syllabe résonne comme une note tendue, au bord de la cassure :

"Je crois que nous avons un repas à terminer."

Sans attendre sa réaction, elle pivote, sa robe l'effleurant lui et le marbre, puis regagne la salle à manger.

Le silence plane encore, mais la maison, sensible, apaise peu à peu ses frémissements. Les murs cessent de vibrer, l’air s’éclaircit, même si les cendres de la dispute restent suspendues, invisibles.

"As-tu besoin que je fasse réchauffer ton assiette ?" demande-t-elle en reprenant place, comme si de rien n’était.

Sa voix a retrouvé un calme appliqué, celui d’une hôtesse déterminée à sauver les apparences.

Elle croque dans un petit pain sucré aux graines d’ombre, la mie douce compensant l’amertume qui lui ronge encore le palais. Une gorgée de vin clair, aux reflets argentés, achève de lisser ses traits figés. Elle fixe la table, attendant que Réo parle, ou mange, ou proteste, n’importe quoi qui l’éloigne de son propre chaos.

La fin du ragoût se déroule dans une ambiance étrangement paisible. Le parfum des épices infernales s’estompe comme si la maison voulait préserver la sérénité fragile après la tempête. Comme pour marquer la transition, le rituel reprend : Lyadril débarrasse les assiettes, ses gestes précis, presque mécaniques, puis allume une musique douce, discrète, juste assez pour briser le silence.

Lorsqu’elle revient, ce n’est pas avec un plat de résistance mais avec le dessert : deux coupes de verre gravé, contenant des fruits rouges confits arrosés d’une liqueur verte aux notes mentholées. Elle les pose avec soin sur la table, ses mains encore tremblantes. Un instant, son regard accroche une vision dérangeante : une statue fissurée, effondrée, ses éclats éparpillés comme des os brisés. Elle se fige, puis revient avec de quoi nettoyer. Agenouillée, elle rassemble chaque fragment, ses gestes lents et mesurés, comme si elle recollait ses propres morceaux.

De retour à table, elle goûte enfin au dessert. Le sucre fond sur sa langue, la liqueur diffuse son feu mentholé dans sa gorge. Ses yeux brillent d’une lueur adoucie lorsqu’elle souffle :

"Si tu n’es pas trop fatigué, nous débuterons ton apprentissage… demain matin, avant l’ouverture de l’herboristerie."

Le silence qui suit n’est plus pesant. Il est attentif, presque chargé de promesses. Lorsque les coupes sont vides, elle débarrasse de nouveau, ses gestes méticuleux soudain traversés d’un murmure : un fredonnement en langue commune. Elle s’interrompt aussitôt, interdite, se demandant si ce simple écho est une conséquence des sceaux de protection tissés avec Réo, ce mélange de leur sang et de leur magie.

"Très bien… je vais te raccompagner jusqu’à ta chambre."

Le hall s’ouvre devant eux, calme, comme si la maison elle-même retenait son souffle. Arrivée devant la porte de sa chambre, elle s’incline légèrement avant de s’éclipser vers la sienne.

Dans sa chambre, l'hybride ferme doucement la porte derrière elle et se dirige vers sa garde-robe. Ses mains choisissent instinctivement une longue nuisette blanche à fines bretelles, douce et légère, qui contraste avec l’intensité de la soirée. Elle la déroule puis la glisse sur sa peau, le tissu effleurant son corps comme un souffle de soie.

La maison semble respirer avec sa propriétaire, chaque pas résonnant doucement sur le sol. Elle se dirige ensuite vers la salle de bains/spa, laissant ses pensées vagabonder entre l’adrénaline du dîner, la tension avec son oncle et le calme fragile retrouvé grâce à Réo.

Dans la pièce dédiée à l’hygiène et à la détente, le bois sombre des étagères luisantes reflète les lueurs vacillantes des chandelles. Les fioles de verre gravé, alignées avec une précision presque cérémonielle, semblent contenir des fragments de sérénité figés dans le cristal. Lyadril en saisit une au hasard, laisse l’huile se mêler à l’eau, et aussitôt un tourbillon d’arômes s’élève, caressant ses épaules crispées, effaçant peu à peu l’étreinte invisible de la tension.

La sang mêlé retire sa nuisette, la pose sur le banc et s’installe dans le bassin chaud, l’eau glissant sur sa peau comme un souffle apaisant. La vapeur s’élève en volutes légères, saturant l’air d’un mélange subtil : les épices de la soirée se fondent aux effluves des herbes choisies pour le spa. Menthe poivrée et eucalyptus éveillent ses sens, camomille et lavande apaisent son esprit, tandis que romarin et thym délient ses muscles fatigués. Chaque inspiration emplit ses poumons d’un parfum presque vivant, vibrant au rythme de ses émotions.

Immobile, les yeux clos, la soigneuse laisse la chaleur parcourir son dos, délier ses épaules, descendre le long de ses bras et de ses jambes. Le clapotis discret se mêle à son souffle régulier, créant un rythme calme et hypnotique. Avoir été à deux doigts de perdre son patient, son alliance avec Réo contre son père, la destruction de la porte menant directement à l'Enfer,  la nouvelle mise en place des sceaux de protection, le tumulte du dîner, l’ombre de son oncle, tout s’efface, absorbé par l’eau et la vapeur.

Ses pensées dérivent entre la violence de la soirée et le fragile apaisement retrouvé. Le contact doux de l’eau, la fragrance des huiles, la chaleur enveloppante : tout concourt à apaiser l’elfe comme la démone en elle. Chaque frisson de vapeur devient un murmure rassurant, un fil invisible reliant son corps et son esprit à ce moment de répit absolu.

Enfin, Lyadril s’abandonne, son souffle s’accordant au clapotis de l’eau. La maison elle-même paraît retenir son haleine, attentive. Dans ce sanctuaire de chaleur et de senteurs, elle trouve un équilibre fragile mais tangible : un instant suspendu où elle peut relâcher la tension accumulée, et simplement respirer, seule avec ses pensées et la caresse des vapeurs.
« Modifié: samedi 13 septembre 2025, 18:42:55 par Lyadril Ilfirin »
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Réo

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Re : Agonie & herboristerie [Lyadril]

Réponse 24 samedi 13 septembre 2025, 20:32:07

L’ambiance reste pesante malgré le départ de l’intrus, pendant un moment Lyadril ne bouge pas, mais j’observe ses mains qui tremblent comme pour contenir ce qu’elle ressent, se battant pour garder ce calme glacial qui la caractérise, commençant par me dire que le fardeau que tu mets sur tes épaules va causer ta perte si tu ne trouves pas un moyen de le canaliser. Mais est-ce seulement possible tant que Az'kharel est en vie ?

J’ignore pourquoi je me soucis de ça, on se connait à peine et je ne suis pas du genre à jouer dans le mélodramatique. En te côtoyant j’ai le sentiment que quelque choses pourraient ne jamais être comme avant, mais j’ignore en quoi. Ça m’inquiète autant que ça m’intrigue.

Mon corps ne bouge pas, je ne dis pas un mot, comme si au fond je soufflais légèrement cela pourrait finir de la briser, comme du verre. Je l’observe donc reprendre consistance par une profonde inspiration, mais le doute se lit par tous les pores de sa peau.

"Je crois que nous avons un repas à terminer."

Je l’observe s’éloigner un instant, l’ayant cru entendre pleurer, mais sans doute est-ce mon imagination qui me joue des tours, toujours digne, je ne l’imagine pas sombrer dans l’étalage émotionnel devant autrui, peut être devrait-elle. Personne ne peut rester dans cet état sans qu’il y ai des dommages irréversible à termes, et que le don de soi qui caractérise ses aspects les plus vertueux ne finissent par s’effacer sous l’aigreur et le désespoir.

Revenu à la table, je me rassois dans mon siège, elle tiens à faire comme s’il ne s’était rien passé, et je ne peux même pas dire quoi que ce soit, n’ayant moi-même pas compris de quoi il retournait.
"As-tu besoin que je fasse réchauffer ton assiette ?

-   C’est très prévenant de ta part, mais ça sera parfait comme ça, ne t’embête pas.

Son attention de reprendre le rôle de parfaite hôtesse tente de reprendre le dessus, mais elle ne peut cacher la fragilité qui transparait dans le tremblement de ses paroles.
Alors dans un silence presque solennel, je déguste mon repas, la complimentant sur ses talents de cuisine, et sur ce délicieux vin qu’elle s’est procuré malgré sa rareté. En même temps qu’est-ce que je peux faire, d’habitude les gens me parlent facilement, se confient, mais là rien, si ce n’est cette sensation qu’une bulle invisible mais aussi réel qu’un mur nous sépare.

Lorsqu’elle apporte le dessert qui est aussi appétissant que tout le reste, voir la détresse s’échappant de son air impassible me fait quelque chose, allant au-delà de notre simple alliance je crois. Comme si je voulais la réparer. Mais comment les gens font ? C’est pas mon truc ça, enfin pas en prenant soin de la personne autrement que sur le plan sexuel pour être plus précis.

Alors en la voyant fixé dans le vide pour s’éclipser et revenir nettoyer, je me lève pour l’aider à ramasser les morceaux malgré ses protestations, elle ne semble pas en état pour faire acter sa décision. Alors morceau par morceau je les mets dans son sac, me disant que c’est tout ce que je pouvais concrètement faire en l’état.

A deux le ramassage se fait rapidement, et une fois revenu à table, je peux entamer mon dessert qui vient adoucir l’ambiance de cette fin de repas malgré le malaise ambiant.

"Si tu n’es pas trop fatigué, nous débuterons ton apprentissage… demain matin, avant l’ouverture de l’herboristerie."

-   Je ferai selon tes souhaits pour apprendre au mieux les arcanes.

Et l’aider à soulager ton fardeau veux-je ajouter, mes les mots restent coincés, comme si mon instinct me dictait de limiter toute familiarité trop importante. Mais lorsqu’elle se lève et fredonne en commun alors que j’entends surtout parler en elfique quand tu ne t’adresses pas à moi je me dis qu’elle doit aller un peu mieux. Je ne la vois pas se figer, refaisant surtout le point sur la soirée.
Je revois cette bibliothèque dans ton bureau, avec des tas de livres sur de nombreux sujets, peut être qu’en faisant l’effort de travailler la théorie des arcanes cette nuit cela la soulagerait un peu, et lui montrerait que je suis décidé à aller jusqu’au bout dans notre projet.

"Très bien… je vais te raccompagner jusqu’à ta chambre."

Me ramenant à la réalité, je l’accompagne, même si je connais le chemin, elle doit vouloir s’assurer que je la laisse tranquille. Je passe le pas de la porte et me tourne vers elle.

-   Merci encore pour ce soir, et tout ce que tu as fait, la journée a été éprouvante, mais…je ne suis pas doué pour dire merci, mais j’espère que tu as compris où je voulais en venir.

Elle a l’air ailleurs et ne réagis pas vraiment à mes paroles lorsque je ferme la porte. Je l’entends alors s’éloigner lorsque je tourne la poignée pour m’assurer qu’elle n’aille pas dans son bureau, mais non, c’est une autre pièce. J’attends d’entendre la porte claquée que je me dirige vers cette fameuse bibliothèque…

Autant chercher une aiguille dans une botte de foin, prenant quelques livres au hasard, je ne comprends décidément rien à ce qui est écrit, tout est en elfique…même si je réalise à quel point c’est logique, ça m’indique que pour avancer, je vais devoir apprendre une langue ancestrale en une nuit…
Bon, reprenons depuis le début, la fouille recommence mais avec un objectif tout autre en tête. Je perds déjà une heure à ouvrir livre par livre pour trouver une piste, au moment où mon attention est attiré par un vieux carnet en parfait état comme si une attention particulière à le préserver avait été portée.

En l’ouvrant je tombe sur de l’écriture démonique, ça au moins je comprends, et ça a l’air d’être les bases de l’elfique. Mon sang se fige en lisant l’inscription à l’intérieur de la couverture : « "Gûl Az'Karhel" »
C’était destiné à ce chien ? puis je repense au tableau derrière moi, en me retournant je vois de nouveau la mère de Lyadril, ça devait lui appartenir. Ce qui explique qu’elle ai pris le plus grand soin de l’un des derniers souvenirs de sa mère.

Cela dit c’est une aubaine. Prenant un siège, et allumant la lampe de chevet du bureau à coté de l’entrée, je me plonge dans l’ouvrage, le lisant assidument, tout me semble d’une logique et d’une clarté surnaturelle, même si je suis loin d’avoir fini, j’ai compris les bases et les maitrises en quelques heures. Je continues plus avant mon apprentissage, jusque tard dans la nuit, il n’y a que la fatigue qui me fit arrêter, m’endormant sur le plan de travail, prenant soin malgré tout de mettre le carnet de coté pour ne pas l’abimer….Mes yeux se ferment, me plongeant dans les rêves, sans avoir la force de retourner dans ma chambre….
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Lyadril Ilfirin

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Re : Agonie & herboristerie [Lyadril]

Réponse 25 samedi 13 septembre 2025, 22:27:15

La chaleur du bassin finit par devenir une étreinte presque trop lourde. Lyadril entrouvre les yeux, s’extrait lentement de l’eau, chaque mouvement mesuré comme pour prolonger le fragile équilibre trouvé dans ce sanctuaire. Elle saisit une serviette de lin blanc, sèche sa peau avec une minutie presque mécanique, puis enfile de nouveau sa nuisette de soie. Le tissu encore frais épouse sa peau réchauffée, comme une caresse réconfortante.

Dans sa chambre, l'elfe éteint les dernières bougies. Elle glisse sous les draps, et pour la première fois depuis longtemps, laisse ses paupières se fermer sans résister. Le sommeil vient vite, lourd, comme une main qui efface la tempête de la veille.

Quand la pâleur bleutée de la lune décline derrière les voiles de la nuit, l'hybride s’éveille. Le silence de la maison est profond, presque solennel. Elle s’assoit au bord du lit, lisse machinalement les plis de sa nuisette, puis se lève pour choisir sa tenue.

Ses doigts glissent sur les étoffes jusqu’à trouver une robe fluide aux teintes de vert et d’émeraude, semblable à un fragment arraché au cœur des forêts. La sang mêlé l’enfile avec lenteur : le tissu épouse ses formes, se serre délicatement à la taille, s’ouvre sur un décolleté mesuré, assez pour laisser deviner la force tranquille de sa poitrine et la noblesse simple de ses épaules nues.

Devant le miroir, l'herboriste discipline sa chevelure. Deux fines tresses, savamment nouées, coulent le long de son buste, comme deux lignes de rigueur imposées à la cascade claire qui s’échappe encore libre autour d’elles. Quand elle achève le geste, un bref sourire satisfait traverse son visage, aussitôt effacé par l’habituelle gravité de son port.

Dans la cuisine, la soigneuse s’affaire au petit déjeuner : thé infusé de sauge et de menthe douce, pain encore chaud réchauffé au four, quelques fruits mûrs découpés avec soin. Ses gestes sont précis, mais une tension sourde s’installe lorsqu’elle constate que Réo ne paraît pas s’être levé.

Elle attend. Quelques instants seulement, mais qui lui paraissent déjà trop longs. Un froncement imperceptible crispe ses sourcils lorsqu’elle quitte la pièce pour gagner les chambres.

Devant la porte de sa chambre d’ami, la jeune femme frappe doucement. Une fois. Puis une seconde, un peu plus ferme. Pas de réponse. Son cœur bat plus vite, mais son visage reste impassible, seul le léger tremblement de ses doigts sur le bois trahit son inquiétude.

"Réo ?" souffle-t-elle, sa voix à peine audible.

Le silence lui répond. Elle entrouvre, vérifie d’un coup d’œil rapide : le lit est vide. Un pli d’agacement traverse ses lèvres, mais sous la rigidité de son masque, une inquiétude brûle déjà.

Elle redescend, traverse le hall, ses pas plus rapides qu’à l’accoutumée. Ses pensées affluent : s’est-il levé plus tôt ? A-t-il voulu explorer ? Ou…

Un instant, la fille de l'Enfer s’autorise un aller-retour à l’herboristerie, persuadée qu’il a pu s’y réfugier. Mais les salles sont vides, chaque alcôve parfaitement en ordre, aucun signe de sa présence. Elle referme derrière elle, l’air un peu plus court qu’à l’aller.

Alors elle fouille sa propre demeure, pièce après pièce. Ses gestes sont toujours ordonnés, mais ils se font plus vifs, moins maîtrisés, comme si chaque battement de son cœur venait briser un peu plus son calme. Enfin, ses yeux s’arrêtent sur la porte de son bureau, entrouverte.

Elle la pousse sans bruit, et le découvre.

Réo, endormi, la tête posée sur le plan de travail, les épaules affaissées, un carnet ouvert à ses côtés. La lampe encore allumée éclaire son profil apaisé, presque vulnérable.

Lyadril reste immobile sur le seuil. La lampe éclaire Réo d’une lueur douce, révélant la fatigue inscrite dans ses traits. Le carnet ouvert à côté de lui porte encore l’odeur du vieux papier, ses pages noircies de lettres qu’elle reconnaît au premier coup d’œil. Sa gorge se serre. Comment ose-t-il fouiller ici ? Son bureau n’est pas une bibliothèque publique, mais le sanctuaire de ses secrets, de sa mémoire, de ses cicatrices. L’indignation grimpe en elle comme une flamme prête à mordre.

Et pourtant… son regard retombe sur ses épaules affaissées, la couverture de cuir posée avec soin à l’écart, comme pour ne pas abîmer l’objet précieux. Le contraste la désarme. Elle voulait trouver une intrusion, elle découvre une attention. Une colère sourde pulse encore dans ses veines, mais elle se heurte à une chaleur inattendue : la détermination maladroite d’un homme qui, au lieu de fuir son fardeau, s’endort dessus.

Elle ferme les yeux un instant, inspire profondément, comme si elle voulait discipliner ce duel intérieur. Quand elle les rouvre, la décision est prise. Elle ne le laissera pas dormir là, courbé sur ce bois froid, comme un enfant trop épuisé pour regagner son lit.

D’un geste fluide, elle effleure son épaule. Pas assez pour le secouer, mais assez pour que sa présence le tire doucement du sommeil. Sa voix s’élève alors, limpide, dans le murmure mélodieux de l’elfique :

"Aurë entuluyva, Réo." ("Bonjour, Réo.")

Ses lèvres esquissent un sourire ténu, presque imperceptible, mais bien réel. Puis, plus ferme, dans la langue commune, elle ajoute :

"Tu n’auras aucun cours sur les Arcanes tant que tu n’auras pas mangé."

Son ton n’admet aucune discussion. Mais sous la rigueur glaciale, une note plus douce s’attarde, comme si son inquiétude refusait de disparaître entièrement derrière le masque de l’hôtesse.

Lyadril, après son "Aurë entuluyva, Réo.", reste immobile à ses côtés. Sa voix, lorsqu’elle prévient qu’il n’aura pas de cours avant d’avoir mangé, tremble légèrement d’un mélange de sévérité et de sollicitude qu’elle peine à masquer. Elle devrait partir, comme à son habitude… mais ses doigts restent suspendus au bord du bureau, effleurant presque le bois poli.

Ses yeux verts se posent sur lui, insistant, presque trop longtemps, comme si elle attendait qu’il ouvre enfin les siens. Un soupir imperceptible échappe à ses lèvres, et elle se surprend à rester là, statufiée par sa propre contradiction : désirer le voir réagir, et craindre ce que cela pourrait déclencher.
« Modifié: dimanche 14 septembre 2025, 09:40:12 par Lyadril Ilfirin »
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Réo

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Re : Agonie & herboristerie [Lyadril]

Réponse 26 dimanche 14 septembre 2025, 10:24:39

"Réo ?"

J’entends une voix lointaine depuis mon rêve qui vient le perturber, mais je suis tellement épuisé qu’elle s’efface rapidement me laissant dans mon songe, comme si je n’étais pas censé l’entendre, que cette voix provenait d’un lieu situé à des kilomètres mais que je peux percevoir pour une raison inconnue.

Je n’ai pas conscience du temps qui a passé, mais lorsque j’ouvre les yeux, je vois Lyadril penchée sur moi, la main sur mon épaule.

"Aurë entuluyva, Réo." ("Bonjour, Réo.")

Je perçois une voix bien plus palpable qui me sors peu à peu de mon songe, et je me sens redescendre dans mon corps en entendant la suite.

"Tu n’auras aucun cours sur les Arcanes tant que tu n’auras pas mangé."

La bouche encore pâteuse et mal réveillé, je lui réponds malgré tout

-   Aurë entuluyva  Lyadil, pedin le na im na vedui, bain nathad na-nadad. (Bonjour Lyadil, j'espère que vos songes ont été paisibles)

Même si je suis mal réveillé, je peux lire la surprise sur son visage, bien que mon accent soit à travailler plus profondément, je lui réponds en elfique comme si j’avais toujours su le parler, mais finalement j’avais assimilé les bases de cette langue avec une rapidité que je n’appréhende pas moi-même. Est-ce parce qu’avec le temps j’ai appris de nombreuses langues de ce monde, ou la raison est-elle plus mystique ? J’ignore si notre pacte dans le sang n’aurait pas transmis certaines de nos connaissances à l’autre de façon inconsciente.

La surprise semblant être passé pour le moment, je me rappelle de la phrase qui m'a réveillé et qui justifie la raison pour laquelle j’ai appris cette langue à la base lorsqu’elle me parle de son enseignement.

Me redressant, je sens un baillement arriver, alors mettant la main devant ma bouche, je ferme les yeux pas réflexe et laisse échapper le bruit caractéristique des bailleurs que je ne parviens pas à retenir. Me faisant légèrement rougir de honte cet incube que je suis à cheval sur l’élégance que je renvoi. Je me décide à me lever de ma chaise et à m’étirer, laissant la naissance de mes abdos apparaitre alors que mon haut de pyjama remonte avec le mouvement.

-   Oh je te demande pardon d’avoir fouillé. J’ai voulu me pencher sur la théorie pour prendre de l’avance, mais tout est écrit en elfique, alors…et bien j’ai trouvé ce carnet pour saisir les bases.

Finissant par la suivre jusque dans le salon je vois qu’il n’y a encore rien sur la table, et commençant à saisir l’importance que tu portes à être serviable, je devine que le petit déjeuner est déjà prêt et attends dans la cuisine.

-   Je vais t’aider à tout transporter, ça sera un moyen pour me faire pardonner, et ça entre en harmonie avec ton souhait que je me nourrisse rapidement.

Ne laissant pas la place à une opposition, je prends déjà autant d’éléments que je peux pour les conduire dans le salon, tandis que je l’entends précéder mes pas.

Me réveillant un peu plus à chaque instant, je réalise qu’il y a quelque chose de changé depuis hier chez l’herboriste qui m’héberge. Elle qui portait le masque de l’absence d’émotion pendant une partie de la journée de la veille, semble ce matin être un peu plus douce, moins dans le contrôle malgré ses tentatives de ne toujours rien montrer.

J’ignore la raison, mais j’imagine trouver cela un peu touchant. Sans pour autant le souligner pour ne pas la mettre mal à l’aise.

Arrivés dans le salon, je retrouve l’ambiance chaleureuse d’un foyer que cette pièce renvoie, me faisant oublier les émotions négatives qui sont venues troublées le dîner de la veille, une nouvelle journée démarre me dis-je en posant les plats en mains sur la table. Ce n’est qu’à ce moment que je réalise les soins que l’elfe a apporté à ce simple mais chaleureux repas. Je m’installe à la même place que la veille, et avec l’aide d’une pince qu’elle a emmené, je me sers en pain sorti du four et dont l’odeur chatouille mes narines et ouvre mon appétit, suivi de quelques fruits et une tasse de thé à l’odeur envoutante.

- Nai elen siluva lyen, a merci na in naid bain. (Bon appétit, et merci pour ce délicieux repas)

Alors qu’elle est installée face à moi, je ne remarque que maintenant le soin qu’elle a apporté à sa chevelure qui rends sa beauté encore plus irréelle que la veille. Je surprends mon cœur battre légèrement plus vite.
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Lyadril Ilfirin

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Re : Agonie & herboristerie [Lyadril]

Réponse 27 dimanche 14 septembre 2025, 12:48:32

-   Aurë entuluyva  Lyadil, pedin le na im na vedui, bain nathad na-nadad. (Bonjour Lyadil, j'espère que vos songes ont été paisibles)

"Goheno nin, estannen nadad lín adui, Réo." ("J’espère que tes lectures ne t’ont pas trop causé de difficultés, Réo.")

Les mots en elfique claquent dans l’air comme une résonance inattendue. Ses yeux se fixent sur lui, écarquillés un instant, incapables de masquer l’étonnement. La langue de ses ancêtres, qu’elle croyait à l’abri de toute intrusion, franchit ses lèvres à lui avec une aisance déconcertante. Sa première pulsion est la suspicion, presque la méfiance : comment a-t-il pu assimiler si vite ce qu’elle-même chérit comme une part intime d’elle ? Mais aussitôt, une autre chaleur monte en elle, un mélange de fierté secrète et d’un trouble plus intime, qu’elle refoule derrière un port altier.

La propriétaire des lieux détourne brièvement le regard, comme pour couper court à cette contradiction qu’elle n’a pas envie qu’il lise dans ses prunelles. Elle se redresse, sa main frôlant, sans faire attention, l'épaule et l'omoplate du jeune homme avant de venir croiser les bras sous sa poitrine, cherchant à rétablir l’équilibre glacé de leur relation. Pourtant, lorsqu’il se lève maladroitement, s’étire et s’excuse, ses yeux reviennent malgré elle vers lui, happés par ce contraste irritant et fascinant : l’effronterie de sa fouille et l’attention qu’il a portée au carnet, la désinvolture de son bâillement et l’élégance inconsciente de ses gestes.

Un sourire imperceptible menace ses lèvres, qu’elle chasse aussitôt en pinçant la bouche. Sa voix se veut ferme, mais elle tremble d’une nuance subtile qu’elle ne parvient pas à effacer :
"Tu as de l’audace, Réo… fouiller où tu n’es pas convié, puis me répondre dans ma langue comme si elle avait toujours été la tienne."

Elle marque une pause, ses yeux verts s’attardant sur lui un peu trop longtemps, avant de conclure plus bas, dans un souffle qui a presque l’intensité d’une confidence :
"Tu me surprends… et c’est une chose rare."

Sans attendre sa réponse, la demi démone l’entraîne vers la table du salon principal, s’efforçant de retrouver la rigueur qu’elle s’impose. Mais lorsqu’il prononce une bénédiction en elfique sur le repas, ses doigts se crispent fugitivement sur la tasse de thé, et son cœur cogne plus vite qu’elle ne l’aurait voulu. Elle baisse les yeux, dissimulant le trouble sous une sobriété forcée. Pourtant, le silence qui s’installe à la table n’a plus la même nature que la veille : il est chargé d’une tension nouvelle, tissée de défiance et de respect mêlés, comme un fil invisible qu’elle n’ose pas trancher.

Le vœu en elfique franchit les lèvres de Réo, limpide, presque solennel. Lyadril reste figée, sa tasse entre les mains, le regard posé sur le liquide fumant. Son cœur bat trop vite, une pulsation insistante qui trouble le masque qu’elle s’efforce de conserver. Elle voudrait répondre, mais ses lèvres refusent de former les mots. Comme si en rompant le silence, elle coupait ce fil invisible qui s’est tissé entre eux, fragile et déjà trop brûlant.

Alors, pour s’échapper, l'herboriste se lève. Ses pas glissent jusqu’à une étagère où repose un ancien phonographe elfique, délicatement orné. Elle ajuste l’aiguille sur un disque finement gravé. Quelques notes s’élèvent aussitôt : une mélodie douce, entraînante, mêlant harpes et flûtes. L’air se remplit de cette cadence apaisante, comme une caresse subtile qui repousse le silence oppressant.

Revenue à table, Lyadril reprend sa tasse. Ses yeux s’ancrent dans ceux de Réo, et cette fois, elle cède. Sa voix, basse mais ferme, s’élève dans la langue maternelle :
"Hantale. Nai i mat nórëlyanna anwavea, ar auta le thand ennas i tirnenya."
 ("Merci. Je te souhaite également un bon appétit. Qu’il t’apporte l’énergie nécessaire pour suivre mon enseignement.")

Un sourire léger, presque imperceptible, effleure ses lèvres sans qu’elle en ait conscience. L’ombre d’une douceur qu’elle ne s’autorise jamais à montrer. Le repas se poursuit dans une atmosphère différente : moins de tension, plus de nuances, comme si la musique et leurs mots en elfique avaient ouvert une brèche discrète dans ses défenses.

Quand ils ont fini, Lyadril se redresse, lisse le tissu émeraude de sa robe. Sa voix reprend un ton plus neutre, mais une note bienveillante subsiste dans son timbre :
"Je vais te laisser un peu de temps pour te préparer. Tu me retrouveras dans mon bureau. La journée sera longue, et il te faudra des forces. Aujourd'hui je ferme exceptionnellement la boutique. Je vais y laisser un mot pour leur faire savoir où me trouver en cas de besoin absolu."

Elle débarrasse avec méthode, ses gestes précis mais plus souples qu’à l’accoutumée, presque fluides. Chaque assiette, chaque tasse retrouve sa place, comme si ranger l’espace lui permettait aussi de ranger ses pensées. Puis, sans un mot, elle saisit une chaise du salon et la transporte jusqu’au bureau.

Là, la lampe éteinte de la veille l’accueille avec son parfum de cire refroidie, alors l'hybride aère un peu la pièce. Sur le bureau reposent deux carnets. L’un, Réo l’a déjà découvert, le précieux vestige de sa mère qu’il avait pris soin d’écarter avant de sombrer dans le sommeil. Mais à côté de lui, posé avec une révérence silencieuse, gît un second manuscrit, plus ancien encore. Sa couverture de cuir sombre est marquée par le temps, et pourtant intacte, comme protégée par une attention invisible.

Ce carnet-là, Réo n’aurait pas pu le trouver. Car il dormait jusque-là derrière le tableau d’Elarinya et de son époux, cette peinture dont la moitié gauche, éclatante de douceur, s’oppose à la moitié brûlée et ténébreuse. Lyadril l’a tiré de sa cachette avant l’aube, hésitant longuement avant de le placer sur le bureau. Car ce n’est pas seulement un livre : c’est une relique. Le plus ancien traité d’Arcanes qu’elle conserve, et l’un des héritages les plus dangereux et sacrés de sa lignée.

La sang mêlé pose la chaise face au bureau, son regard glissant des carnets à la fenêtre où la lumière matinale filtre. Ses doigts se crispent un instant sur le dossier de bois, comme si elle cherchait encore à se convaincre d’avoir fait le bon choix en laissant cette relique accessible.

Lyadril reste un moment immobile, ses doigts serrés sur le dossier de la chaise qu’elle vient de poser. Le bureau, habituellement sanctuaire de solitude et de mémoire, lui semble soudain trop petit pour contenir le tumulte qui gronde en elle.

Son regard glisse des carnets à Réo. Le premier, celui de sa mère, il l’a trouvé seul, mais il a eu la décence de le préserver. Ce simple geste a fissuré sa colère, laissant filtrer une reconnaissance qu’elle s’obstine à taire. Le second, elle l’a sorti elle-même de sa cachette derrière le tableau. Un choix qu’elle s’étonne encore d’avoir fait.

Pourquoi lui ? Pourquoi cet étranger qui, hier encore, ne connaissait rien d’elle, se voit aujourd’hui offrir l’accès à l’un des héritages les plus jalousement gardés de sa lignée ? Une part d’elle se révolte. Lui confier ces écrits, c’est ouvrir une porte qu’elle s’est jurée de garder verrouillée, même aux siens. C’est prendre le risque de voir ses secrets manipulés, trahis, ou pire : dévoyés.

Mais une autre part, plus intime, plus insidieuse, murmure que c’est peut-être précisément ce risque-là qu’elle a besoin de prendre. Réo n’a pas fui. Il n’a pas reculé face à la tempête, ni face au poids de ses propres manquements. Il a choisi de se pencher sur ces mots obscurs, de lutter jusqu’à l’épuisement pour saisir ce qu’elle maîtrise depuis des décennies. C’est une maladresse touchante, un acharnement qui, malgré elle, lui inspire une fierté nouvelle : celle d’une future professeure qui voit son élève s’accrocher au-delà du raisonnable.

Lorsque son élève arrive, Lyadril détourne les yeux, crispant ses doigts sur le bois poli du bureau. Sa poitrine se soulève d’un souffle qu’elle ne parvient pas à retenir. Dans sa gorge, deux émotions contraires s’entrechoquent : le besoin instinctif de protéger ses reliques, et l’élan inattendu de partager ce savoir, non plus comme un fardeau, mais comme une transmission.

Quand l'instructrice relève les yeux vers lui, une lueur ambiguë traverse son regard vert : sévérité et tendresse entremêlées, comme si elle cherchait encore à décider si elle doit le repousser ou l’encourager.
Pourtant, une chose est sûre : désormais, la décision est prise. Les carnets sont là. La chaise est installée. Et dans le silence suspendu du bureau, Lyadril accepte pour la première fois de se tenir non pas en gardienne seule, mais en maîtresse prête à enseigner.

Lyadril s’assoit enfin sur la chaise qu’elle a installée, son dos droit, ses mains croisées devant elle. L’ombre du tableau d’Elarinya plane sur le bureau, témoin silencieux de cette transmission improbable. Elle observe Réo quelques instants sans rien dire, le laissant sentir le poids du lieu, du moment, du choix qu’elle vient de faire en déposant ces carnets devant lui.

Sa voix s’élève enfin, calme mais empreinte d’une solennité indéniable :
Les Arcanes ne sont pas qu’une force que l’on manipule. Elles sont une trame. Elles parcourent tout ce qui vit, tout ce qui respire, tout ce qui brûle et se fane. Les comprendre, c’est d’abord apprendre à percevoir ce qui est déjà là, avant même de vouloir l’utiliser.

Elle pose la paume de sa main sur le carnet ancestral, effleurant presque le cuir usé comme on le ferait d’une peau vivante.
Ceci n’est pas un manuel. C’est une relique. Un témoignage de ceux qui ont marché avant nous. Tu n’en apprendras rien si tu n’apprends pas d’abord à écouter.

La jeune femme se redresse légèrement, ses yeux émeraudes fixant ceux de Réo, scrutateurs, exigeants :
Dis-moi, Réo… hier soir, dans ta lecture, as-tu ressenti autre chose que le sens des mots ? Un frisson, une lourdeur, une clarté soudaine qui ne venait pas seulement de ton esprit ?

Elle laisse le silence s’étirer, comme une épreuve en soi. Puis, adoucissant à peine son ton :
Ce que je veux savoir, ce n’est pas ce que tu as compris… mais ce que tu as ressenti. Car l’étude des Arcanes commence là. Sans cela, tout n’est qu’érudition creuse.

Ses doigts se détachent du carnet et se croisent sur sa poitrine nue, dans une posture à la fois défensive et magistrale. Elle ne le dit pas, mais son regard le trahit : elle veut savoir si son acharnement n’était qu’une prouesse de volonté… ou s’il a véritablement touché, ne serait-ce qu’un instant, à la fibre invisible de ce que les siens appellent la Magie Vivante.

Lyadril incline légèrement la tête, comme si elle venait de sceller en elle-même une décision. D’un geste précis, elle ferme le vieux carnet, puis dépose devant Réo une simple bougie encore éteinte, qu’elle avait laissée sur le bord du bureau.

Sa voix tombe, basse mais ferme :
Voici ton premier exercice.

Elle pose ensuite sa propre main au-dessus de la bougie, sans la toucher.
Les flammes ne naissent pas d’un claquement de doigts ou d’un caprice de volonté brute. La première étape n’est pas de vouloir… mais de sentir.

Ses yeux se plissent légèrement, fixés sur Réo.
Je veux que tu poses ta main au-dessus de cette bougie. Ne tente pas de l’allumer. Ne tente pas de l’imaginer enflammée. Écoute.

Elle insiste sur le dernier mot, comme si ce simple verbe condensait toute sa méthode.
L’air autour d’elle vibre déjà, invisible. La cire garde la mémoire des flammes passées. Tout objet porte une trace subtile, un souffle qui lui appartient. Si tu veux apprendre les Arcanes, tu dois commencer par percevoir ce souffle. Pas avec ton esprit, mais avec ton être.

Elle se redresse légèrement, ses bras croisés à nouveau, mais ses yeux restent fixés sur lui avec une intensité presque implacable.
Fais-le. Dis-moi ce que tu ressens, même si ce n’est qu’un souffle ou une absence. Mais mens… et je le saurai.

Un silence s’installe, dense comme une chape. Lyadril ne cligne pas des yeux, laissant toute la gravité de son enseignement peser sur Réo. Pourtant, dans le repli discret de son expression, il y a aussi une lueur,  un mélange de curiosité et d’une étrange fierté, comme si elle attendait de lui plus qu’il n’imagine encore pouvoir donner.
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Re : Agonie & herboristerie [Lyadril]

Réponse 28 dimanche 14 septembre 2025, 15:20:16

Je sens en dégustant ce repas qu’il n’est pas ordinaire, la fatigue se réduit à chaque bouchée de l’un de ses plats remplacé par une énergie vitale retrouvé, les douleurs de la veille suite à l’empoisonnement de ne sont plus qu’un souvenir alors qu’elle se lève pour laisser les notes d’une musique virevolter dans la pièce. Au lancement de celle-ci l’atmosphère change.

Une ambiance plus chaleureuse pour ne pas dire familial qui serait bien trop précipité s’installe entre nous deux alors qu’elle se remet à sa place et finit par répondre d’une manière moins contrôlée à l’extrême.

"Hantale. Nai i mat nórëlyanna anwavea, ar auta le thand ennas i tirnenya." ("Merci. Je te souhaite également un bon appétit. Qu’il t’apporte l’énergie nécessaire pour suivre mon enseignement.")

Relevant la tête vers elle, mes oreilles bercées par l’harmonie que sa voix diffuse, je lis très distinctement un sourire qu’elle tente de masquer rapidement, mais qui ne m’a pas échappé. Une pensée fugace, une graine, se plante dans mon esprit, un vœu, revoir ce sourire qui orne si bien son visage, et qui me marque assez pour avoir une absence, comme s’il s’imprimait dans mon souvenir, tel une marque au fer rouge, la douleur absente.

La force de caractère dont elle fait preuve a déjà mérité mon respect, rien que par sa désobéissance à Az’Kharel, pour ceux qui ne le connaissent pas ça paraitrait dérisoire, mais connaissant l’animal, elle ne doit pas souvent trouver de moments pour baisser sa garde régulièrement. Et de ce que j’ai vu de la scène d’hier, les elfes du coté de sa mère ne semble pas être des enfants de cœur non plus avec elle. En y repensant je réalise combien elle doit se sentir seule, fille d’entre deux mondes, fuyant l’un et rejeté de l’autre. Je me sens troublé en repensant à elle et son courage. Peut-être le destin existe vraiment quand on y pense, je renoues avec mes anciennes aspirations qu’elle peut m’aider à réalisés. Mais qu’est ce que je lui apporte concrètement ?

Le temps passe rapidement alors que je suis dans mes pensées, elle se redresse et me sors de ma torpeur.

"Je vais te laisser un peu de temps pour te préparer. Tu me retrouveras dans mon bureau. La journée sera longue, et il te faudra des forces. Aujourd'hui je ferme exceptionnellement la boutique. Je vais y laisser un mot pour leur faire savoir où me trouver en cas de besoin absolu."

C’est ça, je vais m’impliquer à fond dans ses enseignements, lui montrer qu’elle peut s’appuyer sur quelqu’un, et qu’elle n’est pas destinée à être entouré de manipula…au fond c’est ce que je suis, c’est ce que j’ai toujours été pour survivre, ne vivre que pour moi-même n’ayant aucune attache. En quoi suis-je différent d’eux ? Peut-être que je trouverais la réponse en travaillant avec elle.

Je me lève et vais vers la salle de bain, pour me décrasser, ne m’étant pas lavé depuis deux jours. La salle de bain est enchanteresse, les gravures courant sur les murs et les flammes de différents coloris mettent en place une ambiance particulière, mais positivement.

L’eau semble se régler à la bonne température, ou alors est-ce un autre point commun que nous avons, me lavant le corps de fond en comble, je me sèche une fois fini et file vers la chambre pour prendre une tenue de sport cintrée mais qui n’entrave pas mes mouvements. Ayant plié mes affaires proprement, je sors de la chambre et descend vers le bureau.

Cette fois faisant preuve de plus de respect, je frappe à la porte avant de rentrer, passant la porte, je la vois digne, droite, crispée ? Je n’en sais rien, mais une tension flotte dans l’air, et m’est transmise malgré son visage aimable. Mon cœur accélère sous la pression et l’impatience augmentant à chaque pas. Je m’assois face au bureau et à Lyadril qui met face à moi un livre visiblement ancestral, mais conserver avec une attention particulière, soulignant l’importance qu’il doit représenter, si bien que je n’ose pas y toucher.

Les Arcanes ne sont pas qu’une force que l’on manipule. Elles sont une trame. Elles parcourent tout ce qui vit, tout ce qui respire, tout ce qui brûle et se fane. Les comprendre, c’est d’abord apprendre à percevoir ce qui est déjà là, avant même de vouloir l’utiliser.

Ça commence, je ne la quitte pas du regard, pleinement concentré, j’essaie d’appréhender le principe même de percevoir l’invisible, comprenant son existence, j’ignore encore quoi ressentir, et je deviens mal à l’aise, effrayé à l’idée d’échouer. Lorsque je la vois toucher le carnet si précieux face à moi.

Ceci n’est pas un manuel. C’est une relique. Un témoignage de ceux qui ont marché avant nous. Tu n’en apprendras rien si tu n’apprends pas d’abord à écouter. Dis-moi, Réo… hier soir, dans ta lecture, as-tu ressenti autre chose que le sens des mots ? Un frisson, une lourdeur, une clarté soudaine qui ne venait pas seulement de ton esprit ? Ce que je veux savoir, ce n’est pas ce que tu as compris… mais ce que tu as ressenti. Car l’étude des Arcanes commence là. Sans cela, tout n’est qu’érudition creuse.

La lecture d’hier ? le carnet de sa mère ? Qu’est ce que j’ai ressenti en le feuilletant et en m’instruisant ? Je n’y ai pas porté attention sur le moment, concentré sur le fait d’apprendre un maximum de choses…mais en y resongeant, voyageant dans mes souvenirs…

- Je…je me souviens avoir ressentis une certaine chaleur, je ne saurais le décrire pleinement, n’ayant pas l’habitude, mais j’ai ressenti le poids des millénaires de connaissances, inscrites dans ces lignes. L’héritage de la sagesse des elfes, combinés à un amour à la fois toxique et passionné

J’ignore si c’est la réponse qu’elle attendais, mais je suis sincère dans mes paroles, gardant le silence, je continue à fixer le carnet jusqu’à ce qu’elle dépose une bougie devant moi.

Voici ton premier exercice.

Je me redresse, prenant la chose au sérieux et écoute le reste des instructions.

Les flammes ne naissent pas d’un claquement de doigts ou d’un caprice de volonté brute. La première étape n’est pas de vouloir… mais de sentir. Je veux que tu poses ta main au-dessus de cette bougie. Ne tente pas de l’allumer. Ne tente pas de l’imaginer enflammée. Écoute.

Écouter ? c’est étrange comme choix de mot…mes yeux se plissent cherchant à comprendre où elle veut en venir.

L’air autour d’elle vibre déjà, invisible. La cire garde la mémoire des flammes passées. Tout objet porte une trace subtile, un souffle qui lui appartient. Si tu veux apprendre les Arcanes, tu dois commencer par percevoir ce souffle. Pas avec ton esprit, mais avec ton être. Fais-le. Dis-moi ce que tu ressens, même si ce n’est qu’un souffle ou une absence. Mais mens… et je le saurai.

Ce que je ressens ? Avec un carnet chargé d’histoire ça me paraissait simple, mais un objet du quotidien, est une autre paire de manche. Mais soit, faisant pivoter ma tête sur le côté, comme pour vouloir faire craquer ma nuque, je me dresse sur mes jambes, tendant la main au-dessus de la mèche, fermant les yeux pour accentuer ma perception sur le reste.
Utilisant mon expérience sexuelle où j’ai eu le regard bandé pour ressentir chaque sensation, je pars sur le même principe, mais cette fois, il me semble, mais je n’en suis pas certains, percevoir une certaine chaleur, comme si l’air autour de la bougie était légèrement plus chaud, à peine perceptible. D’instinct je vois cette bougie allumée dans mon esprit, mais ce n’est qu’une projection logique, ça n’a pas de lien avec l’exercice…je reste ainsi quelques instants…cherchant à ressentir…

- Je ressens une certaine chaleur, j’ignore ce que ça veut dire, comme si, elle avait été utilisé régulièrement à une époque, mais que le temps s’était figé pour elle, qu’elle était préservée…mais je me trompe sans doute

Peu sûr de moi je l’admet dans mes paroles, j’attends que le verdict tombe
Forme incube
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Lyadril Ilfirin

Créature

Re : Agonie & herboristerie [Lyadril]

Réponse 29 dimanche 14 septembre 2025, 17:01:40

Lyadril reste immobile, ses yeux émeraudes fixés sur Réo tandis qu’il prononce ses mots, le souffle suspendu dans la pièce silencieuse. Son cœur se serre légèrement lorsqu’il évoque «L’héritage de la sagesse des elfes, combinés à un amour à la fois toxique et passionné». Ses pensées glissent aussitôt vers ses parents : Elarinya, lumineuse et exigeante, dont l’affection se mêlait toujours à un souffle de mélancolie ; Az’Kharel, sombre et impulsif, mais dont les gestes rares de tendresse laissaient des traces indélébiles. Leurs ombres pèsent encore sur elle, et pourtant, la persistance et l’intuition de Réo la touchent d’une manière qu’elle n’aurait jamais cru possible.

Sans un mot, la  demi-démone s’avance légèrement, pose sa main sous celle de l’incube, accompagnant son geste au-dessus de la flamme. Ses doigts frôlent la cire et la pointe de la flamme, et elle ne défaillit pas, son regard ne quittant jamais celui de Réo. Ses lèvres murmurent alors un mot en elfique, doux mais ferme :

Náren i lûthil.” (Commande subtile : "Que la flamme s’éteigne".)

La flamme vacille un instant, puis s’éteint sans éclat, laissant un mince nuage de fumée. La professeur retire délicatement sa main. Ses yeux restent ancrés sur ceux de Réo, évaluant la réaction de son élève, l’ampleur de sa perception et son attachement instinctif à ce qui l’entoure. Elle rallume la bougie normalement, le visage neutre mais attentif, comme pour lui rappeler que la maîtrise des Arcanes exige patience et discernement.

"Maintenant, dit-elle d’une voix ferme mais basse, tes yeux doivent rester ouverts, tes sens éveillés. Je veux que tu commandes à cette flamme de s’éteindre… mais en démonique."

L'hybride vient reprendre sa main, ses doigts se refermant sur les siens avec une douceur ferme. Le contact la trouble plus qu’elle ne l’aurait voulu : sa chaleur est différente de celle des elfes, plus vive, presque vibrante. Elle se crispe un instant, puis se contraint à maintenir le geste, guidant sa paume pour la placer exactement à cinq centimètres au-dessus de la flamme. Une fois la position établie, elle relâche sa prise, comme si l’air seul devait soutenir sa main.

"Là. Pas plus haut, pas plus bas. C’est l’espace où le souffle de la flamme se fait entendre à ceux qui veulent bien l’écouter."

Un souffle discret échappe à ses lèvres. Elle n’a pas lâché son regard une seule seconde. Peut-être pour le sonder, peut-être pour masquer l’écho de ses propres émotions.

Les tentatives se succèdent. La première : rien. La deuxième : l’impatience menace, mais elle l’étouffe. La troisième : ses bras se croisent lentement sur sa poitrine, posture d’autorité, mais ses yeux restent fixés aux siens, exigeants plutôt que durs.

"Ressens encore," souffle-t-elle. "Tu veux imposer ta volonté. Mais la flamme n’obéit pas à l’orgueil. Elle obéit à qui sait l’entendre."

Elle se penche légèrement, ses cheveux effleurant son épaule. Son parfum de lavande et de bois sec flotte entre eux. Sa voix devient presque un murmure :
"Écoute-la. Elle danse, elle se nourrit, elle expire. Trouve son souffle."

Un instant suspendu, puis, plus solennelle :
"À présent, commande-lui en elfique."

Lorsque la flamme s’éteint enfin sous le mot ancien, Lyadril retient à peine un frisson. Un éclat traverse ses yeux : fierté, soulagement, et une nuance plus intime qu’elle réprime aussitôt. Elle ne félicite pas. Mais l’air autour d’elle s’allège, imperceptiblement, comme si un fil secret venait de se tendre entre eux.

Sans rompre le rythme de l’exercice, elle rallume la bougie d’un geste simple.
"Bien. Maintenant, fais-la renaître. Appelle-la, d’abord en démonique… puis en elfique."

L'elfe se tait, laissant le silence vibrer dans la pièce. Ses mains se posent sur le bois poli du bureau, ses doigts tapotant presque imperceptiblement, rythme discret qui trahit sa propre tension. Car derrière l’instructrice rigide, une autre voix, plus intime, lui murmure : Pourquoi est-ce lui ? Pourquoi à lui donnes-tu les clefs que tu n’as offertes à personne ?

*******

Très loin de là, dans les entrailles d’un plan infernal, une onde infime fend le voile. Az’Kharel, général d’une des Légions Infernales, redresse brusquement la tête au milieu du tumulte de ses soldats. Son regard, noir et incandescent, se voile d’une lueur inquiète. Quelque chose vient de s’ouvrir. Sa fille… sa chair mêlée à celle d’Elarinya… a franchi le seuil des Arcanes. Qu'elle scelle à nouveau la porte, ça passe. Mais de là à ce que leur fille ose l'utiliser et l'enseigner...

Un grondement sourd échappe à ses lèvres. Ses griffes raclent le bois d’un bureau brutalement repoussé, et déjà ses mains cherchent, féroces, le vieux carnet qu’Elarinya lui avait offert. Ce carnet qu’il pensait égaré, et qui, il le sent, recèle encore les secrets que leur fille pourrait exhumer.
Forme succube démoniaque + Forme ultime ancienne
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