Sois mignon, et sers moi à boire [Kaito] [TERMINE]

« Et toi, Desco, tu fais quoi ce soir ? »

Il faisait nuit depuis un moment, dans les bureaux de la boite, et il ne restait que quelques collègues en costume cravate à son étage. Elle voulait finir ce tableur affreux où elle entrait les chiffres de ses ventes du mois, pour l’envoyer dans les temps à ses boss, et espérer ne pas avoir de convocation à un entretien, dès le lendemain. Ce qui expliquait les heures supplémentaires, les yeux rivés sur l’écran à la lumière froide de son ordinateur portable. Elle releva à peine l’interpellation, se contant de souffler.

« J’vais finir ça et commander une pizza, y a un match d’e-sport que j’veux pas louper… » Des rires gras accompagnèrent sa réponse, l’un des collègues sur le départ articulant clairement une insulte de type sexiste comme « Et tu comprends tout ou t’as un mec qui te traduit ? »
Tocard.

Elle avait deux chiffres à rentrer avant de pouvoir filer, aller, courage, c’était vendredi soir, c’était la fin du mois, elle pourrait souffler un peu. Concentrée, elle écouta à moitié les remarques des deux lourdauds, et se sentit soulagée dès qu’elle enregistra le tableau. Aller, plus qu’à l’envoyer au Directeur des Ventes…
Le son caractéristique d’une réception de mail la fit sursauter, laissant les collègues hilares, puisque visiblement rester à la regarder semblait amusant, et elle fut surprise de constater qu’il s’agissait justement de son boss.

« Oh. Merde. » Laissa-t-elle s’échapper, retombant sur le dossier de son fauteuil, désemparée. « Putain, j’suis convoquée demain après-midi pour un entretien avec Phil. »

Les deux costards-cravates avaient arrêté de rire et s’étaient approchés pour lire par-dessus son épaule. Hin hin, c’était une convocation en bonne et due forme, et ça sentait vraiment mauvais.

« C’est tes ventes à chier, ça, Desco, fallait donner un peu plus de ta personne pour refiler la camelote. » Gloussa l’un d’eux, l’autre lui donnant une petite tape amicale sur la tête, et les deux la saluant en fuyant lâchement. « Bye Desco, profite bien de ta dernière nuit d’employée ! »

Les enfoirés.
Elle était dépitée, et bientôt furieuse. Se levant brutalement, elle referma son ordinateur sans douceur, empoigna sa veste, et quitta les lieux en fermant la lumière derrière elle. Dans l’ascenseur vide, elle crut qu’elle allait pleurer… Perdre son job, c’était se mettre dans une merde noire, dire adieu à son appartement pas trop miteux, et devoir retrouver autre chose de plus modeste. Sans compter qu’il faudrait encore subir l’humiliation de l’entretien…

Elle avait envie d’un verre, là, tout de suite. C’était le début de soirée, elle était seule, et tellement désespérée qu’elle fut même tentée d’envoyer un sms à un de ses ex. Mais heureusement, elle réussit à se retenir, pas encore assez au fond du trou, sans doute…
Marchand au hasard, elle était instinctivement allé vers le bar où elle allait parfois, se sentant mieux à l’idée de retrouver un endroit connu, familier et… « Fermé pour congés ».

« Putain. »

Son regard morne se tourna vers un groupe de mec au look excentrique, habillés comme des corbeaux et aux bottes de cuir couvertes de pics métalliques. Elle ricana en les voyant, les suivant de son regard morne par la circonstance, jusqu’à ce qu’ils entrent dans un grand bâtiment où l’enseigne annonçait "Shibuya Club Escape". Avec une moue, et sans savoir vraiment pourquoi, elle leur emboita le pas, pas vraiment convaincue. Ça lui disait vaguement quelque chose, ce nom-là, elle avait lu des articles dessus sur le web, durant ces longues heures d’errance à scroller sans but.


Alors à l’intérieur, l’ambiance du nightclub la fit sourire… C’était pile ce qu’il lui fallait ! La nouveauté saurait lui faire oublier l’espace et le temps, et elle ne doutait pas que l’alcool allait lui permettre de parfaitement effacer cette soirée de l’enfer.
La musique était forte, elle mit du temps à s’y habituer, et se rendit compte qu’à part la couleur, ses vêtements détonnaient vraiment avec le dress code de l’endroit. Certain.e.s l’avaient regardé entrer et avait ri ou chuchoté, et à vrai dire, elle sortait du bureau alors… Son tailleur faisait tache ici. Elle détacha la pince qui retenait ses cheveux châtains, coupé dans un carré mal entretenu par flemme, pour tenter d’avoir l’air plus cool…

S’avançant jusqu’au bar, bien décidée à dépenser ce qui lui restait avant la prime de licenciement en cocktails, elle constata qu’à cette heure de début de soirée, la population était surtout là pour prendre l’apéritif, et restait collée au comptoir. Elle se fraya un passa, se fit écraser l’escarpin par une grosse godasse rembourrée de métal et pesta entre ses dents, mais … pas trop fort, pour éviter les ennuis. La savate appartenait à un grand gars aux cheveux longs, qui avait l’air d’avoir des ancêtres vikings, autant ne pas l’agacer.

« Hé, un Russe Blanc ! » Fit-elle en se penchant sur le comptoir, en cherchant des yeux le barman. Elle ne le vit d’abord pas et grogna, se fit bousculer par un groupe mort de rire, et claqua la langue contre son palais d’impatience.

« Oh, toi, un Russe Blanc ! » Insista-t-elle dès qu’elle aperçu le serveur. C’était un mec aux cheveux clair, qui discutait avec un client, surement un habitué. Oui, hé bien peu importait, elle avait soif.

« T’es sourd, mec, je t’appelle là ! » haussa-t-elle la voix avec véhémence, sûre cette fois qu’il allait l’entendre. La vache, elle allait mettre une sale note à cet établissement sur le web, il était bouché ou quoi ?

Kaito était d'excellente humeur, sa journée s'était parfaitement déroulée. Il avait obtenu dans la matinée les résultats de ses partiels et ils s'étaient montrés au delà de ses  espérances. Brillantissime. C'est ainsi que l'avait définit madame Hiroshigawa, l'une des maitres de chaire de l'université. Ces notes clôturaient cette partie de l'année et il allait pouvoir se reposer un peu et profiter de ses passions. Ses parents avaient accueilli la nouvelle avec fierté, comme toujours, et pendant que son père sortait pour lui acheter un cadeau, sa mère s'en allait remercier leurs ancêtres au temple. Kaito avait 19 ans et ses parents l'entretenait toujours comme un petit garçon.

Seul bémol à cette journée heureuse, Kaito n'avait pas vraiment d'amis avec qui partager sa joie aussi s'était-il juré de se rattraper ce soir même au club où il officiait comme barman, ou plutôt, dans une équipe derrière le bar.

En fin d'après midi, il avait sauté dans son jean noir, passé un t-shirt à l'effigie d'Eddy, la créature des Maiden, bouclé des bracelets de cuir à ses poignets, enfilé ses godasses et quitté sa maison, ses AirPods vissés dans les oreilles.

Arrivé au club plus tôt que d'habitude, il y avait convié les personnes du staff pour fêter l'évènement de la journée, avec l'aval du patron bien sûr. Il avait ramené quelques bouteilles pas trop chères d'imitation de champagne, de la bière et des crackers salés. Hitomi et Saeko, deux serveuses de salle ayant le même âge que lui l'avaient fait boire suite à un jeu de paris stupides mais amusants. Assez peu habitué à consommer de l'alcool, il se sentait euphorique mais sut se maitriser pour prendre son service.

Il n'y avait ce soir là aucun thème particulier, le club tournait en mode normal, c'est à dire en accueillant une clientèle très branchée heavy metal, avide de hurlements sauvages et de riffs de guitare monstrueux. Dès l'ouverture, les différentes salles s'étaient remplies aussi vite que les amplis déversaient une musique tonitruante. Kaito avait salué beaucoup d'habitués avec qui il s'entendait bien. Le jeune homme était sociable, aimable et avait toujours le sourire aux lèvres. Sa fraicheur attirait les filles comme un aimant et autant, ailleurs qu'au club, il aurait stressé, autant au bar, il en riait et plaisantait. Un client le titillait d'ailleurs à ce sujet au moment même.

"Kaito ! .............. Hey, KAITO !"

Au son de la grosse voix, le jeune homme se retourne et réponds à l'immense asiatique qui l'apostrophe.

"Ouais Gengis ? Qu'est-ce qu'il te faut?"

Gengis est un client régulier du club. Physiquement très impressionnant, il arbore le plus souvent des gros cuirs cloutés et des chaines massives mais le détail le plus impressionnant est son crâne rasé surmonté d'une seule et unique natte noire tressée. Du fait aussi de sa moustache fine et tombante, il ressemble à un grand chef mongol d'où son surnom de Gengis. En fait, personne ne sait comment il s'appelle vraiment.

"Y'a ta maman qui t'appelle au bar et elle a l'air énervée, elle cherche un russe blanc."

"Ma maman ?"

Kaito s'approche, ne comprenant pas où le géant veut en venir et au dernier moment, aperçoit juste derrière l'homme une jolie jeune femme, bon oui, plus âgée que lui mais de là à être sa mère ... non.

"T'es con Gengis ... Salut ! Moi c'est Kaito, l'écoute pas, il a déjà pas mal bu mais il est sympa."

A l'aise derrière son bar, il ne prend pas de risque mais reste discret pour la détailler. Oui, bien jolie dans ce tailleur. Elle doit sortir du boulot.

"Un russe blanc ? Dure journée ?" En effet, elle n'a pas l'air d'être dans son meilleur jour.

Il prépare un verre old fashion.

"Tu le veux classique ou avec du lait concentré et une gousse de vanille?"

Il attrape une bouteille de vodka, la fait disparaitre dans son dos pour la faire passer par dessus son épaule.

"Et la dose de vodka ? Un rien plus forte que nécessaire c'est ça ?"

Le patron de la boite passe à ce moment-là et claque un shooter devant Kaito.

"Je te l'offre celui-là Kaito! Bravo pour tes résultats !"

"Merci Boss." Il se verse aussi une dose de vodka. "Je suis content d'avoir quelqu'un avec qui trinquer, tu le veux bien ?"

Gengis réplique "Non, elle veut pas, elle fait la gueule."

"Gengis !"

 Bon, le petit Barman s’appelait visiblement Kaito, et. Elle fut désarçonnée par son sourire, cette attitude joviale pleine de peps. Tout avait l’air tellement D@rk ici, que la joie de vivre était perturbante, surtout dans la tête d’une Kara qui voyait ce soir tout en noir. Sans jeu de mot bidon. Elle resta un peu bouche-bée, s’étant sans doute attendue à une réplique plus véhémente, mais elle vint, finalement… Pas de la bouche du blondinet, mais d’un colosse qui devait pouvoir écraser sa tête entre deux de ses doigts.

Il avait aimablement souligné son âge à peine quelques secondes avant, se croyant sans doute drôle, et réitérait en portant un jugement sur sa mine des mauvais jours. Bah… il n’avait pas tort. Pourtant Kara suivit les échanges entre le petit Blond et son Patron, et… la réussite comme l’enthousiasme visible du jeune homme lui enfoncèrent un bon gros pieux dans le cœur. Elle soupira en laissant retomber ses épaules, comme une loque, se hissant sur un tabouret haut, comme pour entériner le fait qu’elle resterait en effet ici un moment.

« Tu me vends du rêve avec ta gousse de vanille, va pour cet extra, j’ai besoin d’une double dose de vodka. » Fit-elle en avouant toute la misère de cette journée dans un regard déprimé, alliant le geste à la parole, ses doigts formant un V bien tendu. Kara essayait d’être aimable, mais les circonstances n’aidaient pas, elle eut du mal à lui sourire, prenant en pleine face sa bonne humeur.

Quant aux fameux Gengis, en d’autres circonstances, elle aurait sans doute juste fermé sa bouche, se contentant de n’être personne, mais ce n’était en effet pas son soir. Elle tourna le buste vers lui, remonta jusqu’à son visage ses petits yeux de fouine fatiguée et fronça les sourcils.

« Sois mignon, ferme-la, et laisse-moi répondre par moi-même, tu veux. » Pesta-t-elle, la tension de sa journée, le stress du lendemain et l’altercation avec ses collègues la rendaient bien trop à fleur de peau. Elle était loin d’être du genre bagarreuse -en dehors de troller les gens sur internet- mais ne voulait pas non plus se laisser marcher sur les pieds. Humour ou pas, alcool ou non, Kara allait sans doute se faire licencier comme une malpropre, et se faisait déjà victimiser par ses collègues, alors cette fois, non.

Elle tira la langue au grand Chef Barbare, avant de se tourner de nouveau vers le petit Blond, plissant les yeux d’un air provoquant, autant pour Kaito que pour Gengis.

« Franchement, ouais, j’vais trinquer avec toi, et pas qu’une fois. On fête quoi ? » Son regard était déterminé, la force du désespoir ; elle voulait oublier cette sale journée de l’enfer.

« Non mais. Attends. T’es majeur, hein ? » S’inquiéta-t-elle soudain, l’air soupçonneux. Il faisait jeune, tout de même, et même si elle doutait qu’on employait des gamins dans un bar de nuit comme celui-ci, c’était peut-être une magouille grossière du Patron pour éviter de payer correctement ses salariés.

L'empereur mongol partit d'un gros rire aussi tonitruant que la musique.

"Toi petite femelle je t'aime bien ! Kaito, son prochain verre est pour moi, je vous laisse, bonne baise !"

La montagne humaine s'éloigna laissant sa place à un nouveau client qui commanda une pression. De la tireuse, Kaito hurla.

"J'ai réussi mes partiels avec succès, j'ai bossé comme un fou et je suis trop content. Ca a payé !"

Il revint vers elle.

"On va boire à ça et aussi à notre rencontre parce que tu viens de mettre Gengis KO et ça , je l'ai jamais vu, alors comme t'es une battante, je vais être ton chevalier servant pour la soirée!"

Effectivement il surdosa le cocktail et devant elle, fendit une gousse de vanille qu'il y fit tremper.


"Tchin! On trinque! Et tu préfères que je t'appelle comment?"

Il s'enfila son shooter d'un coup et grimaca tandis que la chaleur de l'alcool envahissait son estomac.

"Woow ! C'est fort" Il manqua s'étrangler.

A bien regarder, cette femme était super mignonne. Kaito bloqua sur sa bouche avant de s'en rendre compte et de se retourner faire ... n'importe quoi pour cacher son trouble passager. Ca commençait toujours comme ca dans les hentai qu'il regardait, le garçon timide et la bombe prête à tout. Il chassa cette pensée, l'alcool ne l'aidait pas.

"Oui oui je suis majeur, mon patron rigole pas avec ça. J'ai 19 ans. Je bosse après le bahut pour me faire un peu d'argent. C'est fatiguant mais j'aime bien ce club. Il s'y passe des tonnes de trucs et ... euh t'es toute rouge, si t'as chaud, y'a un vestiaire juste là, échange contre ticket."

Il était franchement curieux de découvrir ce qui se cachait sous cette veste de tailleur.

"Je te promet qu'a ton retour, le cocktail de Gengis sera corsé! Ce soir, cette bouteille de vodka est à nous."

Le patron repassa ...

"Ouais ouais Kaito, tu finis debout quand même. Et tu restes poli avec les clientes même si elles te rentrent dedans."

"Oui boss! Comme d'habitude! Euh ... c'est pas que ça arrive souvent mais bon, voilà je reste toujours poli."

"Et qu'est ce qui t'amène dans le club le plus sympa de la ville ce soir? L'envie de t'accaparer le barman le plus .... euh sorry la vodka me fait plus de trucs qu'il faudrait"

L'air contrit, il fit une grimace adorable et se mordit la lèvre.

 Elle s’attendait à se prendre un poing dans la figure, mais le grand balèse explosait de rire, la laissant pantoise puis… pouffant de le voir hilare. Merde, il avait l’air tellement plus sympa que son apparence le laissait penser. A croire que derrière tous ces mecs super ténébreux qui avaient l’air déprimés, se cachaient euh… des gens normaux ? Passant sur le fait qu’elle détestait vraiment qu’il l’appelle femelle, elle écarquilla de grands yeux quand il sous-entendit des suites un peu plus torrides avec le Blondinet, avant de s’esquiver.

Très drôle, Gengis, vraiment, elle leva les yeux au ciel et fut décontenancée par l’enthousiasme débordant du Gamin derrière le comptoir. Ce type tout sourire était étudiant, il avait réussi des examens, Kara essaya de sourire mais cela ressembla plus à un rictus sarcastique. Merde, il était vraiment jeune, et à bien le regarder, il avait l’air d’un adolescent parfait, tout propre sur lui, intelligent, assidu, qui bosse pour payer ses études, qui prend le bus, qui vit chez ses parents et qui …

« Chevalier servant ? » Elle leva un sourcil et éclata de rire en le voyant bien charger son verre, impatiente dès lors ; Kara n’avait pas l’habitude de boire, mais quand elle le faisait, c’était à l’excès, en général. Voilà pourquoi elle évitait d’acheter du vin ou de la bière bon marché chez elle, pour éviter de finir tous les soirs avec sa bouffe en sachet à siroter de l’alcool pas cher pour oublier qu’elle avait une vie de merde. Elle rectifia d’un air un peu moqueur.

« Hé, rêve pas, j’ai pas besoin de chevalier servant. » Surtout si, comme il semblait le dire, elle était une ‘battante’. Par contre, besoin de compagnie, ça, assurément, c’est ce qu’elle allait lui répondre, en plus de son prénom, quand il s’étouffa à moitié, lui faisant lâcher un rire instinctif.

« Ah ouais, c’est fort ? » Elle le trouva immédiatement assez attachant, se servant de la gousse de vanille qu’elle fit tourner négligemment dans son verre, avant de se pencher pour siroter à la paille et goûter le cocktail. Merveilleux, elle écarquilla les yeux avec délice, venant ficher son regard dans celui de l’auteur de cette petite douceur.

« Ohhhhhh, merde. » Souffla-t-elle en roulant des yeux, comme si elle venait de plonger dans un bon bain chaud. L’alcool lui piqua la langue, l’arôme du café réveilla ses papilles, et la douceur sucrée et vanillée envahit sa gorge. C’était divin, elle voulait mille cocktails. Kara inspira une énorme gorgée supplémentaire, pour confirmer combien c’était bon, saisissant le regard de Kaito sur elle, et son soudain besoin de se tourner. Bon, après tout, il bossait, lui, il ne fallait pas l’oublier.

Bonté divine, il était majeur, Kara fut rassurée, estimant qu’elle aurait sans doute quelques scrupules à inciter un mineur à boire. Et. Et à le mater plus sérieusement. Elle toucha ses joues quand il lui fit la remarque et se leva d’un bond. Suivant du regard l’échange avec le Boss, Kara se demanda combien de shooter ce Kaito pourrait boire avant de décevoir le Patron… Hm, stop, non, il fallait qu’elle arrête là le mauvais esprit, l’Adolescent était sympa, il avait une bonne bouille en plus.

« T’as raison, je reviens. Surveille mon verre, hein. » Elle alla porter sa veste de tailleur au vestiaire, en songeant que, tout de même, 19 ans c’était assez jeune, quand même. Grimaçant pour elle-même, pestant qu’elle était vraiment à un âge ingrat où les gamins de vingt ans sont ultra sexy, mais leur père aussi…

Elle revint enfin, débarrassée de sa veste et les pommettes moins rouges, en réajustant son chemisier au décolleté assez efficace pour réussir à vendre n’importe quelle merde à un vieux pervers. Bordel, et avec tout ça, elle avait sans doute les chiffres les plus mauvais du service. Cette pensée l’assombrit pendant qu’elle revenait s’asseoir pour retrouver son verre, qu’elle avait déjà bien entamé.

Elle suça le bout de sa paille, pour la reposer sur le bar et finir d’un coup son cocktail, reposant le verre avec une force toute relative vu son gabarit. Pourtant moins bougon, Kara esquissa un petit sourire, puis un rire vint recevoir les quelques mots en trop que la boisson faisait prononcer au barman.

« Ah ah, je connaissais même pas ce club, j’ai suivi des mecs, je… Je sais pas trop pourquoi. » Haussement d’épaule, en fronçant le nez ; Elle fit glisser le verre d’une pichenette jusqu’à Kaito, lui lançant un regard équivoque. Kara avait soif. Et il avait fait des promesses qu’il devrait tenir, lui comme Gengis.

« Je vais sans doute me faire lourder de mon job, demain, alors ce soir j’veux décompresser. » Kara repoussa sa frange mal taillée en expirant. « Alors, mon chou, je crois que oui, tu peux rester tout près de moi toute la nuit, parce qu’il va m’en falloir pas mal des shooters, pour oublier cette vie de merde. »

Le petit sourire de Kaito était attendrissant et irrésistible, il devait pouvoir se sortir de toutes les pires situations avec un tel visage angélique, même si visiblement, il était dans une phase de rébellion vestimentaire. Ce petit mordillement de lèvre devait en faire fondre plus d’une, c’était assez chou, ce gamin devait avoir du succès parmi les étudiantes, ou les petites Gothiques de ce club.


« Aller, Kaito, sers-moi un Gengis ! Oh, moi c’est Kara. » Pouffa la jeune femme, l’œil brillant.

Bon sang ! Il n'arriverait pas à la regarder dans les yeux. C'était pas normal de se promener avec un décolleté pareil. C'était exactement la vision qu'il avait d'une nana lunatique qui tyrannisait ses collègues au travail. Kaito se demanda si elle était du genre dominatrix et portait un gode ceinture à la maison.

Horreur! Il espérait que non. Son cœur manqua un battement. Qu'elle arrête de sucer sa paille comme ça aussi!
Il tomba des nues quand elle lui annonça la perte probable de son emploi le lendemain.

"Ah mince! Je suis désolé d'entendre ça. Ben, tu as raison, on va éviter d'en parler, demain est un autre jour. Mais en attendant ...."

Le barman récupéra une deuxième bouteille de vodka et des deux mains, remplit sans complexe un nouveau verre Old Fashion. Un Big One cette fois. Il ajouta le reste nécessaire pour réaliser le cocktail et annonça fièrement ...

"Et un Double Gengis Khan blanc pour Kara, grande pourfendeuse de mongols bourrés!"

Lui même se servit un nouveau shooter mais hésita ensuite ...

"Euh je crois que je vais pas te suivre parce que tu arriverais pas à me porter chez moi et en plus si je meurs ici, mon patron risque de me tuer gravement une deuxième fois ... Mais je ne t'abandonne pas!"

Il se servit un coca et avec un clin d'oeil à la jeune femme en but une longue gorgée. Un groupe d'excités l'appela et il s'excusa.

"Garde bien tes miches sur le comptoir ......... TES MAINS sur le comptoir que que que..."

Il bafouilla un truc nul. Sa langue avait fourché et à trop avoir lorgné la poitrine délicieusement exposée, il avait pensé tout haut ce qu'il ne ... fallait pas penser tout haut.

La nouvelle commande à préparer prit du temps et Kaito espérait que Kara ne disparaisse pas. Il se sentait bien malgré ses bourdes. Bon, il avait bu et son état euphorique s'épanouissait. Cette compagnie inattendue lui plaisait beaucoup. Argh!! Les amplis donnaient tout ce qu'ils avaient et la soirée s'orientait très death metal et la pédale double bass de la batterie fracassait les murs du club.

Quand il eut fini, il revint vers Kara.

"Hey salut tu te rappelles de moi ? Je te ressert ou je te ressert ? Demande moi ce que tu veux, j'ai la prétention de pouvoir de faire n'importe quoi ici."
La carte des cocktails était monstrueuse.

"Tu tiens le choc? C'est pas le genre de musique que tout le monde aime."

Il pinça ses lèvres et osa un trait d'humour qui ne lui ressemblait pas.

"Tu es toute rouge, il y a un vestiaire là bas, échange contre ticket. Je surveille ton verre."

Le petit barman avait l’air sincèrement empathique au vu de sa révélation, et elle haussa les épaules avec nonchalance, comme pour signifier que, de toute façon, elle n’avait aucune maîtrise de ce qui se passerait le lendemain… Sa note positive fit briller son regard clair, qui pétilla à le voir jongler avec dextérité entre les bouteilles et les ingrédients. Et puis, la taille du verre laissait rêveuse…

Elle loucha presque en recevant le cocktail xxl, se mordant la lèvre d’impatience, gigotant comme une gamine devant une vitrine de bonbons. C’était peut-être juste les friandises des adultes, l’alcool… Kara lâcha un admiratif : « Waaaaaou, ça semble sauvage, ouaiiis ! »

Dans l’euphorie, elle se saisit de son verre, sa main semblant assez petite comparativement, et s’apprêtait à trinquer avec Kaito, paraissant disposé à s’alcooliser davantage mais. Hm, elle fit une petite grimace. C’était plus raisonnable oui, elle acquiesça pour valider ce choix, après tout, il bossait c’est vrai, et personne n’avait envie de décevoir son Patron. Hein, Kara ? Evitant de lui donner raison quant à sa faible capacité à le soulever jusqu’à chez lui -si tant est qu’elle en soit capable également après le Gengis Khan Blanc double dose- la jeune femme leva un pouce d’approbation.

Ce mec était vraiment un ‘good boy’, ce qui confirmait la petite tête de premier de la classe, se dit-elle avec un petit sourire sardonique, attrapant la paille entre ses dents, mais risquant immédiatement de s’étouffer avec sa première gorgée. Une larme lui monta aux yeux, c’était vraiment, vraiment surdosé. Et surtout, elle ne s’attendait vraiment pas à ce qu’il fasse un tel lapsus. Elle avait peut-être mal compris ? Dans le doute, de toute façon, elle toussa en se frappant la poitrine du poing, sans réagir à cette petite langue qui avait fourché. Non, vraiment, il avait du dire « mains ».

Sauvé par le gong, Kaito s’empressait de servir les autres clients. Kara considéra d’un œil perplexe ce qu’elle pouvait voir du jeune barman, en penchant la tête sur le côté à la manière d’un cocker. La musique était vraiment de plus en plus fort, ou alors la grande gorgée qu’elle venait de prendre lui montait un peu vite au cerveau, grâce à la paille. Elle la mordilla distraitement, laissant son regard glisser sur certains clients, se redressant en tenant son grand verre pour se tourner légèrement vers la salle. Kara fronça les sourcils, en cillant, se demandant vraiment si tous ces gens appréciaient vraiment ce genre de musique, ou s’ils faisaient tous très bien semblants. Ou peut-être qu’ils étaient tous bourrés ?

Ce constat, légèrement grisée, la fit ricaner toute seule, et sursauter au moment où un Kaito sauvage reparaissait dans sa vision périphérique. La jeune femme se tourna immédiatement vers lui, inspirant une petite gorgée tout en gloussant.

« J’ai même pas fini mon verre, c’est carrément fort. » Elle sentait son front et ses pommettes chauffer, l’alcool faire effet petit à petit en engourdissant tout ce qui se passait autour d’elle, et son hilarité devenir ultra naturelle. Cet état était exactement celui qu’elle recherchait, c’était le début de la soirée, elle se sentait enfin un peu mieux et son regard plus expressif trahissait le début d’ivresse.

« J’peux être honnête ? je déteste cette musique. » Elle éclata d’un rire spontané qui faisait se secouer tout son corps, et créait des fossettes au creux de ses joues. Kara écoutait vraiment peu de musique, finalement, et ne s’épanouissait pas grâce à cet art. Zéro sens du rythme, aucune connaissance des notes ou des accords, elle n’avait jamais accroché… Alors évidemment, pour une première dans un club métal, c’était un peu hard.

Comme il se lançait dans un comique de répétition, Kara ne comprit d’abord pas et leva les sourcils comme s’il était idiot, ou amnésique. Elle percuta après un silence tout relatif et ricana comme une gamine, moqueuse.

« Et tu crois que j’vais laisser ma chemise aux vestiaires pour revenir à moitié à poil au bas ? » Taquine, elle aspira encore une bonne partie du cocktail. Elle voulait vite que le monde autour d’elle soit flou. « J’me ferai agressée en quatre secondes, même pour moi la Pourfendeuse de Mongols Bourrés, ça risque de dégénérer. Tu veux une bagarre de taverne ? » Gloussa-t-elle à nouveau, lui lançant un regard malicieux, et presque de défi.

L'alerte résonna comme un gong dans le cerveau du jeune homme. Une brusque bouffée de chaleur l'envahit et il se sentit un peu moins à l'aise sur ses jambes. Oups, il avait déjà trop bu, même si la quantité d'alcool consommée était ridicule. Pas habitué pour deux sous à boire, les effets commençaient à se faire ressentir.

"Je crois que ch'ui bourré." Tout comme Kara, il éclata de rire et se sentit aussitôt stupide.

"Moi j'aime bien cette musique. Ch'ui pas trop expressif alors de l'écouter, c'est ma manière à moi de me défouler."

Kara avait passé un cap aussi. Disparue la nana énervée et mal lunée.

"Ben ouais je crois que tu pourrais le faire. Enfin, c'est pas moi qui t'en empêcherai en tout cas."

Il rit encore. La sensation désagréable passait et il était bien, l'alcool le rendait confiant. Après Kara se trompait. En fin de soirée, il fallait voir dans quel état étaient les filles. En soutif à danser sur les tables ou ... il avait vu pire. En ces temps modernes, on ne s'offusquait pas facilement d'une épaule nue ou d'une poitrine exposée, les metalleux en plus déconnaient vachement sur le sujet.

"Personne t'agressera, Gengis est pas loin. Et moi non plus d'ailleurs ! Même si ... je suis pas aussi costaud que lui."

Il fut de nouveau appelé à servir une autre troupe de poches mais cette fois ne lâcha pas Kara des yeux. Il aimait bien ce regard qui voulait tout dire. D'un autre côté, il se plaisait vraiment à jouer à ce petit jeu du barman sympa qui est l'oreille de tout le monde. Assez peu sociable dans la vie de tous les jours, le club était l'endroit où il arrivait à communiquer avec les autres sans rougir forcement dès qu'il ouvrait la bouche. En parlant de bouche d'ailleurs, la sienne était pâteuse. Il revint face à Kara et but une gorgée de coca.

"Kaito! Tu la prends ta pause ou quoi ?"

Jecko, le gestionnaire du bar le rappelait à l'ordre. Ah oui c'est vrai, c'était l'heure de la pause. Du coup, il passa de l'autre côté du comptoir et s'assit sur un tabouret.

"Maintenant, je te vois toute entière!"

Il désigna le verre de la jolie brunette.

"Et glou et glou et glou ? Ou alors tu abandonnes?"

Il posa ses mains entre ses cuisses et se pencha en avant, bien plus prêt d'elle.

"C'qui est bien avec cette musique, c'est que ça rapproche les gens." Il ricana de sa connerie, c'était nul.

"Et tu comptes revenir ici plus tard maintenant que tu nous connais?"

Une effluve de parfum le fit frémir. La proximité de son visage nuança sa volonté de rester clean. Elle devait dépoter au lit! Il se perdit dans son décolleté et tout en l'observant, haussa un sourcil et refit sa mimique ... qui les faisait toutes craquées.

Kara était morte de rire de l’entendre annoncer son ivresse, c’était trop drôle. Le petit étudiant pompette avec un shooter, c’était un sacré cliché, qui faisait sourire d’habitude, mais avec la moitié d’un Gengis Khan bien bien corsé, et le bon Russe Blanc arrangé en sus, la jeune femme trouvait tout ce que disait le petit Kaito vraiment hilarant.

Il était fun, et mignon, derrière son comptoir, à être à la fois un loser et un type super cool qui jonglait avec des bouteilles comme dans les films. Mais elle ne le croyait pas quand il disait ne pas être expressif, ce n’était pas du tout l’image qu’il donnait actuellement. Quant aux vestiaires, elle leva un sourcil plein de malice, plissant les yeux, faussement méfiante.

« J’suis pas assez ivre pour me dessaper. »

Visiblement, c’était l’heure de la pause syndicale, et elle put, comme lui d’ailleurs, vraiment voir son interlocuteur en entier. L’alcool le fit juste dire à voix haute à Kaito, ce qui fit glousser la working girl en balançant la tête en arrière. Pour revenir aussi planter son regard dans le sien, l’air sérieux, le pupilles rondes et sévères.

« J’abandonne jamais. »

Elle resta crédible une demi-seconde avant de s’esclaffer en inspirant deux longues gorgées à la paille, répondant à son défi sans mal, et se sentant vraiment perdre pied un peu plus. Parfait, elle connaissait bien cette sensation, à la limite de dire et faire des conneries, toujours consciente, mais détachée des contraintes sociales de merde, désinhibée.

Waou, le petit Kaita venait de faire un bond en avant vers elle, elle baissa les yeux sur ses lèvres, son sourire irrésistible et son petit air espiègle et sage à la fois. La vache, ce mec devait vraiment toutes les faire fondre au bahut.
Au bahut.
Doucement, Kara, ce mec a 19 ans.
Cherchant à cacher son trouble, esquissant un petit sourire carnassier qu’elle ne contrôlait pas, comme s’il était instinctif, Kara souffla quelques mots qui s’envolèrent et furent totalement mangés par le gros son qui faisait tambouriner les basses dans leurs tripes.

Soit elle n’avait pas parlé assez fort, soit elle était encore trop loin de lui, et bien sûr, l’alcool lui dicta de se rapprocher encore, jusqu’à pouvoir parler près de son oreille, le nez contre une mèche blonde. Putain, il était vraiment très craquant.

« Je crois que j’connais pas encore assez bien. »

Et elle se redressa, ricanant, pour attraper entre ses dents sa paille, sans le lâcher des yeux, et aspirer touuuuuuuuuuuuuut le reste du cocktail. C’était clair, le Petit Kaito la draguait, et cela faisait chauffer ses joues, ses oreilles et son cou. C’était vraiment grisant… A moins que la chaleur ne vienne pas que de la boisson.

« Mon verre est vite euh vide, Kaito. Nous avons un gros problème. » Elle tira le bout de sa langue.
« Ou alors tu abandonnes ? »

Normalement, dans ses hentai préférés, l'étudiant allumé devait sauter sur son interlocutrice et la bave aux lèvres, lui palper les seins avant qu'elle en réclame plus encore. Malheureusement, ils n'étaient ni dans une vidéo pour adulte, ni dans les conditions optimales qui lui permettrait de le faire. Même si ... Kara montrait des signes d'intérêts tangibles. Il crut un instant qu'elle allait l'embrasser dans le cou mais ce qu'elle lui dit à la lace le rendit dingue d'excitation. Et pour le coup, là, il rougit à mort. Mais hors de question de se débiner cette fois!

"C'est que tu n'as pas cherché de trop près en fait ... c'est toujours dans les endroits les plus secrets qu'on trouve les plus belles surprises."

Haaaannnn! Il avait osé! C'était risqué, quitte ou double, mortellement dangereux ou dangereusement mortel, abusé, non ... brillant ? Bah ... il avait osé et c'était tout ce qui comptait au final. Mine de rien, il venait de faire un grand pas dans le monde des adultes et ne savait pas trop comment ça se gérait en général ce genre de truc. Il eut une intuition frappante.

"Je sais ce qu'il te... ce qu'il nous faut! Un aquarium! J'abandonne pas!"

A ce moment, la musique s'arrêta brusquement. Le patron debout sur une table demanda à ses très respectés clients un instant de silence.

"Mes amis, il est temps pour nous de révéler THE LOVELY COUPLE OF THE WEEK !!!!!!!!!!!!!"

Un cri de joie unanime jaillit de trois cents gorges et tous se tournèrent vers un écran géant accroché au dessus d'une estrade où se produisaient parfois des groupes. Un roulement de tambour solennel retentit et avec horreur, incompréhension et fierté, Kaito se vit apparaitre à l'écran, souriant adorablement avec Kara, très amoureuse lui chuchotant à l'oreille. Trahison! Qui du staff les avait capté à ce moment-là?

Kelly, une autre barmaid vint les féliciter en se marrant, au nom du club. La maison leur offrait une conso. Kaito demanda donc un aquarium, gros récipient de deux litres remplit de trucs plus ou moins fort, en l'occurrence curaçao bleu, rhum avec du jus d'ananas et de la crème de coco. Un Blue Hawaiian. Et deux pailles ... Non ... il passa le bras par dessus le comptoir pour récupérer UNE paille double, plus adéquate pour ... pour un couple.

"Bravo pour la photo, t'es super glamour comme ça." annonça t'il mi-figue mi-raisin.

Gengis passa près d'eux et glissa dans la main de Kara un préservatif, taille méga XL, sûrement un des siens, avant de s'effacer sans un mot.

"Euh t'inquiètes, c'est pas des avances, il est gay." Kaito s'enfonça réalisant le pourquoi du comment. Il tenta de se rattrapper.
"Je ... Je crois qu'il faut l'ouvrir pour l'utiliser."

Il avait atteint le néant.

"On boit où ..." Il allait dire on baise, sous les effets  conjugués d'un peu tout ce soir.

"En fait, je suis très content de t'avoir rencontrée aujourd'hui."

Elle hallucinait de voir le Petit Kaito bourré lui faire des sous-entendus à peine voilés sur leur rapprochement. Ou alors elle interprétait mal ? Non, même si elle avait ce qu’il fallait dans le sang pour délirer sur n’importe quel mot, Kara était persuadée qu’il venait de l’inviter à. A quoi déjà ? Elle se mordilla la lèvre, le trouvant vraiment touchant, et quand il faisait un effort pour s’affirmer, il faisait bien plus que 19 ans, en fait.

Ravie de ce revirement de situation, la jeune femme se dandina dès qu’il évoqua la magie d’un aquarium, et sa ténacité devrait être récompensée, assurément. Plus le temps passait, plus elle estimait qu’il était idiot de se voiler la face : le Gamin lui plaisait, il était sexy, il la couvrait d’un regard sans équivoque et ils allaient être tous les deux très très ivres.

Elle allait lui répondre un truc niais quand le silence la percuta avec violence, et elle chercha du regard la voix qui appelait au calme. L’alcool la fit ricaner de cette situation et l’annonce lui fit lever les yeux au ciel, ce que c’était bidon, ce genre d’event.

Mais.
Elle leva les yeux vers l’écran géant et constata, bouche bée, que le cliché prit la présentait vraiment dans une posture où on pouvait se méprendre. Franchement, elle était à deux doigts d’embrasser le cou de Kaito sur cette photo, et elle avait l’air bourrée ; A vrai dire, lui aussi. Merde, elle ressemblait à ça, en vrai ?

Elle essayait de recoiffer sa frange, un peu gênée, mais grâce à la boisson, plutôt souriante et trouvant la situation plutôt drôle et innocente. Une autre employée leur sauta presque dessus, avec un enthousiasme débordant, morte de rire, et plusieurs sifflements d’encouragement accompagna l’arrivée d’un immense verre… Oh mon Dieu. Kara écarquilla les yeux, son sourire illuminant son visage clair, elle applaudit même à son tour.

« Whouhouuuu ! » Accueillit-elle le verre, levant les bras en signe de victoire, et ne pouvant s’empêcher de loucher sur le dos et les fesses du barman en pause qui se penchant pour récupérer une paille plus adaptée à leur statut particulier. Et le Petit Kaito se permettait même un compliment, on ne l’arrêtait plus ce soir ! Kara baissa un peu les yeux sur la paille, puis sur le visage de Kaito, puis de nouveau sur la paille.

Mais son geste fut coupé par Gengis et elle cilla longuement, le rouge aux joues, autant dû aux cocktails qu’à la situation. XXL ? Vraiment ? Rassurée par l’explication, enfin, le semblant d’explication, elle qui aurait eu toutes les peines du monde à repousser le colosse mongol, surtout soûle, Kara pouffa de rire.

« Oh, tu crois ? » Se moqua-t-elle en levant le petit sachet à hauteur de son nez, en louchant, puis le glissant dans sa poche de chemisier. Il avait l’air gêné, c’était d’autant plus craquant, songea Kara. Avant de se reprendre. Ca fait vraiment cougar, non ?

« OUI, oui, voilà, buvons. C'est notre récompense après tout... On est un peu les rois de la soirée, si j'ai bien compris... » Rectifia-t-elle le tir, salvateur, mais la musique qui reprenait leur offrait à nouveau une sorte de cocon propice au rapprochement. Elle se pencha en avant lentement pour tendre les lèvres. Et attraper la paille. Ainsi, elle était vraiment, très très près du Petit Barman, elle inspira son parfum doux et pouvait sentir la chaleur de peau, accentuée par l’alcool.

Sa main s’avança pour prendre le pied du verre, elle savait bien que c’était surement mal de jouer avec les nerfs de l’Etudiant, mais elle était désinhibée et quoi. Elle était là pour s’amuser, non ? Oublier le reste. Et Kaito oscillait entre une confiance en lui masculine vraiment attirante, et une attitude plus timide, qu’elle trouvait craquante. Un combo adorable qui lui donnait envie de prendre l’ascendant sur lui.

Du bout des doigts, elle effleura la main du Barman, s’étonnant elle-même d’être aussi cavalière, ce qui n’arrivait pas vraiment en temps normal. A une telle distance, il n’aurait aucun mal à entendre ce qu’elle demanderait d’une voix pétillante, levant un sourcil plein de promesses, qui faisait vibrer son regard.

« Et… ta pause dure longtemps ? »

Kaito prit la décision de sa vie. Inconsciemment, il savait qu'il s'aventurait sur un boulevard grand ouvert. Les signes ne trompaient pas et à force de bosser ici, il arrivait à les interpréter sans trop souvent se rater. Et même si ces signes là étaient perdus dans des vapeurs alcoolisées, ça irait. Il se pencha vers sa paille alors que Kara tirait sur sa partie à elle, et au dernier moment dévia pour venir l'embrasser à la commissure des lèvres. Même très bref, ce baiser l'électrisa et il prit la main de Kara entre ses doigts. Il n'avait pas vu à quel point elles étaient fines. Quand il s'arracha à la douceur de sa peau, il souriait comme un gosse devant un sapin de Noël.

"Elle pourrait peut être s'éterniser un peu maintenant que tu y penses."

La gorgée de Blue Hawaiian qu'il aspira lui fit le plus grand bien. Le cocktail était frais. Tiens, ils avaient laissé la photo en fond d'écran. La musique avait repris et les watts crachaient un staccato agressif disproportionné.

"Dis tu as vu sur la photo que ton profil, oui celui-là, était aussi adorable que l'autre?"

Pour appuyer son commentaire, il l'embrassa sur l'autre commissure des lèvres et y resta un peu plus longtemps que précédemment. Il se leva et rapprocha les tabourets avant de se rasseoir, gardant les jambes de Kara entre ses cuisses. S'il avait dû prendre une baffe, il l'aurait reçu depuis longtemps.

"En fait, depuis que tu es entrée, y'a un truc que j'ai vraiment envie de te demander. Cette bouche là, t'as fait exprès de la rendre si attirante ?"

Il y était. Le grand plongeon, la sensation délirante que le monde tournait follement autour de lui. Ca paraissait si simple à la télé ou de voir les autres faire. Lui avait dû prendre sur sa nature profonde pour y arriver. Le résultat était divin. Toutes les lèvres étaient comme ça? Il sentait qu'il devait être maladroit mais il en profitait autant qu'il faisait attention. Les conseils qu'il avait lus spécifiait : n'entrechoquer pas les dents, ca fait mal! Aussi sans trop savoir faire comment, il glissa sa langue dans la bouche de Kara pour venir titiller la sienne. Mmm trop bon! Il ouvrit les yeux! Oh mince, comme un gamin, le bisou, les yeux fermés. Bon, il les ouvrit pour se noyer dans le regard de Kara.

Quand il se recula, il était fier comme un coq et aussi effrayé qu'un poulet devant un renard.

"Je ... J'ai adoré"

Il ne fit pas la connerie de la complimenter sur la qualité de son baiser, tant soit qu'elle ai apprécié ou pas. Il trouva son salut dans l'aquarium à qui il rendit honneur.

En levant les yeux, il vit Kelly qui le regardait et qui lui fit un coucou de la main. Elle s'approcha.

"Je t'offre ma pause Kaito, utilise là à bon escient et ... le patron est dans son bureau, il a commencé les comptes de la semaine, il en bougera pas avant un moment. Y'a moins de monde au lounge en haut."

Kelly était vraiment cool, elle l'avait coaché quand il avait commencé ce boulot.

"Alors, et bien ... peut être que tu as envie de bouger un peu, c'est plus calme là haut, le lounge, c'est un salon de discussion, des coins canapés sous véranda, l'ambiance est beaucoup plus feutrée. Les bikers y montent pour fumer des cigares en fin de nuit. Tu veux voir ou tu préfères qu'on sorte un peu respirer devant, dehors? Ou si tu préfères encore autre chose ..."

Quand Kara vit se rapprocher la bouche du Petit Kaito, son cœur se mit à accélérer et d’un coup, la musique, les dizaines de clients dans le bar et tout le reste autour d’eux. Son geste fut surprenant. D’abord, parce qu’elle pensait qu’il allait l’embrasser. L’embrasser vraiment, s’entend. Et ensuite parce qu’elle trouva ce baiser aussi vif qu’intense. C’était une approche assez peu conventionnelle pour deux personnes bourrées qui se bouffaient des yeux depuis un quart d’heure, et elle tendait le cou lorsqu’il se recula pour prendre sa main.

La vache, c’était si mignon. Kara se laissa avoir comme une bleue en tourna le visage vers l’écran géant, et reçu un nouveau baiser, de l’autre côté, si proche de ses lèvres… L’Etudiant était soit vraiment naïf, soit sa technique était perfectionnée, car la jeune femme se sentait émue et, il fallait l’avouer, fiévreuse. Comme souffler sur des braises tout doucement… Le regard brillant du Gamin la fit fondre, elle se mordit la lèvre dès qu’il annonça la prolongation de sa pause.

A cet instant, c’était décidé. Kara voulait le Petit Kaito, il était trop canon et gentil, et adorable et cette pointe enthousiaste paraissait ne pouvoir reculer devant rien. C’était grisant, une vraie bouffée d’oxygène, elle le voulait, et elle le voulait maintenant. Son rire vibra lorsqu’il la complimenta, c’était toujours difficile de recevoir des compliments, et surtout, c’était une technique de drague assez médiocre, qui la rendit hilare, les joues rouges.

Sa bouche ? Attirante ? Kara mourrait d’envie de lui dire qu’il approche encore pour vérifier le réel pouvoir de ses lèvres, mais elle n’eut pas besoin de verbaliser son invitation, le visage du Barman s’avançait, ils étaient si proches qu’elle sentait son souffle chaud contre sa peau. Ne le laissant pas étirer le cou seul, brûlante, la jeune femme vint à sa rencontre de manière un peu moins adroite que prévue, pressa sa bouche sur la sienne en inspirant son parfum, mêlé aux vapeurs de l’énorme cocktail. C’était divin, elle fixait les paupières de l’Etudiant avec délice et sentait des frissons remonter le long de sa colonne vertébrale.

Quand il ouvrit les yeux, Kara perçu une sorte de mélange explosif, qui manquait d’assurance. Elle lui sourit avec une espèce de tendresse, enfin avait-elle voulu que ce soit tendre, mais c’était peut-être surtout le sourire du loup face à l’agneau. C’était touchant… Elle passa sa langue sur ses lèvres, comme pour être certaine que le Petit Kaito percevrait à quel point il l’avait électrisée.

L’arrivée de la serveuse dans son champ de vision lui remémora où elle se trouvait, et elle se rendit compte qu’elle avait glissé sa main sur le genou du Barman, qu’elle retira un peu vite quand la jeune femme suggéra à son collègue de se trouver un petit coin moins blindé. Kara pencha la tête sur le côté, en silence, laissant l’Employé Modèle lui décrire tout un tas de lieu où ils pourraient aller.

Ça aussi, c’était cute. Il n’avait pas l’air de savoir, ou vouloir, prendre la décision. Ou alors était vraiment soucieux de lui plaire, à elle, et qu’elle choisisse. Avant de lui répondre, lui lançant un petit regard énigmatique qui pourrait peut-être le faire douter, elle avala de grandes gorgées de cocktail. Elle adorait ces notes exotiques, il n’aurait pas pu mieux tomber. Elle adorait le rhum. La coco aussi. L’alcool fit vibrer ses papilles et tourner sa tête, elle ricana en se redressant, retombant du haut tabouret, debout face au Barman encore assis, posant les mains sur ses genoux pour se hisser à sa hauteur et venir parler tout près de son visage.

« Est-ce que tu es du genre à me demander quelle position je préfère ? »

Dans un geste assuré, elle donna un coup de langue sur la bouche du Petit Kaito, et gloussa d’un air un peu taquin. Moqueur, un tout petit peu.

« J’aime bien l’odeur des cigares, et j’adore les vérandas. Viens. »

En vrai, n’importe où ferait l’affaire, mais Kara appréciait le confort. Les mauvaises langues diraient que c’est lié à l’âge, mais elle avait toujours été assez casanière, à aimer les coussins moelleux plutôt que les arrières pleins de ressorts des vieilles voitures.

Sa main se glissa dans la sienne, pendant que l’autre voulut soulever l’imposant verre. L’ivresse la rendait plus gauche, elle ricana de se montrer maladroite, mais sous aucun prétexte il ne faudrait faire tomber le précieux alcool. Elle allait entraîner Kaito quand, au milieu de la grande pièce principale, se stoppa et se colla à lui en se retournant pour lui faire face.

« Euh. Jte laisse me guider parce que… » Nouveau ricanement de femme soûle. « Je sais pas où c’est ton Lounge. »

C'était donc ça que ressentait un petit chien trottinant derrière sa maîtresse. Cette sensation grisante d'être la petite chose dont on s'occupe. En effet, il s'était senti rapetisser sous le regard hyper expressif de Kara. Quand elle lui posa la question magique, il se dit qu'elle était la salope parfaite. Mais ça pour rien au monde il ne le dirait à quiconque.

"Je ... non bien sûr que non! "

Il passa en revue toutes les positions qu'il connaissait ou pensait pouvoir maitriser.Il en élimina tout de suite quelques unes trop osées et pas adaptées au lieu avant de réaliser qu'elle voulait faire l'am...baiser. Comment on fait !!!! Coup de stress. Kaito se concentre et revoit ces articles qu'il a lu au sujet du plaisir des femmes : un truc pas facile où il faut assurer... Bien, basique, il faut rester basique pour pas se planter. Ses rares ébats amoureux ont plus été une séance d'apprentissage de lui-même qu'autre chose. Et là, il va concrétiser ... il espère concrétiser le peu de choses relatives au sexe qu'il connait.

Kara choisit le lounge et après avoir happé l'aquarium, l'entraîne à l'opposé, chargeant à travers la foule. Quand elle se retourne et paumée se colle à lui, il a une vue méga plongeante sur son décolleté de malade. N'étant qu'un homme, un simple être humain sensible au sexe faible, Kaito se libère de l'étreinte de Kara et glisse ses mains sous le chemisier pour venir englober cette poitrine sur laquelle il fantasme depuis un moment. il franchit le cap du soutien gorge qu'il relève (il a lu que c'est vraiment galère à enlever) et posant son front contre celui de la jeune femme, vit pleinement ce rêve éveillé. C'est doux et chaud, ça réagit aussi. Ils sont bousculés, il s'en fout, il voudrait que ca dure une éternité. Une variation dans la musique le ramène au temps présent.

"Hum ... je ... je ne suis pas désolé ... viens c'est par là!"

Il la regarde les yeux plein de malice, lui aussi peut jouer.

Un escalier les amène au premier étage, dédié au jeu. Là sont disponibles des billards, babyfoot, arcade. C'est bruyant mais moins qu'en bas. Il y a aussi moins de monde. Ils prennent un nouvel escalier et après avoir puisés dans l'aquarium, déboulent essoufflés dans le lounge. C'est une vaste pièce très élégante. Les carrés sont répartis uniformément et proposent aux convives des coins discrets où ils peuvent confortablement s'asseoir dans de beaux canapés en cuir au dossier haut et droit. La lumière y est tamisée et à l'autre bout de la pièce, un bar est à dispositions des clients. Ici pas de heavy metal mais plus une ambiance jazzie ténue. Au dessus de leur tête, le ciel nocturne rien que pour eux même si ce soir la lune reste cachée.
Kaito choisit le coin le plus tranquille, il y a vraiment peu de monde, juste quelques habitués qui fument. Il prend des mains de Kara l'aquarium et le dépose sur la table basse avant d'appuyer sur un bouton qui illumine un petit panneau " do not disturb". Evidemment .....

"T'es trop belle...."

Il renverse Kara sur le canapé sans la prévenir, la suivant dans le mouvement et s'asseyant au dessus d'elle. A genoux comme ça, il l'embrasse fougueusement en défaisant maladroitement les boutons du chemisier. Quand c'est fait il se redresse et la regarde dépoitraillée. Il a toujours adoré les belles poitrines. C'est son trip et là, il une master piece. Il les caresse, les soupèse, les pétrit avant de replonger sur elle pour mêler leur langue en un baiser endiablé. Son plaisir le taraude depuis un moment mais là il est dur comme un roc.

 Tout le corps de Kara avait semblé réagir aux mains inquisitrices qui avaient décidé de découvrir combien la peau de sa poitrine était douce, et brûlante. Collés l’un à l’autre, plus rien n’existait, elle avait la tête qui tournait et les doigts de Kaito qui progressent sur ses seins la font frémir. Elle se retint de gémir, dans un ultime cas de conscience, réalisant qu’ils sont loin d’être seuls. Mais que finalement, tout le monde s’en fout qu’ils se tripotent au milieu de la salle principale bondée.

Souriant à son absence d’excuse, le trouvant plus attirant à chaque phrase, chaque tentative d’humour, et à chaque fois qu’il semble prendre la situation en main, Kara le suivit avec empressement, profitant que son guide la devance dans les escaliers pour éhontément le mater, se mordant la lèvre, anticipant déjà sa peau chaude contre la sienne, la fougue des baisers.

Le second étage est en effet bien plus adapté à la … conversation. Malgré tout le soin des ventilations et nettoyage, une légère odeur de tabac restait, et Kara inspira longuement, s’imprégnant du lieu, sa vision d’adaptant à la plus faible luminosité. Et la vue, au-dessus d’eux, est en effet vraiment idéale. Ses sens étaient faussés, elle avait l’impression de flotter un peu et l’assurance du Petit Kaito la faisait rire, autant qu’il l’excitait. Son regard n’arrivait plus à se détacher de lui, de ses yeux pétillants où on ne lisait désormais plus que du désir. C’était euphorisant d’être l’objet de tant de convoitise, c’était si bon !

Il l’acheva en lui soufflant un compliment, et elle se laissa parfaitement renverser sur le canapé, avec un soupir impatient, fébrile comme un enfant à qui on a fait miroiter un très, très joli cadeau. C’était pile ce qu’il lui fallait ce soir, s’évader très très loin avec un mec qui la traitait déjà comme une princesse. Electrisée par son corps qui vient s’asseoir sur elle, ce contact sans équivoque, et le baiser avide, Kara étire le cou pour dévorer ses lèvres, avec un appétit et une facilité décuplée par l’alcool.

Il la rend dingue, il est tantôt trop sage, et tantôt cavalier ; la jeune femme vint l’aider dans la délicate entreprise pour défaire les boutons de sa chemise, le préservatif de Gengis tombant au sol sans qu’elle s’en rende compte. A vrai dire, elle ne se soucie de rien d’autre que les mains du Petit Kaito, et de sa bouche, sa divine bouche qu’il éloigne d’elle, lui tirant un léger gémissement.

Dans cette posture, elle le voit en contre-plongée, l’admire d’en bas, le trouvant bien plus mature, et cette vision lui arrache un sourire carnassier, lorsqu’elle constate qu’il semble être captivé par sa poitrine. Espiègle, Kara glisse ses mains sous le t-shirt du Barman, ne tolérant pas l’injustice, pour le forcer à se redresser le temps qu’elle soulève le tissu suffisamment, se contorsionne, et le lui retire.

Sans se préoccuper de l’environnement autour d’eux, de la petite ambiance musicale légère, des volutes de fumées qui leur parviennent parfois, la jeune femme se mord la lèvre en penchant la tête sur le côté comme un cocker attentif, elle passe son regard lentement sur le torse du Serveur, prend son temps… Mais les caresses de Kaito sur ses seins enivre ses sensations, elle frémit, avant de ne plus tenir, et d’agripper le cou de l’Etudiant, pour le forcer à redescendre l’embrasser, empoignant sa nuque avec toute la force dont elle est capable. C’est modeste, en réalité, mais dans le feu de l’action, cela semble convainquant. Ses dents viennent piquer sa lèvre inférieure, la tirant à elle, à la limite de la douleur, puis comme un repentir, Kara glissa sa langue sur sa bouche, avant de réitérer sa maltraitance.

Le maintenant toujours contre elle, sa main libre caressa son épaule, jusqu’à son bras et son avant-bras, qu’elle palpa avec énergie, en ronronnant presque.

« J’adore les avant-bras, c’est ultra sexy. » L’alcool la rendait bavarde. Peu timide, aussi, parce qu’il aurait été hors de question de se retrouver à moitié à poil dans un club sans une belle dose d’alcool. Et en parlant d’alcool, le regard de Kara se mit à pétiller de manière louche, elle plaça son index sur la bouche du Petit Kaito en lâchant sa nuque, et délaissa son avant-bras pour tira la main vers la table basse. Elle grimaça, s’étendit encore, soucieuse de ne surtout pas permettre à Kaito de s’éloigner de son poste stratégique, et pinça la paille de son pouce, avant de la retirer du verre.

Aucune goutte sur le sol, elle s’en étonna elle-même, ricana de sa dextérité.

« Ouvre. » Gloussa-t-elle, se penchant en deux en avant pour réussir à verser le contenu de la paille dans la bouche du Barman, en riant de sa bêtise. Elle exécuta le même geste pour se désaltérer, et au troisième voyage de la paille, levant un sourcil et lui servant un sourire digne d’un fauve, déversa les quelques gouttes bleues entre ses seins. D’un petit mouvement de menton, sa voix le mit au défi.

« A la tienne, Petit Kaito. »