"Oh oui ! Viens, viens !"
Autant le Roi ne pouvait cesser de prendre un malin plaisir à la taquiner, à tourner autour du pot, à la faire languir, comme tous les hommes, aussi imparfaits soit-il, il n'en restait que sa résistance à son propre plaisir n'était simplement pas à la hauteur de son appétit, et il sentit bien vite ce grand frisson, ce sentiment qu'il connaissait si bien, qui se propageait en lui, accompagné de ces étranges contractions et soubresauts qui projetait en Alecto une dose bien généreuse de semence bien fertile. Alors qu'il se laissait fondre en elle, le Roi sentit ses bras se resserrer sur la fine silhouette d'Alecto. La pauvre jeune femme, dans toute sa tendresse, venait d'encaisser des orgasmes multiples en plus d'accueillir sans rouspéter ceux de son mari. Il se laissa alors lentement tomber vers l'arrière, au creux des fourrures et la serra contre lui, l'aidant à replacer ses jambes pour qu'elle ne se blesse pas en relevant une dernière fois le bassin, la soulevant par la même occasion, avant de se reposer. Alors qu'il regardait le plafond, dans son plaisir, Serenos ne pouvait même plus voir les formes de la grotte; il ne voyait que des milliers de petites étoiles qui scintillaient et se mouvaient, sans leur porter la moindre attention, alors que les petits organismes qui en étaient l'origine se déplaçaient, peut-être effrayés par les gémissements qui avaient envahi leur lieu de vie.
Lorsque son sexe se dégonfla, glissant hors de la féminité chaude et humide d'Alecto, alors le Roi la prit dans ses bras, la laissant se tourner vers lui, et il posa un baiser sur son front. La bête sauvage en lui était enfin, pour le moment, docile et contentée, et il était satisfait. Il refusait cependant de la relâcher, la maintenant dans ses bras, blottie contre son tronc, le nez pressé contre sa chevelure, humant le parfum d'Alecto mêlé à l'odeur salée du bassin et de la sueur. Après l'amour, c'était presque devenu un automatisme; le Roi devenait une boule d'affection, aux petits soins pour sa femme. Il s'assura qu'elle n'était pas trop épuisée, la couva de ses excuses, comme s'il craignait de l'avoir poussée trop loin dans leurs ébats, même si elle ne laissait jamais sous-entendre de telles accusations.
Quelques longues minutes après l'amour, le Roi prit sa femme par la main, saisissant une petite bourse qu'il avait laissé là plus tôt avant leur arrivée et l'emmena vers le bassin lumineux et l'invita à s'asseoir dans l'eau, et avec un soin amoureux, il lava la sueur de sa peau, frottant ses jambes avec une éponge, utilisant des huiles pour nettoyer la peau des impuretés. Comme elle l'avait fait si longtemps pour d'autres, le Roi démontra son savoir-faire en matière d'hygiène en s'occupant de sa femme, comme les serviteurs le faisaient normalement, mais contrairement à elle ou les serviteurs, il n'y avait aucune soumission dans ses gestes. La dignité du Roi ne saurait être abaissée par ces gestes parce qu'il ne le faisait pas par soumission à son épouse; il le faisait par amour et par souci. Il lui lava les cheveux avec une lotion moussante, lui massant le crâne habilement, avant de lui rincer la tête. Usant d'un peigne en argent enduit d'huiles aromatiques, il élimina les nœuds qu'il lui avait causé au cours de leur baignade et de leurs ébats. Une fois bien propre, il s'accorda quelques minutes avec sa femme dans l'eau, s'offrant à ses soins et pensées.
Mais leur nuit de noce touchait à sa fin. Bientôt il le savait, ils devraient retourner en Meisa, pour qu'il retourne à ses affaires, et qu'elle retourne aux siennes, jusqu'à ce que le soir les réunisse. Mais il n'était pas triste; il savait que chaque minute passée loin d'elle ne ferait qu'ajouter à son désir de la revoir.
Plutôt que de s'inquiéter de leur séparation future, le Roi mit fin au bain, puis l'enveloppa dans un grand linge gris et blanc que les Meisaens utilisaient pour se sécher et l'emmena de nouveau dans les fourrures, s'allongeant à ses côtés, et il lui embrassa doucement le front.
"Je te retrouve dans tes rêves."
Et ce n'était pas un mensonge; il comptait bien la visiter dans l'immatériel. Il ne s'empêcha bien sûr pas de lui faire la conversation, jusqu'à ce que la fatigue l'emporte et qu'ils ne s'endorment, dans les bras de l'autre.
***Le matin suivant***
Le lendemain, Serenos se réveilla naturellement. Il n'avait pas besoin de la lumière du soleil pour savoir qu'il était encore tôt; juste assez tôt pour que leur absence ne soit pas remarquée. Il s'assura que sa femme soit fin prête avant de l'escorter dans sa chambre. Il posa un nouveau baiser sur son front, avant que quelque chose ne le mette en alerte; des murmures préoccupés dans le palais.
"Quelque chose cloche. Viens."
Il se mit alors à marcher et remarqua que personne n'était à son poste. Les cuisines ne flambaient pas, les bains n'étaient pas remplis d'invités. Il y avait quelque chose d'anormal. Le Roi se mit à marcher plus rapidement, ses sens aux aguets, alors qu'il traversait les couloirs principaux, traversait l'atrium du palais à grand pas pour se rendre dans la cour, où se massaient déjà une grande quantité de gens. Il y avait tant de conversations simultanées qu'il ne parvint pas à discerner ce qui se disait, mais son arrivée ne manqua pas d'attirer l'attention de ces gens, et le Roi eut droit à un passage. Un homme se tenait sur le pont qui menait à la Citadelle, accompagné d'un contingent d'hommes en armures, et à leurs étendards, il devina facilement de qui il s'agissait; des envoyés de l'Ordre Immaculé.
Le visage auparavant rempli d'amour du Roi se durcit, et il fut tenter de chercher le contact réconfortant de sa lame; aucune visite de l'Ordre Immaculé sur les Territoires des Trois Royaumes ne s'était soldée autrement que par un désastre retentissant, et depuis, les Paladins n'étaient pas les bienvenus chez lui. Il se tourna alors vers une personne de l'assemblée et demanda simplement plus d'éclaircissement sur la raison pour laquelle ces hommes avaient été autorisé à entrer aussi profondément dans la citadelle, et il lui fut expliqué que ces hommes étaient accompagnés de l'ambassadeur de Nexus, et qu'ils demandaient audience. Ils étaient également arrivés au beau milieu de la nuit, mais personne n'avait été capable de prévenir le Roi, qui était introuvable. Il faillit presque se reprocher sa nuit de noces, avant de chasser cette idée de son esprit; il ne regretterait jamais d'avoir passer du temps avec sa nouvelle épouse.
Il s'avança vers l'homme, gardant Alecto près de lui; elle était la seule dans tout le royaume en qui il avait suffisamment confiance pour parler avec ces fanatiques.
"Je suis le souverain des Trois Royaumes. Vous vouliez une aud…"
"Alecto!"
Sans égard pour le protocole, l'homme de tête s'avanca vers l'épouse du Roi et lui prit les mains, les embrassant.
"Dieu est bon! Je t'ai enfin retrouvée! Oh, quand j'ai appris que tu étais dans ces terres barbares, comme j'ai craint pour toi! Oh, si j'avais su que cette Thiana te vendrait à des hérétiques… As-tu été maltrait…"
Le Roi agrippa fermement l'étranger et le tira d'un coup brusque par son capuchon, l'éloignant d'Alecto d'un geste violent du poignet, tirant sa lame et menaçant l'homme avec une froideur monstrueuse dans le regard. Il n'aimait pas le regard de cet homme. Quelque chose lui disait de se débarrasser de lui.
"Alecto est sous ma protection. Vous ne la toucherez pas si librement!"
"Alecto, mon enfant, ce monstre t'a-t-il privée de ta langue? C'est moi! C'est Thorius! Tu me reconnais, n'est-ce pas?"
Il tenta à nouveau de s'approcher, ignorant le Roi, mais celui-ci le repoussa de nouveau, avant de regarder par-dessus son épaule et regarder sa femme.