Kara avait enfilé les gants avec une excitation enthousiaste, impatiente de boxer. Finalement, cette séance allait être vraiment chouette, songea-t-elle, et elle s’appliqua du mieux qu’elle put. Souta avait l’air de clairement penser qu’elle était à chier, et c’est vrai qu’il n’avait pas tort.
Elle essayait hein, mais cette fois elle n’avait même pas l’excuse de la fatigue pour justifier qu’elle n’arrive pas bien à coordonner ses mouvements, la droite et la gauche se mélangeait un peu, mais… Frapper était vraiment jouissif. Pourtant, elle était trop perturbée par la nécessité de réfléchir avant d’armer son bras, se rappeler les instructions, c’était loin d’être instinctif chez elle. Rapidement, Kara eu la nette impression ne n’arriver à rien et d’être, encore dans ce domaine, vraiment nulle.
Souta avait dû s’en rendre compte, car au moment où elle allait râler qu’il avait des exercices à la con, il la fit s’arrêter. Elle lui adressa sans le vouloir un regard de remerciement silencieux, alors qu’il lui proposait quelque chose qui lui sembla immédiatement plus attirant.
« Ah ouais ! »
Cela devait confirmer ce que pensait son Coach. Relevant les poings, Kara exaltait déjà, le regard pétillant de malice, d’une sorte de rage de défi qu’il avait sans doute déjà lu lors d’ébats qui nécessitaient plus de … contact.
« J’vais te défoncer, monsieur ‘tu peux y aller fort’ »
Nianiania les gants vont la protéger. C’est toi qui devrais avoir besoin de protection, Loser ! Instantanément, la jeune femme s’était transformée en tigresse et toute l’ironie résidait toujours dans son attitude frêle avec des mains de Mickey Mouse, en sautillant comme une puce sous drogue.
Un premier coup, elle donna le ton : elle visait la tête. Après tout, elle l’avait dit, elle voulait lui coller des pains, et il était prêt à encaisser. Bon, Souta ne serait pas vraiment effrayé par sa technique ni sa puissance, mais elle retrouva immédiatement ce plaisir fou de castagner.
Elle n’y mit d’abord pas toute sa force, comme si elle n’osait pas ou n’en avait pas conscience, mais au fur et à mesure, même en faisant n’importe quoi, elle se laissa prendre au jeu. Désormais, à chaque élan, elle poussait un grognement, et son visage se crispa dans une expression de colère pure. Le visage de Souta était flou dans son regard, elle ne se souvenait presque plus qui il était. En vérité, dans son crâne bourré d’adrénaline et peu habitué à ce genre de chose, à bout de souffle et en manque d’oxygène, Kara voyait en lui tous ces faciès masculins tant détestés.
Ce père absent qui les avait abandonnées, cet amour de jeunesse qui l’avait trahir, une longue et triste séries de visages plus ou moins connus qui l’avaient fait souffrir.
Elle était clairement au bout de ses forces, mais continuait avec acharnement, touchant rarement, mais faisant preuve de pugnacité et presque de fourberie pour tenter de faire mouche. Kara chancela alors, les jambes faibles, le souffle court et la gorge qui brûlait. Elle voulut donner un dernier coup, mais trébucha misérablement.