L’Incube savait que la voix était un puissant aphrodisiaque, tout autant que les gestes, tout autant que les regards. Les sens, dans leur ensemble, fournissaient des armes de choix pour qui souhaitait dominer, physiquement, ou mentalement, quelqu’un d’autres. La domination, en cet instant, était simplement vouée à créer une tension sensuelle, charnelle. Il semblait évident que c’était le chemin vers lequel s’était tournée la jeune femme lorsqu’elle s’était retrouvée en compagnie de
Diablo, s’imaginant que ses amis s’en étaient allés également satisfaire des besoins primaires. Laissée pour compte, Kara avait probablement souhaité mettre à profit son tête-à-tête impromptu et le Démon n’y voyait aucun inconvénient, au contraire. Il pouvait sentir les chaînes surnaturelles resserrer leur étreinte autour d’elle, ancrant toujours plus, dans la réalité, les liens d’invocatrice-invoqué qui les unissaient désormais. Il y avait très peu de chance qu’elle s’en rende compte, à moins, bien entendu, qu’elle n’ait versée dans les arts occultes, ce qui semblait hautement improbable, compte-tenu qu’elle n’avait vu en lui qu’un mortel costumé et non une créature surnaturelle. Une personne au minimum informée, même ivre, aurait probablement fait rapidement le lien. En parlant de l’alcool, même un invocateur suffisamment initié aurait eu du mal à s’échapper de l’affaiblissement des capacités qu’il induisait. Malheureusement pour elle, rien dans la situation actuelle, n’était en son avantage, et cette jeune femme finirait très certainement suspendue aux lignes de ce contrat qu’elle écrivait petit à petit, et qu’elle ne manquerait pas de signer, peut-être encore moins volontairement. Ses lèvres s’étirent doucement alors qu’il pouvait observer – et sentir – les réactions, visibles et invisibles, qui trahissaient l’excitation soudaine que venait de provoquer ce prénom à peine murmuré à ses oreilles. Sa manière de laisser échapper un râle, de contracter certains de ses muscles, de mordiller sa lèvre et de lancer sa tête vers l’arrière, faisant voleter quelques-unes des mèches de sa chevelure. En silence, il s’était assuré que ses mouvements ne la déséquilibrent pas vers l’arrière et la maintenant avec une ferme douceur en attendant la suite de ce qu’elle avait prévu pour lui, ou plus exactement pour eux deux.
Elle desserra finalement sa fine étreinte sur sa corne pour venir glisser deux doigts sous son menton, lui intimant légèrement, mais fermement, de relever son visage. Obéissant, l’Incube abandonna du regard le corps de la jeune femme et inclina la tête jusqu’à satisfaire les envies de sa
maîtresse, qui n’arrêta son léger mouvement que lorsque ses yeux ne pouvaient se perdre que dans l’éclairage tamisé que projetait quelques néons subtilement intégrés au plafond de la pièce. Dans son mouvement, ses lèvres s’étaient étirées davantage, agrandissant son sourire. Kara semblait prendre son rôle à cœur et cela était particulièrement agréable. Une fois contentée, elle plaqua sa main entière contre la peau de son cou, vite, trop vite d’ailleurs, rejoint par ses lèvres. L’alcool ayant brouillé subtilement les paramètres de son approche, la jeune femme s’était retrouvée la tête la première contre la peau du Démon, riant de sa propre maladresse, transmettant, sans le vouloir, les pulsations de son rire contre la peau bleu-grise, lui arrachant, à son honneur, un léger frisson, tandis qu’il s’amusait lui-même de la situation, qui n’ôtait rien de la sensualité générale de la scène. Une fois son
sérieux retrouvé, elle laissa glisser ses lèvres sur la peau démoniaque, l’embrassant avec une passion bouillonnante et brouillonne, mais non moins agréable. Sa main contre son cou maintenant sa tête vers le haut, tendant sa peau, la rendant plus accessible à ses assauts. Contorsionnée contre lui, l’Incube lui fournit une légère aide en rapprochant sa cuisse et en assurant davantage sa prise sur elle, sans chercher à modifier le position de ses mains, comme elle le lui avait ordonné. La jeune femme lui avoua alors qu’il avait bon goût, lui demandant quel était son parfum.
« J’ai peur qu’il ne s’agisse de mon odeur naturelle, Kara. » Il n’était pas désolé pour un sou, mais ses mots avaient glissé entre ses lèvres dans un murmure à peine plus fort que nécessaire. Ils étaient seuls, de la musique courrait dans la pièce mais leur fournissait une intimité confortable tout en entravant à peine leurs échanges. Et, une fois encore, il avait murmuré son prénom, pour le simple plaisir de la voir l’entendre à nouveau comme elle le lui avant demandé de le faire.
De son côté, semblant s’être
lassée de son cou, la demoiselle s’était laissée dériver le long de sa peau vers son épaule, petit à petit, baiser après baiser. Ajustant légèrement sa position pour lui offrir un confort relatif, sa main abandonna finalement son cou pour venir se plaquer sur sa hanche, lui laissant la liberté de tourner un peu la tête pour l’observer à la dérobée. Ses mains s’affairaient sur lui, ses lèvres aussi. Elle aurait pu le
dévorer tant elle semblait, soudainement, affamée. L’une de ses mains glissa d’ailleurs vers son entrejambe, le plus naturellement du monde d’ailleurs, pour venir s’en saisir. Elle n’avait pas cherché à prendre autant de temps que lui, ni s’était perdue en caresses parallèles et délicates. Ce n’était pas un problème. Cela n’était jamais un problème. Mais alors qu’elle s’emparait d’une partie de lui, il croisa son regard et sembla y lire un besoin de permission. Il esquissa un sourire narquois et bienveillant. Son regard d’or se posa dans ses iris azur et ses lèvres se rapprochèrent des siennes, au point de presque les frôler.
« Je suis tout à toi, Kara. » Il se rapprocha alors encore un peu plus, la peau de leurs lèvres se frôlant, mêlant indistinctement leurs souffles respectifs.
« À tes ordres ou jouet entre tes mains, le choix désormais t’appartient. » Ses lèvres s’étirèrent en un large sourire carnassier avant qu’il ne recule légèrement son visage d’elle, mettant à peine assez de distance pour pouvoir embrasser de son regard d’or son visage dans son ensemble. Sa main sur la hanche de Kara s’affermit davantage et il écarta très légèrement les jambes, comme une invitation à satisfaire les envies qu’elle estimait vouloir assouvir en premier. Sa peau était douce au toucher, chaude et au grain, légèrement imparfait mais sur lequel il apprécierait faire glisser ses doigts. Si près de son visage, il n’avait plus une aussi belle vue sur son corps dont les courbes ne manqueraient pas de le rendre imaginatif. Mais, malheureusement, il n’avait pas encore le droit de déployer quelques-uns de ses talents les plus… travaillés.