Aux Enfers, une agitation non-habituelle commençait petit à petit à retomber. Des imbéciles avaient, envers et contre tout, essayés de s’en prendre à Asmodée, pensant qu’il était légitime de vouloir déposer un Prince-Démon sous un prétexte obscur. Ces idiots n’avaient bien entendu aucune idée que leur complot avait été éventé depuis bien longtemps et qu’ils n’avaient été autorisés à le mener jusqu’au bout que parce que c’était beaucoup plus simple de les cueillir à domicile plutôt que d’aller les chercher à l’endroit où ils se terraient. Asep’Timusoth avait eu un œil sur ces imbéciles depuis quelques temps et, bien entendu, Asmodée n’avait pas été surprise par l’irruption dans son Palais. Il avait été décidé, dans l’ombre, de régler le problème en public afin de s’assurer que cette petite représentation – unique, bien entendu – serve de leçon à tous les autres qui pensaient pouvoir arriver à réaliser un coup comme celui-là. La Grande-Salle encore chaude du sang démoniaque des abrutis congénitaux, il fut décidé de suspendre leurs cadavres à l’entrée pendant quelques jours afin de maximiser les effets d’une telle annonce. Compte-tenu de la puissance de l’opposition, le Démon s’était demandé comment ils s’étaient imaginés pouvoir venir à bout d’Asmodée. Certes il était rare de voir le Prince-Démon se battre et certains doutaient parfois de la réelle puissance que pouvoir avoir le Démon qui régnait sur le Cercle de la Luxure, mais penser qu’on puisse arriver à un tel niveau de pouvoir sans un minimum de puissance était… insultant. Néanmoins, cela ne concernait plus notre protagoniste, qui savait que son supérieur prendrait l’ensemble des mesures nécessaires. Son Lieutenant lui avait fourni l’ensemble des informations ainsi que les noms de tous ceux qui avaient trempés de près ou de loin dans cette affaire et d’autres têtes finiraient par tomber. À défaut, cela ferait un peu de place pour quelques Démons plus loyaux et, espérons-le, plus intelligents. Mais cela restait à encore démontrer. L’appel eut lieu alors qu’il parcourait les rayonnages de la grande bibliothèque du Palais d’Asmodée. Asep’Timusoth aimait parfois parcourir les connaissances accumulées à travers les millénaires. La connaissance était le pouvoir, bien plus que certaines personnes ne semblait l’imaginer, ce, que beaucoup imaginaient comme être du temps perdu, était une source parfois providentielle d’informations à mettre à bon usage. Quelque chose cependant attira la curiosité du Démon par rapport à cette invocation. Le portail semblait instable. Ce n’était pas la première fois, mais les invocateurs faisaient généralement preuve d’un méthodisme qui garantissait quelque peu le transfert, ce qui ne semblait pas être le cas en cet instant. Un rictus étendit les lèvres de l’Incube. Parfois la stupidité des Mortels continuait toujours de le surprendre. Jugeant qu’Asmodée n’avait plus besoin de lui pour le moment, et tout aussi bien parce que cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas offert quelques vacances sur un autre plan, il répondit à l’appel plutôt que de le passer à un autre Démon inférieur. Comme prévu, on ne put pas dire que l’incantation se passa… sans encombre. Le problème quand on faisait appel à un Démon – et que l’on réussissait réellement à en tirer un des Enfers – était qu’il fallait se protéger de l’ensemble des contrecoups à l’appel d’une entité supérieur dans un autre monde. Malheureusement, il semblait, que dans le cas présent, les malheureux qui s’étaient destinés à tenter leur chance ne connaissaient même pas les bases en la matière. Après tout, certains pensaient que les pentacles, les bougies, le sel et toutes les autres joyeusetés n’étaient que des artifices de mise en scène. Loués soient les ignorants. Alors qu’il s’approchait de sa destination, il avait pu sentir les âmes des malheureux glisser hors de leur monde pour rejoindre les Enfers où, sans nul doute, ils seraient très bien reçus. Et, à son arrivée, il ne put constater, qu’avec une certaine pointe d’amertume, que personne n’était là pour le recevoir. Au milieu d’une pièce de ce qui semblait être une arrière-salle, coupée suffisamment de l’avant pour ne pas déranger ceux qui s’y trouvaient, mais avec tous les charmes de cette dernière en matière d’accompagnement sonore. Quelques canapés, des tables basses avec des verres dont le contenu – et l’ensemble de la pièce d’ailleurs – renvoyait des relents d’alcool. Ce type de boisson était relativement universel, que ce soit en matière de mondes ou d’époques. À croire que les mortels ne manquaient jamais une occasion de s’offrir le luxe de noyer leurs sens dans une boisson. Au sol se trouvaient les vêtements abandonnés par leurs anciens propriétaires. Aucune effusion de sang. Le rituel avait simplement consommés avidement leur force vitale puisqu’ils n’avaient mis aucune protection en place pour détourner l’afflux d’énergie. Secouant la tête, Asep’Timusoth continua d’observer ses environs. Le problème avec les invocations ratées était qu’il ne pouvait pas en profiter. Bien entendu, il y avait le fait de pouvoir jouer avec les mortels, mais, surtout, profiter de leur monde. Mais s’il n’avait personne avec qui passer un marché, il n’avait aucune raison de rester ici et cela le désolait quelque peu. Il ne pouvait pas quitter l’endroit de l’invocation sans se lier à l’une des personnes de ce monde et même si l’endroit était suffisamment peuplé de ce qu’il pouvait entendre, il n’était pas certain de vouloir attendre que quelqu’un se présente. Qui plus est quelqu’un en mesure de passer un pacte avec lui. Car si ceux qui l’avaient invoqué savaient à quoi s’attendre, un parfait inconnu ne comprendrait pas et chercherait, très probablement, à tourner les talons sans demander son reste, quel que fut le degré de politesse employé par le Démon. Il allait d’ailleurs décider de repartir aux Enfers d’un claquement de doigts quand quelqu’un entra finalement dans la pièce. Son regard d’or se posant sur l’inconnu, ou plutôt l’inconnue, il découvrit une jeune femme. Haussant un sourcil de surprise, il put se rendre compte assez rapidement qu’elle aussi avait pas mal consommé d’alcool. Son corps était glissé dans une robe noire, passe-partout, mais relativement agréable au regard. Des cheveux châtains et des yeux d’un joli… bleu. Il était difficile de réellement mettre des couleurs précises sur ces derniers compte-tenu de l’ambiance lumineuse de la salle elle-même. Un sourire glissa sur les lèvres du Démon. Voilà qu’il tenait probablement son ticket d’entrée dans ce monde, finalement. Il se tourna complètement vers la nouvelle arrivante et se fendit d’une révérence, inclinant le haut de son corps et sa tête vers l’avant. « Bonsoir, Mademoiselle. C’est un plaisir de faire votre connaissance. » Bien entendu, il se doutait que ses premières interrogations concerneraient probablement les trois pauvres hères qui se retrouvaient désormais aux Enfers. Si ses hypothèses étaient justes, ils étaient quatre à profiter de cette petite soirée, mais cette belle inconnue se retrouvait désormais en tête à tête avec lui. |
L’interruption de la nouvelle venue n’était pas passée inaperçue et, en réalité, le Démon avait quelque peu l’impression d’avoir gâché ce qui semblait être, au moins jusqu’à l’invocation ratée, une bonne soirée. Des hommes, des femmes, de l’alcool, peut-être un soupçon de désir… Il y avait probablement là tous les ingrédients parfaits pour une activité de joyeuse débauche. Et à en croire ce que la nouvelle venue brandissait fièrement entre ses doigts fins, Asep’Timusoth était probablement arrivé presque un peu trop tôt. Néanmoins, ce n’était plus le moment de s’apitoyer sur les facéties des mortels – non pas qu’il ait été question de le faire à un moment donné – mais plutôt d’essayer d’exploiter cette nouvelle venue, inattendue et donc, paradoxalement, bien plus intéressante que tout le reste. Alors qu’il découvrait la nouvelle arrivante, la détaillant avec un soin tout particulier, il pouvait se rendre compte de son état d’ivresse avancé et son sourire léger mais toutefois carnassier trahissait l’intérêt grandissant de cette fortuite rencontre. La facilité n’avait jamais été vraiment sa tasse de thé, mais elle était bien plus intéressante que l’alternative qui était de rentrer aux Enfers et de reprendre ses activités, intéressantes, certes, mais assez banales en fin de compte. Alors que le Démon contemplait la mortelle en silence, celle-ci semblait essayer d’analyser la nouvelle situation avec autant de rapidité que son esprit embrumé pouvait le faire. Laissant passer un moment de flottement, elle sembla trouver une possible logique à la présence d’une créature surnaturelle au milieu de la pièce. Asep’Timusoth n’était pas certain de savoir ce qu’était un escort mais il n’avait pas besoin de connaître les tenants et aboutissants pour jouer le jeu et l’utiliser à son avantage. Si l’humaine lui donnait une substance plausible, elle aurait moins tendance à chercher à s’enfuir et lui aurait tout le loisir de lui faire signer un contrat. Alors qu’il la saluait, premier pas évident à faire dans une situation pareille, elle s’approcha petit à petit, du moins aussi vite que ses titubations pouvaient le lui permettre. Elle réalisa d’ailleurs que ses amis avaient disparus. Elle n’eut malheureusement pas le temps de finir sa phrase qu’elle s’emmêla les pieds dans des vêtements restés au sol, trébuchant en avant vers, heureusement, un canapé proche, son visage dans les coussins. La situation fit sourire le Démon qui ne l’avait pas quitté des yeux un seul instant. Il se serait probablement fendu d’essayer de la rattraper s’il n’avait pas vu que l’endroit où elle finirait sa chute serait tout à fait confortable. Il la laissa reprendre empire sur elle-même, non sans exprimer une certaine douleur. Réalisant ce dans quoi ses pieds s’étaient emmêlés, elle ne mit pas longtemps à comprendre que, si ses amis avaient disparus, leurs vêtements, eux, étaient toujours présents. Une subtilité délicate à traiter, assurément. Quant à la sienne… Le Démon savait qu’il était souvent d’usage dans des soirées arrosées de se divertir en faisant appel à d’autres personnes, bien moins habillées pour divertir les autres. Quoiqu’il en fut, Asep’Timusoth savait que rien ne le forçait à révéler la vérité et il n’avait aucune volonté de le faire. L’essentiel était d’attirer sa victime à accepter la situation présente et, surtout, lui faire admettre quelque chose qu’il pourrait lui offrir, quelque chose qu’elle souhaiterait par-dessus tout. Le Démon s’était rapproché légèrement, autant que sa condition actuelle pouvait le lui permettre en réalité et pencha la tête légèrement sur le côté, prenant un air dubitatif. « Mon arrivée semble avoir poussé vos amis à se laisser tenter par d’autres distractions pour lesquelles leurs vêtements n’étaient d’aucune utilité. » Sa voix était grave, calme et posée. Il n’était pas certain que l’ensemble des mots et leurs sens arrivaient à destination du cerveau embrumé de la belle, mais l’important c’était d’avoir l’air rassurant et engageant. « À dire vrai, ils n’ont pas fait mention d’une quatrième personne et j’allais me retirer lorsque vous êtes arrivée. » Il se redressa quelque peu, un léger sourire s’affichant sur ses lèvres. « Mais j’imagine que si votre ami a payé pour mes services pour votre soirée, je peux me mettre à votre service. » |
Il était difficile de savoir ce qui se passait réellement dans l’esprit de cette mortelle. Il y avait fort à croire que l’alcool embrumait suffisamment ses sens pour qu’elle ne cherche pas particulièrement à comprendre réellement ce qui s’était passé et, surtout, ne cherche pas plus loin que la logique que son esprit arriverait à mettre sur pied, réaliste ou non. La possibilité que ses amis l’aient abandonné pour se laisser aller à des plaisirs charnels semblait prendre suffisamment racine en elle pour être plausible et, en toute réalité, cela ne serait probablement pas la première fois que les Humains s’abandonnaient les uns les autres pour le simple plaisir de s’offrir quelques plaisirs, souvent passagers, avec d’autres. Il acquiesça donc en silence, indiquant que oui, probablement, ils étaient partis baiser. Bien entendu, il fallut un peu plus de temps pour comprendre pourquoi ils étaient partis à trois, mais, encore une fois, les mœurs humaines, de sa propre expérience, étaient suffisamment libérées sur le sujet pour permettre quelques fantaisies fantasques en matière de luxure. Ils étaient loin de l’imagination démoniaque, mais savaient quand même se débrouiller à la hauteur de leurs propres possibilités. Bien entendu, il était facile de s’imaginer que quelques Démons étaient souvent à l’origine de quelques innovations mortelles en la matière. La réalisation finale de ce qu’impliquait la disparition de ses trois amis, deux hommes et une femme, seuls, lui arracha un rire qui fit sourire le Démon. Il y avait de fortes chances qu’il soit désormais tranquille sur ce sujet, au moins suffisamment longtemps pour conclure ce qui lui permettrait de prendre pied sur ce monde. Elle réaliserait bien assez tôt que ses compagnons ne donneraient plus signe de vie et que, malheureusement, ils ne prendraient que du plaisir aux Enfers, à supposer qu’ils en prennent tout court. Asep remarqua que le fait d’indiquer qu’on ne l’avait pas prévenu de sa présence avait quelque peu chagriné son interlocutrice. Le besoin de reconnaissance était un besoin primaire chez les mortels. Mais il aurait été idiot d’ignorer le même vice parmi les Démons. Après tout, chacun essayait simplement de faire sa propre place et de se faire reconnaître par les autres pour ce qu’il était ou essayait d’être. Mais peut-être que cela soulignait une situation précaire, un besoin important de faire ses preuves et la volonté de bien paraître face aux autres. Dans tous les cas, un levier particulièrement intéressant s’il devait essayer de la pousser dans une direction ou dans une autre. Quoiqu’il en fût, il préféra dévier la discussion sur elle, et sur lui. Ses amis ne l’intéressaient pas, maintenant qu’ils étaient désormais aux Enfers. Le Démon avait besoin d’elle et c’était elle qu’il devait manipuler, charmer, pas ses amis. Jouant son rôle de personne visiblement engagée pour divertir, il s’était simplement proposé de lui fournir le divertissement qu’elle venait de perdre en se retrouvant désormais seule. Bien entendu, ses services étaient divers et variés, mais lui demander un service serait aussi officialiser sa présence en ce monde. Son sourire se fit plus large alors qu’elle lui proposait de boire un verre alors qu’elle se penchait pour récupérer le sien, tâtonnant légèrement pour récupérer une paille. Alors qu’elle se redressait, elle fit une remarque suggérant son absence de vêtement et le fait qu’il n’était plus en mesure de faire un striptease, ces danses lascives où le but était d’enlever progressivement ses vêtements pour provoquer de violents excès de désir chez le public. Asep’Timusoth avait noté l’insistance sans-gêne avec laquelle elle le dévisageait à mi-hauteur, ce qui n’était pas spécialement pour le gêner. Mais lui fournissait peut-être un angle d’attaque supplémentaire. Il se pencha légèrement en avant, attrapant le regard d’azur de la jeune femme dans ses yeux d’or. « Peut-être me faut-il préciser qu’il n’est pas interdit de… toucher ? » Il ne pouvait pas venir à elle, pas encore. Pas avant qu’elle n’ait accepté qu’il lui rende un service en échange. Mais encore une fois, le plus souvent, certaines personnes avaient simplement besoin d’encouragements pour se laisser aller, encore moins lorsqu’ils étaient déjà faussement encouragés par la quantité d’alcool dans leur sang. « Après tout, je serai surpris que vous vous contentiez d’un verre et d’un striptease dans cette situation. À moins, bien entendu, que je ne sois pas à votre goût ? » Il y avait toujours la possibilité qu’elle préfère les femmes. Cela aurait été dommageable, bien entendu, mais on ne pouvait pas gagner à tous les coups. Cependant, l’intérêt qu’elle lui portait brillait d’une lueur qu’il connaissait bien et il était convaincu qu’elle le regardait davantage avec lubricité qu’avec une simple curiosité. Peut-être fallait-elle seulement la motiver davantage. Il posa un regard équivoque sur la jeune femme toujours assise dans son canapé. Son sourire se fit plus large. « Je peux vous offrir beaucoup de choses, il vous suffit de demander. » |
C’était bien trop facile… Mais à la guerre comme à la guerre. Après tout, on n’allait pas attendre d’un Démon qu’il exprime des remords de s’en prendre à une pauvre mortelle pour être au mauvais endroit au mauvais moment, n’est-ce pas ? Et puis, Asep’Timusoth n’avait pas gravi les échelons de la hiérarchie démoniaque pour sa célèbre magnanimité. Il ne connaissait pas encore son nom, mais il savait qu’elle n’était qu’un point d’accès pour son monde. Ses amis s’étaient sacrifiés, involontairement, dans une tentative idiote d’invoquer un Démon dans leur monde, elle ne serait que la victime collatérale, la pauvre brebis innocente qui lui permettrait de se libérer des chaînes qui entravaient ses mouvements. Elle ne le savait pas encore, mais son âme ne lui appartenait déjà plus depuis qu’elle était entrée dans la pièce, un préservatif entre les doigts. L’image de la scène était d’ailleurs particulièrement savoureuse pour l’Incube qu’il était. Un temps viendrait peut-être où de telles babioles terrestres mettraient peut-être un frein aux incursions démoniaques dans les mondes et dans les insinuations pècheresses dans les esprits mortels. Peut-être. Peut-être pas. Certaines périodes, sur certaines mondes, avaient vu l’émergence de mortels capables de se battre contre les Démons, relativement efficacement d’ailleurs. Néanmoins, le degré de pureté généralement requis pour ce genre d’activités n’était malheureusement plus à la portée de n’importe qui. Et l’humanité avait tendance à démontrer un penchant naturel vers la corruption plutôt que l’inverse. L’alcool, le sexe, les jeux, les Hommes se perdaient dans la dépendance de leurs sens, cherchant à se satisfaire individuellement ne premier lieu, en cherchant leur propre élévation personnelle dans le meilleur des cas, alors qu’ils auraient mieux fait de se tourner vers l’élévation de leur peuple. Il y avait toujours des exceptions à la règle, bien entendu, des âmes charitables et nobles, capables des plus grands sacrifices, mais elles étaient désormais noyées dans un océan de corruption dont la demoiselle en face de lui était désormais une représentant des poissons les plus courants. À dire vrai, il était tout de même un peu désolée pour elle. La jeune femme était belle, et compte-tenu de l’endroit et du peu qu’il avait pu voir de la tenue vestimentaire des individus de ce qui ressemblait à un bar, semblait avoir au moins un peu réussi professionnellement. Peut-être avait-elle une belle vie qui l’attendait si elle sortait indemne de cet endroit. Mais le Démon savait que cela n’entrerait plus en ligne de compte désormais. Elle rigola à son insinuation, faisant s’envoler, sans le savoir, la seule porte de sortie qui lui était ouverte. Si elle n’avait été attirée que par les femmes, il aurait pu imaginer la laisser partir. Tout au plus l’aurait-il endormie et elle ne s’en souviendrait que comme d’un mauvais rêve. Au lieu de cela elle confirma son intérêt pour lui allant même jusqu’à lui demander comment il faisait du sport pour s’entretenir. Les mortels faisaient cela, les Démons aussi, d’une certaine façon, mais le physique était davantage lié à la nature du Démon qu’à son réel attrait pour le renforcement de sa puissance physique. Il esquissa un sourire amusé. « Il m’arrive de faire de la lutte, et d’autres activités plus… physiques. » Il n’avait même pas particulièrement besoin de mentir. Certes, il éludait certains détails, omettait des points qui auraient mis la puce à l’oreille à l’intéressée, et, encore, il n’en était pas certain. Alors qu’il lui proposait de lui offrir ce qu’elle désirait, elle fut vraisemblablement surprise par la proposition, avalant de travers une gorgée de sa boisson. Elle toussa à plusieurs reprises avant de finalement reprendre son souffle. La jeune femme s’assura ensuite qu’elle avait bien entendu ce qu’il lui avait dit, et le Démon se contenta d’hocher lentement la tête de haut en bas, lui répondant par l’affirmative, son regard d’or chargés de sous-entendus et son ses lèvres ourlées dans un sourire équivoque. Assise sur sa banquette, elle lui ordonna alors de s’approcher. Cela le fit sourire. D’abord parce qu’elle n’était finalement pas si bête que cela, et même alcoolisée à outrance, elle avait eu l’intelligence de ne pas essayer de se lever. Mais, il souriait surtout parce que ce premier ordre qu’elle lui avait donné affaiblissait les chaînes qui le retenaient en cet endroit. Comme prévues les lois universelles l’avaient reconnue comme son invocatrice et, de ce fait, ses ordres devaient être obéis par le Démon. S’il n’avait pu s’avancer jusqu’à elle jusqu’à présent, il était désormais obligé de le faire. Il s’approcha alors, telle un félin qui s’approche de sa proie. Il pouvait la séduire s’il le fallait, c’était plus que dans ses cordes. Peut-être aurait-il préféré y arriver plus rapidement, mais s’il y avait moyen de prendre un peu de plaisir au passage… Arrivé devant elle, elle l’encouragea à se tourner, pour lui montrer ses fesses. Il obtempéra, sans l’ombre d’un problème. Visiblement, il fallait croire que ce qu’elle voyait lui plaisait, vu qu’elle plaqua sa main libre sur son fessier, sans même s’assurer qu’elle en avait le droit. Il posa sa main sur la sienne et la força à se déplacer lentement sur sa fesse, et glisser sur sa cuisse avant de s’arrêter tandis qu’il l’entrainait vers l’avant. Il tourna la tête, son regard se posa sur elle tandis qu’elle pouvait voir une partie de son sourire séducteur. « Je suis tout à toi, tu es libre de me demander ce que tu veux, je ne suis là que pour te satisfaire. » |
La situation tournait à son avantage. Si la jeune femme avait eu des réserves quant aux raisons de sa présence dans cette salle et à l’absence de ses amis, elle ne semblait désormais d’avoir d’yeux que pour lui. Une sensation particulièrement connue, mais néanmoins toujours légèrement grisante, même pour un Incube de son envergure, habitué à séduire les mortelles, souvent en échange de leurs âmes. Le Démon s’était attendu à ce qu’elle le questionne éventuellement au sujet de sa queue, voire de ses sabots, mais rien n’était venu. L’alcool et peut-être des idées plus sauvages devaient probablement éclipser sa raison plus qu’il ne l’avait pensé, mais, encore une fois, cela lui convenait parfaitement. Jouer sur les sens était l’une de ses spécialités. Il n’avait pas particulièrement prévu de la forcer à succomber aux plaisirs de la chair en sa compagnie pour arriver à ses fins, mais si cela devenait une étape du plan, il n’y verrait aucun inconvénient. Après tout, y avait-il réellement un problème à prendre un peu de plaisir en chemin ? Son sourire s’élargit davantage alors qu’elle lui demandait, probablement un peu rhétoriquement, si la lutte engendrait une musculation de la sorte. Il n’en avait aucune idée, en réalité, les activités mortelles et leur développement physique n’était pas une spécialité du Démon, néanmoins, il lui semblait désormais que toute explicitation scientifiquement logique n’avait plus réellement sa place dans l’échange qu’ils avaient désormais. « Il semblerait en tout cas… » Il n’y avait pas besoin d’insister davantage de toute façon son esprit semblait être passé à autre chose désormais et la subtilité était l’art de ne pas chercher à se justifier sans cesse, mais plutôt de laisser l’autre se convaincre de lui-même avec des arguments plus ou moins raisonnables. Dans le cas présent, l’alcool faisait probablement la logique de lui-même et était un allié de choix, assurément. Alors qu’il lui réitérait sa proposition, il sentit qu’elle l’acceptait déjà presque sans condition. La pression de ses doigts sur sa peau se faisait sentir. Il haussa un sourcil amusé quand elle lui rappela qu’elle préférait qu’il la vouvoie. Il hocha la tête, de manière un peu soumise et son sourire s’élargit davantage. « Pardonnez-moi. Je crois que vous m’avez fait perdre la tête un instant. » Bien entendu ce n’était pas vrai, mais peut-être s’était-il laissé enivré un instant par le contact de ses doigts sur sa peau ? Après tout, personne ne pouvait être convaincu qu’il était si expérimenté dans le domaine. Cependant, elle ne sembla pas lui en porter rigueur trop longtemps. La vouvoyez n’était pas un problème, encore moins si cela la faisait rentrer dans son jeu d’autant plus facilement. Asep’Timusoth ne la connaissait pas, pas encore, il n’avait pas spécialement d’idées précises de ses préférences, de ses désirs profonds, de ses attentes et de ses faiblesses, mais les mortels avaient une tendance régulière à se laisser aller aux plaisirs simples quelle que soit leur situation. Ils invoquaient des Démons pour réaliser des fantasmes, se prouver quelque chose, et parfois pour essayer d’apporter la destruction sur leurs adversaires. Cette jeune femme ne l’avait pas invoqué lui, mais elle ne dérogeait très certainement pas à la règle. Réaliserait-elle seulement dans quel pétrin elle s’était empêtrée ? Il sentit sa main glisser sur son ventre tandis qu’il relâchait l’étreinte de ses doigts, la laissant prendre ses propres initiatives, lui garantissant ainsi davantage qu’elle faisait ce qui lui plaisait désormais. Une assurance particulièrement savoureuse, d’autant qu’elle semblait avoir un minimum d’expérience. Beaucoup assumait que les Démons se languissaient des vierges, et c’était probablement vrai. Ces dernières avaient une saveur particulière, mais comme pour beaucoup de choses, les plaisirs de cet acabit étaient bien plus délicieux lorsqu’ils étaient réalisés par deux partenaires, ou plus, expérimentés. Elle réalisa soudainement la portée de la promesse que lui avait faite le Démon. Elle en rit, ce qui accentua quelque peu le sourire d’Asep’Timusoth qui n’attendait que qu’elle se laisse emporter par les désirs qui commençaient à la ronger. Tandis qu’elle l’observait avidement, l’Incube observa la pièce et avisa la grande porte qui les séparait du reste de l’établissement. Cette dernière était déjà fermée et il s’assura juste d’un claquement de doigts discrets que celle-ci ne s’ouvrirait pas inopinément. Il se doutait qu’on ne viendrait pas trop se poser de question quant au pourquoi quatre individus s’enfermaient dans une arrière-salle. Finalement, il reporta son attention sur la jeune femme qui se demandait s’il pouvait la déshabiller. Un sourire carnassier étira ses lèvres tandis que son regard doré l’embrassait pleinement. Le surnom qu’elle lui avait donné aurait pu le faire rire mais il n’en fit rien. Après tout, il jouait un rôle, non ? Il attrapa délicatement la main qui se trouvait encore lui. « Est-ce ce que vous souhaitez ? » Il était impensable pour un Démon de porter atteinte à son invocateur – ce qu’elle était désormais – sans autorisation explicite. Il attendit qu’elle lui confirme son choix, qu’elle souhaitait qu’il la déshabille – puisqu’elle ne se sentait pas la force de le faire elle-même – et il l’attira délicatement à lui, en l’aidant à tenir debout. Il aurait pu lui arracher ses vêtements facilement, mais ce n’était pas l’objectif de la manœuvre. Désormais face à elle, assurément plus petite que lui, il la couvait d’un regard chaud. Il en profita pour rapidement évaluer comment la débarrasser de sa robe noire et commença à s’affairer délicatement, sur sa peau posant délicatement ses mains sur sa peau, glissant ces dernières avec lenteur pour commencer à la défaire de son carcan de tissu. Son regard était toujours posé sur elle, il ne la quittait pas des yeux. « Peut-être m’offririez-vous votre prénom avant d’aller plus loin, charmante demoiselle ? » |
Le Démon pouvait sentir l’étreinte du pacte se resserrer autour de la jeune femme au fur et à mesure qu’elle confirmait ses besoins, suggérés certes, mais énoncés comme les siens malgré tout. C’était l’un des points forts des contrats régissant les relations entre les Démons et les Mortels, l’esprit de libre-arbitre y était présent, mais rien n’empêchait de suggérer, ou plus exactement de conseiller. Après tout, il fallait bien que les invocateurs puissent avoir une idée des différents services que pouvait fournir leur invocation. Tous les Démons n’avaient pas les mêmes compétences et, la plupart du temps, celui qui répondait à l’appel n’était pas appelé nommément. De la même manière, les invoqués n’avaient aucune idée du degré de compétence de la personne à laquelle ils feraient face une fois au milieu du pentacle. Certains avaient suffisamment d’intelligence pour percevoir la malice glissée au sein des mots de la créature qui leur faisait face, d’autres non. Ainsi toute cette histoire n’était finalement qu’une sorte de vague roulette pour les deux camps. Mais, parfois, le jeu était truqué, comme dans le cas présent. Et lorsque la jeune femme s’avouerait satisfaite, il n’y aurait rien qui pourrait l’empêcher de s’emparer de son âme et de marcher, libre, sur les territoires qui étaient les siens. Alors qu’il l’attirait à elle, l’Incube pouvait l’observer d’un peu plus près. Elle était un peu petite, mais cela lui allait plutôt bien. Ses yeux bleus étaient intrigants. Ce n’était pas sa couleur préférée, mais ils avaient un certain charme qui n’était pas négligeable. Tandis qu’il posait ses mains sur elle, à la fois pour l’aider à tenir debout et, surtout, droit, il décela la fermeture éclair de sa robe qui courait dans son dos, en saisit l’attache, et commença à la glisser délicatement vers le bas. Le gémissement qui glissa sur ses lèvres le fit sourire. Un sourire léger, amusé, séducteur. Il continuait à l’observer, la chaleur de sa peau résonnait avec la sienne et même si sa température devait déjà être quelque peu plus élevée grâce à l’alcool, elle possédait un parfum agréable. Sa main, qui avait atteint le creux de ses reins après avoir descendu l’attache à son maximum, remonta délicatement le long de sa colonne vertébrale, parcourant sa peau avec la douceur et une lenteur qui caractérisaient sa volonté de toujours prendre son temps dans ce genre d’instants. Instants qu’elle mit à profit pour remarquer la couleur de ses yeux, mais sans chercher à interroger leur couleur, elle sembla uniquement s’y noyer. Il avait senti ses mains se poser sur lui et n’avait aucunement cherché à les retenir. Que la jeune femme le fasse uniquement pour se retenir ou bien pour profiter de ce qui lui était offert, cela revenait du pareil au même et, ses mains, légèrement chaudes, n’étaient pas désagréables. Alors qu’elle se souvenait finalement qu’il venait de lui poser une question, elle lui offrit son prénom : Kara. Simple mais pourtant particulièrement agréable à l’oreille, facile à prononcer, à retenir, à apprécier également. Alors qu’il n’avait pas spécialement pu répondre quoi que ce soit, elle poursuivit, semblant enfin afficher un enthousiasme certain face à la situation. Elle lui demanda si elle pouvait l’appeler Diablo, ce surnom qu’elle lui avait donné un peu plus tôt, justifiant qu’elle n’avait pas envie de connaître les prénoms de ses mecs d’un soir. Il se pencha en avant, portant ses lèvres à hauteur de ses oreilles. « Diablo, c’est parfait. » Sa voix s’était faite un murmure, chaud, séducteur et grave. De toute manière, ce n’était pas comme s’il allait lui donner son véritable nom. Si elle préférait lui en inventer un, cela lui convenait parfaitement. Il n’avait pas besoin de plus. Ses mains s’étaient arrêtées à ses épaules, à la naissance de son cou, tandis qu’elle réalisait visiblement qu’elle n’était toujours pas déshabillée. Elle s’autorisa alors probablement un brin de malice, lui demandant s’il avait du mal avec sa robe. Avant qu’elle ne puisse véritablement se poser la question, il fit glisser ses doigts sur les épaules, repoussant les pans de tissus de ces dernières, laissant la gravité universelle faire le reste pour lui. Un petit bruissement mat accompagna le mouvement du tissu, la forçant à enlever les mains du corps du Démon, au moins un court instant, pour laisser glisser la robe jusqu’au sol. Il haussa alors un sourcil de contentement, malicieux, son silence et son regard valaient probablement pour toute réponse à sa question rhétorique. L’Incube se redressa un peu, son regard toujours posé sur cette jeune femme dont il découvrait davantage les formes, plus qu’agréables au regard et, il s’en doutait, tout autant au toucher. Néanmoins, il y a certaines libertés qu’il ne pouvait pas prendre pour le moment. Son sourire se fit plus large. « Et maintenant Kara, quelle est la suite du programme ? » Il se pencha à nouveau vers l’avant. « Quels sont vos ordres maintenant ? » L’Incube était à sa disposition et il savait que l’idée même lui plairait énormément. C’était aussi la raison pour laquelle il avait insisté sur ces mots en particulier. Elle penserait qu’elle était maîtresse de la situation et peut-être aurait-elle encore plus de facilité à lui ordonner de faire de choses comme elle était sensée le faire si elle avait été son invocatrice. De plus, certaines détails lui faisaient penser que ce genre de situation ne lui déplairait pas, pas du tout même. |
Kara pouvait l’appeler comme elle le désirait, cela n’avait aucune importance. Le seul nom qui lui aurait offert un avantage certain était son vrai nom, malheureusement pour elle, même le Hasard ne pourrait pas lui venir en aide sur ce point-là. Il y avait des noms de Démons particulièrement connus, comme ceux des Princes-Démons, ce qui expliquait que ces derniers répondaient rarement aux invocations eux-mêmes. Mais, de toute façon, le simple fait de connaître le nom d’une Démon ne donnait pas tous les pouvoirs à l’invocateur. Beaucoup de paramètres rentraient en jeu dans la relation établie entre les occultistes et leurs créatures invoquées. La nature du Démon, sa puissance, son caractère, celles de l’invocateur… Il était rare que le simple fait de connaître le nom de l’intéressé suffise à faire pencher la balance en la faveur des Mortels.Néanmoins, l’essentiel était que Kara se perde davantage dans les informations fournies par ses sens, que celles fournies par la logique. Et, visiblement, elle appréciait, assez régulièrement pour souligner ne pas avoir envie de connaître les noms de ses coups d’un soir, se retrouver en charmante compagnie pour le simple fait d’en profiter. Une facilité supplémentaire pour l’Incube, qui se retrouvait finalement dans une position où il n’avait même pas eu besoin de forcer quoi que ce soit, au contraire. Retenus par ses propres limites induites par l’invocation, il devait lui laisser les rênes, la forcer à prendre les devants, au moins jusqu’à ce qu’elle ne lui demande explicitement de faire certaines choses. Et plus ces choses seraient vagues, plus il aurait de latitude. Un proverbe mortel disait que le diable était dans les détails, et c’était d’autant plus vrais pour les contrats passés avec des Démons. D’ailleurs, Asep’Tisumoth aurait pu, sans contraintes particulières, défaire la jeune femme de ses sous-vêtements, car elle avait souhaité qu’il la déshabille et, techniquement, elle ne l’était pas encore, pas tout à fait. Mais il n’était pas pressé et, du peu qu’il avait pu en voir, Kara ne l’était pas non plus. Alors qu’elle se retrouvait presque nue, elle fit remarquer son soulagement d’avoir assorti ses sous-vêtements d’ailleurs. C’était là une considération quelque peu incompréhensible pour le Démon. Certes, les goûts et les couleurs vestimentaires semblaient être une préoccupation majeure pour les Mortels, avec un degré de tolérance plus ou moins fort selon les époques et les mondes. Mais la couleur des sous-vêtements était-elle si importante ? Il esquissa un léger sourire et se contenta d’une réponse qu’il jugea passe-partout, et, surtout, adéquate. « Probablement… Mais ce n’est pas tant vos sous-vêtements qui m’importent, mais plus les trésors qu’ils renferment… » Sa voix était basse, presque un murmure. Il n’était là que pour elle et ils étaient suffisamment proches pour qu’il n’ait pas besoin d’élever la voix. Et puis un ton suave, grave et posé, permettait d’aiguiser davantage les émotions qu’il souhaitait susciter désormais. Lui tendant la perche avec laquelle il espérait bien qu’elle continuerait à creuser sa tombe, il observait distraitement cette façon qu’elle avait de poser ses mains sur lui. Ses gestes étaient rendus un peu… imprécis de par son état d’ébriété mais ils n’avaient rien de désagréables, loin de là. En réalité, l’Incube était curieux de faire connaissance avec ses talents en la matière. Certains mortels étaient particulièrement imaginatifs et plutôt doués, et contrairement à ce qu’il avait pu penser, Kara semblait légèrement cacher son jeu, pour son plus grand plaisir. La jeune femme prit son invitation à donner des ordres comme pour une absence d’initiative volontaire, mais il ne prit pas soin de la contredire. Elle apprendrait bien assez vite, si elle lui en donnait les latitudes nécessaires, qu’il n’avait aucun problème avec la prise d’initiative, et en découvrirait certainement tous les avantages. Il se contenta de lui rendre un sourire amusé, l’invitant, d’un regard à faire ce tout dont elle venait de parler. Elle se retourna alors, s’éloignant un peu de lui avant de s’arrêter pour maîtriser son propre corps toujours en proie à l’alcool. Se penchant vers la table basse où trônaient toujours des verres d’alcool, elle termina son verre, le faisant tomber à la renverse en le reposant mais ne s’en souciant guère. De son côté, l’Incube s’était délecté de la scène en silence, attentif à l’éventuel besoin de la rattraper si cela s’était avéré nécessaire, une initiative louable, probablement, mais parfaitement inutile. Se retournant à nouveau vers lui Kara le poussa vers le canapé où elle était précédemment assise, jusqu’à ce que ses jambes touchent le meuble. D’un grand sourire charmeur, elle lui annonça vouloir qu’il s’asseye à cet endroit et, fut interrompue dans son élan par des préoccupations concernant sa queue. Le Démon eut un large sourire. Il pouvait bien entendu jouer le jeu et prétendre qu’il ne s’agissait que d’un accessoire, mais quelque chose lui disait qu’il pouvait faire un pari légèrement différent sans que cela n’interfère réellement avec ses plans. « Tant qu’elle n’est pas violentée, il n’y a pas de raison que cela me fasse mal. » Son sourire s’élargit un peu tandis qu’il venait faire glisser la pointe de son appendice caudal contre l’une des jambes de la jeune femme alors qu’il s’installait dans le canapé comme elle le lui avait demandé. « Et elle peut se révéler être un accessoire particulièrement… déroutant. » Asep prit ses aises dans le canapé, adoptant une position confortable. Son regard toujours levé vers Kara qui, désormais, le dominait légèrement. Sa queue s’était posée sur le canapé à côté de lui après avoir fini son petit manège. Il laissa un léger instant de silence s’imposer entre eux deux avant de finalement le rompre, sans la quitter des yeux. « Et maintenant ? » |
Il n’était pas rare que le Démon soit celui qui prenne l’ascendant dominant dans les relations qu’il pouvait avoir avec certains Mortels. Il fallait reconnaître que la plupart d’entre eux vouaient davantage un culte aux créatures des Enfers et se sentaient parfois obligés de se poser en fidèles et loyaux sujets, plutôt que de chercher à les dominer de leurs pouvoirs souvent inexistants. Combien de femmes se laissaient posséder par une créature à l’expérience infiniment plus développée simplement parce qu’elle espérait atteindre des sommets d’extase encore inconnus à ce jour ? Et, d’une certaine manière, ce n’était pas désagréable de voir comment se déroulait l’inverse. L’Incube pouvait voir qu’au travers de l’alcool, la dénommée Kara semblait trouver un allié de choix pour lui permettre d’assurer cette position dominante. Il n’avait pas été difficile pour Asep’Timusoth de comprendre que la jeune femme devait probablement plus subir ses relations que les maitriser, mais, encore une fois, certaines personnes aimaient ressentir ce sentiment de vulnérabilité, appartenir à leur partenaire à un tel point que cela se traduisait par une soumission évidente. Néanmoins, Diablo s’imaginait parfaitement que, même sous l’emprise de l’alcool, son invocatrice inespérée trouverait son plaisir dans cette situation peu courante pour elle, à défaut de nouvelle. Dans tous les cas, elle se débrouillait plutôt bien. Le résident des Enfers eut l’impression d’obtenir l’effet escompté lorsqu’il avait fait glisser le bout de sa queue contre sa peau. Nul doute que la réalité d’un tel appendice devait peser sur la logique de son esprit, mais l’alcool aiderait probablement à en faire passer l’incongruité et leur monde semblait suffisamment avancé pour prétexter une quelconque innovation technologique dans le cas contraire. Mais sans grande surprise, elle s’engouffra plutôt davantage dans les perspectives offertes par cette caractéristique hors du commun plutôt que ses origines. Non sans lui avoir fait remarquer qu’elle n’avait aucune intention de lui faire du mal, ce qui avait arraché au Démon un large sourire. Non, ils se promettaient tous les deux beaucoup de plaisirs pour les instants à venir, c’était évident. Il restait maintenant à connaître la suite du programme. L’Incube était installé sur le canapé, confortablement, la jeune femme debout, légèrement titubante, devant lui, offerte à sa vue de manière très agréable. Certains auraient pu douter, quelques instants, dans cette posture, de qui était réellement au service de qui. Ses yeux d’or se posaient sur les fines couches de vêtements qui lui restaient et offraient un maigre barrage à la nudité complète de son corps. Il pouvait admirer ses courbes de ses hanches et de sa poitrine, ces dernières à peine masquée par une dentelle noire. Une dentelle qu’elle lui suggéra de bien vouloir retirer compte-tenu du fait qu’elle ne le ferait pas elle-même dans un rire dont le Démon dut admettre qu’il appréciait la tonalité, même s’il était probablement plutôt suggéré par l’alcool. Kara se pencha finalement vers lui, prenant appui sur ses genoux pour rapprocher son visage de celui de la créature. Asep’Timusoth pouvait sentir les relents d’alcool qui glissaient sur ses lèvres, mais cela ne le dérangeait pas. D’une certaine manière, il avait connu bien pire, et ceux-ci avaient un petit parfum pas désagréable. Haussant un sourcil de surprise devant la proximité soudaine de la jeune femme, légèrement décontenancé – un jeu d’acteur très bien travaillé – par son large sourire, il hocha doucement la tête alors qu’elle lui intimait d’être doux et précautionneux pour son sous-vêtement. La menace était superflue, la précision également, mais le Démon se prit au jeu très naturellement. « Bien entendu, Kara. » Sa voix était grave, mielleuse et chaude. Un ton qui en disait long sur ses intentions futures et ce qui les attendait tous les deux mais trahissait également la patience avec laquelle il se délectait de faire durer ce moment. L’acte en lui-même était toujours particulièrement agréable, mais beaucoup oubliait les possibilités multiples qu’offraient tous les préliminaires sensuels. Alors qu’il s’apprêtait à s’exécuter, la jeune femme se contorsionna pour attraper une bouteille d’alcool qui avait survécu, en partie, jusqu’à présent. Elle en but une bonne gorgée avant de lui tendre la bouteille et lui ordonner de boire, sous prétexte qu’il était trop sage. Un sourire carnassier glissa sur ses lèvres. Patience, Kara. Patience. Songea-t-il alors qu’il se saisissait de la bouteille et but une large lampée d’un alcool qui excita ses sens mais n’aurait pas grand effet sur lui. Sans quitter la jeune femme des yeux, il lui rendit la bouteille pour libérer ses mains. Alors, avec douceur, il vint enlacer ses hanches, l’approcha légèrement de lui et l’installa confortablement sur l’une de ses cuisses. Ses mains glissèrent alors doucement vers le haut, frôlant ses côtes, soulignant le décolleté de sa poitrine avant de glisser vers son dos. Il ne fallut pas longtemps au Démon pour comprendre le fonctionnement de l’attache mais il prit tout son temps pour respecter les consignes : tout doucement avait-elle dit. Ainsi, sans la quitter du regard, il ouvrit l’attache avec une dextérité méticuleuse et fit très lentement glisser le morceau de tissu sur la peau d’albâtre. Et si Kara s’imaginait que c’était la fin, le Démon n’avait pas oublié la suite de ses instructions. Alors même que son soutien-gorge glissait encore sur sa peau, dévoilant sa poitrine au fur et à mesure, l’appendice caudal de l’Incube s’était enroulé autour de la taille de la jeune femme, se faufilant tel un serpent autour d’elle, avant de se glisser sous le tissu le long d’une de ses cuisses. Et alors qu’il la débarrassait enfin de la partie supérieure de ses sous-vêtements, il vint la saisir à la taille avec douceur, lui donnant juste suffisamment de hauteur pour faire glisser le dernier morceau de tissu qu’elle portait le long de la courbe de ses fesses. Il la reposa avec douceur, la chaleur de son postérieur entrant en contact avec celle de sa cuisse, tandis que sa queue continuait de faire glisser le sous-vêtement sur ses jambes. Il paracheva le tout, en lui offrant une main de soutien dans le dos, sa queue toujours autour de sa taille, et la laissa étendre ses jambes tandis que de sa main libre il retirait finalement la dernière pièce la mettant à nu. Une fois cette dernière hors de vue, il la laissa reprendre ses appuis au sol, gardant ses mains sur elle : une au creux de ses reins, l’autre posée docilement sur sa cuisse. |
L’Incube avait pris un réel plaisir à déshabiller la jeune femme. Certes, sa lenteur reflétait principalement l’ordre qu’elle lui avait donné de faire attention à sa lingerie, mais le Démon avait toujours eu une patience infinie et trouvait dans la lenteur les graines de l’impatience, de l’expectative et, en conséquence, d’un désir sans cesse exalté. En suspendant son action, ou en la ralentissant à l’extrême, alors même que la principale concernée connaissait déjà la chute de cette dernière permettait de rajouter un suspense là où il n’y en avait plus, de créer une tension là où Kara n’aurait eu que l’expectative de voir ses sous-vêtements choir. Il s’était ainsi délecté des réactions d’anticipation de la jeune femme, jusqu’à ce que finalement, elle se retrouve libérée, mais un peu gênée, l’espace d’un instant, d’être nue, si près de lui. Comme prévu, elle n’avait pas particulièrement éprouvé de gêne face à son appendice caudal qui lui avait servi d’aide pour la débarrasser de sa culotte, ni même au fait que ce dernier la ceinturait avec une douceur relative, lui servant désormais plus à assurer un certain contact avec elle, dans l’éventualité où elle devrait chavirer sous les effets de l’alcool. La peau de la jeune femme se réchauffait indubitablement, il pouvait le sentir. Sa peau à lui était chaleureuse, de base. Quelques Démons, en étant, de manière surprenante, liés au froid, avaient, eux, un contact charnel plus déconcertant, mais ces confrères-là faisaient rarement partie du Cercle de la Luxure, ce qui n’était donc pas particulièrement un problème pour ces derniers. Alors qu’il admirait Kara, la créature des Enfers put remarquer qu’elle semblait apprécier sa position de supériorité. Elle avait eu du mal à prendre son rôle, mais elle s’y habituait avec rapidité, et, surtout, semblait y prendre du plaisir, ce qui était un plus tout à fait appréciable. A défaut d’avoir jeté son dévolu sur elle pour le libérer des étreintes de l’invocation, Asep’Timusoth dut admettre qu’elle avait le mérite de l’intriguer et de se rendre intéressante. Elle lui offrit un compliment, auquel il répondit par un sourire amusé. Elle n’avait bien entendu aucune idée de l’expérience dont il disposait : des millénaires à satisfaire par tous les mondes et toutes les époques des Mortels aux besoins et aux ambitions diverses. Clairement, il n’aurait pas besoin de dévoiler l’ensemble de ses talents cette nuit, mais à défaut de se servir d’elle comme une vulgaire porte de sortie, il comptait néanmoins lui offrir quelque chose qu’elle n’oublierait pas de sitôt. Puisse qu’elle devrait quitter ce monde bien assez tôt, il semblait légitime de lui offrir une sortie digne de ce nom, n’est-ce pas ? Si elle avait été son invocatrice, peut-être ne se serait-il pas fendu d’une telle obligeance, mais c’était le Hasard qui les avait fait se rencontrer, et, de ce fait, cela la mettait, quelque peu, sur un piédestal. Kara se pencha en avant, lui offrant une nouvelle fois d’un souffle alcoolisé, l’ordre de ne pas bouger ses mains. Son regard posé dans ses aigues-marines de malice, il affirma alors très légèrement ses prises, serrant à peine davantage l’une de ses cuisses et serrant un peu plus le creux de ses mains, profitant de la chaleur diffuse qui berçait ses paumes. L’Incube se demandait, avec une curiosité renouvelée, qu’elle allait être la suite du programme. Il n’eut pas besoin d’attendre longtemps, qu’une des mains de la jeune femme vint se glisser jusqu’à son cou, l’empoignant avec douceur, c’était le moins que l’on puisse dire. Asep’Timusoth avait relevé la tête, pour ne pas la quitter des yeux, un signe, probablement, qu’il lui était entièrement soumis en apparence. Ce n’était pas à lui de dévorer des yeux son corps, pas pour le moment. Et même s’il l’avait fait, non sans délectation, lorsqu’il l’avait libérée de ses derniers carcans de tissu, il ne quittait désormais plus son visage et son regard. Son esprit n’avait de toute façon plus besoin de ligne directe pour se rappeler avec une très bonne précision les courbes de sa poitrine et de ses hanches, qu’il put commencer à sentir onduler sur sa cuisse. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire malicieux tandis qu’il n’arrêtait pas de l’observer. Elle s’arracha à son regard et sembla observer le haut de son crâne. Les cornes. Comme elle le lui avait invité, il ne bougea pas et la laissa découvrir d’elle-même. Il sentit qu’elle en effleurait une d’une main alors qu’elle cherchait à nouveau son regard, provocatrice. Ses cornes étaient de fait une extension de son crâne et n’avaient pas nécessairement la même douceur que sa peau. Leur contact était un peu plus sec, et, surtout, sans la chaleur habituelle de sa peau. Le Démon n’aurait pas été surpris qu’elle les trouve un peu froide, compte-tenu du fait qu’il pouvait sentir la température de son corps augmenter petit à petit sous l’effet de leur petit jeu commun. Mais l’Incube ne fait rien, même quand la jeune femme lui dit qu’il est vraiment bizarre. Cela ne le fit que sourire davantage. Tu n’as pas idée… Il reste immobile alors qu’elle le lui ordonne et lui laisse tout le loisir de prendre connaissance de sa nouvelle découverte, tandis qu’il sent son autre main trouver, enfin, le chemin du corps du Démon. Elle lui avoue finalement qu’elle apprécie qu’il murmure son prénom et lui demande de le refaire. Sans même attendre une réponse, elle se penche vers lui, offrant à ses lèvres le profil de son visage et son oreille toute proche. L’Incube se penche alors très subtilement, venant frôler de ses lèvres la peau de ses oreilles, une zone, qui d’expérience, est particulièrement sensible. Alors, dans un léger souffle, imperceptible pour quelqu’un qui serait même juste à côté d’eux, il glissa avec douceur et volupté les deux syllabes de son prénom entre ses lèvres. « Kara… » |
L’Incube savait que la voix était un puissant aphrodisiaque, tout autant que les gestes, tout autant que les regards. Les sens, dans leur ensemble, fournissaient des armes de choix pour qui souhaitait dominer, physiquement, ou mentalement, quelqu’un d’autres. La domination, en cet instant, était simplement vouée à créer une tension sensuelle, charnelle. Il semblait évident que c’était le chemin vers lequel s’était tournée la jeune femme lorsqu’elle s’était retrouvée en compagnie de Diablo, s’imaginant que ses amis s’en étaient allés également satisfaire des besoins primaires. Laissée pour compte, Kara avait probablement souhaité mettre à profit son tête-à-tête impromptu et le Démon n’y voyait aucun inconvénient, au contraire. Il pouvait sentir les chaînes surnaturelles resserrer leur étreinte autour d’elle, ancrant toujours plus, dans la réalité, les liens d’invocatrice-invoqué qui les unissaient désormais. Il y avait très peu de chance qu’elle s’en rende compte, à moins, bien entendu, qu’elle n’ait versée dans les arts occultes, ce qui semblait hautement improbable, compte-tenu qu’elle n’avait vu en lui qu’un mortel costumé et non une créature surnaturelle. Une personne au minimum informée, même ivre, aurait probablement fait rapidement le lien. En parlant de l’alcool, même un invocateur suffisamment initié aurait eu du mal à s’échapper de l’affaiblissement des capacités qu’il induisait. Malheureusement pour elle, rien dans la situation actuelle, n’était en son avantage, et cette jeune femme finirait très certainement suspendue aux lignes de ce contrat qu’elle écrivait petit à petit, et qu’elle ne manquerait pas de signer, peut-être encore moins volontairement. Ses lèvres s’étirent doucement alors qu’il pouvait observer – et sentir – les réactions, visibles et invisibles, qui trahissaient l’excitation soudaine que venait de provoquer ce prénom à peine murmuré à ses oreilles. Sa manière de laisser échapper un râle, de contracter certains de ses muscles, de mordiller sa lèvre et de lancer sa tête vers l’arrière, faisant voleter quelques-unes des mèches de sa chevelure. En silence, il s’était assuré que ses mouvements ne la déséquilibrent pas vers l’arrière et la maintenant avec une ferme douceur en attendant la suite de ce qu’elle avait prévu pour lui, ou plus exactement pour eux deux. Elle desserra finalement sa fine étreinte sur sa corne pour venir glisser deux doigts sous son menton, lui intimant légèrement, mais fermement, de relever son visage. Obéissant, l’Incube abandonna du regard le corps de la jeune femme et inclina la tête jusqu’à satisfaire les envies de sa maîtresse, qui n’arrêta son léger mouvement que lorsque ses yeux ne pouvaient se perdre que dans l’éclairage tamisé que projetait quelques néons subtilement intégrés au plafond de la pièce. Dans son mouvement, ses lèvres s’étaient étirées davantage, agrandissant son sourire. Kara semblait prendre son rôle à cœur et cela était particulièrement agréable. Une fois contentée, elle plaqua sa main entière contre la peau de son cou, vite, trop vite d’ailleurs, rejoint par ses lèvres. L’alcool ayant brouillé subtilement les paramètres de son approche, la jeune femme s’était retrouvée la tête la première contre la peau du Démon, riant de sa propre maladresse, transmettant, sans le vouloir, les pulsations de son rire contre la peau bleu-grise, lui arrachant, à son honneur, un léger frisson, tandis qu’il s’amusait lui-même de la situation, qui n’ôtait rien de la sensualité générale de la scène. Une fois son sérieux retrouvé, elle laissa glisser ses lèvres sur la peau démoniaque, l’embrassant avec une passion bouillonnante et brouillonne, mais non moins agréable. Sa main contre son cou maintenant sa tête vers le haut, tendant sa peau, la rendant plus accessible à ses assauts. Contorsionnée contre lui, l’Incube lui fournit une légère aide en rapprochant sa cuisse et en assurant davantage sa prise sur elle, sans chercher à modifier le position de ses mains, comme elle le lui avait ordonné. La jeune femme lui avoua alors qu’il avait bon goût, lui demandant quel était son parfum. « J’ai peur qu’il ne s’agisse de mon odeur naturelle, Kara. » Il n’était pas désolé pour un sou, mais ses mots avaient glissé entre ses lèvres dans un murmure à peine plus fort que nécessaire. Ils étaient seuls, de la musique courrait dans la pièce mais leur fournissait une intimité confortable tout en entravant à peine leurs échanges. Et, une fois encore, il avait murmuré son prénom, pour le simple plaisir de la voir l’entendre à nouveau comme elle le lui avant demandé de le faire. De son côté, semblant s’être lassée de son cou, la demoiselle s’était laissée dériver le long de sa peau vers son épaule, petit à petit, baiser après baiser. Ajustant légèrement sa position pour lui offrir un confort relatif, sa main abandonna finalement son cou pour venir se plaquer sur sa hanche, lui laissant la liberté de tourner un peu la tête pour l’observer à la dérobée. Ses mains s’affairaient sur lui, ses lèvres aussi. Elle aurait pu le dévorer tant elle semblait, soudainement, affamée. L’une de ses mains glissa d’ailleurs vers son entrejambe, le plus naturellement du monde d’ailleurs, pour venir s’en saisir. Elle n’avait pas cherché à prendre autant de temps que lui, ni s’était perdue en caresses parallèles et délicates. Ce n’était pas un problème. Cela n’était jamais un problème. Mais alors qu’elle s’emparait d’une partie de lui, il croisa son regard et sembla y lire un besoin de permission. Il esquissa un sourire narquois et bienveillant. Son regard d’or se posa dans ses iris azur et ses lèvres se rapprochèrent des siennes, au point de presque les frôler. « Je suis tout à toi, Kara. » Il se rapprocha alors encore un peu plus, la peau de leurs lèvres se frôlant, mêlant indistinctement leurs souffles respectifs. « À tes ordres ou jouet entre tes mains, le choix désormais t’appartient. » Ses lèvres s’étirèrent en un large sourire carnassier avant qu’il ne recule légèrement son visage d’elle, mettant à peine assez de distance pour pouvoir embrasser de son regard d’or son visage dans son ensemble. Sa main sur la hanche de Kara s’affermit davantage et il écarta très légèrement les jambes, comme une invitation à satisfaire les envies qu’elle estimait vouloir assouvir en premier. Sa peau était douce au toucher, chaude et au grain, légèrement imparfait mais sur lequel il apprécierait faire glisser ses doigts. Si près de son visage, il n’avait plus une aussi belle vue sur son corps dont les courbes ne manqueraient pas de le rendre imaginatif. Mais, malheureusement, il n’avait pas encore le droit de déployer quelques-uns de ses talents les plus… travaillés. |
Le tutoiement était devenu naturel, une logique impliquée par leur rapprochement respectif. L’Incube aurait bien entendu pu continuer à la vouvoyer, mais si elle avait suggéré, voire ordonné le vouvoiement parce qu’il était, selon elle plus excitant, la créature des Enfers avait conscience que cela n’était probablement désormais plus nécessaire. La jeune femme aurait été tout à fait en droit de le lui reprocher, mais, comme il s’y attendait, son esprit était déjà ailleurs, ou plus exactement, n’avait que faire de ces quelques formules de déférence désormais inutiles. Visiblement rassurée par ses paroles, galvanisée peut-être également, de savoir qu’il était son jouet, rien qu’à elle, qu’elle était en mesure d’en faire ce qu’elle souhaitait et que jamais il ne viendrait s’en plaindre, le Démon accompagnait les mouvements de son bassin, assurant sa prise sur sa cuisse, le creux de ses reins, et son bassin, tout en s’assurant toujours qu’elle ne se déséquilibrerait pas involontairement. Son regard la couvait d’une chaleur sensuelle. Ses petits gémissements étouffés derrière ses dents ne lui échappèrent pas et lui arrachèrent un sourire. Asep’Timusoth devait admettre prendre du plaisir dans cette situation, d’autant que la jeune Kara lui offrait un spectacle particulièrement alléchant, et des attentions, certes, légèrement chaotiques, mais loin d’être désagréables. Diablo peut sentir à ses différentes caresses qu’elle essaie de se l’approprier, de découvrir son corps, glissant dans son dos, sur sa hanche. Le Démon la laissait faire, sans aucune retenue, sans aucun taboo – il aurait été surprenant qu’il en ait un – laissant échapper parfois, un léger soupir dont le souffle se mêlait au sien, lorsque ses attentions se montraient particulièrement efficaces. L’Incube était un redoutable amant, certes, mais cela ne l’empêchait pas de profiter, également, des étreintes que sa nature le poussait à multiplier. Et bien que les procédés se ressemblaient beaucoup, chaque partenaire était suffisamment différent pour rendre chaque situation, et le plaisir qui en découlait, unique. De plus, il n’aurait pas été fair-play de ne pas offrir à Kara les lauriers de ses actions. Peut-être aurait-elle pu faire une délicieuse Succube… Sa propre pensée le fit sourire. La situation aurait été totalement différente, mais néanmoins pas nécessairement aussi plaisante. Il l’observait en silence, sentait sa respiration, les battements de son cœur, les légers couinements qui s’échappaient de ses lèvres et venaient mourir sur les siennes. Le Démon aurait probablement pu se saisir d’elle dans l’instant et s’emparer d’elle sans qu’elle n’émette aucune objection, mais il pouvait sentir que l’attente lui procurait davantage de sensations encore que le soulagement d’être enfin comblée. Après tout, elle était maîtresse de la situation et elle aurait très bien pu lui commander de mettre un terme à ce tourment, et, pourtant, elle n’en faisait rien. Signe évident qu’elle appréciait l’état dans lequel ils se trouvaient tous les deux. Après quelques minutes de silence, ponctués par leurs respirations respectives et quelques gémissements étouffés, Kara rompit à nouveau le silence et lui ordonna de lui dire quelque chose, de lui parler. Le Démon esquissa un sourire. « Tu veux… » Il avait commencé à s’exécuter lorsqu’elle lui ordonna autre chose encore. Son esprit semblait commencer à avoir beaucoup de mal à se fixer sur quelque chose sans sauter du coq à l’âne rapidement. Sans se démonter, ni se départir de son sourire. Ses lèvres se glissent vers son oreille. « Tu m’autorises à bouger mes mains pour ça, Kara ? » Comme précédemment, sa voix était un simple murmure suave, son souffle chaud glissant sur la peau de son cou n’étant probablement déjà qu’une brise tant sa peau était brûlante sous ses mains. Il attendit alors qu’elle lui donne l’autorisation. Lorsque ce fut le cas, il fit glisser la main qui s’était ancrée contre la peau de sa cuisse et la fit remonter, sans rompre le contact, le long de sa hanche, de sa taille, l’abandonnant à peine le temps de passer au-dessus de sa queue, puis regagna son corps au niveau de ses côtes et glissa encore plus haut, toujours plus haut. Elle frôla à peine les courbes de sa poitrine, juste assez pour suggérer la douceur que pourrait provoquer un tel contact, pas assez pour en donner un réel aperçu. Enfin, après ce qui pouvait semblait être une éternité, il arriva à son cou. Ses doigts s’écartèrent davantage et vinrent s’emparer avec délicatesse de sa gorge, repoussant sa tête vers l’arrière, dégageant son cou dans son entièreté. L’Incube plongea alors finalement son visage contre la peau ainsi tendue, laissa glisser quelques souffles sur sa peau, avant de venir planter avec une délicatesse ses canines dans sa peau. Ses attentions n’étaient, bien entendu, pas violentes. Même si, sans comparaison aucune, il aurait littéralement pu lui déchirer la gorge. Au contraire, il mordait avec douceur sa peau, parfois un peu plus fort. Il écoutait avec attention les réponses qu’elle lui offrait, oralement ou bien physiquement, afin de maîtriser l’intensité de ses gestes pour l’accorder à ses réactions. Il continua ainsi de longs instants avant d’écarter très légèrement son visage, pas assez pour quitter le creux de son cou, juste assez pour que la peau de ce dernier puisse se faire la caisse de résonnance de ses paroles. « Tu sais que tu as très bon goût, Kara ? » Ses lèvres s’étirèrent dans un sourire qu’elle ne manquerait pas de de deviner puisque ses lèvres frôlaient la peau toujours tendue de son cou. La main qui retenait ce dernier prisonnier glissa légèrement vers l’arrière, parcourut sa joue qu’elle caressa avec douceur, avant de traverser une infime partie de sa chevelure, se retrouvant sur sa nuque. Un soupçon de liberté qui lui était désormais octroyés car les pensées de son invocatrice se traduisaient progressivement dans le lien qui les unissait. Les ordres et les permissions étaient toujours nécessaires, mais il n’y aurait plus nécessairement besoin que cela passe par un assentiment oral. Certaines choses devenaient parfois plus évidentes que les mots et la magie était, contrairement aux mortels, bien plus efficace pour déceler ce genre de choses. Asep’Timusoth ponctuait désormais ses morsures délicates de quelques baisers ça et là, parcourant son seulement le creux de son cou, mais également la courbe de son épaule et la naissance de sa poitrine, semblant frapper au hasard, mais élargissant toujours son champ d’action, petit à petit… |
Il aurait été surprenant qu’elle le lui refuse, ainsi avait-il pris la liberté de se laisser aller à un soupçon d’initiative. La voix de la jeune femme transpirait de plus en plus l’abandon, davantage que le contrôle, mais cela n’avait aucune importance. Certes, le jeu s’était installé et, sur le papier, c’était elle qui menait la danse, c’était elle qui le contrôlait, mais, dans les faits, elle était davantage un jouet entre les mains d’un Démon, une pauvre créature à laquelle il souhaitait faire connaître une nuit de béatitude afin de s’offrir le luxe de la liberté. La jeune femme n’était qu’un moyen, un outil, les clefs de sa liberté, mais il savait que sa propre conscience lui intimait de lui offrir, a minima, de quoi ne pas trop lui en vouloir. C’était bien le moins qu’il put faire, n’est-ce pas ? Alors qu’il glissait ses mains sur elle, les bougeant comme elle en avait éprouvé le désir, l’Incube réalisa que Kara perdait petit à petit pied sur la réalité. Certes, elle tenait toujours bon et sa volonté était tout à fait louable, mais il pouvait réaliser à quel point elle lutait désormais pour se concentrer sur les propres attentions qu’elle lui offrait. Cela ne le dérangeait pas le moins du monde. Non pas que cela n’était pas agréable, au contraire, les sensations quelques peu désordonnées mais menées par l’instinct avaient un charme et un effet certains sur sa personne. Sa manière de se frotter sur sa cuisse, de manier sa virilité… Il n’y avait là que des sensations particulièrement savoureuses, bien que la créature des Enfers n’avait aucun mal à les reléguer au second plan, ce qui n’était pas le cas de celle qui se trouvait entre ses bras, prisonnière bien que geôlière. Il en appréciait chacun des souffles, chacun des petits cris étouffés qu’elle essayait de retenir. Il aurait aimé lui dire de ne pas se retenir, mais le Démon savait qu’ils avaient tout le temps du monde pour cela. Encore une fois, rien ne pressait. Alors qu’il s’affairait contre le cou de son invocatrice de fortune, Asep’Tisumoth pouvait sentir les battements de son cœur, deviner le courant emprunter par son fluide vitale qui courrait sous la fine peau d’albâtre, circulant dans ses artères et ses veines. Il se délectait de tout ce qu’elle pouvait lui offrir, volontairement ou non, et apprenait à la découvrir, à son insu, plus intimement qu’elle ne se connaîtrait probablement elle-même. Il ne violait pas ses pensées, mais tous les signaux de son corps étaient sien. Les Mortels étaient tous uniques, mais se ressemblaient plus qu’ils ne le pensaient, tous assujettis à leurs sens. Leurs réactions à la douleur, à la peine, au plaisir… Ils avaient chacun leur différence, mais, au final, ils avaient tous un levier sur lequel il suffisait de légèrement appuyer pour faire s’écrouler la maison de leur raison. Savourant sa peau comme certains dégustent un carreau de chocolat quasiment pur, le Démon prenait son temps, expérimentait, encore et encore, se surprenant à sentir son corps se raidir sous l’une ou l’autre de ses morsures. Sa voix dérailla lorsqu’il la complimenta sur son goût et cela le fit sourire. Elle semblait s’en étonner mais elle ne devait probablement pas en douter. Il se contenta d’hocher la tête, le visage toujours enfoui dans son cou tandis qu’il reprenait une bouchée de ce met savoureux qu’elle représentait. Le Hasard faisait bien les choses. Et d’autres auraient pu tomber sur des invocateurs de bien pire facture. Non, l’Incube n’avait pas à se plaindre de sa situation. Et Kara probablement non plus, même si, bien entendu, les choses auraient été très différentes si elle n’était pas rentrée dans cette pièce déjà ivre. Mais les spéculations n’avaient plus cours désormais et il était temps de la pousser encore davantage dans ses retranchements, ne serait-ce que pour imaginer quel allait être son prochain mouvement. Et ce dernier fut… surprenant. Alors qu’elle abandonna les caresses qu’elle prodiguait au Cosplayeur, il songea d’abord qu’elle essayait de se donner une certaine contenance, de s’offrir une pause pour reprendre ses esprits et pensait qu’elle allait essayer de s’extraire, au moins un peu, de ses attentions, mais elle n’en fit rien. Au contraire, elle vint, d’un geste étonnamment autoritaire, se saisir de son visage pour l’encourager à descendre plus bas, plus vite. Bien que surpris, Asep’Tisumoth n’opposa aucune résistance, ses lèvres glissèrent de sa clavicule à ses seins en un bond et vinrent découvrir cette nouvelle surface avec autant de douceur et de patience qu’il l’avait fait jusqu’à présent. Ses lèvres s’élargirent alors qu’elle lui assurait qu’elle avait également bon goût par là. Le Démon ne la laissa cependant pas terminer que déjà ses dents venaient continuer leur office et, après avoir été privée de la peau de son cou si brutalement, elles se rabattirent avec malice sur la peau de sa poitrine généreuse. Sa main qui dormait dans le creux des reins de Kara glissa très légèrement vers le bas, flirtant avec la naissance de ses fesses tandis que sa queue se déliait progressivement, libérant la taille de la jeune femme. Une main placée derrière sa nuque, l’autre toujours fermement ancrée dans le bas de son dos, il avait libéré son appendice caudal pour venir le faire glisser contre les courbes de sa protégée. Car il n’avait aucune raison de ne se servir que de ses lèvres pour satisfaire les envies de son invocatrice. Serpentant avec avidité le long de sa peau, la queue du Démon vint s’enrouler autour d’un de ses seins, en escalada le dénivelé avant de frôler son sommet dans une caresse infiniment longue alors même que ses lèvres s’occupaient, en leur propre tempo, du sommet jumeau. Kara lui avait offert sa poitrine sur un plateau et il aurait été profondément égoïste de ne pas rendre hommage à un tel don de sa personne. Il s’agissait bien là d’une attention qu’elle méritait, assurément. |
Les chaînes virtuelles qui le retenaient dans cet endroit se desserraient, petit à petit, toujours plus.Au fur et à mesure que Kara prenait du plaisir et qu’elle se considérait de plus en plus comblée par les attentions du Démons, les obligations de ce dernier étaient davantage considérées comme remplies. Bien entendu, il faudrait qu’elle lui dise, haut et fort, qu’elle était pleinement satisfaite de lui, et il ne manquerait pas de le lui suggérer cette phrase, particulièrement importante, le moment venu. Pour le moment, son attention toute entière était tournée vers elle, son corps et les nombreuses manières par lesquelles il pouvait lui permettre d’être réellement satisfaite. On pouvait reprocher beaucoup de choses à Asep’Timusoth, mais une chose était certaine, il respectait scrupuleusement les règles, même si certaines étaient faites pour être contournées ou pliées. Était-ce sa faute s’il n’était psa obligé d’indiquer noir sur blanc les conséquences inhérentes au fait de donner un ordre à un Démon à peine invoqué ? Était-ce de sa faute si rien n’obligeait les créatures des Enfers de mentionner les petites lignes inhérentes aux contrats qui les liaient aux Mortels ? La Magie avait laissé un trou béant en lieu et place de toutes ses règles qui auraient pu protéger ces pauvres hères de monstres comme lui, et, pourtant, elle n’en avait rien fait. Pourquoi ? La question avait le mérite d’être posée et l’Incube, au détour d’une phase de philosophique solitude, s’était déjà laissé aller à se questionner sur le sujet sans réellement obtenir de réponse suffisamment satisfaisante. Certaines possibilités suggéraient la volonté de laisser aux Mortels le plein potentiel de leur libre-arbitre, cela impliquant notamment de ne pas les protéger naturellement contre certains dangers, d’autres envisageaient que l’Univers s’imaginait peut-être que l’expérience finirait par produire une méfiance suffisante, mais c’était peut-être sans compter sur le désintérêt notable des Mortels pour leur passé, probablement lui-même dû à leur longévité réduite. Le sujet était particulièrement passionnant, mais malheureusement, beaucoup de choses étaient trop inconnues, immatérielles et intangibles pour pouvoir dénouer le noeud gordien que représentait ces questionnements. A priori, il pourrait toujours y réfléchir au cours des prochains millénaires, lorsqu’il n’aurait pas l’esprit ailleurs. Et là, maintenant, tout de suite, son esprit était entièrement tourné vers Kara. Qu’il s’agisse de ses gestes, de son regard, son écoute ou de ses pensées, il n’avait pas une seconde qui n’était pas dédiée à la jeune femme. L’Incube appréciait la douceur de sa peau sous ses doigts, la chaleur de son épiderme contre celui de son appendice caudal, les petits gémissements aigus, les souffles plus graves qui s’échappaient de ses lèvres, les mouvements de son corps, le goût de sa peau contre ses lèvres, la finesse de cette dernière entre ses crocs. L’attention d’Asep’Timusoth était tournée, toute entière, vers Kara à l’écoute de la moindre de ses réactions, à l'affût de la moindre information qui lui permettrait de lui offrir une expérience hors du commun - en plus du simple fait qu’elle était actuellement entre les bras d’un authentique Démon. La créature des Enfers profitait, savourait, chaque seconde de cette étreinte. Et même si la jeune femme avait dû arrêter les attentions dont elle le gratifiait, elle ne manquait pas de le passionner pour autant. S’il était très agréable d’être la cible des attentions, les fournir avait toujours été presque plus intéressant pour le Démon que de les recevoir. Il avait d’ailleurs ressenti un plaisir non feint à la surprendre en faisant usage de sa queue pour venir se saisir de l’un de ses seins, faisant courir cette dernière sur une bonne surface de sa peau en une caresse aussi longue que douce. Il aurait pu continuer ainsi éternellement, certains s’imaginant qu’il ne faisait qu’explorer superficiellement sa maîtresse. Mais quel mal y avait-il à subjuguer les sens ainsi ? Aiguiser l’esprit aux premiers plaisirs pour rendre les suivants encore plus inoubliables. Certaines attentions étaient violemment puissantes et passionnées, et ils avaient, tous les deux, le temps d’arriver à ses extrémités. Pourquoi ne pas s’attarder en chemin ? Prendre le temps de bifurquer sur des sentiers plus lents, mais tout aussi agréable ? La destination n’était pas aussi intéressante que le chemin parcouru disait-on. Et, pour le Démon, cet adage était encore plus vrai lorsqu’il s’agissait de faire honneur à une femme. Son attention tournée vers Kara, ses gestes mesurés et parfaitement maîtrisés, Asep’Timusoth prenait doucement possession d’elle. Il eut un sourire lorsqu’elle parvint à lui souffler quelques mots, qui, sans aucun contexte, auraient pu le dérouter. L’Incube se détacha alors à peine d’elle, relevant ses yeux d’or vers ses iris d’azur, un sourire séducteur se dessinant sur ses lèvres. « C’est un métier où il faut souvent être imaginatif… Et j’ai une imagination sans limites. » La dernière phrase sonnait presque comme une menace, la menace que ce qu’ils partageaient n’était que le début et qu’elle devait s’attendre à bien plus, si, bien entendu, elle le désirait. Puis, sans autre semonce, il s’en retourna à ses premières occupations, reposant ses lèvres contre la poitrine de son invocatrice désignée, revenant planter, avec délicatesse, ses crocs contre cet épiderme soyeux. Il dut cependant être un peu trop hâtif à un moment donné, car il lui arracha un léger cri de douleur, accompagné d’une tape, probablement réflexe, sur le sommet de son crâne. Le Démon suspendit immédiatement son geste et leva son regard vers Kara, s’assurant que tout allait bien. Elle sembla se raviser, faisant glisser une main dans ses cheveux avant de venir déposer un baiser à l’endroit même où elle venait de le frapper, si l’on pouvait effectivement qualifier cette douce tape de réelle frappe. Il esquissa un sourire et déposa un baiser à l’endroit même où venait d’avoir eu lieu de le pincement douloureux et continua d’embrasser sa peau, centimètre carré par centimètre carré, sans en oublier un seul. Sa queue dansait avec douceur contre sa peau, tantôt précédait ses lèvres, tantôt les suivait. Et alors qu’il laissait jouer cette dernière avec sa poitrine, ses lèvres étaient remontées doucement le long de son cou, venant glisser le long de la ligne de sa mâchoire. C’est à cet instant qu’elle lui posa la question d’une voix éraillée par ses attentions comment il parvenait à paraître aussi… calme. Ses mains vinrent glisser le long de son corps, pour venir encadrer le visage de la jeune femme. Il détacha alors ses lèvres d’elle et posa son regard dans le sien. « Parce que tu ne m’en as pas encore donné l'autorisation, Kara.» Ses lèvres s’étirèrent dans un sourire amusé avant que l’Incube ne rompe les quelques milimètres qui les séparaient de celles de la jeune femme et y déposa un long baiser. Il recula ensuite, gardant toujours son visage entre ses doigts. « Et, crois-moi, ce n’est pas parce que je semble être en maîtrise, que tu me laisses de marbre.» Il pencha la tête légèrement sur le côté et se rapprocha de son oreille pour venir lui murmurer quelques mots de plus. « C’est tout le contraire, et je fais tout ce que je peux pour que cela dure le plus longtemps possible...» |
Vriller était quelque chose qu’Asep’Timusoth connaissait bien. Combien de Mortels s’étaient laissés emportés par les flots combinés du désir et du plaisir, abandonnant, l’espace d’un moment éphémère, mais réel, toute notion de raison ou de réalité. Lui-même s’était déjà laissé emporter, quelques rares fois, parce qu’il est aussi très agréable de ne plus chercher à réfléchir ou de contrôler la situation. Et puis, il faut l’admettre, au début, l’expérience engrangée par des millénaires d’existence fait défaut et nombreux sont les Incubes qui se perdent dans leur propre plaisir au lieu de se concentrer sur celui des Mortels. Bien entendu, tous les Démons n’ont pas nécessairement à cœur les intérêts des pauvres hères qui les invoquent, mais pour la créature des Enfers, savoir maîtriser ses propres pulsions et ses propres instincts, pouvoir décider de quand on accepte de se laisser emporter par un torrent de passion, est un pouvoir en soi. La jeune Kara était une femme probablement comme il en existait beaucoup d’autres sur ce plan et, rien que pour cela, elle n’avait très certainement rien de particulier qui aurait pu susciter l’intérêt de l’Incube, mais, malgré tout, il y avait quelque chose en elle qui éveillait un intérêt certain. Il n’aurait réellement su dire quoi. Peut-être était-ce cette ressemblance fortuite avec elle, peut-être était-ce autre chose. Mais quoiqu’il en fut, il s’était convaincu qu’il ne souhaitait pas gâcher ce moment, autant pour elle, que pour lui. Et si au début il lui fallait marcher sur des œufs pour qu’elle ne s’échappe pas du piège dans laquelle elle s’était désormais glissée, il s’agissait désormais simplement d’une volonté personnelle de faire les choses bien. En particulier, le désir, le plaisir et la passion de sa partenaire improvisée étaient désormais ses priorités, et, pour cela, il lui fallait encore garder une pleine conscience de ses moyens, se concentrer sur elle plutôt que sur lui, même si, une fois encore, il ne mentait pas lorsqu’il lui avouait qu’elle ne le laissait pas indifférente. La posséder serait probablement plus agréable qu’avec une bonne quantité d’invocatrices qu’il avait pu étreindre par le passé. Le Démon eut un sourire lorsque la jeune femme s’interrogea alors sur ce qu’il se passerait si elle lui donnerait l’ordre de vriller. Sans le savoir, elle mettait le doigt sur une réalité qui était désormais magiquement réelle. Elle avait un pouvoir quasi-absolu sur lui et chacun de ses ordres était un désir qu’il se devait de combler. Bien entendu, il y avait toujours une certaine latitude sur laquelle le Démon était capable de jouer pour serpenter autour de ses obligations. Il posa son regard ambré sur elle, sondant son regard d’azur, lui faisant silencieusement prendre conscience de la portée qu’un tel ordre pourrait avoir sur leur échange. Il ne lui interdirait pas de le faire, mais il se doutait qu’elle devait avoir une petite idée de la conséquence que ce dernier aurait. Néanmoins, cela ne semblait pas lui faire peur. Elle se contenta de s’approcher de lui, se penchant en avant, approchant tout près son visage du sien. Ses lèvres s’étirèrent dans un sourire évocateur avant qu’elle ne lui ordonne d’obéir. Diablo esquissa un sourire à son tour, légèrement carnassier, il recula légèrement son visage pour pouvoir incliner légèrement la tête. « Comme ma Maîtresse l’ordonne. » Il releva la tête, prêt à lui montrer peut-être ce qu’un Démon pouvait réaliser une fois qu’on lui ordonner de lâcher sa bride. Néanmoins, elle l’interrompit, volontairement ou non, lui commandant à boire. « Non, Maîtresse. » Il y avait dans son intonation une volonté de se prendre au jeu mais si la soumission était réelle, la notion de jeu était bel et bien présente. Kara n’avait aucun doute qu’elle était bel et bien en position de force, mais que tout ceci n’était finalement qu’un jeu, un jeu qu’ils jouaient tous les deux et qui était des plus plaisant. Alors que sa queue abandonnait son corps, glissant sur sa peau tandis qu’elle desserrait son étreinte sur sa poitrine, ses mains glissèrent sur les hanches de la jeune femme et son regard se posa sur celui d’azur. « Permettez-moi, Maîtresse. » Et sans aucune autre sommation, il la souleva légèrement, se tordit légèrement se le côté et vint l’asseoir à côté de lui, sur le canapé. Il attrapa alors d’une main la bouteille d’alcool encore à moitié pleine et sans même regarder la table, vu qu’il n’avait d’attention que pour la jeune femme, il en versa une partie dans un des verres. Il reposa la bouteille et attrapa le petit contenant avant de l’apporter quasiment juste devant les lèvres de Kara. Il la laissa s’emparer du verre et boire à son goût. Tandis qu’elle se désaltérait, ses mains parcoururent doucement la peau de son corps, principalement parce qu’il ne souhaitait pas que leur distance soudaine ne lui cause quelques frissons. Alors qu’elle lui offrait son cou involontairement en récupérant les dernières gorgées de son verre, Asep’Timusoth vint s’en saisir du bout des lèvres pour quelques baisers délicats et, lorsqu’elle eut enfin fini, il la débarrassa de son léger fardeau dans un regard évocateur. Puis, lorsqu’il eut déposé le verre, il posa les mains sur ses hanches et sans aucun autre mot, il la poussa légèrement en arrière afin qu’elle se couche sur le canapé. Il l’aida à s’installer confortablement s’emparant de ses lèvres alors qu’il ajustait un coussin derrière sa tête. Puis alors qu’elle était allongée, le Démon la surplombant de tout son corps, il plongea ses yeux d’ambre dans les siens. « N’oubliez pas, Maîtresse, le moindre mot de vous… » Sa voix était un murmure, une promesse sincère qu’il obéirait à la moindre de ses paroles pourvu, bien entendu, qu’elle soit en mesure de le lui ordonner. Et, dans un sourire équivoque, ses lèvres se posèrent à nouveau sur les siennes. Ses mains s’étaient posées sur sa peau et la redécouvraient avec une ambition désormais plus aventureuse, plus fiévreuse. Il était toujours doux, délicat en un sens, mais Kara pouvait sentir qu’il essayait davantage de se l’approprier que de simplement éveiller des sensations en elle. Son appendice caudal avait repris son petit manège lui aussi, mais, de sa position naturelle, s’était visiblement enquis de parcourir les hanches de sa proie. Elle serpenta sur son bas ventre pour se glisser petit à petit vers son entrejambe, flattant son aine avec une délicatesse qui frisait l’indécence. Son regard ne la quittait pas un seul instant pour ne perdre aucune miette du spectacle. L’une des mains du Démons, vint prendre l’une de celles de Kara et la guida doucement vers son entrejambe à lui. Son regard se fit légèrement implorant. « Si Maîtresse veut bien me faire l’honneur… » Le ton lui-même semblait indiquer une réelle envie, besoin d’une attention. |
Il était vrai qu’entre les paroles et le langage de leurs corps, les rôles pouvaient sembler complètement opposés. Si Asep’Timusoth se soumettait volontiers par les mots, lui offrant du Maîtresse avec un ton fidèlement révérant mais trahissant une pointe d’insubordination à peine voilée, c’était probablement lui qui menait le deuxième mouvement de cette danse qu’ils partageaient à deux. Mais ne fallait-il pas y voir simplement l’action d’un serviteur zélé cherchant à satisfaire sa propriétaire ? Quelqu’un d’extérieur n’aurait probablement pas compris la complexité même du jeu qui se tramait entre ses deux personnes, n’y voyant que deux amants se livrant un jeu de séduction. Mais le Démon louvoyait autour de la magie qui le connectait à Kara, il profitait des faiblesses inhérentes à cette force supérieure et celles, plus ponctuelles, de l’esprit alcoolisée de la jeune femme. Elle ne le savait pas, mais elle avait tous les moyens pour arrêter les assauts de la créature des Enfers et le condamner à rester prisonnier de l’endroit de son invocation, ne lui laissant aucune autre possibilité que de retourner dans son plan, en devant abandonner ses envies de visite de cette nouvelle dimension. Bien entendu, l’Incube n’avait aucune raison de la pousser dans cette direction, et tout était bon pour la subjuguer, surtout s’il fallait donner de son corps pour l’enivrer de sensations et la détacher des réalités de ce monde. Il avait d’ailleurs l’impression qu’elle n’attachait déjà plus d’importance à l’endroit où ils se trouvaient tous les deux, ni même réellement à son apparence étrange, qu’elle avait justifiée plus tôt par l’usage d’un maquillage particulièrement étonnant. Mais elle n’était pas la seule à avoir fait abstraction de ces détails, car si Asep’Timusoth serpentait le long des frontières de ses permissions, distillant savamment ses attentions afin de satisfaire son invocatrice improvisée, il se concentrait désormais pleinement sur cette dernière, abandonnant dans un recoin de son esprit ses véritables buts, pour ne s’intéresser qu’aux moyens. Et si d’aucuns auraient trouvés ces propos réducteurs, peu savaient réellement ce qu’étaient réellement une vie de soumission et ne pouvaient donc réellement comprendre ce que représentait une personne se trouvant entre eux et la liberté. Mais là où le Démon aurait pu se limiter à se servir d’elle, il avait trouvé en la jeune femme une partenaire de jeu, davantage à satisfaire, qu’à utiliser. Et, même si elle ne savait rien, cela faisait une énorme différence dans le traitement dont elle était actuellement la bénéficiaire. Sa manière de l’appeler Maîtresse l’avait d’abord fait rire sans qu’il ne sache réellement pourquoi. Peut-être ne s’y attendait-elle pas ? Peut-être est-ce seulement l’alcool qui dirige certaines de ses réactions. Pourtant, il peut sentir à quel point son petit jeu réalise ses attentes lorsqu’elle semble réaliser que ce n’est pas une simple blague, mais une réalité. Le Démon avait réalisé que la jeune femme avait du mal à se croire véritablement dominatrice dans leurs échanges, mais il était convaincu qu’elle n’avait besoin que d’un peu d’encouragement et une pointe de jeu pour donner le change. Et il suffit de voir la manière avec laquelle elle attend que le verre arrive à ses lèvres pour s’en saisir pour laisser sous-entendre qu’elle commence, volontairement ou non, à apprivoiser cette nouvelle position. Abandonnant l’alcool pour surplomber désormais Kara, l’Incube pouvait admirer, à la lueur sensuelle des néons de la pièce son corps entier sous le sien. Il aurait pu la posséder, sans nulle autre attention que son propre plaisir personnel, mais, avec le temps, il tirait davantage de satisfaction à faire transir de plaisir le corps de ses partenaires que de se laisser subjuguer par le sien. Et puis, il avait envie de goûter à ses lèvres, de parcourir, encore, sa peau d’albâtre à pleines mains. Maintenant qu’elle lui avait donné l’ordre de ne pas se retenir, de vriller, comme elle le disait si bien, il comptait bien se laisser aller là où ils s’aventureraient tous les deux, même si cela, signifiait, pour le moment, prendre légèrement l’avantage sur elle. Ses baisers étaient passionnés et il pouvait sentir le feu qui brûlait au creux de ses reins et dans son ventre. Elle n’aurait probablement pas rechigné à ce qu’ils abandonnent les préliminaires à ce stade, qu’ils passent à la vitesse supérieure, mais si c’était ce qu’elle voulait, il allait falloir qu’elle le lui ordonne. Car Asep’Timusoth comptait bien profiter de chaque seconde, de chaque tension de sa peau sous ses doigts, de chacune de ses petites contorsions alors que sa queue glissait le long de ses hanches, de chacun de ses petits couinements qui s’échappaient de ses lèvres alors qu’il expérimentait quelque chose de nouveau, de chacun de ses souffles qui se mêlaient aux siens alors que leurs lèvres se redécouvraient, encore et encore. Ses attentions ne laissaient pas l’Incube indifférent et bien qu’il soit rompu aux exercices de cet art, il ne voyait aucune raison de la priver des effets de ses propres attentions sur lui-même. Après tout, elle avait le droit d’être récompensée elle aussi. Et alors qu’elle s’affairait sur son sexe, certes avec moins de douceur et de lenteur que lui, elle ne manqua pas de lui subtiliser quelques souffles profond, tandis qu’elle pouvait voir, peut-être, parfois son corps se tendre légèrement. C’était plus subtil, plus contenu, mais bel et bien présent. Et alors qu’ils s’embrassaient encore, sa Maîtresse venant forcer la barrière de ses lèvres de sa langue, il accepta l’ordre silencieux et vint joindre la sienne à ce tango tumultueux. Si l’une de ses mains lui assurait une stabilité certaine, l’autre s’aventurait sur la poitrine de la jeune femme, venant la flatter avec une douceur empreinte de désir. Tantôt elle venait s’en saisir avec délicatesse, englobant l’un de ses seins dans sa paume ; tantôt elle parcourait d’un doigt ou deux la peau douce, dans une caresse effleurée, parcourant les courbes, titillant les sommets avec une affection empreinte d’un désir d’éveiller, ou plus exactement, d’exacerber une passion déjà présente. Sa queue s’était glissée jusqu’à l’aine et le Démon avait senti les cuisses de Kara s’entrouvrir légèrement sous la progression de son appendice caudal, l’invitant, toujours silencieusement – leurs lèvres toujours prises dans leurs baisers enfiévrés – à continuer ses attentions. Serpentant sur ses cuisses, son ventre et son aine, elle glissa progressivement jusqu’à son intimité, venant la frôler avec son extrémité. Probablement déjà assez sensible compte-tenu qu’elle s’était frottée à sa cuisse depuis de longues minutes, la créature des Enfers maniait la partie de son corps avec une attention toute particulière, relevant chacune des réactions de sa partenaire pour ajuster son action. Il ne fallait surtout pas aller trop vite. C’était peut-être une torture pour elle, mais, encore une fois, elle restait maîtresse du rythme, et de lui. Il était à elle, pour cette nuit, elle pouvait faire de lui ce qu’elle voulait. Et, pour l’instant, elle voulait qu’il lui montre de quoi il était réellement capable. Ainsi soit-il. Et alors qu’il s’affairait, à l’aveugle, à découvrir son intimité et sa poitrine offertes, il rompit leur baiser, leur permettant de reprendre leur souffle. Mais sans lui laisser davantage de répit, il plongea son visage dans son cou, refermant ses lèvres sur sa peau, mordillant à nouveau sa peau, frappant presque au hasard. |
Les gémissements de sa Maîtresse étaient une satisfaction d’autant plus agréable que Kara ne semblait aucunement retenir ses propres réactions face aux assauts dont elle faisait l’objet. L’Incube avait croisé beaucoup de partenaires, femmes ou hommes, qui essayaient de lutter, vainement, contre leurs propres réactions, leurs propres ressentis. Pourquoi donc se priver d’exprimer ce que l’autre était capable de vous faire ressentir ? Il était convaincu qu’il n’y avait, dans cette attitude, qu’un égo mal placé, la volonté de ne pas paraître faible face aux plaisirs de la chair, mais était-ce être faible que d’afficher sans retenue un plaisir ressenti ? Nier ces sensations n’était finalement qu’un moyen de ne pas les vivre pleinement et la jeune femme, elle, semblait apprécier chaque seconde de leur échange, ce qui ne faisait que pousser Asep’Timusoth à la couvrir davantage d’attentions. Certes, elle était son ticket vers la liberté de parcourir son monde, mais, au fur et à mesure de leur tête-à-tête sensuel, Kara lui démontrait qu’elle avait un petit quelque chose en plus, quelque chose qui méritait qu’il s’attarde plus longtemps sur elle et ne se contente pas de la traiter comme une vulgaire poupée que l’on jetterait sur le côté après s’être amusé brièvement avec elle. Ses couinements, de plus en plus appuyés, étiraient les lèvres du Démon sur lesquelles ils s’écrasaient dans un souffle tiède. Sa résistance était... admirable. Bien des âmes se seraient damnées face à la tension qu’il essayait de générer en elle. Les sollicitations nombreuses, multipliant à la fois les origines et les intensités des sensations, auraient probablement pu faire perdre pied à une grande partie des Mortels que l’envoyé des Enfers avait déjà croisé par le passé. Pourtant, Kara tenait bon et mobilisait, il le savait, toute sa volonté pour garder sa lucidité, cherchant à se focaliser, lorsqu’elle le pouvait, sur ses propres tentatives pour probablement essayer de le désarçonner. Un geste admirable, car loin d’être inefficace, puisqu’il lui arrivait de laisser échapper l’un ou l’autre soupir de satisfaction évidente contre son visage, mais il allait falloir qu’elle fasse davantage si elle souhaitait réellement le décontenancer. Si c’était ce qu’elle souhaitait, bien entendu. Sa voix retentit faiblement entre ses lèvres. Asep’Timusoth ne savait pas vraiment si cela lui était destiné, mais il songea qu’il n’avait pas parlé jusqu’à présent et peut-être que ses pensées s’étaient simplement exprimées plus haut qu’elle ne l’aurait voulu. Esquissant un sourire, il n’hésita pas un seul instant à poursuivre ses sensuels méfaits. Lorsqu’elle se cambra sous ses mains, il accompagna son mouvement soudain avec douceur, laissant ses mains glisser sur elle, lui offrant un léger répit le temps que son corps ne se remette de ce relâchement salvateur. Et alors qu’il plongeait son visage dans son cou, se délectant de sa chaleur et de la douceur de sa peau. Alors que son corps reprenait sa place contre le canapé, ses mains repartirent à l’assaut de sa poitrine. Il y avait mille et une façons de prendre possessions de tels atouts et l’Incube prenait un malin plaisir de les essayer les uns après les autres. Il était sien, de par les règles même de la magie qui le maintenait en ce monde, mais, cette nuit, Kara était sienne, et, à moins qu’elle ne lui ordonne le contraire, rien ne viendrait l’empêcher de lui montrer à quel point il avait le désir qu’elle soit sienne. Un plaisir perverti par la nécessité, assurément, mais ce n’était pas parce que l’on avait besoin de faire quelque chose, qu’on ne pouvait pas le faire sans envie. Joindre l’utile à l’agréable disaient certains Mortels, mais là, ce n’était pas vraiment cela. Car cela signifierait que le Démon avait simplement envie de se faire une faveur. Ce qui était vrai, mais Kara méritait elle aussi sa part, même si ce n’était finalement que le fruit du Hasard. Et alors qu’il s’appropriait son corps, l’Incube tâchait d’en deviner les moindres subtilités. À la manière des aveugles qui reconnaissent les gens grâce au toucher, la créature des Enfers pourrait probablement déjà reconnaître les courbes de la jeune femme entre milles. Le grain de sa peau, son odeur, même si cette dernière commençait doucement à s’entremêler avec la sienne, la rondeur de ses seins, la courbe de ses hanches… Il n’était pas une parcelle de son corps qui lui resterait inconnue, pas ce soir. Il pouvait sentir les battements de son cœur sous ses mains, sa respiration rapide, les frissons qui parcouraient sa peau alors que sa queue jouait avec lenteur contre son intimité. Parfois joueuse, elle se glissait davantage entre les chairs humides, laissant entrevoir la suite des événements. Juste un aperçu, tout juste éphémère, à peine assez pour déclencher une réaction, puis elle redevenait sage. Dans un mouvement, Kara redressa l’une de ses jambes contre la sienne, venant glisser son pied contre son genou dans un mouvement dont elle essayait de contrôler au mieux, vu la situation, la langueur. Elle abandonna finalement sa tâche primaire, faisant remonter un doigt le long du ventre du Démon, jusqu’à finalement attendre son visage, toujours perdu dans son cou. Non sans surprise, elle s’empara d’une de ses cornes, lui arrachant un sourire qu’elle ne vit pas. Enfin… Se dit-il pour lui-même. Il ressentit son ricanement plus qu’il ne l’entendit alors qu’elle le dirigeait désormais de sa main, au gré de ses envies. Docile, l’Incube ne résistait pas, laissant la jeune femme le diriger, montant ou descendant son visage, vers les endroits qu’elle souhaitait gratifier de la présence de ses lèvres et de ses crocs. Au rythme de ses pérégrinations imposées, ses yeux d’or purent apercevoir le visage de sa Maîtresse et le sourire qu’il y vit le fit jubiler. Elle lui demanda alors, avec assurance, s’il aimait lui obéir, et, mieux encore, lui ordonna. Il remonta son visage vers elle, posa son regard dans le sien. « Je suis vôtre, Maîtresse. Vous obéir est mon seul plaisir ; et votre satisfaction est ma satisfaction. » |
Il n’était pas difficile de jouer la soumission : ne prendre aucune initiative, accepter toutes les sollicitations de l’autre sans broncher, etc. Néanmoins, il était bien plus délicat d’offrir à l’autre un sentiment de domination. Kara ne maîtrisait pas les codes et, si elle montrait l’envie d’être en charge, elle ne semblait pas réellement savoir comment faire, ou, plus exactement, avait besoin qu’on l’encourage un petit peu. Car, il fallait l’admettre, une fois sur les rails, elle savait pertinemment quoi faire, et comment le faire, pour s’offrir un soupçon de ce luxe qu’était la domination. Et si Asep’Timusoth lui offrait avec plaisir ce sentiment de dominance, il était bien entendu évident que c’était lui qui restait maître de la situation. Certes elle contraignait son visage à aller là où elle le désirait, mais son corps entier ne faisait que l’appelait pour qu’il continue à la satisfaire. Néanmoins, ce besoin instinctif qui transpirait par le moindre pore de sa peau délicate n’était pas étranger à l’Incube. Car, s’il dominait leur interaction, il n’aurait cependant pas supporté qu’elle vienne l’interrompre si l’envie lui en prenait. Et, ainsi, il était davantage dominé qu’on aurait pu le penser, même de l’extérieur. Heureusement, elle ne semblait pas prête à leur infliger une telle torture, ce qui aurait été pourtant particulièrement… Intéressant. Elle repoussa sa corne, le forçant à poser son regard ailleurs que dans le sien. Il entreprit alors de faire avec ce qu’on lui offrait, à savoir sa poitrine. Son corps entier était tourné vers celui de Kara, voué à le satisfaire, à l’éveiller à des sensations qu’elle connaissait assurément, mais par lesquelles il souhaitait qu’elle se fasse submerger. Regarder jouir une Mortelle avait toujours été particulièrement agréable et celle-ci ne semblait plus trop loin du point de non-retour. Qui plus était son extase était la clef de sa propre liberté, mais ce point-là était devenu de plus en plus optionnel dans l’esprit du Démon. Mais alors qu’il souhaitait l’emmener un peu plus loin, quelque chose s’arrêta. Ce fut d’abord dans le son de sa respiration, moins enfiévrée, que l’Incube décela le premier indice. Puis, elle fit remonter son visage vers le sien et, dans son regard, la créature des Enfers comprit qu’il se passait quelque chose. La situation lui échappait-elle ? Réalisait-elle peut-être qu’il n’avait rien d’un Mortel normal ? L’alcool cessait-il de faire effet désormais et sa raison rattrapait-elle l’absurdité de la réalité de la créature qui la surplombait désormais ? L’intéressé cherchait des réponses dans le regard de la jeune femme, ayant suspendu complètement ses activités connexes. Il attendit qu’elle prenne la parole, un peu perdu, il fallait l’admettre, par ce changement assez soudain. Un véritable retournement de situation. Sa main abandonna sa corne pour se faire plus douce. Elle émit alors le souhait de rentrer chez elle, qu’elle ne voulait pas l’utiliser, que ce n’était pas elle. Le Démon haussa un sourcil de surprise, sans réellement comprendre ce qui pouvait la pousser à réagir comme ça. Elle ne semblait pas vraiment vouloir le quitter, du moins, elle n’essayait pas de s’échapper de son étreinte, au contraire, ses doigts glissaient de sa nuque vers ses cheveux. Elle semblait avoir réalisé quelque chose qui la mettait en contradiction avec ses réelles envies. Néanmoins, Asep’Timusoth n’avait aucune idée de ce que cela pouvait être. Mais cela ne voulait pas dire qu’il était sans armes. Prenant complètement appuie sur l’un de ses avant-bras, il vint poser une main sur la joue de la jeune femme. Son regard ne quittait pas le sien, cherchant à y déceler ce qui pouvait la perturber autant. Il se remémora ses derniers mots et hésita un bref instant. « Quand tu dis que tu ne veux pas m’utiliser, tu as peur que je ne fais ce que je fais que parce que j’y suis obligé, c’est ça ? » Il ne savait pas réellement s’il frappait juste, mais il n’y avait pas non plus trente-six raisons pour lesquelles on repoussait doucement quelqu’un sans réellement s’en détacher complètement. Il se pencha légèrement en avant, posant son front contre le sien, leur regard étaient presque aussi proches que leurs lèvres. « Je ne fais jamais rien sans avoir envie de le faire, Kara. Je ne suis pas entre tes bras parce que j’y suis forcé, mais parce que tu me plais. Et je ne t’appelle pas maîtresse parce que j’y suis contraint, mais parce que cela m’amuse d’être à toi. » Il était facile de jouer avec les mots. Mais, le Démon devait admettre qu’il y avait une part de sincérité dans ses propres. Car si la volonté de pouvoir parcourir ce monde librement était certaine, il y avait un intérêt non-feint à vouloir posséder Kara. Il appréciait cette Mortelle. Peut-être plus que de raison d’ailleurs. Mais il aurait été idiot de renoncer à une attirance. Sa voix se fit un peu plus faible. « Si tu veux rentrer chez toi, je te raccompagnerai Kara. Mais il faut que tu saches une chose. » Il s’approcha encore un peu plus. « J’ai envie de toi. » |
La contradiction de la situation était légèrement perturbante. L’esprit de la jeune femme semblait avoir trouvé un rocher sur lequel s’accrocher et braver la tempête de passion qui le bringuebalait depuis de longues minutes. Il n’était pas rare que les Mortels aient quelques instants de réalisation, souvent au dernier moment, mais, généralement, perdus dans leurs plaisirs et leurs émotions, surtout celles reliées aux passions charnelles, ils préféraient s’abandonner complètement, quitte à devoir y réfléchir davantage après. Compte-tenu de son état d’ébriété et, il fallait le reconnaître, de l’état avancé de leurs petits jeux sensuels, le Démon était particulièrement surpris de voir à quel point Kara avait réussi à retrouver un semblant de raison. Bien entendu, Asep’Timusoth s’était douté qu’en forçant un peu les choses, il aurait probablement pu pousser son corps à outrepasser sa raison, mais ce n’avait jamais été dans ses manières. Cela devait venir d’elle, du début jusqu’à la fin. Alors il fallait essayer de la rassurer, tout en essayant de comprendre ce qui venait de contrecarrer leurs élans. Heureusement, la jeune femme ne s’enferma pas dans un silence pesant. Elle semblait réellement lutter entre ses envies, ses pulsions et ses pensées, ces dernières étant le dernier rempart qui l’empêchait probablement de se perdre dans les bras de l’Incube. Visiblement, elle semblait ne pas apprécier le fait qu’il agissait conformément à son métier. Il était vrai qu’elle le considérait vraisemblablement comme un artiste en représentation. S’imaginait-elle que ses attentions étaient incluses dans sa prestation ? Il n’était pas rare que les Mortels vendent leurs corps en échange d’argent et, si elle le voyait comme un de ceux-là, elle semblait dérangée à l’idée de profiter de lui, de le forcer à faire ce pour quoi il avait été payé. Ce qui était amusant, sur ce plan-là, c’était de penser que, d’une certaine façon, il avait bel et bien été payé. Car si le dénommé Rama n’avait pas dépensé d’argent, du moins celui de son monde, pour les services du Cambion, son arrivée dans ce plan avait demandé le sacrifice de trois âmes, dont la sienne. Bien entendu, il aurait été particulièrement stupide d’évoquer cette réalité, pas maintenant en tout cas. Peut-être finirait-elle par réaliser, plus tard, ce qui s’était vraiment passé cette nuit. Seul l’avenir saurait le dire et, malheureusement, connaître l’avenir ne faisait pas partie de ses pouvoirs. Heureusement en un sens, il n’y avait rien de plus ennuyeux que de savoir à l’avance tout ce qui pouvait se produire. Un léger sourire au bord des lèvres, Asep’Timusoth décida de répondre suffisamment franchement pour ne pas mentir, mais en même temps de ne pas exposer la vérité en tant que telle. « Juste ce qu’il faut pour ma présence ici. » Ses yeux d’or posés sur la jeune femme, il s’approcha un peu plus encore d’elle. « Pour les extras, c’est si j’ai envie, et uniquement en nature. » Il s’approcha encore un tout petit peu plus, se faisant à peine insistant, les mains posées délicatement sur les hanches de la jeune femme. Son sourire se fit narquois, face au trait d’humour qu’il s’apprêtait à lancer. « Et la maison ne fait pas crédit. » Son sourire s’élargit un peu davantage. Le Démon avait conscience que la dénommée Kara avait besoin d’être rassurée, en quelque sorte. Elle semblait apprécier l’idée de passer une nuit avec un inconnu, mais la perspective d’imaginer qu’il avait été payé pour ça devait enlever le charme à l’affaire. Mais, encore une fois, il n’avait aucune obligation, simplement l’envie de la faire chavirer, parce que le jeu en valait la chandelle, certes, mais aussi parce que c’était plus qu’agréable en soi. Heureusement, il sembla que ses paroles eurent l’effet escompté, ou presque. Si la demoiselle semblait accepter l’idée qu’il ne l'appréciait pas par obligation, elle désirait cependant changer, un peu, les règles du jeu. Plus d’alcool et aller chez elle ? Cela n’était pas réellement dans ses plans, mais il pouvait jouer avec ces nouvelles contraintes. Il apprécia le baiser qu’elle ne put retenir et attrapa délicatement sa gorge dans le creux de sa main gardant ses lèvres contre les siennes pendant un long et savoureux baiser. Il se recula légèrement, dans un sourire, sa main glissant avec douceur le long de ses courbes qu’il appréciait encore d’un regard avide d’envie. « Je te laisse choisir l’alcool le temps que je me change, et nous rentrons ensemble. » Il murmura dans un sourire. « Pour une deuxième partie de soirée… mémorable. » La créature des Enfers avait accompagné son dernier mot d’un ton et d’un sourire inimitable avant de se redresser et de se diriger vers une porte qui était celle des toilettes. Alors qu’il passait derrière la porte, il s’arrêta, se retournant vers Kara dans un sourire mutin. « N’oublie pas de te rhabiller. Je n’ai pas envie de te partager ce soir…» Et sur cette promesse prononcée d’un ton chaud, il se glissa derrière la porte. Il lui fallait désormais prendre une apparence normale pour ce monde. Car tous ses traits démoniaques n’étaient, pour la jeune femme, qu’un costume habilement créé et il lui fallait désormais, au moins pour le moment, maintenir cette illusion. L’Incube adopta une apparence mortelle (https://i.pinimg.com/564x/5f/30/7e/5f307edd74b02aba6dcfd2d674050e03.jpg) qu’il avait déjà utilisée. Quelques vêtements simples adaptés de ceux laissés sur place feraient l’affaire. Il sortit donc un peu plus tard de la pièce pour se rendre compte que son invocatrice avait visiblement remis ses vêtements, la porte donnant sur la salle principale était ouverte, il s’y rendit donc tranquillement, la cherchant des yeux. Il la trouva près du comptoir duquel il s’approcha. A côté d’elle, il posa un bras autour de sa taille et lui murmura à l’oreille : « J’espère que mon apparence sans maquillage ne te décevra pas. » Si le Cambion ne ressemblait plus du tout à ce qu’il avait été jusqu’alors, sa carrure et sa voix restaient les mêmes et Kara, même s’il s’attendait à ce qu’elle soit quand même un peu surprise, ne manquerait pas de le reconnaître, au moins à sa voix, si ce n’était la douceur de ses mains sur sa hanche. Il esquissa un sourire avant de s’intéresser à tout autre chose. « Alors ? Quel sera l’alcool de notre nuit ? » |
Le Démon avait ressenti la surprise et le doute sur le visage de la jeune femme lorsqu’il s’était aventuré à glisser une main sur sa taille. Ces gestes cavaliers étaient souvent bien trop familiers dans les coutumes des mortels pour que de simples inconnus ne se les permettent en abordant une autre personne, mais, dans le cas présent, Kara et l’Incube avaient déjà partagés suffisamment de l’un et de l’autre pour que ces familiarités, ne deviennent finalement rien de plus qu’une conséquence logique entre deux amants. Certes, ils n’avaient pas encore véritablement consommés ces plaisirs intimes, mais cela n’était qu’une question de temps désormais. Précisément le temps qu’il leur faudrait pour arriver au domicile de la jeune femme, du moins, très probablement. L’intéressé apprécia chacune des émotions qui transpirèrent du regard de son invocatrice, qu’il s’agisse de sa surprise, de son léger trouble, ou du plaisir qu’elle semblait trouver à sa forme humaine. Visiblement son choix n’avait pas été trop mauvais. Il eut un sourire, autant pour elle que pour lui-même alors qu’elle lui confirmait ses pensées en admettant qu’il était loin de la décevoir. L’espace d’un moment, Asep’Timusoth se demanda s’il en aurait été de même avec une apparence moins… avantagée. Les Mortels avaient souvent des standards de séduction assez hauts et tenaient plutôt à ce que leurs partenaires soient plus proches des parangons de beauté que de l’individu lambda. Quant au Cambion, sa seule certitude était que, comme le disait un proverbe humain, il n’était de mouche que l’on attrapa avec du vinaigre. En conséquence, il ne voyait aucun intérêt à prendre une apparence repoussante. Même si le plaisir de l’expérience en vaudrait peut-être la chandelle, un jour ou l’autre, mais pas ce soir. Ce soir, il avait une jeune femme à séduire et à satisfaire, que ce soit visuellement ou physiquement. La créature des Enfers posa un rapide regard sur le sac en papier brun que Kara attrapa. Il y avait vraisemblablement ce qui ressemblait à une bouteille à l’intérieur et, à en croire sa future hôte, il s’agissait de Whisky, un alcool qu’il connaissait mais dont le souvenir lointain ne lui permettait pas nécessairement de se rappeler du goût de cette boisson qu’il savait cependant de couleur ambre. Il esquissa un sourire un peu plus large, se penchant malicieusement vers son oreille. « Je pense que n’importe quel alcool sera délicieux s’il est bu du bout de tes lèvres. » Il se redressa dans un silence équivoque et la laissa payer sa commande avant de se laisser emporter vers l’extérieur par la main. Cette proximité était étonnante, mais pas nécessairement désagréable. Et puis, cela avait également le luxe de fonctionner parfaitement avec la magie qui le retenait ici. Après tout, les ordres n’étaient pas uniquement un ensemble de mots. Alors qu’ils retrouvaient la fraîcheur de la nuit, Asep’Timusoth perdit quelques instants son regard dans le ciel. Il avait toujours apprécié cette vision bien plus douce que l’ardente nuée de flammes et de cendres des Enfers. Cela avait quelque chose de… reposant. Et même si les néons et les lampadaires éclairaient bien trop à son goût, la noirceur de la nuit venait quand même récupérer son dû au-dessus de la ville. Main dans la main, l’Incube suivait la jeune femme qui, visiblement, essayait d’aller vite, mais marchait d’un pas mal assuré, probablement à cause de l’alcool qui courait dans ses veines. Sa réflexion sur le fait qu’elle devait boire rapidement le surprit quelque peu. Avait-elle à ce point besoin de l’alcool pour faire ce qu’elle faisait ? Il imaginait difficilement qu’elle puisse avoir du mal à séduire les hommes qu’elle désirait, à moins, bien entendu, que son tempérament habituel était relativement timide, mais ce n’était pas ce qu’elle dégageait de prime abord. Il y avait quelque chose d’amusant à la situation tout de même : lui, le Cambion des Enfers, dirigé par un petit bout de femme, visiblement déterminée, pour son plus grand plaisir, à ce qu’ils poursuivent ce qu’ils avaient commencé dans l’arrière-salle du bar. Il n’y avait pas beaucoup de Mortels qui avaient réussi à séduire Asep’Timusoth, mais ce petit brin de femme l’intéressait au plus haut point. Il ne pouvait réellement dire pourquoi. Son apparence n’était pas désagréable, certes, mais l’apparence n’était pas quelque chose d’important pour le Démon, il n’y avait rien de plus banale que l’apparence et ce qu’il appréciait le plus, c’était la personnalité de ces Mortels, leurs comportements, leurs pensées. Et, du peu de temps qu’il avait passé en sa compagnie, l’Incube n’avait qu’une envie, en découvrir un peu plus sur sa manière de fonctionner, d’être. Et s’il devait passer une nuit en sa compagnie pour cela… Eh bien, il ne s’agissait là que d’un petit bonus, particulièrement savoureux. Il regarda pendant un instant cette main qui serrait la sienne et l’entraînait à travers les ruelles de la ville dont il ne connaissait rien. Pour un peu elle pouvait le mener vers un get-apens, mais la simple évocation de cette idée farfelue le fit sourire. Ses doigts caressaient distraitement le dos de sa main, tel une promesse silencieuse ou un rappel muet de la raison de sa présence. Il aurait pu l’embêter un peu plus, mais il préféra attendre encore un peu. Attendre qu’ils arrivent enfin presque chez elle, juste devant la porte en bas de son immeuble pour commencer à pimenter un peu les choses. Alors qu’elle annonçait cet état de fait, il la plaqua doucement contre cette dernière, faisant attention à la précieuse bouteille. Son visage s’approcha du sien, ses yeux d’ambre vissé dans ceux de Kara, un sourire séducteur et ambitieux sur les lèvres. « Maintenant que nous sommes presque arrivés chez toi, la question est de savoir si je te facilite la tâche ou si je me permet de te rendre les derniers mètres encore plus… difficiles. » Il se plaqua alors un peu plus contre elle et l’embrassa avec une pointe de sauvagerie, juste assez pour lui montrer qu’il avait envie d’elle, assez pour ne plus être sage. Il s’écarta ensuite très légèrement. « Quel sera votre choix… Maîtresse. » |
La petite crise de conscience qui l’avait étreint quelques minutes plus tôt au bar semblait être un lointain souvenir désormais. La jeune femme ne résista même pas une seule seconde, se laissant plaquer – non sans une douceur maîtrisée – contre la paroi de la porte de son immeuble. Et alors qu’il prenait un malin plaisir à relancer les hostilités entre eux deux, le Démon eut grand plaisir à la voir sauter à pieds joints dans l’eau. Et alors que, pour toute réponse, sa future hôte venait, littéralement, de fondre sur ses lèvres, il lui rendit, avec la même passion, le baiser qu’elle lui offrait des plus volontairement. Si elle avait eu des doutes quant à sa réelle volonté de la posséder alors qu’il n’était pour elle qu’un escort, le fait qu’ils soient désormais loin du bar, et loin de ce qu’elle le considérait alors, semblait avoir levé quelques inhibitions passées. Ce qui n’était pas pour déplaire à l’Incube, loin s’en faut. En réalité, il y avait bien entendu la possibilité de se libérer du joug du pacte implicite qui la liait à son invocatrice par défaut, mais elle avait eu le mérite d’attirer son attention et, encore une fois, l’idée de s’offrir un peu de bon temps en sa compagnie n’était pas désagréable. Joindre l’utile à l’agréable n’avait rien de problématique, bien au contraire. Alors qu’ils continuaient à s’embrasser, Asep’Timusoth put sentir les mains de sa guide se poser sur lui. De son côté, il profitait de son corps contre le sien, s’appuyant à peine d’un bras contre la porte tandis que son autre main s’était glissée contre la nuque de ce petit brin de femme qui ne semblait absolument pas prête à accepter que leur baiser ne s’achève. Pour un peu, il aurait presque cru qu’elle allait le déshabiller ici et maintenant, non pas que cela aurait fait une réelle différence pour lui, mais tout de même. Ce fut lui qui mit un terme au baiser, même s’il n’aurait pas été désagréable de le faire durer encore. Qui aurait cru d’eux deux, le Démon serait le plus raisonnable ? Le visage de la jeune femme se tendit vers le sien lorsqu’elle sentit qu’il essayait de rompre leur échange et ses mains se refermèrent sur le tissu de son vêtement pour le retenir, même s’il n’avait aucune réelle envie de s’écarter davantage. Sa manière de le regarder le fit sourire. Il savait qu’il tapait dans le mille dans sa manière de s’adresser à elle et l’Incube espérait secrètement qu’elle saurait prendre l’initiative qui était celle que l’on attendait d’une maîtresse. Son ordre le fit sourire davantage. Quant à sa supplique, celle lui suggérant qu’elle souhaitait que ce soit difficile. Comment le dire ? Ma foi, c’était parfaitement quelque chose dans ses cordes. Il n’eut cependant pas le temps de répondre quoi que ce soit qu’elle l’embrassait à nouveau, peut-être encore plus passionnément qu’avant, si cela était même possible. Si elle désirait de la difficulté pour atteindre son appartement, elle allait être servie. D’ailleurs, en toute honnêteté, il n’avait pas vraiment le choix, après tout, c’était un ordre dans le cadre de son pacte, non ? Sans cesser de l’embrasser, Asep’Timusoth posa ses mains sur les cuisses de la jeune femme avant de la soulever légèrement du sol, toujours contre la porte. Il avait décidé que, pour rendre les choses plus difficiles, et, surtout, pour ne pas s’éloigner de plus de ça d’elle, il s’amuserait à la porter, au moins le temps qu’ils finissent par arriver jusqu’à chez elle, quelle que soit la distance qui les séparait de cet endroit. Fier de sa petite entreprise, il rompit leur baiser un bref instant. « Cela vous convient-il comme niveau de difficulté, Maîtresse ? » Il lui offrait un certain degré de liberté puisqu’il ne pouvait pas entraver complètement ses bras, mais cependant il comptait bien sur le fait qu’elle devrait le diriger, d’une manière ou d’une autre, pour pouvoir avancer. « Ou peut-être préféreriez-vous quelque chose de moins… rapproché ? » Le Démon connaissait déjà la réponse, ou du moins se doutait fortement de celle qu’il allait recevoir. Il lui suffisait de sentir la chaleur de son corps contre le sien pour savoir qu’elle n’éprouvait probablement aucune objection à sa prise d’initiative même si, il fallait l’avouer, il ne suffisait qu’un mot d’elle pour qu’il cesse et essaye quelque chose d’autre. Après tout, l’Incube se targuait de suffisamment d’imagination pour lui fournir toute la difficulté dont elle avait besoin, même si elle se révélait assez… difficile pour être satisfaite. Mais quelque chose lui disait que cela ne serait pas le cas. Tout au plus lui suggèrerait-elle quelques améliorations pour mieux répondre à ses attentes. La créature des Enfers entreprit cependant de continuer son travail de sape en venant embrasser à nouveau sa victime. Il ne savait pas comment elle escomptait passer la porte de son immeuble, mais, dans tous les cas, elle devrait le faire plus ou moins à l’aveugle, au moins, pour le moment. |
Il y avait une chose qui était parfaitement délectable pour le Démon, c’était bel et bien de faire semblant d’être soumis. À force de maîtriser les siens ou tout simplement les événements, il trouvait un malin plaisir à laisser croire qu’il obéissait docilement. D’autant que, dans le cas présent, il n’avait pas réellement le choix en vérité. Mais chaque ordre réalisé était un pas de plus vers une liberté dûment méritée. Qui plus était, il n’y avait pas de meilleure façon de servir que de s’offrir le luxe de faire quelque chose que l’on adore et, dans le cas présent, s’occuper de la jeune femme était non seulement parfaitement dans ses cordes, mais, et surtout, quelque chose pour lequel il ne se serait même pas fait prier une seconde, contrairement à certains de ses frères. Attrapant sa maîtresse d’un mouvement agile et la hissant à la bonne hauteur pour rendre la tâche naturelle et plus aisée, son rire fut un témoin flagrant de sa réussite. Il apprécia la manière dont elle s’accrocha à son cou, détaillant de son regard ambré celui de sa future hôte qui n’avait pas encore entreprit d’ouvrir la porte de son immeuble. Pour cela, fallait-il encore qu’elle parvienne à taper correctement la bonne combinaison sur le digicode de l’entrée. Et entre l’alcool qui perturbait ses sens, l’Incube qui s’amusait à profiter de sa relative vulnérabilité pour l’embrasser à plusieurs endroits, comme, par exemple, son cou, il semblait qu’elle avait de nombreuses difficultés à se concentrer suffisamment. Le pauvre digicode bipait encore et encore, accueillant chaque nouvelle tentative d’un petit refus sonore. Ce n’est qu’après de longues minutes qu’il céda finalement, comme enfin soulagé de pouvoir ainsi les laisser entrer. Asep’Timusoth poussa de son épaule la lourde porte, sa cavalière étant visiblement bien décidée à mener sa monture à destination. Elle se vanta de sa propre réussite, occultant probablement les longues minutes passées sur le palier, qui, finalement, n’avaient pas été désagréables. Tout au plus avait-elle pris son temps pour profiter des attentions de son compagnon de la nuit, n’est-ce pas ? La créature des Enfers esquissa un sourire à sa remarque, ne cherchant aucunement à la contrarier. Ce n’était ni le moment, ni l’endroit, ni même la simple logique de leur échange actuel. Alors qu’elle lui rappelait la bouteille, le Démon s’arrêta, avisa effectivement l’orpheline qu’ils avaient failli abandonner à son sort dans l’entrée et fit demi-tour, et, d’une flexion des genoux, attrapa la bouteille d’une main, sans trembler une seule seconde. Il fallait certes un peu de force pour tenir ce petit brin de fille entre ses bras, mais rien qu’un Démon de son acabit ne puisse supporter, même avec un ou plusieurs handicaps. Une fois son deuxième chargement récupéré, il se retourna vers l’intérieur. Pendant ce temps, Kara, elle pouvait s’occuper de lui. Son visage occupait l’intégralité de son champ de vision, ou presque, et il ne manquait aucune de ses réactions, aucun de ses tics, que ce soit les mouvements de ses lèvres, les expressions de ses yeux, les mimiques de son nez. Elle vint d’ailleurs approcher sa bouche de l’une de ses oreilles, embrassant chaque parcelle de peau sur son chemin, avant de lui murmurer de prendre direction vers l’ascenseur et d’appuyer sur le sept. « Tes désirs sont des ordres. » Avait-il alors répondu, sur un ton chaud, entreprenant et, surtout, enjoué. Il affirma sa prise sur sa belle et s’avança vers les portes métalliques qui devaient correspondre à l’entrée du moyen d’élévation susnommé. Il en profita d’ailleurs pour y coller le dos de sa cavalière dans une tentative volontaire, non pas de soulager son dos ou ses bras, mais simplement de provoquer une réaction. Cela ne manqua d’ailleurs pas, puisqu’elle s’en offusqua, se raidissant légèrement, allant même jusqu’à venir frapper – sans force – son épaule en signe de protestation. L’Incube ricana légèrement, à peine le temps qu’elle ne vienne l’intimer au silence en l’embrassant avec une violente passion, allant jusqu’à mordre sa lèvre inférieure presque sans retenue. Le Démon ne cilla pas une seule seconde, semblant accepter ce traitement sans couiner. Il se contenta de lui rendre son baiser, faisant danser sa langue avec celle de sa cavalière qui ne semblait désirer que cela. Les portes s’ouvrirent enfin après une petite sonnerie salvatrice. Asep’Timusoth entra alors dans la petite pièce exigüe et nota d’un regard les boutons sur l’un des côtés. D’un geste assuré, il poussa le bouton numéro sept, laissant les portes se refermer derrière eux, les enfermant ainsi dans un espace clos, pendant une durée indéterminée. La cabine n’avait même pas encore commencée son ascension que la jeune femme lui réclama à boire. Dans un sourire séducteur, un éclair de malice traversa le regard de la monture improvisée. D’un doigté habile, il dévissa le bouchon d’une main et le laissa tomber au sol. Il leva alors la bouteille vers lui et le montra à Kara. « C’est cela que vous voulez, Maitresse ? » Et, dans une petite posture de défi, il en but une lampée. Ou, plus exactement, mit une gorgée d’alcool dans sa bouche sans la quitter du regard. Il s’attendait à ce qu’elle proteste un peu, mais n’en eut cure. Une fois le liquide ambré entre ses lèvres, il éloigna la bouteille et vint se saisir des lèvres de sa cavalière avant, habilement, d’y laisser couler le liquide qu’il avait précédemment stocké entre les siennes. En espérant que cette manière d’épancher sa soif lui conviendrait… |
Il aurait pu l’embrasser pendant toute la montée de l’ascenseur, ne jamais quitter ses lèvres, jusqu’à ce qu’ils finissent par suffoquer du manque d’air. Les lèvres de la jeune femme étaient un plaisir dont il était difficile pour lui de se défaire. Jouer avec elle était d’autant plus délectable que, même s’il restait un acteur particulièrement convainquant, le Démon n’avait aucunement besoin de se forcer ce soir. Celle qui s’était épris de lui, ou peut-être était-ce l’inverse après tout, n’était pas nécessairement la plus belle de toute sa race, mais elle possédait de nombreux charmes, qui faisaient d’elle une créature tout à fait désirable. Déjà, elle semblait plutôt joueuse, ou, plus exactement, n’était pas frileuse devant la nouveauté. Certains Humains étaient un peu trop précautionneux et, par conséquent, trop ennuyeux par la même occasion. Et ce n’était même pas une question de difficulté à pouvoir berner les trop-pensants, mais simplement que regarder les indécis n’était jamais réellement passionnant. Kara n’avait pas mis longtemps avant de se prendre au jeu. Peut-être l’alcool avait-il aidé la créature des Enfers à ne pas éveiller les soupçons, mais un peu de chance faisait également partie du talent. La jeune femme contre lui, il prit un malin plaisir à observer ses réactions alors qu’il portait la bouteille d’alcool jusqu’à ses lèvres, en buvant une longue gorgée devant son visage en émoi. L’avantage de la porter, c’était qu’il était en mesure de ressentir le moindre de ses mouvements. Et même si elle bougeait, sa prise était suffisamment ferme sur ses hanches pour ne pas qu’elle craigne réellement de lui échapper. D’autant que, dans cet ascenseur, la paroi de ce dernier faisait office d’un support particulièrement utile. Alors qu’il s’approchait d’elle, il apprécia chacune des expressions, qui animèrent les traits de son visage et éveillèrent les éclats de ses prunelles. Son corps frémit d’anticipation et cela lui arracha un sourire amusé. Alors même qu’ils s’embrassaient enfin, la jeune femme resserra son étreinte sur lui, agrippant sa nuque. Le Démon laissa glisser le liquide ambré entre ses lèvres jusqu’aux siennes et alors qu’elle appréciait l’alcool, sa monture rouvrit les yeux alors qu’elle lui murmurait adorer cette façon de lui donner à boire, lui suggérant dans un sourire assuré qu’il allait probablement devoir recommencer plusieurs fois, comme juste châtiment pour ses fanfaronnades. La jeune femme déposa un nouveau baiser à la commissure de ses lèvres qui s’étaient ourlées d’un nouveau sourire. Mais avant qu’il n’ait pu répondre, ses mains s’étaient resserrées sur la peau de son cou, laissant du bout des ongles de très légères marques de griffures jusqu’à sa mâchoire. Elle lui offrit alors une menace des plus convaincantes, d’une voix chaude, assurée, légèrement éraillée, qui arracha un léger frisson au Démon. Une punition ? Voilà qui était intriguant. Agréablement intriguant. Il posa son regard dans celui de sa Maîtresse. « Bien sûr, Maîtresse. J’accepterai le châtiment que vous estimerez à la hauteur de mes erreurs. » Sa voix était savamment maîtrisée, suffisamment soumise pour ne pas rompre la performance, légèrement suave pour y mettre une pointe de sensualité. Son regard, quant à lui, pétillait d’un désir presque renouvelé à cette promesse. L’embrasser encore ? La simple idée était particulièrement savoureuse. Il nota son regard vers un écran, dont les numéros indiquaient probablement les étages qui défilaient lentement tandis que l’ascenseur continuait sa route vers le septième étage. C’est alors qu’elle mentionna sa queue, lui suggérant que son appendice, dont il avait fait un usage savamment maîtrisé un peu plus tôt, aurait pu lui être utile pour ramasser le bouchon qu’il avait négligemment laissé tomber sans mettre l’alcool, ni elle, dans une dangereuse posture. Son regard tomba sur le concerné pendant un bref instant avant de se repose sur les prunelles de la jeune femme. « Je vois qu’elle vous a laissé une très bonne impression, Maîtresse. Mais ne croyez pas que je ne suis pas sans ressources sans elle. » Son sourire se fit légèrement narquois et, tandis qu’il transférait la bouteille d’alcool de main, la planquant ainsi contre la cuisse de son séduisant fardeau, le Démon approcha ses lèvres des siennes et vint s’en saisir avec une envie puissante et, alors qu’il s’assurait qu’elle attrapait son visage dans ses mains, plia agilement les jambes pour venir attraper le bouchon de sa main libre avant de se redresser, plaquant à nouveau Kara contre le mur, non sans douceur. Il exhiba son trophée avant de le replacer sur la bouteille. Alors qu’il finissait, l’ascenseur commença à ralentir, avant d’émettre un petit son aigu, laissant s’entrouvrir ses portes. En bonne monture docile, l’Infernal fit faire demi-tour à la jeune femme avant de la portée vers l’extérieur, dans un couloir qui s’éclaira à leur présence. « Où ma Maîtresse souhaite-t-elle se rendre, désormais ? » Il n’y avait pas beaucoup de portes sur ce palier, mais nul doute qu’il serait plus facile d’aller directement vers la bonne. Asep’Timusoth avait la furieuse envie de faire davantage que la monture docile, mais cela nécessitait très probablement une once de discrétion que l’on atteignait rarement dans un couloir. Même si, en toute honnêteté, ce n’était pas lui que ce genre de cascade dérangeait réellement. Malheureusement, les Humains étaient quelque peu… regardant sur le fait d’être pris de court dans ce genre de moment. |
Jouer de ses attributs physiques n’était qu’une formalité pour Asep’Timusoth. Ses capacités surhumaines n’étaient pas nécessairement décelable pour le commun des mortels, mais quelques agiles acrobaties n’étaient pas hors de sa portée, même avec un si doux fardeau que celui qu’il transportait actuellement entre ses bras, et ce même, si ce dernier prenait un malin plaisir à l’embrasser, encore et encore ; ce qui, bien évidemment, n’était absolument pas pour déplaire à l’Incube, qui prit cependant le compliment avec un sourire non feint. Sa démonstration accomplie et la bouteille refermée, ses lèvres s’étaient rapprochées d’une des oreilles de la jeune femme pour se fendre d’un souffle provocateur. « Vous pourrez juger vous-même de cette qualité, Maîtresse. » Elle ne lui laissa cependant pas vraiment la possibilité d’en faire plus et l’ascenseur lui-même décida qu’il était désormais temps de passer à une autre scène. Lorsque les battants métalliques s’entrouvrirent sur un couloir à deux possibilités, il lui fallait essayer de glaner l’information adéquate, à supposer, bien entendu, que la dénommée Kara daigne séparer ses lèvres des siennes suffisamment longtemps pour lui offrir la réponse à sa question. Ce qu’elle fit, d’abord de manière assez peu précise, lui offrant ces quelques indications alors qu’elle continuait de l’embrasser, encore et encore, posant ses lèvres sur ses joues et sa machoîre. Des attentions somme toute particulièrement agréables mais qui n’allaient pas l’aider à trouver l’entrée de l’antre de la jeune femme. Mais qu’importait en réalité ? Ils avaient tout le temps du monde et ce n’était pas le Démon, qui allait lui demander de se dépêcher parce qu’il n’arriverait pas à la tenir plus longtemps ainsi. Au contraire, si elle désirait rester ainsi toute la nuit, il ne manquerait pas de la satisfaire. D’autant que cela devait lui plaire compte-tenu qu’elle s’était davantage enroulée autour de lui, pour le plus grand plaisir de ses sens. Kara lui pointa finalement une direction d’un geste du menton avant de lui intimer de ne pas faire de bruit. Visiblement, elle semblait probablement craindre qu’un de ses voisins, ou une de ses voisines, ne les entende. Il est vrai que la scène aurait de quoi faire jaser, n’est-ce pas ? L’Incube esquissa un sourire à nouveau. « Bien sûr, Maîtresse. » Il avança alors à pas-de-loup profitant de chaque instant pour attirer davantage Kara contre lui. Du moins, jusqu’à ce qu’elle ne l’arrête alors qu’il s’approchait de la porte fatidique, un air paniqué sur le visage. Asep’Timusoth l’observa légèrement surpris et circonspect. Que se passait-il dans son esprit ? Elle lâcha néanmoins quelques mots, lui indiquant que son chez-elle n’était pas très rangé. Avait-elle peur qu’il la juge sur le degré de rangement de son appartement ? Alors qu’ils se trouvaient devant la porte, la Créature des Enfers n’était pas certaine de savoir réellement à quoi s’attendre. Il avait pu prendre conscience que les mortels n’étaient pas tous égaux face à ce qu’ils appelaient la propreté et le rangement, mais ce n’était de toute façon pas quelque chose à laquelle il s’attachait particulièrement. Peu importait que son antre ne soit une cave désordonnée après tout. Visiblement, l’idée de le ramener chez elle la mettait réellement dans un état assez incroyable. Mais elle se résigna finalement, lui tendant ses clefs dans un murmure d’excuse. Son regard ambré posé sur Kara, l’Incube chercha à croiser son regard avant de se saisir du sésame qu’elle lui offrait. Et lorsqu’il y parvint enfin, il lui offrit un sourire courtois. « Je n’avais pas prévu de porter attention à autre chose que toi, en douterais-tu ? » ses lèvres s’avancèrent pour se poser sur celles de celle qu’il tenait entre ses bras, avant de glisser doucement vers son cou. « C’est toi que je veux ce soir, Kara. » Sa voix s’était faite suave et sensuelle. Il fallait la rassurer, c’était une évidence. Il n’avait que faire de ce qui pouvait traîner par terre dans son appartement. D’autant qu’il doutait qu’il soit aussi pire qu’elle ne le laissait suggérer. Sans cesser d’embrasser la peau de son cou, il testa les clefs à l’aveugle. Heureusement le trousseau n’était pas trop fourni et il arriva rapidement à faire tourner le verrou. Il tourna la clenche et repoussa la porte en douceur en s’aidant du dos de la jeune femme. L’appartement était plongé dans la pénombre, à peine éclairé par le couloir et il n’y voyait pas grand-chose. Il referma la porte derrière lui. En douceur, il laissa glisser Kara contre lui jusqu’à ce que ses pieds touchent le sol. « Je peux fermer les yeux et me laisser guider si cela peut ta rassurer davantage. Après tout, je t’appartiens ce soir, un mot de toi et j’obéis. Qu’en dis-tu, Maitresse ? » |