Le Grand Jeu

Plan de Terra => Les contrées du Chaos => Discussion démarrée par: Serenos I Aeslingr le mercredi 27 mai 2020, 19:27:06

Titre: Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mercredi 27 mai 2020, 19:27:06
La crypte royale était auparavant l'endroit où tous les Rois de Meisa étaient ensevelis, un lieu de recueillement pour leur descendance, pour s'inspirer de la sagesse des hommes qui y reposaient. Autant dire que cela fut la première chose que le souverain des Trois Royaumes s'empressa de renouveler; tous les anciens Rois furent arrachés à leurs tombeaux et réemménagés dans la Crypte des Anciens Rois, sur le flanc du mont Elivitan. La Crypte Royale était maintenant le lieu de repos d'une seule personne, la défunte épouse du Roi, Laryë, fille d'Ulrik, et mère des princes de Meisa. Son tombeau, scellé à la fois par des mécanismes de verrouillage basés sur les coffres forts des Enfouisseurs et par des sortilèges, assuraient à la jeune reine un repos imperturbable, hormis pour les fois où son époux, le Roi Serenos, venait se recueillir.

Parce qu'il ne souhaitait pas à sa femme d'être enfouie sous terre, elle qui aimait tant le soleil et le ciel, le Roi avait fait réaménager une part de la forteresse pour permettre le soleil, dès midi, de baigner ce lieu de lumière, ses rayons se reflétant dans les petits bassins encerclant le grand sarcophage et illuminant le dôme de pierre qui avait, autrefois, été habité par ses ancêtres.

Comme Serenos insistait pour prendre lui-même soin de la tombe de sa défunte épouse, aucun serviteur n'y était jamais entré. Le Roi s'était levé très tôt pour faire son devoir, à commencer par désherber le petit jardin floral qui entourait les bassins et le sarcophage. Pendant qu'il remplissait cette tâche, il ne pouvait s'empêcher de parler à sa femme. Il lui disait les dernières nouvelles, les accomplissements de leurs enfants, voire la naissance de petit-enfants, lorsque cet événement se produisait. Puis, à l'aide d'un pinceau, il nettoyait les gravures qui couvrait le grand sarcophage, chassait les toiles d'araignées qui s'y formaient. Ce jour-là, il n'était pas nécessaire de repeindre les fresques dessinées, mais c'était parfois une tâche à laquelle il s'adonnait.

Une fois le nettoyage du tombeau terminé, le Roi se posa sur le banc parallèle au sarcophage et s'adossa dessus, laissant sa tête retomber vers l'arrière.

Vous souvenez-vous, très cher, de cet été que nous passâmes dans la région du Lanfrost, dans votre terre natale? Nous avions passé nos journées à marcher dans les grandes forêts, dans ce silence qui nous était coutumier? Ah, si seulement j'avais trouvé le courage de parler. Nous aurions pu passer ces précieuses minutes à en apprendre plus sur l'autre, et peut-être me serais-je rendu compte plus tôt de l'attachement que je vous portais.

De la main, le Roi de Meisa caressa doucement le sarcophage. Pour éviter qu'un nécromancien ne s'aventure à utiliser des sortilèges pour ramener sa femme à la vie sous forme de mort-vivant, le sarcophage possédait de puissantes protections magiques contre ces sorts, mais il devait admettre que parfois, ne serait-ce que pour s'entretenir avec sa défunte épouse et pouvoir tourner la page une bonne fois pour toute, et effacer ses regrets. Certes, le Roi ne s'était pas privé d'aventures à la suite de la mort de sa femme, et on pouvait difficilement qualifier leur relation d'harmonieuse et aimante, considérant leur personnalité différente, mais le roi ne pouvait s'empêcher de penser que si sa femme et lui s'étaient rendu compte, beaucoup plus tôt, de l'affection que le Roi lui vouait, peut-être qu'elle ne serait pas morte en lui laissant ces regrets et ces non-dits. Mais tel n'était pas le destin des hommes; utiliser la nécromancie était un sacrilège pour ceux qui avaient mérité le repos éternel, et si quelqu'un avait mérité la béatitude de l'après-vie, c'était bien celle qu'il considérait comme son égale.

Comme l'après-midi s'annonçait, le Roi jugea bon de se remettre au boulot, et se releva de son siège. Il grimpa hors du tombeau et referma la lourde porte de pierre, illuminant temporairement les sceaux magiques qui la protégeait pour y faire quelques ajustements et vider un peu de son pouvoir dans le sceau, pour le renforcer davantage. Alors que ses jambes manquèrent de lui faillir, mais une Sœur l'agrippa et l'aida à reprendre son équilibre.

"Pardonnez-moi, Seigneur."
"Tu n'es pas en faute, Sœur. Je te remercie."
"Puis-je vous faire escorte, Seigneur?"
"Non. Ta compassion est la bienvenue, mais elle n'est pas nécessaire. Merci beaucoup."

Il réaffirma sa posture et la force de ses jambes, et reprit sa marche, reprenant graduellement des forces. Dépenser de la magie en cette quantité donnait l'impression de s'être précipité à toute vitesse sur une longue période, le laissant physiquement exténué pendant quelques minutes. Pour cette raison, il prit son temps pour monter les marches et traverser son palais, jusqu'à atteindre son bureau. Il ouvrit alors la porte, avant de voir que son bureau était maintenant un indescriptible bordel.

"Mais qu'est-ce que…"

Une pile de papier tomba encore, et un petit oiseau mécanique marcha devant lui en piaillant bruyamment.

Le roi regarda autour, avant de tirer sa lame d'une main, se préparant mentalement à un assassin caché dans le bordel, avant de s'avançer dans la pièce. Grâce à la magie, il fit passer sa vision, normalement photosensible, à une vision thermique, lui permettant de percevoir les ondulations de chaleur et percevoir un individu caché. Il vit donc, coincée entre les rayons de sa bibliothèque privée, une forme de vie. Une femme. Il faillit se mettre en colère, puisque son bureau était strictement interdit à quiconque sans son autorisation, mais il avait quand même des priorités; la vie d'une jeune femme surpassait l'importance d'engueuler, et comme ses bibliothèques étaient très lourdes, le Roi savait qu'elle ne survivrait pas longtemps à la pression. Il s'empressa d'agripper les rayons et les relever, les plaquant de nouveau contre le mur, avant de repousser les livres et aider la demoiselle hors de la pile de livre.

"Est-ce que vous êtes blessée, mademoiselle?" demanda-t-il, en bon gentilhomme. Il l'engueulerait certainement plus tard, mais pour le moment, son bien-être était plus important.

Il la regarda de la tête au pied, et sût immédiatement qu'elle n'était pas une des servantes qu'il connaissait; il n'aurait certainement pas manqué de remarquer une telle beauté. Peut-être était-elle nouvelle? Peut-être, oui. Enfin, c'était encore incertain, peut-être qu'elle était une invitée? Mais si elle l'était, pourquoi s'était-elle aventurée dans le bureau du Roi? Tant de questions, si peu de réponses.

"Qui êtes-vous?"
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 27 mai 2020, 20:20:25
Il y avait les jours désagréables où elle devait subir les gestes déplacés des clients de l'Auberge de Thiana Gian, servir à boire aux ivrognes, et leur rappeler qu'il était interdit de vider ses tripes sur le comptoir. Il y avait les jours terribles où elle devait, seulement armée d'un balai, chasser des rats gros comme des chats, en pleurant d'angoisse, tant ces rongeurs lui faisaient horreur. Il y avait les jours harassant où elle devait tirer un chariot emplit de victuailles diverses, afin de les rapporter en cuisine et permettre à l'Auberge d'offrir des plats délicieux à un prix modique à la viande soûle qui y résidait, et nourrir les Filles qui y oeuvraient.

Et il y avait des jours pires encore. Les jours terrifiants où Thiana Gian lui confiait pour mission de sortir de la ville, loin de tout ce qu'elle connaissait et qui la sécurisait, ou de suivre un inconnu à bonne distance, se fondant si bien dans le paysage... Ces jours où la Sorcière lui intimait d'ordre d'en apprendre plus sur un adversaire, un potentiel ennemi, ou juste un mauvais-payeur. Où habitaient-ils, leurs activités, étaient-ils armés ou sous bonne garde ? Quand cela restait dans le quartier de l'établissement, Alecto prenait parfois plaisir à effectuer ces missions, il est vrai. Epier ses voisins était un vice qu'elle avait du mal à refréner.

Mais... Mais pénétrer des Palais... Jamais encore sa Maîtresse n'avait été si ambitieuse. C'était ce type de journée. Un jour qui la rendait si anxieuse, qu'elle n'avait pas dormi de la nuit. Le voyage avait été angoissant pour elle, qui avait peur de tout, même de son ombre, mais Thiana avait grassement payé une caravane. Au pied de la forteresse, il avait finalement été plus facile que prévu d'entrer... Alecto passait souvent pour n'importe quelle servante... Les voilages et les parures appréciées de sa Maîtresse avaient été troquées contre une robe simple de lin blanc, brodée de beige, aux motifs floraux, que seul quelques fils bleus rehaussaient. Rien n'indiquait qu'il s'agissait d'une robe faite sur-mesure pour elle, à moins d'être connaisseur.

A l’intérieur, là encore, tous la prirent pour une servante. Et, lorsqu'un rare curieux le lui demanda elle fut extrêmement soulagée de ne pas avoir à mentir, elle qui était assez médiocre dans ce domaine "Je suis une domestique, Messire". Et on la laissa en paix. Thiana Gian n'avait pas été extrêmement précise sur le but de sa visite au Roi de Meisa... Et cela la terrifiait. Cependant, pour en apprendre plus sur le Monarque, il n'y avait pas trente endroits à fouiller : sa chambre ou son bureau.

Très intimidée, comme parfaitement curieuse, de pénétrer la chambre d'un Souverain, Alecto avait cependant choisi la solution la moins risquée : le bureau. Il lui fallut de longues heures pour réussir à le localiser, et encore de nombreuses pour parvenir à y entrer sans se faire prendre.

Mais les choses ne s'étaient pas passées comme prévu, évidemment. Sa maladresse avait encore fait des siennes... L'Esclave s'était retrouvé dans une situation très embarrassante, et elle sentit les larmes monter à ses yeux dès qu'elle entendit qu'on entrait dans la pièce, se sentant piégée. Elle allait mourir, c'est sûr ! L'arrivant allait la tuer ! La TUER !
Mais, au lieu de périr, elle se sentit secourue... N'en croyant pas ses yeux, la jeune fille leva lentement ses pupilles claires vers le visage sévère de son sauveur et...

Que Dieu lui vienne en aide... C'était le Roi ! Thiania Gian lui avait montré une gravure, c'était lui, c'était assuré. Cependant, l'expression de l'homme qui lui faisait face n'était pas aussi effrayante que ce qu'elle s'était imaginé. Portant les yeux avec inquiétude sur sa ceinture, à l'affût de toute chose pouvant la blesser, Alecto pinça les lèvres en un visage gêné. Que répondre ? Mentir était exclus, elle savait néanmoins que sa Maîtresse lui avait commandé d'avoir recourt à tous les moyens pour préserver sa couverture... Un insistant dilemme se jouait encore en elle, chose très habituelle. Elle avait toujours mille questions à se poser, peser le bien, le mal... Les risques, surtout.

Alors, elle balbutia d'une petite voix aiguë, terrifiée, et encore meurtrie par la bibliothèque qui l'avait enserrée.

"Je... je suis une... euh. Une domestique, Monseigneur." Ses pommettes se constellaient de tâches rouges, et elle baissa les yeux, très impressionnée par le Monarque.

Puis, sursautant, elle s'inclina en une révérence qui révélait qu'elle avait déjà eu, de nombreuses fois, à courber l'échine, certes, mais pas devant un Roi... plutôt devant des gens qui la voulaient plus bas que terre.

"Vous m'avez sauvé, Votre Majesté, mille merci, que Dieu vous protège." Murmura la jeune fille, son ton un peu plus assuré, et surtout, emplit d'une piété sans borne.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mercredi 27 mai 2020, 20:57:32
En la voyant regarder sa ceinture et son arme, le Roi rengaina son épée; il n'avait pas l'intention de tuer quelqu'un avec une arme, surtout au-dessus de ses précieux livres. Il respectait la vie, comme beaucoup, mais ces livres étaient tous les réceptacles d'un savoir à valeur inestimable, et les abîmer aurait été une perte qu'il n'était pas prêt d'accepter. D'une main, il l'aida à descendre de la pile de livres, remarquant au passage l'inconfort dans lequel elle était. Peut-être que les livres lui avaient brisé quelque chose? Il n'était pas un guérisseur, il aurait été difficile pour lui de le deviner si elle ne parlait pas.

"Je... je suis une... euh. Une domestique, Monseigneur."

Cette phrase, pour autant qu'elle soit fausse en ce qui concernait le Roi, n'était pas un mensonge en lui-même. Alecto était effectivement au service de quelqu'un, mais pas du Roi, mais cela sembla suffire pour le monarque; il ne détecta pas la supercherie, bien que la nervosité de son interlocutrice était palpable. La jeune femme était visiblement paniquée, et probablement effrayée, mais le Roi comprenait bien sa réaction; il n'avait pas le visage le plus amical qu'il aie vu, et peut-être qu'elle était juste nouvelle, et donc sa réputation n'avait rien pour aider la jeune demoiselle à se détendre en sa présence; qui pourrait se relâcher devant une personne que le peuple surnommait le Roi Dément, après tout.

La jeune demoiselle ne semblait pas plus confortable, voire même blessée, même si elle s'empressa de le remercier pour son aide. Sa politesse plût au Roi, si sa mention de Dieu ne sembla pas avoir l'effet escompté; le souverain n'était pas un fidèle de l'Ordre Immaculé ou du Dieu Unique, et compte tenu des rapports plutôt glaciaux entre le Roi et les églises ou les cultes, il ne se montra ni reconnaissant pour la bénédiction de la jeune femme ni réceptif à ces mots, mais cela n'empêcha pas le souverain des trois royaumes de se montrer calme et mesuré; il n'était pas un antithéiste, contrairement aux rumeurs, il était simplement un homme qui n'avait aucune affection pour les deux, ni ne reconnaissaient leur autorité sur sa vie et sa destinée.

"Il est formellement interdit aux domestiques d'entrer dans mon bureau sans y être convié, mademoiselle." Dit le Roi d'une voix ferme, suffisamment grave pour qu'elle comprenne la situation dans laquelle elle était; elle avait été trouvée dans un endroit où elle n'aurait absolument pas dû être. Quelle conséquences l'attendaient?

Il posa doucement une main dans le dos de la jeune femme, puis une autre sous ses jambes pour la soulever de terre et l'escorter hors du bureau. Il jeta un bref coup d'œil à la serrure; comment cette jeune femme a-t-elle réussi à passer outre de ses protections magiques? Il savait que certaines personnes n'étaient pas affectées par les sortilèges et que certains voleurs avaient des outils particuliers leur permettant de percer des protections magiques, mais dans ce cas, la protection se détruisait; ses sens lui disaient pourtant que le sortilège était bien intact. C'était comme s'il avait ignoré la jeune domestique et lui avait permis d'entrer. Enfin, il n'allait pas se mettre à interroger une porte; il allait simplement devoir s'en occuper plus tard.

Il descendit les marches, jusqu'à ce qu'ils atteignent le pied, là où les domestiques et les gens du peuple avaient le droit de circuler. Le souverain la déposa sur la troisième marche, avant de descendre et de passer une main sur la jambe de la jeune femme. Ses sens le prévinrent d'une blessure, donc il usa de la magie pour réparer les dommages, puis remonta les doigts jusqu'au genou, mais ne s'aventura pas plus haut; que ce soit une domestique, passe encore, mais elle restait une femme, et une femme n'avait pas à subir les attentions d'un homme qui lui était étranger.

"Vous avez des blessures. Laissez-moi m'assurer que vous n'avez rien de grave."

Après tout, une blessure était pratiquement un arrêt de mort si on ne possédait pas l'argent suffisant pour faire déplacer un magicien, et un salaire de domestique ne suffisait pas à couvrir ce genre de dépenses, alors ils devaient faire bien attention.

"Vous avez un nom?" demanda-t-il alors qu'il lui inspectait les bras.

Encore une fois, il trouva une entorse au poignet, probablement qu'il avait été écrasé par les livres et tordus. Il prit le poignet entre ses mains et souffla dessus. Une chaleur se rependit dans le bras de la jeune femme alors que la magie curatrice endormait sa douleur et réparait les dommages fait. Il lui fit signe de relever les bras pour tâter ses côtes. S'il en trouvait une de cassée, il la répara d'un sort.

"Il m'est probablement inutile de me présenter, mais je suis Serenos. Je suis le souverain et seigneur de ce château. Je ne vois que rarement des domestiques venant du Continent. Vous êtes arrivée depuis longtemps?"
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 27 mai 2020, 21:37:15
Thiana Gian avait raconté un peu de choses, sur le Roi qu'elle lui voulait pour cible de sa quête de renseignements, et parmi celles-ci, qu'il était, en effet, un Roi Fou.

Cependant, Alecto se demandait si sa Maîtresse n'était pas extrêmement mal renseignée. Dans le cœur naïf et plein de bonté de la jeune femme, l'attitude du souverain n'avait rien d'aliéné, ou de terrible. Si elle n'avait pas en tête les effroyables risques encourus pour avoir espionné sa personne, l'Esclave l'aurait trouvé charmant, même. Il agissait avec douceur, et une fois l'arme rangée au fourreau, elle se sentit légèrement moins angoissée. Evidemment, son caractère aussi peureux qu'une souris ne se satisfaisait pas de son comportement de gentilhomme, poli, même empathique, et elle restait largement intimidée.

La timidité fut mâtinée d'un tremblement ému, quand elle sentit le contact du suzerain qui la souleva. Déjà, parce que c'était bien la première fois qu'un Roi échangeait une parole, et bien plus encore, avec elle. Jamais elle n'aurait pu espérer tel privilège, elle, ver de terre, et lui, étoile... Enfin, parce qu'il était rare, voire nouveau, dans la vie d'Alecto, qu'un être humain lui témoigne de la prévenance et de la délicatesse. Oh, la Sorcière n'était en rien agressive, mais... Il n'était pas bon de l'agacer, ou de la décevoir.

Y songer la frit frémir, à moins que ce ne soit, soudainement, la main du Monarque sur son genou ? Ses joues se mirent à chauffer, et se teinter de rouge, alors qu'elle baissait humblement les yeux, gênée. Elle se dit alors qu'il allait finalement agir telle que le font tous ceux qu'elle avait côtoyé. L'utiliser, pour leur plaisir, la seulement différence serait peut-être sa douceur ? Mais, là encore, elle fut désarçonnée. Sans réussir à retenir un hoquet de surprise, la Domestique sentit la magie irradier ses muscles endoloris, les blessures se rétablir... Il... il la soignait ?

Elle resta bouche-bée, cillant longuement, incrédule. Sa gorge un peu sèche par son expression de carpe tonna une voix plus éraillée, alors qu'il lui demandait à l'ausculter pour s'assurer qu'elle soit en pleine forme.

"Je... b... Bien-sûr, Monseigneur."

Qui était-elle pour refuser, au delà des bons sentiments du Roi ? Ceci-dit, Alecto ressentait petit à petit les bleus, entorses, foulures se résorber, à mesure que les paumes glissait contre son corps douloureux. N'ayant jamais eu le loisir de se plaindre, l'Esclave, résiliente, avait toujours su taire ses maux, souffrant en silence. Sa Maîtresse, lorsqu'elle l'avait secouru, avait bien entendu soigner les affres infligés par ses précédents propriétaires, mais... Thiana Gian n'était ni un Roi, ni un homme charismatique, sûr de lui, qui imposait le respect immédiatement, tout en se montrant extrêmement correct avec elle.

Inconsciemment, son cœur s'accélérera, et le rose ne quitta pas ses joues. Son regard bleu, si clair, suivait avec gêne les mouvements du Souverain, et elle balbutia à nouveau, après un colossal effort pour trouver à ne pas mentir.

"Hé bien... On me nomme Alecto, Monseigneur, et je suis ... euh..."
Elle se mordilla l'intérieur de la joue, intimidée.

"Je suis arrivée ce matin, seulement."

Tout à coup, elle se sentit défaillir, et ses yeux furent remplis de larmes.

"Je suis désolée d'avoir pénétré dans votre bureau, votre Majesté, j'ignorai que c'était interdit. Je vous demande votre noble pardon, votre Altesse."

Elle voulut à nouveau se pencher en une courbette, amorçant un mouvement brusque pour s'aplatir au sol, comme elle en avait eu l'habitude jadis.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mercredi 27 mai 2020, 22:17:15
"Hé bien... On me nomme Alecto, Monseigneur, et je suis ... euh... Je suis arrivée ce matin, seulement."

"Alecto…"

Serenos marqua une pause, réfléchissant. Ce n'était pas un nom commun en Meisa, et sur le continent, seulement quelques régions l'utilisaient couramment. Notamment quelques bourgades religieuses.

"Dans le vieux Lofretin, Alecto signifie 'yeux clairs', ou en scimezi, 'a lecto' veut dire 'le livre'. Je crois que la version Lofretine vous sied davantage. Un très beau nom. Vous venez donc du continent? Du Nexus, peut-être?

Car oui, il était peut-être appelé le 'Roi Fou', Serenos n'était pas seulement qu'un fanatique de guerre et de violence, c'était également un homme cultivé, un savant et un érudit, et un très grand amateur des civilisations disparues depuis plusieurs siècles, qu'elles soient originaires du continent d'Ayshanra ou même du Continent Nexo-ashnardien. Le Lofretin était un très vieux dialecte du peuple à l'époque où les Anciens Dragons régnaient encore sur le monde et tyrannisait le peuple, alors que le scimezi était une langue un peu plus secrète, propre aux humains qui s'étaient réfugiés dans les montagnes à l'époque de la Magepeste alors que la magie était devenue complètement folle.

"Je suis désolée d'avoir pénétré dans votre bureau, votre Majesté, j'ignorai que c'était interdit. Je vous demande votre noble pardon, votre Altesse."

Elle tenta encore une fois de s'incliner devant le roi, mais alors qu'elle s'apprêtait à se pencher, la tête du Roi rencontra la sienne, et dans un poc bien sonore, leurs têtes se heurtèrent. Le Roi lâcha malgré lui un juron et se tint le crâne, se frottant vivement la tête pour faire circuler le sang. Après quelques secondes, la douleur s'estompa, et le Roi leva la tête vers la jeune femme, avant de lâcher un petit rire et lui caresser le front. Amusé, mais conscient que cet impact n'était pas agréable, il lui demanda si elle allait bien, avant de la regarder plus intensément et remarquer ses nombreuses cicatrices.

Cette fois, son sourire s'estompa et il leva une main pour faire tomber la manche de la robe de l'épaule de la jeune femme. Le roi releva les yeux vers les siens, leurs regards bleus se croisant pendant un moment, avant que le Roi ne lui adresse un sourire navré et, comme pour s'excuser de l'avoir regardée ainsi, remonta la manche, avant de glisser une main contre sa propre veste et d'en défaire les trois premiers boutons, montrant son torse parsemé de cicatrices similaires. Des brulures, des lacérations, des perforations, des reliefs qui laissait deviner qu'il avait, au moins une fois, été mordu par une créature massive. Même avec la magie, il n'était pas possible d'éviter les cicatrices; la magie accélérait le processus de guérison, elle n'effaçait pas les conséquences de l'imprudence du blessé.

La raison pour laquelle Serenos se montrait ainsi était qu'en Meisa, comme dans beaucoup de pays, il était abominable pour une femme d'être blessée ou d'arborer des cicatrices, car cela, dans certaines cultures, endommageait leur beauté. Serenos, en réponse à cette philosophie, voulait rassurer la jeune femme en lui montrant ses propres cicatrices, pour qu'elle sache qu'un Roi, un homme qui est bien au-delà de sa station, était bien plus 'laid' qu'elle ne l'était.

Alecto, si elle avait pris la peine de lire quelques livres d'histoire avant de se pointer au pays, savait probablement que le Roi de Meisa avait participé à une grande guerre et était reconnu pour avoir mené ses hommes au front, mais également d'avoir survécu à la torture Arane, qui était, à l'époque, l'une des contrées qui, comme Ashnard aujourd'hui, avait développé des techniques extrêmement cruelles de torturer des gens, et cela sans parler des nombreux ingénieurs qui passaient leur temps à inventer de nouveaux procédés et mécanismes pour minimiser les dommages tout en maximisant la douleur, permettant des séances beaucoup plus longues.

Le Roi reboutonna son haut.

"Je ne vous en tiendrai pas rigueur, Alecto, pour cette fois. Seulement, il y a une raison pour laquelle ce bureau n'est pas permis au public. Vous imaginez bien ce qui aurait pu vous arriver si je n'étais pas allé dans mon bureau? Vous auriez pu mourir! Et qu'y faisiez-vous?"

C'était l'occasion pour Alecto d'admettre la véritable raison de sa visite, ou de mentir au Roi. Évidemment, comme elle venait d'arriver, il n'était pas impossible qu'elle y soit entrée par hasard, et en tant que domestique, peut-être s'était-elle dit qu'il fallait faire le ménage, mais elle pouvait tenter l'excuse qu'elle s'était perdue, ou même d'essayer de le distraire pour qu'il arrête de l'interroger ainsi. Le souverain, évidemment, ne savait pas grand-chose de la sorcière qui avait envoyé la jeune femme; il était préoccupé par des affaires qui surpassaient de loin une aubergiste pratiquant la sorcellerie, mais cela ne voulait pas dire qu'il ignorait son existence, juste qu'il ne s'y arrêtait pas parce que, jusqu'à maintenant, elle gardait hors de ses affaires.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 27 mai 2020, 22:42:56
Thiana Gian avait bien spécifier que le Roi était sans pitié. Tyrannique... c'était le mot qu'elle avait employé. Mais dans son intelligence, elle avait certainement évité toute description poussée à sa petite servante, qui aurait pris bien trop peur... Était-ce seulement nécessaire ? Son discours cultivé avait fini de convaincre la jeune femme qu'il était un homme loin des racontars, elle s'en trouvait même séduite... Il était ainsi pour Alecto, parler de livre ou de divinité, et elle était charmée... Non pas que ça lui arrivait, avant ce jour, d'ailleurs.


Lorsque leurs deux crânes se choquèrent, la Domestique se confondit en excuses, toutes lancées trop vite pour être parfaitement audibles ou cohérente. Elle avait blessé un Souverain ?! Elle avait meurtrit un sang si bleu ?! Soulagée par le rire du Roi, elle souffla lentement pour éviter de s'évanouir.

Encore emplie de crainte, mais admirative désormais de ce que dégageait le grand homme, Alecto fut prise de tremblement lorsque sa main vint révéler la peau de son épaule, faisant vibrer sa robe. Elle s'était rendue compte, dès son arrivée, à quel point sa tenue était inadaptée en ces contrées, mais le manque de temps, comme la pudeur, lui avaient interdit d'adopter les coutumes vestimentaires du lieu. Elle avait rougi, d'ailleurs, à chaque corps dénudé qu'elle avait pu croiser sur sa route. Et cela faisait beaucoup...

Au moment où les deux azurs se rejoignirent, l'Esclave ouvrit la bouche, comme hypnotisée. Il était si facile de l'impressionner, mais souvent, c'était par la menace et l'intimidation physique. Là, et bien qu'elle ressentait une puissance extrême provenant du Roi, elle percevait un respect honorable, qu'elle découvrait, et qui émanait de sa personne.

Quand il retira lentement, un à un, les premiers boutons de sa tunique, elle fut prise d'un début de panique. Tournant les yeux à droite et à gauche, espérant peut-être pouvoir demander de l'aide, et imaginant déjà mille possibilités où elle n'était qu'une proie à sa merci, Alecto battit des cils quand elle se rendit compte qu'il stoppait son geste. Mieux encore, il révélait simplement une partie de peau... des constellations entières de balafres et de poinçons, cicatrices et traces de morsures imposantes... Elle comprit. Lui aussi portait les stigmates des douleurs endurées durant de nombreuses années, comme elle. Elle se rendit compte que c'était ce qu'il avait observé chez elle, à l'instant. Ses marques... Nombreuses, fines cependant, loin des héritages guerriers du Souverain.

Elle baissa les yeux comme une enfant prise en faute, quand il lui remémora la périlleuse aventure dans son bureau, et se sentit honteuse désormais, d'avoir eu à courroucer, voire décevoir ce si bon Roi.

Enfin, vint le couperet. Avec horreur, la terreur envahit son grand regard translucide. Il lui serait impossible de s'en sortir désormais. Tortillant ses mains, la chaleur de son corps augmenta sensiblement, et elle se racla la gorge. Tout son corps trahissait sa délicate posture. On ne pouvait imaginer pire menteuse...

"On. On dit que... Vous possédez des ouvrages anciens et rares, votre Majesté." Était-ce faux ? Assurément non, les monarques avaient tous des bibliothèques mystiques, loin d'être à la portée du premier paysan venu. Cependant, évidemment, ce n'était en rien la raison pour laquelle Alecto était ici... Espérant s'en sortir avec sa conscience, plissant les yeux dans une expression désolée, elle évitait son regard.

"Et je... J'aime les livres, Votre Altesse." Ce n'était pas non plus faux. Elle s'en sortait plutôt bien. Une seconde, elle eut envie de pleurer et tout révéler... Mais penser à la punition de sa Maîtresse lui infligea une profonde décharge électrique dans le dos, et elle retint son élan de franchise.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mercredi 27 mai 2020, 23:22:02
Il ne manqua pas de remarquer qu'elle semblait paniquée à ses gestes. Son manque d'expression faciale le sauva d'avoir l'air complètement alarmé, ce qui aurait pu confirmer les craintes de la jeune demoiselle. Cependant, voir ses cicatrices sembla la rassurer, car la panique disparut de ses yeux bleus. Il lui sourit tout simplement alors qu'elle semblait comprendre la situation, soulagé lui-même de voir qu'il ne l'avait pas terrorisée.

Cependant, cela ne changea rien à la question qu'il se devait de lui poser, et il vit alors dans ses yeux une résurgence de frayeur. Ah, donc elle savait, ou du moins comprenait, qu'elle n'était pas censée être dans son bureau. Elle lui parla alors qu'elle avait entendu parler de sa collection, des livres anciens et rares qu'il possédait, et cela n'était pas un mensonge; le Roi possédait effectivement une riche collection de livres rares, mais nombreux traitaient de sujets occultes qu'il n'était pas bon pour les gens non-préparés de poser les yeux dessus.

Elle lui 'avoua' que son intérêt, sa raison pour être entrée, n'était que son amour pour les livres, et Serenos sentit une certaine compréhension, une sympathie, grandir en lui; comme il était bon de rencontrer quelqu'un qui s'intéressait aux vieux ouvrages. Cela lui changeait de ces idiots qui ne voulait que lire des œuvres guerrières pour apprendre de meilleures façons de trucider leur prochain. Alecto venait de dire les meilleurs mots possibles pour que Serenos lui accorde son intérêt, presque comme si elle venait de prononcer un sortilège de charme.

"Eh bien, Alecto, puisque vous vous êtes infiltrée dans mes quartiers au risque d'être arrêtée…"

D'une main, le Roi l'aida donc à se relever, puis lui fit signe de le suivre, sans poursuivre sa phrase, laissant planner le doute chez la belle demoiselle quant à son destin. Il ne l'emmena pas dans son bureau, Alecto put le comprendre rapidement, parce qu'il l'emmenait dans l'aile ouest, s'éloignant donc des escaliers qui l'aurait emmenée vers son premier objectif. Les couloirs défilèrent pendant leur marche, et le Roi conserva un léger sourire, jusqu'à ce qu'ils atteignent une grande porte de fer, que le Roi poussa, laissant l'esclave de sorcière entrer à l'intérieur avant de l'y suivre.

Éclairée par un soleil artificiel autour duquel tournait des centaines de petites sphères représentants les planètes, la jeune femme se retrouva dans une très grande pièces, une autre bibliothèque, pour être plus exact, mais encore une fois, cela ne semblait pas être une bibliothèque normale; l'air ambiant y était lourd en magie, même pour une personne qui ne possédait pas le don. Des tomes de tous les sujets flottaient dans les airs, attaché avec des chaines pour les empêcher de se perdre, et personne ne s'en occupait. Les rayons, contrairement à la bibliothèque du bureau, étaient solidement cloués au sol, les empêchant de bouger. Comme personne ne s'y trouvait, Alecto pouvait nettement entendre la respiration du Roi derrière elle; sereine, maintenue, et pourtant présente, signalant que, dans cette grande bibliothèque, il n'y avait qu'eux deux. Peut-être cela la terrifierait, mais Serenos ne pouvait prévoir les réactions de tous; il était un puissant pratiquant de la magie, mais il était loin d'être un devin, ou d'être omniscient.

Le Roi de Meisa, derrière elle, posa les mains sur les épaules de celle qu'il croyait n'être qu'une autre domestique, et la fit avancer devant lui, jusqu'au lutrin, ou reposait un énorme livre.

"Ceci est un Arcanum (https://i.servimg.com/u/f94/13/46/97/89/danny-10.jpg), c'est un lieu de recherche et d'érudition. Mon père, le Roi Talion, en avait fait une bibliothèque où il enfermait tous les livres, ainsi que leurs auteurs, qu'il jugeait dangereux. Des traités de philosophie, des histoires, des contes. Certains traités de magie y sont également. Quand j'ai pris le pouvoir, je l'ai fait ouvrir. Malheureusement, les grands esprits que mon père avait faits enfermer dans l'Arcanum ont quitté notre monde avant que je n'arrive. Pour apaiser leurs esprits, j'ai protégé leur savoir et leurs enseignements. Tristement, je n'ai pas trouvé de gens qui accordaient une valeur aux livres, et donc personne n'est entré dans l'Arcanum, hormis moi et ses défunts prisonniers, depuis plus de trente ans."

Il regarda la jeune femme, de ses grands yeux profonds et doux. Il faillit ajouter avant vous, mais cela aurait été peut-être trop direct pour la jeune demoiselle qu'il venait de rencontrer. Après tout, elle ne savait rien de lui, et il ne savait rien d'elle. Pour quelle raison se montrait-il aussi ouvert? Peut-être était-il aussi volage que sa réputation le disait? Peut-être cherchait-il à la séduire et ainsi découvrir la vérité? N'était-il pas le Roi de Meisa? N'avait-il pas l'habitude des espions et assassins?

Il y avait de nombreuses explications pour le comportement de Serenos, mais cela resterait un mystère qu'il se fera un plaisir de conserver pour un moment, jusqu’à ce que la jeune femme trouve une façon d'entrer dans sa confidence.

"Il est dangereux de lire des livres provenant de ma bibliothèque personnelle. Vous avez eu de la chance, Alecto, qu'aucun ne se soit ouvert sous vos yeux. Certains sont enchantés pour causer des dommages magiques aux lecteurs profanes, et cela résulte au mieux d'un aveuglement temporaire, et au pire d'une mort douloureuse. Certains parchemins, je n'ose moi-même pas lire, car certains ont été créés pour causer la destruction de l'environnement immédiat du lecteur, et comme mon environnement immédiat, c'est mon château… Enfin, bref."

Il prit doucement un des nombreux livres volants et le déposa dans les mains de l'esclave.

"Si vous le désirez, quand vous vous prendrez l'envie de lire, je vous ouvrirai cette bibliothèque. Et y lire en ma présence."

Il lui offrait même de la compagnie.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le jeudi 28 mai 2020, 08:54:39
Si Alecto avait une représentation personnelle et intime du Paradis, elle s'y trouvait désormais... A mesure qu'elle était entrée dans l'Arcanum, son comportement tremblant, presque voûté, et peureux, avait mué petit à petit. De manière visible, son corps se redressait, son cou s'étirait pour observer au mieux les très hauts murs aux rangées d'ouvrages, et son regard s'agrandissait.

Ses yeux pétillaient désormais, émerveillée. Jamais elle n'avait vu autant de livres. L'Arcanum, plongé dans le calme et le silence doux de la connaissance, vide de toute âme hostile, qui lui était ouvert sans retenue... C'était la première fois depuis longtemps qu'elle ressentait un drôle de sentiment, agréable, et chaud. Qu'est-ce que c'était, déjà ? Elle avait du mal à mettre des mots sur ce qu'elle percevait, tant qu'était rare.

La sérénité des lieux apaisaient l'Esclave, bien qu'elle ait sursauté lorsqu'elle avait senti les mains de Serenos sur ses épaules, et craint son courroux avant de découvrir où il la conduisait. Les yeux emplis d'étoiles, la jeune femme n'arrivait pas à retirer son regard des étagères, tournant sur elle-même avec une admiration presqu'enfantine. C'était merveilleux... Bouche-bée, elle avait sur les lèvres un sourire béat.

Celui-ci disparut quand le Roi la mit en garde sur les nombreux ouvrages dangereux de sa bibliothèque personnelle. C'était largement suffisant pour qu'elle frémisse, et pose ses iris sur lui, d'un air coupable. Elle s'en voulait désormais, c'était certain, d'avoir fait une telle bêtise... Bien sûr, c'était nécessaire, puisque sa Maîtresse le lui avait ordonné, mais... Mais à présent, causer tout ennui ou peine, ou juste désagrément à cet homme si cultivé, si honorable, lui semblait un acte horrible.

Elle acquiesça avec vigueur, pinçant les lèvres et murmura.

"Je vous promets que je  ne recommencerais pas, Monseigneur."

Puis, la tentation de reporter son attention et son émerveillement sur les livres, se fit plus forte. Elle leva le nez encore, et son visage clair reprit cette même expression bienheureuse, peut-être simplette d'extérieur.

"Oh..." Les derniers mots du Roi la firent ciller, alors qu'elle lâchait d'adoration des ouvrages pour reporter ses yeux azur sur lui. "Vous... vous autoriseriez à rester ici et..." Elle n'en croyait pas ses oreilles. "et à... lire certains livres ?" Son cœur battait la chamade.

Prise d'un élan jovial d'une reconnaissance fougueuse, Alecto fondit sur l'énorme ouvrage du lutrin, en caressa la couverture avec délicatesse, inspirant le parfum envoûtant des vieilles pages et du cuir... Et repartant derechef, tournant les talons et courant jusqu'au Roi, s'agenouillant en lui prenant la main, qu'elle colla contre sa joue. Elle était humide de larmes et sa voix exprimait une profonde gratitude. Elle lâcha, d'un coup, d'une voix vive.

"Oh votre Majesté ! Merci ! Merci mille fois ! Vous êtes un grand homme Sire, quoi qu'en disent les rumeurs, elles sont fausses, vous êtes ..." Elle baisa le dos de sa main. "Vous êtes un Saint, votre Altesse !"
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le jeudi 28 mai 2020, 15:00:43
S'il l'avait emmenée ici, c'était évidemment parce qu'il se doutait que cela lui ferait plaisir, donc il s'attendait bien sûr à une réaction pour le moins enthousiaste, mais la jeune Alecto sembla plus qu'un peu excitée à la vue de cette bibliothèque; elle était prise d'une telle émotion que Serenos se demanda pendant un bref moment s'il n'en avait pas un peu trop fait. Parfois, cela arrivait; il voulait faire une bonne action, de temps en temps, et le récipient de cette bonne action ne parvenait simplement pas à accepter ce geste, parfois le refusant avec véhémence, parfois accusant le Roi de chercher à les manipuler pour gagner quelque faveur que ce soit, parfois ils prenaient même la fuite, et pourtant, le Roi ne nourrissait aucun plan néfaste pour ces gens; il avait juste envie de voir le sourire des gens, car parfois, le bonheur d'autrui lui apportait une certaine joie.

Alecto se mit à frétiller de partout, peut-être un peu alarmée, en lui demandant si elle pouvait vraiment lire ces livres. Le Roi ne put s'empêcher de rire un peu, en se disant qu'il ne l'aurait pas emmenée dans un tel lieu si son intention n'était que de lui en mettre plein la vue pour ensuite lui dire que cette bibliothèque lui serait interdite. Cela lui semblait être un comportement un peu trop puéril et mesquin, et puis il ignorait qui était Alecto, donc il n'en était pas encore à un point où il la taquinerait, gentiment ou pas. La jeune femme, regardant l'Arcanum et le lutrin pour le consulter brièvement, s'empressa ensuite de revenir vers le Roi et se mettre sur les genoux, lui prenant la main et y pressant sa joue. Encore une fois, le Roi ne put s'empêcher d'apprécier le grain fin de la peau de l'espionne. Elle le remercia, faisant preuve d'une gratitude qui faisait bien plaisir au souverain, mais lui donna le titre de Saint, ce qui le fit s'esclaffer un peu malgré lui.

"Jeune Alecto," lui dit-il en se mettant à son tour sur ses genoux, retournant doucement la main pour lui caresser la joue avec délicatesse. "Je crois que les livres d'histoire peuvent prouver que je suis loin d'être un saint. Je crois même que le grand Pontiff de l'Ordre Immaculé m'a un jour déclaré un hérétique après qu'une altercation un brin houleuse lui attira une bonne gifle de ma part."

Il marqua une pause, se rendant compte que pour une continentale, pieuse de surcroît, ce genre de discours pourrait être offensant, voire déplaisant, donc il essaya de rattraper le coup.

"Cela ne veut pas dire que j'ai quelque chose contre les religieux. Ma foi est envers les mortels plutôt que les dieux, tout simplement. Et votre reconnaissance est très appréciée."

Il regarda la jeune femme, encore une fois, tout en lui caressant la joue du pouce, avec un mouvement un peu attendri. Le contact prolongé, cependant, bien qu'il fût doux et chaleureux, ne manqua pas de lui procurer un détail qu'il avait, jusque-là, raté, peut-être dans son engouement ou parce qu'il voulait l'ignorer; il y avait de la magie, chez cette femme.

Les magiciens, et même tous les êtres vivants à un certain degré, avaient tous quelque chose qui s'appelait une signature magique. Une signature magique, comme son nom l'indique, était une marque laissée par un magicien lorsqu'il utilisait son art, que ce soit sur une personne ou près d'une personne. Dans le corps de la jeune Alecto, par exemple, il pouvait aisément détecter sa propre signature magique, car il venait de la guérir. Mais derrière, il ressentait également une autre puissance, et elle ne correspondait pas à la force vitale de la jeune domestique. Il ne s'agissait pas d'un parent, et à la vue de l'interaction de cette énergie avec le corps d'Alecto, elle n'était pas nécessairement amicale non plus. C'était une énergie dominante, trahissant l'intention du jeteur de sort, et contrairement à la signature de Serenos, qui s'estompait rapidement puisque l'énergie même d'Alecto chassait cette marque, celle de l'autre jeteur de sort y était forte, présente, et l'habitait de façon presque constante parce qu'Alecto passait énormément de temps avec cette personne.

Le Roi fut intrigué, pendant un moment. Cette femme était arrivée ce matin, puis s'était infiltrée dans son bureau, et avait été en contact avec un jeteur de sort sur une longue période. Serenos pensa à l''interroger immédiatement, mais ne dit pas un mot à ce sujet. À la place, il prit la main de la demoiselle et l'aida à se remettre sur ses jambes, tout en la bombardant discrètement de sa propre énergie magique, chassant celle de la sorcière et rendant l'usage de la divination plus ardue, avant de guider la jeune Alecto vers le lutin. Se plaçant derrière elle, il se rendit compte qu'il la dominait d'une bonne tête et demie; elle lui sembla petite, fragile, délicate. Les bras musclés du Roi se levèrent de chaque côté d'Alecto, lui bloquant toute retraite, et il fit lentement tourner les pages du grand livre.

"Dites-moi, Alecto. Qu'est-ce qui vous intéresse le plus? Cette bibliothèque contient des traités de philosophie, des contes et légendes, des recueils et des journaux. Peut-être être vous intéressée par la magie?"

Il posa une main sur l'Index et projeta une infime dose de son pouvoir dans le livre. L'encre noire se mit à briller d'une lueur bleutée, et il entendit une chaine remuer. Prenant de nouveau la jeune femme par la main, il l'entraina dans la bibliothèque, en direction du bruit de chaîne, et après quelques secondes, ils trouvèrent son origine; un livre flottait hors du rayon et gigotait, faisant claquer et chanter sa chaine. Le Roi s'avança vers le tome, qui se laissa soudainement tomber à son contact, et il retira la chaine, avant de le montrer à sa jeune compagne.

"Tous les livres fonctionnent ainsi. Il est impossible de trouver quoi que ce soit dans l'Arcanum sans avoir le Don, donc il est nécessaire que je sois auprès de vous pour vous guider. Les livres ne peuvent pas quitter ce lieu en raison des enchantements, je vous préviens à l'avance; je ne voudrais pas que vous vous blessiez en voulant en emporter un pour le lire ailleurs."

Le roi remit le livre à sa place, attachant la chaine de nouveau, puis revint vers Alecto.

"Ce savoir peut être vôtre, Alecto."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le jeudi 28 mai 2020, 17:25:21
Ignorant tout des réelles motivations de Serenos, Alecto prenait toutes ces gracieuses gentillesses comme un don désintéressé, et plus il multipliait les grâces, plus elle tombait sous son charme. Facilement manipulable, incapable de penser à mal, et surtout, incapable de songer qu'il pouvait être faux, ou double, elle le prenait pour ce qu'elle voyait uniquement en extérieur : un homme cultivé, un mage puissant et protecteur, un roi comme on pouvait en rêver.

Sa condition d'Esclave depuis plusieurs années l'avait entraîné loin de la connaissance, malgré un début d'existence très studieux. Elle aurait été elle-même très érudite si la vie de l'avait pas arrachée à sa destinée pieuse... Jamais elle n'y pensait, pour éviter de ne fondre en sanglots, et se contentait d'endurer, en bonne Croyante. C'était une épreuve, qui jugeait les Humbles et les Braves. Selon elle, elle était née pour souffrir, pécheresse, mais fervente et convaincue que ses nombreux sacrifices, volontaires ou imposés, seraient récompensés. Comment survivre sans songer que tout ceci avait un réel sens ?

Le discours que le Roi lui offrit concernant le Pontife ne la fit pas sourire, naturellement, bien qu'elle ne semblait pas désapprouver, ou être choquée. Elle se contenta de souffler très bas, comme pour elle même, une phrase qu'il semblait aisé de répété de tête "Seul Dieu peut nous juger". Pour l'Esclave, la justice des hommes était une chose... Même une sentence prononcée par un Haut représentant de l'Ordre... Mais les hommes restaient corruptibles et pêcheurs... Seule la sentence divine lui importait réellement.

Durant tout l'instant du contact de la main altière sur sa joue humide, instant qui lui sembla durer un temps infini, Alecto ne put que s'abîmer dans le regard bleu roi du Monarque. A chacune de ses phrases, Serenos gagnait encore plus l'affection de la jeune fille crédule et impressionnable. La Bonté qu'il lui témoignait était si nouvelle, qu'elle ne pouvait s'imaginer qu'il en usait pour la questionner, et connaître la vérité. Lui mentir, d'ailleurs, ou plutôt lui cacher légèrement la vérité, devenait de plus en plus douloureux en elle.

Totalement hermétique à toute forme de magie, ignorante de ces domaines, la Domestique ne percevait rien de ce qui se jouait sur ce plan.

Quand elle se retrouva face à l'imposant ouvrage sur le piédestal, encadrée de part et autre des bras puissants du Guerrier Souverain, l'épiderme d'Alecto frémit, et elle se rendit compte que ce contact, certes gênant, devenait agréable... Du moins, la sensation de confusion timide devenait-elle moins puissante, au fur et à mesure, que l'envie presque irrépressible désormais, de chercher à maintenir ce contact.

"Je... J'ai surtout lu des ouvrages de Théologie, Votre Majesté..." Murmura-t-elle en fermant les yeux, inspirant d'un air béat, tournant légèrement le visage vers son bras droit. "La... La magie m'effraie..."

Elle lui trouva un parfum agréable, mêlé aux effluves des reliures usées et vernies. Sans vraiment s'en rendre compte, elle respira plus vite, et son émoi fut fort heureusement coupé par le Roi.

Il l'entraîna vers un livre indocile, dont le bruit de chaîne la faisait trembler, et elle perçut tout de suite la menace sous-jacente. Ces livres, comme tout ce qui semblait faire partie de l'entourage du Monarque, étaient emplis de sorts, protections, incantations... Secouant vivement la tête, ses pommettes se teintèrent de rose.

"Je vous promets de ne plus enfreindre vos règles, Sire." Fit-elle en avalant difficilement sa salive, et déviant son regard fixé sur cette main qui avait emprisonné la sienne à de nombreuses reprises. Sa morale personnelle brûlait sa gorge d'avouer la vérité, mais sa loyauté envers sa Maîtresse était supérieure à toutes les consignes qu'on pourrait lui dicter, en bonne Esclave, savamment élevée. Des années de travail et d'humiliation pour en arriver à un parfait résultat : Alecto était docile, obéissante, et soumise. Elle savait sacrifier ce qui lui était cher pour exécuter un ordre.

Fort heureusement, les derniers mots de Serenos la firent sourire à nouveau, de cette expression d'émerveillement, presque enfantin. Elle se mordit la lèvre inférieure en levant les yeux sur les rangées de parchemins.

"Les avez-vous tous lu, Monseigneur ?" Il lui semblait impossible de pouvoir avoir lu tout ce que contenait l'Arcanum. Mais en elle, elle espérait qu'il lui répondrait par la positive, tant elle l'admirait déjà, et le trouvait déjà exceptionnel.

"Lequel est votre préféré ?"
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 29 mai 2020, 00:02:01
"Je... J'ai surtout lu des ouvrages de Théologie, Votre Majesté… La... La magie m'effraie..."

"Ce qui fait déjà de vous une femme plus intelligente que beaucoup de gens que j'ai eu le malheur de connaître."

"Les avez-vous tous lu, Monseigneur ?"

"Tout lu? Non, assurément pas. Bien que j'en eus lu une bonne part, certains sujets me dépassent, et puis, je dois bien travailler, régner."

Cela ne l'empêchait pas d'avoir une connaissance quasi-encyclopédique sur une multitude de sujet.  La jeune femme semblait lui faire confiance, et il était naturel de ne pas en abuser immédiatement; s'il se montrait trop empressé, il risquait de l'effrayer et de la faire se refermer comme une huître. Néanmoins, cela ne voulait pas dire qu'il oubliait la possibilité qu'elle ne lui cachât des choses, mais il n'était pas pressé; après tout, il y avait bien des façons de l'empêcher de partir pour quelques jours. Serenos espérait cependant ne pas avoir à recourir à ce genre de méthodes pour qu'elle aille de l'avant et admettre ce qu'elle faisait là, en vérité.

Pour le moment, le Roi jouait le jeu. Il la trouvait fascinante. Elle était belle, polie et intelligente, ce qui était déjà un mérite en soi. Contrairement aux femmes de la Cour, qui avaient été éduquées et qui se pavanaient devant lui comme si elles cherchaient à provoquer un incident diplomatique, la jeune Alecto restait humble. Sa beauté, assurément, elle ne l'ignorait pas, mais il ne lui viendrait même pas à l'idée de s'en servir pour manipuler le Roi; encore une nouvelle des plus rafraîchissantes.

"Lequel est votre préféré?"

"Parmi tous? Une œuvre du philosophe mage Erastus vei Ogidae, un traité sur la magie et son lien avec notre vie, qui m'a apporté un grand réconfort dans un temps de ma vie où je me sentais… abattu par ce pouvoir."

La magie était une chose très dangereuse, autant dans son existence passive que dans sa pratique, et beaucoup de jeunes mages devaient affronter un conditionnement rigoureux pour éviter de souffrir comme le Roi souffrait; harassé par la Corruption, cette force qui punissait les usagers qui, dans leur hubris, s'arrogeaient le droit de défier les lois de la nature. Est-ce que Serenos était un homme mauvais? L'Ordre dirait que oui, mais très rarement le Roi usa de son pouvoir pour causer du mal à autrui, bien au contraire, mais cela restait que la nature avait ses règles, et lorsqu'on dérogeait à ces règles, il était normal qu'il y ait une conséquence, et dans le cas de Serenos, c'était de sentir ses os s'enflammer au moindre sort, ses muscles se déchirer et son esprit être mis à vif.

Il posa doucement une main sur celle de la jeune femme, et la releva doucement à la hauteur de ses yeux, avant de doucement laisser la magie passer entre leurs mains, jusqu’à ce qu'un petit orbe de lumière bleutée se manifeste, à peine luminescent, pas suffisamment pour la terrifier, se souleva de sa paume, lui donnant une douce sensation de picotement alors que la magie du Roi la traversait puis apparaissait dans sa main.

"Selon Ogidae, il y a deux formes de magie. La magie innée, et la magie qu'on apprend. En accordance avec ce principe, je suis du premier type. Cependant, comme tous les magiciens, j'ai appris à manipuler ce pouvoir pour le manifester, à force d'études, de pratique et de méditation. La magie peut faire beaucoup de choses, des choses terribles, mais aussi, elle est omniprésente dans la vie des Terrans; nos âmes, nos pensées, nos muscles, l'air que nous respirons, tout produit et consomme de la magie. Tous comme nous ne sommes ni mauvais ni bon à la naissance, la magie n'est ni mauvaise ni bonne; elle existe, tout simplement."

Il prit la main de la jeune femme, et la sphère bougea doucement au gré de ce mouvement, et il attira doucement la main de la jeune femme pour la poser contre sa poitrine, et la lueur disparut en lui.

"La magie nous connecte à un niveau que peu s'en rend compte. Quand nous sommes tristes, heureux, ou terrifié, la magie se nourrit de nous, et en se nourrissant, elle nous prodigue avec cette force qui nous donne la possibilité de faire des miracles."

Il relâcha doucement sa main.

"La peur nous apprend à se méfier. Il est saint de craindre la magie. Mais comme tout ce qui peut nous effrayer, une fois que nous connaissons et comprenons ces choses, elles nous semblent moins dangereuses. Comme le chasseur qui ne craint plus le loup, ou le forgeron qui ne craint plus les flammes; ils ont appris à se garder, et à s'en protéger. Leur méfiance persiste, mais ils ne les craignent plus. Tout comme présentement, vous me craignez peut-être, mais qu'à force de me parler, vous ne vous sentez plus en danger."

Il se pencha sur elles, de sa grande carrure, et posa une main sur sa joue, avec tendresse.

"Est-ce que vous me craignez, en ce moment, Alecto? Vous êtes seule, avec le Roi Fou, dans une grande bibliothèque, dans son royaume. Il ne vous connait pas, il vous pense une domestique. Peut-être a-t-il des intentions malhonnêtes?"
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le vendredi 29 mai 2020, 09:08:12
Bien qu'Alecto ait déjà vu et eu affaire à la magie, d'autant depuis son service auprès de Thiana Gian, cette fois, c'était différent. Très différent. Durant toute la démonstration de Serenos, le battement de coeur de l'Esclave, étrangement, fut ralenti. En se perdant dans la contemplation de cette sphère d'énergie qui se reflétait dans ses grands yeux, elle ressentait une sorte d'apaisement, mais surtout, une profonde fascination.

Les sortilèges de sa Maîtresse étaient souvent usés pour remplir des contrats, et finalement, Alecto ne la voyait pas souvent à l'oeuvre, car cela la terrifiait. Impressionnée par le pouvoir de cette Sorcière, elle avait assimilé tous ceux qui en usait à des personnes dangereuses. Le discours plein de philosophie du Roi la captivait. Plus il parlait, plus elle buvait ses paroles, les entendant résonner dans son esprit naïf.

Sa paume contre la poitrine du monarque accéléra son pouls, et ses yeux quittèrent l'orbe pour s'abîmer dans les yeux bleus de Serenos. Sa main trembla légèrement d'émoi, et ses joues chauffèrent, avant que ne soit rompu ce contact qui la laissa confuse. Tournant légèrement le visage pour accompagner le mouvement de la main du Roi sur sa joue, inspirant sans s'en rendre compte le parfum de sa peau, elle se surprit à répondre dans un souffle.

"Je vous crains, Monseigneur, comme je crains quiconque a droit de vie ou de mort sur moi, en un claquement de doigts, et qui a la justice des hommes pour lui..." Elle sursauta de son audace, et pinça les lèvres.

"P...pardon Sire."

Alecto leva le menton pour percevoir sur l'expression du visage de Serenos une réaction. Mais, de cette voix dénuée de confiance en elle, elle balbutia de nouveau.

"Je... Je."

Maintenant qu'il le soulignait... elle se demandait si elle était vraiment en sécurité ? L'Arcanum lui avait semblé être la pièce la plus sûre qu'elle ait visité depuis des années, et son sentiment de sérénité était-il faux ? Avait-elle à se méfier, alors que le Roi semblait si bon, si honnête, si compréhensif ? Elle ouvrit la bouche et la referma, et son regard allait de droite et de gauche, pour observer autour d'elle, cherchant frénétiquement une source d'inquiétude.

Mais la seule personne présente avait sa main sur sa joue, en une posture qu'elle trouvait bienveillante, protectrice. Quand elle reposa ses iris sur son visage, Alecto secoua très lentement la tête et sa voix exprima un profond respect, teinté d'adoration.

"Je vous crois incapable d'intentions malhonnêtes, Votre Majesté." Pauvre petite esclave... si naïve...
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 29 mai 2020, 12:32:13
"Je vous crains, Monseigneur, comme je crains quiconque a droit de vie ou de mort sur moi, en un claquement de doigts, et qui a la justice des hommes pour lui..."

Ces mots semblèrent le surprendre. C'était si direct et révélateur sur la personnalité et également l'ignorance de la jeune femme des mœurs et coutumes de Meisa, mais aussi de ce qu'elle ressentait devant chaque personne qui était d'un rang social plus élevé qu'elle avait dû rencontrer par le passé. Certes, Serenos était le Roi, et incidemment l'homme le plus puissant de ces contrées, avec trois royaumes à sa botte et la vie de plusieurs milliers, voir millions de gens, entre ses mains, mais il était quand même jugé déshonorable, pour le Roi, de faire du mal à une personne désarmée. Non seulement était-il surpris, mais légèrement mal à l'aise; il ne s'était pas attendu à ce genre de réponse; attendant la suite de ses paroles, les yeux du Roi restèrent figés sur la jeune femme, son visage conservant, malgré sa surprise, une apparente bienveillance et douceur; qu'il le soit vraiment ou s'il s'agissait d'une manipulation, c'était ouvert à la subjectivité de chacun.

Évidemment, elle se rendit compte de la teneur de ses propos, et se confondit en excuses. Confondre était peut-être un grand mot, mais cela adoucit un peu l'effet de ses paroles sur le Roi; elle ne cherchait pas à le choquer. Devant ce comportement, la main du Roi se pressa sur sa joue, pour la réconforter, mais il conserva un moment de silence pour lui laisser le temps de se recomposer, de se détendre. Elle était nerveuse, mais à la suite des paroles de Serenos, cela démontrait également son instinct de survie; elle regardait dans toutes les directions, comme si elle cherchait la plus proche sortie, et elle tenta de dire quelque chose, comme pour trouver une manière d'apaiser le souverain. Il sentait qu'elle était nerveuse, et peut-être l'était-il aussi. Ah, tant de questions, tant de suppositions, voilà ce qui rendait chaque rencontre si intéressante; ils ne se connaissaient que depuis quelques minutes, une heure, tout au plus, et en ce moment, la jeune Alecto accaparait toute la fascination, la curiosité, l'attention même du souverain le plus puissant d'Ayshanra, le tout juste pour sa petite personne.

"Je vous crois incapable d'intentions malhonnêtes, Votre Majesté."

Qu'il n'ait aucune méprise; Serenos était flatté de la confiance de la jeune femme. Si rares étaient les gens qui accordaient aussi aisément leur confiance à une personne qu'elles ne connaissaient pas, encore pire pour une femme envers un inconnu. Elle avait raison sur un point, et un point uniquement; Serenos n'était pas un homme malhonnête. Il était subtil, il était intelligent, il était stratège, et en temps de guerre, il était capable d'une terrifiante duplicité, mais il n'était pas un homme malhonnête; il était assurément l'un des rares souverains qui ne se prétendaient pas un parangon de vertu.

Et le Roi était également un homme, qui se trouvait présentement une très belle jeune femme qui lui accordait toute sa confiance, son respect et, il le sentait, son adoration. Ne pas en profiter, même en sachant qu'elle cachait des choses, peut-être une carrière d'assassin politique, qui sait, il savait qu'elle était entre ses mains, presque littéralement.

Il se pencha alors sur elle, un peu plus.

"Et pourtant, vous devriez vous méfier, Alecto."

Son visage se rapprocha encore un peu, sa main se glissant doucement dans la chevelure de la jeune esclave, venant soutenir sa tête.

"Parce que, honnête ou non, il est des choses chez vous qui attisent mon intérêt. Mon appétit. Votre vulnérabilité, votre beauté, ces choses que vous luttez pour maintenir secrètes…"

Une main vint s'enrouler autour des hanches de la jeune femme, lui coupant toute retraite, et les lèvres du Roi frôlèrent les siennes. Mais il s'arrêta complètement, devant la jeune femme, avant de reculer et de lui sourire, un sourire plein de tendresse et de compréhension. Il la relâcha doucement, non pas comme un fuyard ou un plaisantin, mais comme l'honorable personne qui reconnaissaient les limites franchies, et qui se retirait respectueusement d'une situation qui pourrait être malvenue. Il resta malgré tout devant elle, légèrement penché, la dominant de sa carrure.

"Mais vous avez raison sur un point; je n'ai pas de mauvaise intention à votre égard. Il est vrai que, dû à ma position, je pourrais en profiter pour obtenir tout ce que je désire, mais cela gâcherait le début de cette histoire, notre histoire. Vous m'intriguez, Alecto. Je veux en savoir plus sur vous, au moins autant que vous en savez sur moi."

Il n'y avait plus de secret entre eux; il savait qu'elle n'était pas sa domestique, il savait qu'elle lui cachait des choses, mais il n'avait que cure de ce genre de secrets; il se moquait éperdument de savoir qui l'avait envoyée ou ce qu'elle était venue faire dans ce palais, et il était clair, également, qu'il ne la laisserait pas repartir vers son maître sans avoir été complètement satisfait dans sa curiosité et son désir de la connaître.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le vendredi 29 mai 2020, 14:48:05
Tous s'enchaîna beaucoup trop vite pour que la petite Esclave puisse comprendre quoi que ce soit. En une seconde, son adoration fut percutée par la panique, elle même mêlée à un intense frisson qu'elle ne contrôla pas. En elle, se jouait désormais une bataille qu'elle découvrait... et qui la terrifiait autant qu'elle la faisait vibrer. Le Roi avait été si près d'elle, si proche, son corps au contact du sien, sa main sur sa taille et... et ses lèvres...

Totalement chamboulée, la jeune femme avait été incapable de faire quoi que ce soit. Et, même si elle l'avait voulu, l'imposante carrure du monarque l'en empêchait. Contrainte, elle avait conscience qu'elle ne pouvait pas s'enfuir, pas bouger et... pas résister. Incapable de le faire, non seulement par l'emprisonnement physique, mais également par cet émoi qui la faisait rougir et brûlait sa gorge, faisait palpiter ses veines et écarquiller la rétine.

Totalement prise au dépourvue, ce qu'elle ressentait était antagoniste, chaotique. Elle était terrifiée parce qu'il venait de dire, pétrifiée parce qu'il disait qu'elle devait se méfier de lui, et ... Et terriblement attirée par lui. Jamais elle n'avait ressenti pareille attirance, et jamais on ne lui avait soufflé ces mots. Ouvrant de grands yeux, sa voix éraillée par la peur et la confusion bégaya "...B... Beauté ... ?"
C'était bien la première fois qu'on lui faisait un tel compliment. Les ivrognes de l'Auberge avaient des gestes déplacés tous les jours, ils la sifflaient, mais quand ils lui parlaient, ce n'était jamais en ces termes. Et inutile de dire que ces précédents Maîtres l'avaient plus souvent insultée que flattée. Il était arrivé que certains lui disent qu'elle était une "bonne fille" quand... après qu'ils aient été satisfaits, c'est vrai. Mais là, cela semblait différent... dans le cœur d'Alecto, résonna une fierté qu'elle se croyait incapable de ressentir. Quel bonheur de savoir que le Roi estimait son visage agréable. Elle se sentait soudainement spéciale, secrètement, chérissant ces paroles autant que le souffle de sa bouche si près de la sienne... Elle ferma les yeux et inspira lentement. La tension dans son corps se multiplia quand elle fit pénétrer la fragrance de sa peau dans ses narines...

...Mais l'instant d'après, son parfum s'éloignait.

Un pincement au cœur, mais aussi presque soulagée, en réalité. Fortement gênée par la soudaine proximité, réalisant ce qui venait de se passer, et sans doute, malgré elle, imaginant d'autres choses encore, elle sentit ses pommettes la brûler, et elle ses frotta comme si elles étaient en feu. Relevant ses iris claires vers le Monarque, elle lui offrit un léger sourire, intimidé, mais émerveillé, peut-être flatté.

"Je suis désolée de vous causer quelque... trouble, Monseigneur." Débuta alors l'Esclave, penaude. En effet, dans l'éducation très religieuse d'Alecto, les femmes n'étaient qu'une tentation, fautives toujours, de tous les maux. L'une était laide ? C'était de sa faute. L'autre était jolie et s'attirait les attentions perverses des hommes ? Encore sa propre faute... Elle avait été trop conditionnée pour penser autrement. Des années d'éducation pieuse parmi les Sœurs, puis des années de soumission faisaient d'elle une femme parfaitement lobotomisée. La Piété n'arrangeant rien.

"Que... que vous plairait-il de savoir, Sire ?" Elle pinça les lèvres, récitant intérieurement une prière. Il lui faudrait l'aide de Dieu pour réussir à se tirer de ce mauvais pas mais... Son cœur lui dictait tant d'être sincère ! Soudain, un éclair douloureux lui vrilla l'échine, et elle retint un hoquet. Sa Maîtresse venait de se rappeler à elle, et elle sentit comme des aiguilles percer sa gorge. L'Esclave murmura avec difficulté.

"Je suis... je suis orpheline, Votre Majesté, j'ai été élevée chez les Sœurs de l'Ordre, et ait suivi le cursus pour y entrer à l'âge requis. Et..." Elle avala sa salive avec peine, détournant les yeux pour tenter de cacher qu'ils se remplissaient de larmes. Elle évitait toujours de songer à cette époque, et à ce qui avait suivi. Mais Serenos avait réclamé d'en savoir plus sur elle... Elle se sentait obligée de lui obéir. C'était un Roi. Et elle, une Esclave.

"Et... ensuite j'ai. L'on m'a vendue... Et..." Il était extrêmement délicat de réussir à ne pas mentir. Elle avait de longs instants de silences douloureux. "Et je suis désormais servante."

Rien n'était faux, après tout... Elle essaya de reculer d'un pas, puis l'Esclave prit une profonde inspiration pour déclarer d'une voix fataliste.

"Pardonnez-moi, mon Roi, mais la vie d'une personne telle que moi... n'est pas si plaisante à entendre."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 29 mai 2020, 15:41:19
Elle avait été visiblement très ébranlée par ses gestes, une réaction acceptable lorsqu'un homme que l'on ne connaissait pas nous faisait des avances en moins d'une heure. Mais il sentit quelque émoi en elle, un émoi noyé par une culpabilité malsaine. Elle alla même jusqu'à se blâmer de susciter l'intérêt du Roi, s'excusant comme si elle avait le moindre contrôle. Oui, elle était attirée par lui, et le Roi le ressentait à travers ses gestes, la rougeur de ses joues, son regard fuyant et la manière que ses doigts bougeaient en essayant vainement de chasser ces couleurs honteuses.

Elle s'ouvrit alors à lui, et dès qu'elle lui demanda ce qu'il voulut savoir, il sentit l'emprise de la maîtresse. Cette fois, ce fut la rage qui prit le cœur du Roi, et à l'insu de la jeune femme, il se manifesta de toute sa puissance à cette personne. Un cri d'une très grande ampleur, puissant comme un tonnerre, résonna dans tout l'immatériel, se manifestant sous la forme d'un énorme oiseau noir. Le bras du Roi agrippa la jeune femme, protecteur, alors qu'elle lui déballait son histoire, pendant que son esprit s'engageait dans une forte procédure d'intimidation à l'égard de sa maîtresse. Son emprise se resserra lorsqu'elle se mit à pleurer, se remémorant ces souvenirs douloureux. Serenos n'était que trop familier avec cette peine, cette douleur. Ce sentiment que l'on n'était qu'une commodité en ce monde, au même titre qu'une babiole, qu'on se passe d'une main à l'autre. Cette honte, cette impuissance. Lorsqu'elle tenta de reculer, le Roi raffermit son étreinte sur elle.

Après quelques moments de silence, le Roi libéra un bras et lui releva le menton, plongeant de nouveau son regard dans le sien.

"Vous avez le droit d'être indignée. Vous avez le droit d'être furieuse, d'avoir peur, de parler ou de ne rien dire. Vous êtes en Meisa, et sur l'honneur du Roi que je suis, nul n'est esclave, encore moins dans mon palais."

Il savait que cette sorcière l'entendait au travers d'Alecto, et cela était un défi qui lui était adressé. Tant qu'Alecto serait en Meisa, elle était sous sa protection, et la moindre tentative de la traiter comme une esclave sur son territoire risquait de courroucer l'homme qui détenait sa servante; pas seulement un Roi, pas seulement le souverain des Trois Royaumes, mais le sorcier de guerre Serenos. Évidemment, Serenos était parfaitement au courant des risques; il existait en ce monde des êtres, des magiciens beaucoup plus puissants que lui, mais il ne se faisait non plus aucune illusion sur sa propre force; dans l'immatériel, tant qu'il était en Meisa, il était l'équivalent d'un petit soleil, grâce à la puissance combinée des magiciens qui lui avaient voué allégeance et qui, par ce lien, lui accordaient une part de leur propre pouvoir.

Il attira lentement la jeune femme vers un grand siège de la bibliothèque, et brouilla magiquement toute communication entrante et sortante entre la magicienne et sa servante, avant de prendre place avec Alecto. Une couverture se manifesta alors, et il la posa sur les genoux de la servante.

Il prit un moment de silence, regardant devant lui, en réflexion, avant d'enfin reprendre la parole, regardant les genoux de la jeune femme alors qu'il se remémorait son passé.

"J'ai connu un grand nombre d'esclaves. J'en ai possédé beaucoup, à une époque. J'en ai été un, également, pendant longtemps. Je n'étais qu'un enfant lorsque mon père me vendit, pour la paix, à l'Empereur d'Aranie."

Serenos lui raconta alors une partie de son histoire. Même si l'Empereur était un homme bon, ses fils et ses sujets ne l'étaient pas nécessairement. Il avait été régulièrement battu par ses précepteurs, humilié et violenté par le fils cadet de son gardien parce que le physique des jeunes Meisaens avaient un aspect plus féminin, plus fragile, et il s'arrogeait le droit de l'utiliser et l'abuser comme bon lui semblait. Ce fut aux mains d'une personne qui n'était qu'à peine plus qu'un gamin qu'il avait reçu ses premières cicatrices, et personne ne le défendit, sauf l'Empereur. Il lui raconta son endoctrinement aux valeurs impériales, à un point où son esclavage ne lui semblait plus être tel; il était normal, après tout, que nous remboursâmes nos bienfaiteurs. Il avait tué, au nom de l'empereur, il avait commis des actes abominables sans le moindre cas de conscience.

"Puis, ce fut la guerre. Je fus esclave de la guerre pendant plus de vingt ans. Je tuais comme un autre repassait le linge de ses maîtres. Tout mon savoir, toutes mes connaissances, mes aptitudes que j'aurais pu utiliser pour faire le bien, je m'en servais pour prendre des vies. Tout comme vous, Alecto, vous servez de vos magnifiques mains, votre intelligence et vos talents pour plaire à une personne que vous savez pertinemment n'éprouvera aucune reconnaissance. Lorsque la guerre fut terminée, et les rebellions mâtés, je ne savais plus que faire de moi-même. Régner? Je ne savais pas comment on dirigeait un pays. Guérir? Personne ne me laissait même les toucher. J'étais haï. Méprisé. Et finalement, après le décès de la reine, je compris à quel point il était grave d'être esclave, que ce soit d'une personne, d'une idéologie ou d'une émotion; parce que pour la première fois de ma vie, je n'avais pas un maître, une guerre ou un ennemi à blâmer; je n'avais que moi. Aujourd'hui, mes abus de magie me coûtent des douleurs atroces. Mon corps est celui d'un hybride, voyez-vous, et bien que ma part humaine soit intact, ma part… eh bien, différente, me donne accès à un grand pouvoir, mais à un coût."

Il regarda la jeune femme, à nouveau.

"Je ne sais pas ce que votre maître vous a envoyé chercher ici. J'ignore même si votre mission a été complétée. Pour être honnête, je n'en ai rien à faire. Mais après vous avoir écoutée, Alecto, je ne pouvais vous laisser repartir sans savoir que quelqu'un a un passé encore plus immonde que le vôtre."

Il prit de nouveau la main d'Alecto dans la sienne, entremêlant ses doigts massifs, à les siens, plus fins, plus doux, mais qui, comme ses propres mains, avaient été rendues rugueuses par le travail rigoureux. Lui par la guerre, elle par le ménage et la cuisine. Il la regarda dans les yeux, examinant sa réaction.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le vendredi 29 mai 2020, 16:35:45
Ignorant totalement l'étendue des conflits qui se tramait dans ce monde immatériel dont elle ne savait rien, Alecto était trop bouleversée par ce qui venait de se passer, et ses souvenirs pénibles, qu'elle suivit d'un pas lent et hébété le Suzerain jusqu'au siège désigné, mollement. Indignée ? Furieuse ? L'Esclave cilla.
Non... Elle n'avait jamais été révoltée par la situation. Jamais enragée par tant d'injustice. Là où Serenos avait pu se défaire des chaînes qu'on lui imposait, et qu'il s'imposait lui-même sans le savoir, la jeune femme, elle, n'avait pas encore eu assez d'épreuves, d'expériences ou la force de le faire.

Elle se sentait étrangère à la haine, bien que l'injustice la touche. La Foi et les préceptes religieux l'avaient toujours endoctrinée ainsi : plus elle souffrait ici, plus elle serait remerciée par le Très Haut. Elle se rattachait à cela, dans les moments difficiles, ne pouvant se raccrocher ni à une famille, un compagnon, une figure aimante. Elle subissait... En silence.

Mais les mots qu'il avait prononcé plus tôt résonnaient à son oreille, comme s'il avait hurlé dans son tympan. Nul esclave en Meisa. Durant toute la durée du récit des périples de sa vie, douloureux et cruels, Alecto tenta de ne pas croiser son regard, profitant qu'il était perdu dans ses souvenirs, parlant en fixant ses genoux. Elle osa relever le visage pour admirer son visage. Ainsi assit, même plus grand qu'elle, il semblait moins... impressionnant. Et à s'ouvrir à elle en lui narrant son histoire, ses faiblesses, son passé trouble... Il devenait simple. Il n'était plus Roi, il n'était qu'un homme, à côté d'elle, qui osait lui conter les versants noirs de sa vie, et lui offrir les enseignements qu'il en avait tiré. L'Esclave le trouva emplit de sagesse, une sagesse un peu mélancolique, qui n'enlevait rien au charme puissant qu'elle lui trouvait déjà.

Attendrie par son histoire, troublée par les passages les plus durs, elle trembla à de nombreuses reprises, lâchant des "oh" de surprise en cachant sa bouche d'une main effrayée quand la description était trop pénible à son goût. Il faut bien avouer qu'elle était facilement choquée...
Que voulait-il dire par "hybride" ? Elle pencha la tête sur le côté, intriguée, examinant le grain de la peau de ses joues, la broussaille sombre de sa barbe, les traits mâtures de son front. Il semblait bien plus vieux qu'elle, songea-t-elle, et tout ce qu'il contait la confortait dans cette idée. Savoir qu'il souffrait mille maux de sa condition la fit frémir, tant elle était compatissante, et retint un geste d'empathie vers lui, trop intimidée.

Cependant, cet état fut craquelé lorsqu'il évoqua son "maître". Alecto ouvrit des yeux ronds, comme un petit animal pris au piège d'un collet, voyant arriver les grosses bottes du veneur. Il savait. Il savait ? Non, c'était impossible, il ne pouvait pas savoir pour sa Maîtresse, il ne savait pas lire dans les pensées et... Le pouvait-il ?
Il était un puissant mage, elle l'avait bien constaté et il le lui avait répété plusieurs fois, alors... Sa respiration se fit saccadée, alors qu'elle se demandait si Serenos n'allait pas la punir, que ce soit pour ces actes au Palais, comme ses véritables intentions. Que savait-il exactement ? Etait-ce de la torture ? Elle avala sa salive, qui lui laissa un goût amer dans la bouche.

"M... Messire, Monseigneur, je vous en supplie." Elle joignit les mains, en un geste de prière totalement dévoué. Le supplier de quoi, au juste ? Qu'il ne se lâche pas ? Qu'il ne s'en prenne pas à sa Maîtresse ? Ou peut-être, qu'il ne dise pas à Thiana Gian, si d'aventure il savait qui elle était, comme sa pathétique espionne avait été inefficace ? Cela lui vaudrait à coup sûr une correction dont elle se souviendrait... Et si elle avait sans le vouloir attiré des ennuis à sa Maîtresse ? Si Serenos était plus puissant qu'elle, allait-il lui faire du mal ? Elle fut terrifiée par cette possibilité. Malgré tout ce qu'elle avait pu subir, Alecto était une femme d'une loyauté sans borne et elle semblait aimer la Sorcière comme... comme un chien battu aime son maître.

Peut-être voulait-elle également le supplier de ne pas lui en vouloir, à elle, pauvre domestique, de lui mentir, de lui cacher la vérité. Le supplier de la trouver encore jolie et intrigante, de continuer à chercher sa compagnie. Le décevoir lui semblait un crève-cœur. Elle se mordit violemment la lèvre, longuement, et les mots sortirent de sa bouche d'une traite, alors qu'elle fermait les paupières avec force.

"Je vous ai volé ceci, Mon Roi." Et elle tira de la poche de cette robe fort inadaptée un rouleau de parchemin, provenant vraisemblablement de son bureau. Thiana Gian allait la tuer, ses colères étaient légendaires, elle détestait l'échec ou qu'on la trahisse... Car c'était bien là un acte de trahison, Alecto le savait. Elle venait de trahir sa Maîtresse adorée au profit du Roi des Trois Royaumes, elle avait outrepassé les ordres de la Sorcière.

Elle attendait le couperet, baissant la tête, tendant presque le cou comme on ferait devant un bourreau, les paupières closes, en récitant entre ses dents une prière.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 29 mai 2020, 17:28:42
Le roi ne manqua pas de remarquer le manque de réactions de la jeune femme quand il lui parla de son droit d'être furieuse à son état. Cela étant, tout dépendait de la personne; certains étaient même bien confortables dans la vie d'esclaves, au point que certains protégeaient leur maître avec une loyauté et une véhémence à toute épreuve. Tout comme elle sembla le voir moins grand, moins sublime, il voyait comment sa psyché allait jusqu'à refuser la haine et la colère, tout à fait légitime, que les maîtres d'esclaves méritaient dû à leur cruauté.

Il sentit bien évidemment sa panique lorsqu'il mentionna le concept de maître, et se rendit compte que pour elle, cela lui semblait simplement étranger qu'il sache, mais pour lui, c'était l'évidence même. Les indices étaient autour d'elle, aussi insoupçonnable qu'elle soit. Elle était douce, gentille, docile et belle, un autre homme se serait certainement laissé berné par ces traits, ou ne serait-ce qu'aucun n'oserait croire qu’une demoiselle suffisamment maladroite pour renverser des étagères ne soit une espionne en mission d'infiltration, mais Serenos n'était pas n'importe quel homme, et ce n'était pas la faute d'Alecto, mais celle de sa maîtresse. Serenos sentait sa présence en la jeune femme, la châtiant dès qu'elle faisait un pas de travers. Sa plus grande erreur, ou malchance certains diraient, était de ne pas avoir correctement jugé la magie telle qu'elle agissait en Meisa. Mais même ça ne pouvait lui être reproché; Ayshanra et le Continent sont influencés différemment. La magie, sur le continent, semblait presque imperceptible, alors qu'en Meisa, la finesse du Voile faisait que la magie était plus aisément perceptible, autant pour les mages que pour les gens normaux, ce qui justifiait le plus grand nombre de jeteurs de sort sur Ayshanra.

Elle lui tendit alors un parchemin, admettant le crime de lèse-majesté. Le Roi regarda le parchemin, et il le reconnut instantanément; il s'agissait de ses propres écrits, mais pis encore, il s'agissait de ses recherches sur la magie noire, les sortilèges les plus vils y étaient consignés. Évidemment, ce n'étaient pas des sortilèges que Serenos lui-même comptait utiliser, mais comme une machine ou un phénomène naturel, la seule façon de contrer la magie noire est de savoir comment elle fonctionne, et donc, les sorts que Serenos connaissaient y étaient consignés. Le Roi prit le parchemin de la main de la jeune femme en jurant, avant de lui prendre la main et de relâcher dans sa peau une énergie bienfaisante, avant de repousser la jeune femme en position allongée sur le banc et de rapidement retrousser sa jupe. Là où le parchemin était le plus près de sa peau, celle-ci avait noircie.

Ce n'était pas de la colère que la jeune femme put voir dans les yeux du Roi, mais la panique; les écrits de magie noire étaient toujours corrompus, et leur influence corruptrice attaquait immédiatement ceux qui les prenaient en main sans précaution. Le Roi arracha immédiatement sa ceinture et, sans ménagement, l'enroula au plus haut de sa cuisse, sans respect pour sa modestie, car l'heure était grave. Il se pencha immédiatement sur ce problème et plaqua ses mains sur la corruption. En réponse, la forme noire se mit à se déformer, causant une douleur atroce à la jeune femme, luttant contre le magicien, avant que celui-ci ne l'extirpe, la forme passant de la cuisse de la jeune femme à son bras. Le Roi hurla, à la fois de douleur et, étrangement, d'agacement, en agrippant son bras et l'enserrant jusqu'à ce que la douleur s'amenuise.

Après quelques instants qui durent être d'une grande panique pour la jeune femme, le Roi cessa de gronder, pantelant, luttant pour reprendre son souffle. La douleur était toujours là, bien présente, mais plus comme si on était trop près des flammes ou le bras dans l'eau très chaude. Il regarda Alecto, et s'en approcha, avant de se pencher sur elle de nouveau. Si elle luttait, il ignorait ses coups pour défaire le garrot et laisser à nouveau le sang circuler. Si elle ne le frappait pas, il resta près d'elle.

"La Corruption. Elle est omniprésente, tout comme la magie, mais elle punit ceux qui s'arrogent le droit de déroger aux règles de la nature. Ce parchemin, c'est de la magie très noire, Alecto. Et vous avez bien fait de me le dire, car autrement, votre maître l'aurait récupéré sur le bateau et les marins vous auraient simplement jeté à la mer à la suite de votre décès."

Le Roi regarda la jeune femme, puis réajusta sa robe, remettant ensuite sa ceinture à sa taille. Il marqua cependant une pause et regarda la jeune femme, puis le parchemin, avant de le faire disparaitre d'un sortilège, le renvoyant d'où il venait.

Il posa une main sur la cuisse de l'esclave, là où existait désormais une tâche foncée en croissant de lune, comme une nouvelle tache de naissance, là où le parchemin avait été le plus longtemps en contact malgré les mouvements, et il la regarda dans les yeux.

"Je vous aurais bien dit que vous méritez une punition exemplaire pour votre crime, Alecto, mais cet incident nous aura appris une chose, chacun; à vous, ne touchez jamais aux affaires d'un magicien si vous ne l'êtes pas vous-même. À moi; que je dois redoubler de vigilance quant à mes recueils magiques. Je croyais que les sortilèges de protection auraient suffi, mais que ce soit par un don inné ou par intervention d'un mage fort puissant œuvrant dans l'ombre, vous avez ignoré toutes mes protections. Cela dit, vous méritez une correction."

Il laissa peser un lourd silence entre eux, avant de lui prendre le visage dans ses mains et de plaquer un baiser sur les lèvres de la jeune femme. Le baiser avait pour but de rassurer la jeune Alecto; elle ne serait pas blessée ou malmenée. Il veillerait sur elle, pour un temps. Le baiser se brisa après quelques bonnes secondes, laissant le Roi libre de finir ce qu'il allait dire.

"Votre punition sera de rester au palais, pour quelques jours. Ne serait-ce que pour m'assurer que la corruption ne s'est pas propagée et que vous ne subissez pas de séquelles. Vous allez passer énormément de temps avec moi, Alecto, que cela vous plaise ou non."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le vendredi 29 mai 2020, 18:24:53
Les larmes de douleur coulaient encore le long de ses joues quand elle tenta de se redresser lentement. Qu'avait-elle fait ? Alecto avait pensé voir sa dernière heure arriver. Lorsque le Roi l'avait agrippée, en jurant, elle était persuadée qu'il allait la frapper, se venger de ce crime, lui faire regretté d'avoir osé lui dérober ses affaires. Il faut dire qu'elle n'avait aucune espèce d'idée de ce qu'elle avait volé. Elle s'était contentée de prendre un rouleau au hasard dans la bibliothèque, en se disant que, puis il semblait vieux, plus sa Maîtresse le trouverait intéressant...

Elle était loin de s'imaginer ce qui allait se passer.
Allongée, à demi-nue, elle avait hurlé de sa voix si souvent basse, d'un cri strident et viscéral. C'était un type de douleur qu'elle n'avait jamais ressenti... Une douleur magique. On l'avait frappé, à mains nues, ou avec divers objets adaptés ou non aux punitions corporelles des esclaves. On l'avait brûlé, on l'avait ébouillanté, aussi. On avait brisé son cœur, également. Détruit les objets auxquels elle tenait, éloigné des gens qu'elle avait pu aimer... Mais rien ne ressemblait à la souffrance ésotérique qu'elle découvrait. C'était intenable. A côté, le sang qui cessait de circuler dans sa jambe était juste un petit effleurement.

Ces grands yeux horrifiés et embrumés virent avec effroi Serenos qui luttait contre cette corruption qu'elle n'aurait jamais soupçonné. Elle craignit pour lui, alors même qu'elle souffrait encore... Mais peu à peu, le Roi parut réussir à "maîtriser" cette magie noire, et ne sembla plus en ressentir les effets, au moins d'extérieur. De nouveau penché sur elle, Alecto sanglota en songeant qu'elle méritait une bien pire punition, et qu'il devait être furieux contre elle. Par sa faute, il avait été blessé, elle avait attenté à la vie d'un Souverain de trois royaumes entiers...

Déglutissant difficilement, sans opposer la moindre résistance, docile et trop choquée pour faire quoi que ce soit malgré le malaise immense qu'elle ressentait d'être dans cette position, la jupe retroussée sous Serenos, l'Esclave acquiesça très lentement, pour faire comprendre qu'elle entendait ses explications.

Elle ignorait totalement tout ceci... La ... La magie, bénéfique ou non. Elle avait grandi presqu'en ermite, dans le Monastère. Elle n'avait été éblouie que par la Sorcière qui était désormais sa Maîtresse, et comme le savait Serenos, tenante d'une magie encore différente sur le Continent. Alecto s'en voulait énormément, et se sentait coupable de tant de crimes, divers, qu'elle attendait un châtiment. C'était légitime. Tout acte avait des conséquences, elle était fautive de trop de maux pour ce jour. Le Roi allait la faire enfermer, enchaîner, et elle serait surement pendue, ce qui serait une agonie plus douce que périr petit à petit dans une cellule étouffante sans nourriture.

Il parla de correction. Elle hocha la tête, pour lui donner raison, résignée. Elle devait payer ses actes, c'était ainsi. Elle le savait, et l'acceptait, même. Peut-être que des coups de fouet, ou un emprisonnement ici, était plus doux qu'un châtiment de sa Maîtresse ?

Jamais elle n'osa porter le regard sur son visage royal, et encore moins jusqu'à ses yeux. Elle avait bien trop honte pour cela.

Mais alors qu'elle s'efforçait de tourner la tête, les deux mains du Monarque encadrèrent son visage, et elle sentit sa bouche se presser contre la sienne.

Il lui fut impossible de comprendre ce qui se passait. Elle s'attendait à être punie, et Alecto ressentait désormais un brasier consumer ses lèvres, sa mâchoire s’ankylosa, et tout son corps s'électrisa. Le parfum naturel du Souverain emplissait son nez et sa gorge. C'était la plus délicieuse, la plus exceptionnelle correction qu'on lui eut jamais promis... Jamais l'Esclave n'avait ressenti pareille sensation de plénitude. Son corps cessa de frémir, et même la douleur se calma, le temps de leur étreinte.

Lorsqu'il se détacha d'elle, Serenos reprit son discours, mais la Domestique eut toutes les peines du monde à l'entendre. Ses oreilles bourdonnaient, et il lui semblait que son cœur battait directement dans ses tympans. Il lui parut encore plus magnifié, voyant ses lèvres bouger quand il déclamait la sentence royale. Elle était béate, les yeux grands ouverts.

"O... Oui Mon Roi."

Elle avait parlé sans même s'en rendre compte, et ce fut après avoir entendu sa voix, lointaine, qu'elle parut s'éveiller de ce songe. Cillant à coups vifs, elle réalisa alors ce qu'il venait de dire.

"D... Rester ici ?" Un hoquet lui échappa, elle s'attendit à recevoir une décharge électrice dans les reins, mais rien ne vint. "Majesté, je... Je ne peux pas... C'est. Vous savez, ma Maîtresse... Elle. Elle va constater mon absence. Qu..." Oh, elle était angoissée à l'idée que la Sorcière s'impatiente et ne la punisse, à distance, ou non, d'ailleurs. Mais en réalité, ses grands yeux bleus ne paraissaient pas aussi terrifiés qu'avant : elle avait même l'air... soulagée.

Rester. Rester ici quelques jours. Avoir la chance d'être en sa compagnie encore. Vivre dans cette bulle un temps. Elle se dit que, même rester dans l'ombre de Serenos serait un privilège. Qu'elle pourrait se contenter d'attendre à une fenêtre, dans l'espoir de le voir passer au loin, se nourrissant de son existence, même lointaine. Parfaitement émue, Alecto soupira longuement, révélant ses véritables sentiments.

"Je vous promets de vous êtres utiles, Votre Altesse. Je vais... je vais me racheter, je vous le jure." Quelle clémence, quelle bonté... Pour l'Esclave, le Roi était un Saint, désormais, c'était certain. Elle posa soudainement sa main sur son genou, sans vraiment réfléchir à son geste.

"Je vous promets de vous servir, Mon Roi. Accordez-moi votre Pardon, je vous en conjure."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 29 mai 2020, 19:14:06
Elle semblait soulagée, heureuse. L'épreuve qu'elle venait de subir allait assurément rester un bon moment dans sa mémoire, mais il n'était pas pressé; il savait prendre son temps. Il avait appris que les émotions fortes et négatives nourrissaient la corruption, autant qu'elle nourrissait la magie, c'était donc peut-être une bonne chose que la jeune femme de piété qu'elle était ne puisse contenir de haine ou de colère, cela voulait dire que dans les faits, la corruption ne risquait pas de revenir, mais il voulait avoir une excuse de la garder ici.

Malgré tout, elle n'était pas tranquille. Visiblement, sa maîtresse était quelqu'un de terrifiant à ses yeux. Il lui sourit doucement, alors qu'elle paniquait.

"Je lui enverrai un message lui disant que vous êtes mon invitée," lui dit-il d'une voix réconfortante. "Même elle ne pourra pas s'en prendre à vous. Si elle veut venir vous réclamer, elle se présentera d'elle-même. Entretemps…"

Le Roi retira une des chaines qui adornaient son cou, et la passa autour de celui d'Alecto. Accroché à la chaine se trouvait un petit médaillon, avec un oiseau noir qui ouvrait les ailes.

"Ce médaillon vous protégera de ses réprimandes. Ce n'est pas un collier, ni une laisse; si vous tenez à partir, je ne vous retiendrai pas, mais je refuse qu'elle s'arroge le droit de faire valoir ses droits de maîtresse tant que vous êtes sur mon territoire. Tant qu'à m'être utile…"

Il réfléchit un moment. Il n'avait que rarement assigné des tâches à qui que ce soit en dehors de l'armée, et comme il ne connaissait rien de l'esclave, ce serait irresponsable de sa part de lui donner un poste de domestique, sachant les dangers qui sillonnaient son château. Non, il devait la garder près de lui. Elle ne savait pas se battre, donc garde du corps serait trop dangereux. Il était immunisé à la plupart des poisons, donc goûteuse ne lui serait d'aucune aide. Après quelques secondes, il eut une idée qu'il, très immodestement, trouvait géniale.

"Je sais!" s'exclama-t-il avec un sourire rayonnant. "Vous pourriez être ma compagne."

En Meisa, il existait plusieurs rôles dans la haute société pour les femmes. Épouses et mères, bien sûr, comme partout ailleurs, mais quand il y avait une reine, elles se faisaient assigner des dames de compagnie, qui veillaient à leur bien-être, à leur amusement, et aidait également ces jeunes demoiselles à développer les talents nécessaires à prendre leur place dans la société. Une compagne, en revanche, était une dame de compagnie pour le Roi, lorsqu'il n'y avait pas de reine. À l'instar de celle-ci, elle accompagnait le Roi où qu'il aille, incluant dans les bals et banquets, prenant la place que la Reine aurait prise si elle était là. Contrairement à la Reine, cela n'engageait en rien la compagne à partager la couche du Roi dans le sens sensuel du terme. C'était normalement un traitement réservé aux maîtresses royales, mais comme celles du Roi étaient, pour la plupart, désormais mariées ou avaient quitté le château pour de nouveaux horizons, il n'y avait plus personne pour remplir ce poste.

Évidemment, Serenos savait qu'elle n'était pas de cette société, alors il lui expliqua calmement ce que ce rôle signifiait, pour la rassurer. En d'autres termes, pendant les prochains jours de son séjour, elle serait l'assistante exclusive du Roi et ne quitterait pas sa présence sauf si elle le désirait ou s'il le lui demandait de lui-même. Elle aurait la même légitimité que n'importe quelle femme de la cour à s'instruire, et cultiver son jeune esprit, ce qui, pour le Roi, l'aiderait peut-être à apprendre à se protéger des gens qui pourraient l'abuser dans l'avenir. Elle aurait accès à l'Arcanum sous la supervision du Roi, et aura même l'obligation d'être occasionnellement égoïste avec les attentions de son compagnon.

On pourrait se demander pourquoi le Roi allait aussi loin pour une inconnue. La réponse est toute simplement; deux raisons bien évidentes. La première; il savait qu'il apprécierait sa compagnie, et deuxièmement, il s'ennuyait terriblement dans sa solitude. Être Roi, disait-il, est quelque chose d'excessivement pénible, et comme aucune femme de la cour ne trouve grâce à ses yeux, il n'a jamais considéré de se remarier pour alléger le fardeau de la couronne. À un moment, ses nobles voulaient qu'il considère de se marier à la Reine de Nexus, mais ce plan était tombé à l'eau avec sa disparition, et il était absolument hors de question qu'il se marie à une des conseillères de régence; il soupçonnait certaines d'entre elles d'être beaucoup plus vieilles que lui.

"Je vous rassure; vous n'avez peut-être aucune expérience en tant que femme de la cour, mais cela n'a que peu d'importance. La compagne n'a aucun pouvoir politique, et je ne vous infligerais pas des banquets protocolaires pour vous embarrasser, à moins que vous ne désiriez apprendre. Ce n'est peut-être que temporaire, et vous voudrez peut-être retourner à vos obligations, mais je crois que ce sera une belle expérience pour vous. Et puis…"

Il posa une main sur celle de sa nouvelle amie, qu'elle avait négligemment posé sur son genou, et la posa contre sa joue rugueuse et barbue. Pour certains, le Roi semblait presque sauvage dans ses traits, mais pour d'autres, il était un homme qui n'aimait pas la caresse du rasoir, tout simplement. Ce geste, évidemment, était plus qu'une démonstration d'affection; c'était une illustration de son privilège en tant que compagne, si elle acceptait.

"Je ne peux m'empêcher d'imaginer la tête rouge de jalousie que tirerons tous ces idiots de nobliaux quand ils vous verront."

Qui dit que le Roi était sans humour?
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le vendredi 29 mai 2020, 22:28:04
Pénétrer dans l'Arcanum était déjà en soi une grâce qui l'avait comblé à un point qu'elle n'aurait pu imaginer possible. Cette fois, Serenos lui offrait plus qu'un lieu légendaire où elle se sentait sereine. Il lui proposait un poste... Non content de lui avoir annoncé qu'en ses royaumes, l'esclavage n'était pas autorisé, il l'élève sur un simple coup de tête à un rang que jamais elle n'aurait imaginé pour espéré. Par ailleurs, elle ignorait sans doute qu'une telle fonction existait, tant les problématiques et les protocoles de Cour lui étaient étrangers.

Voir le Roi s'exclamer et sembler très heureux de sa trouvaille, quant à son utilité sur les prochains jours le métamorphosa. En plus d'un Monarque un peu grave même si bienveillant, il semblait un peu plus jeune quand il souriait ainsi. Alecto le trouva charmant. Son sourire fut communicatif, et elle se prit à tirer ses lèvres d'une manière joyeuse, bien qu'encore intimidée. Elle ne cessait de toucher le médaillon qu'il lui avait offert, comme le plus beau des trésors protecteurs.

Mais soudain, elle se rendit compte qu'en effet, être Compagne était un rôle compliqué, et peut-être dangereux ? Elle le regarda intensément pendant qu'il lui expliquait les rudiments de ces nouvelles fonctions provisoires. Alecto faisait un effort de concentration extrême, son visage reflétant sans doute une expression assez idiote d'intensité, pour tenter de mémoriser tout ce qu'il récitait. Comment faisait-il pour se souvenir d'autant de choses si spécifiques ? Lorsqu'il évoqua les subtiles mais importantes différences entre les Maîtresses Royales et les Compagnes, la Domestique ne put s'empêcher de rougir et baisser les yeux.

Il l'avait embrassée, elle avait encore son emprunte frémissante sur ses lèvres, tant qu'elle se mordit furtivement pour se remémorer. Alecto se demandait ce que cela pouvait bien représenter pour un Roi ? Sans doute pas grand chose... Elle se sentit idiote d'avoir pris ce geste comme quelque chose d'exceptionnel, mais cette légère ombre au tableau fut bien vite chassée par la voix envoûtante de Serenos.

Acquiesçant souvent en silence, lorsqu'il détaillait ses missions, l'Esclave pris peur de n'être pas du tout à sa place, elle ne put s'empêcher de murmurer.

"Et... Et si je vous causais du tord, involontairement ? Pensez-vous qu'on m'acceptera ?" Elle se mordit l'intérieur de la joue de manière assez mal à l'aise.

Elle avait peur d'être gauche, un poids, voire un boulet pour lui. Aurait-il des adversaires politiques pouvant se servir de cette nouvelle lubie, pour lui nuire ? Le protéger lui semblait désormais important, même si naturellement... Elle en serait parfaitement incapable. Que pourrait-elle faire pour agir quant à la sécurité du Monarque ? Rien, bien sûr. Pleurer, trembler, et pour sûr, prier.

Avec un léger sourire timide, levant ses grands yeux clairs pour fixer les siens, la petite Esclave osa alors caresser la joue barbue qu'il l'avait invité à effleurer, et son cœur accéléra encore, exprimant un profond émoi du fait de ce contact. Elle lâcha même un rire cristallin, à sa remarque, son pouce glissant avec une audace toute relative, mais pour elle vraiment très ambitieuse, sur sa joue.

"J'espère ne pas vous faire honte alors, Sire..." Était-ce vraiment réel, tout ceci ? Rêvait-elle ? Prise d'un soupçon finalement, elle le regarda d'un drôle d'air, en fronçant les sourcils.

En réalité, cela ressemblait peu à ses songes habituels. Ils étaient emplis de souvenirs imprécis et durs. Elle battit des cils. Et s'approcha légèrement de lui pour l'observer de plus près, gardant le plus longtemps qu'elle y sera autorisée sa main sur son visage, trop heureuse de ce contact qui faisait accélérer son pouls.
Assurément, elle ressentait trop de choses pour qu'il s'agisse d'un rêve... Son pouce s'approcha timidement de ses lèvres.

"J... Vous me faîtes trop d'honneur, Votre Altesse." Elle se sentait irrésistiblement attirée vers elles, fascinée. En se rendant compte qu'elle s'avançait vers le Roi, Alecto sursauta et reprit sa place en saisissant le médaillon offert. Pour tenter de se rattraper, comme si elle était coupable de quelque offense, la jeune femme souffla bien vite : "Je pourrai également vous faire la lecture ? Ou écrire vos courriers ? Décorer quelques lettres galantes peut-être ? Je... j'ai appris l’enluminure, Majesté, et mes Maîtres ont toujours apprécié mon trait."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 29 mai 2020, 23:31:22
"Et... Et si je vous causais du tort, involontairement ? Pensez-vous qu'on m'acceptera ?"

L'idée même qu'elle puisse lui causer du tort arracha un sourire enjoué au souverain. Honnêtement, il doutait que même si elle tentait, elle pourrait lui causer assez de problèmes que cela aurait un impact significatif sur l'entièreté des problèmes qu'il avait déjà.

"Si personne ne vous accepte, je vous accepterai." Dit-il avec une inébranlable certitude dans la voix.

Il sentait le trouble en elle, cette peur de faillir, mais elle devrait comprendre qu'à moins de commettre une bourde monumentale d'ordre quasi-cosmique, il était assez improbable qu'il perde pied; il était assez solide pour pouvoir entretenir cette relation et maintenir sa position en tant que Roi. Évidemment, il n'était pas impossible que quelqu'un cherche à exploiter cette opportunité, car le Roi prenant une compagne que nul n'avait jamais vu pouvait être vu comme un attachement surprenant et aisément exploitable, mais Serenos préférait ne pas s'en faire à moins que la situation ne change. Ce n'était pas de l'insouciance, loin de là, mais une évaluation des risques. Si la jeune femme était une pratiquante de la magie, alors oui, là, il s'en ferait et prendrait des précautions, mais la seule chose qu'il ne parvenait pas à comprendre et à élucider à son sujet, c'était comment elle avait passé outre ses défenses, et à sa réaction, elle ne le savait pas elle-même, peut-être qu'elle ne s'en était même pas rendue compte.

"J'espère ne pas vous faire honte alors, Sire..."

Ces mots éveillèrent quelque chose en lui. Il prit un instant sa main dans la sienne, et posa un baiser sur sa paume, avec douceur.

"Ne vous faites pas de souci, Alecto. Accordez-moi votre confiance." Répondit-t-il avec cette même assurance, lui accordant un nouveau sourire.

Ils s'observèrent encore un moment. Même que la "domestique" s'approcha de lui, la main posée sur la joue du Roi, caressant sa peau rugueuse de son pouce, puis sur sa lèvre inférieure. Le Roi la laissa faire, pour qu'elle explore ce que le rôle de compagne lui donnait comme liberté.  Il ne fit aucun geste, fasciné par le développement de la situation et, honnêtement, le suspense à lui seul provoquait un sentiment d'alerte en lui, comme si tout d'un coup, de milliers de différents scénarios se déroulaient dans sa tête.

"J... Vous me faîtes trop d'honneur, Votre Altesse." Lui dit-elle, en un souffle, un souffle qu'il, par la proximité, parvenait à sentir contre son visage.

Encore quelques centimètres. Elle y était presque.

Encore!

Le cœur du Roi battait dans sa poitrine, il pouvait l'entendre dans ses propres oreilles. Lorsqu'elle fut assez près, le Roi s'inclina pour venir réceptionner ce baiser qu'elle semblait lui promettre, mais elle se ravisa en se remettant en place, nerveusement. Elle tenta de lui dire quelque chose, lui demandant si elle pourrait lui faire la lecture, comme pour essayer de le distraire, mais comme elle finissait sa phrase, le Roi lui avait déjà attrapé la main. Ses yeux plantés dans les siens, le Roi posa un baiser sur la cicatrice sur son poignet. Il fit tourner la main d'Alecto dans la sienne, puis en posa un autre sur l'éraflure sur son avant-bras, sans décrocher leurs regards.

"Alecto."

Il se repositionna sur le banc, un pied au sol, un genou sur le siège, la regardant toujours, en se penchant sur elle, relâchant ses mains pour les poser de chaque côté de la belle, la coinçant sans l'emprisonner entre le dossier et l'appui-bras.

"Si vous acceptez d'être ma compagne," dit-il en s'approchant d'elle. "Vous pouvez me faire la lecture, écrire mes lettres, vous pouvez peindre mon portrait, vous pouvez me gifler, ou m'appeler par mon prénom si tel est votre désir."

Il se pencha davantage et cette fois, il posa sur les lèvres de la jeune femme un véritable baiser. Sa main droite quitta le siège, se posant sur la joue de la jeune femme, puis glissa sur son épaule, dénudant sa peau, et posant un baiser sur son épaule, puis son cou, avant de reculer et la regarder dans les yeux. Comme il le lui avait expliqué, le rôle de compagne n'était pas un rôle qui nécessitait que la jeune femme se donne au Roi, c'était un poste qui faisait d'elle une forme de dame de compagnie. Elle était parfaitement libre, et elle savait maintenant qu'il tenait parole, mais il avait vu ses regards, ses comportements, et il croyait qu'il pouvait considérer qu'elle pourrait, en fait, nourrir la même attirance envers lui qu'il semblait ressentir envers elle.

Il brisa le baiser, puis lui en donna un autre, puis un dernier, avant de se reculer un peu et la regarder dans les yeux, sa main glissant sur son épaule pour venir rejoindre sa main et se lier à elle, croisant les doigts aux siens. Il y avait une sincérité dans ses gestes, une franchise. Ce n'était pas que du désir, bien sûr, et c'était beaucoup trop tôt pour parler d'amour, mais il y avait une attirance, et une envie de lui offrir son affection qu'il ne pouvait plus simplement réfuter.

"Vous pouvez même m'interdire de regarder avec convoitise une autre que vous tant que vous serez au palais, et je satisferai cette demande, car ma compagne ne sera jamais seconde à aucune autre dame. Demandez, ma compagne, ce que votre cœur désire, et si je le puis, j'exaucerai ce désir. Enfin... seulement si vous m'appelez également par mon prénom."

Par ces mots, il entendait évidemment qu'elle doive pouvoir se sentir à l'aise de lui demander de reculer, si elle le voulait, ou de poursuivre. Elle pouvait lui demander de lui montrer le château, même, ou de l'escorter jusqu'à son lieu de repos. Compagne, pas servante. Compagne, pas maîtresse. Elle était la Compagne de Serenos, et dans cette forme d'intimité, elle avait le droit à ce qu'elle désirait.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le samedi 30 mai 2020, 00:32:57
Ce serait mentir que d'affirmer qu'elle n'avait pas imaginé un tel élan de la part du Monarque. Ses épaules massives penchées sur elle, son visage barbu contre le sien, la brûlure de sa bouche contre ses lèvres, sa peau... Le brasier de ses pommettes, sa gorge et sa colonne vertébrale s'était remis à l'emplir et à la foudroyer, immédiatement. Comme un irrépressible appel qu'elle ne savait expliquer, Alecto glissa ses doigts dans la jungle de ses cheveux sombres, se laissant aller, même, quel courage !, à lui rendre son baiser avec toute l'étendue de sa dévotion.

Le feu du baiser sur son épaule la fit se cambrer et ouvrit de grands yeux, manquant un battement de cœur. L'odeur de sa peau lui semblait envoûtante, entêtante même. Etait-elle sous l'emprise d'un sort ? Oh non, elle le pensait incapable d'une telle fourberie. La nouvelle Compagne se laissa aller totalement à cette étreinte inespérée et la sincérité qu'elle percevait la faisait frémir d'émotion.

Beaucoup de sentiments se heurtaient dans son petit crâne, et Alecto se demandait ce qui serait le plus dur pour elle... le gifler, ou l'appeler par son nom ? S'il le réclamait, pourrait-elle seulement refuser ? Non pas qu'il l'y oblige non, mais elle-même n'avait jamais osé contredire la parole d'une personne plus puissante qu'elle. Et... il fallait avouer que 90% des gens qu'elle avait croisé dans sa vie avait ce statut. On ne peut décemment pas désobéir à un Roi ! Mais de là à le frapper ? Elle aurait été paniquée à cette idée, si elle n'était pas trop occupée à se consumer.

Avait-elle souvenir d'avoir jamais embrassé un homme qu'elle désirait ? Même aucun homme, ou femme d'ailleurs, qu'elle n'ait pas trouvé effrayant ou repoussant ? Aucune personne l'y ayant contrainte ? C'était donc ainsi, l'électrique volcan de l'attraction et de l'émoi ? Quel délice. Pouvait-on imaginer plus douce sensation ?

Elle se serait perdue corps et âme si Serenos n'avait pas brisé leur étreinte, pour mieux y revenir, plus empressé. Elle passa ses bras autour de son cou avec maladresse, comme pour le retenir le plus possible, étonnée elle-même de son culot. La toute récente Compagne le lâcha cependant, se noyant dans ses yeux avec une expression de plénitude embrasée à l'intérieur de ses iris azur.

"C'est que... Sire... Monsei... euh." Elle pinça les lèvres, gênée d'être aussi bouleversée, sans réussir à parler. Son regard la perturbait et la proximité de son visage l'empêchait de se concentrer sur ce qu'elle voulait lui dire.

"Jamais il... ne me viendrait à l'idée de vous interdire... quoi que ce fut." Balbutia-t-elle, le souffle court. Ses joues la brûlaient et un picotement qu'elle jugea d'impur fourmillait sur l'intérieur de ses cuisses.

Pour tenter de reprendre pied, Alecto se contracta pour enfouir son nez dans ses cheveux qui retombait autour de son visage penché sur elle, et parler plus bas, à son oreille. Ainsi, elle savait qu'elle n'aurait pas à subir la tentation de son regard, de ses lèvres, et du magnétisme qu'il avait sur elle. Même si, bien sûr, se trouver si proche de lui, presque collée, était à lui-seul une source d'affolement. Elle ferma les yeux.

"Pouvez-vous... m'accorder..." Elle inspira l'odeur de sa chevelure involontairement et manqua de perdre le fil de ses pensées. Celles-ci revinrent cependant, comme un couperet la ramenant à la réalité. "M'accorder votre Pardon, Votre Ma... Sé.. Sérénos."

Alecto avait la sensation d'avoir blasphémé. Jamais elle n'avait appelé par son prénom un Maître, un homme-libre et encore moins un Monarque. Cela lui coûta énormément, et elle trembla, redoutant presque une gifle pour la punir de son impudence. Conditionnée ainsi, il lui faudrait beaucoup de temps avant de pouvoir se sentir à l'aise avec cette toute nouvelle proximité voire... cette égalité qu'elle n'avait jamais connu.

Comme beaucoup de dévote, la Domestique vivait dans la culpabilité d'exister... Et obtenir le Pardon du Roi était la première étape vers son chemin de rédemption. Il lui était indispensable pour, ensuite, pouvoir espérer demander pardon à Dieu.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le samedi 30 mai 2020, 01:06:54
Les baisers reprirent de plus belle lorsque les bras d'Alecto se refermèrent sur lui, enlacant son cou, comme pour le retenir, ce qui enflamma davantage la passion de cet homme. Elle tenta de parler, mais comme elle cherchait ses mots, le Roi lui donna un peu plus de tendresse en venant cueillir un autre baiser sur ses lèvres fraiches comme la douce caresse du printemps. En réponse à son étreinte, le Roi passa sa main libre dans le dos de sa belle et l'attira contre lui, approfondissant et prolongeant ce baiser chargé de tendresse, mais le brisant de nouveau quand elle tenta de parler, lui disant qu'elle ne désirait pas l'arrêter, ou le priver de sa liberté, ce qui, quelque part, amusa mais également frustra le Roi, car la voir démontrer ne serait-ce qu'une pointe d'égoïsme à son égard aurait flatté l'égo de l'homme.

Elle vint alors se nicher contre sa tête, brisant le contact de leurs lèvres et de leur regard. Le Roi se retrouva donc pressé contre sa tête, les lèvres de la jeune femme murmurant sa requête au creux de son oreille, lui demandant de lui accorder son pardon, et suivit cette demande par la prononciation de son prénom. Elle se crispa un peu contre lui, il sentit à quel point elle était alarmée par ce qu'elle percevait être de l'impertinence, mais en tout gratification, le Roi recula de quelques centimètres, levant leurs mains liées dans une douce étreinte, resserrant légèrement sa prise.

"Je vous pardonne, Alecto." Dit-il d'un ton doux, et chaleureux. "Bien sûr que je vous pardonne."

Comme pour sceller ce pardon et l'officialiser, il revint à l'assaut de sa bouche et l'embrassa, sa langue s'infiltrant doucement dans la bouche d'Alecto et se joignit à la sienne pour l'engager dans une tendre valse.

De quoi lui pardonnait-il exactement? Il ne saurait dire. Peut-être qu'elle voulait son pardon pour s'être infiltrée dans son bureau, de s'être blessée, d'être une espionne, de ressentir une attirance pour une personne qui n'était pas sa maîtresse, d'avoir accepté d'être sa compagne, ou tout simplement d'avoir prononcé son nom, mais le Roi lui pardonnait l'intégralité de ses fautes et, s'il avait été dans son pouvoir de le faire, tous ses péchés.

Quant à ces péchés, Serenos était ce qui était de plus loin d'être un ecclésiaste, donc il n'avait aucun réel pouvoir sur eux, d'autant qu'ils n'appartenaient pas à la même confession et ne vénéraient pas le même Dieu. Le Roi de Meisa n'avait qu'un seul et unique souverain immatériel, et contrairement à ce que beaucoup pourraient croire, il ne s'agissait pas de la magie, mais sa raison; et même parfois, il pêchait envers celle-ci en se laissant dévorer par ses passions.

La main du Roi glissa doucement de la main de sa compagne pour caresser ses bras, puis ses épaules. Même s'il aurait voulu être quelqu'un de plus réservé, contrôlé, le Roi était tenté de consommer la jeune femme, et ce désir sauvage était des plus difficiles à mater, surtout parce qu'Alecto était un délice de douceur, de vulnérabilité, que sa nature brutale ne désirait que dévorer voracement, comme la bête qui se cachait dans tout homme, mais il avait donné sa parole; nul n'était esclave en Meisa, pas même esclave de ses passions.

 Il brisa doucement leur baiser, puis se redressa doucement pour retirer sa veste et sa tunique, se retrouvant torse nu devant la jeune femme. Il lui prit doucement les mains et les posa contre la peau chaude de son torse, contre ses cicatrices. Les blessures ne le privaient en rien de son intégralité physique, mais lui donnait un air sauvage, aguerri, le genre de physique que l'on s'attendait d'une brute qui pillait les villages et violentait les femmes qu'il y trouvait. Pourtant, il radiait de lui une dignité indéniable; il n'était pas ce genre d'homme.

Le Roi se laissa tomber sur un genou, et s'empara du pied de sa belle, défaisant doucement ses sandales pour elle, et dans ce geste lui prouva qu'elle n'était pas inférieure à lui. Il posa un baiser tendre sur ses petits pieds nus, avec respect et tendresse, avant de remonter les mains et lui caresser les jambes, puis les cuisses, remontant jusqu'à ses hanches, sous sa robe, caressant sa peau avec douceur et révérence, lui laissant toute la liberté de l'arrêter si tel était son désir. S'il savait une chose sur les esclaves, c'était qu'il était très difficile pour elles de montrer une résistance, donc il était nécessaire d'être à l'écoute des signes de refus qu'elles pouvaient montrer, que ce soit un resserrement des cuisses, une tension des muscles, parfois même un gémissement de protestation que, pour leur survie, elles tentaient de faire passer pour des chants de plaisir.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le samedi 30 mai 2020, 12:16:07
Le Pardon Royal obtenu, le corps d'Alecto se détendit d'un coup, un immense soulagement la gagnant. Elle souffla tout doucement une grâce à Dieu, reconnaissante de sa Clémence, et les baisers qu'ils échangèrent ensuite semblèrent plus légers. La gravité dont elle faisait parfois preuve, qui passait souvent pour un regard extérieur pour de la crainte -et bien que ce fut le cas également- s'était un peu allégée.

Bien sûr, la désormais Compagne continuait de trembler, frémir, et pincer les lèvres avec ferveur à chaque fois qu'une partie du corps de Serenos la frôlait et elle vibrait à chaque fois qu'il l'embrassait. L'attrait qu'elle percevait dans ses étreintes la bouleversait, ne pouvant encore y croire totalement. Tout ceci semblait irréel, un peu comme ce lieu magique dont elle n'aurait jamais pu rêver. Le Roi se montrait doux et délicat, bien qu'il ne put réprimer totalement le désir qui assurément avait pris possession de lui, et Alecto s'en trouvait tout à la fois flattée et paniquée. Aveuglée par son propre émoi et le bouillonnement intérieur qui la laissait brûlante, elle n'avait plus aucune notion de temps ou d'espace.

Se laissant porter, il faut l'avouer, sans être véritablement moteur de la situation, son instinct reprenait les rênes, cependant. La Domestique se découvrait la force et l'étonnante facilité avec laquelle ses mains caressait les joues et timidement ses épaules, surprise par ses propres capacités, et presque fière de ces ridicules mouvements mal assurés.

Soudain, Serenos se découvrit, veste et chemise au sol, et il fut impossible pour Alecto de ne pas écarquiller les yeux au moment où sa main guidait la sienne sur son torse. Elle parut grelotter, alors qu'elle bouillait, confuse de l'observer dans cette nudité brusque, à laquelle elle ne s'était pas attendue. A quoi songeait-elle, alors ? Oh, bien sûr, elle l'avait imaginé, en rougissant intérieurement.
Elle avait nu nombre de bustes d'hommes, et de femmes, dans le plus simple appareil. Cependant, au delà des contextes des quartiers d'esclaves dans les grandes Maisons où elle avait servi, qui la laissaient toujours mal à l'aise de pudeur, Alecto n'avait touché que des peaux souvent très immaculées, et jamais de son plein gré.

Le torse du Roi était constellé des souvenirs de ses batailles et des douloureuses épreuves qu'il avait affrontées. A mesure qu'il lui en faisait la carte en guidant sa main, la jeune femme examinait le grain de sa peau, la forme de ses cicatrices, les renflements de traces de morsures... Elle souffrit, légèrement, en songeant aux douleurs qu'il avait pu ressentir, pleine d'empathie. Il devait être si brave, pour avoir pu endurer tout ceci, et rester si digne, et bon. Son affection pleine de compassion s'en trouva décuplée, bien que ce ne soit pas son sentiment premier lorsqu'elle effleurait sa poitrine.

A mesure que le Monarque délassait ses sandales, la Compagne sentait sa respiration s'accélérer. Elle était assez naïve, mais pas idiote. Pas totalement du moins. Le feu en elle consumait tout sur son passage, faisant tomber ses barrières avec une désopilante facilité, mais il résidait une forteresse... Sa Foi. Elle avait été éduquée parmi les Soeurs, et à mesure que les mains de Serenos remontaient sur ses jambes aux genoux anguleux et fins, à mesure que sa gorge commençait à émettre de très discrets gémissements timides, alors, un sentiment pernicieux revenait.

Sa notion manichéenne de la vie en prenait un sacré coup. Était-ce... bien, ce qu'elle faisait ?
Alecto ne pouvait nier le désirer. Aimer ses caresses, et même souhaiter davantage. Elle n'avait pas souvenir d'avoir déjà ressenti un tel attrait, qui lui donnait la fougue nécessaire pour oser les demander par un langage corporel discret.
Quand les doigts du Roi effleurèrent ses hanches striées de cicatrices, elle se crispa soudainement. Impossible de ne pas le ressentir, Serenos était bien trop à l'écoute de sa Belle pour l'ignorer. Naturellement, ses précédents Maîtres et Maîtresses n'en avaient jamais tenus compte. Alors, elle ne s'attendait pas à ce qu'il réagisse, si ce n'est pour accentuer sa prise, comme ils l'avaient fait tous, excité par sa résistance.

A sa grande surprise, le Roi des Trois Royaumes se stoppa dès qu'elle plissa les yeux d'une manière évidemment mal à l'aise. Le visage d'Alecto exprimait un étrange mélange de souffrance, de convoitise frustrée, et de peine. Son esprit lui refusait ce que son corps réclamait. Elle n'osa pas le regarder dans les yeux, de peur de le décevoir, trop habituée à avoir été frappée si elle avait l'air de ne pas apprécier les assauts de ses amants.

Resserrant les cuisses sans s'en rendre compte, elle se mordit la lèvre, confuse. Elle s'en voulait, de manière violente, même. Elle s'en voulait de ne pas réussir à dépasser la peur, les mauvais souvenirs. Elle en avait tant envie... Tout son être brûlait, et sa respiration courte n'en était qu'un des nombreux signes. Mais elle en était incapable, du moins, pour le moment.

"Majesté je..." Il lui faudrait du temps avant que son prénom ne lui vienne naturellement, pour sûr. Que lui dire ? Pardon ? Que ce n'était en rien qu'elle n'avait pas confiance en lui, ou qu'elle n'éprouvait pas un puissant et viscéral désir pour lui ? Se donner au Roi était actuellement une pensée égale à un coup de marteau dans son crâne, qui résonnait dans tous ses membres. Mais elle avait trop de questions morales en tête, qui l'en empêchaient.

Penaude, un peu craintive et surtout, terriblement frustrée, ses lèvres tremblèrent.

"Je n'ai... je n'ai pas l'habitude..." Comment exprimer ses blocages sans se sentir idiote ? Le décevrait-elle ?
"C'est que. Oh, Sire..." Un flash dans sa tête lui ordonna bientôt de parler. "Il n'y... a pas de. De Temple de l'Ordre ici, n'est-ce pas ?"

Prier. Demander le Pardon Divin, faire pénitence. Au plus vite. Chercher les réponses dans la jeûne, ou la lecture de textes religieux. Demander l'aide du Très Haut. S'abîmer dans la nature réconfortante des vieilles pierres au parfum d'encens. Retrouver une sécurité émotionnelle que, toujours, ces lieux avaient réussi à lui procurer. En somme... fuir. Fuir son désir, le feu ardent de son cœur, l'appel de son corps.

Alecto fit l'erreur de relever les yeux vers son visage et laissa échapper un soupire en le contemplant. Son buste nu la fit rosir, elle sentit sa gorge sèche. "Que Dieu me vienne en aide" murmura-t-elle en l'admirant avec dévotion.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le samedi 30 mai 2020, 14:29:53
Comme il l'avait pressenti, ce ne fut pas sa voix qui lui indiqua son refus, mais les messages discrets de son corps. Serenos avait eu nombres d'aventures par le passé qu'il reconnaissait la plupart des signaux qu'un ou une partenaire pourrait lui opposer en signe de refus, ou même en signe de réceptivité. Il y avait quelque chose dans le regard d'Alecto qu'il n'aurait pu rater, mais le resserrement de ses cuisses acheva de le convaincre que c'était là qu'ils mettraient fin à cette danse.

Était-il frustré? Bien sûr qu'il était frustré. Il était un homme, ses sens étaient tous rivés sur Alecto et les promesses de ses bras, et le voilà qui se les faisait refuser. C'était la même frustration qu'un enfant qui croit qu'il allait recevoir un morceau de chocolat, et qu'au final, le chocolat ne voulait pas se fai… vous savez quoi? On laisse tomber les métaphores. Mais contrairement aux enfants, Serenos était capable de contrôler ses pulsions et ses émotions à un certain degré, donc il s'arrêta net et ne fit pas la tête. Au contraire, il regarda le visage d'Alecto, qui tentait d'éviter son regard.

"Majesté je...
-Serenos.", la corrigea-t-il d'une voix très douce.

Il se releva lentement, expirant cette frustration hors de lui, pour récupérer son calme.

Comme il l'avait expliqué à la jeune femme, la magie se nourrissait des émotions, mais cela ne venait pas sans risque. Les émotions négatives telle la frustration, la colère ou la haine étaient, en essence, véritablement dangereuses pour un mage de sa trempe, aussi, il était important de savoir relâcher ses émotions. Les réprimer ne les laissait pas aller, et contribuait même à les développer, donc les magiciens apprenaient très tôt à accepter que certaines choses étaient hors de leur contrôle et qu'y attacher une trop vive émotion n'en valait probablement pas la peine.

"Je n'ai... je n'ai pas l'habitude..."

Elle tentait bien de lui expliquer, mais elle peinait, il le voyait bien. C'était difficile d'outrepasser ses propres émotions et son éducation d'esclave. Parler ainsi à quelqu'un d'un rang social plus élevé que le sien, bien qu'elle ait été élevée au rang de compagne royale, devait aller à l'encontre de tous ses instincts.

"C'est que. Oh, Sire... Il n'y... a pas de… De Temple de l'Ordre ici, n'est-ce pas ?"

"Si."

Le Roi se pencha et récupéra ses vêtements, calmement, pour se rhabiller et confirmer à la jeune femme qu'elle n'aurait plus rien à craindre; il ne la forcerait pas à satisfaire ses désirs. Il mit à nouveau un genou en terre et s'apprêta à lui remettre ses sandales, mais il remarqua l'état pitoyable de celles-ci. Si ces sandales avaient été belles, cela n'était pas depuis qu'elles avaient été rapiécées. Il les jeta sur le côté, refusant d'imposer à sa compagne de ce genre de choses. Il préférait la soulever dans ses bras et la porter de lui-même.

Alors qu'il refermait son emprise sur elle, il la souleva de terre. Il s'ensuivit d'un long silence au courant duquel le Roi et sa compagne traversèrent les couloirs de marbre et de pierre blanche du palais royal. Ils grimpèrent quelques marches, puis ils se retrouvèrent devant une grande porte de bois de cerisier. Elle était condamnée, mais le Roi, d'un geste des doigts, arracha les planches avec la magie, les posant contre le mur pour éviter que quelqu'un ne marche dessus, puis poussa la porte avec le pied.

À l'intérieur, il y avait effectivement une chapelle. Elle avait dû être somptueuse à une époque, mais il était clair que le Roi en avait fait enlever toutes les parures, l'or et les œuvres d'art que ses prédécesseurs croyants avaient utilisé autrefois pour décorer les lieux. C'était poussiéreux, il y avait des crottes de vermine un peu partout, et surtout cette pièce n'était pas bien éclairée, donc Serenos fit un autre geste pour elle; d'un mouvement de la main, il écarta la poussière pour qu'elle puisse poser les pieds au sol et libérer ses bras. D'un autre geste, il fit apparaitre un sac de toile, et l'ouvrit. Aussitôt, toutes les poussières, immondices, insectes et toiles d'araignées furent attiré par le sac, et une fois qu'il fut bien plein, Serenos le scella et le fit disparaitre avec son contenu.

Il redressa ensuite les deux bancs, puis il fit apparaitre quelques planches de bois, et tira un couteau de sa ceinture, commençant à tailler le bois devant elle.

"À une époque, expliqua-t-il tout en travaillant, la doctrine de l'Ordre était enseignée et même que la famille royale de Meisa pratiquait avec ferveur cette Foi. Le Grand Pontife et moi-même sommes liés par le mariage de la princesse Ariel et de son petit-fils, le prince Cyril."

Il souffla sur le bout de bois, marquant une pause, dans son monologue, puis il reprit.

"Mais le Grand Pontife avait des ambitions grandioses pour ses arrières petit-enfants. Il me menaça de m'excommunier si je ne nommais pas mon petit-fils, Agravain, comme successeur. J'ai refusé, naturellement. De toute façon, le pouvoir en Meisa ne se transmet plus vraiment ainsi; le Roi nomme son Roi-Servant parmi sa descendance, et le Conseil du Peuple et le Haut Conseil donnent leur approbation, pour éviter qu'un mauvais Roi ne soit placé à la tête du pays. Donc, le Grand Pontife m'a excommunié. Mais voilà; je ne crois pas qu'un mortel possède réellement un quelconque pouvoir divin. En fait, je ne crois pas en un dieu, ou aux anciens dieux. S'ils se souciaient de nous, ce monde n'aurait pas de guerre, d'esclaves, de crimes ou de meurtres; tout le monde vivrait dans une béatitude complète et éternelle. Est-ce que des êtres, divins de surcroit, qui laissent de telles abominations se répandent méritent d'être vénérés et adorés? Je ne crois pas."

Et voilà pourquoi Serenos était connu comme un hérétique. Alecto n'était assurément pas la première personne à qui il avait fait ce discours auparavant, mais comme ils allaient passer beaucoup de temps ensemble, tous les deux, il fallait qu'elle sache qui il était.

Après ce discours, Serenos leva son travail et utilisa la magie pour réunir tous les morceaux. Devant la jeune femme se trouvait maintenant le symbole de l'Ordre Immaculé, ou du moins telles que les Meisaens l'avaient vénéré auparavant; une étoile à huit pointes, désignant les huit valeurs primordiales de l'Ordre, avec un cercle central qui représentait le Divin. Il s'approcha d'un socle et déposa le symbole, le fixant à l'intérieur. Il alluma ensuite toutes les bougies pour que la lumière soit dans toute la pièce, avant de sortir d'un coffre scellé les manuscrits et écrits saints qu'il ne voulait pas lire ou conserver. C'était de très vieilles éditions du livre saint, mais au moins, celles-ci étaient écrites à la main, par de vrais croyants, et non par une machine à impression comme l'Ordre avait l'habitude de les faire depuis qu'il s'était propagé jusqu'à Tekhos. Il se tourna vers Alecto et s'approcha d'elle avant de lui caresser doucement la joue et poser un baiser sur son front.

"Je vous attend dehors, ma chère compagne. Je ne crois pas que votre Dieu apprécierait de me voir dans son lieu de culte, après toutes ces années.", dit-il avec la plus grande tendresse, avant de refermer la porte derrière lui et s'adosser contre le mur opposé.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le samedi 30 mai 2020, 15:47:05
Durant tout ce chemin parcouru dans ses bras, Alecto eut le temps de retrouver une respiration quasi-normale. Bien sûr, être portée ainsi par son Roi était une profonde source d'émoi, mais la barrière des vêtements retrouvés, et surtout, la perspective de se diriger vers un lieu de culte, arrivaient à baisser sa panique, et ses frustrations. Plus ils s'approchaient, et plus elle soufflait lentement, expirant savamment pour tempérer ses ardeurs. Loin d'avoir la maîtrise du Monarque, Alecto bénéficiait cependant de nombreuses années d'apprentissage de la méditation, du retour au calme, et du maintien de ses émotions. Savoir tout cacher à l'intérieur était une qualité, lorsque l'on est Esclave. Cela évite des ennuis, toujours.

Elle n'aurait su décrire son soulagement lorsqu'elle constata l'existence de la Chapelle à l'intérieur de la forteresse. Une grâce souffla entre ses lèvres, sans qu'on sache si elle louait Dieu, ou Serenos. Sans doute les deux... Impressionnée par ses dons, le regardant agir et malaxer la réel comme bon lui semblait pour rendre aux lieux un semblant de faste, la Compagne fut surprise de le voir travailler le bois, alors qu'il aurait pu sculpté la matière par sa simple pensée et ses pouvoirs. Son regard se perdit dans ses gestes, sur ses mains habiles qui transformaient le matériaux brut en un symbole qui lui était cher.

Son cœur se mit à battre plus fort quand l'étoile fut en bonne place, illuminé des cierges. Cette petite pièce avait quelque chose de chaleureux pour elle, malgré la nudité des murs et les circonstances. Cependant, le discours de Serenos firent passer une ombre sur le visage clair de la jeune fille. Il y avait beaucoup d'informations à saisir, là dedans... Il avait évoqué des choses qui, naturellement, la mettait mal à l'aise. Parmi elle, l'évocation de sa descendance. Elle savait parfaitement qu'il était bien plus âgé qu'elle, évidemment. Mais... vieux comment ? Cela pouvait paraître absurde à beaucoup, mais pour Alecto, croyante, connaître à quel moment de vie une personne se trouvait semblait important. Même si Dieu pouvait rappeler quiconque à lui comme bon lui semblait.

Sa relation avec le Pontife était hostile, il l'avait déjà exprimé peu de temps avant. Elle acquiesça en silence d'abord, en l'écoutant avec attention, dans une attitude contrite. Il paraissait logique qu'elle soit mal à l'aise d'entendre des dires négatifs sur les représentants de l'Ordre. Mais là encore, en tant que Sœur d'un petit couvent de campagne, Alecto savait en son fort intérieur que les Hommes étaient, en effet, corruptibles et pêcheurs. Il n'était pas étonnant, dès lors, que même un Pontife puisse aimer et chérir le pouvoir, se perdre dans les intrigues politiques viles, et en oublier ses réelles fonctions. Il serait jugé en son temps, songea-t-elle, sans jamais oser le prononcer à haute voix, ou couper la parole du Monarque.

La fin de son discours lui serra le cœur.
Elle savait bien que certains ne reconnaissaient pas la Souveraineté de Dieu sur tout ce qui vit. Alors qu'elle faisait une très discrète moue désapprobatrice, elle se souvint alors parfaitement de l'attitude à adopter. Tout s'éclaira. Elle lui sourit d'un air étrange, plein de dévotion, assuré, même. Elle n'osa pas le contredire, mais ils auraient très certainement l'occasion d'avoir d'autres discussions ensemble, à ce sujet... S'il le souhaitait. L'Esclave avait du mal à se dire qu'elle était considérée comme son égale, mais il faudrait qu'elle s'y fasse. L'inconnu était effrayant mais... terriblement attirant.

Alors qu'il quittait les lieux, elle s'inclina, comme un réflexe, en murmurant.

"Merci, Monsei... euh. S... Serenos." C'était si dur. Elle pinça les lèvres en se redressant, se tournant pour observer l'étendue de son petit domaine. Elle était seule, pour la première fois depuis sa rencontre avec le Roi.
En se signant avec délicatesse, elle s'agenouilla devant l'autel, les flammes jouant sur son visage. Elle mit un moment avant de s'habituer à leur caresse, et leva le menton pour dépasser le symbole étoilé. Alecto aimait les représentations, elle les chérissait comme il se devait. Mais elle Savait qu'elle s'adressait à ce qui n'était pas matériel, ni représentable. Alors, comme elle le faisait depuis toujours, quand elle priait, elle perdit son regard sur le plafond avec une adoration extrême.

Sa voix changea, peut-être était-elle audible de l'autre côté du mur, mais elle ne s'en souciait. Une voix suave et pourtant dénuée de sensualité. Une voix une grave, comme celle des litanies.

"Qu'il me soit donné, Seigneur, de résister à la tentation que les Mortels m'imposent. Et s'il ne Vous en convient pas, qu'il me soit donné, Seigneur, de déceler Vos signes afin d'obtenir votre Pardon.

Je Vous en supplie, bonté infinie, Dieu, Père tout-puissant, ne me livrez pas à la perdition, moi votre créature.
Prêtez-moi Votre main, Seigneur, et arrachez-moi au lac profond de mes péchés. Relevez-moi de ma chute, illuminez mon aveuglement, misérable que je suis.

Vous voyez et Vous êtes témoin que je veux répudier toutes mes fautes, et obéir à Vos saints commandements. Mais de moi-même je ne puis rien, et il n'est rien dans ma chair qui soit bon."


Elle prit une profonde inspiration, et souffla lentement. Peu à peu, elle se sentait apaisée. Lorsque sa voix s'éleva à nouveau, ce fut en un chant non dénué de mélodie, mais cela restait un psaume religieux, qu'elle récitait par chœur.

"Sauve-moi, ô mon Sauveur,
Toi qui as sauvé mon âme,
Sauve ma chair de la flamme
Qui me gâche ta Saveur !

Sauve-moi des tentations ;
Chasse de moi les pensées
Perverses et insensées,
D’un souffle de ta Passion !"


Alecto frissonna. Tout bas, elle murmura : "Protègez le Roi Serenos, ô Tout Puissant, même s'il Vous nie. Il n'est pas Homme plus humble et plus digne de Votre Lumière. Qu'il me soit donné de le chérir selon Vos préceptes sans ..." Elle déglutit. "... sans abîmer mon Âme."

Après un silence, elle rajouta timidement, honteuse. "Protégez Thiana Gian, ô Très-Haut Saint Père, des douleurs et des ténèbres où elle navigue. Permettez-moi de demander son Pardon, pour tout le mal que je lui ai fait."

Elle ferma les yeux, et inspira à nouveau doucement, les mains sur les genoux, paumes vers le ciel.

"Seigneur, Vous êtes mon Rédempteur. Par mes actes, je ferai pénitence." D'un geste sans faille, elle saisit un cierge, qu'elle pencha en soulevant sa robe, jusqu'à faire couler la cire brûlante sur sa cuisse. Elle serra la mâchoire et les poing, mais ne se plaint pas, n'émit aucun cri de douleur. La cire liquide se solidifia au contact de sa peau et après quelques minutes, elle la gratta en plissant les yeux pour résister à l'envie de gémir, tant elle souffrait.

Replaçant la bougie à sa bonne place, elle se redressa avec peine, avec une moue meurtrie, mais se signa plusieurs fois.

Quand elle ouvrit la porte de la Chapelle, son visage était celui d'une Sainte. Elle irradiait de cette Foi qui la caractérisait, son cœur apaisé, bien que sa cuisse vibrant de la brûlure qui grignotait encore un peu sa peau.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le samedi 30 mai 2020, 17:28:18
Adossé contre le mur de pierre, toujours en effervescence en raison de la puissance de ses émotions primales, le Roi eut largement le temps de méditer sur lui-même et de réaffermir son contrôle sur son corps et ses pensées. Comme la prière, la méditation était un moment de contemplation, mais plutôt que de confier ses troubles à un souverain de pensées, la méditation n'avait aucune connexion avec le divin; elle permettait à l'homme de réfléchir, et c'était le devoir de l'homme de chasser son trouble par lui-même. L'exercice n'avait dû prendre que quelques minutes, mais l'impatience du Roi étira ces minutes, lui donnant l'impression qu'elles duraient des heures.

La religion était un concept assez étranger pour Serenos. À travers l'immatériel, il avait côtoyé des esprits infiniment puissants et dangereux, mais tous obéissaient à une nature bien précise et ne pouvaient pas s'en déroger comme bon leur semblait. En fait, certains mages les invoquaient pour les pousser à réaliser une tâche, mais lorsqu'ils étaient forcés d'agir contre leur nature, ou étaient laissé trop longtemps à la merci des forces corruptrices de la nature, ils devenaient ces créatures semi-matérielles que les hommes ne parvenaient jamais à contrôler, devenant dangereux et nécessitant de l'aide pour regagner leur forme originelle ou, si cela n'était plus possible, leur accorder le repos.

Lorsque sa compagne ressortie, il n'était que d'autant plus clair à quel point il y avait une différence entre eux, du moins dans les yeux du Roi qui pouvait percevoir par-delà le monde physique. Comme une chaleur solaire sur sa peau, il sentait sur elle cette énergie, cette manifestation puissante qui habitait chaque personne qui s'adonnait sincèrement à sa foi. Elle devait avoir été touchée, par sa sincère soumission à son Dieu, par un esprit de la foi. Lui, en revanche, ne réagissait pas à cette lumière, ni ne la craignait. En le Roi, il n'y avait que souffrance et ténèbres dans son âme, et en la voyant si rayonnante, il se demanda même à quel point il avait sombré dans la déchéance et l'incrédulité.

Comme les historiens le disaient et le diront toujours, Serenos n'était pas un homme de foi. Peut-être était-ce que les épreuves qu'il avait subies l'avaient, finalement, coupé des êtres qui contrôlait ce monde, au point qu'il était irréconciliable. Peut-être était-ce parce qu'il avait vu, de ses propres yeux, ce que les fidèles étaient près à faire pour témoigner leur soumission et leur adoration à ces êtres immatériels. Chasse de sorcières, bûchers des hérétiques, bûcher des savoirs, destruction de créatures magiques à la gloire du Divin, tous ces actes et bien plus faisaient que Serenos n'y voyait là aucun divin, seulement les actes méprisables d'une catégorie de personnes qui n'avaient rien trouvé de mieux pour se rassembler et baigner dans la médiocrité et la haine de soi que d'adorer un être qui, au final, n'en avait strictement rien à faire de leurs gestes, mais qui ne cessait de gagner en puissance grâce à eux.

Le Roi regarda la jeune femme. Elle ne pouvait pas lui cacher ce qu'elle s'était infligée pour démontrer sa foi et réclamer le pardon de son Dieu; il sentait sa douleur, et pour cela, il était crispé d'une rage maîtrisée; il ne pouvait pas condamner ce qu'elle faisait. Après tout, même sa magie demandait parfois qu'il sacrifie une part de lui-même, que ce soit du sang ou de la chair, ou même d'encaisser une douleur inimaginable. Ces rituels existaient, et il n'avait pas le droit de s'y opposer, même s'il abhorrait plus que tout de voir cette femme souffrir. La soigner lui passa évidemment par l'esprit, mais il soupçonnait que si elle ne lui avait pas demandé son aide, c'était parce qu'elle voulait porter ce fardeau, ne serait-ce qu'un peu plus longtemps, pour expier ses 'péchés'. Il ne pouvait donc pas s'interposer, au risque de la vexer et de la blesser dans sa foi; elle le prendrait comme une preuve qu'il ne respectait pas ses croyances, qu'il ne la respectait pas, et bien que le temps les séparant du moment de leur rencontre se comptait sur quelques heures, il n'y avait rien en Serenos qui souhaitait lui montrer un manque de respect.

Il se racla la gorge.

"Nous avons encore à parler, je crois, Alecto."

Il s'approcha de sa compagne et, sans démontrer la moindre frayeur devant l'énergie ésotérique qui l'habitait, il lui prit la main. Il prit le temps de converser avec elle pendant qu'ils marchaient. Il lui raconta donc un peu plus sur lui; son âge, notamment. Contrairement à ce qu'il pouvait avoir l'air, le Roi avait déjà bien entamé la cinquantaine, ce qui revenait, en terme meisaen, à une trentaine d'année. Les hommes et les femmes de Meisa vivaient beaucoup plus vieux que le commun des mortels, et l'apex de leur vigueur perdurait de la trentaine jusqu'à près d'un siècle, où ils commençaient à décliner. Il lui parla également de ses enfants, au nombre connu de huit, donc six légitimes et deux bâtards, mais refusa obstinément de parler de sa défunte épouse hormis qu'elle était décédée. Il était également grand-père par quatre de ses enfants. Il lui expliqua qu'en ces termes, il était en fait l'égal d'un nexusien de sang noble, qui avait ses premiers enfants vers ses seize ans, et ses premiers petits-enfants quelque part dans sa trentaine. Si elle avait des questions, évidemment, il lui répondait. En contrepartie, il gardait ses questions pour plus tard.

Bientôt, à force de discussions, il posa les mains sur une grande porte décorée de parures d'argent, serties de pierres d'onyx, dans une mosaïque qui représentait le symbole royal de sa famille; le sombrechant, un oiseau semi-mythique dont certains prétendaient que la vue signifiait une mort imminente, ou une grande victoire, ce qui correspondait fort bien à l'histoire des Trois Royaumes; sans Serenos, il n'y aurait plus de Meisa, ni de Terres du Nord; il n'y aurait que l'empire.

Lorsque le roi ouvrit la porte, la jeune femme se retrouva devant une grande chambre, somptueuse, munie d'un balcon qui lui donnait une vue parfaite sur la face sud de la ville, et sur la mer. Le Roi regarda les servantes qui s'affairaient à l'endroit, et il leur dit quelque chose dans sa langue natale. Elles s'inclinèrent poliment devant le Roi, puis passèrent près de sa compagne et lui prirent les mains pour l'emmener derrière un paravent. Avec une douceur qui devait sans doute lui faire plaisir, les servantes l'aidèrent à retirer sa robe abîmée, puis la firent assoir dans le bain, ne lui laissant que comme seul accessoire le collier du Roi. Si elle opposait une résistance, elles lui expliqueraient qu'il était important pour une jeune demoiselle de se laver, surtout dans un pays chaud, en raison des maladies. Elles l'arrosèrent alors d'une bonne dose d'eau tiède, puis lui lavèrent les cheveux en la baignant de compliment, admirant cette chevelure si noire et soupire, lui demandant même si elle n'avait pas un parent venant de Meisa, comparant même leurs propres cheveux aux siens, l'une étant brune très foncée, l'autre d'un noir pâle.

Une fois les cheveux propres, les jeunes femmes commencèrent à la frotter vigoureusement avec des éponges savonneuses, la libérant de la poussière et des quelques traces de cire qui restait sur ses genoux. L'une d'entre elle alla même jusqu'à lui frotter vigoureusement le visage, commentant que le maquillage de la belle refusait de s'enlever, avant que sa collègue ne lui flanque une petite claque derrière la tête.

"Ce sont ses couleurs naturelles, imbécile!"
"Mais il suffisait qu'à l'dire!" bougonna l'autre.

Évidemment, c'était en bonne camaraderie. Une fois la jeune femme bien propre, elle fut autorisée à sortir. Les servantes l'examinèrent soigneusement, et si elles remarquaient des blessures fraîches, elles y mettaient de la pommade ou de l'onguent, dépendant de ce qui était nécessaire, puis elles lui firent passer une nouvelle robe. Comme elle n'était pas meisaenne, elles lui firent passer une longue robe blanche avec des broches noires. Le tissu était très fin, permettant une aération facile, mais donnait presque l'impression d'être nue pour la même raison. Cependant, on ne voyait pas au travers, à moins d'étirer le linge. Les servantes passèrent près d'une heure à traiter la nouvelle Compagne du Roi comme leur petite poupée personnelle, la dorlotant et lui faisant sentir des parfums, la parant de bijoux, avant de décider que le plus simple était le plus élégant, lui donnant quelques colliers d'argents pour habiller son décolleté mais elles s'arrangèrent pour que le collier du Roi ne soient jamais caché. Elles lui passèrent également un bracelet d'argent au bras, sous l'épaule, avec un Sombrechant, lui expliquant de ne jamais l'enlever; c'était la preuve que le Roi l'avait choisie comme compagne.

Une fois leur œuvre terminée, les servantes s'éloignèrent pour regarder la jeune femme.

"Oh, comme j'aimerais être belle comme elle!"
"Oh, tais-toi donc, tu es magnifique."
"Mais regarde-la, un peu! Tout ce qu'elle porte lui va tellement bien!"
"Bah, j'espère bien, c'est nous qui l'avons pomponnée!"

La seconde flanqua une petite claque sur les fesses de la première, leur arrachant un rire, avant qu'un toussotement du Roi ne les rappelle à l'ordre.

"Oh, attendez un peu, sire, il y a si longtemps qu'on n'a pas eu l'occasion de dorloter quelqu'un comme ça! Vous refusez même qu'on vous coupe les cheveux et taille la barbe!"
"Vous savez ce qu'ils vous disent, mes cheveux et ma barbe? Elles vous disent zut, voilà."

Les servantes ricanèrent comme des gamines, avant de prendre la nouvelle Compagne par les bras et la présenter au Roi, l'annonçant d'un grand 'tadah' remplit de fierté. Il sembla à la fois satisfait et, soyons honnêtes, un peu fier du résultat, récupérant immédiatement le sourire qu'il avait perdu plus tôt. Les servantes prirent le temps de s'excuser, avant de laisser le Roi et sa compagne. L'homme s'approcha d'elle, et la regarda dans les yeux, et posa une main douce sur la joue de sa belle.

"Maintenant… J'aimerais que vous me parliez encore de vous. Parlez-moi de votre foi, de ce qu'elle signifie pour vous, et ce qu'elle signifie pour nous. La Foi de l'Ordre est pratiquée différemment de pays en pays, avec seule règle l'adoration d'un dieu unique, mais certaines Églises interdisent la consommation de certains aliments."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le samedi 30 mai 2020, 21:38:02
La longue palabre du Monarque avant d’arriver en cette pièce lui relatant les détails de sa descendance avait été pour elle une grande source d’intérêt. Elle ne l’avait jamais interrompu, bien sûr, mais avait plusieurs fois hoché la tête. Il lui faudrait plusieurs jours pour se souvenir des prénoms, ou des liens de parenté, et que dire des lieux et couloirs ? Tout donnait le tournis.

Alecto n’avait jamais été très coquette, mais c’était sans doute parce qu’elle n’en avait jamais eu l’occasion. Il fallait bien avouer qu’un Monastère n’était en rien un lieu de fantaisie, ni de vanité. Au contraire, tout cela y était banni, proscrit, et passible de réprimande sévère, surtout pour la petite fille qu’elle était. Elle n’avait jamais eu donc le loisir de développer ce trait, se satisfaisant de vêtements propres, et confortables, du moment qu’elle ne jetait pas le déshonneur sur les Sœurs en affichant des tenues rapiécées ou souillées. Tout bijou était là aussi interdit. Elle vivait pour la prière, et aucun signe extérieur n’était toléré par ces Moniales. Après tout, cela lui allait très bien, puisqu’elle ne connaissait aucune autre façon de vivre.

Ensuite, ses années de servitudes… Hé bien, elle n’eut jamais à choisir ses vêtements. Soit ces Maîtres avaient à cœur de la vêtir comme ils la trouvaient satisfaisante, ou efficace, et surtout, pour qu’elle fasse surtout honneur à leur Maison. Après tout, l’on choisit son cheval pour qu’il reflète son pouvoir ou sa haute distinction. Il en était de même pour tout ce qu’on possédait, humain, animal, ou mobilier. Pour Alecto, c’était donc devenu coutumier. Naturellement, elle trouva parfois des atours qui lui plaisaient, et se rendit compte qu’une robe simple, souvent parme ou violette, la faisait se sentir plus élégante… Mais c’était tout.

Quand elle œuvrait dans une famille où de nobles jeunes filles résidaient, elle commença à les trouver élégantes. Leurs vêtements soyeux et leurs broderies distinguées firent briller ses yeux, au début. Elles semblaient si fière, si belles là dedans. Et tous ces bijoux ! Son petit cœur d’adolescente avait commencé à ressentir de l’envie pour toutes ces choses… Avant qu’elle ne se demande à quoi tout cela lui servirait. Les plus fins tissus seraient déchirés et abîmés par ses tâches, et les parures encombreraient. Finalement, elle estima qu’elle n’en avait pas besoin.

Dans l’une des dernières demeures où elle siégeait, l’Esclave eut l’occasion de confirmer ses pensées. Le Maître la parait de dorures afin qu’elle soit charmante et clinquante pour ces prestigieux invités. Elle se sentait gauche, alourdie, et on la regardait d’un drôle d’air. Cela la rendit mal à l’aise… Il faut dire que chez Thiana Gian, cette dernière la voulait également pleine de bijoux et de petites chaînes, afin d’embellir son Auberge. Alors, après tout, elle s’y conformait, les retirant avec soulagement le soir venu.

Ainsi choyée, et devant la bonhomie des deux servantes qui étaient aux petits soins pour elle, Alecto avait des étoiles dans les yeux. Elle s’était laissée faire avec un plaisir gêné, tant elle avait l’habitude d’être de leur côté à elle… C’était très gênant de se laisser frotter, nue dans l’eau, mais… Finalement… C’était extrêmement agréable. La Compagne songea qu’en réalité, peut-être que tout dans cette Forteresse était ainsi : un peu intimidante, un peu douloureuse mais toujours extrêmement attirante et délicieuse.

Elle n’osa pas trop parler aux deux femmes mais sourit, et rit plusieurs fois à leur remarque, rougissant lorsqu’elles vantaient sa beauté. Voyaient-ils tous ici avec des yeux étranges, que personne n’avait jamais vu en elle autre chose qu’une domestique quelconque ? Ces compliments gonflaient son cœur et elle avait envie de leur sauter au coup, pour toutes les grâces qu’elles lui offraient. Même si, en réalité, tout venait du Roi. Lui sauter au cou était également une envie furieuse mais…

De nouveau devant lui, métamorphosée, elle se mordit la lèvre, mal à l’aise qu’on l’admire ainsi. Elle était toujours une petite souris, dans son esprit, un petit ver de terre… Se savoir couverte d’un regard qu’elle savait chaud et honnête la changeait beaucoup. On ne comptait plus les fois où, nue, elle avait dût être examinée par une Maîtresse concupiscente qui évaluait la marchandise.

“Je… Vous plais-je, Sir… Serenos ?”
Petit frisson avec un goût de blasphème.

Désormais vêtue comme la Compagne Royale qu’elle était désormais, Alecto caressa son médaillon avec tendresse, en esquissant un petit sourire pour Serenos. Il venait de lui demander plus d’informations sur sa Foi. Ses yeux pétillaient d’une lueur passionnelle, alors. Même son attitude sembla s’ouvrir, elle qui avait les épaules souvent tombantes, comme pour s’excuser d’exister. Personne ne lui demandait jamais de parler d’elle, mais personne n’avait jamais fait d’elle sa Compagne. Se risquant à embrasser la main du Monarque qu’il avait posé sur sa joue, comme si elle ne pouvait s’empêcher de se remémorer la chaleur que cela lui procurait, elle cilla.

“J’ai été élevée dans un tout petit Monastère de Nexus, dans la campagne. Là bas, les Sœurs vivaient simplement… et... “ Elle ne savait pas pourquoi, mais il lui semblait important de lui narrer ceci pour débuter ses explications. Même si cela lui crispait la gorge. Sans s’en rendre compte, elle grattait au dessus du tissu le bandage qu’on avait apposé sur sa cuisse.

“Et je me destinais à cette vie. Je… Euh. Dans notre Temple, nous louons et chantons Dieu Unique et Tout Puissant, qui est notre Sauveur à tous, que l’on croie en Sa Lumière, ou non. Les… les êtres qui... “ Elle échangea un regard gêné avec lui. “Les êtres qui Le nient n’ont simplement pas encore ouvert leur cœur, et les yeux. Les plus humbles seront récompensés lorsque Dieu les rappellera à Lui, et plus nous vivons d’épreuves, plus nous prouvons notre Foi.”

Un regard pénétrant fixa alors les yeux du Monarque. Une intensité franche qui était rare chez Alecto.

“Je n’ai jamais douté de Son existence, Il me guide, Il est mon Berger. Sa présence m’a aidé dans mes épreuves, Majes… Serenos. Je suis des préceptes simples : charité, amour, compassion, humilité. Je ne jalouse pas mon voisin, comme je ne le blâme pas pour ses péchés. Seul Dieu est notre Juge tout puissant… Je mange ce qu’il m’est donné de goûter, avec modération et pondération, et remercie le Très-Haut de le l’accorder.”

Elle savait qu’elle devait en parler. Parler de ce qu’elle faisait. Mais elle se mordait la langue, craintive. Il était prévisible qu’il désapprouve ses gestes de piété. En avalant difficilement sa salive, le cœur battant, elle fit un effort effroyable pour tout de même exposer ses dérives.

“Je pratique, comme mes Sœurs, le Chemin de Rédemption. Afin d’endurcir ma chair faible et viciée, je fais pénitence afin de demander le Pardon Divin.” Instinctivement, elle passa ses doigts sur le tissu sous lequel elle sentait le bandage. “Je… peux également jeûner ou rester enfermée en prières, pendant plusieurs jours, si ma Maîtresse me l’autorise, afin de mettre à l’épreuve ma Foi.”

La jeune femme baissa les paupières, espérant encore une fois ne pas trop décevoir son Roi. Elle lâcha la main sur sa joue pour lui permettre de se retirer, s’il en avait envie, comme si elle s’y attendait. Le sujet d’après serait sans doute encore plus douloureux.

“... En… En tant que pécheresse, je. Je dois combattre les pensées impures qui… qui peuvent… parfois… me hanter, et me détourner de Lui.” Ses joues se marquèrent de rouge. Elle avait honte d’avouer ressentir ce type de sentiments, alors qu’elles étaient parfaitement naturelles. Cependant, on l’avait fort bien conditionnée à cela, et elle se destinait jadis à une vie chaste et silencieuse… Alors, avoir du désir pour lui, assez pour avoir le cran de le toucher, de frémir ou de gémir, voire ressentir du plaisir… C’était un acte très contraire à ce qu’elle avait appris. Et pourtant…
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le samedi 30 mai 2020, 22:31:37
“Je… Vous plais-je, Sir… Serenos ?”
"Oui, ma douce Alecto."

Par suite de cela, il lui demanda plus d'informations sur sa foi. Elle sembla ravie qu'il y prenne un intérêt, mais de son côté, c'était pour se préparer mentalement à ce qui pourrait lui être opposé comme argument sur base de Foi. Et aussi savoir ce qu'il devait se préparer à envisager. Il comprit donc que l'essentiel de la vie de la jeune femme était celle d'une esclave; toujours donner à son prochain, sans jamais penser à elle-même. Elle lui parla également de son dieu, le Dieu Vengeur, le Dieu Jaloux, le Dieu Châtiant. Le Dieu qui guide ses fidèles, mais délaisse les profanes. Il était exactement comme le Roi le voyait de ses yeux de jeune homme. Et le voir loué ainsi par sa belle Compagne lui brisait le cœur. Il n'aimait pas l'idée qu'elle accepta ces châtiments qu'elle ne méritait pas. Il n'aimait pas l'idée qu'elle se voit comme une pêcheresse parce qu'elle était humaine, parce qu'elle désirait des choses pour elle-même, comme n'importe qui d'autre.

Lorsqu'elle parla de ses désirs, il ne put s'empêcher de lui démontrer qu'elle avait tort, sa main caressant tendrement la joue de sa belle. Il l'attira plus près, et leurs lèvres se rencontrèrent de nouveau, dans un baiser tendre, puis d'un second. La main libre du souverain se posa sur la cuisse, là où elle s'était elle-même brulée. Il posa un genou en terre, devant elle, et posa un baiser dessus, avant de se relever, plantant ses yeux bleus dans les siens, toujours aussi avare de ce contact visuel.

"Je suis un pêcheur, Alecto. Un hérétique, un profane, un ennemi de la Foi, et cela se résume par une chose; j'aime la vie. J'aime les gens. J'aime rire. J'aime m'amuser. Si votre Dieu a créé tout cela, a créé les hommes en leur accordant le droit de choisir, alors, un choix ne devrait jamais être un péché. Ce qui prive un autre de sa liberté, de son libre-arbitre, voilà ce que j'appelle un péché."

Le Roi lui prit la main, croisant les doigts aux siens, avant de l'emmener vers le grand balcon pour profiter de la vue, de l'air et des derniers rayons de soleil. Se plaçant derrière elle, il enroula ses bras autour du corps de sa belle et jeune compagne.

"Regardez."

Il montra la ville du menton.

"Dans cette ville, presque personne ne vénère les Dieux. Nos enfants grandissent sans craindre le regard d'un être suprême. Les femmes grandissent sans croire que leurs amours seront punis. Les hommes vivent, ma douce Alecto, si purement, s'adonnant à leur passion. Certes, la pauvreté existe toujours, certes, parfois, il y a des disputes, mais chaque homme, chaque femme, chaque enfant ne vise qu'une seule chose; son bonheur, et celui de ses proches. C'est l'Ecclésiarque Matthieu qui, un jour, a dit que pour être près de Dieu, il faut être le plus près possible du concept des Premiers-nés, le premier mâle et la première femelle de la création. À cet homme, et à cette femme. À cet homme, et cette femme, il ne donna qu'un ordre; soyez féconds, et leur donna le libre arbitre. Matthieu nous enseigne que ce concept de fécondité surpasse le concept de la conception des nouvelles générations; Dieu aurait dit à ses créations de viser la réussite. De promouvoir l'amour les uns des autres. Selon le paradigme de Matthieu, ce n'est pas tant que la volonté de Dieu n'est pas tant impénétrable qu'elle a été incessamment compliquée par des générations sur des générations de gens qui voulaient donner utiliser le concept de la divinité pour avancer leur propre dessin. Le concept de soumission, de pénitence, de péché, tout cela n'aurait été créé que pour punir ceux qui avaient un comportement que ces fondateurs religieux n'aimaient pas."

Il posa un baiser sur l'épaule nue d'Alecto.

"Quel mal y a-t-il pour une femme d'en aimer une autre? D'un homme d'en aimer un autre? Certes, ils ne sont pas féconds au sens de la reproduction et de la multiplication de l'espèce, mais ils sont heureux, et leur vie est remplie de chaleur. Quel mal y a-t-il à la magie, ce n'est qu'une force qui vit en nous, qui a été créé à même les mains du Tout Puissant et qui coexiste avec nous. Quel mal y a-t-il pour Alecto, la jeune sœur, de rechercher son propre bonheur? D'être belle, désirable? D'être intelligente et intéressante? Je défis tous et chacun de me dire pourquoi vous, plus que n'importe qui d'autre, mérite de souffrir."

Il regarda la grande cité d'Eist'Shabal, ce joyau dont il était si fier.

"Pourquoi devrions-nous être puni, si nous ne faisons de mal à personne?"

Par ce discours, Alecto pouvait comprendre sa rengaine envers le divin; ce n'étaient pas les Dieux qu'il haissait, mais l'institution. Ces gens qui avaient perverti une chose qui aurait pu unir tous les peuples et en avait fait une arme pour punir les autres, leur faire du mal. Serenos aimait simplement les mortels, du plus profond de son cœur, à l'image que Dieu prétendait aimer les hommes; tant qu'ils recherchaient le bien et l'amour, ils seraient aimés de lui. Évidemment, cela voulait également dire que ceux qui ne vivaient que de haine, qui cherchaient à s'enrichir sur le dos des autres, qui n'avaient que leur propre bien en tête n'étaient pas aimé, parce que ces êtres ne voulaient pas être aimés. Il ne posait pas nécessairement ces questions à Alecto, mais elle pourrait se sentir légitime de répondre à ces questions en accord à sa propre foi, et elle en avait le droit; rien dans la voix de Serenos ne la laisserait supposé qu'il s'attaquât à elle ou à ses croyances.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 31 mai 2020, 01:18:32
En observant la Cité au soleil couchant, Alecto frissonna par sa grandeur. Elle avait toujours préféré les villages, cela allait mieux à sa nature discrète, cherchant la quiétude. Malheureusement, dès l'âge de raison, on l'avait forcée à gagner les grandes arcades d'une ville au Temple bien trop grand pour elle... Sans doute, inconsciemment, son sentiment de sécurité en campagne, venait simplement du fait que ses ennuis avaient commencé en ville.

Les paroles du Roi étaient sages et réfléchies. Il avait eu bien des années pour y songer, pour s'essayer à cette philosophie, et parfaire sa façon de penser. Aucun mouvement ne vint ébranler l'attitude de la nouvelle Compagne, et si elle frissonnait, c'était uniquement à son contact, quand il caressait ses bras.

Ô Dieu, qu'il avait été une source de tentation, quelques minutes auparavant, lorsqu'il l'avait embrassé, plusieurs fois, à nouveau. Elle avait pris ces baisers pour une marques de pardon, comme s'il ne lui en voulait pas d'être ce qu'elle est. Sa bouche était sans doute la chose la plus douce qu'il lui eut été donné de toucher, et elle ne se souvenait pas avoir apprécié quelque chose d'avantage que ceci. Ce frôlement répété et insistant, l'intensité qu'elle percevait, et l'imposante dignité du Monarque dans chacun de ses gestes.

Elle était impressionnée par le charisme magnétique et sage qu'il dégageait. Sans qu'il ne puisse le voir, Alecto souriait avec adoration, en regardant la ville en contrebas, lorsqu'il parlait. Sa voix lui semblait la musique la plus mélodieuse jamais entendue. Et encore, ce parfum, son odeur, dont elle s'abreuvait à chaque inspiration profonde. C'était envoûtant. L'Esclave avait osé lui avouer la vérité, mais il était naturel qu'il lui exprime son point de vue. Ne prenant en aucun cas ses mots pour une plaidoirie, elle hocha lentement la tête.

"Vous avez raison, Mon R..." Elle pinça les lèvres et un léger rire perça sa bouche. "Serenos."

Naturellement, qu'il avait raison.
Qui était-elle pour juger les croyances d'un autre ? Alecto leva les mains pour caresser, d'abord timidement d'un doigt, ses avant-bras sur elle.

"Je ne juge ni ceux qui n'ont pas ma Foi, ni ceux qui enfreignent les lois religieuses érigées par des êtres faillibles."

Murmura-t-elle, avant de se retourner pour lui faire face. Son regard exprimait une profonde bonté, humble, et pure. Dans cette belle robe blanche, aux bijoux simples, ses mots semblaient avoir même toute leur légitimité.

Ses paumes vinrent encadrer le visage barbu du Monarque, dont elle effleurait les joues de ses pouces, un sourire discret mais sincère aux lèvres. L'intensité de son regard était tourné dans le sien, y plongeant avec la retenue dont elle savait faire preuve, mais s'y perdant avec dévotion.

"Ma Foi m'a relevée lorsque j'étais à terre... Elle m'a guidé lorsque j'errais dans les ténèbres... Lorsque la seule force à ma survie n'était que cet Espoir. Une lueur ténue, qui ne me fit jamais défaut."

L'une de ses mains glissa contre son cou, contre sa nuque, légèrement frémissante.

"Vous... Vous êtes une épreuve, Mon Roi."

Sa bouche s'approcha, centimètres par centimètres, mais elle déposa la pulpe de ses lèvres contre sa pommettes, portée par son discours dans des gestes qu'elle n'oserait que peu effectuer en temps normal. Elles tracèrent un sillon de baisers appuyés jusqu'à son oreille. Bien des femmes pouvaient user de ces stratagèmes pour aguicher leur amant... Alecto ne semblait pas agir volontairement de manière sensuelle. Elle ne faisait que suivre ce que son cœur lui dictait. Du moins... si tant que celui-ci réussirait à museler ce que son corps, lui tentait d'hurler.

"Il me faut apprendre à suivre ma Foi avec vous, sans me trahir."

En d'autres circonstances, loin de cette conversation religieuse, sans doute, Alecto n'aurait jamais osé parlé autant, et ainsi. Mais pourtant, elle se permettait de continuer, chuchotant à son oreille, la bouche contre son lobe.

"... Et trahir ce que vous êtes. Vous m'êtes..."

Elle s'interrompit soudain, prenant conscience de ce qu'elle allait prononcer, et sa voix perdit de son éclat assuré, pour trembloter.

"Vous... m'êtes très cher, Serenos. Je me plierai aux lois et coutumes de votre Royaume, et vous rends grâce pour la bonté dont vous me témoignez... Je suis votre Obligée, Mon Roi."

Sous-entendait-elle qu'elle puisse renoncer à sa Religion si tel était son souhait ? Assurément, non. Mais elle savait également taire ses opinions, sachant que rien, ni personne, ne pourrait lui retirer son credo. La Foi était ainsi, insaisissable, personnelle, comme son trésor caché.

A chaque fois qu'elle articulait "mon roi", le timbre de sa voix exprimait une révérence pleine de passion. Son Roi. Son Roi dont l'essence de ses cheveux pénétrait son nez avec délice, et dont elle se nourrissait avidement à chaque respiration. Était-ce un poison, un sort, le plus pur des opiums ?
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le dimanche 31 mai 2020, 02:31:16
Les baisers devinrent plus doux. Et la jeune femme semblait se laisser gagner par la tendresse du Roi. Elle se hissa sur la pointe des pieds, et il s'inclina vers elle, pour lui laisser accès à son visage. Il n'avait pas porté attention à leur différence de taille respective, jusqu'à maintenant. Elle l'appelait son épreuve. Cela l'amusa, intérieurement, mais il ne le garda pas pour lui.

"Et vous êtes la mienne."

Après tout, il n'était beaucoup de femmes qui lui faisait le coup d'éveiller sa passion pour ensuite l'arrêter dans un moment de piété. En fait, nombres d'entre elles auraient probablement jeté leur foi aux orties pour avoir le privilège d'être la Compagne du Roi. Quelque chose chez elle le rendait fou de désir, mais également l'empêchait d'agir accordément; une situation qui ne manquait pas d'intérêt, en soi, mais également de frustration. Elle lui résistait. Le guerrier en lui adorait qu'on lui résiste simplement pour le plaisir de briser cette résistance, et là, maintenant, il ne pouvait pas le faire. Les mains du Roi se posèrent sur les hanches de sa compagne, se glissant sur ses flancs d'Alecto, caressant sa peau nue. Il aurait été si facile pour lui de la soulever, de la jeter sur le lit et lui sauter dessus comme un animal. Et probablement que, dans une autre vie, il l'aurait fait. Mais il n'était plus cet homme.

Les mains du Roi quittèrent les flancs de la jeune femme et passèrent dans son dos. Plutôt que de la caresser et chercher à éveiller son désir, les bras du Roi s'enroulèrent autour de sa fine silhouette et il l'enlaça doucement, fermant les yeux, la serrant contre lui. Elle lui dit qu'il lui était cher, et cette étreinte se raffermit davantage. Est-ce qu'il était ému? Non. Ce n'était pas le mot. Il y avait juste quelque chose dans ces mots que le Roi aurait voulu entendre, par le passé. L'effet était un peu atténué par le fait qu'elle ne connaissait pas toute la portée de ces mots pour lui, et parce qu'ils ne se connaissaient pas depuis assez longtemps. Mais le temps ferait son œuvre, si elle décidait de rester à ses côtés. Il lui accorderait son temps. Alecto méritait une période de douceur, et il méritait une période où personne ne tenterait de gagner en pouvoir à travers une relation avec lui. Alecto était pure de mauvaises intentions, Serenos le voyait bien; elle ne cherchait pas à abuser de lui. Elle ne cherchait même pas à se libérer par lui; elle aurait pu supplier sa protection, mais il sait que s'il le lui demandait, elle lui rendrait le collier et rentrerait chez elle. Pour cette simple raison, elle était digne d'être sa compagne.

"... J'ignore si vous m'êtes chère. Mais je crains déjà le jour où vous me quitterez. Ca compte?"

Cette étreinte dura peut-être trois minutes. Trois minutes de silence, juste à la serrer dans ses bras, à sentir sa respiration contre son épaule, la tête baissée, les yeux clos. Il caressa doucement le grain de sa peau par la suite, et ouvrit les yeux, avant de regarder Alecto et presser doucement son front contre le sien, exhalant un peu d'air dans un soupir de soulagement et de détente, avant de poser un baiser plus ou moins chaste contre les lèvres de la jeune femme.

"Venez. La nuit va bientôt tomber, et je suis prêt à mettre cette journée derrière nous."

C'était plutôt curieux, compte tenu qu'il venait de la faire se changer. Il sonna à nouveau les servantes d'un ordre mentale, et elles n'entrèrent pas plus tard que deux minutes plus tard, préparant un bain pour leur souverain, et une robe de nuit pour sa compagne. La première se précipita vers le Roi et l'emmena vers son bain et s'occupa de lui.

La seconde s'approcha de la Compagne Royale et lui prit la main, l'emmenant un peu plus loin. Elle posa les mains sur le cou de la jeune femme en souriant et défit les cordons qui tenaient la robe accrochée à son cou, puis défit sa ceinture, la mettant de nouveau à nu. Elle inspecta les cicatrices de la jeune demoiselle, puis examina sa poitrine avec un œil expert, avant de l'aider à enfiler la robe de nuit; en somme une longue robe blanche à bretelles fines qui s'arrêtait à la mi-cuisse, le tout en soit avec des rebords en dentelle ouvragée.

Derrière le paravent, on entendit Serenos protester, avant d'entendre sa voix noyée dans une nouvelle averse d'eau versée sur sa tête, avec la servante qui lui rappelait qu'il avait une dame, maintenant, et qu'il était hors de question qu'elle le laisse sortir du bain sans lui avoir fait la totale. Le Roi sembla un peu penaud, mais accepta. Après tout, en tant que militaire, il avait été habitué à l'hygiène de campagne, et au courant de ses voyages, ses baignades dans les lacs et rivières avaient suffi, mais visiblement, les servantes savaient tenir tête au Roi quand il s'agissait de leur travail.

Tout en la préparant pour le lit, la seconde servante commença à parler à la jeune femme.

"Vous savez, ma Dame, c'est la toute première fois qu'on voit des yeux aussi bleus ici! Tout le monde a les yeux bruns, gris ou rouge, mais c'est la toute première fois que je vois des yeux aussi clairs! Vous venez des Terres du Nord? C'est pour ça que vous avez la peau aussi blanche? Oh! Non, non, c'est vrai, vos vêtements sont nexusiens… Oh, j'ai demandé au couturier de la remettre en état, mais malheureusement, je ne crois pas que ce soit possible, elle est beaucoup trop endommagée! Vous êtes tombée? Mon mari, il tombe tout le temps, donc il faut toujours que je recoude ses vêtements. Mais vous savez, mon mari, il est très très beau et très très fort. Je l'aime beaucoup!"

Visiblement, la jeune servante était très fière de son mari, et de ses enfants, au point d'en parler à la jeune femme librement. En Meisa, les femmes, même des castes sociales plus basses, n'avaient pas peur de parler. Au contraire; la société Meisaenne, bien que patriarcale dans son gouvernement, était farouchement matriarcale; les femmes donnaient la vie, mettaient au monde les enfants. Les femmes étaient beaucoup plus libérées ici que dans la société nexusienne. De plus, c'était un échange culturel; la jeune servante lui enseignait comment les femmes se comportaient. Ainsi, la jeune Alecto apprit que, dans cette société, il était important de socialiser et de tisser des liens.

"Marina! Apporte-moi le pantalon du Roi!"

La seconde servante, apparemment celle appelée Marina, cessa donc de parler à Alecto, se relevant immédiatement et se jetant sur l'énorme lit, rampant dessus pour atteindre la commode, l'ouvrir et en tirer un pantalon de lin.

"Mais le Roi, il ne dort plus nu?"

"Je t'en pose des questions, moi?" gronda la voix du Roi.

"Non non, sire!" s'exclama-t-elle en gloussant.

Elle lui apporta donc son pantalon. Visiblement, ni l'une ni l'autre ne savait si le Roi et sa Compagne avaient une liaison amoureuse, et elles ne posèrent aucune question.

Le Roi marcha hors du paravent, ses cheveux proprement brossés et lavés, sa barbe également. Il avait toujours cet air un peu négligé, mais maintenant, il avait l'air moins… bourru.

"Merci, mesdames. Maintenant, laissez-nous, vous avez votre congé pour la nuit."

"Très bien, mon Roi! Nous n'allons surtout pas rester derrière la porte pour écouter…" fit la première servante.

"Non, vous n'allez pas faire ça. Allez, déguerpissez." Grommela le Roi.

Les deux servantes les quittèrent de nouveau.

Le Roi soupira, se frottant la tête avec agacement, avant de s'approcher de sa belle Compagne, la soulevant doucement. Il souleva la couverture légère, et se glissa avec elle en dessous. Il y avait évidemment assez d'espace pour qu'ils se distancent, si elle le désirait, mais pour l'instant, le Roi la gardait près, un bras sous l'oreiller, soutenant sa tête royale, l'autre posée sur la hanche de la jeune femme. Ses yeux continuaient de l'observer, comme s'il cherchait à lire en elle sans l'usage de sa magie.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 31 mai 2020, 11:53:34
De nouveau entre les mains d'une des deux servantes, Alecto fut à nouveau totalement désarçonnée par le naturel et la jovialité de cette femme. Elle lui parlait avec assurance et sympathie, c'était au delà de tout ce qu'elle avait connu, mais totalement agréable. Elle se sentait de plus en plus en sécurité dans cette pièce, largement aidée par les délicates et compréhensives attentions du Roi.

Marina la complimenta sur la couleur de ses yeux, et en rosissant légèrement, la Domestique enfin, la Compagne aurait aimé pouvoir la remercier. Cependant, le flot de paroles de cette femme était rapide, tant elle était à l'aise, et elle perdit l'instant propice.

Pendant qu'on la préparait pour la nuit, la jeune femme ne pouvait s'empêcher de laisser vagabonder ses pensées, chamboulées, jusqu'à cette baignoire où flottait Serenos. Il devait être nu dans l'eau tiède, même si elle n'osa pas regarder franchement dans cette direction, Alecto avait une irrépressible envie curieuse de jeter quelques regards dans cette direction. Bien qu'elle sache qu'il lui serait intimidant de le découvrir, se savoir près d'un homme, qui plus est celui qu'elle admirait et désirait, dans le plus simple appareil, pas si loin que cela d'elle... Cela avait quelque chose de la tentation pure. Une épreuve qui était encadrée par la bonhomie de Marina, qui la laissa bientôt aux mains du Monarque.

Elle n'avait pas manqué de sursauter lorsque les deux femmes avaient échangé au sujet de ce fameux "pantalon" que portait désormais Serenos, et qui semblait être un vêtement dont il ne s'encombrait pas d'habitude. Elle examina la pièce de tissu sans vraiment y prêter attention, mais cela la fit légèrement sourire d'un air gêné, et reconnaissant.
Elle avait vu beaucoup de personnes nues. Ce n'était pas la question. Ceci dit, le contexte était tout autre actuellement... Elle se laissa porter à nouveau, songeant qu'il devait apprécier et rechercher leur étreinte, tant il paraissait aimer la porter. Un esprit plus malin ou moins naïf y aurait vu soit une invitation, soit un prétexte pour se frotter à elle, mais cela ne venait pas à l'esprit d'Alecto.

Est-ce que les deux servantes écoutaient vraiment aux portes ? Non, bien sûr que non. Une Domestique ne devait pas faire ça, c'était défendu. Oh, bien sûr elle... il lui était arrivé plusieurs fois d'épier ses Maîtres, ne pouvant se retenir de le faire, de capter une conversation ou, en rougissant, des ébats. Mais elle savait aussi que les châtiments des petites curieuses étaient exemplaires... Bien qu'elle songea que Serenos ne devait en aucun cas réprimander ses gens. La manière dont il leur parlait était si simple, si sympathique. Il y avait entre eux une relation mutuelle de respect et même, elle le croyait, d'amitié pleine d'humour.

Allongée près de lui, elle mit du temps avant de savoir ce qu'elle devait faire, ou comment se comporter. Elle avait désormais assez confiance en son Roi pour savoir qu'il n'attendait rien de plus que sa compagnie, et Alecto ne lui pensait pas de mauvaises pensées. Elle était loin de se figurer les instincts primitifs qui peuvent parfois pousser hommes et femmes à laisser libre cours à leurs pulsions, ayant une trop haute estime de Serenos désormais. Si elle savait...

Au bout d'un moment, elle s'approcha tout doucement, peut-être un peu intimidée par la proximité dans ce lit. Avec un petit rire gêné, la Compagne tenta de se détendre.

"C'est la première fois que je dors avec un Roi." Même un "homme libre" précisément. Dans certains quartiers d'esclaves dans les petites villas, elle avait dû partager sa paillasse avec ses congénères. Et les Maîtres l'avaient toujours congédié pour la nuit.

Quelque chose l’intriguait, et lorsqu'il plongeait ses yeux perçants dans les siens, comme s'il sondait son âme, Alecto se rappela alors que les deux servantes étaient entrées dans la pièce sans aucun ordre ni clochette actionnée. Avait-il contrôler les esprits ? Ou les lire ? Cela l'effraya, un peu, avant de ciller d'un air curieux, et légèrement intéressé. Comme si elle craignait qu'on l'entende, elle réduisit encore l'espace entre Serenos et elle, comme pour lui confier un secret. La main qu'il avait sur sa hanche glissa sur ses reins par ce mouvement, la faisant frémir et l'encourageant à parler.

"Savez-vous ... savez-vous lire dans les pensées ? Avez-vous le pouvoir de..." Elle cherchait ses mots, peu habituée à ce vocabulaire. "De projeter dans les esprits des images, ou des paroles ?" Elle scrutait son visage, avide de savoir.

S'il lisait dans les esprits, alors il savait déjà tout d'elle, il n'aurait sans doute pas posé tant de questions sur son passé ? Peut-être désirait-il simplement savoir si elle mentait ? Non, elle estimait qu'il était trop Bon pour cela, trop honnête. Alors qu'elle lui posait ses quelques questions, ne sachant que faire ses bras en se trouvant empotée, Alecto monta doucement sa main sur l'avant bras qui l'enlaçait, suivant au hasard le chemins de cicatrices et de marques, dans un contact qui toujours, ravivait un brasier loin d'être éteint.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le dimanche 31 mai 2020, 13:31:46
"C'est la première fois que je dors avec un Roi."
"La première de beaucoup d'autre.", la rassura-t-il avec un sourire.

Après tout, quel serait l'intérêt d'être sa compagne s'il la congédiait comme une catin d'un bordel après avoir fait son affaire. Non, le Roi aimait trop la compagnie des femmes pour les chasser aussi aisément, et il appréciait tout particulièrement la compagnie d'Alecto. Dans son for intérieur, Il sentait qu'un lien se créait lentement entre eux, un lien de tendresse et de confiance, et ce lien aurait pu être endommagé, ou du moins corrompu, s'il la traitait de cette façon.

Elle tentait de briser le silence, de se mettre à l'aise, même s'il remarquait que c'était difficile pour elle. Cela n'empêcha pas le Roi de sourire et de la laisser s'approcher à son rythme, sans lui imposer quoi que ce soit. Les yeux du Roi continuaient de la fixer, et sa main caressait en toute douceur la hanche invitante de l'étrangère d'un pouce, pour instaurer une intimité et confiance; elle avait toute son attention rien que pour elle. Elle lui demanda alors s'il était capable de lire dans les esprits, ou de les influencer. Il comprit alors qu'elle était inquiète pour sa propre intimité mentale; après tout, c'était bien le seul endroit où elle était encore une femme libre; dans ses pensées, et il savait qu'être ainsi épiée dans son dernier rempart d'intimité lui ferait de la peine.

"Oui, mais non, répondit-il en posant une main sur sa hanche. Je pourrais le faire, cela est dans mes capacités. Je vous passe les grands détails, mais tous les citoyens des Trois Royaumes sont interconnectés dans l'immatériel. Cela permet, notamment aux mages tels que moi, d'interagir avec un autre à travers ce lien. Dans l'immatériel, il s'agit simplement de pousser un cri, et les sujets concernés l'entendent. La télépathie, en contrepartie…"

Il relâcha doucement sa hanche et posa un doigt sur la tempe de sa belle.

"Si j'essayais d'extraire une information de votre tête, ou d'entendre vos pensées, vous sentiriez constamment une forte pression et douleur qui passent d'ici…"

Et il emmena le doigt jusqu'à derrière la tête de la jeune femme.

"Jusqu'ici."

Il lui expliqua ensuite que, souvent, ceux qui ont des migraines suspectent, parfois même légitimement, que quelqu'un épie leurs pensées. Il existe des manières très simples pour s'en protéger, cependant, du moins pour éviter qu'un inconnu ne lise nos pensées immédiates, et un exercice que l'Inquisition de l'Ordre Immaculé apprenait à tous ses inquisiteurs; il suffit de penser et de répéter un texte dans son esprit. Pour pouvoir accéder et entendre les pensées profondes d'un sujet, un télépathe devait ignorer cette litanie, et plus la personne s'adonnait régulièrement à cette pratique, plus cette litanie résonnera fort dans la tête du sondeur, rendant difficile de percevoir l'information qu'il y recherche.

Il ramena sa main vers la hanche de la jeune femme, puis la fit glisser jusque dans son dos, dans le creux de ses reins.

"Je n'ai jamais lu dans vos pensées. Je me contente de lire vos signaux corporels pour essayer de deviner ce qui se cache derrière."

Et il était évident que Serenos y était plutôt doué. Surtout pour un homme. Si les femmes venaient du Ciel et les Hommes de la Terre, alors le Roi était un bilingue… modéré. Parfois, la logique des autres lui passait six pied au-dessus de la tête, mais il se débrouillait.

"Vous êtes une femme expressive. Je vois souvent dans vos yeux le trouble qui se cache en vous, bien que j'ignore ce que ce trouble est. Vous hésitez beaucoup lorsque vous interagissez physiquement avec moi, et je devine que cela est pareil avec les autres hommes ou femmes. Je peux donc supposer que la plupart de vos interactions interpersonnelles ont, le plus souvent, été désagréables, peut-être même violentes. Lorsque nous étions dans l'Arcanum, vous trépigniez devant les livres. J'en comprends que vous aimez lire, mais que l'on ne vous a que rarement donné l'occasion de le faire depuis que vous avez quitté votre monastère."

Mais tout cela ne restait que des suppositions, des théories. Il y avait des choses qu'il ne pouvait pas savoir, parce qu'il ne connaissait que trop peu sa nouvelle compagne. Bien qu'il ne soit pas un devin ou un sage, le Roi avait tout de même une compréhension et une empathie assez forte pour lui permettre ces quelques petits jeux de l'esprit. Mais il comprenait qu'il y avait une possibilité que la jeune femme se sente surveillée, épiée dans ses moindres gestes, mais elle pouvait également y voir un intérêt constant et un désir de bonne entente entre eux.

Il prit doucement la main de la jeune femme et la posa contre sa poitrine, là où se trouvait son cœur, lequel battait fortement. Sous la peau du Roi, le muscle battait furieusement. Le Roi n'était pas complètement insensible à la jeune femme, loin de là. Il y avait quelque chose en elle qui le rendait nerveux, ou excité.

"Un jour, peut-être, vous serez capable de me lire ainsi. Peut-être l'être vous déjà. Dites-moi, Alecto; pourquoi mon cœur bat-il si fort quand vous êtes près de moi?"
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 31 mai 2020, 15:13:34
Si cela l'avait légèrement effrayé, jamais Alecto n'avait songé que son Roi aurait été capable d'user de ces subterfuges pour lire en elle. Il confirma ses honnêtes pensées, en lui expliquant comment certains personnes s'en défendaient. Elle acquiesça, impressionnée par les talents que pouvaient développer jeteurs de sorts et inquisiteurs, dans leurs guerres qu'elle jugeait vaine. S'ils existaient tous, quels qu'ils soient, c'était par la volonté de Dieu. Leurs querelles mortelles étaient telles des conflits d'enfants... Mais elle savait le mal que cela engendrait, et cela lui brisait le cœur.

Il lisait cependant en elle avec une déconcertante facilité, sans avoir besoin de magie. Cela la fit sourire, étrangement. Il voyait si clair, si était si clairvoyant et empathique... Ces qualités ne faisaient qu'augmenter l'estime qu'elle avait de lui. Ses lèvres s'étiraient légèrement, avec une timidité toujours présente, mais confiante. Elle se sentit obligée de développer et confirmer ses dires à voix basse.

"Je n'ai jamais été qu'esclave pour des Maîtres qui exercèrent leurs pleins droits de possession sur moi." Même ainsi, elle était incapable de dire du mal de ses abus. Elle avait été victime de beaucoup de ce qui étaient des crimes, en Meisa, mais c'était ainsi. Alecto avait toutes les peines du monde à se dire que ce qu'ils avaient tous fait n'était pas illégitime. S'il leur plaisait d'user de leur meuble avec cruauté, quelle loi d'interdisait ? Des années plus tard, elle conservait une loyauté typique des personnes émotionnellement battues et résignées.

"J'ai parfois pu lire dans leurs bibliothèques mais... Ce fut rare." Conclut-elle, en pinçant les lèvres et plissant les paupières, humblement. Jamais elle ne s'était rebellé.

Sa paume ressentait la chaleur de cette peau, alors, et le battement de son cœur, qui accélérait légèrement. Elle avait constaté que Serenos avait été attiré par elle, à plusieurs reprises, et elle avait d'abord cru qu'il s'agissait de pitié. Être miséricordieux était une qualité indéniable pour un Mortel, Alecto la plaçant en haute estime. Cependant, ses caresses, ses baisers semblaient contenir une passion fougueuse qu'elle-même avec pu ressentir. Elle devina, enfin, qu'il se contenait souvent avec elle, pour ne pas la blesser et respecter son être.

Une attitude nouvelle pour elle, qui le magnifiait. Pourquoi son cœur battait-il si fort ? Elle avait pris un long moment avant de répondre, ses doigts sentant la palpitation frémir sous ses phalanges. Alecto inspira profondément.

"Vous... vous avez dit que je vous plaisais..." Dit-elle doucement. "Que je... vous intriguais. Et attisais votre." Elle frémit, et malgré elle, un sourire flatté tira sa bouche. "Votre appétit."

Ce serait mentir que ce n'était pas réciproque. Cependant, la Compagne était incapable de l'exprimer aussi librement que Serenos. Il avait été habitué et libre de dire ce qu'il ressentait, de communiquer, de réfléchir à ses émotions. Faisant un effort, elle tenta d'être plus explicite, malhabile dans les mots qu'elle choisissait.

"Peut-être ... que vous êtes seuls depuis longtemps ? Dans. Dans votre cœur." Il devait y avoir des centaines de femmes et d'hommes prêts à se damner pour être dans le lit du Monarque des Trois Royaumes, à sa place. Et à sa place, aucun d'eux ne minauderait. Aucun ne ferait de simagrées comme elle. Elle s'en voulut un peu... Serenos avait peut-être besoin, et envie, de plus de chaleur et d'une femme plus avenante ? Elle se mordit l'intérieur de la joue, soucieuse de lui faire plaisir.

"Sire. Euh pardon. Serenos, me permettrez-vous... de... J'ignore si je serai capable de faire preuve de davantage d'intimité, mais, si vous étiez mon garde-fou, me garantissant de ne pas me perdre et d'aller trop loin... Je...."

Elle ne savait pas comment s'exprimer correctement. Pour réussir, elle murmura tout bas, d'une voix à peine audible, comme un secret. "J'aimerai que vous m'arrêtiez, si je n'y arrive pas." Elle se savait faillible, elle le sentait, ses émotions et ses pulsions étaient trop puissantes pour qu'elle réussissent à elle-même les museler pour ne pas le regretter. Mais elle pensait son Roi capable de bien plus de maîtrise qu'elle, tant il avait d'expérience, et de pouvoir. Si elle se laissait aller quelques minutes, elle voulait pouvoir compter sur lui aveuglément.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le dimanche 31 mai 2020, 16:07:07
De nouvelles informations par-ci, une admission par-là, petit à petit, Serenos parvenait à peindre un portrait mental d'Alecto et de son passé. Il essayait de l'interroger le moins possible pour ne pas la forcer à trahir des secrets qu'elle ne voudrait pas révéler par mégarde, et donc il évitait de lui demander qui avaient été ces maîtres, par le passé, sachant pertinemment que le sang finirait par couler s'il venait à s'attacher à la jeune femme. Il était même fort probable que Serenos avait rencontré certains de ces maîtres, peut-être même bu une coupe de vin avec eux, alors qu'il établissait des liens commerciaux avec Nexus. Enfin, tout cela était avant la guerre, ce qui lui donnait aujourd'hui le droit de commettre n'importe quelle abomination et nul ne pourrait le lui reprocher. Et s'il y avait une chose que le Roi de Meisa ne pourrait jamais nier, c'était qu'il était capable des plus grandes horreurs, comme il les avait commises par le passé, avec l'absence complète de culpabilité ou de cri de conscience. Pour Serenos, ceux qui possédaient des esclaves et se servaient d'eux comme des objets ou pour assouvir leurs bassesses étaient de la vermine, et lorsque quelqu'un dératisait sa demeure, il ne ressentait que rarement la moindre pitié ou compassion pour les rats, ils n'avaient qu'à ne pas se loger chez lui; c'était la même chose pour Serenos et ces gens, car ils n'avaient qu'à ne pas maltraiter leurs esclaves.

Malgré sa naïveté et son côté un peu tête en l'air, la jeune femme démontra encore ce même talent pour l'empathie et la compréhension, analysant de son expérience ce que les battements rapides du cœur du Roi signifiaient, et cette analyse n'était pas fausse. Comme elle le disait, il vivait sa passion, et la contrôlait. Même sous contrôle, ces émotions restaient fortes, et comme une bête en cage griffait les murs, il les sentait essayer de s'échapper, de s'exprimer, demandant leur liberté. Mais Serenos était un Roi; il avait appris à se refuser des plaisirs.

Elle mentionna alors qu'il paraissait esseulé. Pas physiquement, mais dans son cœur, ce qui lui attira un regard surpris de la part du Roi, puis un moment d'introspection et de réflexion. Il maintint le silence pendant quelques minutes, se demandant s'il était moralement acceptable de parler de son passé amoureux avec une personne envers laquelle il nourrissait une attirance notable et réciproque, puis se dit que de toute façon, ca viendrait sur le tapis.

"Si vous me parlez d'amour… je crois que la dernière fois que j'ai été amoureux, et je parle d'amour, pas de relations charnelles… oui. Très longtemps."

Dix ou treize ans, sans amour, lorsqu'on l'avait connu, c'était une chose difficile. Et pour Alecto, cela revenait à dire que la dernière fois que le Roi avait été amoureux, elle n'était qu'une enfant, une très jeune enfant. Le sens commun et la raison du Roi avaient également convenu que cela était indélicat de parler de temps avec une femme qui n'avait même pas la moitié de son âge réel, et peut-être tout juste plus que la moitié de son âge apparent. Certes, les couples avec de grands écarts d'âge n'étaient pas une mauvaise chose dans la société actuelle, et ce dans tous les royaumes, mais parfois, les jeunes femmes désiraient un homme qui était plus ou moins dans leur tranche d'âge. Si Serenos aurait été un homme normal, cela lui aurait peut-être même flanqué un coup de vieux.

"Sire!... Euh, pardon; Serenos, me permettrez-vous... de... J'ignore si je serai capable de faire preuve de davantage d'intimité, mais, si vous étiez mon garde-fou, me garantissant de ne pas me perdre et d'aller trop loin... Je..."

Le Roi se contint de sourire devant l'effort de la jeune femme. De ses propres mots, elle admettait son propre désir et son envie d'être plus intime avec lui. Elle lui demanda même de l'arrêter si elle n'y arrivait pas. Le Roi sentit une chaleur se répandre de son oreille sur une grande part de son corps, comme une onde de choc, et c'est avec force d'une grande volonté qu'il se contint, encore une fois, la bête hurlant follement dans son crâne et se heurtant à ses barrières mentales, faisant battre son cœur plus rapidement sous les doigts de sa belle compagne.

"Vous dites parfois les choses les plus dangereuses, Alecto, dit-il avec un sourire. Mais je vous donne ma parole; nous arrêterons tout si nous nous apprêtons à nous perdre."

À quoi venait-il de s'engager, le Roi n'en était pas bien sûr, mais il avait grande confiance envers son talent de perception pour discerner le moment où la jeune femme s'approcherait de cette limite qu'elle ne voulait pas franchir. Le Roi se rapprocha d'elle, puis s'appuya sur ses mains pour passer au-dessus d'elle, les bras de chaque côté de son corps de jeune femme. Il baissa alors son corps et le pressa contre le sien, la coinçant entre lui-même et le lit, pour l'embrasser avec la même tendresse qu'il lui montrait inexplicablement depuis l'après-midi. Une des mains du Roi se glissa le long de la cuisse de la jeune femme, et remonta sous la robe de nuit, caressant ventre, son flanc, puis sa poitrine, massant délicatement le sein gauche alors qu'il brisait le baiser et venait parsemer son cou de petits baisers, restant bien à l'écoute du corps de sa belle Compagne et au moindre signe de refus ou d'objection, il était prêt à pauser.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 31 mai 2020, 20:40:57
Toutes les émotions fortes qu'elle avait pu ressentir avant cet instant lui parurent fades, tout à coup. Emprisonnée sous le corps chaud du Roi, Alecto suffoquait, mais en aucun cas parce qu'elle se sentait étouffée ou écrasée. Sa respiration avait prit immédiatement un rythme saccadé, malgré la douceur que Serenos y mettait avec soin, un volcan puissant venait de s'éveiller en elle. Au même tempos que ses doigts qu'il remontait de ses jambes à sa poitrine, son coeur tambourinait avec véhémence, un choc de caresses qui la laissèrent d'abord sans voix.

Totalement accaparée par un flot de désir, ne sachant plus où, de ses lèvres ou de ce sein qu'il caressait, elle sentait le plus intense brasier. Il laissait derrière chaque effleurement une traînée enflammée qui la dévorait avec délice.
C'était ainsi, lorsque l'on voulait vraiment ce qui arrivait maintenant ? C'était donc cela, l'envie viscérale de plénitude affamée, qui se nourrissait mais jamais n'était rassasiée ? Ces émotions et les sensations qui faisaient vibrer tout son être étaient totalement nouvelles.

Jamais on ne l'avait touchée avec autant d'attention, et pourtant, elle sentait le Monarque fou d'ardeur pour elle. Ayant une confiance aveugle en lui désormais qu'il lui avait donné sa parole, la Compagne Royale se laissa aller se détendre sous ses mains habiles, petit à petit, ses muscles se détendaient... enfin, quand ils se ne contractaient pas une réaction nerveuse sous ses caresses.

Elle se sentait encore assez maîtresse d'elle même pour profiter pleinement de leur étreinte, sans réfléchir aux limites. Quelles limites, d'ailleurs ? Elle n'arrivait pas à se concentrer pour y songer. Dans son crâne résonnait bien des idées, mais aucunes n'étaient limitantes. Pire... "Encore, encore !" Soufflait la petite voix dans sa tête, la poussant même, sans qu'elle n'y puisse rien, à relever une jambe, écartant les cuisses afin d'accentuer leur proximité. Son pied frôla la jambe du Roi, alors qu'elle pliait son membre.

Son souffle court se mettait à être rauque, plus sonore de minute en minute, et l'action synchronisée de ses doigts sur sa poitrine et de sa bouche contre son cou, et sa clavicule lui arracha même un premier gémissement discret.

Il avait pu constater en passant ses mains les stries inégales sur son ventre et ses hanches, mémoire de ses déboires, et en d'autres circonstances, elle en aurait tiré de la honte. Cependant, trop enivrée par le parfum de Son Roi, le nez éperdument dans ses cheveux en bataille malgré le bain, elle oubliait tout cela.

Dieu... que c'était bon... Une de ses mains s'agrippa délicatement dans la broussaille de sa chevelure brune, pendant que la seconde s'aventura avec audace le long de sa nuque chaude, son épaule finement musclée, le haut de son dos. Elle lui trouvait là le corps le plus attirant qu'elle ait jamais aperçu.

Le soleil couchant provenant des fenêtres faisaient jouer des rayons mourants orangers sur les muscles de Serenos, décuplant, lorsqu'elle osait ouvrir un peu les yeux, ses pulsions.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le dimanche 31 mai 2020, 21:21:36
Les mots n'étaient plus nécessaires; ils étaient même devenus superflus. Il n'y avait plus besoin d'explication, de demandes, car aucune ne serait écoutée de toute façon. En raison de ses nombreuses aventures, le Roi avait assez d'expérience, et de sensibilité, pour se permettre complète autonomie dans les affaires de l'amour. Peut-être était-ce de l'arrogance, peut-être que nul homme ne peut prétendre être l'amant parfait, et certainement pas un homme que peu de femmes oseraient adresser des reproches, mais il restait confiant de ses propres capacités en tant qu'amant. Le Roi se fia simplement à son instinct et les encouragements non-verbaux de sa belle pour lui démontrer son savoir-faire.

Il n'avait rien d'un des précédents maîtres de la jeune femme; il ne cherchait pas que l'assouvissement de ses propres plaisirs. Au contraire, en ce moment, il jugeait que celle qui avait besoin de tendresse et de plaisir, une récompense pour tous les maux qu'elle avait enduré en silence depuis si longtemps, c'était bien Alecto. Et il le ressentait, quelque part; autant il avait besoin de son attention, de sa douceur et de son désir, elle avait besoin qu'il la traite bien, qu'il lui prouve qu'au-delà de ses simples envies, il lui montrait aussi le même dévouement qu'elle lui accordait. Et le Roi n'était rien s'il n'était pas quelqu'un d'équitable.

Peut-être était-ce dû à leur moment interrompu dans l'Arcanum, mais il sentait un engouement chez sa Compagne. Sa respiration, lourde, saccadée, impatiente, soufflait sur les flammes de la passion du Roi, comme un soufflait sur une forge. Pis encore, il la sentit gigoter sous lui pour libérer sa jambe, réduisant davantage l'espace entre eux. La main libre du Roi glissa donc du lit pour caresser cette jambe coquine, faisant glisser ses doigts de la cheville au genou puis à sa cuisse, l'attirant contre sa taille, pressant leur bassin l'un contre l'autre.

Les baisers du Roi de Meisa se multiplièrent, tantôt sur son cou et son décolleté, plus tard sur les lèvres de sa belle amie, encouragé par les doigts de celle-ci se refermèrent sur sa crinière noire. Avec ravissement, il sentit les doigts de l'autre main se glisser dans son dos. Elle put y sentir de nombreux renflements, tout comme il avait senti les stries sur son abdomen et ses flancs. La peau de son dos avait été fouettée de nombreuses fois, et dû à ces traitements, elle était très inégale. À cela se rajoutait les lacérations, ces canyons qui séparait ses chairs, dont une affreuse balafre qui partait du haut de son épaule droite jusqu'à la gauche de sa hanche. C'était un miracle que sa colonne vertébrale n'avait pas été simplement sectionnée. Mais le Roi ne perdit pas de temps à lui expliquer; il avait d'autres intentions pour la belle ingénue.

Après quelques baisers et caresses, le Roi recula doucement, se redressant sur ses genoux, prenant doucement la jambe d'Alecto. Il lui baisa délicatement le pied, le mollet, mordillant la peau de sa cuisse à plusieurs reprises, sans jamais briser le contact visuel, avant de reculer un peu plus, lui permettant ainsi de remonter les mains le long des jambes d'Alecto et s'emparer de son sous-vêtement par les cordages et le fit lentement glisser le long de ses cuisses avant d'en détacher les cordons. Le vêtement tomba des cuisses, et le Roi releva la robe de sa belle, posant des baisers sur son ventre, sa poitrine, embrassant ses seins tout en pressant son corps contre le sien, son abdomen pressant contre son bas-ventre alors que le Roi prenait son temps pour dévorer et savourer la belle, la couvrant de baisers aussi tendres que taquins, ses mains massant et caressant ses flancs, ses hanches, massant sa poitrine. La seule preuve que le Roi se contenait toujours était le fait qu'il n'avait pas retiré son pantalon.

Après quelques chatouillis et une longue série de baisers aimant sur la peau nouvellement dévoilée, le Roi fit une pause, un sourire sur les lèvres, et il leva une main pour la poser encore une fois sur la joue d'Alecto. Il se redressa contre elle, ses abdominaux pressés sur sa féminité, et il posa un baiser sur ses lèves.

Jusqu'à maintenant, il tenait parole. Et il tenait bon.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le lundi 01 juin 2020, 00:17:56
Au moment où elle sentit une ultime barrière de sous-vêtement tomber le long de ses cuisses, la Compagne Royale se redressa légèrement, manquant de s'étouffer dans un gémissement. C'était comme une délivrance, autant qu'une légère appréhension. Ses paupières qui restaient souvent puissamment clauses s'ouvrirent, comme pour s'assurer de ce qui venait d'arriver, et constater une sorte de point de non-retour.

Et pourtant, elle savait qu'il tiendrait parole, elle avait confiance. Ce geste aurait dû la paniquer, verser un torrent d'eau sur les flammes ardentes qui dévoraient son corps et la laissait en sueur, déjà. Cela aurait dû la faire réagir d'une toute autre manière. Au lieu de terreur, un râle d'empressement perça sa bouche, rendu audible par les mains, et surtout les lèvres royales sur sa poitrine.

L'effervescence qu'elle percevait à chaque mouvement de son Roi la galvanisait, et elle se sentait ivre au point de sourire avec délice, affirmant son plaisir sans honte, tant les attentions de Serenos la rendaient folle. Sa main dans ses cheveux se fit plus insistante, et bien qu'elle soit incapable de violence, elle pressa d'instinct le visage du Monarque contre ses seins, en redemandant encore implicitement.

Entourant sa taille comme elle pouvait de ses jambes, peu agile ou souple, Alecto ouvrit les yeux lorsqu'il se redressa pour lui sourire. Il devait s'assurer qu'elle se sentait toujours bien... Le visage luisant, elle lui offrit un regard où une lueur démente jaillissait. Sa main n'avait pas lâcher ses crins sombres, elle se laissa embrasser docilement, mais, lorsqu'il voulut s'éloigner pour reprendre ses caresses, sa Compagne l'en empêcha avec une force toute relative, la main sur sa nuque l'obligeant à l'immobilité, et se contractant pour venir à sa rencontre, lui dévorer les lèvres.

Sans doute n'avait-elle jamais embrassé quiconque de cette manière.
Elle s'étonnerait elle-même, si elle pouvait penser clairement, à ce moment précis. Cependant, il n'y avait plus que des sensations au lieux des idées, que la brûlure que sa bouche qui s'entrouvrait pour y glisser sa langue, épouser, laper tout son soûl en oubliant de respirer.

Manquant de souffle par manque d'exercice, elle se décolla en reprenant de l'air abondamment, comme lorsqu'on sortait enfin de l'eau. Sa maladresse et sa fougue la firent rire, mais sa bouche avant encore faim. Si elle avait pu penser, à cet instant, elle aurait su qu'elle commençait dangereusement à s'éloigner du droit chemin qu'elle s'était imposé.

En se tortillant maladroitement, elle retira complètement son vêtement de nuit, le médaillon entre ses seins tanguait à mesure qu'elle s'échinait, envoyant valser plus loin la robe fine, sans même s'en soucier, elle qui était d'habitude si soigneuse et ordonnée. Alors, ses mains retrouvèrent le chemin de la peau de son Roi, caressant ses épaules dont la vue l'obsédait, parcourant ses pectoraux en suivant la carte de ses cicatrices. Le toucher était un ravissement, qui ne faisait qu'augmenter son bouillonnement intérieur, tout comme leurs mouvements de bassins conjoints, à chaque mouvement, l’irradiait.

Reposant la tête sur l'oreiller moelleux, ses doigts passèrent à nouveau sur sa nuque, accompagnés d'un regard implorant de désir, en insistant pour ramener son visage vers sa poitrine.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 01 juin 2020, 00:58:35
Le Roi fut légèrement surpris de l'initiative de sa belle, qui l'embrassa de son propre gré, mais cela ne l'empêcha nullement de partager sa fougue, avant de rire devant l'hilarité de la jeune femme, frottant son nez contre le sien avec douceur. Elle semblait avoir oublié de respirer, mais son manque d'adresse avait quelque chose de très charmant aux yeux du Roi; en quelque sorte, même si elle n'était pas ignorante aux jeux charnels, elle n'avait que rarement, voire jamais, été une participante volontaire; elle était un peu maladroite, un peu gauche, mais quelque part, elle ressentait ce que les amants consentants ressentaient, à savoir le désir et le plaisir. Après tout, l'acte charnel n'était pas que pour satisfaire les bas-instincts; il était tout à fait possible de s'amuser, de rire ensemble. Le plaisir était là où on voulait bien le prendre.

Tout à coup, la robe de la Compagne s'envola, et le corps parfaitement nu de sa belle s'offrait à lui. Et le Roi ne s'empêcha aucunement de l'admirer, apprécier cette œuvre d'art qu'était son corps. Peut-être bien, pensa-t-il, que le divin existait, et qu'il avait vu bon de mettre sur terre une si belle femme. Ou alors, c'était une autre punition des Cieux; lui présenter ce cadeau qu'il ne pouvait pas consommer, comme on entrainait un chien à la patience. Mais il ne se laissa pas décourager par cette pensée déprimante; selon lui, de toute façon, les dieux, ou Dieu, ou quoi que ce soit qui dirige réellement le monde, avaient autre chose à faire que de lui nuire. Après l'avoir regardée pour un bref, moment, les mains du Roi se posèrent sur les hanches de la belle, et suivirent ses formes, jusqu'à ce que la main de sa compagne ne lui agrippe la nuque et ne l'attire vers sa poitrine.

Suivant le mouvement de la jeune femme, le Roi se pencha sur elle et posa un baiser sur son sein gauche, puis un autre, suivant le globe jusqu'à ce que ses lèvres ne se posent sur son mamelon, qu'il saisit entre ses lèvres pour le suçoter délicatement, suivant ce geste par un mordillement affectueux, puis passa à l'autre, lui accordant les mêmes attentions. Mais le Roi n'était pas qu'un homme de baisers; c'était un être profondément tactile, donc très vite après ces baisers, Alecto sentit ses mains, calleuses par ces longues années à manier l'épée et la lance, monter sensuellement le long de ses jambes, puis ses flancs. Le Roi se redressa légèrement sur les genoux pour venir masser la poitrine de cette femme si adorable. Il aimait cette poitrine; ronde, érotique, et pourtant, si délicate. Elle épousait parfaitement ses mains, et il adorait ce contact. Il se pencha alors sur elle, pour ensuite l'embrasser langoureusement.

Mais le Roi avait d'autre plans et un meilleur usage pour sa langue en tête. Après quelques baisers, il commenca à descendre lentement, embrassant le cou de sa belle, puis sa clavicule, son buste, son torse, descendant toujours plus bas, jusqu'à atteindre son bas-ventre. Sans cesser de masser généreusement la poitrine de sa belle, et taquiner ses tétons de ses doigts, le Roi tira la langue et logea son visage entre les cuisses bien ouvertes d'Alecto, léchant sa petite perle d'amour.

Parmi les actes sexuels que le Roi maîtrisait le mieux, son usage du cunnilingus était assurément son plus grand fort. Certains diront que c'était la pratique, d'autres diraient que c'était à cause de la texture de sa langue; là où certaines étaient douces, la sienne était rugueuse, rude au contact, et chaque passage sur le clitoris d'Alecto se ressentait clairement comme des milliers de petits grains souples se promenant sur cette partie si sensible de son corps. Le Roi usa de ces premiers contacts pour familiariser sa belle à sa présence en bas, avant de commencer des techniques plus poussées, aspirant la petite bille d'amour entre ses lèvres pour le suçoter, ou même l'emprisonner pour le lécher avidement, puis brisant le contact pour passer un coup de langue le long de ses lèvres intimes, puis recommençant le même manège sur sa petite perle d'amour.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le lundi 01 juin 2020, 09:37:39
Peu d'hommes avaient eu autant d'attentions pour l'Esclave, se contentant souvent de la tripoter, et de la pénétrer dans un acte rapide et sans saveur, comme on dévore rapidement n'importe quelle nourriture qui n'est pas digne d'être dégustée avec patience. C'était nouveau et délicieux. Elle se disait que tout ce qu'elle avait vécu n'avait réellement rien à voir avec les instants magiques qu'elle passait avec Serenos, tant cela lui semblait aux antipodes.

Aveuglée par la passion qui brûlait ses entrailles, Alecto se laissait totalement aller à l'expression de son plaisir, désormais. Ses vocalises s'élevaient sans rien contrôler, tantôt aiguës, et lorsque son Roi faisaient évoluer ses baisers jusqu'à son bas-ventre, de plus en plus grave. Sa bouche laissait derrière elle une traînée bouillante qui la faisait, d'instinct, onduler le bassin sans avoir eu besoin d'un quelconque apprentissage.

Elle laissait parler son corps et ses pensées étaient étouffées dans une vapeur moite, alors qu'elle gémit soudainement au contact de la langue royale sur son clitoris. Dans une convulsion non maîtrisée, elle se redressa sur ses coudes, incapable de garder les yeux fermés. Elle devait voir ceci de ses yeux, comprendre ce qui se passait, tant les sensations étaient confuses en elle. La Compagne au souffle court vibrait sans pouvoir contrôler ses tremblements de ravissement. Elle songeait qu'elle allait exploser, se consumer totalement... Comment supporter autant de plaisir ?

Plus son Roi multipliait les habiles caresser de sa langue, conjuguées à la dextérité de ses doigts, plus elle balançait les reins, se laissant tomber d'un coup sur le matelas en laissant une complainte d'extase s'échapper de sa gorge aride.

Les bras tremblants, Alecto trouva tout de même la force d'encourager son Monarque en saisissant sa tête, ses doigts fourrageant la jungle de ses cheveux, se contractant en geignant bruyamment lorsqu'un mouvement multipliait l'électricité qui parcourait son corps. Ce fut d'abord très ténu, puisqu'elle avait la gorge trop sèche pour pouvoir s'exprimer correctement, mais bientôt, Serenos put clairement entendre les louanges de sa Compagne.

"Oui... oh oui..." Murmurait-elle, les yeux révulsés, en vibrant, quand une de ses mains aux doigts graciles agrippa une mèche de cheveux, comme elle aurait empoigné un coussin ou n'importe qu'elle chose passant à sa portée, incapable de se soumettre à sa Raison. C'était trop intense pour qu'elle puisse se contenir, trop soudain, et trop nouveau pour elle. La chaleur entre ses cuisses devint insupportable, et une sensation puissante piquait chaque terminaison nerveuse.

Elle perdit pied une seconde avant de se laisser complètement aller à la découverte de son extase, et sembla se noyer, manquant d'air... Commençant à paniquer, Alecto suffoqua et se contracta d'une manière équivoque, lâchant toutes ses prises, et lançant des regards d'appel à l'aide tout autour d'elle.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 01 juin 2020, 13:29:45
À ne pas s'y méprendre, Serenos était loin d'être insatisfait par la tournure des événements; certains hommes prenaient tout autant de plaisir à prodiguer leurs caresses qu'à en recevoir, et il était de cette catégorie. Il aurait pu, inlassablement, passer la nuit à accorder ces caresses sensuelles, ne serait-ce que pour le plaisir d'entendre sa Compagne gémir encore et encore. Et même que la main d'Alecto, posée sur sa tête et perdue dans sa chevelure, l'agrippant à un moment, l'attirant à un autre, lui prouvait qu'elle appréciait la chose. Cependant, il avait donné sa parole; dès qu'elle lui donnait l'impression d'entrer en panique, pour quelque raison que ce soit, le Roi arrêta tout. Il supposa, dû à la réaction de la jeune femme, que c'était à ce moment qu'elle considérait comme sur le point de "se perdre" et "aller trop loin". En gros, elle semblait considérer atteindre un orgasme comme passer un cap. C'est avec un gros effort de volonté que le Roi mit fin à ses caresses; jamais de toute sa vie il n'avait laissé une femme ainsi au bord de l'extase, hormis peut-être pour la faire languir un peu avant de lui en donner davantage, mais ce n'était pas le cas avec Alecto. Il avait promis et, à ses yeux, on pouvait faire bien des choses avant de briser un serment. Ses caresses amoureuses sur le sexe moite de sa délicieuse amante prirent fin, sa langue quittant son clitoris pour retourner se cacher dans sa bouche, et il leva les yeux vers elle, de nouveau, pour consulter son amante.

La poitrine du Roi se soulevait au rythme de sa lourde respiration, éprouvant le besoin de se calmer lui-même. Pour comprendre à quel point cet exercice était pénible, il fallait comprendre que le Roi, en plus d'être un homme poussé au paroxysme de l'excitation, était également sous l'influence de la magie, et la magie, c'était une épée à double tranchant; elle se nourrissait de ses sentiments les plus forts, mais également les rendait beaucoup plus incontrôlables, comme un parasite se nourrissant d'adrénaline qui causerait au cerveau de son hôte d'en produire plus. Alecto était là, devant lui, nue, offerte à ses envies et promettante de plaisirs encore à découvrir, et elle était elle-même chauffée à blanc, mais la passion devait s'arrêter là, faute de quoi ils franchiraient ce cap qu'elle n'était pas prête à attendre.

Après quelques moments de respiration et de lutte contre son émoi interne, le Roi ne bougea toujours pas, et avec une grande difficulté. Il savait que le corps d'Alecto n'était qu'à un cheveu de l'orgasme, donc il n'osait même pas bouger les mains de la peau sensible de sa poitrine, ou risquer de frôler ses cuisses de sa tête en bougeant de lâ. Lorsqu'il ressentit enfin le relâchement de sa belle, ou même une plainte frustrée, le Roi s'autorisa à bouger, remontant sur sa compagne, corps contre corps, torse écrasant légèrement sa poitrine, alors qu'il l'embrassait pour la rassurer. Ce n'était pas un baiser passionnel, car même transi de passion et gonflé à bloc, il était un homme capable de démontrer encore sa douceur. Ce baiser fut long, paisible, réinstaurant le calme dans leur tumulte, ou du moins dans celle du Roi, assurément. Les muscles du Roi se détendirent graduellement au fur des baisers, et il sembla moins porté à chercher sa propre satisfaction sexuelle. Un exploit, assurément.

Il mit fin au baiser pour rouler avec elle, la faisant passer sur le dessus, et enroula ses bras autour d'elle. Ses doigts commencèrent à glisser le long de son dos, de haut en bas. Quelque chose, en lui, n'aimait pas ce qui venait de se produire, et il en était un peu gêné. Pour la toute première fois, il n'était pas complètement certain s'il venait, ou non, de respecter sa promesse, ou s'il s'était retiré trop vite en méprenant les signaux. D'un côté, il avait privé la jeune femme d'un orgasme en accord avec sa promesse, de l'autre, il avait privé la jeune femme en croyant qu'il respectait ainsi sa promesse.

"C'est la première fois que je laisse une femme insatisfaite volontairement.", admit-il, non sans une petite dose d'embarras.

En effet, ce n'est pas parce qu'on est expérimenté qu'on n'a pas foiré quelques fois par le passé. Serenos, pour tout son pouvoir et son contrôle de lui-même, restait un humain, avec ses failles, même si, la plupart du temps, il mettait tout en œuvre pour les cacher, ces failles. Pour sa défense, les signaux, ce n'était pas une science parfaite!
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le lundi 01 juin 2020, 18:54:38
Il lui fallut un long moment pour réussir à se calmer. Ses cuisses et son bas-ventre étaient parcourus de frissons, une tension qui n'attendait qu'imploser, comme au bord d'un précipice, tout en sachant que la chute serait exceptionnelle et délicieuse. Mais, elle serait aussi merveilleuse que critique, pour la très pieuse Alecto.

A mesure qu'elle réussissait à reprendre sa respiration, à bout de souffle, la jeune Compagne retrouvait des idées plus claires, et celles-ci étaient abruptes... Elle ressentit un violent sentiment de frustration, la poignardant en plein cœur, alors qu'elle s'était toujours contenter de vivre sans cette sensation depuis toujours. Cela la prenait à la gorge et rendait sa vue floue.

Elle était si frustrée, que les larmes lui montaient aux yeux, mais le tendre baiser de son Roi la calma petit à petit. Alecto se sentit à nouveau en sécurité dans ses bras, ses sanglots restèrent fort heureusement à leur place, et elle se sentit rouler alors contre Serenos, une émotion plaisante, qui eut le mérite de chasser une partie de ses plus coupables pensées. Notamment le doute dévorant qui la poussait à culpabiliser, de devoir freiner son amant, de ne pas le satisfaire, voire pire... qu'il regrette déjà d'avoir fait d'elle sa Compagne Royale.

Au dessus de son Roi, l'Esclave fit bien attention à s'installer pour le déranger le moins possible... Elle s'était imaginé qu'il ferait furieux que cette mijaurée se laisse aller aux jérémiades, alors qu'elle avait eu des gestes encourageant, voire aguichants. Mais Serenos n'était pas ce type d'homme, et Alecto ne put s'empêcher de murmurer, malgré elle.

"Quelle chance j'ai... Dieu est Grand." Ses joues étaient encore rouges, et tout son corps parsemé de frissons, de manière irrégulière, de plus en plus espacés.

En lisant dans ses yeux ce qu'elle prit pour de la déception, elle comprit à ses mots que ses pensées allaient plutôt vers elle. Comme depuis leur rencontre, Serenos semblait uniquement tourné vers elle, vers son bien-être, et son plaisir, même. Cette relation nouvelle était sans égale pour la Domestique, qui n'avait jamais eu de véritable modèle de ce genre de couple. Elle aurait donné cher pour réussir à le rassurer alors, désolée de ne pas correspondre au mieux aux femmes qui pourraient le satisfaire.

"Ce que j'ai ressenti... ce que je ressens encore... surpasse tout ce que j'ai jamais éprouvé." Elle se pencha pour embrasser sa pommette, puis la seconde, en venant encadrer son visage de ses paumes encore moites. Elle chuchota tout bas, comme si elle en avait un peu honte.

"J'ignorais qu'il était possible d'atteindre... de tels sommets..." Imagea-t-elle sans posséder les mots exacts pour décrire l'extase qu'elle avait effleuré. Elle se sentait coupable de l'avoir frustré autant, ne sachant comment compenser ses tords, et se sentant terriblement idiote. Sa bouche se pressa contre la sienne, avant qu'elle ne donne un coup de langue timide.

Cela réveilla une onde de choc en elle, et elle se mordit la lèvre, regrettant immédiatement. Elle se recula, sagement, en soupirant tout en plissant les yeux, penaude.

"Quoi que je fasse, j'ai l'impression que vous m'attirez comme une flamme appelle le papillon nocturne."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 01 juin 2020, 19:27:41
"Quelle chance j'ai... Dieu est Grand."

Drôle de compliment pour un incroyable et monumental rabat-joie, ne put s'empêcher de penser le Roi, ce petit blasphème sans voix lui apportant un peu de bonne humeur malgré sa frustration, quoi qu'il ne fit aucune remarque à la jeune femme. Pourquoi l'aurait-il fait? Elle avait poussé la chose aussi loin que ses dogmes et son éducation le lui permettait, et pour cette simple raison, le Roi ressentait un étrange mélange de fierté et de déception; il était content qu'elle ait aimé l'expérience, mais il était déçu qu'il ne puisse pas lui faire goûter librement à cette extase sans qu'elle ne se sente coupable. Tel était le bagage culturel qui les séparait; lui recherchant le plaisir et le bon sous toutes ses formes, elle recherchant le plaisir dans les contraintes de ce que son Dieu déclarait bon.

Au moins, elle était en quelque sorte contente de l'expérience, et probablement encore plus du fait que le Roi ne l'avait pas poussée à commettre le péché de… l'orgasme, faute de pouvoir le décrire autrement. Au moins, il semblait que le Culte s'était un peu calmé avec cette histoire de "tu resteras ignare des choses de l'amour jusqu'à ton mariage", parce que, très sincèrement, cette idée même lui tombait sur le système; en sachant que, pour les mortels, la compatibilité était importante, comment est-ce qu'on pouvait choisir un partenaire pour toujours si celui-ci ne répondait pas aux attentes de l'autre en matière d'amour et d'intimité? Serenos avait épousé Laryë dans sa jeunesse, et fort heureusement qu'il avait connu les jeux de l'amour avant leur nuit de noce, parce que dans la culture de son épouse, si un homme ne parvenait pas à satisfaire sa belle, normalement, elle avait même le droit de mettre fin à ce mariage sans même passer par un officiel; il suffisait de marcher hors de la porte en déclarant un bon gros "Je te quitte" et c'était terminé, surtout que les Nordiens, c'était quand même des types qui prenaient à cœur de performer dans tous les domaines physiques, à savoir la baston, le sport et, bien sûr, l'amour.

Tout en l'embrassant, elle lui dit qu'elle n'avait jamais atteint ce niveau de plaisir. Le Roi entrouvrit ses lèvres en sentant la langue de sa partenaire caresser ses lèvres, mais elle tenta de se retirer, mais cette fois, il ne la laissa pas filer, l'attirant de nouveau contre son visage pour l'embrasser, lui coupant la parole pendant quelques secondes avant de la laisser dire le reste de sa phrase. Devant sa métaphore, le Roi ne put que sourire et caresser délicatement la hanche et la fesse gauche de sa belle de son bras droit.

"Vous m'attirez aussi, Alecto, lui-dit-il d'une voix chaleureuse et sincère. S'il n'en tenait qu'à moi, je vous ferais l'amour immédiatement, et au diable vos croyances et vos dogmes, mais ce n'est pas qu'une attirance physique. J'aime vos maladresses, votre sourire, j'aime votre façon de réagir. Certes, vous êtes un peu étrange pour un homme qui n'a pas la Foi, mais… votre Foi définit une part de qui vous êtes. J'aime que votre esprit soit rempli de questions, et que vous soyez encore ouvertes aux nouvelles expériences. Vous êtes une femme d'intelligence. Peut-être un peu étourdie, mais…"

Il lui accorda un autre baiser.

"Je suis un Roi qui invite une femme, une parfaite étrangère, à devenir sa compagne, alors qu'elle pourrait très bien avoir inventé cette maladresse et avoir tout planifié pour se retrouver à ce moment précis pour pouvoir me poignarder dans mon lit, alors, je ne peux juger."

Par ces mots, il ne lui disait pas qu'il ne lui faisait pas confiance, bien au contraire. Certes, elle aurait pu. Mais elle avait également eu des moments beaucoup plus propices à commettre un acte violent que d'attendre de se retrouver dans la chambre du souverain; que ce soit dans le bureau, dans l'Arcanum, dans la Chapelle sombre où le Roi ne se rendait littéralement jamais, ils étaient toujours seuls. Elle aurait même pu passer inaperçue, mais s'était laissée voire par les autres domestiques. Cela ne faisait que confirmer une chose; la belle demoiselle n'était pas son ennemie. Elle n'était pas un assassin et il lui faisait confiance.

Il se pencha alors sur elle et posa des baisers sur sa joue, puis dans son cou, les doigts de sa main gauche s'aventurant sur son dos alors que sa main droite glissait dans les fils soyeux de sa chevelure. Il mordilla alors la peau de son cou, puis descendit sur sa clavicule et suça sa peau, jusqu'à ce qu'elle devienne bien foncée, laissant une petite marque de son passage et, peut-être, une déclaration de son affection pour elle.

Le Roi brisa alors la succion pour regarder sa belle et lui sourire avec toute sa tendresse.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le lundi 01 juin 2020, 20:45:41
Alecto s'était retrouvée prise à son propre piège, lorsqu'elle avait tenter d'être taquine, et avait eu la monnaie de sa pièce. Le Roi l'avait à nouveau entraînée dans un moment sensuel, où ses inspirations se firent plus saccadées.

Les mots de Serenos pour la décrire lui parurent justes, et l'Esclave rosit légèrement. C'était toujours aussi mal à l'aise qu'elle accueillait ce qui ressemblait de près ou de loin à des compliments, et surtout, parce qu'il avait évoqué très clairement son souhait de lui faire l'amour. Rien que le terme utilisé était inédit, chez la petite Esclave, et révélait parfaitement le choc qui existait entre cette relation, et toutes celles qu'elle avait vécu avec ses Maîtres. Ils la baisaient, la plupart du temps. Ils l'a prenaient, aussi, assez souvent. Ils déclaraient "se la faire" ou "la retourner"... Mais aucun n'avait eu la délicatesse de parler d'amour. Peu étonnant, ceci dit. Quel abjecte profiteur imbu du petit pouvoir qu'ils voulaient maintenir prenait la peine de vouloir chérir une chose qu'ils possédaient d'une poigne sans pitié ?

Elle retint un soupire de contentement en contemplant son visage en contre-bas, tant elle se sentait chanceuse. Elle devait être enviée par beaucoup de personnes, en réalité. Qui aurait refusé les avances d'un Roi ? Et surtout, d'un être aussi Digne, et Noble, et Bon que Serenos ?

Sa main en songeant cela, saisit le médaillon qu'il lui avait offert pour le caresser. Et alors qu'il aspirait sa peau en la laissant presque ronronner d'un son candide, Alecto eut tout le loisir de songer à ce qu'il venait de dire.


Ses derniers mots eurent une drôle d'incidence en son esprit... Elle se réfugia contre son cou en se penchant sur lui, le nez se frottant à sa peau et sa bouche aspirant quelques cheveux en parlant. L'Esclave ressentait un besoin incontrôlable de lui avouer une faute qui la hantait depuis des années.

En réalité, elle craignait qu'il l'apprenne autrement. Elle ignorait comment, ni quand, mais Alecto se dit que, s'il faisait quelques recherches sur elle, en tant que Monarque ayant beaucoup d'influence... Peut-être pourrait-il savoir bien des choses sur elle ? Un Seigneur sans ce Don mettrait des jours ou des semaines à obtenir rapports et témoignages, mais... un Mage ?

"Serenos. Il faut que je vous le dise."

Sa plus grande peur était de le décevoir, elle ne pouvait s'y résoudre, et pour cela, elle préférait avouer ses crimes. Il lui en voudrait peut-être moins ? En tous cas, dans sa pratique de la religion, avouer ses péchés était salvateur. Elle pria intérieurement qu'il en fut de même.

"Je suis une meurtrière." C'était brutal, et l'esprit si pur d'Alecto pensait choquer son Roi, lui qui avait pris la vie si facilement, à bien des reprises. Elle n'imaginait pas cela.

"C'était un accident ! Je vous le promets ! Non... je. Je ne veux pas vous tuer ! Oh non !"

Elle s'était emmêler les pinceaux dans ses explications, se rendant compte qu'elle aurait pu laisser croire à Serenos qu'elle était réellement un assassin. Toutefois, dans l'esprit de la Compagne Royale, c'était réellement ce qu'elle estimait... Elle enfouis son visage dans son cou en fermant les yeux, espérant peut-être disparaître par sa simple volonté, trop honteuse, et surtout, bien trop coupable. Son crime à elle était un grain de sable vis à vis des meurtres commis par le Monarque, mais elle n'avait pas cette notion en tête.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 01 juin 2020, 21:25:45
Peut-être qu'il n'aurait pas dû plaisanter sur la possibilité qu'elle soit un assassin, en fin de compte. Le Roi ne put s'empêcher de se dire qu'il choisissait un drôle de moment pour aborder le sujet de la mort, alors qu'il était encore dans les bras de sa belle, et que celle-ci ne demandait que ses caresses et son attention, mais il fallait que ses mots aient une portée qui le dépassait. Alors qu'il parlait de cette infime, et stupide, possibilité, il sentit immédiatement quelque chose changer dans la jeune femme. De la culpabilité. Du regret. C'était quelque chose de très perceptible dans son aura et dans son regard. Avant qu'il ne trouve une manière de formuler sa question, elle admit qu'elle avait déjà pris une vie auparavant. Un accident, disait-elle. Comparativement à Serenos, qui était sanctionné en tant que chef militaire, politique et légal de son pays pour commettre des actes violents à l'égard de ceux qu'il jugeait mériter une punition, Alecto était effectivement une criminelle, et même dans le pays de Serenos, elle aurait eu droit à un procès, en bonne et due forme. Il ne plongea pas dans son esprit, maintenant qu'elle savait ce que l'on ressentait quand quelqu'un opérait ainsi, mais il y avait tant de questions qu'il aurait voulu poser, avant de se rendre compte que, au final, il n'en avait que faire.

Il avait tué des gens au courant de ses voyages, des gens qui n'avaient rien fait de mal ou qui cherchaient simplement à se faire quelques sous en dérobant le Roi pour nourrir leur famille, et Serenos avait probablement causé un nombre incalculable d'orphelins, la plupart faisant face à une mort lente et douloureuse par la soif, la faim ou la maladie, puisqu'ils n'avaient plus de parents pour s'occuper d'eux. En tant que Roi, il n'y avait qu'un autre souverain pour considérer le Roi de Meisa comme un criminel, mais pour ces civils qui avaient souffert, comme la famille de la personne que Alecto avait malencontreusement tuée, il n'était qu'un meurtrier, et lui vouaient une haine sans égale.

Le Roi regarda la jeune femme, et lui releva doucement la tête, la prenant dans ses mains pour qu'elle ne se dérobe pas à son regard. Il posa un baiser sur son front, sa pommette, puis sa bouche pour la réconforter, pour qu'elle sache qu'il ne la méprisait pas pour autant.

"Je vous crois, ma précieuse Alecto. Je sais que jamais la mort d'une autre personne, aussi abjecte soit-elle, ne serait votre but."

Mais il nota quelque chose d'important de cet aveu; il fut un temps où même Alecto aurait tué pour se protéger. Aujourd'hui, elle semblait se résigner à la probabilité de sa mort. Évidemment, elle n'était pas empressée de rencontrer son créateur, puisqu'elle se voyait comme une pêcheresse, une criminelle, une meurtrière et, certainement, en raison de son passé de sœur, probablement une parjure, puisque la plupart des Sœurs prêtaient serment de bonté et d'innocence, ce qui incluait de ne jamais partager la couche d'une personne à des fins sexuelles, et assurément de ne jamais tuer quelqu'un.

Comment régler cette situation? Comment expier d'un crime? Eh bien, voilà un nouveau dilemme pour le Roi de Meisa. Il n'y avait pas cinquante milles solutions pour voir épongé le titre de 'meurtrière' du nom d'Alecto, et c'était d'avoir une conversation avec le plus puissant représentant légal de sa contrée, soit un Roi ou alors un ministre. Un plan se formula dans l'esprit du Roi, qui y voyait l'opportunité d'alléger la confiance de sa belle et, en plus, de partir en voyage pour quelques semaines; n'importe quoi pour briser la monotonie de sa vie de souverain. Surtout que depuis ses Grandes Réformes, ses journées étaient pratiquement limitées à signer des ententes de commerce, des exceptions, ou de corriger des lois, et des lois contradictoires, il y en avait plein, parce que son père, le Roi Talion, écrivait plus de lois qu'il ne fréquentait le lit conjugal, et parfois, l'homme vieillissant ne pouvait s'empêcher de commettre des erreurs monumentales.

Il renversa de nouveau sa belle pour prendre le dessus et la regarder dans les yeux, frôlant son nez du sien et lui accordant de nouveaux baisers.

"J'ai connu nombre de meurtriers, mon Alecto. J'ai vu ce qui se cachait dans les yeux de ceux qui se plaisaient dans la violence et le sang. Vous n'êtes pas une tueuse."

Il l'embrassa encore, langoureusement, la serrant plus fortement contre son corps en bon protecteur et amant.

"Lorsque nous aurons officialisé notre relation et votre titre, et que je le pourrai, nous irons faire une petite visite dans votre contrée pour voir comment on pourrait régler cette situation. Cela n'enlèvera pas le poids spirituel, bien entendu, mais ce sera un premier pas. Et puis, ça m'aidera à me faire une idée de la personne qui vous a poussé à cet acte."

Il prit alors les mains d'Alecto et les leva à ses lèvres pour les embrasser tendrement, chacune.

"Et dorénavant, je porterai vos pêchés au même titre que vous."

Il entendait par là qu'il partagerait son fardeau. Venant de lui, cela ne voulait peut-être pas dire grand-chose; il avait tellement de meurtres et de désastres sur la conscience qu'un meurtre supplémentaire ne lui faisait pas bien de mal, mais il serait là pour parler avec elle, pour l'aider à surmonter cette culpabilité, et peut-être réaffirmer avec elle son droit au bonheur. Parce qu'une chose qu'il avait bien compris de sa compagne, c'était qu'elle ne se permettait rien, ou alors elle se sentait toujours coupable et indigne, alors qu'elle était beaucoup trop jeune et avait une vie entière devant elle pour être ainsi accablée pour le reste de ses jours.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le lundi 01 juin 2020, 23:14:15
Ce fut bientôt un ras-de-marée. Ses paroles s'envolèrent vite, alors qu'elle se redressait, droite sur lui, dans une position qui aurait pu être extrêmement sensuelle. Si leur conversation ne tournaient pas autour de la Mort, bien sûr.

"J'ai été inculpée pour avoir tué un noble. Les Sœurs et même Père Thorius sont intervenus pour intercéder en ma faveur, lors de mon procès. La Cour s'est montré clémente... Je... J'ai été d'abord condamnée à la prison, jusqu'à ce que Dieu me rappelle à Lui mais... Mais les prisons étaient toutes surchargées, avec la guerre..."

Il fallait qu'elle lui explique. Et tout arrivait dans le désordre, à mesure qu'elle prenait ses mains dans les siennes, entrelaçant leurs doigts avec ferveur, convaincue qu'il saurait comprendre, désormais, après ce qu'il lui avait dit.

"C'était un accident... Il disait que jamais personne ne me croirait ! Qu'il avait des amis haut placé, et que la parole d'une gamine n'était rien face à la sienne !"

Tout cela lui revenait en tête avec brutalité. Que Serenos évoque la possibilité d'intercéder en sa faveur la touchait à un point qu'elle ne pouvait elle-même pas se figurer, mais cela ravivait également des souvenirs enfouis et pourtant si vifs. Cruellement, elle avait besoin de lui dire. De tout lui dire. Il avait parlé d'officialiser son titre, il était attaché à elle avec des sentiments qu'aucun être vivant ne lui avait témoigné. Elle se sentait liée à lui, de manière plus profonde que ses nouvelles fonctions de Compagne. Sa loyauté envers Son Roi, son Roi à elle, devenait primordiale à ses yeux. S'il voulait parlementer avec les autorités qui l'avaient jugées, plusieurs années auparavant, comme on juge des centaines de petits criminels dans des faits divers, il devait savoir.

"Alors l'on m'a vendu afin que je rembourse la dette qui m'avait échue. J'ai survécu grâce à cela... Je... je serai morte en prison."

Elle semblait convaincue, et parlait rapidement. Mais c'était l'empressement de lui avouer toute son histoire qui lui dictait son débit, car la présence réconfortante et hautement protectrice du Monarque avait apaisé légèrement sa panique. Bien qu'encore bouleversée par ce qu'elle déclarait, Alecto fixait le visage du Roi avec des yeux ronds, aux pupilles dilatées, et une expression dévouée.

Non content de faire d'elle sa Compagne, de ne pas l'avoir punie pour s'être introduite dans son bureau, puis le vol de ce si dangereux parchemin, Serenos voulait laver son passé. Cela gonfla son cœur avec reconnaissance. Mais elle continuait.

"Ce qui est arrivé ne pourra être défait, et chaque jour que Dieu me permet de vivre, est une journée où j'ai la chance d'expier ma faute."

Encore bien droite sur lui, le chevauchant sans pourtant y mettre d'allusion torride, l'Esclave revint vers le visage de Serenos, qu'elle admira avec minutie. Le mouvement de sa barbe noire lui plaisait. Les rides d'expression autour de ses yeux lui plaisaient. L'expression à la fois grave et douce de son visage lui plaisait. Le charme bourru du Monarque, qui avec elle était un ange de douceur et de délicatesse, l'emplissait d'affection. Elle vint l'embrasser lentement, intensément.

"Jamais je n'aurais été au service de ma Maîtresse, sans tout ceci. Et jamais je ne vous aurais rencontré. Pour cela, je louerais chaque jour les desseins du Tout-Puissant de m'avoir mise sur votre route, Mon Roi."

Elle avait à peine poussé sa bouche pour parler, soufflant contre ses lèvres, et les parsemant bientôt de petits baisers rapides. Une parole qu'il avait prononcé lui revint en mémoire, et, anxieuse, cilla.

"En quoi... en quoi consiste notre euh... L'officialisation de notre. Relation ?"
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mardi 02 juin 2020, 00:05:39
Elle avait donc pris la vie d'une personne de la noblesse. Bien qu'il ne comprît rien à la situation antérieure à son arrestation, faute d'élaboration sur le sujet et peut-être qu'elle ne voulait simplement pas en parler, il ne pouvait dire si elle avait eu raison de le faire, mais vu qu'elle était bien jeune, il trouva que la Cour, malgré sa clémence de l'avoir épargnée, avait fait preuve d'intransigeance. La plupart des pays infligeait des punitions beaucoup plus rigoureuses lorsqu'une personne de haut rang était impliqué, parce que ces gens étaient parfois de la famille des dirigeants ou d'importants collaborateurs, et les dirigeants étaient réputés pour être des gens démesurés dans leur colère et si, par son acte, Alecto avait affecté négativement l'économie de tout un pays en tuant un homme qui avait un poste important, il y avait effectivement un motif pour un emprisonnement, ou une servitude à perpétuité, mais assurément pas l'esclavage. Même s'il était heureux de l'avoir rencontrée, il ne pouvait pas passer outre ce genre d'injustice. Pour le meurtre, au second ou troisième degré, la loi de Meisa avait une forme de clémence, où la famille du responsable devait payer un prix de sang, ou shangric à la famille du défunt, par défaut s'élevait trois ans de salaire, s'il n'y avait pas de facteur pouvant adoucir la sentence. Il en fallait normalement près de dix pour rembourser la totalité, mais pendant ce temps, l'accusé sentait le poids de sa culpabilité.

Le Roi regarda sa belle, qui était maintenant de nouveau sur lui, assise sur son abdomen. Malgré le sujet assez sombre de la conversation, il ne put s'empêcher de croire qu'elle était magnifique. Loin de la femme immaculée, qui n'avait jamais vu la réalité de ce monde, elle se présentait à lui comme une femme aux épaules extrêmement lourdes. Sa peau, couverte de blessures à divers endroits, était une tapisserie à l'éloge de son calvaire. Certains se demandaient pourquoi le Roi n'avait pas montré tant d'attentions aux femmes de la cour; eh bien, voilà pourquoi. Elles étaient pompeuses, confiantes, sûres de leur propre importance, elles ne savaient rien de la dure vie, elles ne savaient pas ce que c'était de souffrir, corps et âme, de faire des choix difficiles. Alecto était belle, assurément, mais elle était au-delà de belle.

Elle l'embrassa, lui disant ensuite qu'elle était heureuse que le sort l'ait menée jusqu'à lui. Il comprenait tout cela. Il acceptait ce qu'il entendait comme étant la vérité, mais cela ne l'empêcha pas d'être courroucé, et ne l'empêchera pas de vouloir laver l'honneur de sa protégée. De trouver ceux qui lui avaient infligés ces marques et exiger qu'ils expient leurs fautes, eut-il tous les trouver et les punir lui-même. Même si Serenos était un homme doux envers elle, il n'empêchait pas que dans sa haine, il était un homme impitoyable, et il refusait d'accepter que quelqu'un puisse lui avoir fait du mal. Elle avait commis une erreur, et jamais cette erreur permettait à quiconque de l'utiliser comme un objet, encore moins d'exploiter son corps.

Cependant, cette colère s'estompa un peu sous les baisers de sa bien-aimée, et elle lui posa alors une question très pertinente, surtout qu'il avait oublié de le lui en parler lorsqu'il lui avait offert cette position. Le Roi prit une pause pour réfléchir à la meilleure façon de formuler la phrase, avant de regarder Alecto.

"Sommairement, je devrai faire une déclaration publique auprès de ma cour. Vous serez naturalisée en tant que citoyenne de Meisa. Évidemment, cela ne révoque en rien votre droit de résidence à l'étranger, hormis peut-être dans certaines provinces d'Ashnard. Des messagers apporteront la nouvelle dans tout le royaume, et nous devrons également faire une cérémonie d'introduction en votre honneur. Cela veut aussi dire que dorénavant, vous ne serez plus esclave. Je devrai donc rencontrer votre maîtresse actuelle et la dédommager monétairement, si elle décide de faire valoir ses droits."

Il glissa ses doigts sur les flancs de sa belle pendant qu'il parlait, les caressant avec douceur.

"Je prendrai l'entière responsabilité de vous, tant que vous accepterez le rôle de Compagne Royale."

Il se redressa doucement et l'embrassa sur les lèvres, à son tour. Évidemment, il y avait encore beaucoup de choses qu'il aurait voulu lui dire, par exemple la possibilité de rencontrer un prêtre pour qu'il leur donne l'autorisation de faire l'amour sans le péché, ou même la possibilité future de donner des fruits légitimes à leur union, qui porteraient le nom de leur mère plutôt que celui de leur père, mais il était beaucoup, beaucoup trop tôt pour eux de parler de ce genre de sujets. Ils venaient à peine de se rencontrer, et si l'attirance était indéniable, dévorante, même, ce genre de sujets donnaient un sens d'obligation qu'Alecto n'était peut-être pas prête à assumer. Après tout, la compagne était, d'abord et avant tout, une dame de compagnie. La dame de compagnie du Roi de Meisa. Un poste non seulement qui la mettait en plein dans l'œil public, mais qui en plus était envier de beaucoup, parce que contrairement au mariage qui obligerait la Compagne à prendre le titre de Reine et qui, pour ce poste, nécessitait de savoir régner, la Compagne pouvait, à n'importe quel moment, prendre ses affaires et partir à son gré.

"En échange, vous me devrez votre présence, votre tendresse. C'est tout. Il n'y aura aucune dette entre nous. Cependant, je vous préviens, Alecto; ce soir sera la dernière fois que je vous fais la promesse de m'arrêter."

Il lui expliqua ensuite qu'il ne disait pas cela à titre de menace, mais à titre d'avertissement; il connaissait bien ses limites. Ce soir, il s'était arrêté. Il s'arrêterait probablement encore deux ou trois fois, mais tôt ou tard, il allait flancher s'ils continuaient à jouer avec le feu, et il ne voudrait pas qu'elle regrette de lui avoir accordé sa confiance. C'était juste excessivement malsain pour un homme sexuellement actif de s'arrêter ainsi si près de l'orgasme. Il avait l'intention de voir jusqu'où cette relation irait. Peut-être qu'elle ne durera que quelques jours, quelques semaines, quelques mois, mais peut-être encore plus longtemps, et il ne pouvait donc pas simplement lui promettre d'être 'chaste'; il la désirait, et il savait qu'elle le désirait. Un jour, il voudrait être en elle, et elle devait être consciente de cela, et décidé si son rôle, en tant que compagne, inclura ou non cette facette de leur relation.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mardi 02 juin 2020, 19:44:40
Toutes ses informations étaient denses, et la Compagne eut beaucoup de mal à tout assimiler d'un coup. Il lui fallait un long moment, acquiesçant de temps à autre, pour essayer de suivre correctement, l'air concentré, pour rassembler l'ensemble des renseignements et détails au sujet de cette officialisation. Cela mit un moment à ce qu'elle réalise quelque chose qui, dès lorsqu'elle le perçut, fit monter sa tension. Petit à petit, elle se répétait ses mots dans son esprit. Et petit à petit, son visage perdait en teinte. Et petit à petit, elle devenait blême.

Avec la vélocité dictée par un instinct de survie, qui ignore la maladresse ou la timidité courtoise, Alecto se tira ses bras du Monarque, sauta à bas du lit, les iris noires et larges comme une proie acculée. Elle recula sans regarder où elle allait, mettant de la distance entre le Roi et elle, les bras en avant, totalement nue.

"Non ... non, je vous en prie... pas ma Maîtresse !"

Bizarrement, on aurait pu songé que ce fut la précision de Serenos concernant l'avortement frustrant de leurs découvertes charnelles qui aurait pu la faire paniquer à ce point. Mais non. Il s'agissait de ce qu'il avait évoqué avant.
Il voulait rencontrer Thiana Gian, et rencontrer la Sorcière voulait dire qu'elle saurait ses erreurs, ses lamentables échecs d'espionne, sa trahison ! Tremblante comme un pauvre lapereau au bout d'une flèche meurtrière, Alecto se mit à déverser un flot de larmes épouvantée.

"Serenos, Serenos, pitié, ne rencontrez pas ma Maîtresse, ne lui dîtes pas ce que j'ai fait ! J'ai désobéis ! Elle sera tant déçue de moi."

Sa voix était en effet très craintive, mais on pouvait surtout lire la détresse de décevoir sa Maîtresse, de la blesser. Elle allait apprendre qu'Alecto avait brisé sa confiance, en plus d'avoir lamentablement échoué dans sa tache. Elle renifla bruyamment en se laissant désormais totalement aller à ses sanglots. Toute la pression, tout l'amas des sentiments si intenses qu'elle avait ressenti depuis sa rencontre avec le Roi venaient de tous se déverser d'un coup, elle ne contrôlait plus rien.

"Vous allez lui faire du mal !"

Lâcha-t-elle alors, d'une voix forte, presque accusatrice. Les yeux embués de larmes, la Compagne Royale levait toujours les mains comme pour se protéger, ou espérer le protéger, lui, de ses émotions trop fortes. Elle ignorait si la petite marque en croissant de lune sur sa cuisse pouvait jouer un rôle dans cette violence crise d'angoisse, mais c'était comme toute peur, parfaitement irrationnel.

"Vous allez faire du mal à ceux qui m'ont déjà frappé !"

Malgré tout ce qu'elle avait enduré, elle craignait que Serenos veuille faire justice lui-même auprès de ses précédents et abjectes propriétaires. Ils avaient été violents, cruels, pervers parfois. Ils l'avaient traité pire qu'un animal domestique, pour certain. Comparée à eux, Thiana Gian n'avait jamais été cruelle avec elle... Mais même tous ces autres Maîtres, Alecto les souhaitaient en bonne santé, liée par un sentiment d'appartenance inconcevable.

"Ne faites-pas ça, Sire, pitié."

En désespoir de cause, elle s'agenouilla lamentablement au sol en tendant ses mains jointes vers lui, bien hautes, son regard implorant. Ses genoux maltraités par le sol faisaient résonner la brûlure de sa cuisse, piquées tout autour du bandage des stigmates d'anciennes Punitions qu'elle s'imposaient.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mardi 02 juin 2020, 20:44:32
Eh bien, voilà qui n'était pas du tout à l'ordre du jour; sans vraiment essayer, le Roi venait de causer à sa compagne ce qu'il appelait, en bon Meisaen, une crise monumentale de l'angoisse extrême. Oui, le mot extrême avait son équivalent en Meisaen. La voir ainsi alarmée, non pas pour elle-même, mais pour les autres, encore une fois, le prenait parfaitement au dépourvu. Lui qui lui avait dit toutes ces choses, qui ne lui avait démontré que de la tendresse et de la patience, elle se mit à lui crier dessus. Le pauvre Roi éperdu de tendresse et de passion était si confus, à savoir s'il devrait se lancer lui aussi dans des grands éclats, la réconforter ou simplement se taire. Il voulut dire quelque chose, l'interrompre et essayer de la calmer, mais rien à faire; il venait de causer le premier froid dans la première relation tendre qu'il avait formé depuis des années, et ce en moins d'une journée. Par les esprits, je suis vraiment rouillé!, ne put-il s'empêcher de penser. Après, différences de culture et tout.

Elle s'était même arrachée à ses bras, genoux au sol, suppliante et misérable devant lui. Par sa faute. Le Roi regarda sa compagne, en pleine panique, et d'un coup, il savait qu'il n'y avait pas la place pour Serenos l'amant, Serenos le doux; l'homme qui éprouvait une telle émotion, une telle attirance pour cette femme ne ferait qu'envenimer la situation parce qu'il était un homme qui agissait selon son code d'honneur, qui protégeait la dignité des autres sans regard pour sa réputation. Les femmes Meisaennes auraient trouvé ce comportement, cette loyauté, charmante, mais visiblement, pour Alecto, c'était quelque chose de profondément dégoûtant. Fort heureusement pour Alecto, il existait une part de lui, plus froide et distante, qui pouvait gérer cette situation; il relégua le rôle à Serenos le Roi. La tendresse et la douceur du souverain s'évapora complètement de ses yeux.

D'un geste de la main, il fit venir à lui une robe. Enfin, robe, c'était un grand mot, parce que ce n'était qu'un drap tenu en place par une épingle. Il couvrit alors le corps de sa Compagne larmoyante et cacha son corps; s'il devait se comporter en Roi, il ne s'infligerait pas de regarder cette femme dans son plus simple appareil. Le souverain de Meisa se tira du lit, puis agrippa dans une commode une tunique simple, avant de prendre la jeune femme par la main et l'emmener vers la table à thé. Cela faisait un peu moins officiel que la salle du trône, mais c'était quand même plus adapté que son lit, là où il se reposait et, si le destin le voulait, s'adonnait aux jeux de la passion. Il la fit asseoir sur la chaise, puis, comme il ne pouvait pas non plus la laisser comme ça, il fit apparaitre un mouchoir et lui sécha les yeux, avant de le lui donner pour qu'elle puisse dégager son nez. Il resta ainsi, la laissant pleurer jusqu'à ce qu'elle soit plus détendue, l'embrassant d'un bras pour lui montrer son soutien. Lorsqu'elle reprit un peu plus de prestance et qu'elle parvenait à parler sans éclater en sanglots de nouveau, le Roi tira une chaise et se posta devant sa compagne.

"Maintenant que vous êtes un peu plus calme."

Il prit la théière et versa son liquide chaud dans la tasse, près de la jeune femme, toujours calmement. Sa main ne tremblait pas, démontrant cette paix interne.

"Si vous demandez que je n'exécute aucune vengeance contre ceux qui vous ont maltraité, j'y consens. Je ne comprends pas pourquoi ces gens méritent votre bonté, mais je ne la déshonorerai pas."

Il se servit à son tour, prit la tasse d'une main et but une gorgée.

"En ce qui concerne votre maîtresse, j'en déduis que tôt ou tard, vous devrez lui faire face, et que telles que sont les choses, vous la décevrez."

Ce n'était pas une supposition; par les mots qu'elle venait de dire, la jeune femme démontrait clairement qu'elle était horrifiée à l'idée de décevoir sa maîtresse, qu'elle lui était encore loyale et soumise, et donc qu'elle serait, un jour ou l'autre, quelqu'un qu'il devrait gérer. D'un geste désintéressé, le Roi fit apparaitre un parchemin et le posa sur la table, aux côtés de sa compagne.

"Ceci est le traité de mes recherches dans les ruines du Jardin d'Ythlos, au sud du Nexus. Il en contient également des sortilèges de soin, des notes, un brin de ma philosophie par rapport à la magie. Si votre mission était de ramener quelque chose d'importance qui lui permettrait de m'évaluer, ne serait-ce qu'un peu, vous aurez rempli votre devoir."

Devant la jeune femme, Serenos ne démontrait aucune colère. Dans ces gestes, il venait de démontrer à sa compagne qu'il était prêt à sacrifier sa propre sécurité pour assurer la sienne. Le Roi prit une lente inspiration, puis expira, se permettant à nouveau de la douceur, avant de se lever de son siège, se glisser derrière Alecto et l'étreindre avec… non, ce n'était pas de la tendresse. Il y avait quelque chose de plus. Dévouement n'était pas le bon terme non plus. Il y avait bel et bien de l'amour pour elle en lui. Enfin, 'amour' dans le sens qu'il ressentait quelque chose de véritable. Pas au point de la demander en mariage ou de lui promettre tout ce qu'elle voulait, mais au moins, il y avait un véritable fond de sincérité dans ses gestes.

"Est-ce que cela suffit pour ce soir?" lui demanda-t-il calmement. "Je suis… Eh bien, au bout. Tout ce que je désire, Alecto, c'est de vous ramener dans notre lit et de dormir dans vos bras, si vous me le permettez. Sinon… si vous désirez un peu de solitude, je ferai arranger une chambre pour vous. Ne vous méprenez pas; je préfèrerais la première option, mais je comprendrais."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mardi 02 juin 2020, 22:25:08
Devant sa tasse de thé fumante, Alecto a le regard vague. Elle se remet doucement de ses trop fortes émotions, se recroquevillant dans son vêtement de fortune. Ses pensées sont confuses, et elle fixe le liquide dont le parfum lui remonte au nez, en s'essuyant les yeux du mouchoir offert.

Instinctivement, elle vient serrer le médaillon du Sombrechant, comme pour s'assurer qu'il était toujours contre elle, alors que ses yeux encore embués glissent sur le parchemin que Serenos a déposé près d'elle. Immédiatement, Alecto se sent bête. Elle sait qu'elle n'a pas été courtoise envers son Roi, qu'elle a mal réagi. Et elle laisse une moue coupable couper ses lèvres.

"Ils... Ils ne méritent pas ma bonté, ils... ils méritent mon pardon. Que mes offenses me soient pardonnées, comme je pardonne ceux qui m'ont offensé." Souffla-t-elle alors, au risque d'agacer, sans le vouloir, le Monarque, de ses paroles spirituelles qu'il ne comprend pas. Du moins, pour un homme aussi entier que lui, ces concepts semblent douloureux à accepter. Mais c'est somme toute normal... La vraie et normale réaction à tout ceci est un fort sentiment d'injustice, une soif de vengeance, au moins de rendre justice de manière équitable...

Mais la Compagne Royale a été conditionnée et épouse parfaitement les dogmes. Pire, elle semble les vivre quand elle parle. En scrutant d'un oeil morne le parchemin compromettant, Alecto ne peut se résoudre à s'en saisir. A-t-elle réellement envie de transmettre ceci à Thiana Gian ? Qu'en fera-t-elle ? Et s'il lui venait d'en faire mauvais usage ? D'atteindre Serenos via ces informations ?

Non. Elle n'y consens pas. Jamais !
Son cœur se serre.
Elle réalise que prendre le parchemin est l'une des choses les plus douloureuses qu'elle ait à faire. Le doit-elle vraiment ? Est-elle obligée de le faire ? Mais bien sûr enfin, c'est un ordre de sa Maîtresse. Elle lui appartient ! C'est son devoir !
Mais... Mais Serenos a dit qu'elle n'était plus une esclave ici. Qu'il n'y en avait aucun. Qu'elle était sa Compagne, désormais...

C'est trop dur. Elle tend la main en tremblant. Et se saisit de la tasse, buvant à grande gorgée que ce soit bouillant ou non, comme pour noyer toutes ses pensées dans le thé. Une fois le contenant vide, elle la reposa et lèva les mains vers les avant-bras du Souverain des Trois Royaumes.

"Pardon de vous avoir poussé à bout Mon Roi." Sa voix est extrêmement sincère, ce n'est pas qu'une politesse apprise à coup de bâton. "J'aimerais que vous dormiez contre moi... s'il vous plait." Pour toujours faillit-elle murmurer, mais les mots ne réussirent pas à passer sa bouche.

En se redressant de son siège, elle attrapa un pan de sa robe improvisée pour pouvoir marcher sans craindre de tomber, et prit délicatement la main du Roi, se rendant compte à quel point, elle aussi, se sentait épuisée par les trop fortes émotions de cette journée. En entrant dans cette forteresse le matin-même, peu de chance qu'elle ait soupçonné ne serait-ce que la moitié de ce qui venait de se passer.

La Nouvelle Compagne l'accompagna jusqu'au lit, où elle s'installa un peu penaude, mais sans jamais lâcher la main de Serenos, comme si elle craignait qu'une distance le fasse s'évanouir dans la nature. Allongée sur le côté, elle se colla timidement contre lui, la joue sur son épaule, qu'elle embrassa avec une sorte de vénération d'une grande tendresse. Avant de s'endormir, la Domestique chuchote comme un secret, tout bas : "Vous êtes la personne la plus merveilleuse sur cette terre."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mardi 02 juin 2020, 23:13:05
Suivant sa belle jusqu'au lit, le Roi retira de nouveau sa tunique, parce qu'il était hors de question qu'il dorme en étant tout habillé dans son palais et dans sa chambre. Maintenant qu'Alecto était plus sereine, le Roi sembla également se détendre, reprendre ce comportement plus attentionné qu'il avait depuis le début. Il ne manqua cependant pas de dénoter qu'elle l'avait appelé "Son Roi", et il en déduit par cette expression qu'elle n'était pas bien impressionnée. Pas en colère contre lui, assurément, mais peut-être contre la situation dans son ensemble. Le Roi s'allongea dans les draps de satin avec sa compagne, qui le rejoint en se blottissant contre lui, lui disant qu'elle le croyait être la plus merveilleuse personne sur Terra. Un grand éloge, mais peut-être plus représentatif du pardon qu'elle lui accordait et de l'affection qu'ils partageaient que d'un compliment pour le flatter. Le bras du Roi s'enroula autour de la jeune femme, puis il se tourna sur le côté, l'embrassant de ses grands bras, la blottissant contre son torse et la protégeant du monde entier de son aura. Il posa son menton contre sa tête, puis se mit à penser. Et comme tous les soirs, lorsqu'il ne parvenait pas à dormir, il continua de penser, écoutant la respiration de l'esclave qu'il gardait contre son cœur.

Le lendemain matin, Serenos ne fut pas aux côtés de sa compagne lorsqu'elle se réveilla. Marina et sa collègue, cependant, étaient déjà prêtes à lui accorder tous leurs soins, donc dès qu'elle fut réveillé, les jeunes demoiselles à la peau dorée s'empressèrent de la tirer du lit, toujours avec cette même énergie rafraichissante qui leur était propre, pour l'emmener vers la petite table et lui faire déguster son premier repas Meisaen; des œufs brouillés, des fruits, des saucisses, des tartines et du jus de pomme pressée. Elle avait assurément des questions quant à savoir où était son compagnon, mais n'eut comme toute réponse que le Roi s'était absenté tôt dans la matinée et leur avait dit de s'assurer qu'elle était bien soignée. Alors qu'elle mangeait, les servantes lui donnèrent les dernières nouvelles, lui annonçant que le festival des morts approchait, qu'un navire avait été retrouvé naufragé sur l'Ile-des-Sœurs, que le Vicomte de Saffrandris avait annoncé son intention d'épouser la Dame Ellen, l'enfant unique du Seigneur Arangil, de soixante ans sa cadette.

Pendant que la seconde donnait les nouvelles, Marina passait la brosse et le peigne dans les cheveux de la Compagne du Roi, éliminant au possible toutes les petites rosettes du matin, puis, une fois prête, elle l'obligea presque à se lever et la dénuda sans ménagement; les femmes Meisaennes n'avaient décidément aucun intérêt pour ce concept qui était la pudeur. Elle prit alors des mesures pour sa maitresse, avant de finalement aller chercher une autre robe pour elle, cette fois une robe plus normale et simple, qui entourait le torse de la porteuse et prenait avantage de la forme de son corps; comme elle avait une poitrine, la partie supérieure ne tomberait pas quoi qu'elle fasse. Une fois qu'elle fut habillée, Marina lui passa de nouvelles sandales au pied. C'est alors qu'on frappa à la porte. La seconde servante interrompit le flot d'informations pour aller voir qui frappait.

"Oh, oui, bien sûr, monseigneur. Elle est prête, mais nous avons encore besoin de quelques minutes pour finaliser. Oui, c'est sa première nuit ici. Oui, monseigneur, bien sûr."

Et elle referma la porte avant de s'approcher de la Compagne.

"Votre escorte est arrivée, madame."

Ah, tant de choses qui se produisaient autour de la jeune femme, qui devait assurément se demander ce qui se passait. Les jeunes servantes étaient néanmoins dans l'incapacité de répondre, puisque le Roi ne leur avait absolument rien dit d'autres que de s'assurer que la jeune femme serait traitée dignement et qu'elle aurait mangé.  Les petites demoiselles s'empressèrent de lui passer quelques bijoux et de lui donner un peu de maquillage, avant de l'aider à se relever et la guider vers la porte, et l'ouvrit pour elle, la laissant sortir. Pour la rassurer, Marina l'informa que ce ne serait pas ainsi tous les matins, simplement qu'ils agissaient ainsi à la demande du Roi, et qu'il aurait été malvenu de refuser quoi que ce soit au monarque.

De l'autre côté, un jeune homme l'attendait, la tête encapuchonnée. Des traits qu'elle parvenait à décerner, il était un très bel homme. Il était relativement grand, mais pas autant que Serenos. Ses yeux émettaient une étrange couleur violacée, mais elle put noter qu'il n'y avait aucune pupille; cet homme était aveugle, et la peau autour de ses yeux portaient encore les stigmates de ce qui avait dû provoquer cet aveuglement. Il irradiait de lui quelque chose que le Roi n'avait pas; une sérénité complète. Cet homme était visiblement quelqu'un qui, à défaut d'avoir un autre terme, était ce qu'on pouvait appeler 'pur'. En lui, aucune malice, aucun désir; il était simplement présent. Il leva alors une main, l'offrant à la compagne du Roi, pour la 'guider' dans les couloirs.

"Dame Alecto, je suis le Prince Aldericht de Meisa, fils cadet de sa Majesté Serenos de Meisa. Il m'envoie pour vous préparer à la petite fête préparée en votre honneur, ma Dame, et vous présenter notre grande famille, dans l'espoir que vous vous sentiez davantage chez vous. Je me doute que vous avez des questions, et s'il m'est possible d'y répondre, je ferai ce que je peux pour satisfaire vos questions."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 03 juin 2020, 10:24:19
Il avait disparu.
Dans son sommeil, elle avait dû lâcher sa main et... Comme elle le craignait, Serenos n'était plus là. Mais fort heureusement elle avait été accueillie immédiatement par le dynamisme jovial des deux servantes et alors le tourbillon de leurs préparations l'avait entraînée sans qu'elle ne puisse penser à autre chose.

Son premier repas royal la laissa dans un état d'émerveillement. Non pas qu'elle ne mangeait pas à sa faim à l'Auberge, ses années de famine étaient derrière elle fort heureusement, mais la profusion et la qualité des mets furent un délice qu'elle n'avait jamais goûté avant. Cependant, le relevé des dernières nouvelles fut fastidieux, alors qu'elle croquait dans ses tartines, le trop plein d'informations lui fit tourner la tête. Comment faisaient-elles pour réussir à retenir tous ces noms ?!

Une fois habillée, se sentant encore étrange dans ces atours de Meisa, Alecto se retrouva face à un jeune homme mystérieux dont l'allure la fit frissonner, avant qu'elle ne ressente une très étonnante et apaisante sensation en fixant son regard vide. La Compagne fut immédiatement touchée par ce qui se dégageait de lui, et une sorte de pitié compatissante vint la cueillir. Elle cilla en lâchant un hoquet de surprise à ses mots.

"Une ... Une fête ?!"

Elle se reprit immédiatement dans un sursaut, et s'inclina dans un réflexe soumis.

"B... Bonjour votre Altesse. Merci de m'accompagner pour... euh... ma première journée." Elle prit sa main délicatement, intimidée, et la tête effectivement bourrée de questions sans réponses.

Ses pas accompagnèrent donc le Prince dans les couloirs, songeant qu'il s'agissait plutôt d'un labyrinthe, où elle ne réussissait pas encore à se repérer. Elle n'avait jamais, ceci dit, eu un sens de l'orientation très développé. Comment ferait-elle pour ne pas se perdre ? Un instant, la Domestique crut repasser par un corridor menant à la petite Chapelle, mais elle n'en était pas certaine.

L'homme à côté d'elle était donc un des fils de Serenos. Alecto se sentait un intimidée de rencontrer les enfants du Roi, même si elle avait dû se faire à cette idée. Comment cette cécité lui était-elle arrivée ? Naturellement, elle ne parlerait pas de cela. Après une marche en silence, elle prit son courage à deux mains et inspira.

"Il va vraiment y avoir une ... une fête en mon honneur ? Qu'est-ce que c'est, le festival des morts ? Il a-t-il d'autres Compagnes Royales ? Je ne voudrais pas faire d'impair ... Et ..."

Pinçant les lèvres, elle essayait de faire attention où elle posait les pieds pour éviter de tomber, se sachant maladroite. Alecto avait également peur d’assommer de questions son guide, et fit une moue désolée, oubliant assurément qu'il ne la verrait pas.

"... Pensez-vous que je serai acceptée par votre Famille ? Je... je vous promets que je ne veux aucun mal au Roi votre Père." Ajouta la jeune femme un peu vite.

Une de ses plus grandes craintes était que les enfants et la Cour du Monarque la rejettent, et que ces tensions pénalisent Serenos, tout au mieux l'ennuient. Elle souffrirait à coup sûr de le voir regretter son geste, et pour tenter de se rassurer, sa petite main blanche vint caresser son médaillon en respirant lentement pour reprendre son calme. La présence d'Aldericht la rassura, également, sans qu'elle ne puisse expliquer pourquoi, et comment. Peut-être que cette allure encapuchonnée et sereine lui rappelait certains officiants du Temple ? Elle ne saurait le dire exactement.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mercredi 03 juin 2020, 13:53:02
"Il va vraiment y avoir une ... une fête en mon honneur ?
-Oui, ma Dame, répondit-il calmement en lui souriant. Un petit bal pour votre intronisation. Père officialise ainsi votre nouveau statut et met fin aux incessantes requêtes des nobles à ce sujet.
-Qu'est-ce que c'est, le festival des morts ?
-Un festival décrété par le Roi pour célébrer et remercier les gens qui ont quitté cette terre au service de notre pays. C'est la seule fête qui unit réellement les trois royaumes dans les traditions, parce qu'elles honorent également ceux qui sont tombés pendant la Grande Guerre avant l'unification. En Aranie, l'ennemi de l'époque, ont remercie les Aranes qui luttaient pour l'empereur, et ceux qui ont lutté pour le Roi pendant les rébellions.
-Il a-t-il d'autres Compagnes Royales ? Je ne voudrais pas faire d'impair ... Et ...
-Non. Le rang de Compagne Royale était un très vieux titre. Auparavant, la Compagne Royale était l'assistante du Roi puis, lorsque la Reine Ioni II remarqua son infertilité, elle décréta que le Roi pouvait choisir une seule femme dans tout le royaume qui puisse porter les enfants du Roi. Ceux-ci seraient légitimisé. Aujourd'hui, la Compagne Royale est simplement quelqu'un que le Roi veut à ses côtés. C'est une position très privilégiée."

Aldericht était un homme d'une patience quasi-infinie. Devant la nervosité qu'il détectait chez la jeune femme, il lui adressa un sourire chaleureux. Bien qu'il fût aveugle, il pouvait assez bien discerner les énergies autour de lui, et l'aura de la jeune femme parlait pour milles mots. Le Prince ne savait pas pourquoi le Roi l'avait choisie, et comme elle ne questionnait pas la volonté divine, il ne questionnait pas l'esprit de son Père; il agissait souvent comme il le désirait, sur un coup de tête, sans porter attention à s'il risquait de causer des problèmes ou non. Un homme aussi passionné appréciait difficilement que l'on questionne ses raisons, surtout lorsqu'il occupait un poste où, dans la description des droits et privilèges, il était littéralement écrit, noir sur blanc, qu'il n'avait pas à justifier sa pensée. Parfois, il le faisait quand même, mais cela n'arrivait pas nécessairement souvent.

"... Pensez-vous que je serai acceptée par votre famille ? Je... je vous promets que je ne veux aucun mal au Roi votre Père.
-Je ne saurais dire, ma Dame. Cela dépendra de vos envies respectives d'en apprendre plus sur les autres. Pour ma part, je ressens en vous une grande tendresse pour mon père, un souci de lui plaire. Mais je ressens également un conflit entre votre affection pour lui et vos loyautés antérieures. Je sens que vous luttez également pour votre Foi mais, si je puis me permettre, votre Dieu est un Dieu d'amour. Il aime toute sa création. Avant l'écriture du Divinus Publiae, les hommes de foi ne prêchaient que la bonne parole de Dieu; faites le bien et aimez-vous. Ce n'est que plus tard que les Pontifes et leurs Grand Maîtres rédigèrent le Divinus Publiae, criminalisant l'égoïsme et créant le concept de péché.

De la voix d'Aldericht, il y avait une certaine piété et une très grande sagesse. L'homme ne parlait pas comme un orateur devant une foule d'auditeurs crédules, mais comme un guide, un maître qui parlait à une élève. Cela ne voulait pas dire qu'il cherchait à ridiculiser l'amante de son père ou insulter son intelligence ou sa Foi, bien au contraire; Aldericht était un puit de savoir, une personne qui avait passé le plus clair de sa jeune vie à lire, à étudier, à apprendre et à converser. Le jeune prince fit alors un arrêt devant la petite Chapelle, puis sourit avant d'ouvrir lentement la porte. Comment il savait que cette porte était libre? Assurément un secret d'aveugle. Il prit alors la main de la jeune femme et l'invita à l'intérieur, avant de s'approcher de l'autel et de prendre place sur un banc avec elle.

Il joignit alors les mains, à ses côtés, et entama ce qui semblait être une méditation dissimulée comme une prière. Cela veut dire que bien qu'il respecte le rituel pour ne pas intimider la jeune femme, dans son fort intérieur, ce n'était pas la guidance divine qu'il recherchait, mais l'illumination du sage. Il laissa largement le temps à la jeune femme de faire son propre rituel, sans intervenir quoi que ce rituel soit. Si elle tentait de nouveau d'utiliser les chandelles pour se bruler les cuisses, il refroidirait la cire avant même qu'elle ne touche la cuisse de la jeune femme, juste assez pour éviter de vraies brulures, mais assez pour lui causer un inconfort; le prince était un homme beaucoup plus habile que son père à masquer son talent.

Une fois la prière terminée, le prince tourna la tête vers la jeune femme et lui sourit de cet air bienveillant et rassurant qui lui était propre.

"Vous avez une grande ferveur lorsque vous priez." Commenta-t-il calmement.

Il se releva lentement, époussetant ses vêtements, puis il aida la jeune femme à se relever, d'un contact très bref. Le fils du Roi était comme son père, en matière de galanterie; attentionné, polie, mais il y avait un raffinement indéniable et une grande ouverture d'esprit par rapport à la religion qui n'existait pas chez son père. Alors que celui-ci était fermé à toute doctrine religieuse, le prince n'avait pas peur de la Foi, bien au contraire.

Il lui expliqua que selon lui, c'est la Foi, la conviction dans une idéologie qui avait propulsé l'humanité vers l'avant, qu'en Galadie, c'était même cette même piété qui avait encouragé la création des plus beaux et plus grands bâtiments que la Création tout entière n'avait jamais vu. Des cathédrales si majestueuses, si grandioses que les visiteurs, croyant ou non, se sentaient plus humbles devant cette manifestation de la Foi collective. Le prince continua de converser religion avec la jeune femme jusqu'à ce qu'ils arrivent dans une petite pièce. Quelques servantes se tournèrent vers l'homme, et toutes, sans exception, rougirent en détournant leurs yeux.

"S… Seigneur Albericht! L'accueillirent-elles en souriant.
-Mes dames. Je vous présente Dame Alecto, la nouvelle compagne du Roi. Nous venons goûter aux repas et faire la sélection pour la fête de ce soir.
-Mon seigneur! Essayez mes tartelettes!
-Non! Seigneur! Seigneur! Mes petits gâteaux, s'il vous plait!
-Le seigneur goûtera à MES gâteaux, un point c'est tout!"

En bon diplomate, le Prince sourit.

"Il me fera un grand plaisir de goûter à toutes vos recettes."

Se rendant ensuite compte l'impolitesse qu'elles venaient de présenter devant la nouvelle compagne du Roi, toutes ces adorables jeunes femmes aux grands talents culinaires s'inclinèrent avec déférence, toute rouges.

"Dame Alecto, dit l'une des servantes, une jeune demoiselle d'à peine onze ans, en s'approchant avec un petit plateau. Vous voulez bien goûter mes quiches? S'il vous plait!"

Elle lui fit nerveusement la présentation des différentes sortes de quiche qu'elle avait préparé pour elle, avant de déposer le plateau et d'aller se cacher dans les jupons d'une autre cuisinière, qui laissa tomber un soupir.

"Pardonnez-lui, dame Alecto. Elle est enthousiaste, mais malgré son jeune âge, je peux garantir que c'est une excellente cuisinière."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 03 juin 2020, 15:18:24
Cela fait beaucoup d'informations pour une si petite cervelle. La description du Festival des Morts lui fit froid dans le dos, mais une cérémonie d'hommage aux défunts lui sembla être un acte de recueillement juste, et nécessaire... Quant à un bal, en son honneur, ce fut une terrifiante nouvelle. Que faisait-on dans un bal ? Comment devrait-elle se comporter ? Elle espérait ne pas avoir à parler à la Cour, elle qui admirait les Héraults clamant les nouvelles sur la place du Marché, lorsqu'elle tirait le chariot trop lourd de Thiana Gian pour rapporter les provisions...

Ecoutant Albericht avec attention, alors qu'il lui parlait de ce qu'il percevait d'elle et discourait sur la Foi et la théologie de l'Ordre, Alecto ne le coupa en rien, et hocha la tête docilement. Depuis toujours, elle avait l'habitude que l'on pense à sa place, que l'on déclare savoir mieux qu'elle de quoi elle était constituée, et cela ne la choquait même pas.

Se retrouver dans la petite Chapelle la fit cependant se calmer, mais était perturbée de prier à côté du fils de Serenos. Passée cette impression, elle se laissa rapidement totalement absorbée par ses prières, louant intérieurement, avec une puissante dévotion sans borne, le Tout-Puissant d'avoir orchestré sa rencontre avec son Roi si précieux, l'implorant de le protéger et, timidement même dans sa complainte interne, lui demandant de lui adresser des signes, de lui montrer la voie, celle de l'Amour raisonnable mais juste, qui saura satisfaire le monarque.

En présence d'un tiers, loin de n'être qu'en tête à tête avec son Dieu, la Compagne savait qu'elle ne pourrait procéder au Chemin de Rédemption, alors qu'elle en ressentait un puissant besoin. La veille, elle avait poussé Serenos à bout, lui avait crié au visage, et lui avait refusé son corps. Elle l'avait frustré, et pensait-elle, agacé, blessé, déçu et mille autres affreux sentiments dont elle se sentait coupable. L'Esclave ressentait une inexplicable envie d'expier cette faute, de souffrir physiquement des peines qu'elle causait, ou qu'elle croyait causer.

Cependant, c'était un acte entre Dieu et elle, qui ne devait être accompli qu'en privé. Elle se retint, avec maîtrise, visiblement habituée, et résignée.

En sortant, elle prit la remarque du Prince comme un humble compliment, et inclina la tête, touchée.

"Je vous remercie, Votre Altesse."

Cependant, il était encore temps de marcher, et ils reprirent leur déambulation dans les couloirs de la forteresse, immense pour Alecto. Elle épousait certaines de ses idées, et sourit quand il évoqua les grandioses cathédrales, lui rappelant son Temple et même, son modeste monastère. Oh, il n'était pas du tout élégant et travaillé mais... C'était sa Maison.

Les minauderies des servantes, lorsqu'ils entrèrent dans cette pièce où des dizaines de délicieuses effluves se mélangeaient, eurent toute l'attention de la Compagne Royale, et elle observa ce qui se joua devant elle, et les échanges entre les cuisinières et le Prince, toutes soucieuses d'être en meilleure place que leur voisine. Se battaient-elle uniquement pour leurs plats ? Alecto cilla, et essaya de retenir un petit sourire curieux...

Lorsqu'elles s'inclinèrent toutes devant elle, la jeune femme frémit et commença à paniquer. Qu'était-elle censée faire dans ces cas là ? Leur dire de se relever ? Profondément mal à l'aise d'être à cette place, alors que la veille encore, elle s'agenouillait, front contre le sol, face à quiconque.

Étrangement, sans qu'elle puisse l'expliquer, Alecto se sentait cependant moins anxieuse en présence du Prince. Son aura de sagesse sereine devait sans doute déteindre sur elle, songea-t-elle. Et la petite cuisinière qui l'implora de goûter sa création finit totalement par faire disparaître sa crainte. Instinctivement, la Compagne du Roi s'accroupit à sa hauteur, pour lui parler face à son visage, mais elle avait déjà filé se cacher.

L'ancienne Esclave sourit avec tendresse, un peu gênée de l'effet qu'elle faisait.

"Je suis impatiente de goûter un morceau de chacune de tes quiches... Ça sent très bon." Elles l'ignoraient, bien sûr, mais Alecto ne serait pas une Compagne hypocrite, cela pouvait surement se déceler à voir son attitude. Incapable de mentir, et malgré le copieux repas servi dans la chambre du Roi, les parfums des plats lui donnaient l'eau à la bouche.

"Tout à l'air si bon... Vous êtes douées, Mesdames... Je suis impressionnée." Elle l'était d'autant plus qu'elle se rendait compte que ces mets avaient été concoctés à son attention, pour un événement donné en son honneur. Inconsciemment, elle se mit à rougir... "Je... je ne mérite pas autant..." Murmura-t-elle en se redressant, penaude.

Elle se laissa conduire à table où on lui servit de petits morceaux des diverses recettes préparées pour l'occasion, et souffrit alors de ne pouvoir se référer aux regards du Prince aveugle. Elle aurait bien besoin d'indices ou d'indications afin de savoir comment se comporter. A chaque bouchée, Alecto répondait avec franchise, s'émerveillant sans cesse. La cuisine de Meisa était beaucoup plus épicée et parfumée que ce qu'elle avait connu, ou préparé elle-même. De nouveaux goûts flattaient son palais et elle ne pouvait que complimenter, à chaque part, les cuisinières respectives.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mercredi 03 juin 2020, 17:26:32
Au fur et à mesure que les plats défilaient devant elle, les cuisinières écoutaient la jeune femme, flattées de ses compliments et de son humilité, avec attention, mais nulle autant que le prince. La tête légèrement inclinée vers elle, l'aveugle l'écoutait avec une très grande attention et son esprit calculait le temps et le ton de sa voix lorsqu'elle donnait son verdict. Bien sûr, tout était très bon; ces cuisinières ne seraient pas à ce poste si elles ne s'étaient pas démarquées, mais il était important pour lui de savoir ce qui lui plaisait le plus, pour ne serait-ce que savoir ce qu'ils allaient lui servir comme repas lors du bal. Une fois tous les repas goûtés par le Prince et la Compagne du Roi, les cuisinières attendirent leur verdict. Le prince nota la quiche préférée de la jeune femme, ainsi que les desserts, les soupes, les collations, les hors-d'œuvre, le plat de poisson et les breuvages. Parmi les vingt cuisinières, quatre semblèrent réjouies du verdict alors que les autres semblaient non pas déçues ou en colère, mais assurément envieuses. Elles ne le prenaient pas comme une offense personnelle, bien au contraire, mais comme l'occasion de connaître les goûts de cette femme, qu'ils venaient de rencontrer. Tôt ou tard, elles le savaient bien, elles devraient cuisiner de nouveau pour elle et auraient l'occasion de se démarquer. La compétition était visiblement très présente dans la vie de ces femmes, au point qu'elles étaient aussi motivées par le fait d'avoir gagné que le fait de perdre; la prochaine fois, toutes feront de leur mieux pour que la Compagne du Roi apprécie leur repas plus que les autres.

Après que tout cela fut régler, le jeune prince "regarda" la compagne de son père et lui offrit de nouveau son bras, et les jeunes cuisinières lâchèrent des plaintes de protestations, non sans rappeler ces femmes qui fondaient d'amour pour ces bardes itinérants et qui le voyaient accorder de l'attention à une autre. Le prince sembla confus devant cette manifestation de frustration et d'envie; malgré son grand cœur et sa douceur, il ne comprenait visiblement pas l'adoration que lui vouaient certaines dames. Après tout, il ne pouvait voir son reflet dans un miroir pour évaluer s'il était beau ou non. Mais l'attirance de ces dames ne provenaient pas de son physique; c'était juste sa manière d'être, sa galanterie, sa manière polie et toujours propre de se comporter avec les autres. Elles l'adoraient parce qu'il était le concept même du prince de conte de fées, celui-là qui pouvait rendre quelqu'un heureux pour ce jour et toujours.

De cette confusion, Alecto pourrait assurément comprendre qu'il n'avait, contrairement à son père, connu les amours d'une femme, ou d'un homme si tel était sa préférence. Sans être ignare, il émanait de lui une certaine insouciance, un détachement des affaires de la chair et de l'amour dans sa manière trop parfaite de se comporter. Après un moment, il reprit la parole.

"Avant de poursuivre… J'ai peut-être été indélicat plus tôt, ma Dame. Loin de moi l'idée de discréditer votre Foi. Personnellement, je trouve que la piété est une bonne chose. Il n'y a que si peu de livres concernant la religion, et les textes philosophiques semblent toujours favoriser une approche critique. J'espère que vous trouverez dans votre cœur la grâce de me pardonner si je vous ai offensée."

Encore une fois un endroit où le prince se différenciait du Roi; le second ne s'excuserait jamais par rapport à la religion, du moins pas aussi sincèrement que son fils. Serenos n'aimait pas la religion, en raison de son passé et des horreurs qu'il y avait vu. S'il y avait un dieu tout puissant, capable de miracles, comment pouvait-il laisser ces choses se produire sans les arrêter, ne serait-ce qu'en envoyant un de ses messagers pour les intimer de mettre fin aux conflits, ou au pire frapper les belliqueux d'une foudre divine pour punir ceux qui oseraient troubler la paix. Aldericht, pour sa part, n'avait pas connu la guerre.

"J'ai perdu la vue très jeune, voyez-vous. Lorsque ma mère fut assassinée sur ordre de ma tante, Morgiana, les assassins ont également eu l'ordre de nous aveugler, moi et ma fratrie. Je fus le premier, et le seul, à recevoir cette blessure, lorsque père nous porta enfin secours."

Il était remarquable de constater que le prince n'avait aucune haine, ni colère envers son père ou les assassins en parlant de cette histoire.

"J'ai toujours cru que le destin voulait que je perde la vue. Depuis… je vois le monde autrement. Je ne peux m'empêcher de croire, d'espérer que quelque chose avait causé cet événement et que, quelque part dans cette tapisserie qu'est la destinée, peut-être que le fait que je sois aveugle est important pour…"

Et il s'interrompit. Une jeune femme apparut au coin du couloir. Elle s'arrêta à son tour en les dévisageant, avant de s'incliner.

"Seigneur Aldericht.
-Dame Patience, la salua-t-il en retour.
-J'ignorais que vous consommiez les putains de la plèbe, Seigneur.
-Ne soyez pas vulgaire, Patience. Il s'agit de Dame Alecto, la nouvelle com…
-Je sais de qui il s'agit, l'interrompit la femme, avant d'adresser un regard mauvais à la jeune femme. Elle pue la servitude. Aucune prestence.
-Je vous décourage d'insulter davantage la Compagne du Roi en ma présence, Patience. Je peux nettement sentir l'odeur des fermes de votre père sur votre peau. Je crois que vos derniers employés sont partis, non? Je me demande qui doit reprendre le travail à leur place."

La jeune noble ne put contenir sa propre rage et gifla le prince de toutes ses forces. Celui-ci resta de marbre, bien qu'il était évident qu'il n'avait pas apprécié ce traitement du tout.

"Lorsque ma cousine épousera votre frère, vous ferez moins le malin.
-Beaucoup de choses peuvent arriver d'ici là, Patience.
-Et toi!"

Elle pointa la Compagne du doigt, avec un air de dégoût sur le visage.

"Tu ferais bien d'écouter mes avertissements; assure-toi que le Roi soit bien satisfait, car dès le moment qu'il perdra son intérêt, je te renverrai d'où tu viens, petite catin!
-J'en ai assez entendu. Gardes! Escortez Dame Patience hors du palais.
-Je m'en allais, justement. L'air pue la médiocrité.

Et elle cracha au visage d'Alecto, phlegme et tout. Le prince sembla horrifié de ce geste et s'empressa de se retourner vers la compagne de son père, sortir un mouchoir et de lui essuyer le visage, alors que les gardes s'emparaient de Patience et la trainaient hors du palais avec une intransigeance forte. Le jeune homme essuya l'immonde crachat du visage de la jeune femme, puis l'emmena près d'une des plus proches fontaines d'eau potable murales pour y tremper le linge et la nettoyer.

"Je… je suis désolé. J'aurais dû la faire partir plus tôt. Je ne croyais pas qu'elle oserait ce comportement…"

Le prince sembla affolé. Pauvre Alecto.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 03 juin 2020, 19:00:26
Marcher aux côtés du Prince la mettait, sans se l'expliquer, de plus en plus en joie. Sa compagnie était agréable et égale, elle percevait une régularité appréciée dans sa voix, et lorsqu'il s'excusa, Alecto lui sourit, comme s'il pouvait percevoir la douceur sur son visage.

"Vous ne m'avez pas offensée, Votre Altesse, et je vous donne mon Pardon s'il est nécessaire à votre sérénité." Souffla-t-elle pour lui répondre, comprenant peu à peu pourquoi toutes les femmes qu'ils croisaient tombaient en pâmoison devant ce Prince humble et doux. Par rapport à son père, il devait sembler plus facile à vivre à ces dames, et moins bourru peut-être... Alecto n'avait pas vu énormément de mauvais côtés à Serenos, et songeait qu'il était incapable de mauvaises actions, mais Aldericht pouvait assurément faire chavirer le cœur des jeunes filles.

Lorsqu'il lui conta son passé, la Compagne Royale frémit de compassion... Elle trouva cette histoire si horrible que les larmes lui vinrent immédiatement, totalement touchée par l'horreur de cette trahison familiale. Comment pouvait-on ordonner la mutilation d'enfants ? Malheureusement, la réponse était amère... De la même manière que l'on pouvait brûler et violenter un esclave...

Ce fut également la première fois qu'elle eut des informations sur la défunte Reine, dont Serenos évitait de parler... Sans savoir vraiment pourquoi, sa gorge se serra, à l'idée de la profonde peine dans laquelle son Roi devait avoir plongé à la mort de son épouse. Il était évident qu'il lui portait un amour important, puisqu'il ne voulait pas lui en parler. Elle essuya ses yeux d'un revers de main, en silence, et se reprit pour éviter de faire offense au Prince avec ses jérémiades.

Alecto allait lui présenter des condoléances émues, confuse, quand ils furent arrêtés par une femme qui, immédiatement, l’impressionna et l'intimida énormément. Son ton siffla à ses oreilles, et elle resta bouche-bée par cet échange, alors que son premier réflexe avait été de s'incliner face à elle, oubliant son rang. La Compagne fut incapable de parler, les mots étaient bloqués dans sa gorge, coupés par le venin de cette Patience qui l'insultait.

Ce qu'elle redoutait arrivait... Elle ne serait pas acceptée, elle en était certaine... Toute l'affection du Roi n'y ferait rien. Il pourrait taper du poing sur la table, mais on ne pouvait pas forcer la Cour à l'aimer. Et si d'autres Patience s'en prenait au Monarque, ou au Prince, à cause d'elle ? Par sa faute, par sa seule présence aux cotés de Serenos, Aldericht avait été giflé.

Elle aurait dû intervenir. Lui hurler qu'elle n'avait pas le droit de lever la main sur un Prince de Sang ! Mais elle était restée proscrite, les épaules voûtées, le regard fixement soudé sur le sol en signe de soumission. Cette attitude devenue naturelle lorsqu'on la réprimandait. L'instinct de survie. Ne pas parler. Ne pas bouger. Ne pas respirer. Et prier. Alors que cette Dame était raccompagnée vers la sortie, Alecto était trop sous le choc pour faire un geste et s'essuyer le visage. Le fils de Serenos, lui, devait savoir à quoi s'attendre, et s'occupa d'elle avec altruisme, visiblement désolé de la situation.

L'eau fraîche sur sa peau la fit sursauter et s'éveiller. Elle leva immédiatement une main pour saisir le médaillon offert par Son Roi, et posa la seconde sur la marque rouge de la joue d'Aldericht. La Compagne Royale ne donnait pas grand cas de ce qui lui était arrivée personnellement, toutes ses inquiétudes étaient tournées vers l'Héritier Royal, et par extension, le Souverain.

"Oh mon Dieu..." S’apitoya-t-elle. "Je suis désolée, tellement désolée... Je... Vous avez été frappé par ma faute. Vous n'avez rien ? Cela fait mal ?" S'inquiéta la jeune femme avec effroi.

Et dire que cette personne serait, si elle avait bien compris, bientôt la belle-soeur d'Aldericht. Aurait-il à souffrir de cette situation, encore, lorsque cela serait le cas ? Elle avait été capable de violenter un Prince, un Aveugle qui plus est. Alecto ferma les yeux en cherchant à se calmer dans une prière qu'elle souffla à peine, mais que des oreilles plus aiguisées sauraient entendre involontairement.

"Ô Seigneur, avec Ton aide, je veux m’exercer à la douceur dans les rencontres et les contrariétés quotidiennes. Dès que je m’apercevrai que la colère s’allume en moi, je recueillerai mes forces, non avec violence, mais doucement, et je chercherai à rétablir mon cœur dans la Paix. Sachant que je ne peux rien seul, je prendrai soin de T’appeler au secours, comme le firent les Apôtres ballottés par la mer en furie. Enseigne-moi à être doux avec tous, même avec ceux qui m’offensent ou me sont opposés, et jusqu’avec moi-même, ne m’accablant pas à cause de mes défauts. Quand je tomberai, malgré mes efforts, je me reprendrai doucement. Relevons-nous et quittons cette fosse pour toujours. Recourons à la Miséricorde de Dieu, elle nous viendra en aide."

Elle retira sa main, rougissant un peu d'avoir osé toucher le Prince, devenue plus sereine en observant son visage. Avec une extrême délicatesse dans la voix, elle s'exprima posément.

"Son cœur est plein de jalousie et d'orgueil, elle se nourrit de ténèbres, mais un jour, elle verra la Lumière en son âme."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mercredi 03 juin 2020, 20:04:44
Le contact de la main d'Alecto sur sa joue causa une réaction en Aldericht. Il eut à la fois un sursaut et se fit presque violence tant il ne s'attendait pas ainsi à être touché, mais le jeune prince eut surtout une directe impulsion des émotions de la jeune femme; dès que les doigts de la jeune femme le touchèrent, il ressentit sa peine, sa douleur, son angoisse et sa tristesse. Le jeune homme se sentit fléchir dans sa droiture; un besoin presque irrépressible de l'enlacer et de la réconforter le prit. Peut-être était-ce parce que Meisa n'autorisait plus les esclaves, ou parce qu'il n'avait jamais rencontré des gens comme Alecto, mais il n'avait jamais ressenti une telle compassion pour quelqu'un, mais également un tel sentiment de culpabilité; le cœur du prince se mit à battre plus rapidement, et le rouge lui monta aux joues; l'aveugle sentait une timidité étrange lui venir, mais il ne bougea pas.

"Oh mon Dieu... Je suis désolée, tellement désolée... Je... Vous avez été frappé par ma faute. Vous n'avez rien ? Cela fait mal ?
-Oh, ne vous inquiétez pas, Alecto. Patience a toujours eu mauvais caractère. Je la connais depuis que nous sommes très jeunes, voyez-vous. Depuis que sa famille est tombée en déchéance dû aux erreurs diplomatiques commises par son père, celui-ci a tout tenté pour que sa fille finisse dans le lit d'un membre de la royauté. Mon père a une réputation, voyez-vous; parce qu'il est simplement incapable de délaisser ceux qui appellent à l'aide, il met souvent tout de côté pour se précipiter à l'aide des gens, et plus souvent qu'autrement, ces gens sont des femmes. Du coup, des rumeurs lui attribuent de nombreuses partenaires, mais je vous assure; mon père n'est rien s'il n'est pas au moins honorable. Patience avait espoir que ces rumeurs soient vraies et que Père la prenne dans son lit. Elle aurait pu ainsi gagner ses faveurs et ramener sa famille dans le giron royal.

La jeune femme l'écoutait, il le savait, mais elle ne put s'empêcher de faire une prière. Pour quelle raison, il l'ignorait, mais il ne l'empêcha pas de le faire, parce que cela lui permettait de conserver ce contact un peu plus longtemps et d'analyser, avec son esprit d'homme supposément sage, la raison de cette excitation en lui. Il comprit alors qu'il y avait une forme de compatibilité spirituelle et émotive entre eux, et que cela l'attirait. Cependant, le prince était un homme de raison, donc il rejeta cette émotion avec la fermeté de l'ascétique. Le contact prit fin, et il se contenta de sourire, le rouge qui avait enflammé ses joues s'estompant naturellement et simplement.

"Son cœur est plein de jalousie et d'orgueil, elle se nourrit de ténèbres, mais un jour, elle verra la Lumière en son âme.
-Peut-être bien. Cependant, mon père m'a toujours enseigné une chose, et ce depuis que je suis petit; ne jamais sous-estimer une femme en colère. Malgré la déchéance de sa famille, elle reste la cousine d'une des fiancées potentielles de mon frère, Grymauch, le Roi-Servant, et on dit que leur lien est fort, donc elle cherchera sûrement à nous tourmenter d'une manière ou d'une autre. Pour ce qui est de mon frère… eh bien, je déplore qu'il ne cherche pas une épouse d'amour, mais selon lui, le devoir d'un souverain à en devenir n'est pas d'être heureux, mais d'assurer l'avenir du royaume.

Il lui expliqua ensuite que, dans la fratrie, il était le quatrième prince, et le second fils de Serenos. Grymauch, l'ainé, était celui que le Roi avait désigné comme son successeur s'il devait lui arriver malheur ou s'il venait à abdiquer. Grymauch ne possède pas le don de la magie, ce qu'il palie avec une grande force physique qu'il héritait de la lignée de leur mère. Sa sœur ainée, Meredith, était maintenant Duchesse d'Anlevi aux côtés de son mari, Emtri d'Anlevi, donc l'une des plus puissantes femmes de la noblesse des trois royaumes, puisque le domaine d'Anlevi occupait une grande part de la côte, au sud-ouest du pays, et possédait une puissante armada. La seconde sœur, Nenneli, avait épousé le Général Raphaëlle, et toutes deux vivaient au palais, dans une relation aussi chaotique que farouchement amoureuse, aux yeux du prince.

"Le Roi a d'autres enfants. J'ai un frère benjamin, mais il… enfin. Il a trahi. Pour ce qui est de ma dernière sœur… Je préfère ne pas parler en mal des gens, mais disons qu'elle vit dans un hédonisme que je n'approuve pas."

Sans être religieux, Aldericht ne pouvait s'empêcher de désapprouver de sa sœur, Laurianne, connue également sous le nom d'esclave de Shion.

"Ma demi-sœur a été longtemps une esclave avant qu'elle ne nous soit ramenée. Elle en a gardé de graves séquelles, dont des besoins qu'elle… ne peut satisfaire elle-même, si vous comprenez."

Il entendait évidemment qu'elle avait été traitée comme une esclave sexuelle pendant si longtemps que cela avait affecté sa méthode d'interagir avec les autres. Il lui expliqua que Laurianne ne faisait confiance qu'à ceux qui partageaient sa couche. Selon Aldericht, c'était la seule manière pour elle de 'sentir' les gens, de les connaître, mais cela impactait négativement sur sa relation avec le reste de la famille, puisque la seule manière que Serenos pourrait la réintégrer à leur famille était de s'adonner aux choses de l'amour avec elle, et qu'il refusait obstinément. Lorsqu'elle était arrivée en Meisa, la princesse souffrait de crise d'anxiété et avait des comportement auto-destructeurs, au point de se griffer la peau jusqu'au sang, jusqu'à ce qu'elle finisse par séduire l'un de ses gardes et le convaincre de coucher avec elle.

Loin d'être interdit dans les Trois Royaumes, l'inceste restait néanmoins une pratique à laquelle le Roi ne souhaitait pas s'engager. Les mariages entre frères et sœurs ou entre des cousins était légal, voire même encouragé par la tradition, ne serait-ce que pour garantir la pureté de la lignée, mais le souverain n'y voyait qu'une tradition stupide qui encourageait des hommes à former des harems dans leur propre lignée, ce qu'il n'approuvait pas. Et malgré son pragmatisme habituel, même pour assurer la cohésion de sa famille, le Roi avait, jusqu'à maintenant, toujours refusé ce genre de relations avec Laurianne.

"J'ai espoir que, peut-être, vous parviendriez à aider Laurianne, un jour."

Le jeune prince était donc au courant qu'Alecto était une esclave, et visiblement, cela ne le dérangeait pas du tout.

Après que la Compagne Royale se fut proprement nettoyé le visage, le prince l'invita de nouveau à le suivre, s'engageant dans les jardins royaux. Des enfants y couraient joyeusement en riant et en jouant ensemble, des petits et des grands. Alderich lui expliqua que le banquet aura lieu dans les jardins, pour profiter de la chaleur de l'été, puisque l'automne approchait bientôt et que cette opportunité ne se reproduira pas.

"Vous serez assise au côté du Roi, mais vous n'aurez pas à faire de discours. Cette fête est simplement pour vous introniser, et que les gens, les nobles comme les employés, reconnaissent votre visage. Nous aurons un bal et… oh, savez vous danser, ma Dame?"
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 03 juin 2020, 20:58:38
Elle nota mentalement les informations sur Patience, soucieuse de cette femme qui était visiblement jalouse d'elle... Cela lui sembla étrange. Elle était jeune, élégante, elle avait le port noble... Mais Serenos ne l'avait pas accepté dans son lit. Il lui sembla plus attirant de s'ébattre avec une femme ayant le caractère sulfureux de Patience, que se voir frustré par les valeurs pieuses qu'il rejetait, comme elle.

Cependant, le coeur avait ses raisons... Elle ne doutait pas des sentiments d'affection que lui vouaient le Roi, mais ne tirait de cela aucune vanité, aucun orgueil. Elle ne jugeait pas cette femme qui rêvait d'une meilleure condition, et voulait prendre sa revanche sur la vie. Vis à vis du Prince, comme de la Compagne Royale, c'était cette femme qui était le plus à plaindre, assurément. Elle vivait dans la rancœur et la haine.

Le détails de la fratrie fut compliqué à saisir dans son intégralité. C'était dense, pour elle, elle devait apprendre beaucoup de choses, de noms aussi, en si peu de temps... Et si elle faisait une erreur de prénom ? Ou un scandale diplomatique ? Une erreur d'étiquette ? Tout ceci était très difficile à gérer, des sentiments contraires l'assaillaient. L'Esclave avait tantôt envie de fuir, tantôt de se cacher sous un lit, et tantôt d'affronter tout ceci pour rendre fier son Roi. Et le Prince, également. Il lui semblait important, désormais qu'elle le connaissait un peu, de ne pas le décevoir non plus.

Le passage sur sa demi-sieur la fit frémir, et encore une fois, ses émotions s'exprimèrent par des larmes qui montèrent à ses yeux clairs. Aldericht lui avoua qu'il espérait qu'elle puisse venir en aide à Laurianne, et immédiatement, Alecto acquiesça, vivement. Elle était prise d'une puissante compassion pour cette jeune femme, bien qu'elle l'effraie, à vrai dire, sans doute à cause de cette liberté sexuelle qu'elle devait déployer. Elle ignorait comment elle pourrait apaiser son âme, et d'autant plus si la fille bâtarde de Serenos refusait de lié contact avec quelqu'un avant de la posséder intimement. Confuse, elle se devait cependant d'essayer de l'aider, déclara, avec une conviction propre aux religieuses.

"Je vous en donne ma parole, Votre Altesse."

Mais vint alors les explications quant au bal en son honneur. Elle s'immobilisa en entendant ces détails, prise de panique. Son regard chercha à droite et à gauche une échappatoire, même si était hors de question qu'elle quitte son Roi. C'était un réflexe. Alecto devint blême, et balbutia.

"D... Danser ?" Elle savait très bien rester assise, discrète, presqu'invisible, aux côtés des grands de ce monde. Elle ferait une très plaisante tapisserie, un charmant pot de fleur qui décore agréablement et met en valeur un bel homme. Elle avait été rassurée de n'avoir pas à déclamer de discours mais...

"Je ... euh. Hé bien. Non. C'est que... Je n'ai jamais eu... Jamais eu vraiment à le faire." Qui aurait appris à danser à une Esclave ? Elle savait servir les boissons, verser le vin avec élégance, proposer des collations, s'incliner devant chacun des invités illustres d'une grande maison. Elle savait se taire et ne jamais s'opposer lorsqu'un invité libidineux la tripote, ou acquiescer docilement quand on lui ordonne de retirer ses vêtements et de servir de tabouret... Mais... Mais danser ?!
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mercredi 03 juin 2020, 21:26:14
Elle lui admit ne pas savoir danser, et donc le prince se gratta la tête un moment.

"Mmh… bon. Venez avec moi."

Le prince l'emmena de nouveau dans le palais. Suivant les couloirs pendant quelques minutes, ils débouchèrent bientôt sur une petite pièce. De nombreux instruments y étaient disposés, avec une petite piste de danse et une grande fenêtre transparente.

"La danse, expliqua-t-il, est un art qu'il vous faudra apprendre, au moins un peu."

Le prince leva les mains et les instruments se mirent à jouer tout seul au rythme d'une composition (https://www.youtube.com/watch?v=mdkWFPrrZVQ) que la jeune femme n'avait assurément jamais entendu, puisque le prince aveugle était le compositeur et seul interprète connu de cette chanson, et elle-même n'était possible que parce que le jeune prince était si habile avec la magie qu'il n'avait pas besoin de savoir comment jouer.

D'une main, le prince prit celle de la jeune ingénue, puis l'autre se posa au creux de son dos, entre ses omoplates, alors qu'il l'incitait à placer la sienne sur son épaule, maintenant une distance entre leurs corps.

"Il y a trois façons d'approcher un homme ou une femme dans les bals. Cette posture que nous adoptons, nous l'appelons le 'diplomate'. Lorsqu'un étranger vous aborde, ceci est le contact jugé courtois et décent. Ensuite, nous avons la danse dite 'rapprochée', que nous exécutons avec ceux que nous connaissons, tels nos amis et notre famille."

Pour illustrer la chose, il baissa le bras jusqu'à environ le milieu du dos de la jeune femme, réduisant la distance entre eux de quelques centimètres.

"Et finalement, pour que vous sachiez comment vous placer avec le Roi… Vous enrouler votre bras gauche autour de son cou, et vous éliminer la distance. Évidemment, cette proximité rend la danse un peu plus difficile, mais pour que vous ayez au moins l'habitude, nous pratiquerons cette danse dans le style amant, pour éviter que vous ne vous prenez les pieds."

La main du prince se posa sur la hanche de la jeune femme, l'enserrant doucement contre lui, mais son regard ne trahissait aucune intention malhonnête. Au contraire, son corps était parfaitement droit, altier et honorable, mais comme il le disait; dans cette position, il était difficile de danser, et de ne pas se sentir dans quelque chose de très intime. Le jeune prince entama alors de lui enseigner comment danser, la reprenant souvent et l'aidant à se corriger. Le prince et la nouvelle compagne se prirent régulièrement les pieds, malgré l'adresse du prince, tombant souvent au sol ou se marchant sur les pieds, mais plus ils pratiquaient, plus le mouvement devenait simple à suivre. Puisque c'était une danse en huit pas, une fois le rythme appris, il était facile de suivre les pieds de celui qui tenait le contrôle.

Après deux petites heures de pratique, le Prince se montra satisfait.

"Parfait. Pour le reste, je ferai une recommandation au Roi de vous enseigner d'autres danses. Malgré son apparence un peu… rustre, mon père est un excellent danseur."

Le jeune homme regarda dehors après un moment, remarquant bien vite l'heure.

"Oh, il est bientôt l'heure du goûter. Je peux vous escorter jusqu'au Roi, si vous le désirez, votre Grâce."

Marquant une pose et remarquant que cela devait être curieux pour la jeune femme de se faire appeler ainsi, le jeune prince étira un sourire.

"La Compagne Royale est une Dame de la cour. Il est coutumier de s'adresser à elle avec ce titre. Si quelqu'un ignore votre nom, c'est ainsi qu'ils s'adresseront à vous, sinon, ce sera ma Dame ou votre nom, Alecto."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le jeudi 04 juin 2020, 00:30:34
La danse était un art qui nécessitait grâce et tempo, deux qualités qu'Alecto ne possédait pas, et n'avait jamais appris. C'était notamment inutile au Monastère, et personne n'avait jamais jugé bon d'enseigner à une esclave comment suivre un rythme et exécuter des pas sur une mélodie.

La musique qui résonnait dans la petite salle était étonnante et entraînante, et Alecto y mit une bonne volonté persévérante. Elle voulait que Son Roi soit fière d'elle, et surtout, ne pas lui faire honte lors du bal... Elle craignait que tous les regards soient tournés vers ce nouveau couple. Et si elle lui marchait sur les pieds ? Et s'ils tombaient ?
Elle avait plusieurs fois entraîné son fils dans sa chute maladroite, étant gauche de nature, et souvent intimidée par le contact rapproché.

Mais à chaque échec, la Compagne Royale se relevait, malgré les bleus ou les courbatures. Elle fit preuve d'une détermination sans faille, et aurait été prête à s'entraîner, sans manger ou dormir, jusqu'à maîtriser au moins les bases, et ne pas couvrir de honte son bien aimé Monarque.

L'attitude du Prince était en tout point exemplaire, et Alecto songea que Serenos pouvait être extrêmement fier de son fils cadet. Elle ne put s'empêcher de se dire, pendant qu'il redoublait de pédagogie pour lui enseigner comment se comporter correctement, et lui donner les bases du protocole, qu'il ferait sans doute un très bon roi. De son point de vue, toujours.

Elle rougissait à chaque fois qu'il usait de titre et d’appellation pour la nommer. C'était comme prononcer le prénom de Serenos, pour Alecto : c'était compliqué, et presque incongru... Elle espérait réussir à se contenir et ne pas trembler face à la Cour, au bal mais... Rien que d'y penser, elle frémissait d'angoisse.

Cependant, lorsque le fils évoqua le Roi, la Compagne se sentit davantage en possession de ses moyens. Passer autant de temps sans le voir l'avait peiné, elle devait l'avouer, mais elle avait eu trop peur de poser des questions idiotes, ou impolies, se contentant d'attendre, avec impatience certes, que le Souverain des Trois Royaumes soit de nouveau disponible pour elle. La perspective de le retrouver illumina son visage d'une aura de contentement, et d'émotion.

"Oh... Oui ! Avec plaisir !" Elle avait parlé avec un peu trop d'enthousiasme et pinça les lèvres. "Je veux dire... euh... S'il vous plait, Majesté."

Elle se frotta la hanche, qui avait plusieurs fois embrassé le parquet, dans leurs chutes répétées, et suivit Aldericht en trottinant presque. Elle avait hâte de lui montrer ses progrès en danse, et le complimenter pour la si bonne éducation qu'il avait donné à son second fils. Cependant, une question lui brûlait les lèvres, et elle ne put s'empêcher de la lui poser, pendant qu'ils marchaient.

"Excusez ma curiosité, Prince Aldericht mais... Quel genre de père est le Roi ?" Mais cette interrogation en entraînaient mille autres, qu'elle essaya de contenir.

"Quels sont ses goûts ? Si... s'il me venait l'envie de lui faire un présent... vous... vous voyez ?" Rougit-elle alors, gênée de devoir avouer son souhait de témoigner au Monarque son affection par un cadeau. "Un Roi possède tout ce qu'il veut..." Murmura Alecto, avec une moue déçue. Quoi qu'elle choisisse, il lui semblait que Serenos aurait déjà cent objets identiques, et de bien meilleure facture que ce qu'elle pourrait espérer acheter, ou plutôt, troquer dans son cas, puisqu'en tant qu'Esclave, elle n'avait jamais gagné une seule piécette.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le jeudi 04 juin 2020, 03:48:10
Décidément, le Roi avait fait fort impression sur la jeune femme; elle qui était à deux doigts de pleurer plus tôt, dès qu'il lui proposa d'aller voir son compagnon, son visage s'illumina comme si on venait de lui injecter une dose de vie, même au point de littéralement reprendre des couleurs.

"Excusez ma curiosité, Prince Aldericht mais... Quel genre de père est le Roi ?"

Voilà une question que le prince ne s'attendait pas à entendre.  Le prince marqua une courte pause, réfléchissant à la réponse qu'il pourrait bien lui donner. Comment dire.

"Je ne crois pas qu'il ne soit juste ni équitable de parler de mon père en tant que Père. Il n'a pas eu la chance d’être celui qu'il aurait pu être."

Il préférait ne pas lui faire la longue histoire, mais il était clair que leur relation, si elle était teintée de respect et de loyauté, n'avait pas cet amour que les enfants pouvaient parfois nourrir envers leurs parents. Une mère morte, un père constamment absent ou occupé, qui avait formé la plus grande annexation de l'histoire en une guerre de dix ans, ce n'était pas le milieu idéal pour donner à ces enfants la vie de famille qu'ils auraient voulu. Bien que Serenos leur est aussi dévoué qu'il le pouvait, cela ne pourrait jamais remplacer ou corriger l'absence qui leur avait infligé pendant plus de vingt ans.

"Quels sont ses goûts ? Si... s'il me venait l'envie de lui faire un présent... vous... vous voyez ? Un Roi possède tout ce qu'il veut..."
-Hm… -il prit un moment pour y penser- Père est un homme qui valorise les actes et les intentions plus que le matériel. Quelque chose qui démontre votre dévouement, par exemple. Ou un objet fait à la main."

Il pointa d'un index le collier qu'elle portait au cou, celui que le Roi lui avait offert. Pas besoin d'yeux pour pouvoir le percevoir; il y avait une telle aura magique rattaché à cet objet qu'il ne pourrait pas le manquer même s'il essayait. Par ce geste, il lui démontrait qu'un objet n'avait pas besoin d'avoir une valeur monétaire conséquente pour faire plaisir à celui qui le recevait, et c'était d'autant plus vrai pour un homme qui avait les ressources nécessaires pour posséder ce qu'il voulait. Le prince regarda la jeune femme et leva une main pour lui caresser gentiment la tête, comme un père l'aurait fait pour sa fille nerveuse, ou un grand frère pour un membre de la famille. Il comprenait un peu ce qui avait motivé son père à la prendre sous son aile; elle était réellement difficile à ne pas adorer. Décidément, ces esclavagistes passaient à côté de quelque chose en réduisant ces gens en esclavage et en les maltraitant plutôt que leur montrer de la tendresse. Après quelques moments de tendresse, le prince s'arrêta devant une porte avant de la pousser.

De l'autre côté se trouvait une terrasse, bâtie en hauteur, avec une vue toujours magnifique sur la ville, mais plutôt que de voir la mer, de ce côté, on y voyait les montagnes et, là-bas, tout au loin, on y voyait la Forêt Sombre, le territoire central, et surtout une nation indépendante où la plupart des non-humains s'étaient réfugiés après des siècles de persécution par les prédécesseurs du Roi. Parlant de celui-ci, il était bien là, les mains posées sur la rambarde, à profiter de l'air vivifiant de l'après-midi, regardant la beauté du paysage.

"Père."

Le Roi se tourna alors et étira un sourire.

"Aldericht, mon garçon!"

Il s'approcha de son enfant et lui serra le bras avec affection.

"Je te remercie d'avoir tenu compagnie à Alecto, fils.
-Ce fut un grand plaisir, père."

Avec une brève révérence, le prince abandonna le Roi et sa belle. Si le roi avait voulu rajouter quoi que ce soit, le fils ne lui en laissa pas l'occasion, lui tournant le dos et disparaissant derrière la porte. Le Roi attendit qu'il soit hors de vue, toujours souriant, lui agitant la main. Une fois disparu, Serenos soupira de découragement, avant de lever les yeux vers sa belle et lui prendre la main pour la rassurer.

"J'ai tenté de vous réveiller, ce matin, mais vous dormiez si profondément et paisiblement, je n'ai pas eu le courage d'insister."

Il l'attira doucement vers lui, posant un baiser contre son front, et l'enlaça dans un geste très tendre, comme il lui en avait accordé la veille. Il la guida ensuite vers l'herbe dense qui poussait sur la plateforme, et s'allongea avec elle.

"Le dîner n'arrivera pas tout de suite, mais nous pouvons profiter du soleil à deux. Dites-moi comment vous avez trouvé votre vie au palais? Vous avez eu la chance de goûter aux repas? Et mon fils? Oh, il est intelligent, n'est-ce pas? C'est un très bon garçon!"

Le père semblait vouloir parler d'elle, mais aussi en savoir un peu plus sur son enfant et avoir l'avis de sa Compagne le concernant. Décidément, ils n'étaient pas proches du tout, et cela leur pesait à tous les deux. Mais les familles royales étaient souvent très dysfonctionnelles, surtout dans les royaumes où les princes héritiers étaient décidés selon leur ordre de naissance, surtout dans les cas où un savait très bien qu'il serait un meilleur souverain. En Meisa, personne ne s'opposait au choix du Roi; Grymauch était un homme solide, avec une ouverture d'esprit qui pousserait les Trois Royaumes vers le progrès, mais suffisamment conservateur pour ne pas agir impulsivement et sans réfléchir aux conséquences. Mais tout cela devait assurément dépasser Alecto, et le Roi la regarda dans les yeux.

"Je suis très content que vous soyez là. J'avais hâte que nous soyons réunis."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le jeudi 04 juin 2020, 09:26:45
Alecto avait été touchée par les mots du Prince concernant son père, soucieuse d'avoir posé une question indiscrète, et même maintenant qu'elle le réalisait, impolie. Cela semblait évident, un Roi avait peu de temps à consacrer à sa famille, et elle venait de faire un impair, craignant d'avoir blessé Aldericht, ou avoir ravivé des souvenirs désagréables.
Manquer d'un parent, des deux pire encore, était une déchirure pour un enfant... Alecto en avait souffert elle-même, bien qu'elle n'ait jamais connu ce qui se rapprochait de près ou de loin à un sentiment filial avec quiconque, élevée dans son Monastère.

Elle avait ensuite marché en tenant fermement son médaillon, comme le lui avait suggéré le Prince, Serenos apprécierait un présent personnel, et cette question la tracassait et elle y songeait en parcourant les couloirs auprès du fils du Roi. La rencontre entre père et fils la laissa intriguée... Il résidait une froideur qui la dérangea, ou du moins, une distance qu'elle n'imaginait pas possible lorsque l'on avait la chance de pouvoir prendre un membre de sa famille dans les bras. Naturellement, elle pouvait comprendre que cette relation était très particulière et devait être teintée de ressentiments des deux côtés.

Elle ne sut expliquer pourquoi, mais la Compagne se sentit moins crispée lorsque Aldericht eut quitté la pièce, tant la tension entre les deux hommes paraissait l'atteindre. L'étreinte de Serenos fit disparaître totalement ce sentiment, et elle s'allongea contre lui dans l'herbe avec délice. Le soleil sur sa peau était agréable, et elle prit un instant pour observer le ciel en inspirant profondément d'aise.

"Je trouve que votre fils est un homme humble et sage."

Fit-elle en se tournant sur le côté, pour s'approcher de lui, et en admirant son visage où jouaient les rayons du soleil, Alecto perdit le fil de ce qu'elle voulait lui dire. Il lui avait tant manqué... Et pourtant, ce n'était pas des semaines entières séparée de lui, non. Mais l'image de son visage avait hanté sa rétine dans l'espoir de rapidement avoir la chance de passer du temps avec lui.

Elle s'en voulut presque d'avoir autant dormi ce matin, et de n'avoir pu le voir avant qu'il n'ait à quitter sa chambre.  Timidement, elle glissa ses doigts entre les siens, et les serra comme pour s'assurer qu'il ne disparaîtrait plus jamais ! Son regard clair s'attacha à parcourir chaque trait de son faciès, et elle s'émerveilla de retrouver l'odeur envoûtante de sa peau.

"Ce palais est si grand... j'ai peur de m'y perdre. Mais les plats que j'ai goûtés étaient... Oh Serenos, c'était délicieux ! Ces épices sont si étranges, oh ! Et j'ai goûter un sorbet aux oranges, c'était la meilleure chose que j'ai jamais mangé, si froid !" Elle frissonna encore à y songer, mais affichait un visage surexcité d'un enfant.

Elle écarquilla alors les yeux avec empressement et enchaîna immédiatement.

"Oh ! Et je sais danser Sire !" Alecto calma son enthousiasme avec une moue désolée. "Enfin, je... un peu."

Elle se redressa avec une petite grimace douloureuse, la peau brûlée à la cire la tirant dans ces mouvements, mais n'y faisant pas attention. Complètement debout, elle le regarda en contre-bas, et tendit la main, le visage rayonnant.

"Je vais vous montrer." Et rectifia en rougissant. "Euh... s'il vous plait que je vous le démontre, bien sûr."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le jeudi 04 juin 2020, 16:28:32
"Je trouve que votre fils est un homme humble et sage."

Cela sembla plaire au Roi d'entendre des compliments au sujet de son fils. En raison des tensions qui régnaient dans la famille, Serenos n'entendait pas beaucoup de choses de ses enfants, et ceux-ci avaient grandi à devenir, pour la plupart, des adultes responsables, indépendants. Ses filles lui avaient pardonné son absence, surtout que, depuis qu'elles ont-elles-mêmes des enfants, elles ont perdu la motivation de leur rancœur, soi-disant que depuis la naissance ou l'adoption de leurs enfants, elles ne voulaient pas d'une famille brisée. La maternité leur avait donné une grande sagesse.

Sentant ses doigts se mêler aux siens, le Roi sourit et referma une légère étreinte sur eux.

"Ce palais est si grand... j'ai peur de m'y perdre. Mais les plats que j'ai goûtés étaient... Oh Serenos, c'était délicieux ! Ces épices sont si étranges, oh ! Et j'ai goûté un sorbet aux oranges, c'était la meilleure chose que j'ai jamais mangé, si froid !"

Même si elle ne pouvait le constater, Serenos prenait en note tout ce qu'elle lui disait. Il se dit que lui assigner une escorte, du moins pendant les premiers temps, lorsqu'elle se déplacerait sans lui pourrait au moins faciliter les déplacements pour elle. Il se souvenait très bien des premières semaines, lorsqu'il visitait le grand Palais des Anciens et la Citadelle; il n'arrivait jamais à trouver l'endroit où il voulait aller, c'était d'un frustrant. Cela étant, il était le Roi, donc pour lui d'avoir une escorte était quelque chose de normal. L'habitude et les déplacements réguliers l'avaient aidé à prendre ses repères et maintenant, il marchait dans cet énorme labyrinthe sans le moindre problème. Il était également content de la voir aussi enthousiaste par rapport à la cuisine Meisaenne, et ne put s'empêcher de sourire quand elle lui parla des sorbets. Une autre merveille de la magie, surtout dans un pays à la température aussi chaude que Meisa; refroidir les choses. Quand on parle de 'magiciens dans la cuisine', c'était d'autant plus vrai pour les Trois Royaumes; les magiciens y sont souvent employés grâce à leurs talents culinaires et magiques. Et ils aident énormément lors de la préparation des repas pendant les festivités; en moins de vingt minutes, et sans trop d'effort, un magicien peut cuire magiquement suffisamment de nourriture pour un banquet.

"Oh ! Et je sais danser Sire ! Enfin, je... un peu."

Le Roi ne put s'empêcher de sourire devant l'engouement de sa belle. Pendant un long moment, il craignait que sa journée ne se soit mal passée. Le Roi serra gentiment la main de sa compagne et se redressa 'avec son aide', bien qu'il fût tout à fait capable de se relever de lui-même.

"Je vais vous montrer. Euh... s'il vous plait que je vous le démontre, bien sûr."
"Vous savez, vous n'avez pas à vous excuser de votre enthousiasme et vous reprendre. Je ne vous pense pas capable d'être capable d'impolitesse volontaire."

Il sourit néanmoins et se laissa entrainer dans une valse, un brin surpris lorsqu'elle épousa son corps du sien et l'entrainait dans la danse, surtout dans la position la plus intime de cette variation de la danse. Il se posa la question, un moment, pour savoir si elle avait déjà eu un amant auparavant qui lui avait enseigné cette dance, mais finalement, il s'abstint de poser la question; était-ce vraiment si important, si cela lui faisait plaisir? Il commença donc à danser avec elle au rythme de la musique imaginaire, enroulant son bras autour de la hanche de sa belle, corps pressé l'un contre l'autre, le cou baissé pour la regarder dans les yeux.

Aldericht n'avait pas menti au sujet du talent de danseur du Roi; chaque mauvais pas, chaque fois qu'elle semblait s'apprêter à faire une gaffe, le Roi était là pour rattraper le coup, et c'était presque comme si ces mouvements étaient intentionnels, puisque le Roi les intégrait dans la danse sans jamais émettre une protestation. Tout n'était qu'encouragement, coopération et tendresse. Il avait cependant un avantage indéniable sur son fils; bien que le langage corporel en dît long, les yeux de la partenaire disaient milles choses de plus, et le Roi pouvait voir dès qu'elle doutait du prochain geste.

Après la danse, le Roi s'arrêta et se pencha sur elle pour poser sur les lèvres de sa belle un baiser chargé d'émotion; de la tendresse, de la douceur, de la gratitude et bien plus encore. Il se réjouissait de ses efforts, et était heureux qu'elle ait eu une bonne journée. Cependant, ce baiser raviva la flamme en lui, et sembla même lui redonner l'énergie qu'il avait perdu avec cette matinée fort épuisante.

"Vous vous débrouillez superbement, Alecto." La rassura-t-il entre deux baisers.

Il lui fallut faire preuve d'un grand contrôle de soi pour ne pas se laisser entrainer par son désir et son besoin de se relâcher, étouffant sa flamme de nouveau pour qu'il n'y ait pas une… manifestation physique de ses émotions. Il prit la main de la jeune femme.

"Je dois admettre… j'aurais dû vous réveiller. Je ne cesse de penser à vous depuis que je vous ai quittée ce matin."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le jeudi 04 juin 2020, 18:16:29
Durant toute la valse où ils furent entraînés, Alecto s'efforça de se concentrer et se souvenir des apprentissages du Prince. Ce n'était pas évident, après seulement quelques heures d'enseignement, et sans musique qui plus est, mais elle fit des efforts, concentrées, afin de ne pas décevoir Son Roi. Lui plaire devenait primordial pour elle, dans chacun de ses gestes, ses mots, ses regards.

Elle cherchait son affection et désirait son approbation. Dans ses bras, collée à lui, leurs deux corps s'épousant à merveille lorsqu'ils enchaînaient les pas, la Compagne Royale eut l'impression de ne plus toucher terre. Elle se trompait assurément, manquait de tomber souvent. Mais le Monarque savait, presque avant sa maladresse, comment rattraper ses faux-pas. Une seconde, elle se demanda s'il savait prédire l'avenir, et estima que, s'il en avait les moyens, il y renoncerait surement...

Un peu essoufflée après leur danse, dont la promiscuité avait ému ses sens à se perdre dans son regard bleu roi, Alecto reçut les baisers de son compagnon avec délice, et se rendit compte que ses lèvres lui avaient extrêmement manquées. Dès qu'il posa sa bouche sur la sienne, Alecto fut soulever dans un tourbillon de passion. De la même manière que l'on réveille un volcan, elle sentit ses jambes flageoler, et fut comme prise de fièvre.

"Je fais tout ceci pour vous, Mon Roi..."

Murmura-t-elle contre sa bouche en réponse à ses encouragements, dans un souffle plein de dévotion tendre.

L'ancienne Esclave, du moins sur ces terres, n'avait aucune envie de laisser Serenos s'enfuir à nouveau, et elle brûlait de savoir ce qu'il avait fait durant tout ce temps, où il était allé, qui il avait vu... Elle avait aimé les moments passés avec le fils. Mais le père avait toute son admiration, et son affection dévorante, de plus en plus puissante. Une seconde, Alecto crut percevoir un frémissement chez le Roi, comme un élan, et l'instant d'après, c'était envolé. Elle pensa avoir rêvé, ou peut-être surinterpréter ses propres tremblements au contact de son si noble Sire.

Il lui avoua alors comme il regrettait de l'avoir laissée endormie le matin même et elle osa alors lui affirmer ce qu'elle songeait également.

"Oh... J'aurais aimé m'éveiller à vos côtés, il est vrai."

Si c'était un regret, ses yeux luisants de ravissement et d'adulation masquaient le véritable sens de ses mots. Elle souriait avec dévouement.

"... Mais votre lit est l'endroit le plus confortable où j'ai eu la chance de m'assoupir. Je n'ai jamais aussi bien dormi qu'auprès de vous."

Alecto avait des étoiles dans les yeux, et parlait en soupirant d'aise comme ces jeunes filles qui se languissaient devant le Prince Aldericht. A la différence de ces demoiselles, la Compagne serrait dans ses bras l'objet de sa passion, l'enserrant de ses bras, hissée sur la pointe des pieds pour garantir à son Roi un moindre effort lorsqu'il se penchait pour l'embrasser.

Plus bas alors, la Domestique sentit ses pommettes rosir lorsqu'elle lui avoua : "Vous avez habité mes pensées toute la journée, Serenos, quoi que je fasse, votre image reste gravée devant mes yeux. Et quoi que j'entende, votre voix résonne à mes oreilles.... Quoi que je renifle, notre parfum revient à mes narines comme le plus puissant des opiums."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le jeudi 04 juin 2020, 20:15:41
Alecto était, très sincèrement, l'une des femmes les plus délectables que le Roi n'eut jamais le privilège de rencontrer. Oh, elle n'était pas nécessairement la plus exotique, ni la plus raffinée ou toutes ces choses que ses contemporains semblaient collectionner. Elle était simple, humble, mais elle le remplissait d'un sentiment de chaleur et de confort qu'il n'avait, dans les faits, jamais ressenti. Elle nourrissait en lui un besoin de la protéger, de la chérir. Tout ce qu'il l'arrêtait, c'était la Foi de la jeune femme. Certes, il pourrait assurément la manipuler en usant de rhétorique, et probablement que cela serait le plus simple pour elle, mais le Roi ne se sentait pas de jouer de son cerveau. Elle était honnête et ouverte avec lui, du moins autant que son conditionnement et sa loyauté d'esclave le lui permettait, donc il se contentait de lui rendre la pareille; honnête et loyal en tout point, sauf en ce qui attrait les choses de l'état. Elle n'avait pas besoin de savoir les choses de la guerre ou les opérations militaires, non pas parce qu'elle est une femme, les esprits savent que les femmes sont les bienvenues dans la vie militaire, mais parce qu'elle était sa compagne et qu'elle était d'une douceur qu'il se sentirait éternellement mal de souiller avec ce genre d'histoire peu intéressante.

La jeune femme ne lui laissait aucune chance; elle l'attisait des mots les plus tendres et la plus grande adoration à laquelle il n'eut jamais le malheur d'être confronté. La qualifier de tentatrice l'insulterait certainement, vu comment l'Ordre détestait tout ce qui était tentation, séduction et affection autre que l'adoration du Seigneur, mais que ce soit par ses mots ou par ses gestes, une force inconnue et étrange le tenait par les tripes et l'attirait inexorablement contre la jeune femme, et ce n'était rien de magique; si c'était la magie, il le ressentirait, maintenant. Non, c'était quelque chose d'unique.

Elle parvenait même à faire rougir ses joues devant une telle tendresse. Le souverain n'en était pas à sa première dame, et pourtant, elle le faisait sentir comme s'il était de nouveau un jeune homme. Loin d'être vieux, étant dans la force de l'âge et à l'apogée de sa forme physique et mentale, le Roi savait pourtant ce que c'était que d'être jeune et frétillant de romance, et il était fort flatteur que la jeune femme, qui pourrait aisément avoir un jouvenceau de son âge comme compagnon, ait accepté d'être sa Compagne Royale. Bien entendu, il aurait voulu consommer les promesses de son corps et de son amour, mais il savait jouer la patience et la tendresse lorsqu'elle s'imposait. Les coups de foudre, aussi rare soit-il, étaient également de bien piètres conseillers en matière de stabilité, et au-delà de sa passion, c'était une chose que le Roi recherchait; la stabilité.

Pourquoi est-ce qu'un homme dans sa prime rechercherait une chose aussi banale? Eh bien tout simplement parce que les magiciens vivaient leurs émotions avec une telle intensité que sans une forme de régularité, de contrôle, ils ne pouvaient s'empêcher d'être consumés par la passion, ce qui risquait également de propager la corruption dans le corps du Roi; la passion menait aux émotions les plus vives du Spectrum. S'il tombait amoureux, là, maintenant, ou s'il acceptait d'être amoureux, peut-être qu'il deviendrait prompt à la jalousie, parce que faute de connaître réellement et complètement sa partenaire, il ne saurait interpréter certains de ses gestes, le poussant à la jalousie, à la méfiance et à la peur. La peur, par l'ignorance, menait également à la haine, et haïr, surtout pour un magicien, était quelque chose de très dangereux.

Le Roi enlaça doucement sa partenaire et pressa son front contre le sien. La sentant se dresser sur la pointe des pieds, il fléchit légèrement les jambes pour enlacer ses jambes et la soulever de terre, la maintenant à la hauteur des yeux. Avec un sourire coquin, il lui accorda d'autres baisers, caressant du pouce l'arrière de la cuisse de sa belle. Alors qu'il sentait son désir dévorant monter en lui, un toussotement sonore se fit entendre et brisa la magie du moment, arrachant un frisson de frustration au Roi.

"Mon Seigneur Roi!"
"Mon râteau", marmonna le souverain, sans doute pour faire rire sa belle tout en la en déposant.

Lorsque la jeune femme se retourna, un homme se tenait là, debout, un homme (https://i.pinimg.com/564x/b1/8b/bd/b18bbdb82e05a41a57b34183da6643e6.jpg) d'environ son âge, blond, avec des incroyables yeux d'émeraude. Il portait une armure, mais contrairement au noir et blanc de Meisa, il s'y retrouva beaucoup de bleu et d'argent, et s'approcha du couple avant de mettre un genou en terre devant son seigneur et sa dame.

"Vous m'avez fait mander."
"Oui, je vous avais fait appeler ce matin."
"Pardon, monseigneur, mais sur le chemin, mon cheval a glissé sur une dalle des routes pavées et il s'est foulé une patte. J'ai été obligé de faire le reste du chemin à pied."

Le Roi ne pouvait bien sûr pas se fâcher contre le jeune homme.

"Alecto, voici le seigneur Gwyhin, chevalier de l'Ordre Uni de la Chevalerie des Trois Royaumes."

Le regard du chevalier se posa alors sur la jeune femme, et leurs regards se croisèrent. Les yeux verts du chevalier étaient d'une pureté intimidante, chaleureuse, même. Le jeune homme leva une main, et spontanément lui dédia un poème. Le Roi lâcha un soupir, sachant que le jeune homme ne s'arrêterait pas.

"Le Seigneur Gwyhin est également un grand poète. Le plus agaçant pour tous ses confrères, c'est que, non content d'être beau, éloquent et très aimé du peuple, il est également un remarquable soldat. Cependant, faites attention, sa liste de conquête est plus longue que celle qu'on me prête. On dit que l'on chante ses louanges dans tout le pays. M'est avis qu'il a lui-même lancé la rumeur."

Interrompant son poème, Gwyhin leva les yeux vers son Roi, avec un sourire amusé.

"Mais enfin, votre Majesté, je n'y peux rien si je n'ai jamais trouvé pour épouse potentielle une dame aussi naturellement élégante que votre ravissante… euh…"
"Compagne."

Cette révélation sembla prendre le jeune homme par surprise.

"Oh, mes aïeux! Il s'agit de ma Dame votre Compagne! J'allais dire… erm… conquête."
"Je sais."

Sur le point de rajouter quelque chose, Serenos leva une main pour le faire taire. Le terme conquête avait également une connotation sexuelle en Meisa, et comme le Roi et sa compagne n'ont jamais consommé cette relation, elle n'était pas une conquête, d'autant plus qu'il n'autoriserait personne à parler d'elle de cette façon. Bizarre…, pensa-t-il.

"Gwyhin est également l'un de mes plus loyaux subordonnés, adoubé par mes soins. C'est également un ami."

Le chevalier se redressa alors avec un sourire, et le Roi enroula doucement un bras autour de la taille de sa bien-aimée, posant un baiser sur son crâne. Il était évident que le Roi, même s'il lui accordait le respect qui lui était dû, ne pouvait s'empêcher d'être protecteur de sa belle et innocente jeune compagne.

"Gwyhin, je vous demanderais de vous retirer, maintenant. Nous nous verrons dans l'après-midi pour discuter de vos progrès."
"Oui, messire."
"Et que je ne vous surprenne pas à séduire les dames de la cour, la plupart sont mariées, vous savez!"
"Et cela ne les rend que plus délectable, monseigneur!"

Et sur ces mots, le chevalier se retira.

Le Roi poussa un long soupir avant de regarder sa belle et poser un petit baiser sur sa joue, avant de se mettre sur les genoux et de venir lui enlacer le ventre, cachant son visage dans son abdomen.

"Toujours du travail. Par mes ancêtres, ce que j'ai hâte que le bal soit commencé, pour qu'il finisse…"

Le souverain souffla doucement au creux du ventre de sa belle avant de se relever, avec un sourire, avant de l'inviter à s'asseoir. Bien vite, des serviteurs s'approchèrent d'eux et dévoilèrent au couple ce qu'ils avaient préparés pour eux. Des galettes, des saucisses, du potage, des fraises à la crème, et du vin sucré.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le jeudi 04 juin 2020, 20:51:26
Bien involontairement sans doute, le Chevalier Gwyhin avait évité à Alecto d'avoir à éponger les brûlures qui commençaient déjà à lui lécher la peau, ainsi dans les bras de son si séduisant Roi. Rouge d'avoir été surprise ainsi, elle fut rassurée cependant par le ton employé par Serenos, qui, lui ne semblait aucunement gêné d'avoir été vu dans pareille posture. C'était peut-être normal en Meisa ? Elle comprit que leur proximité et leur amitié devait avoir balayé depuis longtemps la gêne entre eux.

Le poème, naturellement, avait empourpré ses joues, et elle baissa les yeux pour éviter de soutenir ce regard vert bien trop charmeur. Elle trouvait aux hommes comme les femmes de ce royaume un charme qui la rendait nerveuse, comme si elle se trouvait dans un champ où un pas de travers pouvait lui être fatal. Gwyhin était jovial et séducteur, elle le constata par elle même, et en fut troublée. Assez pour ne pas réussir à parler en sa présence.

A son départ, la lassitude du Monarque inquiéta quelque peu sa Compagne. Le Roi semblait fatigué, épuisé par sa journée, et s'il n'avait pas choisi de lui en parler, Alecto n'aborderait pas le sujet mais... Elle pencha le visage sur le côté comme un cocker intrigué, et un peu craintif, les sourcils levés, avant de glisser sa main dans ses cheveux sombres et en bataille.

Aucun temps pour la détente lorsque l'on est Roi, songea l'ancienne Esclave, en s'asseyant à table, ses mots tournant encore dans sa tête. Alors qu'on lui servait un verre de vin, sucré et épicé, assez frais, et qu'elle en buvait une gorgée avec délice tant le temps de Meisa lui semblait lourd et chaud, Alecto pinça les lèvres, ennuyée.

"Vous n'étiez pas obligé de donner ce bal en mon honneur, Mon Roi... si ces mondanités vous incommodent, je..." Elle haussa les épaules d'un air naïf, en cillant et regardant la couleur pourpre de son verre, et souriant tant elle le trouva plaisant.

"Vous êtes le Roi, vous pouvez l'annuler ? Ou ne pas y aller, si cela vous sied ?"

Candide, elle se demandait quelles lois devaient obligé un Monarque, de trois royaumes qui plus est, à être esclave de ses propres décisions, s'il n'y tenait pas. Elle se sentit également coupable, bien sûr : il avait sans doute voulu faire plaisir et honneur à sa nouvelle Compagne en lui en mettant plein les yeux avec cette soirée. Mais après la journée qu'il venait de passer, harassante, Serenos semblait quémander du calme et de l'isolement... Abandonner sa couronne, en quelque sorte. Alecto prenait sa peine avec empathie, comme si un poids venait de lui écraser les épaules.

Sans s'en rendre compte, elle sirotait ce vin frais dont le sucre masquait judicieusement l'alcool, néanmoins bien présent. Peu habituée à la boisson, puisqu'on offrait rarement une coupe à un Esclave, elle sentait son front et ses joues commencer à chauffer, d'autant qu'on lui remplissait son verre à chaque changement de plat, ou dès qu'il était vide. Ce geste courtois l'empêcha de savoir exactement combien de coupe elle avait bu, et en constatant qu'elle se sentait légèrement hilare, Alecto reposa le verre sagement, touchant ses pommettes.

"Ce vin est traître..." Souffla-t-elle avec une voix qui parut bien plus assurée que d'habitude. Cependant, les fraises à la crème la ravirent plus que tout autre plat, elle dévora comme une enfant affamée, de manière maladroite, rendue plus naturelle et moins timide par l'alcool.

"Comme c'est booon ! Serenos, goûtez !" Gloussa-t-elle en tendant une fraise à son Roi, souriant à pleines dents, alors que le Monarque semblait maussade.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 05 juin 2020, 06:17:43
"Vous êtes le Roi, vous pouvez l'annuler ? Ou ne pas y aller, si cela vous sied ?
-Hm… Je pourrais le faire, ce n'est pas vraiment la question. Seulement… autant je ne me soucie pas autant des traditions que mes prédécesseurs, ces événements sociaux sont importants pour la cohésion entre la couronne et le peuple. Ce genre de petites célébrations aide, soi-disant, à réduire ce mur massif qui sépare le Roi des nobles et autres gens de la haute société.

Le Roi se frotta doucement les tempes, comme pour réduire la pression qui était exercée sur son cerveau.

-N'en tiendrais qu'à moi, ces concepts de nobilité et de bourgeoisies seraient éradiqués. Dans les premières années de mon règne, j'ai bien tenté le coup, presque tous les nobles avaient rejoint le coup d'état. Cependant, la nobilité, c'est comme une hydre; coupe une tête, il y en a deux qui repoussent. Et le pire, dans ces conneries, c'est que non seulement, elles repoussent, mais en plus, le peuple soutient leur réclamation. Un concept vieux comme le monde; le peuple a besoin de gens pour le diriger, et comme le Roi ne peut pas être partout, les nobles sont la solution; comme je suis apparenté à eux d'une façon ou d'une autre, le peuple les considère plus légitime de les diriger qu'un représentant élu. Une fois, j'ai même tenté d'enlever un noble, et pour le remplacer, le peuple ont élu son cousin, et ce, à vie.

Et de là naissait tous les problèmes en matière de réforme; certes, il peut en abolir quelques-unes, à l'aide de propagande et de lois, mais les traditions, comme les habitudes, ont la peau si dure que presque personne n'accepte de les laisser tomber. Juste l'éradication du concept de religion d'état a pris des années avant d'être implémentée avec succès. S'émanciper des vieilles croyances et des vieilles superstitions était une chose que le peuple n'arrivait pas à se faire aisément, parce que leur éducation et leurs traditions dépendaient de ces mêmes dogmes.

Malgré les apparences, le Roi avait appris à aimer son peuple, comme tout bon Roi se devait de le faire. Certes, il ronchonnait beaucoup, parce que parmi les rares plaisirs auxquels les grands souverains de ce monde ont droit, le ronchonnement et être grincheux était uniformément accepté pour son titre Il aimait leur joie de vivre, il aimait leur esprit libre, il aimait même cette tendance aventurière dans l'esprit de la population, mais il n'arrivait simplement pas à comprendre pourquoi, avec tout ce qu'ils savent maintenant, tout ce qu'ils connaissent, ils persistent à s'accrocher à des notions pluri-centenaires qui, depuis, ont constamment été prouvé erronées par des gens qui avaient passé leur vie à étudier ces sujets.

Il se tourna ensuite vers la jeune femme et lui sourit.

"Et aussi, j'aimerais voir si vous aimez faire la fête. La seule chose que ces idiots de noble savent au moins faire avec la même énergie pure que les gens du peuple, c'est bien rire, s'amuser et danser jusqu'aux petites h…"
"Comme c'est booon ! Serenos, goûtez !" l'interrompit la jeune dame en lui offrant une fraise.

Peut-être avait-il simplement trop parlé. Il haussa simplement des épaules, puis se leva de son siège pour venir quérir la fraise qu'elle lui tendait en deux bouchées. Effectivement, les fraises étaient délicieuses. Il regarda sa compagne, qui semblait bien apprécier le vin et les fruits offerts, donc, pour leur plaisir partagé, il prit un peu de vin, puis se pencha sur elle pour l'embrasser tendrement, laissant le vin couler dans sa bouche alors que sa langue s'aventurait entre ses lèvres, l'embrassant avec une passion non masquée. Les serviteurs, en bons employés, se retirèrent pour laisser le couple entre eux, laissant derrière eux la carafe de vin et les victuailles. Le vin de neigebaie était une des alcools les plus traîtres qui soit. Non contente d'être très alcoolisé, le fruit était tellement savoureux que son sucre neutralisait l'arrière-goût de l'alcool. Certains disaient même qu'à ne pas être prévenus, le consommateur profane se laissait aisément enivrer.

Le baiser lui sembla soudainement moins… eh bien, moins léger. D'habitude, bien que sa compagne s'adonne à ces baisers avec abandon, il ressentait une plus grande réceptivité chez elle. Ignorant tout de sa vulnérabilité à l'alcool, et n'ayant pas porté attention a la quantité qu'elle venait d'ingérer, le Roi se contenta simplement de profiter de cette opportunité qu'elle lui offrait, l'embrassant avec une fougue beaucoup plus prononcée. Tranquillement, ses mains s'aventurèrent sur les épaules de la jeune femme, avant que, de la main droite, il s'empare d'une fraise à la crème, la coinçant entre ses dents avant de la tendre à sa bien-aimée, l'invitant à venir la chercher d'elle-même. Il posa ses mains sur les jambes de la jeune femme pour se donner un peu d'équilibre, mais attendit patiemment.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le vendredi 05 juin 2020, 19:22:32
Le langoureux baiser de Serenos lui sembla bien plus intense que ceux de ses souvenirs, le vivant pleinement, comme s'il s'agissait d'une première. En réalité, l'ivresse qui la gagnait aidait ses barrières à se craqueler lentement, décuplant les sensations ou au contrairement, les simplifiant à un niveau plus instinctif. Elle l'accueillit avec hardiesse, le lui rendant avec un élan nouveau.

A son invitation, elle croqua goulûment la fraise en s'avançant rapidement, Serenos n'avait pas eu à patienter longtemps. Immédiatement, sa langue passa sur les lèvres du Roi pour en recueillir toute la crème éparse, et s'en délecter autant qu'elle se repaissait de ses baisers. Le regardant dans les yeux, le regard de sa Compagne pétillait d'une malice que seul le vin savait aider à développer, et exprimait des émotions équivoques. S'y mêlaient cette dévotion pleine d'affection qu'elle lui portait depuis la veille, bien sûr, un emballement enthousiaste enivré, et un appel insatiable que seuls les personnes sempiternellement raisonnables, ou frustrés, savent exprimer lorsque leur regard les trahit.

Brisant leur étreinte, en gloussant un peu, Alecto versa elle-même, d'une main à la fois coutumière et rendue un peu gauche par la boisson, le vin dans sa coupe, et la tendit au Roi, le faisant boire plusieurs gorgées. Une partie d'elle-même avait conscience qu'elle agissait avec une désopilante facilité, et beaucoup moins de gêne polie qu'habituellement. Pire, sa conscience savait parfaitement qu'elle se comportait ainsi parce que le vin lui tournait la tête. Mais elle était justement légèrement trop ivre, à cette limite entre deux états, pour pouvoir agir autrement. Quand elle s'en faisait la réflexion, cela la faisait rire intérieurement... Avant de se dire qu'il était juste temps de ne pas boire davantage. Que tout restait sous contrôle, encore.

Lorsqu'elle était enfant, elle s'était enivrée, involontairement, avec du vin de messe... La réprimande avait été sévère et le jeûne, à six ans, resta une très pénible épreuve. Elle avait alors longtemps craint même la moindre gorgée d'alcool. Les Sœurs étant, de toute façon, des femmes très raisonnables, elle n'avait jamais eu d'autre occasion de connaître ces sensations d'abandon jusqu'à ce qu'un de ses Maîtres, plus tard, ne décide que tous ses esclaves devaient boire du cidre à table. S'arrangeant pour le couper à l'eau, rendant la boisson infâme mais tenable sur la durée pour son petit estomac, la jeune fille de l'époque s'était préservée des ires du Maître comme de l'ivresse.

Thiana Gian se fichait de ce qu'elle buvait. Elle avait droit de finir les carafes, mais cela lui arrivait rarement. Boire seule lui semblait idiot, voire triste, mais elle s'autorisait une coupe de bière lorsqu'elle revenait de l'office, le dimanche.

"Buvez Mon Doux Roi..." Ricana-t-elle en se disant qu'elle devrait sans doute ne pas rire ainsi, mais en trouvant cette réflexion hilarante.

Le Monarque voulait savoir si elle aimait faire la fête. Cette question lui trottait dans la tête depuis qu'il l'avait prononcé, et Alecto était incapable de répondre. Avait-elle déjà pris réellement part à une fête, sans y être servante ? Elle ne s'en souvenait pas, aussi long que remonte sa mémoire, l'Esclave n'avait fait que servir, nettoyé, éponger, subir. Elle ignorait la sensation folle de se laisser aller au rythme de la musique et les bavardages qui s'envolent, les conversations enflammées sur des sujets divers, les levers de soleil pieds nus dans l'herbe...
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le samedi 06 juin 2020, 00:11:39
Il avait au moins la réponse; au fond d'elle-même, Alecto ne désirait que s'amuser. Contrairement à ce que sa façade habituelle d'esclave soumise pouvait bien porter les autres à croire, elle était bien capable, une fois dégourdie, de faire preuve d'espièglerie et de spontanéité que ceux qui ne la connaissaient pas ne soupçonnerait jamais. Mais le Roi était ravi de la voir ainsi, si joviale et pleine d'énergie. Certes, il la trouvait superbe et agréable peu importe son état d'esprit, mais à ce moment, alors qu'elle l'embrassait et le gâtait si adorablement, il ne put s'empêcher de la trouver encore plus irrésistible. Il prit doucement la coupe dans ses mains et but tranquillement avec elle.

Les secondes devinrent minutes, et le Roi s'adonna à celle-ci avec tendresse, buvant avec sa compagne allègrement, jusqu'à se sentir lui-même un peu engourdi dans sa raison par le vin. Ils parlaient, et parlaient, et il ne cessait de la trouver de plus en plus merveilleuse, parce qu'elle l'était. Alecto. Son simple nom émoustillait les sens du Roi, ses rires sonnaient comme une musique à ses oreilles, et ses bras l'appelaient constamment. Comme il aimait qu'elle lui voue toute cette tendresse, cette attention. Lorsqu'elle prononçait son nom, il sentait son cœur s'emballer dans sa poitrine. Pourquoi donc? Il ne saurait répondre. Il savait simplement qu'il ne pouvait se passer de cette tendresse, que ce soit maintenant ou dans le futur.

Le Roi se leva alors et prit la main de sa belle, ses lèvres se posant sur les siennes avec la passion qu'elle méritait, avant de l'entourer de ses bras et, l'instant suivant, le couple fut dans la chambre royale. Les deux servantes y étaient, en train de nettoyer, mais voyant leur maître et l'aura qu'il s'en dégageait, elles comprirent que c'était le temps pour eux de filer. Le Roi regarda sa belle, dans ses bras, et leurs lèvres se lièrent de nouveau. Il la souleva doucement de terre, puis la porta jusqu'à leur lit, avant de la pousser dans une position allongée, se dressant devant elle de toute sa superbe. Il n'y avait plus de doute possible pour le Roi; il ne pourrait pas fonctionner proprement sans le support d'Alecto, en ce moment. Sans être une obsession, la jeune femme était omniprésente dans ses pensées, parce qu'il avait soif d'elle, de ses bras, de ses baisers, de ses caresses. Il se pencha alors sur la jeune femme et glissa les mains dans l'ouverture de la robe, pour en écarter les pans et révéler son ventre. Il se pencha sur elle et posa des baisers chargés de tendresse et de désir sur son abdomen, ses cuisses, alors que ses mains se glissaient sur la jeune femme.

C'est dans ces moments-là que Serenos était confronté à sa véritable nature. Bien qu'il soit un Roi, un magicien, un érudit, un guerrier, un militaire, un stratège, il restait néanmoins un homme, un humain. Et les humains n'ont jamais été prévus de se limiter constamment avec la raison; ils étaient des êtres primaux et, par cette primalité, ils étaient également des êtres magnifiques. Alecto était sienne, tout comme il était sien; leurs pensées les emmenaient l'un vers l'autre avec une constance terrifiante, et parfois même accablante. Le Roi devenait, pour cette femme, un être tendre, mais également fiévreux, qui ne trouvait de façon de se rafraichir qu'à travers son toucher. Il prit alors les mains de sa compagne, relevant lentement la tête pour la regarder dans les yeux, et il remonta, corps contre corps, pour quérir sur ses lèvres un nouveau baiser.

Les mains du Roi quittèrent bien vite celles de sa Compagne pour se glisser de nouveau sous la robe de celle-ci, remontant la peau chaude et lisse de ses flancs avant de redescendre, ses doigts glissants sensuellement et griffant délicieusement sa peau. Ses lèvres quittèrent celles d'Alecto pour venir s'aventurer dans son cou, et le parsemer de baisers aimants et doux. Il ne l'admettrait peut-être pas immédiatement, mais il y avait bien une forme d'attachement qui s'était déjà formé entre eux. Quelque chose que le Roi craignait autant que désirait, qu'il luttait autant qu'il voulait accepter; Alecto allait le faire tomber amoureux d'elle. Bientôt. Maintenant, peut-être dans quelques heures, mais le moment approchait où Serenos de Meisa devra admettre qu'Alecto s'était, comme une voleuse, emparé du cœur du Roi, et il ne pouvait plus contenir les effets de cet envoûtement.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le samedi 06 juin 2020, 09:34:06
En ayant admiré son Roi de toute sa hauteur, au dessus d'elle, faisant courir ses yeux de bas en haut jusqu'à son visage, Alecto s'était sentie dominée par le charisme irrésistible de Serenos. Dans son état d'ébriété, elle se sentait totalement soumise à cette force calme qu'il dégageait, folle de son regard ardent qu'il posait sur elle. Elle soupira en se perdant, un instant seulement, dans sa contemplation, la seule vue de son être qui s'approchait d'elle déclenchant déjà des frissons, comme si elle se projetait dans ce qui allait suivre par la pensée.

Aidée par l'alcool qui avait maintenant embué ses esprits et fait s'abaisser ses barrières, le visage de la Compagne était rayonnant d'un enthousiasme naturel. Contrairement à d'habitude, elle ne resta pas en place docilement, se redressant pour elle aussi faire passer la paume de ses mains sur ses épaules, avant de retirer les boutons de sa chemine, un à un. Embrouillée, en riant à chaque échec, elle reprenait le bouton récalcitrant, se contractant pour poser ses lèvres chaudes sur chaque centimètre de peau qui se révélait à elle.

Les caresses du Roi, ses doigts qui s'appuyaient plus fermement sur sa peau, l’agrippant, la griffant presque, la firent respirer immédiatement plus vite, et son souffle devint sonore, loin de ses silences habituels. Les lèvres de l'ancienne esclave enflammaient désormais la clavicule du Roi, le léchant en soupirant d'aise, tant le goût de sa peau la rendit fiévreuse.

Réussissant enfin à retirer le dernier bouton de sa chemise, Alecto fit glisser le tissu le long de ses bras, le déshabillant partiellement avec une audace naturelle rendue possible par le vin. Bien sûr, elle n'était pas aussi aventureuse que certaines femmes qui savaient parfaitement se laisser aller à leurs primaires pulsions, mais c'était là une attitude exceptionnelle pour la jeune domestique.

"Oh, Serenos..." Se languit-elle en effleurant sa nuque et le haut de son dos de ses épaules de ses doigts, laissant sa tête basculer à l'arrière alors que le Roi parsemait son cou de baisers brûlants, qui la faisaient frissonner. Elle se sentait défaillir, et, au lieu de s'en vouloir, s'en émerveillait, souriant avec délice, exprimant sans fard ses émotions, lorsque la langue de Serenos la chatouillait au creux de son encolure.

En réaction à cet effleurement qui la rendit hilare, elle se vengea en poussant sa tempe de son nez, et venant mordiller le lobe de son oreille, où elle respirait bruyamment d'un souffle rauque.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le samedi 06 juin 2020, 19:07:04
Serenos. Tiens, voilà encore ce frisson dès qu'elle prononçait ce nom, avec cette voix. S'il avait été homme de foi, il aurait remercié le ciel, tant il aimait le son mélodieux qu'elle émettait dès qu'elle ouvrait sa bouche. Il serait peut-être exagéré de comparer cette voix à la mélodie cristalline des nymphes, ces créatures qui habitaient les endroits où la nature était pure et vierge de la souillure de la société, mais, dans l'esprit du Roi, il ressentait la même exaltation.

Étant lui-même un brin ivre en raison des coupes de vin que la jeune femme lui avait fait boire, il en oubliait les règles et les limites qu'ils avaient convenu la veille. Au diable les règles, au diable la soumission divine, au diable le reste du monde et ses exigences. Visiblement, l'ivresse d'Alecto était parfaitement d’accord avec lui, puisque plutôt que d'être complètement passive, sa compagne participait à ce qui se déroulait; elle lui arrachait ses vêtements, rendait ses baisers, caressant le corps du Roi de ces doigts fins, délicats et pourtant usées par les années de dur labeur, ce dernier détail rappelant au Roi qu'elle n'était pas une princesse ou une noble; elle avait connu la vie dure. Elle savait que le monde était un endroit sombre, lugubre et terrifiant par moment. Par ce fait même, elle savait également à quel point il était important de savourer ces quelques rares moments où deux êtres pouvaient trouver une chaleur, une lumière, l'un dans l'autre.

Après un moment de baisers et de caresses, le Roi retira ses mains de sous le vêtement de sa belle, et en défit le cordon qui ceignait sa poitrine, puis l'autre, autour de sa taille. Le tissu se détendit sur la peau de la jeune femme, et l'homme commença lentement à enrouler la robe, du haut vers le bas, nécessitant évidemment le consentement et la participation de sa belle pour progresser. Au rythme de ce déroulement qui était, peut-être, un peu inutile, puisqu'il aurait simplement pu tirer sur la robe pour la lui enlever, il couvrit la peau de sa bien-aimée de baisers aimants, avant de la retourner d'un geste. La robe enroulée se tenait maintenant sans effort à la taille de la jeune femme, et le Roi la tira alors sur ses genoux, se tenant derrière elle. Les lèvres de l'homme se pressèrent alors sur la nuque et les épaules de la jeune femme. Ses mains quittèrent alors la robe pour grimper, dans une lenteur exagérée, jusqu'à la poitrine d'Alecto, et il s'en empara, la massant de ces mains rudes et rendues caleuses par ces années à manier les armes qui, pourtant, les maniait avec tendresse.

Le front du Roi se pressa donc contre la tête de sa belle, l'invitant à tourner la tête, pour qu'il puisse l'embrasser sur ces lèvres si pulpeuses et délicieuses. Alors que le Roi la couvrait de ces attentions et baiser, il ne pouvait pas cacher bien longtemps qu'il était, lui-même, très attisé par sa délicate compagne et avide de ses caresses car son membre, emprisonné par le tissu de son pantalon, formait une bosse qui se pressait ensuite contre les fesses rebondies de la jeune femme. Ce n'était pas un geste qui visait à la mettre mal à l'aise, et de toute façon, il doutait qu'Alecto pourrait être mal à l'aise devant lui en ce moment, mais une manifestation de son attirance pour elle.

Serenos fit alors une légère pause. Pas parce qu'il ne voulait pas poursuivre, mais dans sa lucidité partielle, il savait, peut-être instinctivement, qu'Alecto et lui-même n'étaient pas dans l'état pour faire les meilleures décisions. Prenant cette pause, le Roi regarda sa compagne dans les yeux, le front contre le sien, leurs souffles se mêlant, leurs lèvres trahissant leur envie de s'embrasser encore et encore.

"Je veux te faire l'amour, Alecto." Lui dit-il. "Et si tu me laisses continuer, je ne pourrai pas me contenir."

Par ce passage du vouvoiement au tutoiement, il démontrait une nouvelle familiarité avec Alecto; elle était passée de l'inconnue à la personne qu'il pouvait, dans l'intimité, tutoyer sans hésitation.

Même s'il savait pertinemment que cela pouvait signifier la fin de leurs caresses, le Roi voulait tout de même qu'Alecto soit prévenue, et pour la simple raison qu'à partir de ce moment, si elle le laissait poursuivre, même si elle le suppliait, il serait impossible pour le Roi de s'arrêter; l'un des plus gros désavantages de la magie restait encore et toujours à quel point les pratiquants étaient la victime de leurs émotions les plus fortes, et quelles émotions pouvaient être plus fortes, en ce moment, que celles qu'il ressentait en ce moment même pour la jeune femme? Elle était en état d'ivresse, il l'était aussi, et probablement qu'il était déjà trop tard pour raisonner clairement, mais la dernière chose qu'il voulait, même dans cette situation, c'était de violer la jeune femme, de profiter de son état pour satisfaire son désir.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le samedi 06 juin 2020, 20:05:49
Moins elle se sentait habillée, et plus elle se sentait envahie par la chaleur, une chaleur sèche dans sa gorge, une chaleur moite partout ailleurs. L'ivresse la laissait sur un nuage, flottant presque, ne se rendant compte qu'un tout petit peu, au loin, que sa conscience était présente mais... pas si importante que cela. Elle savait qu'il faudrait s'arrêter là, afin de conserver les promesses et les garde-fou qu'ils avaient fixés ensemble, enfin, que Serenos avait accepté à sa demande. Mais le vin était un si doux facilitateur, elle se sentait grisée par la bouche bouillante qui brouillait ses sens et décuplait ses sensations, grisée par le parfum de sa peau qu'elle inspirait si fort, dès qu'elle le pouvait. Son odeur la rendait folle, elle était un puissant aphrodisiaque et elle sourit même, en y songeant.

Le bas du corps, encore sous couvert de tissu, du Roi venant se coller à elle l'électrisa, comme un instinct bas et primitif, qu'elle faillit ne pas contrôler du tout, mais son Monarque avait bien plus la tête sur les épaules qu'elle, dans ces conditions.

Quand vint la mise en garde, elle réussit à entendre correctement, cessa de sourire un petit instant, comprenant parfaitement ses dires. Les yeux de la Compagne Royale continuaient cependant d'envoyer mille images évocatrices alors qu'il calait son front contre le sien, et qu'elle essayait de réfléchir.

Il faudrait cesser immédiatement avant de dépasser les limites, les limites du Roi. Elle l'avait poussé à bout la veille, ce sentiment de culpabilité immense et sous-jacent qui l'avait hanté toute la journée se rappela à elle. Alecto devrait reboutonner un à un les fermetures délicates de sa chemise, couvrir ses pectoraux aux cicatrices et son ventre musclé, masquer ses avant-bras puissants qu'elle trouvait irrésistibles, retirer de ses yeux bleu roi les promesses de plaisir et les perspectives d'extases...

La toute petite partie de son cerveau qui n'était pas noyée dans l'alcool était claire. Alecto ouvrit la bouche pour mettre fin à leurs ardentes caresses.

"Je te veux Serenos. Je te veux en moi pour toujours." Ce... Elle ne sembla même pas étonnée d'avoir dit tout le contraire de ce qu'il faudrait, de l'avoir tutoyé en retour à sa familiarité, de ne pas avoir cillé une seconde en murmurant cela contre sa bouche.

Dieu lui avait envoyé une épreuve trop grande pour elle. Serenos était un impossible horizon de chasteté à atteindre, elle avait lutté, lutté énormément, et désormais, la jeune femme était prête, ivre, à se damner. Le vin avait fait disparaître ses craintes, ses doutes, et surtout ses freins. Elle avait espéré se contraindre à la frustration et connaître chaque jour les affres de la Rédemption douloureuse mais nécessaire, afin de purifier son âme. Les Saintes Écritures était imbibées d'alcool, et son regard emplit d'un désir trop puissant.

Elle ressentait un profond élan d'un naturel déconcertant, et ses doigts un peu tremblants, d'impatience comme de gêne légère, la Compagne dénouait le pantalon du Roi, comme pour illustrer les propos qui étaient sortis de sa bouche sans qu'elle ne les contrôle, mais qui étaient somme toute le véritable fond de sa pensée. Comme pour se bâillonner elle-même, elle l'embrassa en lui sautant au cou, alors que tombant à ses chevilles son pantalon, dévorant ses lèvres avec gloutonnerie, peut-être pour oublier qu'elle avait, un instant, eu le choix de dire non à ce qui allait assurément arriver, et qu'elle convoitait avec ardeur.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le samedi 06 juin 2020, 20:42:15
"Je te veux Serenos. Je te veux en moi pour toujours."

L'entendre le tutoyer avait eu son effet, assurément, surtout considérant qu'Alecto avait, pour une grande part de sa jeune vie, été une esclave et n'avait peut-être jamais réellement tutoyé qui que ce soit d'autre qu'un autre esclave, mais surtout que ces simples mots étaient tout ce dont le Roi avait besoin pour cesser de se soucier des conséquences de ses gestes. Lorsque la main de la jeune femme s'aventura vers son pantalon, le Roi recula un peu pour se dresser, debout sur le rebord du grand lit, la laissant faire sans la lâcher du regard malgré l'effort inhumain qu'il faisait pour ne pas utiliser la magie, histoire de ne pas perdre un seul instant de plus loin d'Alecto et de ses étreintes.

Les mains de la jeune femme trouvèrent les nœuds qui maintenait le pantalon en place relativement aisé à défaire, car Serenos utilisait principalement sa ceinture, qui sauta également très facilement sous les mains de cette femme qui n'en était clairement pas à sa première fois à retirer les vêtements d'un homme. Cette seule pensée lui était très agaçante, mais probablement tout autant qu'elle ne l'était pour elle de savoir qu'il était aussi à l'aise avec les femmes. Leur romance n'était pas une romance de jouvenceaux qui découvraient les plaisirs ensemble, mais celle de deux adultes qui avaient leurs propres expériences, qui n'étaient pas toujours des souvenirs qu'ils souhaitaient se remémorer. Que ce soit simplement parce que la ceinture n'était plus ou parce que la jeune femme lui avait sauté au cou, le pantalon se déroba, tombant sur le sol. Le Roi lui rendit évidemment son baiser avec tendresse, mais profita que sa belle s'accrochait à son cou pour lui retirer sa robe, ainsi que sa culotte, les faisant à leur tour, laissant les deux amants complètement nus.

Le Roi repoussa les habits au sol du pied, avant de regrimper avec Alecto dans ses bras dans ce lit qui les attendait. L'allongeant dans les draps doux et accueillant, le souverain la couva de son corps, beaucoup plus massif que le sien. À la lumière du jour, le corps d'Alecto n'était qu'encore plus alléchant à ses yeux, et non content de la laisser ainsi sans ses caresses, le Roi glissa une main dans le dos de sa belle, la soutenant ainsi pour lui faire bomber sa poitrine, fondant sur son sein droit, sur lequel il posa nombres de baisers avant de venir aspirer son arrogant téton rose durcissant, l'autre main se glissant sous la jeune femme pour lui agripper la fesse gauche, la collant ainsi plus fortement contre son corps.

La proximité jouait un rôle important pour Serenos lors des ébats. Certes, nombre diraient qu'il n'y a pas plus grande proximité que le coït, mais ce n'était pas nécessairement le cas pour lui. Certes, il y aurait une grande satisfaction de prendre sa compagne, mais il y avait quelque chose de plus important pour lui, c'était qu'elle se sente désirée, aimée, cajolée comme nulle autre. Elle avait eu nombre de maîtres par le passé, et il refusait qu'elle puisse comparer ce qu'elle ressentait en ce moment à ce qu'elle avait ressenti par le passé.

Après l'avoir attisée un peu, Alecto sentit les mains de son amant la quitter doucement, la reposant dans le lit. Comme la veille, le Roi avait une chose qu'il aimait notamment pratiquer, un traitement qu'il réservait aux femmes en lesquelles il avait une connexion; l'amour oral. Encore une fois, elle sentit cette langue taquine, tendre et chaude se balader sur son petit clitoris, continuant d'attiser la flamme de son plaisir. Les épaules du Roi se glissèrent soudainement sous ses cuisses, réduisant encore plus la distance entre eux, alors que ses mains venaient supporter ses fesses, les relevant pour permettre au Roi une meilleure position. La langue de cet homme caressa inlassablement son clitoris, puis elle sentit ses dents taquiner ses grandes lèvres un court moment. C'est alors qu'elle put percevoir que la langue du Roi s'enfoncait en elle, sans plus de cérémonie, et venait caresser ses parois intime.

Toutes ces sensations, le Roi les donnait, à la fois pour le plaisir de la jeune femme comme pour le sien. Il voulait l'entendre gémir. Il voulait lui faire plaisir. Mais surtout, il voulait également se venger d'avoir été forcé de s'arrêter. Pour la punir, mais également pour son plaisir, il continua ses caresses, la faisant grimper jusqu'à ce qu'il entende ses cris, avant de la délaisser un instant, puis de reprendre immédiatement, l'emmenant le plus près possible de l'orgasme sans le lui accorder. Le manège eut cependant une courte durée, parce que le Roi voulait simplement faire grimper en elle la frustration, lui faire goûter un échantillon de ce qu'il avait ressenti par ses demandes de la veille, mais après qu'il eut atteint un seuil de satisfaction dans cette punition, il continua cette pratique jusqu'à ce qu'elle atteigne le ciel et lui accorder une petite part du paradis.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le samedi 06 juin 2020, 22:07:28
Les gémissements de sa Compagne mirent du temps à se faire entendre. Non que le plaisir ne la submergeait pas à chaque coup de langue expert du Roi, mais qu'elle n'avait pas l'habitude de se laisser aller ainsi. Chaque nouveau souffle qui s'écoulait de sa gorge était plus bruyant que le précédent, s'engouffrant pas à pas dans un plaisir qui l'enflammait. Serenos était habile et facétieux, et Alecto ne saisit pas sa volonté de vengeance, se laissant envahir par les frissons, suffocante à la limite de ce gouffre immense et délicieux, avant d'ouvrir de grands yeux lorsqu'il se décalait.

"Hmmmm..."

Son petit jeu, d'abord une énigme pour elle, se comprenant pas pourquoi il agissait ainsi, mais ne se posant pas non plus de question : le Roi était un amant redoutable et aguerri, il devait savoir ce qu'il faisait. Et, elle devait l'admettre sans mal : à chaque pause, lorsqu'il revenait à ses caresses, la brûlure était cent fois meilleure. Elle ignorait même que tout ceci ait été possible avant d'en faire la merveilleuse expérience.

Son esprit était totalement embrumé et noyé dans le vin et l'ivresse que provoquait la braise de ses attentions. Incapable de se contenir comme jadis, Alecto gémissait, de plus en plus fort, ses cuisses se crispèrent soudainement alors qu'il revenait à la charge une énième fois, sa langue s'enfonçant en elle pour la posséder. Contrairement à la veille, ses jambes furent prises de tremblements, mais il ne s'agissait aucunement d'un refus, d'une barrière, d'un appel à l'aide. Un puissant cri brisa la paroi de ses dents qu'elle serrait fermement en sentant une vague de flammes et d'électricité monter en elle, implacable.

"Serenos... Serenos..." Se lamenta sa Compagne avec dévotion.

Chaque centimètre de sa peau vibra, dans d'intenses secousses, lorsqu'elle se convulsait, relevant tantôt la tête vers lui, puis se laissant partir en arrière comme si ses forces l'abandonnaient, et que son corps lui refusait toute obéissance. Le plaisir l'enveloppa toute entière et un rire dément sortit de sa gorge, pendant que de discrètes larmes d'une joie pure coulaient sur ses joues.

Touchée par la Grâce, les cheveux collés à son front, elle se saisit de la chevelure de son amant puis de son visage, qu'elle força à remonter jusqu'au sien. Un instinct trop puissant pour être maîtrisé appelait sa bouche à elle, elle l'embrassa comme jamais elle ne l'avait fait, avec une intensité rare et totalement acquise à lui. Elle lui appartenait corps et âme, désormais.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le samedi 06 juin 2020, 22:54:57
Sa compagne atteint enfin un orgasme conséquent, au plus grand plaisir du Roi, qui n'attendait que cela. Ses gémissements et ses cris de plaisir n'avaient que motivé cet homme à lui en donner davantage. Comme il aimait sa voix. Et elle l'appela de nouveau, par son nom, dans une lamentation des plus exquises, alors que son magnifique corps se contractait et spasmait délicieusement sous ses caresses. À sa surprise, alors qu'il s'attendait à ce qu'elle lui demande grâce, ne serait-ce que pour reprendre son souffle, la jeune femme l'agrippa par les cheveux et tira dessus. Il laissa aller une petite plainte de protestation, bien qu'elle ne puisse réellement lui faire de mal avec une si petite tension, il comprit qu'elle voulait l'éloigner de son trésor, et donc il joua des épaules, repoussant les cuisses qui lui enserrait la tête jusque-là. Il remonta alors jusqu'à elle et répondit avidement à ce baiser si intense qu'il eut, pour un moment, un peu de mal à respirer, tant il était long, mais délicieux. Il ne lui aurait jamais venu à l'esprit de s'en défaire.

D'un mouvement doux, l'homme leva une main et caressa la joue de sa belle. Il replaça, avec une tendresse infinie, une mèche rebelle de ses cheveux qui masquait son visage, la replaçant derrière son oreille et fit la même chose de l'autre côté, avant de prendre son visage dans ses grandes mains et de lentement briser le baiser qui unissait leurs lèvres. Le Roi la regarda un moment dans les yeux, puis ses yeux se posèrent de nouveau sur ses lèvres, et il revint à l'assaut dans un baiser aimant. Alors que le Roi se délectait des lèvres de la douce Alecto, son nez ne pouvait que percevoir le parfum discret de jasmin et de lavande dont les servantes l'avaient parfumée. Ses doigts, eux, appréciaient le contact de sa peau, la trouvant encore une fois si unique comparativement aux habitudes. Tous ces petits détails, toutes ces petites choses suffisaient au plaisir du Roi, mais cela n'était pas suffisant. Pas encore.

Il l'attira contre lui et l'encouragea à l'enlacer de ses bras alors qu'il la ramenait contre les coussins et l'y déposait, se penchant de nouveau sur elle pour l'embrasser, alors que ses mains, sans subtilité, glissaient le long de ses formes pour descendre, lentement, vers ses hanches, puis ses jambes. D'une main, le Roi saisit son membre et, après une courte sonde, il trouva l'entrée du jardin secret de sa belle, et il poussa doucement, avec une patience calculée pour qu'il se délecte de cette satisfaction recherchée, et il n'était en aucun point déçu; peut-être parce qu'Alecto l'avait ainsi planifié ou par accident, le fait qu'ils s'étaient arrêtés la veille avait rendu ce moment d'autant plus intense pour lui. La peau du Roi, alors qu'il progressait lentement dans sa compagne, se couvrit de frissons de délice. Lentement mais surement, le corps d'Alecto et le sien s'épousèrent complètement, bien que Serenos put s'enfoncer complètement en elle sans lui causer un inconfort. Assurément, cela était loin d'être la faute de la délicate demoiselle; son amant était plus grand et plus massif, avec une un membre viril conséquent pour cette même taille.

Le Roi brisa de nouveau le baiser lorsqu'il sentit le col de sa belle, au plus creux de son être. Il eut un instant une mine soucieuse, mais pour la rassurer et se rassurer lui-même, il posa un baiser sur son front, son nez et ses lèvres, avant de poser ses mains de chaque coté de sa belle. Normalement, le Roi ne se gênerait pas de tenter diverses positions et encore plus d'autres caresses, mais il se disait, dans sa lucidité partielle, qu'il y avait un temps pour tout. Certes, la position du missionnaire était d'un cliché des plus ennuyants, mais la levrette pouvait parfois entrainer un sentiment de déconnection émotif, et il était important, en ce moment, que la jeune femme sache que son amant était émotionnellement attaché, voire très attaché, à elle. Lentement, le Roi commença à se mouvoir, faisant coulisser son membre en elle, dans un mouvement tendre de va-et-vient, profitant simplement de cette proximité complète et intime dont ils jouissaient avant de passer aux choses sérieuses, lorsqu'il se serait assuré du confort de la jeune femme.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le samedi 06 juin 2020, 23:17:55
A chaque centimètre qui s'enfonçait en elle, Alecto manquait de défaillir. Elle sentait son corps engourdi de plaisir, qui n'eut pas le temps de retomber, tellement ce membre chaud et palpitant la rendait déjà submergée de désirs. Quoi qu'elle ait pu ressentir de négatif, si par hasard une pensée fugace lui soufflait qu'elle se trahissait avec lui, qu'elle était un transfuge, désormais, elle le chassait avec énergie. Cette énergie de totale appartenance à son Roi.

Elle se refusait de quitter ses yeux à mesure qu'il la pénétrait, elle voulait voir son visage et imprégner pour toujours dans sa rétine ce regard magnifique qui la rendait folle. Folle, oui. Démente. Elle aurait du avoir honte de songer qu'elle avait envie de lui sans aucune retenue, qu'elle raffolait de la sensation de sa chair s'écartant pour qu'il se glisse en elle, profondément. Oh. Oui. Elle le voulait si profondément en elle... C'en était intenable.

Quel miracle avait fait le vin... Elle enserra son bassin de ses jambes, sans souplesse néanmoins, mais avec passion. Entre ses seins, son médaillon vibrait et se soulevait à une vitesse effarante, tant elle suffoquait, le souffle court. L'attente était agaçante, presque, un sentiment qu'elle ne ressentait que peu. Elle s'impatientait et Serenos jouait de ses nerfs, s'enfonçant lentement d'abord, jusqu'au fond. Il lui arracha même un grognement avide. Qui eut cru qu'un visage d'ange comme le sien pourrait exprimer une telle fièvre, une telle envie primale.

Repliant au mieux ses jambes pour intensifier leur valse, leurs deux corps ne faisaient désormais plus qu'un. Elle lâcha un soupir de plénitude, comme une bénédiction, une communion totale avec Son Roi.

"Oh, Oh... Mon Roi..." Gémit-elle, en le sentant commencer ses mouvements de va et vient, sentant sous ses talons les muscles de ses fesses se contracter en rythme.

Alecto ne pouvait que bénir cette position, classique, certes, mais où elle pouvait pleinement vivre le mariage harmonieux de leurs corps. Elle pouvait se perdre dans la contemplation de son visage, se noyer dans le bleu de ses yeux, recueillir ses râles. Incapable de rester inactive, cette fois-ci, son bassin débuta de langoureuses ondulations, essayant maladroitement de s'accorder à ses mouvements. Mais elle avait toutes les peines du monde à se concentrer sur ses gestes, tant son entre-jambe irradiait d'un plaisir qui annihilait tout le reste. 

Prenant peu à peu ses marques, comme un instinct naturel bien enfoui qui reparaît, elle valsait désormais avec Serenos, en se laissant aller aux vocalises qui lui venaient sans les contraindre. Elle était, finalement, plutôt bavarde, comme on peut l'être lorsque l'on découvre quelque chose de totalement nouveau, et glissa sa main moite de sueur le long de son buste, pour frémir en le caressant, en agrippant sa peau marquée, en enfonçant, même, ses ongles légèrement.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le dimanche 07 juin 2020, 00:16:06
Il sentit bien clairement le bassin de la jeune femme se muer sous lui alors qu'ils faisaient enfin un, tout autant qu'il était loin d'avoir raté l'opportunité, assurément rare, de l'entendre se plaindre de frustration et de désir, même sous la forme d'un grognement. Il y avait donc également ce genre de sentiments cachés au fond d'elle. Le souverain en était visiblement ravi, encore plus lorsque les jambes d'Alecto se refermèrent sur lui, se resserrant et l'attirant contre elle, le forçant à se presser un peu plus et s'enfoncer plus profondément en elle.

Alors que les mouvements débutèrent, il remarqua toujours son médaillon sur sa poitrine, remuant au rythme de leurs mouvements, et il se pencha sur elle. Peut-être que la voir le porter lui donnait un sentiment de légitimité, autant que ses propres paroles. Il prit doucement la main de sa belle, posée sur son torse, et lui asséna des coups de rein plus fougueux, la regardant gémir et vocaliser, comme si elle était une cantatrice qui lui offrait sa plus belle performance, puis relâcha sa main, venant plutôt glisser la sienne sous le dos de la jeune femme pour le supporter et la soulever légèrement pour faciliter les mouvements de son membre en elle. Les yeux de Serenos quittèrent alors le collier, remontant vers les yeux, dans lesquels il se perdit.

Pour comprendre comment Serenos se sentait, il fallait savoir que Serenos n'avait que rarement fait cet acte que l'on appelait "l'amour". Il avait eu des aventures, certes, et il avait consommé les femmes et les hommes selon ses envies, bien que, grandissant, l'allure féminine devint sa favorite, au point de délaisser les hommes virils, favorisant ces jeunes personnes qui cultivait une apparence et une attitude féminine au point de s'y méprendre avec le charme féminin, mais il n'avait que rarement senti son cœur battre pour ces femmes ou personnes. Si la passion charnelle ne manquait pas, son cœur restait constant, voire distant et froid, au point qu'il apparentait parfois ces ébats comme un duel entre lui-même et la personne devant lui, à savoir qui serait celui qui rendrait les armes le plus vite. Dans le cas d'Alecto, ce n'était pas seulement son corps qui avait soif d'elle; son esprit et son cœur ne cessaient de l'appeler, bien qu'elle soit son opposé physique et psychologique. Évidemment, leur moralité restait similaire; tous deux recherchaient le bien et le bon, mais là où il le recherchait à travers sa raison, elle le recherchait au travers de sa Foi.

Il s'affala alors doucement sur elle, plaquant son torse contre sa poitrine, et commença un mouvement plus passionné, remuant l'entièreté de son corps d'homme contre le sien, usant de la main qui supportait son dos pour la caller contre lui et la serrer avec force contre lui. Le plaisir du Roi grimpa encore, et finalement, à la voix de la jeune femme se mêla, occasionnellement, la respiration rauque du Roi, et ses grognements profonds, qu'il tut en venant les étouffer dans le cou de la jeune femme, où il posa des baisers amoureux. N'ayant désormais plus besoin de se soutenir, le Roi posa une main sur la poitrine de sa belle et entama des caresses tendres, caresses bien rapidement accompagnés des pincements de ses doigts sur les tétons durcis de la jeune femme, lui accordant d'autres sensations. Et plus le plaisir du Roi et de sa compagne augmentait, moins le Roi ne voyait de raisons de se contenir, s'enfonçant encore plus profondément en elle, pressant son membre contre le col de son utérus, et augmentant encore plus la cadence de leurs mouvements.

Une autre chose qui l'attisait dans tout cela était la notion de l'interdit, notamment pour Alecto. Il était le Roi, elle n'avait ni titre ni terre à lui apporter à travers leur union. Beaucoup désapprouveraient de leur relation, et nombres s'y opposerait, et il y était préparé. Que viennent les nobles avec leurs armées, que viennent ceux qui se disaient plus méritant de ses attentions, le Roi ne laisserait pas Alecto lui filer entre les mains. Elle en valait, du moins en son cœur et son esprit, la peine, et ce bien largement. Du côté d'Alecto, elle s'adonnait aux plaisirs de la chair alors que les dogmes de sa Foi stipulaient que seuls des époux, unis par les liens sacrés de l'institution maritale et par leur Foi, avaient le droit de s'unir dans la bénédiction de leur Seigneur Tout-Puissant. Aucun prêtre ne leur pardonnerait leurs transgressions, et aucun n'accepterait cette union entre un Païen, un hérétique, avec une femme de sa Foi, même si ce même hérétique était un Roi, simplement parce que les ordres du Grand Pontife, qui avait excommunié cet homme, étaient au même grade que la parole même du Sauveur. Dans les faits, Alecto partageait en ce moment même sa couche avec ce que l'Église qualifiait d'engeance. Un monstre.

Mais encore une fois, les gémissements de celle-ci chassèrent de l'esprit du Roi ces pensées sombres, et il reprit de plus belle, empalant la jeune femme sur sa verge avec une passion grandissante. Il se pencha alors sur la jeune femme et murmura à son oreille.

"Griffe mon dos, Alecto… Enfonce tes ongles dans ma chair."

Cela avait quelque chose de symbolique pour le Roi. Son dos était couvert de cicatrices, qui ont toutes été infligées par des gens qui lui voulaient du mal. Il souhaitait qu'Alecto le purifie, en un sens, comme elle seule pouvait le faire, de ces souvenirs qui lui donnaient l'impression de n'avoir que des mauvais souvenirs. Il voulait que, si le destin lui ravissait Alecto, qu'il ait une cicatrice d'elle, pour qu'il ne l'oublie jamais. Oh, certes, maintenant qu'ils étaient ensemble et qu'elle était sa compagne, si elle devait partir sans crier gare, il la pourchasserait jusqu'aux confins de Terra, mais s'ils devaient être séparés parce que son destin l'appelait loin de lui, elle resterait à jamais gravée dans la tapisserie de sa chair.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 07 juin 2020, 09:35:01
Les mots du Roi furent comme un électrochoc pour Alecto. Certes, elle manquait largement d'imagination, mais s'il y avait bien une chose qu'elle savait faire à merveille, c'était obéir aux ordres...
Entendre la voix de Serenos fit vibrer ses tympans, cela décupla son plaisir en une seconde, ouvrant les yeux plus ronds et gémissant de délice tant ces sons étaient envoûtant.

Sans se faire attendre, sa Compagne pressa ses doigts plus fort qu'avant contre ses épaules, jusqu'à son dos. Ses ongles appuyèrent davantage en perçant la peau de son amant, se rendant compte à quel point cet ordre intimé par Serenos lui donnait des frissons, qu'exécuter ses demandes la rendait frénétique et accentuait ses sensations. Ses ongles marquaient légèrement le dos du Roi en y inscrivant son emprunte au milieu des cicatrices, des constellations diverses, sans deviner les intentions de Serenos.

Ses cuisses accentuèrent alors la pression autour de son bassin, tant ses coups de rein devenaient sauvages, comme si elle voulait s'agripper et raffermir sa prise. Comme si elle ne pouvait qu'essayer de suivre ce rythme endiablé qu'il imposait. Les simples mots, et quelques râles de Serenos, avaient élevé le ton de sa voix, elle criait presque à chaque fois qu'elle sentait son membre entrer totalement en elle et lui envoyer des décharges électriques de l'intérieur.

"Encore ! Encore !"

L'alcool l'avait métamorphosée, ou peut-être simplement, retiré toutes ses contraintes.
Pendant qu'elle griffait ses omoplates, son autre main se plaqua contre sa fesse musclée pour accompagner avec maladresse ses mouvements de bassin, alors qu'elle ondulait toujours sous lui pour accentuer leur union. Ce nouvel angle la fit sursauter et les vibrations la gagnèrent à nouveau en contractant tous ses muscles de manière anarchique, enlaçant son Roi dans ses bras et le serrant avec toute la force dont elle était capable.

Désarçonnée par autant de plaisir, elle lacéra son dos des deux mains bien involontairement, et sa bouche se perdit dans le creux de son cou en le brûlant de mille baisers frénétiques pour éviter de lui hurler dans l'oreille. Elle se sentait à la merci de ses sensations, à la merci de Serenos, esclave de son plaisir. En inspirant sa peau rendue salée par la sueur qui les recouvrait, Alecto songea qu'elle était au paradis.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le dimanche 07 juin 2020, 12:06:46
Encore une fois, Alecto surpris le Roi de Meisa en obéissant à ses demandes. Elle ne posa pas de question, elle ne se sentit pas non plus dépassée par cet ordre pourtant très simple, et surtout, elle ne protesta pas. Docilement, mais passionnément, ses doigts se pressèrent dans le dos du Roi, l'agrippant fermement, et il perçut ce picotement intense lorsque la douleur se manifesta, lui arrachant un râle de plaisir, un plaisir qui lui causa de se montrer d'autant plus passionné dans les mouvements de son corps contre celui de sa compagne qui, non contente de seulement le marquer, lui intima un ordre simple; elle en voulait encore plus. Ses cris grimpèrent en décibel au creux de l'oreille de Serenos, pour son plus grand plaisir, ce qui l'encouragea à faire encore mieux.

C'est donc avec ses deux puissantes mains que le Roi enlaca sa belle et la souleva lentement du matelas pour la plaquer contre la tête de lit en bois. Cette partie du mobilière, du haut de son mètre et demi, avait été sculpté et ouvragé sur ordre spéciale du Roi, et les reliefs ciselés par un artisan de sa connaissance représentaient un sombrechant, l'oiseau que Serenos avait choisi comme non seulement son étendard mais aussi comme la composante majeure de ses armoiries royales, les ailes bien ouvertes dans toute leur majesté. Alors que le bois qui composait l'oiseau était de l'ébène, tout le reste était en pin blanc, avec des petites décorations dorées. Par quel procédé l'artisan avait réussi à intégrer l'ébène au pin sans laisser une grande trace de découpage derrière était complètement inconnu du Roi, mais il ne détectait aucune magie derrière, donc il ne pouvait qu'être épaté. Il ne put s'empêcher de remarquer, néanmoins, que de son point de vue, il lui sembla un instant qu'Alecto était munie d'ailes noires, complétant un portrait d'ange que le Roi trouvait tout simplement exquis.

Les mains de Serenos vinrent alors se poser sous les fesses d'Alecto, et, sans plus d'égard pour sa délicate personne, en dehors des mesures nécessaires pour qu'elle ne soit pas blessée dans sa fougue, le Roi reprit ses coups de rein, reprenant un rythme endiablé et passionné dans ses va-et-vient. C'est alors que le souverain ressentit le raffermissement des cuisses contre lui, mais également cette étreinte qui manqua presque de lui couper le souffle, lui rappelant alors qu'Alecto restait sa compagne, et donc, pour s'assurer de son bien-être, il posa un baiser contre sa nuque, sa joue, comme s'il s'excusait, mais par ce geste lui demandait, ou plutôt la suppliait, de tenir bon encore un peu. Il sentait bien que leur plaisir allait bientôt atteindre son paroxysme, et pour cette raison, il ne voulait pas s'arrêter maintenant.

Les coups de butoir continuèrent encore quelques minutes, avec les râles et la respiration du Roi gagnant en intensité, autant que la sensation de brûlure dans son dos, sur lequel quelques gouttes de sang, causées par les ongles enfoncés dans sa chair, coulaient. Le Roi se sentait brûlant, fiévreux, et son corps était couvert de cette fine couche de sueur qui se mêlait à celle d'Alecto, comme si leurs corps cherchaient à se mélanger par ce procédé. Après quelques bonnes minutes, le souverain donna ses ultimes coups de rein et sa respiration halta pour une ou deux secondes. Pendant ces deux secondes, son esprit fut submergé, complètement, par une sensation extrême qu'il n'avait pas ressentie depuis fort longtemps, ce moment de parfaite limpidité où une personne se rendait compte de ce qui se passait dans son corps; une vague, partant évidemment de la région intime, qui se propageait dans l'entièreté du corps, atteignant bien vite le cerveau. Le Roi se laissa aller à cette sensation extrême de plaisir, et répandit sa semence dans le ventre accueillant et potentiellement fertile d'Alecto.

Le Roi regarda alors sa compagne avec des yeux brillants et intenses, avant de se pencher sur elle et de l'embrasser tendrement.

"Alecto… Ma tendre, ma bien-aimée, mon Alecto…" dit-il dans son dialecte étrange.

Même si elle ne comprenait peut-être pas la langue, elle pouvait comprendre que ces mots étaient prononcés avec un profond respect et amour pour elle. Tout pour elle et rien que pour elle.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 07 juin 2020, 13:58:41
La tête lui tournait, tellement, qu'elle ne comprenait plus les mots du Roi. Elle ne réalisa pas le changement de langue, totalement inconsciente de ces choses là, uniquement bercée par le flou autour d'elle, et la plénitude, en elle. Alecto embrassa le Monarque, comme étourdie, cillant lentement. Elle entendait mal les sons autour d'elle, tant son propre battement de cœur était remonté dans ses tympans, et ses tempes vibraient encore de pulsations fortes.

C'était incomparable. Ce sentiment de bénédiction totale qu'elle ressentait, après ses dévotions religieuses, ne pouvaient pas rivaliser... Car elle avait la conviction viscérale d'avoir communier avec Serenos de la façon la plus intense qui soit, la plus physique, aussi. Ils avaient atteint les sommets du plaisir en symbiose totale, et les paroles du Roi, même si elle ne les comprenait pas, résonnait au loin comme de douces déclarations.

Comme elle l'aimait à cet instant. Ce visage était celui de son Maître, le seul qu'elle se soit choisi. Alecto était prête à se damner pour lui, à parjurer et à se donner corps et âme à cet homme. L'ivresse retombant, l'enivrement de l'extase prenait sa suite pour embrumer son esprit et la laisser comme sur un nuage.
Un nuage de sueur et du parfum de leur valse frénétique, un nuage bouillant, humide, moite. Ses forces l'abandonnèrent, la Compagne se laissa mollement choir en haletant.

Ses joues étaient en feu et sa gorge la brûlait trop pour qu'elle arrive à parler. Il lui semblait même qu'elle était enrouée, à force de crier. La boisson la laissant peu à peu consciente, Alecto reprit ses marques, redécouvrant la chambre du Roi comme si c'était la première fois. Elle vint l'embrasser, hagarde, et ne put s'en défaire. Elle voulait sa bouche, sur la sienne, se sentir aussi vivante dans ses bras, vivante et vibrante comme jamais.

Sa gorge douloureuse la força à s'éloigner un peu, mais elle plongeait son regard clair dans l'océan de ses yeux. Comme ils étaient beaux... Les rides d'expression qui les entouraient étaient autant de route vers ses sentiments. Elle embrassa sa pommette, puis le bord de sa paupière, puis sa mâchoire barbue. Comment ne pas l'aimer avec passion ? Quelles femmes ne lui offriraient pas son cœur sans rechigner ? Pour Alecto, Serenos était l'homme idéal. Elle l'aimait. Non, elle le vénérait.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 08 juin 2020, 00:04:14
Le souverain de Meisa lui rendit chaque baiser alors qu'il la reposait doucement dans leur lit. La voyant ainsi satisfaite et épuisée, il ne put s'empêcher de se sentir un peu coupable, comme s'il en avait trop fait. Fort heureusement, sa compagne sembla capter son inquiétude et lui donna plusieurs baisers, ou alors elle était encore prise avec des vagues de passion incontrôlable. C'est presque à contrecoeur qu'il se retira de se retira d'elle. Son membre était étonnamment, enfin pour le Roi, toujours droit et prêt à en découdre, mais il savait qu'il n'était pas bon d'abuser des bonnes choses. Il se pencha sur elle, lui rendant ses baisers, avant de l'attirer contre lui, allongés l'un contre l'autre.

À ce moment-là, le Roi se sentait en paix. Il se sentait serein. Lorsqu'elle lui réclamait d'autres baiser, il les lui accordait avec plaisir, ses bras se refermant sur la fine silhouette de sa bien-aimée, l'attirant contre son cœur et lui murmurant des douceurs au creux de l'oreille. Tout d'un coup, il ne se sentait plus de sortir de cette chambre, d'aller faire la fête. Il serait heureux de simplement se laisser aller, là, contre elle, sans jamais penser à autre chose qu'à la faire sourire, à lui faire plaisir.

Bien sûr, le monde ne fonctionnait pas ainsi. Il savait qu'à tout moment, les serviteurs allaient entrer, les tirer du lit, les habiller de gré ou de force pour les envoyer jouer les jeux de la noblesse, comme les Rois l'ont fait pendant des générations et des générations. Du coup, il savait qu'il devait apprécier ce moment tant qu'il le pouvait encore. Donc, il embrassa sa belle, la serrant contre lui avec tendresse, les bras enlaçant sa fine silhouette, comme s'il souhaitait la protéger du reste de la journée, la protéger du temps qui passait.

Après un moment, il regarda également la jeune femme à son tour, avant de lui prendre doucement le visage de ses mains, avant de poser son front contre le sien et lui adresser un véritable sourire, un sourire d'amour et de chaleur. Alecto sentit graduellement l'énergie du Roi passer en elle, bien qu'elle ne put probablement pas déterminer l'origine de sa nouvelle vitalité. D'un coup, elle était moins enrouée, sa gorge était moins douloureuse, mais son ivresse sembla s'alourdir un brin.

Le Roi se redressa un peu, puis se laissa glisser jusqu'à ce que sa tête se pose sur le ventre d'Alecto, où il s'y reposa, les yeux clos, et se permit une sieste.

***

À l'insu du Roi et de sa nouvelle compagne, tout n'était pas aussi rayonnant, car à l'autre bout du monde, sur le continent, un homme attendait, dans le noir de sa demeure, et se mordait les doigts avec un mélange de rage et de protestation alors que ses yeux étaient rivés sur un miroir de voyant. Du sang coulait dans sa bouche, mais l'homme n'avait cure; sa rage ne cessait de grimper. Alecto. Alecto. Comment osait-elle se donner à cet hérétique? La belle Alecto, le cadeau du ciel. Il n'aurait jamais dû la laisser lui filer entre les doigts. Elle était sa promesse au salut, il ne se sentait près du paradis, du Seigneur, que lorsqu'elle versait ses larmes d'amour, ses cris d'adoration que pour lui, griffant ses draps. Oh, elle cherchait souvent à échapper à sa prise, dans sa jeunesse, mais ce n'était que pour l'attiser, pour qu'il mérite les promesses du paradis charnel qu'il trouvait dans son corps de jeune fille. Et la voilà qui chantait de plaisir pour ce monstre abject. Il ne le lui pardonnerait pas. Non. Bien sûr qu'il lui pardonnerait. Ce n'était pas sa faute, pas sa faute du tout. Elle était juste naïve. C'était la faute de ce corrupteur, de ce monstre. Les femmes sont ainsi, elles sont faibles devant les hommes. Non, elle ne se donnait pas à lui. Il la violait. Ce démon tentait de la souiller, mais il n'y arriverait pas.

L'homme se leva de son siège, repoussant le jeune serviteur dans lequel il avait déversé son péché alors qu'il observait les ébats de la belle Alecto et de ce monstre pêcheur et hérétique. Le jeune homme avait les yeux révulsés, faute d'oxygène, mais une fois libéré, il réussit à reprendre son air, éclatant bien vite en sanglot et se couvrant alors que l'homme revenait avec un fouet, et il se mit à fouetter la chair du jeune pêcheur. Il fallait faire sortir le pécher. Il entrait blanc, mais il ressortirait rouge. Le fouet claqua, le jeunot hurla, et la purification démarra. Il lui asséna aisément une trentaine de coups, sans ménagement, car le Tout-Puissant ne pardonnait pas le pêché s'il n'était pas sincèrement repenti, et seulement la douleur donnait le vaisseau nécessaire à l'expiation.

Malgré sa douleur, le pénitent se mit à le remercier, comme il se devait; après tout, ne le sauvait-il pas de l'enfer? Il ne demanda pas grâce non plus, comme un bon fidèle, car aucun homme ne pourrait espérer entrer au paradis s'il était alourdi par le pécher. Après le dernier coup de fouet, l'homme massa son 'déshonneur' et déversa de nouveau le péché de sa chair sur le pénitent, poussant un grand râle. Le blanc et le rouge se mélangea, jusqu'à ce qu'il déverse sur lui un grand seau d'eau salée. Il hurla de nouveau, mais rien de bien différent.

Il se détourna alors du jeune homme, et s'habilla, avant de poser sur sa tête la coiffe de l'Ecclésiaste, souriant alors qu'il passait devant une soeur. Sa prochaine destination avait été décidée; Meisa. Il sauverait Alecto de ce démon qui essayait de l'emmener vers le péché, et la ramènerait à sa place, au sein de la sainte Église de l'Ordre Immaculé, et elle serait placée à son service, pour le reste de ses jours, jusqu'à ce que Dieu les accueille dans sa béatitude, où elle serait sienne pour toujours, puisque la mort le libèrera de ses voeux. Fini, les flagellations, fini les cilices, fini les séances de purification pour obtenir le pardon du Seigneur; Il avait servi toute sa vie, et Alecto serait sienne dans l'après-vie. Si, par malheur, elle était déjà conquise par le démon, alors il la purifierait lui-même avant de l'envoyer vers le Seigneur de sa propre main.

Pour son bien.

Pour lui éviter la damnation.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le lundi 08 juin 2020, 14:36:35
Alecto était épuisée, il est vrai, mais elle se sentait à la fois chamboulée et extrêmement consciente. Chaque détail de la peau de son amant lui parut nettement, et elle vint caresser ses cheveux ébouriffés alors qu'il embrassait son ventre, puis s'y reposait comme sur un moelleux coussin. Il lui sembla qu'elle pourrait y passer des heures entières, observant le très haut plafond décoré, peint et sculpté, pendant qu'elle câlinait la tête du Roi avec tendresse.

Elle n'aurait jamais cru pouvoir rester ainsi contre un homme... Au Monastère, jamais cette idée ne lui serait venue, trop jeune. Puis, au Temple dans cet environnement plus urbain, l'adolescence lui avait bien chatouillé le cœur, mais elle s'était donnée corps et âme à l'apprentissage pour devenir Sœur. Elle ne vivait que pour Dieu, et avait facilement récité mille fois des vœux de chasteté, de pauvreté, d'obéissance à l'Ordre, en attendant le jour béni où elle pourrait les clamer haut et fort, quand elle pourrait les prononcer véritablement, officiellement.

Tout s'était brisé lorsque l'homme à l'origine de tous ses malheurs avait jeté son dévolu sur elle. Il avait anéanti à jamais au moins l'un de ses vœux, entraînant par la suite une série d'événements l'amenant ici, et maintenant.

Dans sa très grande miséricorde, Alecto était tentée de remercier le Ciel d'avoir un jour détruit son existence, et de la faire renaître aujourd'hui dans les bras de Serenos. Son cœur s'emballa, et alors qu'il dormait paisiblement contre elle, sa Compagne caressa délicatement sa joue en murmurant "Je t'aime, mon Roi." d'une voix à peine audible.

Mais elle ressentait le besoin viscéral de gagner la Chapelle. Il fallait qu'elle se confesse, qu'elle communie avec le Trés-Haut comme pour réaffirmer sa Foi et la totale obéissance à Ses lois. S'extirpant doucement, avec difficulté, de dessous son amant, elle posa ses pieds nus au sol, et sur la pointe des pieds se dirigea vers la grande porte de la chambre. Marina la prit de court et l'ouvrit pour entrer juste devant elle... Comme si elle savait. Alecto devint rouge, nue devant la servante, qui lui souriait avec un mélange de taquinerie et de douceur.

La domestique lui prit la main et, sans un mot afin de ne pas éveiller le Roi, elle entraîna la Compagne Royale jusqu'à un baquet d'eau, où elle la toiletta avec ce même petit sourire... L'ancienne Esclave ne pouvait s'empêcher d'être honteuse en songeant "Elle SAIT. Elle a tout entendu." Mais jamais Marina n'eut l'indélicatesse de dire quoi que ce soit. Rendue propre, dépourvue de sueur, parfumée, les cheveux tressés, et bientôt fardée, la servante noua une robe légère, et élégante, brodée d'oiseaux sombres aux ailes déployées, rehaussés d'argent et sertis d'hématites qui étincelaient.

Marina sembla l'admirer, ce qui augmenta encore la gêne de la jeune fille, mais la servante souriait tant, que cela dissipait un peu son malaise. Alecto se sentit jolie, quand on lui présenta son reflet dans le miroir... C'était rare, à croire que les mots doux de son Roi avaient trouvé leur place dans son esprit ? Elle prit le temps de tourner sur elle même, de se sourire, de s'incliner comme pour s'entraîner à ce qui l'attendait d'ici peu de temps.
La fête... le Bal... Elle sursauta.

"Il faut que ... que j'aille à la Chapelle..." Balbutia-t-elle à la servante, qui la laissa faire, puisque telle était la volonté de la Compagne Royale. D'un pas rapide, Alecto traversa la pièce dans les tintements et le vol des tissus aériens de sa tenue, pour se retrouver dans les couloirs. Seule. Pour la première fois.

Ce labyrinthe l'intimida à nouveau. Elle marcha un petit instant, perdue, en essayant de ne pas avoir l'air idiote, mais à chaque fois qu'elle croisait quelqu'un... Elle se sentait peu à sa place. On la regardait bizarrement, certains chuchotaient sur son passage. Quelle était la bonne attitude à adopter, lorsque l'on est Compagne Royale ? Elle l'ignorait et se contenta de sourire à quiconque croisait son regard, timidement.

Après avoir fait plusieurs dois demi-tour, elle trouva enfin la Chapelle, où elle s'engouffra. Un sentiment de soulagement envahit tout son être et elle se jeta au sol, le front contre le dallage, dans une posture de totale soumission.

"J'ai péché. Seigneur, Père de Toute Chose, Très-Haut parmi les Sages, pardonne la pécheresse qui se prosterne devant ta Puissance Infinie."

Elle récita plusieurs prières, appelant le pardon divin, face contre terre, en pleurant. Cependant, elle se sentait étrange... Il n'y avait en elle aucun regret. Aucun remord. Elle demandait la miséricorde divine, mais ne regrettait pas ce qu'elle venait de faire. Oh, non. Elle ne le regrettait en rien. Consciente de sa faute, elle se releva à la fin de ses litanies, souleva sa robe jusqu'au nombril, en saisissant un cierge, et laissa la cire la brûler, encore et encore, en psalmodiant les yeux fermés, les sourcils froncés par la douleur.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 08 juin 2020, 16:15:41
À son réveil, Serenos remarqua immédiatement l'absence d'Alecto sous lui. Encore à moitié endormi par sa sieste, ses mains cherchèrent le lit, comme si elle pouvait se cacher dans le pli des draps. Constatant que, dans ces plis, elle n'y était pas, le souverain ne put s'empêcher d'apprécier l'ironie de la situation; tel était le traitement qu'il lui avait infligé au matin même. Eh bien, c'était donc maintenant de bonne guerre. Néanmoins, le Roi n'était pas fâché, il était simplement inquiet. Le palais était immense, pour les récentes arrivées, et s'y aventurer sans prendre les mesures appropriées était une excellente façon de se perdre définitivement dans les méandres du palais. Ce qui le rassura, néanmoins, c'est qu'une Sœur de Guerre l'empêcherait d'accéder aux endroits dangereux du palais, comme les catacombes, la salle d'arme ou la bibliothèque, cette dernière ne lui était pas strictement interdite, mais elle ne pouvait pas y entrer sans y être accompagnée, de peur qu'un autre incident comme celui de la veille ne lui tombe dessus sans que personne ne lui vienne en aide.

"Selene?"

La seconde servante, jusque là sans nom pour Alecto, entra, comme si elle avait entendu la voix de son Roi au travers de la porte d'argent et d'onyx. Comme à son habitude, elle approcha le Roi. Celui-ci se tira du lit et, avec une éponge ainsi qu'un seau d'eau tiède, la jeune femme s'affaira à nettoyer le Roi, de la tête aux pieds, retirant cette fine couche de sueur séchée sur les muscles du Roi, puis frotta son membre pour le nettoyer, presque impassible, sinon un brin rougissant, devant cette tâche.

De nulle part, le Roi sentit ses jambes se dérober et il tomba sur ses genoux. La servante eut un cri, avant d'essayer d'aider le Roi. Celui-ci la repoussa.

"Non. Ne me touche pas!"

Le Roi resta ainsi, prostré, pantelant.

"Va chercher Aldericht. Vite."

Sans demander son reste, la jeune servante détala, fonçant dans les couloirs pour aller trouver le prince.

Entretemps, Serenos sentait cette gangrène, cette Corruption, lui monter le long du bras et du flanc, ces taches plus brûlantes encore que des flammes, qui se répandaient sur sa peau, formant d'horrible cloques noires sur sa chair. Pris de douleur, le Roi se tint le bras et rugit de souffrance alors qu'il sentait ce feu grimper le long de ses muscles et de ses os, se tortillant à même le sol. Et le pire, c'est qu'il n'y avait rien à faire pour empêcher cette souffrance, et il avait tout tenté; bloquer ses nerfs magiquement n'y faisait rien, les brûler, et de ce fait s'infliger une douleur sans nom, non plus. Rien n'allégeait son calvaire, ni la magie, ni la science, ni l'alcool. Tout ce qui lui restait, c'était de souffrir et d'attendre que son fils n'arrive.

Évidemment, une fois convoqué, Aldericht ne perdit pas une seule seconde pour se manifester dans la chambre du Roi. Constatant magiquement de son état, le prince aveugle agrippa l'épaule du souverain et le poussa sur le lit avant de lever les mains et de les plonger dans son père, ses mains disparaissant dans les flammes. Contrairement à son père, qui absorbait la Corruption, le prince, lui, ne pouvait que lutter à ses côtés. Après quelques minutes d'intenses souffrances à protéger la psyché de son père, la douleur s'estompa et les cloques noires disparurent.

"Comment vous sentez-vous, père?
-Fe me fuis morgu 'a 'angue, grommela le Roi en crachant une petite dose de sang sur le sol.
-Je parlais en général.
-Fe fe 'aiffe gevi'er."

Roulant de ses yeux aveugles, le Prince aida son père à se redresser, s'assurant que les séquelles ne restaient pas, usant de sa propre magie pour assister le souverain en soulageant au mieux ses nerfs.

"Les crises sont de plus en plus fréquentes, commenta Aldericht.
-F'ai remarqué.

Un autre roulement des yeux, mais Aldericht était capable de comprendre que le Roi souffrait intensément de ces crises. La Corruption, comme toujours, était une terrible affliction. Incurable, douloureuse et souvent léthale, avec seulement un pratiquant de la magie sur plusieurs dizaines de milliers qui en mourait tous les jours, et rare étaient ceux qui vivaient aussi longtemps que le Roi. Le simple fait qu'il ne soit pas devenu simplement fou en raison de la douleur tenait du miracle en lui-même. Cette corruption n'était pas qu'une simple maladie; elle était une conséquence une façon pour la magie de montrer à tous qu'être un magicien et utiliser son pouvoir pour de mauvaises raisons n'était pas sans risque. Cela commençait souvent par une simple sensation de brulure, et des points noirs apparaissant sur un membre, ou deux, plus fréquemment sur le bras dominant, celui qui était le plus souvent utilisé pour exécuter proprement les mouvements nécessaires aux sortilèges, puis plus le temps passait, plus les taches grossissaient, se répandant sur le corps comme si elle cherchait à le consumer.

Fort heureusement, le Roi avait un esprit et une volonté de fer; même si Aldericht n'avait pas été là pour l'aider, il s'en serait certainement sorti sans trop de mal, ce qui ne voulait pas dire que le Roi était immunisé, pas du tout. Il savait que les crises allaient arriver, peu importe à quel point il voudrait les éviter. Il ne savait jamais quand, ou où, ou même s'il ne serait pas en séance de doléance et forcé d'agir comme si de rien n'était alors que son corps était baigné dans une douleur plus intense que les flammes de l'enfer. Il savait simplement qu'il n'y avait aucune façon d'y échapper, et cela, juste de savoir cela, suffisait à rendre certains mages complètement fous et dangereux.

Selene revint alors et vêtit son Roi en sanglotant, terrifiée et embarrassée de ne pas pouvoir aider son seigneur. Une main du Roi se posa alors sur sa tête et frotta doucement ses cheveux, comme pour la rassurer, ou pour l'assurer qu'il était satisfait de son travail. Ce n'était pas sa faute, et il était important qu'elle le comprenne, sinon, cela lui pèserait. Il le savait. Comme le bal approchait, il savait qu'il était nécessaire qu'il enfile quelque chose de plus adapté, donc il se fit apporter une tunique blanche décorée de ses armoiries et d'un pantalon noir. À ses poignets, on passa des bracelets d'argent, alors que son cou, on lui passait des colliers de platine, ainsi qu'un petit pendentif qui miroitait celui qu'il avait offert à Alecto.

"Où est Alecto?"
"Je l'ignore, monseigneur. Avec Marina, je crois."
"Eh bien, nous allons devoir la retrouver… la cérémonie d'intronisation ne va pas tarder."

***

Marina eut un cri soudain, qui fut étouffé par la main d'un homme massif, alors qu'une femme apparaissait dans le cadre de la porte menant à la petite chapelle où se trouvait la jeune Alecto.

"Eh bien, eh bien, eh bien."

Alecto n'aurait aucun mal à reconnaître ce ton hargneux et cette voix; il s'agissait de Patience, la jeune noble qu'elle avait rencontré plus tôt avec Aldericht. Derrière elle, deux grands hommes se tenaient, lèvres cousues ensemble et les yeux bandés. Leurs muscles, cependant, restaient une menace bien réelle; assurément plus grand que le Roi et plus musclés, ils ne portaient des kilts rouges.

"Je ne vous croyais pas assez stupide pour vous aventurer ainsi, seule, dans cette aile inhabitée. Maintenant, il est temps de vous punir. Rogor, Fervanst. Attrapez cette catin."

Les géants, bien que massifs, furent très rapides et pourchassèrent Alecto dans la pièce si elle tentait de se sauver, puisqu'il lui était désormais impossible d'échapper à la pièce en raison du troisième homme qui couvrait la seule porte. Une fois entre les mains de ces hommes, Alecto fut tirée de force jusqu'à Patience. Elle s'approcha alors d'elle et lui plaqua une main dans ses cheveux noirs pour les tirer.

"Le Roi était à moi, sale trainée!"

Elle lui asséna une puissante gifle sur la joue, la laissant tomber au sol, avant qu'elle ne tire sur ses cheveux et ne la redresse de nouveau, la frappant encore.

Le manège dura quelques bonnes secondes, avant que la "noble" dame ne cesse de la frapper, pantelante de rage et de colère.

"Pour ta sanction, tu vas prendre ce que Rogor va te montrer dans ta bouche, sans les dents. Puis, ce sera au tour de Fervanst, puis tu feras Versiren."

Avec un sourire immonde en raison de ses lèvres cousues, Rogor releva son pagne et révéla une verge conséquente. Il lui agrippa alors les cheveux et la plaqua contre son bas-ventre, lui enfournant la tête contre son membre et ses bourses, poussant un ricanement malveillant par le nez.

C'est alors qu'un nouveau grondement se fit entendre, derrière Patience, et finalement Marina poussa un cri, et avec raison; à quelques centimètres de sa tête, une lame écarlate avait jaillit de la poitrine de l'homme nommé Versiren. Elle s'extirpa immédiatement de sa prise pour aller se cacher dans un coin, alors que le colosse s'effondrait, libérant la porte et révélant derrière une silhouette bien familière à Alecto, puisqu'elle l'avait rencontré ce matin; c'était la silhouette du Chevalier nommé Gwyhin. Le blondin regarda les deux autres hommes et Patience, dont le visage se décomposa.

"S… Seigneur Gwyhin! Ce… ce n'est pas du tout ce que vous croyiez! Nous… Erm… Cette voleuse s'est infiltrée dans le palais! Nous allions la p…"
"Silence."

Et Patience se tut.

Gwyhin regarda lentement encore une autre fois les deux colosses, dont l'un relâcha nerveusement Alecto.

"Dame Alecto. Le sort de Patience repose entre les mains du Roi, désormais, mais quel sort attend ces deux brutes?"

La lame du chevalier se tourna lentement, prête à frapper.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le lundi 08 juin 2020, 19:33:08
Tout arriva trop vite pour qu'elle puisse dire exactement ce qu'il se passa, dans les détails. La douleur avait dû rendre son ouïe bien moins précise, car elle n'avait même pas entendu entrer les molosses et leur maîtresse.

Désormais, les yeux pleins de larmes et un sentiment abjecte de dégoût qui piquait ses narines et sa gorge, la cire encore chaude coulant sur son ventre sous sa robe qui avait été abîmée par les maltraitances de Patience, Alecto restait à genoux au sol, s'écartant comme elle le pouvait, le plus loin possible du dénommé Rogor.
Elle avait les joues rougies par les gifles, et son cuir chevelu la faisait souffrir, mais aucun son ne sortait de sa bouche, pas même un sanglot. Elle se redressa en se tenant à un prie-dieu, les jambes pesantes. Son regard embué, son visage plein de poussière et de marques de doigts, son attitude... tout exprimait l'abattement, mais surtout, la peine.

Elle regardait Patience avec une profonde pitié, alors que la femme lui lançait des regards haineux. N'osant porter ses yeux sur les mastodontes encore debout, et encore moins sur celui qui gisait dans son sang, la Compagne Royale pinça les lèvres.

"Il ne m'appartient pas de juger ces hommes." Elle avala difficilement sa salive, sentant sa mâchoire douloureuse.

"Mais la prière est source de rédemption." A en juger par leur visage déjà sacrifié, elle n'osait imaginer les épreuves que la vie leur avait imposées, pour en arriver à servir une femme au cœur emplit de ténèbres. S'efforçant de trouver les mots qu'elle aurait prononcé si elle été devenue Sœur, l'ancienne esclave se signa.

"L'Ordre accueille les brebis égarées pour leur montrer la Voie." Relevant les yeux, elle échangea un regard encore hagard et peu sûre d'elle, avec le Chevalier qui venait de la sauver.

"Peut-être... pourrions-nous les faire entrer dans un ordre de Silence afin de servir le Tout-Puissant, car leurs bras sont forts et les labeurs des églises toujours à recommencer."

Fortifier, réparer, labourer, tailler la pierre... Les travaux pénibles nécessitants une musculature telle que la leur ne manquaient pas. Ils les dégoûtaient, certes, et lui faisaient peur. Mais elle ne devait pas les juger pour leurs actes, ils étaient commandés par Patience. Dieu seul savait Ses Desseins.
Elle glissa machinalement la main à son ventre, pour que le tissu soyeux ne se colle pas à la cire, pensant en priorité à ne pas abîmer ses si beaux atours offerts par le Roi. Elle s'approcha de la Noble alors, en déglutissant, anxieuse. Mais, se trouver dans ce lieu saint la rendait plus sûre d'elle. Même si elle marchait au devant de la douleur ou de la peine, Alecto savait que ses pas étaient tracés par Dieu.

"Je vous pardonne, car vous êtes habitée par la haine. Je demanderai au Roi sa clémence pour votre sort." Lui dit-elle, sondant son regard, ne pouvant s'empêcher de se sentir minuscule face à elle... Mais Alecto était convaincue qu'il exploserait dans une soif puissance de vengeance. Cela ne l'empêcherait pas de le supplier.
La présence de Gwyhin la rassurant, cependant, l'arme qu'il brandissait la mettait mal à l'aise. Comme une menace constante.

Que serait-il arrivé s'il n'était pas intervenu ?
Elle frissonna. Mais en son fort intérieur, elle le savait. Elle avait déjà vécu des situations qui y ressemblaient... Cependant, la jalousie aveugle et la rage de Patience, cela, était nouveau. Et terrifiant.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 08 juin 2020, 20:16:21
"Je ne crois pas qu'il soit possible de les envoyer où que ce soit."

Le jeune chevalier s'approcha du trio.

"Ils savent très bien que tout ce qui les sépare de leur liberté, c'est de me tuer."

Comme si par ces mots, il venait de réveiller ces deux abrutis, les colosses délaissèrent Alecto et foncèrent droit sur le chevalier du Roi. Le premier tenta de l'agripper, mais l'instant suivant, ce fut son moignon sanglant qui se posa sur l'épaulette du soldat; la main qu'il tentait d'utiliser avait été sectionnée par un mouvement parfait, exquis même, de cette lame affutée. L'instant d'après, ce fut sa jambe, puis la lame se planta dans le cœur du Colosse. Le blondin se baissa, fléchissant les genoux pour éviter le premier puis le second coup, exécutant un saut périlleux arrière pour passer au-dessus de son épée et du cadavre du premier adversaire avant de lever sa lame d'un geste brusque, éclaboussant de sang le visage de celui qui se dénommait Fervanst, qui rugit de colère en donnant des coups à l'aveuglette, tentant tant bien que mal de frapper ce garçon, mais il semblait toujours hors d'atteinte.

Pour Alecto, c'était une démonstration du savoir-faire de l'élite militaire de Meisa, et la raison pour laquelle les Trois Royaumes étaient aussi craints; le chevalier ne devait qu'à peine avoir son âge, sinon simplement en avoir l'air, et pourtant il se débarrassait avec aisance d'hommes âgés de plusieurs années de plus que lui. Après un moment à démontrer son talent supérieur, le chevalier mit fin à cette démonstration déplorable et, d'un bond suivit d'un mouvement d'épée fit rouler la tête du dernier homme sur le sol. Une fois que le corps s'effondra sur le sol, un soupir échappa aux lèvres de Gwyhin; il relâchait la tension de son corps, aussi simplement que s'il venait de faire une épreuve de gymnastique ou une démonstration devant un jury. Il regarda ensuite Patience en souriant.

"Très bien, nous irons donc devant le Roi et prierons pour sa clémence."
"Non!"

Tout d'un coup, Patience perdit toute sa superbe et tomba à genoux devant cette femme qu'elle haïssait et lui prit les mains.

"Pitié! Pitié! Ne dites rien au Roi! Dites-lui que Gwyhin ment! Pitié, dame Compagne!"

Gwyhin ne se départit cependant pas de son sourire avant d'agripper les mains de Patience. La dame hurla à s'en déchirer les cordes vocales en se débattant de toutes ses forces, mais cela n'eut aucun effet sur le jeune chevalier, qui resta de marbre devant cette démonstration de désespoir. Elle le mordit, lui donna des coups de pieds, tira de toutes ses forces pour arriver à se défaire de lui, mais il la tenait bien. Après un moment, comme il essayait à plusieurs reprises de parler à Alecto, il assomma la criarde d'une gifle avant de la balancer sur son épaule comme un vieux sac de patates.

"Je disais donc que le Tout-Puissant était notre sauveur et notre Lumière, mais que malheureusement, il n'y avait pas de couvents ou d'institutions religieuses dans les Trois Royaumes, donc pour ces deux-là, c'était déjà plutôt certains que leur tête allait rouler… puis avoir osé présenter sa personne inférieure à une Dame Compagne… Ils ne sont pas stupides au point d'espérer en réchapper."

Il s'inclina devant la jeune femme, avant de lui sourire, toujours aussi rayonnant qu'un petit soleil d'été.

"J'espère que le reste de la journée se déroulera sans problème, ô si belle Dame. Je m'occupe d'escorter la criminelle dans les geôles. Oh, et, encore félicitations pour vos fiançailles!"

Sur ces mots, le jeune homme se mit à marcher, tirant les deux colosses de sa main libre pour les jeter hors de la chapelle. Il se tourna vers la servante et lui donna quelques consignes très claires à suivre pour retirer le sang de la dalle, et aussi lui donna des directives pour se débarrasser des corps en accord avec les lois sur les crimes de lèse-majesté. Une fois tout mis en ordre, il s'excusa encore une fois et s'éloigna dans les couloirs… avant de revenir et regarder la Compagne.

"Au fait! Vous avez une très belle peau, vous ne devriez pas la brûler ainsi. Quoi que je doive admettre que cette odeur de chair cuite est tout simplement di-vine."

Et il disparut de nouveau.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le lundi 08 juin 2020, 21:21:20
Elle avait essayé d'empêcher le Chevalier de tuer les deux hommes de main de Patience, hurlant "NON !" avec ferveur, mais rien ne put retenir les coups des deux brutes, et de ce fait, leur mort. Lorsque la pauvre femme se jeta à ses pieds pour implorer son aide, Alecto voulut lui répondre qu'elle ne pourrait jamais mentir sur ce tels actes, mais qu'elle ferait son possible pour l'aider à retrouver la Lumière... Cependant, plongée dans sa rage, elle entraîna elle-même sa chute davantage, en provoquant Gwyhin.

Horrifiée par le spectacle du sang qui imbibait le dallage froid de la petite Chapelle, Alecto pleurait, quand le Chevalier était sorti. Il avait ôté la vie à ces trois personnes avec tant de facilité... Terrifiée par cette démonstration de violence, elle cacha son visage entre ses mains, alors qu'une armée de serviteurs s'occupaient de nettoyer le sol et d’exécuter les instructions du Chevalier d'élite. Quand elle s'en rendit compte, Alecto releva la tête, se rendant compte qu'elle était à genoux, et d'une voix étonnement ferme ordonna.

"Non !" Les serviteurs la regardèrent, étonnés, ne sachant visiblement pas ce qu'elle voulait. L'un d'eux était déjà près d'elle pour l'aider à se relever, et lui présenter un châle pour la réconforter. Elle ne bougeait pas, immobile, mais le regard délavé emplit de détresse.

"Je veux nettoyer, partez." Ils n'étaient pas convaincus... Ils n'allaient pas laisser une Compagne Royale faire leur travail... Mais son assurance fit ciller Marina, qui acquiesça, et donna quelques mouvements de mains pour que les domestiques exécutent les demandes de la Compagne Royale. Elle resta cependant, venant vers l'ancienne esclave, lui essuyant le visage encore bien marqué des traces de gifles.

"Pouvez-vous..." La voix d'Alecto était redevenue enrouée, comme peu à sa place. "Pouvez-vous quérir le Roi, s'il vous plait ?"

Marina hocha la tête, avant de sortir. Alecto était à nouveau seule dans la Chapelle. Les seaux d'eau savonneuse, les balais, les brosses avaient été abandonnées par les serviteur qu'elle avait chassé. Retroussant sa robe, elle attacha les torsades et les tresses de ses cheveux, malmenées par Patience, pour qu'elle ne retombent pas dans ses yeux. Puis, remontant ses manches, elle se saisit d'une brosse, s'agenouilla comme une parfaite esclave qu'elle n'avait jamais cessé d'être, et frotta.

Il lui était arrivé de nettoyé du sang, par le passé. Frotter des draps après un accouchement. Laver une écurie après une mise à mort, de retour de la chasse. Nettoyé un parquet après un duel. Elle fut prise d'un haut-le-cœur. Nettoyer cette cuisine après des avortements clandestins, forcés, à chaque fois qu'un Maître engrossait une servante. Mais Alecto frottait, avec force, une force désespérée.
Elle voulait laver le sol de la Chapelle, elle-même, retirer les souillures qu'elle avait causées. Elle était responsable de la mort de trois êtres vivants, dont leur sang profanait ce lieu saint.

Nettoyer lui vidait l'esprit. Mais lui laissait également un goût amer... Elle était dans la forteresse de Meisa depuis moins de deux jours... Elle avait déjà causé tant de malheur. Etait-elle vraiment à sa place ? Quelles autres immondes choses causerait-elle ? Se mettre elle-même en danger était une chose, elle ne craignait ni la mort, ni la souffrance, c'était faite à ces deux possibilités assez jeune. Mais cela pourrait affecter Serenos. Ses enfants. Ses proches. Elle était une source de tracas, de problèmes, de dangers...

Tout en s'acharnant sur les dernières traces de liquide visqueux et odorant, Alecto songeait à ce qu'elle aurait à dire au Roi. Comment le convaincre d'épargner Patience ? Il serait fou de rage. Non. Elle voulait croire qu'il saurait être raisonnable. Serenos était un homme bon, et noble. Un homme d'honneur. Il saurait garder sa raison et la tête froide. En brossant avec une force de démente, la Compagne Royale récitait des psaumes avec dévotion, pour laver son âme autant que le sol.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 08 juin 2020, 22:37:35
"Seigneur, nous avons trouvé Dame Alecto."

Et il y eut un moment de pause où le Roi fixa le serviteur, qui restait là, comme un idiot.

"… Mais je vous en prie, ne me laissez pas dans l'expectative, dites…" dit le Roi, exaspéré.

"Elle est dans la chapelle… sire, il y a eu un incident et…"

Les yeux du Roi se passèrent du neutre à la panique complète en ces quelques mots et il détala dans les couloirs. Dans son état, utiliser la magie aurait été une erreur, surtout qu'il aurait pris le risque de se retrouver dans une autre contrée. Il était peu avisé d'utiliser la magie lorsqu'on était sujet à une émotion forte, parce qu'elle devenait imprévisible. Cependant, Serenos n'avait qu'une seule image; celle du corps sans vie de Laryë. Non. Non, non et non. L'histoire ne pouvait pas se répéter si vite! Il n'y survivrait pas! Il n'avait même pas eu la chance de savoir s'il était en train de s'éprendre d'Alecto, de se le confirmer à lui-même, elle ne pouvait pas être morte! Ce serait une injustice! Une trahison! Pourquoi ces couloirs étaient-ils aussi longs!? Pourquoi cette idiote de servante passait LÀ, à ce moment précis, pour lui bloquer le passage? Pourquoi est-ce que ces gens essayaient d'attirer son attention? Ne voyaient-ils pas qu'il était pressé?

La rage qui le prenait jaillit de sa gorge comme un tonnerre, se répercutant dans les couloirs.

"Mais vous allez dégager, oui ?! hurla-t-il à plein poumons, causant visiblement le choc dans les yeux de ceux qui l'entouraient, et ils s'arrêtèrent enfin de le houspiller.

Les pas du Roi passèrent de la marche rapide à la course pleine, et il gravit les escaliers quatre par quatre. Il vit le sang dans l'entrée, et le sien se glaça dans ses veines. Il entra dans la pièce et trouva Alecto en train de nettoyer les traces de sang. Sans égard pour le sang et pour ses vêtements, le Roi se jeta sur ses genoux pour l'enlacer et poser sur son visage de nombreux baisers et l'enlacer contre son cœur. Elle put entendre dans sa poitrine celui-ci battre à tout rompre; il avait eu la frayeur de sa vie.

Après un moment, le Roi finit enfin par se calmer, remerciant les esprits et le destin de lui avoir épargné une nouvelle épreuve qu'il n'aurait su affronter, avant d'enfin regarder les environs. Si elle n'était pas blessée, à qui appartenait tout ce sang? Il regarda sa partenaire, posant son front contre le sien, respirant lentement et lui caressant les joues.

"J'ai cru qu'il t'était arrivé malheur, dit-il d'une voix tremblante d'émotion où se mêlait la panique, la colère mais aussi l'incompréhension. Qu'est-ce qui s'est passé?"

Il prit doucement les mains de sa belle et les nettoya d'un mot, causant le sang à tomber dans le seau, avant de regarder autour et de tout faire disparaître sans la moindre trace, avant de regarder la jeune femme. Il ne voulait pas qu'elle s'efforce de nettoyer alors qu'il lui posait des questions. Il sentait qu'elle était nerveuse de lui parler, donc il se leva et s'approcha de la porte pour la refermer, les laissant tous deux dans les ténèbres, avant de faire apparaitre une chandelle entre eux. Le Roi prit place sur l'un des bancs, les yeux posés sur sa compagne, comprenant que ce n'était pas le moment de monter sur ses grands chevaux. Il posa doucement une main de l'autre côté de la chaise, pour l'inviter à s'asseoir et tout lui expliquer.

[HRP: Pardon, un peu court, mais... voilà. ><]
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le lundi 08 juin 2020, 23:56:08
Alecto n'aurait su décrire le sentiment de soulagement en voyant Serenos lui fondre dessus et l'enlacer. Mais désormais qu'il fallait lui parler, sa gorge était serrée. Elle prit le temps de dénouer ses cheveux, et essuyer son front où perlait la sueur, pour réussir à avancer vers lui, et s'asseoir. Soucieuse de ménager son Roi, la jeune femme lui prit les mains, et prit une profonde inspiration.

"Je vais bien, rassurez-vous."

Le tutoiement qu'elle avait osé prononcé, ivre de vin et d'amour, n'arrivait pas à être naturel, encore. Alecto baissa les yeux pour observer les mains de son Monarque, et les lui releva pour les embrasser, inspirant l'odeur caractéristique qui le rendait unique.

Elle voulait assurément qu'il n'entre pas dans une colère sourde et froide, pire que les explosions sanguines dont elle savait que certains hommes étaient capables, pour en avoir fait les frais. Alors, encore sous le choc de ce qui venait de se passer bien sûr, la Compagne Royale tenta d'être claire dans ses propos.

"Le Seigneur Gwyhin a empêché Dame Patience de..."

Elle se mordit l'intérieur de la joue, nerveusement.

"De me faire du mal." C'était assez bien résumé. Elle estima inutile de lui en faire le détail, même si ses joues encore rouges, avec les traces de quatre doigts fins, devaient être équivoques.

"Il a occis trois de ses hommes de main, et l'a jetée en prison."

Encore une fois, Alecto s'arrangeait pour ne pas lui mentir, évidemment, puisqu'elle en était incapable, et surtout, qu'elle lui était bien trop loyale pour cela. Le préserver ne voulait pas dire lui cacher la vérité pour autant, et elle savait désormais qu'elle pouvait tout avouer à son Roi.

Un profond sentiment de culpabilité l'accablait, laissant ses épaules basses comme sous un poids accaparant. Elle déglutit, serrant ses mains dans les siennes avec force.

"Pardon de vous avoir causé tant de craintes... Mais." Il lui fallait le lui demander. Elle ne pouvait pas faire autrement. Son regard se releva, très lentement, et elle planta l'azur de ses iris dans ses yeux, l'implorant de tout son être.

"Serenos, je supplie votre miséricorde pour Dame Patience. Soyez bienveillant avec elle, elle se meurt d'amour pour vous, et c'est ce qui dicte ses actes déraisonnables. Le Chevalier Gwyhin a pris trois vies aujourd'hui, sur le sol consacré de la Chapelle, je vous implore de vous montrer clément."

Tout son être respirait la piété pure, alors qu'elle se refusait à juger cette femme, comme ces trois pauvres êtres morts pour les ambitions et la cupidité de leur maîtresse. Au fond, elle en voulait sans doute plus au Seigneur Gwyhin d'avoir souillé le lieu de culte du sang profane, alors qu'elle avait demandé grâce pour eux. Mais même cela, elle était incapable de vraiment le lui reprocher. En son temps, tous seraient jugés, et elle s'efforçait de garder un regard bienveillant sur le monde. Malgré tout.

En repensant à tout ce sang autour d'elle, Alecto sentit à nouveau les nausées monter à sa gorge, et elle avala difficile sa salive, trop acide. Elle restait suspendue aux lèvres, et aux décisions, de son Roi.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mardi 09 juin 2020, 06:20:10
"Le Seigneur Gwyhin a empêché Dame Patience de... De me faire du mal."

L'espace d'un instant, les yeux du Roi passèrent du bleu au doré luminescent, avant que le regard de sa belle, déjà rempli, ne le force à se calmer. Heureusement, elle lui raconta l'intervention de Gwyhin, et comment il avait disposé des trois hommes de main de Patience. Intérieurement, le Roi remerciait son jeune chevalier, parce que s'il avait été celui qui avait intervenu, il n'y aurait aucune Patience, aucun cadavre, il aurait effacé la moindre trace de leur existence et les aurait retirés de la mémoire d'Alecto, il aurait été le plus loin possible pour s'assurer que la punition soit la plus extrême possible. Il remercia encore une fois le destin d'avoir guidé Gwyhin vers elle.

Elle le supplia alors, et cette fois pour épargner la femme qui lui avait causé ces souffrances. Dans sa naïveté, Alecto ne voyait pas ce qui s'était déroulé devant elle. Elle méprenait les ambitions de Patience pour de l'amour, un amour fou qui l'aurait poussé à voir en Alecto celle qui lui avait volé ses chances d'être avec l'homme qu'elle aimait, mais la réalité que Serenos voyait était tout autre. Patience n'aurait pas agi ainsi si Alecto n'avait pas été une femme du peuple. Si elle avait été une noble de la même classe sociale qu'elle, elle se serait retirée avec grâce et dignité. Non, elle n'était pas triste ou accablée par la décision du Roi d'en avoir choisi une autre, elle était folle de rage à l'idée que Serenos lui préfère cette femme douce, honorable, humble et bienveillante, une femme sans grande lignée pour la mettre sur le phare. Si une femme qui n'avait rien et ne possédait rien était digne de l'affection du Roi, qu'est-ce que cela disait d'elle? À ses yeux, elle y voyait l'insulte suivante; qu'elle avait moins de valeur qu'une roturière.

Cependant, le Roi ne sauta pas dans ce monologue. Alecto n'avait pas besoin que le Roi lui montre à quel point il était capable de se rappeler de chaque erreur qu'une personne faisait. Il regarda un tisonnier, devant lui, qui servait normalement à attiser les flammes dans l'âtre qui réchauffait cette pièce lors des hivers. Si Meisa était béni d'une température clémente en été, il fallait s'attendre à des températures sauvages en hiver, bien que ceux-ci étaient cours. Il se demanda alors ce qu'aurait fait l'Empereur. Qu'aurait-il dit? Qu'aurait-il fait? La réponse était si simple que cela le rendait malade intérieurement; il aurait simplement fait ce qu'il fallait, peu importe ce que cela signifiait. Peut-être se serait-il même ri des réflexions que s'autorisait le Roi, car il n'aurait jamais hésité devant le crime d'une personne.

Le silence du Roi était très lourd, et il ne douta pas qu'il rendait Alecto extrêmement nerveuse, parce que l'absence de confirmation signifiait qu'il y avait quelque chose qu'il n'avait pas encore dit, et cela était encore plus terrifiant qu'une condamnation à mort.

Finalement, il parla.

"Sur l'amour que je vous porte… je consens à ne pas prononcer une sentence royale à l'encontre de Patience."

Cela ressemblait à une bonne nouvelle, mais il poursuivit.

"Cependant, elle a commis un crime en Meisa, dans l'enceinte du palais du Roi. Je remettrai mon jugement entre les mains d'un tribunal qui décidera de l'avenir de cette femme. J'intercéderai en votre nom pour qu'on lui laisse une chance de se repentir, puisque tel est votre souhait. Mais qu'elle soit graciée ou non par le tribunal, elle ne mettra plus jamais les pieds dans ma demeure."

Cela ne semblait guère plus prometteur, mais au moins, il lui promettait de ne pas laisser sa hargne décider du destin de cette femme. C’était déjà beaucoup plus que ce qu'il croyait qu'elle méritait, puisque le Roi avait une imagination assez poussée en matière de punition, surtout puisqu'il en avait fait l'expérience lui-même. Il savait ce qui faisait le plus mal, ou le plus peur. Il pourrait bien lui donner la plus horrible des morts, si Alecto ne l'avait pas supplié en faveur de sa tortionnaire.

Le Roi se leva lentement, puis regarda sa compagne, avant de remarquer sa cuisse. Il se pencha sur sa jambe et posa un baiser sur la cuisse endolorie, puis sa joue. Il ne vénérait pas son Dieu, mais cela ne l'empêcherait pas de la vénérer elle. Il lui caressa doucement la tête, avant de regarder Marina, qui restait derrière la porte, tremblante. Serenos se mit à marcher en sa direction, et voyant son regard, la servante se mit sur ses genoux en pleurant, présentant milles excuses devant le Roi. Celui-ci la regarda un moment, et s'apprêta à lui dire quelque chose, mais finalement se rendit compte qu'il n'y avait rien à dire. Ni encouragement, ni réprimande. Cette journée aurait dû être une belle journée pour lui et pour Alecto, et le monde semblait bien décidé à la ruiner, et le pousser tranquillement, mais sûrement, à montrer ses plus vilains atours à la jeune femme; son pragmatisme, sa mentalité implacable et expéditive, l'étendue de sa colère et ses autres nombreux défauts.

Il passa donc devant Marina, sans la châtier ou la rassurer, ce qui, au fond, était peut-être pire. La servante se mit à pleurer, accablée d'avoir déçu le Roi.

Faisant son chemin jusqu'aux cachots, Serenos marcha jusqu’à la cellule de Patience, entendant évidemment ses bruyants sanglots. Elle était terrifiée. Bien entendu; il le serait également si il n'était qu'un petit noble d'envergure misérable et qu'il venait de courroucer un homme reconnu dans le monde entier pour le massacre des rebelles et des supporters de sa sœur. Les mains du souverain agrippèrent les barres de fer, et il regarda celle qui était là, recroquevillée dans un coin, sanglotant à chaudes larmes et priant le destin de la libérer.

"Patience, Patience, Patience, répéta-t-il en un long soupir. Stupide Patience, irascible Patience."
-Sire, je vous en prie, ils mentent tous, bêla-t-elle entre ses sanglots. Je suis innocente! C'est… c'est cette petite voleuse qui…
-Ferme ta gueule."

Sa tentative de l'amadouer était voué à l'échec depuis le début, mais ce n'était pas faute de ne pas avoir tenté le coup. Le ton du Roi n'avait pas monté. En fait, c'était limite avec une intonation polie qu'il avait prononcé ces mots, et pourtant, la portée restait aussi puissante que s'il avait hurlé sur elle à plein poumon. La femme de noblesse se tue et se recroquevilla d'horreur en voyant les yeux dorés du Roi, brillants comme deux petits soleils dans les ténèbres, qui la regardaient fixement.

"Tu seras dispensée de la justice du Roi…
-Oh… merci! Oh, sire, je… votre bonté ne connait aucune limite, mon Roi! Vous êtes si grand, si n…
-Ferme ta gueule, répéta le Roi pour l'interrompre, et elle se tut. Je n'ai pas fini. Interromps-moi à nouveau et je te couperai la langue."

Le Roi prit une lente inspiration pour se calmer, avant de ramener les yeux sur elle.

"Tu seras dispensée de ma justice. Je t'aurais tuée, de mes propres mains, pour avoir osé lever la main sur Alecto. Aucune magie, aucun artifice, juste mes mains, autour de ton cou, à regarder la flamme de la vie s'éteindre dans tes yeux. À la place, tu auras un procès. Tu auras l'occasion de faire valoir tes arguments devant le peuple et les nobles. Hoche de la tête si tu comprends bien."

Elle marqua une pause nerveuse, puis elle hocha de la tête, tremblante de partout.

"Dépendant du verdict, tu seras libérée la semaine prochaine, ou escortée au bloc du bourreau. Ou autre, j'ignore ce que le juge décidera. Sache aussi que les fiançailles de Grymauch et de ta cousine sont annulées. Je n'accepterai pas que le sang d'une conspiratrice se mêle au mien."

Il tordit lentement les barres de fer en regardant la femme, pour qu'elle comprenne dans quelle situation elle se trouvait.

"Mais comprends-moi très bien; tu approches Alecto, tu conspires contre elle, tu ne fais que la regarder de travers, et je t'ouvrirai en deux. S'il ne sort de ta bouche, après le tribunal, quoi que ce soit d'autre que des éloges à son nom lorsque tu parles d'elle, je t'arracherai la langue avec des pinces et je la donnerai à manger à mes chiens, puis je retrace toute ta généalogie et je les fais brûler sur le bûcher. Me suis-je bien fait comprendre?"

Patience éclata en sanglots, horrifiée, avant de hocher de la tête, pour signaler qu'elle avait bien compris ce que le roi lui avait dit, et surtout pour qu'il la laisse tranquille. Évidemment, juste entendre ces menaces n'auraient pas eu un très grand effet, mais savoir qu'il le ferait réellement, sans la moindre hésitation ou conséquence suffisait à la faire trembler de frayeur, surtout que l'intimidation du Roi avait fait son œuvre. Relâchant les barres, les doigts ensanglantés parce que sa peau n'avait pas tenu le coup, il s'éloigna d'elle. En remontant, le Roi passa devant un des quelques messagers.

"La fête d'intronisation est annulée. Renvoyez tout le monde chez eux. Faites également escorter Dame Ana hors du palais; elle a pour ordre de ne plus importuner le Prince."

Au diable les conséquences.

Le Roi marcha jusqu’à atteindre les jardins. D'un grognement, il intima à tous les visiteurs qui s'y trouvaient de partir, qu'il désirait être seul. Une fois que les lieux furent évacué, le Roi se laissa choir sur le sol, les doigts se refermant dans l'herbe. Les yeux rivés vers le ciel, il s'attendait, quelque part, à ce que pour combler son malheur, le ciel ne lui tombe sur la tête pour en finir une bonne fois pour toute. Mais évidemment, cet égoïste resta bien accroché à la voûte céleste.

Saloperie de journée qui ne voulait pas se terminer.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mardi 09 juin 2020, 19:07:36
La Compagne Royale était restée seule... Du moins, privée de la présence de son Roi, sans avoir aucune idée d'où il avait pu se rendre, alors qu'il était sorti dans un silence froid. La servante qui s'était effondré près de lui sanglotait encore, et Alecto se leva pour la rejoindre, et dans un geste d'une compassion naturelle, écarta les bras, et l'enlaça.

Elle n'appréciait pas souvent le contact physique des étrangers, puisqu'en général, elle se sentait intimidée par eux. Et bien que cette femme la mette encore mal à l'aise, Alecto se sentait extrêmement proche d'elle. Après tout, elles étaient toutes deux des servantes, dans le fond. La prenant dans ses bras, en silence, la forçant à ne plus bouger, elle la laissa déverser ses larmes autant qu'il fallait.

L'ancienne esclave pensait que les pleurs n'étaient jamais vains. Marina, après quelques minutes, sembla se rendre compte qu'elle se trouvait dans les bras de la Compagne Royale, et s'écarta, ayant pleuré suffisamment, calmée. Avec un sourire désolé plein d'empathie, Alecto fit un pas en arrière, gênée d'avoir été peut-être trop familière.

N'osant pas lui parler, se sentant coupable de ce qui lui arrivait, la Compagne s'inclina devant la domestique, qui se reprit bien vite, reprenant une posture plus adaptée. Alors que la servante allait ramasser brosses et balais, un de ses collègue vint lui murmurer à l'oreille quelques mots, qu'Alecto ne saisit pas, trop préoccupée par l'absence du Roi. Il s'était montré clément, aussi clément qu'il le puisse, songeait-elle, mais bien qu'il l'eut embrassé et montré des signes d'affection, il s'en était allé, sans un mot.

Était-il fâchée d'elle ? A cette pensée, elle frissonna et son cœur se noua. Elle ne supporterait sans doute pas de lui causer de la peine, et c'était pourtant ce qui était arrivé. Sa simple présence au Palais semblait être la cause de bien des tracas. Quand Marina lui annonça que les festivités en son honneur étaient annulées, par ordre royal, Alecto leva une main à sa bouche, terrifiée. C'était assuré, Serenos ne voulait plus la présenter à ses pairs. Elle avait provoqué sa colère. Les jambes aussi fragiles que du coton, la Compagne se tint aux bancs pour sortir de la Chapelle, hagarde.

Mais Marina, la retint, sans doute effrayée qu'elle s'enfuit encore seule, et ne cause d'autres malheurs... La servante lui révéla que le Roi se trouvait dans les jardins, et avait visiblement fait fuir tous les oisifs qui s'y trouvaient. Respirant avec peine, Alecto pinça les lèvres, et pria la domestique de la conduire auprès de lui. Marina sembla hésiter...

- Le Roi semble désirer rester seul un instant. Dit-elle poliment, se souvenant sans doute du regard qu'il lui avait porté et qui l'avait glacée.

Mais Alecto murmura, l'âme en peine.

"Je ne le dérangerais pas, je vous le promets."

Visiblement à contre-coeur, Marina conduisit alors la Compagne dans les couloirs jusqu'aux jardins, où elle resta éloignée des haies, pour laisser Alecto avancer timidement.

Elle mit un moment à trouver la silhouette sombre de Serenos, tâche noire et morne dans le vert du gazon. Restant à distance, elle n'osa plus bouger, à demi cachée par un arbuste, et l'observa. Elle le vit arracher des brins d'herbes de ses mains, et plus elle l'épiait, plus son cœur se gonflait d'une douleur sourde et coupable. Elle était responsable du mal-être de cet homme, qu'elle aimait... Quel plus triste sort que d'être source de malheur pour celui que l'on aime.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mardi 09 juin 2020, 21:16:02
Le Roi resta ainsi, le dos au sol, les yeux levés vers le ciel. Sa bonne humeur ne reviendrait de sitôt, il en était bien conscient, puisqu'il n'avait pas en tête un moyen efficace de se débarrasser de ce qui lui pesait sur le cœur.

De fait, il n'était pas nécessairement en colère, il ne savait juste pas quoi faire pour être utile. Alecto semblait accorder plus de confiance en son Seigneur qu'en lui, mais il était difficile de critiquer; elle et son Dieu avaient une relation qui perdurait depuis bien plus longtemps, il serait injuste de la condamner pour cela.

Patience, pour sa part, allait recevoir la justice de Meisa en pleine tête, et c'était exactement ce pourquoi il avait passé toutes ces années à rédiger ces lois et ces règles, à faire des corrections, à ratifier des erratums lorsque certaines lois se contredisaient ou ne tenaient pas debout dans les situations concernées.

Il avait tout fait pour que son pays soit juste et droit, mais même lui ne pouvait s'empêcher d'être frustré à l'idée que cette femme puisse s'en tirer à si bon compte. Mais est-ce que la mort était une sentence juste et équitable pour avoir mal agi? Aurait-elle poussé la cruauté jusqu'à porter atteinte à la vie d'Alecto? Qui était-il pour dire? Un devin? Un oracle? Non, assurément pas.

Et il détestait cette idée de ne pas être en complet contrôle. Il détestait avoir à douter de ses propres conclusions. Maintenant que les premiers élans étaient passé, il parvenait à réfléchir plus calmement. S'il avait agi selon la justice du Roi, qui se résumait à infliger ce qu'il voulait à la personne qui lui avait fait affront, comme il l'avait dit à Patience, il l'aurait certainement tuée, alors que pour tout autre personne, par exemple si un homme du peuple aurait tenté d'agresser une femme, il aurait été envoyé dans les mines, où il serait constamment surveillé, et y passerait une bonne part de sa vie, n'étant autorisé à revenir qu'une fois sa pénitence jugée adaptée à son geste.

Dans le cas d'une femme qui organisait l'agression d'une autre, c'était juste… tellement dégueulasse qu'il ne parvenait pas à se mettre d'accord sur une punition adaptée. Il ne comprenait pas cette pulsion, celle de violer une autre personne; si la situation était inversée, il était convaincu que tous et chacun trouveraient inhumains ce geste. Et venant d'un homme qui se complaisait dans la violence et dans le sang, c'était dire; pour le Roi, se démembrer dans un accord mutuel qui était la guerre ou un conflit armé, ca va, ca passe, mais alors insérer des choses dans le corps d'une autre personne sans son consentement, c'était un geste monstrueux!

Peut-être, se dit-il, que c'était lui qui était juste fou, comme tout le monde le disait. Serenos aimait son peuple, assurément, mais cela ne voulait pas dire qu'il aimait les gens de manière générale. Il ne donnait aucun passe-droit simplement parce que la personne devant lui était un autre être pensant. Combien d'hommes ou de femmes avait-il tué parce que cela semblait la solution la plus rapide? Combien de gens étaient tombé simplement parce qu'il avait juré vengeance? Était-il nécessairement mieux que Patience? Simplement parce qu'il était le Roi?

Frustré, le Roi ne se rendit presque pas compte qu'il était épié, mais Alecto ne pouvait regarder aussi intensément quelqu'un sans que cette personne ne finisse par sentir ce regard presser contre son crâne. Il se releva et regarda dans la direction où il se sentait épié et vit la petite forme de sa bien-aimée. Il se releva donc, lentement, puis lui ouvrit les bras.

"Venez." Lui dit-il simplement, les bras ouverts juste pour elle.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mardi 09 juin 2020, 22:57:35
Sursautant presque lorsqu'elle entendit le Roi l'appeler, Alecto ne mit pas même une seconde à réagir. Elle se mit à courir, le plus vite dont elle était capable, la cire se craquelait sur la peau brûlée de son ventre et sa cuisse, mais elle n'en avait cure. La distance qui les séparait s'amenuisait, et les larmes montaient à ses yeux. Mais en réalité, la Compagne se sentait soulagée... Serenos l'appelait à lui. C'était tout ce qui comptait.

Elle se jeta dans ses bras ouverts, et enserra sa taille en fonçant sans réfléchir, ignorant les douleurs ou le choc. Son front contre son torse cogna mais rien de très pénible, au vu de la faible force dont elle était capable. Ses bras le serrait avec vigueur, cependant, alors qu'elle entendant son cœur tonner contre sa joue.

Alecto avait envie de lui dire mille excuses et lui demander pardon. Serenos avait déjà constaté comme se faire pardonner de lui était primordial pour l'ancienne esclave. Lorsqu'elle était ainsi collée au Roi, qu'importe la circonstance, elle ne pouvait s'empêcher de succomber aux volutes de son parfum. La tension du Monarque l'angoissait, elle craignait de dire quelque chose de mal. Mais la Compagne du Roi estimait qu'elle pouvait tout lui dire, qu'elle n'avait aucun secret pour lui, qu'il savait lire son âme. Pire, qu'elle voulait la lui offrir sur un plateau.

Totalement dévouée à Serenos, elle ferma les yeux, rassurée qu'il l'accueille.

"Ma présence ... à vos côtés entraîne du trouble."

Elle était désolée en parlant ainsi, mais voulait absolument lui livrer le fond de sa pensée. Serenos avait peut-être le désir inavouable de la chasse ? Que ce soit pour son bien à elle, pour le bien du royaume, pour la paix de la Cour. Avait-il pris la bonne décision en la voulant sa Compagne ? Elle faisait tout de travers, entraînait la rage d'une Noble, et elle songeait que bientôt, cette Patience serait rejointe par bien des courtisans. Il n'y aurait pas sans cesse un Chevalier pour la sauver, et elle ne pourrait pas plus demander la miséricorde royale, s'il lui arrivait encore des soucis de ce type. Comme il avait rongé son frein lorsqu'elle s'était refusée à lui, Alecto songeait que le Roi n'aurait pas l'endurance nécessaire pour gracier tous leurs détracteurs.

"... Je. Peut-être serais-je plus à ma place à votre service ? Loin de moi l'idée de prendre les fonctions de vos deux servantes, Messire, mais."

Voudrait-il qu'elle parte ? Cette question la hantait. Son cœur ne le supporterait pas, mais sa résilience l'accepterait, comprenant la décision politique et sans doute, la plus raisonnable. Elle serait dévastée. Était-ce la véritable épreuve envoyée par Dieu ? Elle écarquilla les yeux en ouvrant les paupières.

C'était sa punition.
Le châtiment divin pour avoir donné son corps avec le plus grand des consentements, d'avoir désiré ardemment Serenos. D'avoir partagé le plaisir le plus pur avec lui, et d'avoir aimé cela. Ignorant le niveau de tension du Roi liée à la corruption, Alecto percevait cependant, sans savoir comment ni pourquoi, combien il semblait épuisé. Il avait annulé le Bal...

Se hissant sur la pointe des pieds, la Compagne Royale encadra de ses mains le visage du Monarque et posa sa bouche sur la sienne. Il lui semblait qu'il pourrait s'agir de leur dernier baiser. Qu'elle se trompe totalement ou non sur les intentions de Serenos, Alecto ne songeait en voie de perdition. Et estimait que les punitions divines ne faisaient que commencer.

Elle ne finit pas sa phrase, l'embrassant longuement, avec un goût de désespoir.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mercredi 10 juin 2020, 05:43:25
"... Je… Peut-être serais-je plus à ma place à votre service ? Loin de moi l'idée de prendre les fonctions de vos deux servantes, Messire, mais…"

Serenos resta silencieux, perdu dans ses pensées alors qu'elle l'opposait à un dilemme. La prendre à son service? Laisser tomber l'idée de la prendre comme partenaire semblait la plus intelligente solution. Il ne savait que répondre, surtout parce qu'il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui dise de telles choses. C'était la toute première fois qu'il prenait une compagne, et c'était ainsi que cela devait se solder? À peine une journée plus tard? S'il y avait moyen pour que son cœur se brise de nouveau, ce serait définitivement à ce moment-là.

Il lui rendit son baiser, sans la moindre hésitation, lorsqu'elle l'attrapa pour l'embrasser. Il enroula un bras autour de sa taille, l'autre se glissant dans la chevelure noire de sa belle pour serrer sa tête contre la sienne, démontrant sa propre dévotion envers elle; il voulait autant ses baisers qu'elle voulait les siens. Il sentit son doute, sa peur, son propre dilemme. Finalement, le Roi brisa le baiser.

"… Est-ce que cela veut dire que vous ne voulez pas être avec moi?" demanda-t-il d'une voix calme.

Ce n'était pas une mauvaise question.

Ce n'était pas une mauvaise question parce qu'il l'avait fait entrer dans un monde auquel elle n'était pas forcément préparée. Et depuis qu'il l'avait nommée Compagne, il s'était montré plein d'entrain, peut-être même s'était-elle sentie forcée d'accepter. Peut-être qu'elle avait désormais peur de ce qui l'attendait, au-delà du "privilège" d'être sa compagne; l'envie des autres, la convoitise, le fait d'être constamment sous le regard des autres était une chose à laquelle Serenos, en tant que bâtard royal, semblait avoir été acclimaté. Elle n'avait jamais prévu qu'un jour, elle serait élevée à un autre rang que celui d'esclave. De propriété. Et la voilà catapultée Compagne, amante de l'un des onze personnalités les plus puissantes du monde connu.

Le Roi prit la main de sa belle, la regardant dans les yeux, avant de lever les yeux vers le ciel, qui commençait graduellement à s'assombrir pour la nuit. Que pouvait-il donc faire, à ce point? Pouvait-il réellement la convaincre de rester auprès de lui? En dépit des risques qu'elle encourait par sa seule présence à ses côtés? Était-il réellement à ce point égoïste qu'il était maintenant capable de chercher un moyen de la garder dans cette situation? Surtout s'il était lui-même incapable de lui assurer sa sécurité?

"Très bien." Finit-il par dire, accablé. "Je comprends."

Il posa une main sur le bras de la jeune femme et fit doucement glisser le bracelet qui affichait son rang, et le tint fermement entre ses doigts tremblants.

"Je ne voudrais pas vous forcer à vivre une vie qui vous accable ainsi."

Il posa son front sur le sien.

À ce moment, le Roi aurait voulu lui dire qu'il l'aimait. Il aurait voulu qu'elle entende de sa bouche ces mots qu'il n'avait jamais eu le courage de prononcer pour sa Reine, ces mêmes mots qui, en raison de son silence, lui infligeait une vie remplie de regret et de souffrance. Mais s'il lui disait, maintenant, qu'il l'aimait, alors, peut-être qu'il l'empêchait de prendre une décision éclairée. Peut-être qu'elle ne verrait plus la possibilité de faire sa vie sans lui, et donc qu'elle accepterait le fardeau de la souffrance qui accompagnait le titre de compagne du Roi.

À contrecœur, Serenos fit un pas de reculons. Il était le Roi, et elle n'était plus sa Compagne, ni sa maîtresse ou sa femme. Il ne pouvait pas la prendre dans ses bras, ni lui accorder de traitement préférentiel.

"Voici donc mon offre."

Il tendit de nouveau le bracelet devant lui.

"Vous pouvez rester ma compagne, ou, si vous le désirez, je vous accorde une place en tant que domestique. Vous serez rémunérée, proprement, au même titre que les autres. Je vous accorde également le droit de pratiquer votre Foi dans la chapelle. Quant à vos responsabilités…"

Il prit un moment pour réfléchir, mais il n'eut pas à chercher bien longtemps. Il n'y avait qu'un endroit où la jeune femme désirait travailler; l'Arcanum.

"Vous pourriez être responsable de l'entretien de l'Arcanum. Vous aurez ainsi le loisir de lire les livres qui s'y trouvent. Pour ce qui est de vos quartiers…"

Il faillit lui assigner une chambre près de la sienne, mais cela était encore du traitement préférentiel.

"Vous pourriez partager la chambre de Marina, puisque vous semblez vous entendre avec elle. Selene sera transférée à une autre chambre. Je verrai à sa promotion, pour justifier les changements."

Il regarda son amante, avec le regard le plus lourd qui ne lui fut jamais donné de porter sur aucune autre.

"Et je tiens à vous dire que vous êtes l'une des plus belles choses qui ne soient jamais entrer dans ma vie, et que si vous acceptez de rester ma compagne, je ferai tout en mon pouvoir pour que vous soyez choyée, chérie et heureuse, jusqu'à votre, ou mon, dernier souffle de vie. Si je dois vous donner des leçons pour que vous soyez à l'aise à la Cour, je vous prodiguerai les meilleurs des précepteurs. Si je dois vous apprendre à vous défendre, je serai votre maître d'armes."

Par ces mots, il se faisait une autre promesse. Une promesse qu'il préférait tenir secrète d'elle jusqu'à ce qu'elle prenne une véritable décision. Elle avait goûté, pour une journée, à la vie d'esclave devenue Compagne. Et peut-être que cela n'était qu'une mauvaise première journée, mais peut-être également que cela était la promesse que les choses pouvaient aller encore bien pire que ce qu'elle venait de vivre. Peut-être qu'elle rencontrerait encore plus de difficultés. Le Roi ne pouvait pas être partout, et comme elle l'avait compris, il n'y aurait pas toujours un bon samaritain pour la tirer du pétrin si elle n'était pas prudente. Mais Serenos voulait qu'elle sache qu'il était prêt à tout pour elle.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 10 juin 2020, 12:56:28
Alecto était totalement chamboulée, perdue par ce qui arrivait. Bien involontairement, le Roi soufflait le chaud et le froid en elle, lui affirmant qu'il la voulait à ses côtés, mais lui retirant ce bracelet qui représentait tellement, et lui proposant de devenir une servante, une femme libre, à son service, et qui plus est, elle serait dédiée à l'Arcanum.

Mais la jeune femme savait ce qu'elle voulait, au fond d'elle. Elle n'avait jamais douté depuis la veille, comme une évidence... Elle le voulait, lui. Bien sûr, sans oser trop se l'avouer, Alecto aimait à s'imaginer contre lui, son égale, sa compagne, son amante. Mais partager un morceau de sa vie, le servir dans l'ombre, pouvoir l'apercevoir quelques minutes, une heure si elle était chanceuse, sans plus jamais toucher sa peau, caresser sa barbe ou ses cheveux en broussaille, sans plus l'embrasser... Elle saurait s'en contenter.

Ce serait difficile, car elle sentait en elle l'appel viscéral de son corps, comme une pulsion. Mais s'il le fallait. Alecto avait toujours fait ce qu'elle devait : suivre les ordres, courber l'échine, acquiescer, obéir, s'agenouiller... Ce n'était pas ce que son cœur réclamait. C'était ce qu'il fallait pour survivre, en harmonie avec ses croyances.

Elle avala difficilement sa salive, comme si elle était acide, ou retenait un haut-le-cœur, tant elle se sentait désespérée. Serenos prenait de sages décisions. Sa proposition était raisonnable. Quand il lui avoua qu'elle représentait l'une des plus belles choses qui lui soit arrivées, pourtant, l'Esclave leva la main pour cacher sa bouche, et retenir un gémissement plaintif, ou plutôt un soulagement qui lui faisait vrombir les tempes.

"Mais je... Serenos, Sire... jamais je n'ai eu l'envie de... De ne plus être votre Compagne." Lui rétorqua-t-elle, voulant lui en dire plus, mais n'osant pas, ou ne sachant pas comment lui exprimer ses sentiments.

Elle rougit, un peu, et fixait le bracelet symbolique. Tout son être était en proie à une terrible tristesse, le cœur lourd. Les aveux du Roi la poussèrent dans ses retranchements, alors que la Raison luttait avec vigueur en elle. Son mouvement de recul l'avait effrayé, elle avait même pensé qu'il voulait la laisser là, seule dans les jardins. Tout était contradictoire, elle était déboussolée.

"Je veux être avec vous, Serenos." C'était la seule chose qui était claire dans son esprit. Serenos et Dieu. Et tout le reste était futile. Inutile. Mais Serenos était un Roi, et un roi n'avait pas le loisir de faire ce qu'il voulait, comme Alecto l'avait découvert. Elle avait innocemment songé qu'un Monarque agissait à sa guide et qu'il n'y avait pas personne plus libre... C'était faux, évidemment.

"Par ma présence à vos côtés, les gens qui vous veulent du mal peuvent vous atteindre facilement. Si, pour avoir le bonheur de vous savoir en vie, il me faut sacrifier tout ce que je possède, alors je le donne sans regret." En réalité, elle ne parlait aucunement de ce qu'elle possédait physiquement, puisqu'elle n'avait rien...

Elle parlait un peu doucement, mais sa voix trahissait une volonté de fer. Elle n'hésitait en rien, elle était sûre de ce qu'elle lui avouait. Mais Alecto ne s'arrêta pas là.

"S'il me fait rester dans votre ombre, sentir le parfum de votre peau sur votre oreiller, bénir les objets que vous avez touché et qui me sont permis d'effleurer à votre suite, de percevoir votre chaleur dans les draps encore emprunts de votre sommeil, ou deviner votre silhouette au loin afin de vous savoir près de moi... Je saurais m'en contenter. Votre bonheur et votre sécurité me sont plus chères qu'un titre ou qu'un rang."

Alecto s'agenouilla devant lui et tendit ses paumes bien haut, dans un signe de contrition d'une loyauté sans faille. Elle se sentait prête à affronter les Desseins divins. Elle ferma les paupières et souffla tout bas.

"Vous avez ma vie entre vos mains, Mon Roi, vous l'avez toujours eue. Mon cœur, mon âme et mon corps sont vôtres." Elle se plierait à sa volonté, elle serait la femme qu'il veut. Sa Compagne ou sa Servante. Dans un cas, comme dans l'autre, elle lui appartenait. Elle lui avait offert son corps et s'était damné pour lui. Ils étaient liés.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mercredi 10 juin 2020, 20:30:22
Il regarda la jeune femme agenouillée devant lui. Il ne savait pas ce qu'il devait faire à cet instant, parce qu'elle ne lui avait donné aucun repère précis. Par tous les esprits et ancêtres de ce monde, femme, es-tu incapable de me dire si, oui ou non, tu veux être ma Compagne ou une domestique parmi d'autres?, se demanda-t-il, le cœur encore une fois déchiré et son esprit tourmenté par les questions. Après un moment, le Roi prit les mains tendues de sa belle et l'aida à se remettre sur ses pieds. Il plongea son regard dans le sien et il la prit dans ses bras, l'entourant avant d'encore une fois utiliser la magie pour les déplacer dans l'espace.

Il l'emmena dans les plaines, à quelques kilomètres à l'ouest, avant de se séparer doucement d'elle. Il prit alors un poignard et agrippa une mèche de ses propres cheveux pour les trancher, avant de les porter à hauteur d'yeux, les tresser avec une remarquable habileté, puis il en fit un anneau, et il regarda la jeune femme. Rangeant son poignard à sa ceinture, il prit la main de sa bien-aimée puis il glissa la mèche de cheveux au majeur de sa main droite, et murmura quelques mots, encore une fois, et l'anneau se resserra quelque peu, s'assurant ainsi qu'il ne tomberait pas par mégarde, mais qu'il ne lui couperait pas la circulation sanguine non plus.

"Voilà. J'ai pour espoir que cela expliquera mieux que des mots ce que je ressens pour vous."

Puis, il se rendit compte qu'avec la naïveté de cette femme et son ignorance des choses plus subtiles, il savait qu'il allait devoir élaborer.

"Laissons tomber ces histoires de Compagne et de Servante. Alecto, je ne peux faire de vous ma Reine, et je ne peux me séparer de vous. Par cet anneau, je vous le demande; devant votre Dieu, mais non devant la loi, accepteriez-vous de m'épouser?"

En gros, le Roi lui admettait qu'il l'aimait, au point où il était près à accepter de s'unir avec elle devant un prêtre de sa Foi pour qu'il officialise la chose, mais, pour la protéger des représailles des autres, tout cela sera fait en secret. Il ne la cajolerait pas en public, ils ne pourront pas s'aimer au grand jour et, aux yeux des autres, s'ils sont surpris à s'adonner aux choses de l'amour, elle serait probablement vue comme une de ses maîtresses, une de ces femmes avec laquelle il assouvissait simplement ses plus bas instincts.

En Meisa, cela ne voulait pas dire grand-chose, puisque tout le monde s'en fichait un peu des maîtresses du Roi, mais pour Alecto, symboliquement et devant son Dieu, elle ne commettrait plus un péché si elle se donnait aux bras de Serenos; elle serait simplement en train de consumer son union et d'y prendre plaisir. De plus, si devant la Loi, un enfant potentiel ne serait pas légitime, par rapport à la religion de sa mère, il serait un enfant légitime.

Cela ne réglait évidemment pas tous les problèmes, mais Serenos était prêt à y mettre du sien pour qu'Alecto reste avec lui. Cela signifiait également que le Roi était prêt à vivre ans le secret pour elle, pour la protéger et pour l'aimer à son juste compte. Évidemment, cela voulait également dire, pour Alecto, que tôt ou tard, une autre femme entrerait dans sa vie. Il y aurait d'autres souffrances à la clé, si ces femmes n'arrivaient pas à s'entendre et à s'accepter mutuellement

"Je sais que ce n'est pas la situation idéale, et que nous ne connaissons qu'à peine. C'est juste que… je n'ai que rarement ressenti ces sentiments pour qui que ce soit."

Il marqua une pause et décida de le dire.

"Je t'aime, Alecto."

Et il prit bien soin de passer au tutoiement pour qu'elle comprenne qu''il la traiterait en égale.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 10 juin 2020, 21:12:26
Les pupilles larges de l'Esclave fixaient cet anneau à son doigt avec un émerveillement surréaliste. Serenos avait bien fait d'être précis quant à ce que cela signifiait, car bien évidemment, Alecto n'y entendait rien.

Jamais elle n'avait à prendre des décisions. Ses Maîtres régnaient sur sa vie depuis ses treize ans, et avant cela, les Soeurs s'en chargeaient. Quels choix doivent faire les esclaves, après tout ? Leurs vêtements, leurs repas, jusqu'à leurs noms étaient dictés par d'autres. Elle n'avait jamais appris à donner son avis, quand bien même elle l'eut fait, on l'aurait rapidement réprimandé pour cela. Il fallait se taire et laisser les autres décider de sa vie... Elle avait toujours fait ainsi.

Mais le Roi, en moins de deux jours, lui demandait sans cesse de choisir.
D'agir pour elle, comme elle le souhaitait. Il fallait qu'elle prenne des décisions la concernant, et bien sûr, le concernant également par ricochet. C'était nouveau, et difficile. Comment savoir quelle voie suivre ... ?

Pourtant, en fond, elle savait très bien ce qu'elle voulait. Mais jamais elle n'avait eu le loisir de l'exprimer avant d'être aux côtés du Monarque des Trois Royaumes. Elle comprenait douloureusement que, quoi qu'elle décide, le chemin qu'elle empruntait était souvent piégé. Aucune décision n'était la bonne pour tous. Si elle privilégiait ce qu'elle voulait vraiment, d'autres souffraient. Si elle se sacrifiait, Serenos souffrirait.

Mais fixer cet anneau et écouter la voix de son Roi eut raison de ses dilemmes moraux. Cette troisième voie était plaisante. Inespérée, même, pour elle. Elle n'avait jamais songé épouser qui que ce soit, à vrai dire. Encore moins un Roi. Encore moins un Roi qu'elle connaissait depuis 24h. Mais un homme qu'elle aimait profondément, sans doute.
Avec lenteur, Alecto releva les yeux jusqu'à son visage. Sa seule et simple vue fit battre son cœur encore plus vite, alors qu'il tambourinait déjà à ses tympans.

Il l'aimait. Il l'aimait !
C'était trop d'émotions pour elle, et ses yeux laissaient couler ses larmes sans qu'elle n'y puisse rien.
D'un bond maladroit, Alecto lui sauta au cou pour s'agripper à lui. C'en était trop. Elle avait vécu en peu de temps plus de malheurs et de joies qu'en toute sa courte vie. Un sentiment étrange la gagnait, quelque chose de convaincu, qu'elle n'avait jamais expérimenté. Un volonté égoïste. Elle songea à elle. C'était étrange. Mais étrangement facile. Que voulait-elle ? Elle désirait Serenos. Elle pouvait l'avoir, alors, elle devait l'avoir. Son crâne était douloureux, tout résonnait dans sa tête. A l'oreille de son Roi, Alecto souffla très bas.

"Je veux vous... t'épouser."

Il lui sembla que la nature autour d'elle tonnait au même rythme qu'elle, en la rendant sourde comme après une puissante déflagration.

"Peu importe les risques et les obstacles, Dieu m'a placé entre tes bras, et ce qu'Il lie, rien ne peut le briser."

Sa Foi inconditionnelle l'aidait à exprimer sans jamais trembler. Elle embrassa le lobe de son oreille, mais ce fut comme une brûlure. Un délicieuse brûlure, songea-t-elle.

"Je me fiche d'être Reine, Servante, Compagne ou quoi que ce soit. Je te veux près de moi lorsque je m'endors, t'attendre chaque heure où tu t'éloignes, te retrouver, t'apaiser, te chérir lorsque tu en auras besoin."

L'épouser. L'épouser devant Dieu. Pas devant la Loi. Trop accaparée par une profonde joie volontaire, Alecto oubliait de songer aux pièges du chemin où elle voulait courir. La perspective d'un remariage officiel, le seau du secret qui entourera leur relation, alors qu'elle était parfaitement incapable de garder un secret... Elle n'y songeait même pas, elle n'en avait même pas conscience. Elle ne pouvait que cribler la pommette et la joue de Serenos de mille baisers rapides et passionnés, les bras autour de son cou.

Tout le reste du monde n'existait plus pour elle.
Elle avait oublié.
Une petite voix intérieure lui murmura quelques mots qui firent cesser ses baisers. Qu'en était-il de Thiana Gian ? Devant les lois, elle était sa possession, elle avait sa reconnaissance de dettes, son acte de propriété... Mais tout cela n'était pas légal ici, non ? Et puis, elle ne brisait officiellement aucun lien de propriété, si leurs noces restaient secrètes ? C'était la seule ombre au tableau qu'elle savait percevoir : tôt ou tard, sa Maîtresse s'inquiéterait de son absence, et voudrait récupérer son esclave...
Alecto chassa ses mauvaises pensées, avec une force intérieure nouvelle. Au Diable Thiana Gian !
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le jeudi 11 juin 2020, 07:21:51
Elle avait accepté. Joie? Non, il n'était pas que joyeux. Il était extatique. Il sentait dans son cœur cette vie, cette force pure et simple d'excitation telle qu'il ne l'avait pas ressentie depuis des années. Il était tout simplement au plus haut point qu'il pouvait atteindre en matière d'enthousiasme, et cela se traduisait par un sourire qui ne voulait plus partir. Le monde aurait pu être en flamme, Terra aurait cessé de tourner qu'il n'aurait même pas battu d'un cil.

Le Roi baissa lentement la tête et l'embrassa tendrement sur les lèvres, la serrant d'autant plus fort contre lui, ses mains se glissant sur ses hanches. Il avait encore une fois envie de lui faire l'amour, là, maintenant, sur la plaine, au diable si on les voyait, mais finalement, il se ravisa, pour la simple raison qu'il n'était pas un exhibitionniste. Et il savait également qu'il y avait des préparatifs à prendre pour garder cette relation secrète et l'empêcher de se propager inutilement et de garantir que cette pauvre demoiselle ne soit de nouveau une cible pour ceux qui le connaissaient et chercherait à l'atteindre à travers d'elle, ne serait-ce que la kidnapper pour demander une rançon. Et puis, qu'adviendrait-il si sa maîtresse, cette sorcière dont il ignorait tout, finissait par montrer le bout de son nez et de demander qu'on lui restitue son esclave? Même en tant que Roi, ne risquait-il pas un autre incident diplomatique pour cette jeune femme?

Enfin, tout cela était bien loin des préoccupations du Roi.

***

Les mois suivants, au nombre de six, fort heureusement pour eux, furent sans le moindre nouvel incident. Serenos passa cette période à travailler assidument le jour tout en consacrant ses soirées et ses nuits à sa bien-aimée Alecto, qui trouva chez son mari un homme très attentionné, et qui se plaisait à passer du temps avec elle, à lui raconter les histoires les plus fascinantes, ou simplement à lire avec elle dans la paix relative de l'Arcanum. Les jeux amoureux, cependant, avaient tout de même pris un coup; comme il lui avait confirmé son intention de la prendre pour épouse devant son dieu, le Roi limitait les moments d'intimité, ce qui résultait d'une frustration sexuelle grandissante, bien qu'il ne pût, en grand pêcheur qu'il était, s'empêcher de, parfois, s'autoriser à partager la couche de sa future épouse.

En dehors de ces moments de faiblesse, le Roi observait les coutumes de sa belle, quoi qu'il démontra finalement une farouche opposition aux pratiques barbares de mutilation auxquelles elle s'adonnait, car aucun dieu prêchant l'amour et la coopération demanderait à ses fidèles de se mutiler pour prouver leur ferveur. L'adoration, disait-il, ne devait jamais être corrompu par la frayeur, mais par la compréhension. Si elle se sentait le besoin d'expier ses péchés, la meilleure méthode, suggérait-il, était de trouver une manière d'aider et de contribuer à la communauté. Il ne s'attendait bien sûr pas à ce qu'elle lui obéisse, car tel n'était pas la dynamique qu'il désirait dans leur relation, mais il voulait qu'au moins elle sache qu'il n'était pas d'accord avec cette coutume. En dehors de son habitude de se faire du mal, le Roi observa également ses séances de prière dans un silence complet; Serenos ne serait jamais un homme religieux, mais cela ne l'empêchait pas de participer à ces activités si cela pouvait faire plaisir à sa future épouse, et que le Roi refusera assurément et obstinément pour le reste de ses jours d'être proprement introduit dans cette religion de quelque façon que ce soit, incluant les baptêmes, les initiations ou les messes. Selon lui, pour qu'un royaume soit stable, il fallait que le Roi soit l'autorité suprême, par son propre mérite, et non parce qu'un Dieu lui aurait soi-disant confié la destinée d'être un souverain.

Lorsque le sixième mois arriva enfin, le Roi et sa future épouse gagnèrent le continent dans le plus grand des secrets. Malgré son excommunication et le rejet presque général de tous les prêtres et fidèles de l'Ordre Immaculé, il existait toujours un homme qui, malgré sa Foi, conservait pour le roi une sincère affection, parce que, comme Alecto, il voyait chez le Roi quelque chose de plus grand que la religion. Cet homme, c'était Albert, et c'était l'homme qui allait exécuter la cérémonie pour eux, dans sa chapelle.

Le Roi prit Alecto par la main et la regarda dans les yeux.

"Il est encore temps de faire demi-tour, ma chérie. On peut encore te condamner à quelques années d'éducation et te faire passer Reine."

Le Roi, se trouvant fin comédien, étira un grand sourire taquin, avant de prendre la main de sa belle dans la sienne, la guidant vers la chapelle.

Ladite chapelle, si elle avait le mérite d'être appelée ainsi parce que telle était sa fonction, était une rareté parmi ses sœurs et n'était pas sans rappeler la petite chapelle du château dans le sens où il n'y avait aucune parure, aucun or, rien. La chapelle était faite de bois et de pierre, les quelques œuvres d'art qui la décoraient avaient été faites par la main d'Albert avec ses maigres moyens. L'idole représentant la Lumière du Seigneur était fait en bois et avait été sculpté à la main. À leurs pieds, le pauvre tapis était bien usé et misérable, mais pour être honnête, Serenos y ressentait davantage le concept de Foi; ce n'était pas par sa force monétaire que cette église tenait debout, mais parce que le prêtre en fonction la maintenait en forme.

Comme cette union était faite dans le plus grand secret, ils n'avaient pas le loisir de prendre des témoins, et bien que cela soit un brin non-orthodoxe, Albert avait jugé que finalement, aux yeux du Seigneur, qu'il y ait ou non des témoins, lui qui était partout n'en avait rien à faire.

Le Roi marcha jusqu'à s'arrêter devant le petit pupitre de fortune qui faisait office de lutrin où se trouvait une copie bien tristement endommagée du Cantique. Albert s'approcha enfin d'eux, toussota un peu avant de leur adresser un sourire bienveillant.

"Serenos. Alecto." Les interpella-t-il. "Vous vous êtes présentés ici, dans ma modeste chapelle, pour vous unir par les liens sacrés du mariage. Alecto, fille de personne, et Serenos, fils de Talion, permettez-moi de vous rappeler que l'amour que vous vous portez à chacun vous permettra de trouver le chemin vers le bonheur. Alecto, confie-toi à ton mari et illumine-le à la lumière de notre Dieu. Serenos, toi qui accueilles ta femme dans ta demeure, ne la prive jamais de ton cœur. Toi qui n'est pas de notre Foi, je te supplie de protéger celle de ta femme, car à travers elle, les Portes du Ciel s'ouvriront pour toi. Je crois que Serenos, Alecto, a écrit ses vœux et ses serments, je lui laisse donc la parole."

Le souverain de Meisa se sentit étrangement embarrassé de faire ce genre de discours, et pourtant il n'y avait personne pour le voir qu'un prêtre dans la force de l'âge et sa bien-aimée.

"Eh bien… Très bien, j'y vais. Alecto…"

Il lui prit les mains et la regarda dans les yeux.

"À toi, je promets un amour grand comme le ciel bleu. Je jure que tu ne connaîtras jamais la faim, la soif, la solitude ou la cruauté tant que je pourrai veiller sur toi. Je jure solennellement de t'aimer, toi, et les enfants que nous pourrions avoir. Je jure solennellement de te traiter en égale dans notre vie intime. Je jure devant ton Dieu, et qu'il me frappe de ses foudres si je m'égare de ces serments."

Il lui sourit, résistant bien à l'envie de l'embrasser là, immédiatement, sans attendre le signal du Prêtre. Évidemment, il arriva à se contenir; il n'allait pas gacher leurs efforts sur un coup de tête.

"Dame Alecto? Aviez-vous vos propres vœux et serments?" demanda le prêtre. "… Sinon, embrassez-vous, parce que… Je n'ai pas fini ma journée."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le jeudi 11 juin 2020, 09:18:51
Libérée de ce rôle officiel, Alecto avait vécu ces six mois précédents dans une sorte de grâce tendre. La perspective de gagner le continent, et de s'unir à Serenos dans une église, l'avait transporté dans une joie pure. D'un caractère égal et doux, sa future femme pouvait passer ses journées à lire, tant cela lui avait manqué. Thiana Gian ne possédait bien sûr pas de bibliothèque dans son Auberge, et les ouvrages que possédaient le Roi étaient exceptionnels.

Elle se rendit compte durant cette période, également, de la dimension secrète de leur relation. Et des difficultés qu'elle avait, naturellement, à tenir sa langue. Sa présence de second plan l'aidait, cependant, puisqu'elle pouvait s'arranger pour ne pas discuter avec grand monde, et donc limiter les risques d'aveu.

Enfin, lorsqu'elle se tenait devant le modeste autel du Père Albert, aux côtés du Monarque, dans une chapelle des plus sobres, Alecto se sentait fébrile. La solennité du moment et son importance pour le reste de sa vie rendait ses instants délicats, craignant de faire une erreur en parlant, tomber alors qu'ils avançaient, ou mille autre trouble. Mais passées les premières secondes, ce sentiment se trouva de plus en plus apaisé, alors que le lieu faisait son effet pour la jeune femme.

Les vœux de Serenos la mirent en émois, tant ce qu'il disait la touchait. Elle sentait les battements de son cœur déchirer sa poitrine et résonner partout dans son corps, sa déclaration lui aurait donné envie de lui sauter au cou. Mais elle sentait également ses jambes trembler, faibles, sachant qu'elle allait à son tour prononcer ses vœux devant Dieu. Elle se racla la gorge, les joues carmin.

"S... Serenos je... Je fais le serment aujourd'hui, devant le Tout-Puissant, de t'aimer en toute circonstance, quelles que soient les épreuves que le Seigneur mettrait sur notre chemin, puisqu'aujourd'hui, nous sommes unis par... par les liens sacrés des noces. Je... voue ma vie à te chérir, t'apporter la sérénité et la compassion que tu mérites, jusqu'à ce que la mort nous sépare."


Alecto avait assisté à plusieurs cérémonies de mariage, lorsqu'elle était au Temple... chantant dans les chœurs, principalement, pour de somptueuses noces bourgeoises. Même si elle s'était parfois sentie émue par l'union de deux êtres étrangers, cela n'avait pas grand chose à voir avec ce qu'elle ressentait et percevait aujourd'hui.

Son cœur battait à tout rompre, alors qu'elle n'arrivait pas à lâcher des yeux le regard de son Roi, aspirée par la beauté de ses iris, et toute l'affection qu'elle y lisait. Tout ceci lui paraissait bien trop énorme pour elle seule, et elle avait encore du mal à y croire. Son histoire lui semblait semblable à une légende ou un conte pour enfant. Mais elle s'y lançait corps et âme sans ciller.

Albert leva les mains, paumes au ciel, et prononça d'un ton solennel :

- Ce consentement que vous venez d'exprimer dans cette chapelle,
que le Seigneur le confirme,
qu'Il vous comble de sa bénédiction.
Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas.

Alecto se signa en même temps que le Prêtre, et fermant les yeux un instant, prenant le temps de se recueillir, en tenant les mains de son Roi. Mais au moment où le son de la voix d'Albert retentit dans le petit lieu saint, la jeune femme ouvrit les paupières immédiatement, sachant pertinemment ce qu'elle devait faire. A peine eut-il prononcé "Embrassez-donc votre épouse, Serenos." avec un léger sourire bienveillant, qu'elle réduisit à néants la distance qui les séparait tous deux, et embrassa son bien-aimé avec passion.

Elle était sa femme. Sa femme ! Il lui sembla que chaque jour serait fade en comparaison avec ce qu'elle ressentait, ce puissant bonheur, qui l'envahissait toute entière.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 12 juin 2020, 06:57:06
"Embrassez-donc votre épouse, Serenos."

L'espace d'un instant, Serenos eut même le réflexe de lui rappeler qu'il parlait à un Roi et que lui donner des ordres était une faute protocolaire, mais sa nouvelle épouse le prit de cours et se jeta contre lui pour l'embrasser, et il oublia complètement ce qu'il voulait dire. Était-ce vraiment si important, finalement? Non, assurément pas. Il se fichait éperdument s'il y avait faute; il venait de faire un pas pour sa compagne. Certes, cette union était peut-être mal avisée, considérant le jeune âge de sa bien-aimée, et le rôle du Roi dans la société, mais, en fin de compte, ce n'était pas bien grave. Au niveau du Royaume, cela n'avait qu'une importance mineure; les mariages religieux n'étaient pas reconnus. Mais aux yeux d'Alecto, c'était lui offrir la possibilité d'aimer un homme et d'en être aimée en retour sans ressentir cette culpabilité handicapante qui la faisait tant souffrir.

Les bras du Roi entourèrent sa taille, alors qu'il se penchait sur elle et laissait sa langue venir chercher celle de sa compagne, l'entrainant dans un ballet amoureux et passionné, jusqu'à ce que le prêtre, mal à l'aise, ne leur adresse quelques toussotements polis pour les ramener à l'ordre, et le Roi mit fin à cette embrassade, non sans sourire, avant de se tourner vers le prêtre, et pencher la tête humblement pour le remercier, avant de prendre la main de son épouse et de l'escorter hors de la chapelle.

Pour eux, il n'y aurait normalement eu aucune célébration, ni aucune parade, mais pour que sa femme ne regrette jamais le manque de vie dans leur union, Serenos usa de son pouvoir pour manifester une grande illusion, et alors qu'ils quittaient l'église, ils furent assaillis d'applaudissement et de grands cris de joie, des pleurs et des félicitations, ainsi que des confettis jetés en l'air. Comme ce n'était qu'une illusion, ils ne pouvaient pas interagir avec ces êtres flous, mais au moins, cela démontrait que le Roi voulait au moins qu'Alecto sache qu'il était prêt à tout pour lui démontrer qu'elle était aimée, et qu'il ne craignait pas d'user de son don pour qu'elle se sente un peu moins esseulée par cette vie qu'ils avaient choisi; la vie du secret, du silence. Serenos savait qu'elle venait de sacrifier beaucoup pour que cette union aie lieu, et il refusait de lui faire payer davantage, d'aucune autre façon; elle n'était pas une menteuse ou une cachottière, donc, ce silence et cette discrétion devait être compensée par les plus grandes preuves d'amour et de support qu'un homme puisse offrir. Peut-être qu'un jour, elle viendrait à le regretter, mais le Roi serait là pour elle, quitte à la libérer de ses vœux si ce jour vient.

Le Roi posa un baiser sur la joue de sa femme, puis se glissa derrière elle pour l'entourer de ses bras, alors que les illusions se dissipèrent dans le vent. Devant eux, il n'y avait que des montagnes et des plaines à perte de vue, personne pour la regarder ou la juger. Personne pour la détester ou l'envier. Le Roi se pencha sur l'oreille de sa femme et murmura au creux de son oreille.

"Maintenant que nous sommes mariés, mon amour…"

Il l'embrassa dans le cou, avec un sourire taquin sur les lèvres.

"Qu'est-ce que tu aimerais faire pour célébrer notre nuit de noces? Nous pourrions aller nous perdre sur les mers, visiter des lieux, nous promener ensemble, main dans la main, dans les rues de Nexus."

Évidemment, le Roi avait planifié beaucoup de choses, notamment un sortilège qui ne laisserait personne se souvenir de son passage, mais comme ils étaient en ce moment même libres de faire ce qu'ils voulaient, peut-être qu'Alecto avait des désirs, des gens qu'elle aimerait voir, des activités qu'elle rêvait de faire avec son mari depuis qu'elle était toute jeune. Ou peut-être des choses qui lui venaient en tête maintenant qu'elle n'avait plus à se forcer à la chasteté et à la soumission; elle pouvait faire ce qu'elle voulait, ce dont elle avait envie, tant que cela ne brisait pas le silence sur leur union.

La main du Roi glissa sur la robe blanche et noire de sa femme, caressant son ventre et ses flancs.

"Nous pourrions aussi consacrer notre première nuit à concevoir une petite Alecto, belle comme sa mère et têtue comme son père?"

Les enfants n'avaient pas vraiment été un sujet de conversation pour eux, surtout en raison des autres enfants du Roi, ce qui pouvait la mettre mal à l'aise, mais le Roi était visiblement intéressé à faire d'elle une mère, un jour ou l'autre, selon les ambitions de la jeune femme, et surtout si elle avait l'instinct maternel.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le vendredi 12 juin 2020, 11:10:27
Alecto se sentait transportée, comme sur un nuage, tout était irréel autour d’elle, au-delà des illusions crées par Serenos. Se savoir la femme de l’homme qu’elle aimait était un songe, qu’elle n’aurait jamais pensé vivre un jour. Tout ceci n’était peut-être qu’un rêve ? Elle frissonna lorsqu’il l’embrassa dans le cou, en se disant que quoi qu’il se passe, ces instants de bonheur seraient à jamais gravés dans sa mémoire. Comme sa Foi, personne ne pourrait les lui retirer.

Il lui demandait ce dont elle rêvait… Et elle dut bien avouer n’y avoir jamais songé. Elle cilla face à lui, esquissant un sourire timide, mais emplit d’affection. La femme de Serenos ne s’était jamais imaginée sortir d’une église au bras d’un homme, et n’avait jamais donc espérer vivre les instants qu’elle s’apprêtait à découvrir. Envahie par une émotion puissante de plénitude, Alecto lui tenait la main, comme si elle avait peur que tout ceci s’efface d’un coup.

« Hé bien… hm… » Elle haussa les épaules d’un air immature, et embrassa le dos de sa main à plusieurs reprises. « J’aimerais voir l’endroit le plus joli que vous ayez visité. » Affirma-t-elle, comme une évidence soudaine.

Partager avec son mari ce qu’il appréciait lui paraissait la seule bonne destination. Découvrir les lieux qu’il affectionnait, les plats dont il raffolait… Alecto voulait le connaître chaque jour un peu plus, savoir ce qu’il aimait lire, la musique qu’il affectionnait. Pour elle, leurs liens étaient désormais éternels, et elle espérait passer le plus de temps possible à ses côtés. L’euphorie passerait et serait ternie, mais bien sûr, elle n’en avait pas même conscience. Incapable de voir le mal, Alecto restait sur son nuage d’innocence.

Cependant, les derniers mots de Serenos la firent frissonner.
Elle eut un léger mouvement de recul, et allait se murer dans un profond silence, comme une vieille habitude, en acquiesçant sans broncher. Puis, quelque chose en elle lui rappelait avec force qu’elle était son égale, qu’il l’aimait, et qu’elle n’avait pas à le craindre. Elle n’aurait plus à avoir peur de parler face à lui, à simplement hocher la tête comme l’esclave qu’elle était. Désormais, elle avait à tout partager avec lui, et il saurait tout entendre, et tout comprendre, pensait-elle.

Alors, la jeune femme posa sa main sur la sienne alors qu’il caressait son ventre.

« Je ne suis pas sûre de … pouvoir. » Elle était gênée, bien sûr, et son cœur se serrait lorsqu’elle parlait, révélant au Roi son inconfort, mais sa volonté d’être franche avec lui.

« J’ai eu recours à plusieurs moyens… radicaux… pour interrompre des grossesses lorsque mes Maîtres… » C’était trop douloureux à dire, alors elle esquiva la fin de sa phrase. Cependant, dans un élan qui se voulait rassurant, son Epouse releva sa main et embrassa sa paume, puis chacun de ses doigts.

« C’est un sujet difficile pour moi. » Ses Maîtres s’étaient toujours assurés qu’elle ne mettrait pas au monde des bâtards qui entacheraient leurs réputations, par divers moyens de torture, qui l’avaient massacrée à jamais.

Les premières fois, Alecto l’avait extrêmement mal vécu, puisque sa Foi lui dictait que toute vie était un cadeau de Dieu. Néanmoins, après plusieurs mutilations de ce type, elle avait avec une résilience salvatrice subi sans broncher les sévices des tricoteuses et nettoyer les arrière-cuisines qui servaient de cabinet médical pour les esclaves. Qu’il soit physique comme mental, le traumatisme était bien trop ancré en elle.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 12 juin 2020, 19:46:27
La jeune femme lui révéla alors qu'elle n'était pas certaines de pouvoir avoir des enfants, en raison des méthodes qu'elle avait employées pour arrêter ses grossesses. Le visage de son époux sembla se remplir de tristesse. La magie pouvait faire bien des choses, mais il y avait des limites; s'il pouvait refermer une plaie, reformer des organes perdus ou réparer les dégâts causés par certains supplices à ces organes pouvaient être hors de ses pouvoirs. Comprenant qu'il était possible, voire réellement impossible, qu'ils aient des enfants ensemble, le Roi, conciliant et aimant comme toujours, haussa simplement des épaules pour qu'elle sache qu'il ne lui en voudrait pas s'il ne trouvait pas une méthode pour restaurer ses capacités de procréation.

Cela ne lui empêcha pas de ressentir une vive haine envers ces maîtres qui lui avaient fait subir de telles choses, qui lui avaient montré autant de cruauté. Ce ne serait de la volonté de sa femme, le Roi les aurait tous traqués, torturés et exécutés sans le moindre regret, mais il avait fait une promesse à Alecto de ne jamais se lancer à la chasse. Cependant, cela était une autre histoire si ces hommes s'aventuraient dans son domaine; en ce cas, c'était eux-même qui, dans leur stupidité, se jetaient dans la gueule du loup.

"Je t'aime, Alecto. Et si ton Dieu est bon, il te donnera des enfants, si tu le souhaites. Sinon, je trouverai un moyen d'exaucer ce souhait."

Tout taquin comme il l'était, il posa un baiser sur sa joue et la serra de nouveau contre lui. Il savait que ce n'était pas facile, et que cette femme avait beaucoup souffert. Il lui faudrait beaucoup plus que quelques mois pour réparer les dommages que dix-neuf ans de souffrance et de calvaire lui avaient causé, mais il restait optimiste. Selon sa philosophie, la seule manière de contrer le malheur, c'était avec beaucoup plus de bonheur, et s'il ne pouvait pas effacer le passé, il pouvait assurément remplir leur future de joie et d'amour.

"Mais cela ne m'empêchera pas d'essayer, encore et encore, toutes les nuits."

Et comme elle lui avait demandé de lui montrer le plus bel endroit qu'il n'avait jamais visité, le Roi prit un moment pour réfléchir. Il avait vu tellement de choses pendant sa vie, et la guerre l'avait emmené un peu partout dans le monde; un endroit bien spécial dans son cœur n'était rien de bien tape-à-l'œil, mais il avait déjà préparé le terrain, donc il serra un peu son épouse contre lui, refermant les yeux en laissant son esprit plonger dans le fond de son être pour toucher à ce lac de magie, ce grand réservoir au fond de son être, et il manipula de nouveau l'espace pour relocaliser le couple dans un endroit où ils ne seraient que tous les deux. C'est alors que toute lumière disparut, laissant un moment le couple dans l'ombre.

Comme tout réconfort l'assurant de la présence du Roi, sa bien-aimée pouvait entendre bien clairement sa respiration au creux de son oreille, et ses bras musclés mais tendre autour de ses bras. Elle put également constater, puisque cela était impossible à rater, que ses pieds étaient immergés dans de l'eau froide, mais non glacée. Vivifiante et même prodiguant une impression de propreté, cette eau ne pouvait que faire du bien aux pieds endoloris.

Le Roi fit alors un léger mouvement pour la pousser vers l'avant, la faisant faire un pas, et alors qu'il en faisait ainsi, l'onde produite se propagea alors jusqu'au bord de l'eau, et à son passage, l'eau qui était, apparemment, de l'eau bien normale, se mit à briller alors que les milliards de milliards de micro-organismes bioluminescents réagirent à ce dérangement de leur environnement naturel, et en réaction, certains insectes se trouvant sur les murs se mirent également à briller, comme les étoiles d'une constellation, sur la voûte de ce que la jeune femme pouvait clairement identifier une grotte souterraine.

Le roi leva ses mains pour venir l'embrasser sur la bouche, lui prenant délicatement le visage pour le serrer contre le sien. Dans cette grotte, ils n'étaient qu'eux deux, sans le regard des autres, sans avoir peur d'être épiés, où ils pouvaient s'aimer comme ils le désiraient, dans la plus grande sérénité. Le Roi n'eut cependant aucun geste pour démontrer son désir à sa belle; il n'était pas pressé. Ils avaient encore tant de choses à se dire, tant d'amour à se partager, alors que ces derniers mois avaient été presque cet enfer de distance et de silence, parce que le simple fait d'être près d'elle et d'entendre sa voix éveillait le désir dans le cœur du Roi, et qu'il n'était pas complètement sûr que s'il débutait quoi que ce soit de… conjugal, qu'il pourrait s'arrêter avant l'arrivée du matin. Et encore; il était impossible de savoir quand le soleil allait arriver; l'astre ne laissait aucune lumière dans cet endroit de ténèbres. Leur seule lumière était la vie elle-même.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le vendredi 12 juin 2020, 23:23:44
Les mots de Serenos étaient rassurants, et Alecto se sentit moins dévastée par ce qu'elle venait de révéler. Quoi qu'elle puisse lui avouer, de ces plus sombres expériences passées, à ses croyances les plus intimes, la jeune femme savait que son mari ne la jugerait pas, et serait compréhensif. Elle était également persuadée que, quoi qu'il arrive, quoi qu'elle fasse, il tenterait d'apaiser son cœur et son âme, en usant de tous les moyens à sa portée. C'était un homme digne et sage, mais elle le percevait également comme un être entier, à la volonté de fer. En témoignait leur union : il l'avait rencontré si peu de temps avant de la vouloir à ses côtés, et seulement quelques mois plus tard, ils étaient mariés. Elle se demanda si Serenos avait toujours été aussi impulsif, sous des airs très sages, par le passé.

Mais la question resterait en suspens.
Collée à lui, la sensation étrange de changer d'espace par l'effet de sa magie la prit aux tripes. Cet effet était à la fois désagréable et léger, et elle espérait s'y habituer rapidement. Durant le court laps de temps où ils voyaient ainsi, Alecto ne ressentait ni gravité, ni pression, ni air sur sa peau, ce qui la perturbait énormément. Elle n'avait pas, comme Serenos, l'habitude de se déplacer de cette manière depuis de très nombreuses années.

Dans le noir complet, ses yeux ouverts ne percevaient aucune lueur, au point qu'elle se demanda s'ils n'étaient pas encore sur le "chemin" vers ce lieu surprise où la menait son mari. La respiration de Serenos tout contre elle, dans cette obscurité totale où seuls les autres sens devaient être en éveil, lui donna la chair de poule.

A la pression du Roi, et son pas en avant forcé, comme si elle perdait l'équilibre, les yeux d'Alecto s'illuminèrent d'étoiles, le souffle coupée. C'était la chose la plus merveilleuse qu'elle eu jamais vu. Elle resta bouche bée devant ce spectacle grandiose, dépassant tout ce qu'elle pouvait imaginer. Etait-ce toujours un lieu sur Terra ? Où se trouvaient-ils réellement ? Elle levait les yeux, et partout où elle posait son regard turquoise, c'était stupéfiant. Elle se sentait apaisée, sereine, comme si elle était soulevée parmi un ciel emplis d'astres étincelants. Elle mit du temps à comprendre qu'ils se trouvaient tous deux, coupés du monde extérieur, dans une cavité naturelle préservée.

"Comme ... c'est..." Elle en avait le souffle coupé. "... tellement beau..."

Au baiser du Roi, Alecto se donna avec un immense soupire voluptueux, comme si cela faisait des semaines qu'elle attendait ce moment. Ils avaient dû se montrer plus lointains avant leur mariage, pour donner le change, effacer petit à petit son statut de Compagne qui avait attiré tant d'incidents dramatiques. C'était comme un verre d'eau fraîche après une traversée du désert. L'obscurité constellée de lumières vibrantes par petites touches autour d'eux accentuait les sensations d'Alecto.

Glissant les mains de chaque côté de ses côtes, l'épouse du Roi se sentit frissonner à chaque contact de ses paumes, jusqu'à enlacer son mari, le serrant contre elle pour le garder très proche. Elle prolongea leur baiser, et petit à petit, Serenos put sentir la passion tendre de sa femme augmenter, jusqu'à se faire plus insistante, puis ardente. Sa bouche dérapa sur la commissure de ses lèvres, puis sa mâchoire, et enfin, son cou, où elle s'attarda longuement en soupirant un souffle transi.

L'environnement rendait leur étreinte irréelle, hors du temps, de l'espace... Tout son corps semblait puiser de l'eau calme sur ses pieds une sérénité délicieuse. En détachant leurs lèvres, Alecto ouvrit les yeux et fut une nouvelle fois saisie par les lueurs qui dansaient à chaque infime mouvement du couple. Elle recula de quelques pas et s'accroupit pour toucher du plat de la main la surface de l'onde, entraînant un ballet multicolore et étincelant. Immédiatement, son rire résonna dans toute la voûte céleste de la caverne.

"C'est de la magie ?" Demanda-t-elle, en se redressant pour revenir vers Serenos. Peu à l'aise avec le Don de son mari, comme avec toute forme de cet art occulte dont usait Thiana Gian, Alecto admirait les talents des mages avec une sorte de crainte fascinée. Et elle savait que Serenos était un puissant représentant de ces sorciers, à un point qu'elle ne pouvait sans doute même pas concevoir.

Cependant, avec un petit sourire mutin à peine révélé par la luminescence des lieux, la jeune femme souffla d'un air peu sûr d'elle, mais qu'elle voulait taquin.

"Sais-tu que je sais moi aussi je suis une sorcière ?" Il était évident qu'elle mentait, ce qui la rendait extrêmement mal à l'aise, mais l'intimité créée avec le Roi lui permettait de dépasser certaines barrières morales qu'elle avait apprit à ériger depuis des années. Et puis, les blagues étaient-elles considérées comme des mensonges ?

De ses doigts fins et gauches, elle déboutonna un à un les liens de la tenue de noces du Roi, essayant d'être rapide, mais n'y parvenant absolument pas. Enfin, lorsqu'elle put glisser ses paumes sur la peau chaude de son torse, avant de remonter jusqu'à ses épaules, et faire glisser les manches le long de ses bras, l'épouse du Monarque gloussa d'impatience comme une enfant qui riait d'avance à une taquinerie. Une fois le vêtement au sol, Alecto se mordit la lèvre, tant les lumières qui dansaient sur le buste musculeux et marqués de son époux le magnifiaient.

Alors, en pinçant les lèvres, elle déclara d'une voix entre l'hilarité et la timidité.

"J'ai fait disparaître ta chemise." C'était touchant de naïveté, et du point de vue d'Alecto, elle avait agi avec une audace démente. 
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le samedi 13 juin 2020, 05:34:16
"Oh, non, ce n'est pas de la magie, mon amour. Certaines créatures vivent dans ces eaux, et c'est ce qui cause cette lumière. Ce sont de petites bêtes si petites que l'œil humain ne peut les voir, mais elles habitent ces eaux. Ne t'inquiète pas, elles sont inoffensives."

C'était un peu difficile à expliquer, mais Serenos avait découvert l'existence des microbes et micro-organismes grâce à la magie, et il y avait régulièrement des études portées sur ces petites créatures. Selon le Roi, certaines étaient responsable de certaines maladies qui étaient encore fatales, mais d'autres, comme celles-ci, étaient en fait bénéfique pour l'être humain, nettoyant le corps de ses peaux mortes et des organismes néfastes.

Serenos remarqua un changement dans le comportement de sa belle. Elle fit un effort incommensurable pour démontrer de façon active son affection. Les baisers se firent plus tendres et ardents, les caresses plus pressantes, comme si elle essayait de chasser hors d'elle sa nature pieuse et délicate. La manière dont elle bougeait, ses gestes quelques peut plus audacieux et ses mots taquins surpassaient de loin l'habituelle discrétion de la jeune femme en amour. Le Roi posa une main sur la joue de sa femme, alors qu'elle déclara avoir réussi un tour de magie, et il posa une main aimante sur sa joue, avant de se pencher sur elle et l'embrasser avec tendresse, pour l'aider à se calmer, alors qu'il la sentait empressée de lui plaire, un sentiment qu'il ne put s'empêcher de croire qu'il était à l'origine.

"Je t'aime telle que tu es, Alecto."

Il l'embrassa de nouveau, cette fois sur le front.

"J'aime ton esprit, j'aime ton cœur, ta Foi. Je t'aime, de la tête au pied. Je t'aimerai jusqu'à ce que ton Dieu t'arrache à moi, et je t'aimerai encore après."

Il baisa la tête et lui embrassa la bouche. Un autre se posa sur le cou de la jeune femme, descendant ensuite vers sa poitrine, alors que ses doigts venaient, un à un, délacer les cordons qui tenaient sa robe de mariée en un morceau. Le premier, à la droite, fit sauter la bretelle de l'épaule droite, puis il fit de même avec l'épaule gauche, avant de, lentement, revenir au creux de son dos et, avec des mains habiles et aimantes, centimètre par centimètre, il dénoua les cordons qui tenaient la robe, qui tomba graduellement de ses épaules, se défaisant au gré des manipulations du Roi, qui ne s'empressait pas mais qui masquait fort mal le désir, l'ardeur qu'elle faisait naître en lui.

Secrètement, il maudissait chaque cordon, et chaque fois qu'il devait s'acharner sur un pour arriver à le faire tomber, il avait envie de saisir un couteau et de s'en débarrasser, tout simplement, mais les robes de mariées de Meisa ne s'enlevaient pas si facilement que ça, oh que non. Un homme devait s'armer de patience et de tendresse, savoir apprécier le moment et démontrer à sa belle l'amour et la révérence qui lui apportait, et Serenos vénérait Alecto, non pas comme elle vénérait son dieu, mais comme un homme appréciait une femme qui le rendait heureux, et Serenos n'était rien sinon heureux à ce moment. Et il n'avait de cesse que d'espérer qu'elle le serait également.

Le Roi se glissa derrière son épouse, manquant presque de tomber dans l'eau lorsqu'une roche se déroba sous son pied, se rattrapant de justesse alors que sa jambe s'enfonçait dans l'eau. Il s'esclaffa un moment devant sa maladresse, puis il revint vers sa femme et lui leva doucement les bras pour continuer son ouvrage; il y avait également des cordons le long des bras. Alors que ses doigts, plus ou moins adroitement, se débattaient avec les cordons, le Roi embrassa le dos, puis l'épaule, le bras, l'avant-bras, jusqu'à ce qu'il fasse tomber le petit anneau qui tenait la manche à son doigt. Il fit de même de l'autre côté, avec patience, dédication et amour.

Comme pour le torturer, il y avait également un nœud très compliqué qui tenait la ceinture, ne pouvant s'empêcher de mentalement ronchonner contre le couturier qui avait trouvé cette idée si charmante. Le Roi tenait qu'à peine, et il devait encore se jouer de patience. Fort heureusement, le Roi avait appris pendant de nombreuses années la valeur de cette patience, et pour elle, il ne s'en servait que davantage, jusqu'à ce que la robe tombe enfin, révélant les sous-vêtements très élaborés de la belle. Le Roi fit bien attention à ne pas laisser la robe tomber à l'eau, la récupérant soigneusement et la déposant sur un rocher, avant de retirer son pantalon et le laisser sur le même rocher, l'attirant lentement vers l'eau.

"Tu n'as pas à être une sorcière, tu n'as pas à être quoi que ce soit d'autre que toi-même. En toi, je trouve une tendresse, une empathie, une générosité, une clémence mille fois supérieures aux miennes. Tu es déjà exceptionnelle, à mes yeux, mon amour."

Et il l'entraina dans l'eau luminescente, l'embrassant passionnément en la serrant contre son cœur. Il pensait chaque mot qu'il venait de prononcer. Les mains du Roi se glissèrent sous les jambes d'Alecto et la soulevèrent, puisqu'il ignorait si elle savait nager, et il la garda tout contre lui, lui caressant le dos d'une main, l'autre la maintenant en place, posée sur sa fesse. L'eau brillante autour d'eux se reflétant dans leurs yeux, ceux-ci brillaient maintenant comme des lunes bleues, avant que le Roi ne ferme les siens, s'abandonnant complètement à ses baisers avec la jeune femme.

Il n'avait jamais eu l'occasion de montrer cet endroit à quiconque, pas même à sa défunte Reine, et aucune autre des femmes qu'il avait rencontrées jusqu'à maintenant ne l'avaient repoussé alors jusqu'à ses retranchements, ne l'avait laissé aussi vulnérables devant elle. Alecto n'était pas une sorcière, elle n'était pas d'une race exotique, elle n'était rien de plus qu'une femme, mais pour Serenos, elle était une femme exceptionnelle, même si elle ne le voyait pas de cette façon.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le samedi 13 juin 2020, 10:35:32
 La sensation de flottement qu’elle ressentit immédiatement en s’enfonçant dans l’eau lui procura une impression irréelle, l’onde lui apportant un calme intérieur exceptionnel. Serenos avait déclaré qu’il ne s’agissait pas de magie, et Alecto avait du mal à croire cela, tant les lumières et les couleurs semblaient surnaturelles. Mais, bien évidemment, elle croyait aveuglément son mari, se contentant d’être totalement émerveillée. Elle n’avait jamais vu un tel spectacle et vis-à-vis du Roi qui partageait cet endroit secret avec elle, la jeune femme se sentait la plus chanceuse de Terra.

Se trouver nue contre lui, après plusieurs semaines sans avoir le loisir de profiter de la douceur de sa peau, mettait à mal à paix intérieure qu’engendraient en elle les eaux. Mais, même si elle le voulait, il lui serait impensable de s’éloigner de son époux : Alecto n’avait jamais réellement appris à nager, personne ne se souciant qu’une esclave se noie ou non, même dans une baignoire. Fort heureusement, elle avait eu un Maître possédant des bassins, et même des thermes, où l’organisation de festivités très privées et intimes se déroulaient chaque semaine. Impossible pour lui de ne pas concevoir que ses domestiques ne puissent servir ses invités, même au milieu des bains. Alors, elle avait bien sûr des rudiments de nage, mais cela ne faisait pas d’elle une experte. Loin de là. De plus, de nature craintive, la jeune femme était assez intimidée par l’eau profonde.

Cette fois, cependant, c’était très différent. Elle se sentait comme portée par toutes ces petites bêtes dont parlaient Serenos, l’eau apaisante la soulevait très délicatement, et son mari faisait en sorte qu’elle soit parfaitement bien maintenue. Elle flottait, comme dans un rêve, au milieu d’un ciel étoilé, dans les bras de l’homme qu’elle aimait.

Qui plus est, le Roi la rassurait chaque fois plus sur l’affection qu’il lui portait, dans des déclarations sincères qui venaient cueillir son cœur avec une déconcertante facilité. Suspendue à ses lèvres, pour ses mots ou ses baisers, Alecto garda ses paupières ouvertes alors que le Monarque fermait les siennes, juste pour le plaisir immense de l’admirer encore et encore. Il semblait lui aussi serein, et le doute les avaient quitté tous deux. Désormais mariés, le désir qui naissait en elle sous ses effleurements et ses embrassades semblaient bien plus faciles à recevoir. L’ancienne esclave avait toujours une part de culpabilité à éprouver ce feu qui grandissait petit à petit dès que les lèvres de Serenos la frôlaient, mais depuis quelques minutes une pensée salvatrice l’adoucissait : elle était sa femme. Il était légitime et parfaitement moral de se donner à lui sans la moindre hésitation, ou crainte quant à la pureté de son âme.

Devant le Tout-Puissant, Alecto était unie à Serenos, et unir leurs corps devenaient parfaitement permis. Un profond soulagement la rassurait donc à mesure que la chaleur de son corps augmentait. L’eau était étrangement froide, mais ne la faisait pas frissonner… Non, la seule chose qui en était capable à l’heure actuelle, était son mari. Le maintien qu’il lui imposait pour la préserver des profondeurs aquatiques n’étaient pas non plus pour lui déplaire, contre toute attente. Elle se sentait en sécurité dans ses bras, suffisamment pour s’abandonner de manière plus naturelle.

Les bras musculeux et puissants du Roi l’avaient toujours impressionnées, et elle devait l’admettre, fait rêver. En réalité, son visage également lui évoquait des images encore très présentes dans son esprit, de cette première fois où elle s’était donnée à lui, ivre, pour découvrir avec lui ce que l’amour et le plaisir signifiaient vraiment.

« Je t’aime… » Murmura-t-elle à son tour, tout contre sa bouche, ponctuant chaque déclaration par un baiser vif, claquant. « Je t’aime, je t’aime, je t’aime. »

Ses bras entourèrent son cou et ses jambes qu’il avait si facilement soulevées encadrèrent avec une souplesse rendue possible par les flots son bassin. Ces simples mouvements suffirent à la faire retenir un gémissement, tant un saisissant souvenir l’assaillit immédiatement.

« Oh. » Souffla-t-elle involontairement, prise dans la tempête des baisers que Serenos lui prodiguait. Ses doigts, encouragés par le bouillonnement qu’elle percevait entre eux deux, remontèrent vers la chevelure du Roi, en petites araignées inquisitrices, parcourant la jungle des cheveux bruns en bataille d’abord avec une douceur empreinte de timidité, mais bientôt, cette retenue fut de moins en moins concrète.

L’embrassant avec fièvre bientôt, Alecto se fit plus lascive, son corps moins benêt plongé dans l’eau. L’onde profitait à la maladresse de la jeune femme, qui paraissait mieux réussir à se faire naturelle, cachés qu’ils étaient dans cette grotte, à l’abri des regards, et l’eau les protégeant. Ses mains dans ses cheveux étaient plus insistantes, patrouillant son cuir chevelu, et agrippant légèrement ses cheveux dès qu’un baiser surpassait le précédent. Baisers qui déviaient, leurs langues se mêlant avec de plus en plus d’ardeur, jusqu’à de petites morsures inoffensives mais efficaces pour faire monter encore la brûlure de leur étreinte maritale.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le samedi 13 juin 2020, 19:34:34
En dehors de leur présence, ce lieu souterrain était très calme et silencieux, et Serenos l'appréciait d'autant plus. Le Palais des Anciens n'était pas particulièrement bruyant, mais les murs avaient des yeux et des oreilles, même si on tâchait de faire attention de ne pas être vu. Les servantes, les nobles, les chevaliers, les gardes, tous ces gens faisaient partie du décor au point que le Roi ne se rendait presque pas compte de leur présence la plupart du temps, mais surtout il y avait toujours quelqu'un pour être témoin de leurs affections s'ils ne faisaient pas attention.

Dans cette caverne, cependant, Serenos ne craignait absolument pas d'être aperçu, puisqu'il doutait sérieusement que quelqu'un d'autre possède la moindre information concernant cet endroit, et cela en faisait donc un emplacement parfait pour les rencontres entre des amoureux qui nécessitaient cette discrétion. Oh, bien sûr, il aurait pu emmener sa bien-aimée dans la chapelle, ils n'y seraient assurément pas dérangés, mais il doutait franchement qu'Alecto apprécierait qu'ils s'adonnent à l'amour et au plaisir de l'amour dans un lieu qui était, pour elle, sacré. Autant dire que Serenos ne lui raconterait pas ses aventures avec une certaine sainte dans le confessionnal d'un temple de Nexus. Après, était-elle vraiment intéressée à en apprendre plus sur les préférences sexuelles et les débauches de son mari? Serenos ne saurait dire pourquoi, mais il doutait que cela soit le cas.

Devant l'incertitude d'Alecto face à l'eau, son nouveau mari comprit qu'elle n'était pas bien à l'aise de nager seule, ou qu'elle ne savait tout simplement pas nager, l'encourageant donc à s'assurer qu'elle puisse toujours trouver le fond, ne serait-ce que pour y sautiller. Loin de lui l'idée de vouloir rendre cette visite dans ce petit sanctuaire de paix un souvenir désagréable, donc, il la gardait également près de lui, jusqu'au moment où il la soulève pour la prendre contre lui. Pour la rassurer, il la gratifia de multiples baisers, avant de prendre une grande inspiration pour lui montrer la véritable raison pour laquelle il l'avait emmenée ici.

Serenos savait que son épouse n'aimait pas la magie. Pour quelle raison, il n'en était pas encore complètement certain ou convaincu, mais il savait qu'elle n'avait jamais montré une grande affection pour cette force. Peut-être était-ce simplement parce qu'elle ne pouvait faire confiance à quelque chose qu'elle ne comprenait pas, ou alors tout simplement parce que sa culture et sa religion détestait farouchement tout ce qui élevait un homme au-dessus de ses semblables. Franchement, il n'en savait rien. Mais cela n'allait certainement pas l'empêcher de vouloir aider sa belle à s'y habituer; après tout, la magie était omniprésente dans les Trois Royaumes; on s'en servait pour les cultures, on s'en servait pour la médecine, on s'en servait pour l'agriculture, on s'en servait même pour faire des spectacles. Les Trois Royaumes usaient de la magie pour beaucoup de choses, surtout ce qui pouvait rendre la vie plus simple aux citoyens.

La magie avait de nombreuses utilisations, et la manipulation de l'air ou son altération était une application toute simple, donc le Roi enchanta les poumons de la jeune femme et les siens et créa une fine pellicule d'air devant ses yeux pour que leur vue ne soit pas embrouillée, avant de l'entrainer doucement dans l'eau, la rassurant que la magie l'aiderait à respirer, avant de les submerger tous les deux. Il voulait qu'elle puisse respirer parce qu'il l'entrainait maintenant dans la partie plus profonde du grand bassin souterrain.

Visiblement, quoi que soit les petites créatures, elles flottaient sous la surface de l'eau, parce qu'une fois en dessous de la surface, elles faisaient presque office d'éclairage de plafond. Le Roi entraina donc la jeune femme encore plus profondément, avant de se laisser simplement flotter, faisant passer la jeune femme au-dessus de lui. Dans ce monde aquatique, il y avait ce sentiment de légèreté, et Serenos voulait qu'elle en profite. S'il remarquait qu'elle retenait sa respiration, il lui montrerait à respirer, laissant entrer l'eau dans ses poumons, où cette même eau se transformerait en air, et il laisse partir des bulles, répétant plusieurs fois l'opération pour la rassurer. Il l'attire alors vers lui, et la fait doucement tourner sur elle-même pour qu'elle regarde vers le haut, vers cette lumière et ces étoiles.

Cela dit, le Roi était là, derrière sa bien-aimée, et il n'allait tout de même pas la laisser sans ses caresses, donc il fit doucement glisser ses mains sur ses côtes, puis ses hanches, la tirant doucement contre lui. Une main remonta lentement vers le haut du corps pour se glisser sous son soutien-gorge, alors que les lèvres du Roi mordillait délicatement l'épaule de la jeune Alecto, puis sa nuque et son oreille. Son autre main, plus baladeuse, se glissa sous sa culotte, mais plutôt que de chatouiller son intimité, le Roi caressa sa cuisse; il se servait de ce geste que pour que la jeune femme sache qu'il avait envie de la lui enlever.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le samedi 13 juin 2020, 20:29:35
Sous la surface, tout était totalement différent. Elle se sentait déjà extrêmement étrange à l’air libre de la cavité rocheuse, mais désormais, dans ce monde silencieux où les sons résonnaient d’une manière totalement anormale par rapport à tout ce qu’elle avait déjà perçu dans sa vie, Alecto avait l’impression de flotter. Au-dessus d’eux, la voûte de milliers d’étincelles l’éblouissait, et elle aurait pu se perdre longtemps à les contempler.

Mais la splendeur du plafond éclairé n’avait pas l’attrait électrisant des caresses de son mari, dont les mains savaient se faire douces comme parfaitement insistantes. Expertes, elles savaient glisser sur sa peau, rendue si spéciale sous l’eau, effleurer son ventre, ses côtes, l’os saillant de ses hanches. Les sensations étaient totalement nouvelles, elle qui ne s’y était déjà pas habituée dans un environnement au-dessus de la surface.

Elle eut peur d’ouvrir la bouche, au début, c’est vrai. Même si Serenos l’avait assurée qu’elle ne craignait rien, il y a avait l’instinct de survie, puissant chez Alecto, qui lui dictait de retenir sa respiration pour ne pas étouffer. Cependant, elle n’avait pas un grand souffle, et ses poumons réclamèrent rapidement de l’air… Avant même qu’elle ne panique, le Roi l’incita délicatement à l’imiter, lui montrant avec clarté comme il lui serait facile d’inspirer et expirer dans cet environnement aquatique, grâce à ses talents magiques.

Magique, c’était l’un des seuls mots qui venait à l’esprit de la jeune femme pour décrire ce qu’elle vivait. A vrai dire, c’était un qualificatif adapté à sa rencontre avec Serenos, et leur relation, selon elle. Le Monarque représentait tout ce qu’elle aurait pu rêver avoir, sans jamais l’espérer, bien sûr. Elle n’aurait jamais cru une voyante lui révélant son avenir. Et puis, sa Foi n’était pas vraiment compatible avec les diseuses de bonne aventure, en effet.

La première inspiration fut celle qui fut la plus difficile mentalement, mais après avoir été rassurée lorsque l’air entra en effet dans ses poumons, Alecto retrouva le naturel de sa respiration, bien aidée par les encouragements de son Roi.

Lorsqu’elle sentit les caresses de Serenos se diriger vers son bas-ventre, elle se mit à frissonner et se rendit compte qu’elle n’avait ni froid, ni peur… Non… Elle était impatience. C’était un frisson empressé, se projetant déjà dans ce plaisir fou et puissant qu’elle avait déjà expérimenté avec son amant. Oui… C’était bien une sorte de fougue qui la gagnait, et elle se trouva même à piaffer d’agacement, légèrement, quand elle se rendit compte que ses doigts ne prenaient pas le chemin qu’elle s’attendait à ce qu’il emprunte.

Elle se mordit la lèvre inférieure, inspirant longuement, n’osant rien dire, mais une de ses mains agrippa la cuisse, sous elle, de son époux. Comme pour lui signifier qu’il avait vu juste, et que le temps qu’il prenait avec elle, ce petit jeu, avait très bien prise sur sa femme. Ondulant dès la morsure du Roi sur sa nuque, comme un électrochoc, Alecto, de sa main libre, dénoua les rubans soyeux de cette culotte qu’elle avait revêtu pour faire honneur à son promis. Lentement, comme les nœuds de sa robe, elle tira sur le satin qui, imbibé d’eau, glissa bien plus facilement. Un des côtés de ses hanches était donc désormais libre, les rubans et le tissu voletant dans l’onde, pendant qu’elle passait sa paume sur le dos de la main de Serenos, en chemin vers l’autre ruban, de l’autre côté.

Le second fut plus récalcitrant, accentuant son impatience, encore, elle qui n’avait pas pour habitude de ressentir autant d’empressement. Décidément, les nœuds des tenues de Meisa étaient faits pour aiguiser le désir des amoureux, songea-t-elle. Pitié, défais-toi…
Enfin, après un court instant qui parut être vraiment éternel, Alecto réussit à tirer assez sur les pans de tissus pour qu’ils cèdent et se mettent eux aussi à valser dans l’eau autour d’elle. Seulement retenue par ses cuisses, désormais, cette culotte dernier rempart de leur sagesse était une bien inutile barrière…

Alecto ne put retenir un petit gloussement enthousiaste, de ceux qu’elle avait prononcé lorsqu’elle était ivre. La seule différence était que de fines bulles vinrent rejoindre la surface à ce mouvement d’air. Dans un geste précipité, la jeune femme tira sur le tissu et l’envoya balader. Serenos avait été très soigneux avec sa robe comme ses propres vêtements, mais il s’était passé de nombreuses et chaudes minutes désormais… Elle la laissa voguer de son propre chef, peu importe où, du moment que c’était loin de leurs deux corps.

Malgré l’étrangeté de la situation qui la plongeait dans des sensations irréelles, l’aidant énormément à se sentir plus à l’aise avec son mari dans ce moment intime, Alecto était encore et toujours intimidée. Mais elle avait envie de plaire au Roi, d’être digne de lui, et elle savait qu’ils étaient capables de s’aimer avec tant d’intensité qu’ils se consumaient de désir. C’était, bien sûr, moins évident que lorsqu’elle était désinhibée par l’alcool, mais ainsi en sécurité, et désormais mariée à lui, elle semblait mieux écouter son corps, et ses envies.

Alors, lentement, la main qui venait de dévoiler son intimité trouva celle de Serenos, et en enlaçant ses doigts aux siens, remonta doucement, mais surement, vers son entre jambe. Elle aurait été incapable encore de lui dicter une conduite, mais ce mouvement révélait parfaitement bien son désir.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le dimanche 14 juin 2020, 06:26:37
Il écoutait les mouvements et les signaux du corps de sa femme comme un éclaireur écoutait les sons de la nature, étudiait les réactions comme le chasseur observait les battements des ailes de l'oiseau qu'il désirait abattre. Il n'y avait en Serenos que de l'attention et du désir pour elle, et bien qu'il tentait de se refréner le plus possible pour ne pas la dévorer toute crue, comme un barbare, il ne pouvait s'empêcher, par moment, de sentir son propre corps trembler. Il en voulait plus. Il voulait en donner plus, et il luttait contre cet instinct parce qu'il ne voulait pas la terrifier.

Pour sa défense, il se contenait depuis ce qui semblait être une éternité. Alors que les hommes et femmes Meisaens se foutaient éperdument d'être marié ou non pour consommer leur passion, celle qui faisait battre son cœur, celle qui ressentait constamment une culpabilité intense dès qu'elle prenait du plaisir à quoi que ce soit parce qu'elle ne pouvait s'empêcher de penser à ceux qui n'y avaient pas droit ou simplement parce que son Dieu était un amateur d'abstinence et de refoulement, c'était la femme qui le faisait ainsi mourir d'amour et de désir.

Aucune femme ne l'avait embrasé ainsi auparavant.

Qui plus est, elle n'était pas spécialement torride ni expérimentée dans les affaires conjugales, voire même qu'il était peut-être le premier homme qu'elle avait aimé ainsi au point de s'accorder volontairement à ses caresses, mais pour une raison qui lui échappait, il se brûlait d'amour pour elle.

D'un geste doux et délicat, il resserra la main sur celle de sa femme alors qu'elle le guidait entre ses cuisses, ne trouvant chez son mari aucune résistance, mais il contrôlait son empressement tant bien que mal. C'est alors que ses doigts quittèrent les siens et s'aventurèrent entre les cuisses de la jeune femme, caressant la peau de ses jambes, avant de remonter, épousant ses monts de Vénus des doigts avant de commencer, délicatement, à caresser son intimité, son majeur coulissant délicatement sur son clitoris, puis, s'ajoutant son annulaire, il commença à stimuler sa petite bille d'amour avec des mouvements simples, rotatifs, délicats. Dû à sa force, le Roi devait faire preuve de prudence pour ne pas blesser cette petite chose si fragile et sensible, ce qui nécessitait énormément de concentration de sa part.

La main libre du Roi continua de masser lentement mais avec une expertise non-négligeable le sein gauche de sa belle, passant parfois au droit pour lui accorder les mêmes douceurs. Ses lèvres, délicates et aimantes, remontèrent le long du cou d'Alecto, et, pressant son nez sur sa joue pour attirer son attention, il s'empara de ses ravissantes lèvres chaudes, ne laissant pas l'eau interférer.

Il y avait plusieurs façons de confirmer son amour à quelqu'un. Certains écrivaient des poèmes, des chansons, ou philosophaient sur cet amour. Mais Serenos n'était pas un homme de mots ou de lettres, bien qu'il soit assurément un érudit; il était un homme d'action, et parce qu'ils étaient sous l'eau, pour lui témoigner son amour, le Roi de Meisa ne pouvait prononcer un traître mot; tout ce qu'il ressentait et désirait, à ce moment, il devait le démontrer par les gestes. Un stratagème intéressant pour celui qui serait capable de l'apprécier à sa juste valeur. Serenos aimait Alecto, et s'il le disait, alors elle le croirait sans le moindre doute, que ce soit parce qu'elle considérait la chose comme vraie ou parce qu'elle lui faisait une confiance presque aveugle. En ce cas, les mots ne suffisaient pas à témoigner la véracité de ses sentiments; il ne restait donc que la démonstration physique, non-verbale, de cet amour pour satisfaire le Roi.

Après l'avoir caressée quelque peu, le Roi interrompit ses caresses et profita de leur immersion pour la faire tourner vers lui et l'attirer dans une étreinte aimante, alors que la verge du Roi se pressait maintenant contre l'abdomen de sa bien-aimée. Non verbalement, il lui disait qu'il la désirait. Elle était la cause de cette érection, il avait le désir dévorant et physique d'être en elle, et son corps ne pouvait mentir à ce sujet. Mais au-delà du désir, au-delà de cette chair qui les consumait tous les deux, un autre signe ne trompait pas, et le Roi prit délicatement la tête de son épouse et la pressa contre son torse.

Grâce à l'eau et la vibration, elle pouvait distinctement entendre le cœur du Roi qui battait plus fort, et ce juste pour elle, avant de l'attirer de nouveau contre sa bouche et l'embrasser passionnément.

Il prit doucement la main de sa belle et la posa sur son membre, tout comme elle avait attiré sa main plus tôt; ce n'était plus un geste vulgaire entre eux, mais la preuve qu'il désirait ses caresses autant qu'elle désirait les siennes. Bien sûr, il ne s'attendait pas à ce qu'elle prenne le contrôle de la situation, mais il était curieux de voir sa réaction.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 14 juin 2020, 10:24:17
Les longues minutes sous les flammes des caresses de son mari la mirent dans un état incroyable. La parfaite sensation de liberté de mouvement, dépossédée des contraintes de gravité, comme en apesanteur, décuplait ses sens. Alecto avait l’impression d’en prendre plein les yeux, dès qu’elle ouvrait les paupières vers le plafond luminescent, et de recevoir une dose de plaisir qui vibrait dans chaque nerf de son corps.

L’attente avait été longue, sans doute plus pour Serenos que pour elle il est vrai, mais désormais qu’elle avait goûté à la sensualité torride partagée avec le Roi, vivre loin de cet état de grâce était difficile. Cela restait une idée qui lui trottait dans la tête, pouvait l’assaillir sans prévenir à des moments impromptus. Elle s’était étonnée de ressentir ce picotement caractéristique du désir entre ses cuisses même lorsqu’elle ne se trouvait pas aux côtés de l’homme qu’elle aimait. Evidemment gênée dans ces instants-là, Alecto avait tenté de satisfaire cette faim par la prière et, on s’en doute, cela n’avait pas été très efficace. Pas efficace du tout, même…

C’était une épreuve puissante… Car tous ses autres besoins, la jeune femme arrivait à les contenter auprès de Dieu. Elle savait jeûner, trouver le sommeil après les insomnies, dans une volonté de fer. Mais cet espoir avide de plaisir physique ne pouvait en aucun cas trouver de solution dans la Foi… Alors, en effet, elle avait petit à petit attendu avec impatience le moment où ils seraient unis. Certes, elle culpabilisait souvent d’imposer à Serenos des limites qu’elle-même avait du mal à respecter, lui qui avait connu tant d’aventures et qui ne se souciait pas de cette morale réductrice. Serenos vivait l’instant, là où elle réfléchissait et craignait les représailles, sans cesse.

Pourtant, cette fois, à cet instant, elle pouvait pleinement se donner, oublier les affres de sa conscience et profiter sans crainte. Elle se savait aimée, et fortement désirée. En témoignait le membre qui cognait avec impétuosité contre son ventre. Cette simple sensation de sa peau bouillante contre son corps devenu sensibles sous les attouchements de son mari, mit le feu aux poudres. Ecouter le cœur du Roi battre la chamade la conforta dans cette dévotion pure qu’elle lui vouait, à tel point qu’ils construisaient ensemble une relation où Alecto pourrait enfin s’épanouir.

Les oreilles bourdonnant du tambour battant de son cœur, la femme du Roi se saisit du sexe de son époux, alors qu’il lui témoignait combien il avait envie de ses attentions. Les premières secondes, Alecto se contenta de soupirer d’un air béat en sentant pulser le sang contre sa paume, se laissant envahir par une sorte de fascination excitée.

Puis, rapidement, sa main le caressa de haut en bas, appliquant doucement un mouvement de va et vient, son geste était étrangement assuré. Si les initiatives n’étaient pas naturelles pour elle, Alecto avait finalement assez d’expérience sur les choses du sexe mais… elle les avait toujours subies. Tout lui paraissait nouveau, avec Serenos. Les caresses qu’elle lui prodiguait n’étaient pas contraintes, elle revivait… Tout ce qu’elle faisait, elle le désirait autant que lui.

La jeune femme approfondit la pression de ses doigts, continuant de longues minutes ainsi, s’étonnant elle-même de ressentir du plaisir en en donnant à son Roi. L’eau qui les enveloppait rendait ses caresses plus glissantes, elle se surprenait à aimer leur étreinte, à vouloir donner de plus en plus de frissons à son mari, gagnée elle aussi par les tremblements des flammes qui l’envahissaient.

Prolongeant ses attentions, Alecto embrassait son époux avec de plus en plus de fièvre, se laissant aller dans ses bras, et descendant dévorer son cou et sa clavicule, jusqu’à le mordiller avec plus d’audace. Sa bouche était brûlante et l’onde faisait glisser leurs bouches et les peaux d’une manière nouvelle, tellement plus agréable.

Elle ne voulait pas s’arrêter, pas avant de prouver à son Roi combien elle l’aimait, et combien elle aimait son corps qu’elle vénérait. Elle était prête à tout pour lui témoigner la passion qui les unissait, et pour lui rendre au centuple l’extase qu’il avait révélé chez elle.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 15 juin 2020, 08:32:58
Contiens-toi, répétait la petite voix ans sa tête. Il n'y avait aucune raison de s'empresser, après tout, elle n'allait nulle part; elle était là, dans ses bras, à attendre toutes ses preuves d'amour, et pourtant, le Roi ne pouvait s'empêcher d'avoir l'esprit complètement préoccupé par la jeune femme. Alors qu'elle touchait son membre viril de sa si douce main, le souverain eut l'impression, et cela pour son plus grand plaisir, de l'aider à franchir un autre interdit. De ce simple contact, il avait l'impression que sa bien-aimée lui montrait qu'elle lui faisait confiance, qu'elle ne le craignait pas comme elle en craignait d'autres.

En fin de compte, c'était peut-être simplement sa fierté d'amant, cette idiotie générale que tous les hommes semblaient avoir en eux qui les forçait à croire que ce qui allait dans leur sens était la pure vérité. Alecto, néanmoins, ne montrait aucun signe de tremblement ou de doute. Sa main était assurée, et caressait son membre sans tremblement ou hésitation, et elle ne se laissa pas si facilement décourager, ses caresses perdurant pendant de bonnes minutes, rendant sa virilité de plus en plus dure, et causant des frissons de plaisir sur la peau du Roi.

La masturbation que lui offrait sa femme prit néanmoins fin lorsqu'elle vint se lover dans ses bras, et il l'enlaça amoureusement, son membre incidemment pressé contre le ventre d'Alecto, aussi raide et inflexible qu'une pierre taillée. Serenos la repoussa légèrement, la faisant flotter devant lui, avant de l'approcher et de poser des baisers sur son corps, ses mains venant agripper ses cuisses, ses hanches, ses fesses, alors que ses dents venaient taquiner son abdomen et sa poitrine, laissant derrière lui de petites marques violacées à l'endroit où il avait sucoté la peau. Le Roi gagnait en vitesse d'exécution, mais pas pour l'agresser, bien au contraire; ses caresses étaient empreintes d'une légèreté surprenante pour une esclave.

Taquin et joueur, le Roi se mit à embrasser et chatouiller le corps de sa femme, la poussant à lui montrer une forme de résistance ne serait-ce que pour échapper à ces chatouillis. Le Roi lutta gentiment avec elle, avant de la faire tourner dos à lui et de lui attraper les mains, lui mordillant le cou, puis l'omoplate, descendant pour venir lui mordiller affectueusement une fesse, faisant bien attention de ne pas se prendre un coup de coude ou de pied, avant de nager jusqu'à ce que son visage se retrouve derrière sa femme, qu'il en fasse ensuite le tour pour venir poser sur ses lèvres un autre baiser passionné, juste avant de lui prendre doucement les cuisses et de l'attirer contre lui, pressant son membre contre son bas-ventre et son intimité. Il avait envie d'être en elle, et s'il aurait pu parler à ce moment-là, il lui aurait dit qu'elle était la seule femme pour lui, il lui aurait voué un amour éternel, même si ces mots étaient assurément les plus clichés de toutes les options qu'il aurait pu choisir.

Dans les faits, le Roi aurait pu, à tout moment, s'adonner aux plaisirs de la chair avec une autre femme; ils n'étaient non seulement pas mariés, mais pour les hommes puissants de ce monde, il était très rare de ne prendre qu'une seule partenaire, voire, dans leur situation, aucune apparente, ne serait-ce que pour prouver sa virilité. Même les Reines étrangères n'hésitaient pas à mettre dans leur lit plusieurs amants et amantes, ne serait-ce que pour démontrer qu'elle était apte à se reproduire et aussi assoir son pouvoir. Serenos ne savait pas d'où venait cette tradition, mais il savait qu'elle continuait d'exister. La seule raison pour laquelle il ne l'avait pas fait, c'était simplement parce qu'il ne voulait pas blesser sa bien-aimée, pour commencer, et ensuite, c'était avec embarras qu'il devait admettre qu'aucune autre femme ne l'intéressait, sexuellement, depuis qu'il avait connu la chaleur des chairs de sa femme.

Le Roi prit position et, lentement en raison de l'eau pour ne pas rendre la chose inconfortable, il pénétra sa belle de son membre, mais cette fois, contrairement aux premières fois, il n'attendit pas avant de se mettre à remuer en elle, posant sur ses lèvres des baisers passionnés; le Roi, avec raison ou non, avait la ferme impression que sa femme n'en pouvait plus d'attendre, et donc, il s'agissait du meilleur moment pour commencer, et il était grand temps, après tout, d'officialiser leur relation auprès de son Dieu, car les écritures stipulaient qu'un mariage non consommé n'était pas valide, et il comptait bien tout faire pour 'officialiser' sa promise dans tous les sens possibles et de toutes les manières possibles. De grands mots, assurément, mais il tiendrait parole.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le lundi 15 juin 2020, 19:37:23
Alecto avait ri et accueilli les espiègleries de son mari avec une légèreté qu’elle découvrait et apprécia immédiatement. Qu’il était bon de sourire, de jouer, de rire lors de leurs ébats ! Chacune de ses expériences étaient empreintes de gravité, de culpabilité, d’asservissement crasse. Cette fois, ils étaient égaux dans cette valse, ils le souhaitaient tous deux ardemment, et la jeune femme répondit avec malice à ses effleurements aux endroits stratégiques qui piquaient son hilarité.

Elle se rendait compte que le grave et honorable Serenos avait su garder une âme enfantine, s’adonnant à une joute facétieuse avec son épouse. Cela lui plu immédiatement, se sentant encore un peu plus soulagée d’un poids qui pesait sur ses épaules. Réfléchir pendant qu’ils s’adonnaient aux plaisirs et aux caresses ne servait à rien… Elle apprenait à se libérer de tout ceci, petit à petit.

Ses rires entraînaient un filet de bulles qui s’élevaient vers la surface, et elle se tortillait pour tenter de se soustraire aux chatouilles sensuelles de son mari. Oh, bien sûr, elle n’espérait pas vraiment lui échapper… Chaque contact, même entraînant son amusement, était une pique de plus qui aiguillonnait son désir et son appétit.

Qu’il avait été délicieux de le voir apprécier ses caresses… Il lui semblait que ce visage baigné de plaisir était le plus doux qu’elle ait jamais pu voir, et elle n’avait qu’une seule idée en tête : le regarder, encore et encore, s’apaiser puis se crisper, se détendre, froncer les sourcils… exprimer ses sensations. Des sensations de délice dont elle était la source.

Mais enfin, Serenos la plaqua contre lui, l’onde leur permettant de s’unir sans jamais se préoccuper de rien d’autres que leurs émotions et leur ressentis, tant physique que mental. A cet instant, ses pensées s’évanouirent, et elle ne réussit plus du tout à analyser la situation. La seule chose qui important était désormais son sexe contre le sien, cette chair qui les liait avec impétuosité. Elle le voulait, à cet instant plus qu’avant, comme un besoin profond et instinctif. Elle brûlait d’empressement, impatiente, incapable de raisonner.

Le Roi s’introduisit rapidement en elle, écartant son intimité en lui arrachant un gémissement silencieux, et Alecto fut surprise, mais subjuguée, par ses mouvements de bassins immédiat. A ceux-ci, les ondulations de ses reins se joignirent sans se faire prier, dans un ballet lascif qu’elle ne contrôlait pas, en laissant seulement parler ses sens.

C’était au-delà de ce qu’elle avait pu imaginer. Se donner au Monarque dans sa suite avait été extraordinaire mais ô combien culpabilisant. Cette fois, débarrassée de ce sentiment qui la harassait, l’épouse de Serenos faisait la connaissance de la simple joie d’être elle-même, de ne penser qu’à lui, qu’à elle. Ils étaient seuls au monde, en cet instant. Unis dans la plus pure et la plus profonde expression, la plus belle, aussi, songea-t-elle.
Ses fesses se contractaient pour répondre aux coups de bassin de son mari, et sa bouche le dévorait, tant ses lèvres, que son menton qu’elle mordait de plus en plus, ou son cou que sa langue lapait avec avidité. Ses doigts vinrent agripper ses fesses pour accentuer la profondeur de leur étreinte, et elle étouffait ses cris de plaisir contre sa peau, ne se souciant plus du tout de l’eau autour d’eux et de l’impression étrange de ne pas pouvoir respirer. Dans le brasier de leurs ébats, le souffle lui manquait, de toute façon, et elle ne pouvait qu’accélérer, mue par la transe qui la gagnait sans aucune considération pour ses muscles et sa faible endurance.


Dans son mouvement éperdu et vif, Alecto battait des pieds, et ce geste frénétique, dans l’eau, fit basculer Serenos en arrière, laissant sa femme le chevaucher, les cheveux d’encre éparpillés et voletant autour d’elle, qui s’était redressée pour apprécier plus encore la plaisir que lui procurait le membre pulsant en elle, dans cette inclinaison.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mardi 16 juin 2020, 08:30:08
Peut-être était-ce simplement parce qu'Alecto se dégourdissait un peu quand elle était enfin engagée dans la chose qu'il ressentait cet empressement. Après tout, il prenait son plaisir au travers de celle de sa bien-aimée, il aimait la voir trembloter ainsi contre lui, il aimait la voir graduellement laisser derrière ses appréhensions et sa nervosité simplement pour apprécier le moment présent.

Ce n'était pas toujours facile pour la jeune femme, probablement en raison de son éducation, de ces années à se voir refuser ne serait-ce que le strict minimum en tendresse et en affection, sans cesse diminuée, insultée, traitée comme une moins que rien, et que même sa Foi lui disait que mener cette vie de parfaite désolation, à la fois matérielle et émotive, lui pavait une voie d'or jusqu'au paradis céleste.

Serenos espérait qu'avec le temps, et beaucoup de patience, ils pourraient mettre fin, ensemble, à ce nuage noir qui pesait sur elle.

Cela dit, le mariage semblait avoir eu l'effet que le Roi espérait; en enrayant une bonne fois pour toute la raison même de la culpabilité de sa bien-aimée, à savoir le fait de s'adonner en dehors des liens du mariage aux choses de l'amour. Il le voyait à la réceptivité de son épouse à ses caresses, elle qui normalement se satisfaisait de simplement se laisser aller, elle répondait à ses gestes avec une franchise nouvelle, et le Roi ne pouvait faire autrement qu'adorer cette nouvelle manière d'être.

Certes, il aimait sa femme telle qu'elle était, et bien qu'il n'y eût rien en ce monde qui l'empêcherait de continuer à l'aimer, il ne pouvait que se ravir de ses progrès. Bien qu'il s'en réjouisse, il n'était pas question qu'il perde de vue qui elle était, et il ne la laisserait pas perdre son chemin non plus; ce n'était pas parce qu'ils étaient mariés qu'il l'entrainerait à sa suite dans un monde de perdition et de violence.

Même si son mari semblait parfois insensible, et manquer de délicatesse vis-à-vis de son passé, dû à sa propre expérience et de la force morale qu'il avait tirer de cette sinistre époque, il savait ce que cela pouvait être d'être une ancienne esclave, et pour une femme, c'était assurément pire que ce qu'il avait lui-même vécu, émotionnellement parlant. Elle avait passé la plus grande partie de sa vie de jeune fille à se sacrifier pour des gens qui voulaient tuer son bonheur et son identité pour en faire une machine de chair et de sang.

Enfin, cela dit, même s'il prétendait la connaître plutôt bien, grâce au temps qu'ils avaient passé à discuter au cours des derniers mois, il ne put retenir un grondement surpris alors qu'elle le renversait pour prendre place sur lui, la gravité le ramenant alors contre le fond rocailleux du bassin, et qu'elle se mit à le chevaucher.

Le Roi leva les yeux vers elle, peut-être un peu confus, mais il n'osa pas l'arrêter. Patiemment, il l'observa alors qu'elle s'installait sur lui. Il ne put s'empêcher de se délecter du spectacle qui s'offrait devant ses yeux, alors que son membre coulissait lentement en et hors d'elle. Il appréciait ses mouvements de hanches, la façon que son dos s'arquait alors qu'il entrait en elle, relevant sa poitrine, ses cheveux remuant au rythme de cette danse sensuelle et, même si elle se serait assurément empressée de dire le contraire, empreinte d'une certaine grâce et dignité. Dans les yeux de sa bien-aimée, il ne voyait aucune perversion, aucune corruption, simplement un désir ardent et une grande passion, et ce contact visuel, volontaire ou non, lui donnait des frissons.

Comme tout geste de consentement, et pour la rassurer, les mains du Roi se posèrent sur les hanches rondes et fermes de son épouse pour accompagner son mouvement. Le Roi avait presque peur de respirer, puisque les bulles d'air risquaient de le priver de ce spectacle qui lui plaisait définitivement beaucoup. La prise de ces mains avaient au moins l'avantage de beaucoup faciliter les mouvements de la jeune femme, puisque dans cet environnement, chevaucher son partenaire était une tâche plus ardu sans cette participation.

Le Roi se redressa légèrement, et entre deux baisers qu'il posa sur les lèvres de sa femme, il se pencha ensuite pour venir embrasser et taquiner de sa langue et de ses lèvres le petit mamelon rose droit de sa femme. Malgré sa tendresse apparente, cela ne l'empêcha pas de commencer à lui donner des coups de reins plus brusques et passionnés, frottant son membre contre ses parois intime avec une vigueur non-négligeable.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mardi 16 juin 2020, 17:07:43
Son esprit s’inquiéta une demi-seconde d’avoir été peut-être audacieuse, et elle scruta le visage de Serenos, au moment où il se régalait de la vue saisissante de sa femme le chevauchant, de plus en plus à l’aise.  Mais les mouvements reprirent de plus belle, et Alecto fut totalement rassurée : elle n’avait pas outrepassé ses droits, et son mari avait l’air subjugué par ce qu’il voyait. C’était émouvant, et si nouveau.

Ses grandes mains bien calées sur ses hanches, l’Esclave se sentit dévorée par une vague plus dense, plus profonde. Peu de consciente de l’espace ou le temps qui s’écoulait dans leur bulle intime, Alecto bougeait, réveillant des instincts enfouis, longtemps endormis, bâillonnés, mutilés, même. Mais cette fois, elle n’avait pas de bourreau, pas de maître, pas de chaîne.

Submergée par le plaisir, incapable de dire exactement d’où il venait, tant il circulait dans tout son corps, la piquant, comme autant de stimuli nerveux, la fausse Reine se rendit compte que sa poitrine surchauffait, et elle ouvrit les paupières fébrilement, sans cesser ses ondulations lascives, mais rapides.

Elle écarquilla les yeux sous ce spectacle qui la fit rougir, certes, un peu intimidée de voir le Roi baiser son sein droit, mais tellement excitée à cette simple vue. Elle s’en trouva troublée, tout son corps se contracta avec délice, ses jambes se serrant plus puissamment sur le bassin de Serenos alors qu’elle laissait échapper des gémissements en milliers de bulles. La langue de son mari glissait avec agilité sur la peau plus sombre de son aréole, elle se trouvait captivée par cette vision, hantée par le plaisir qu’elle y associait, cette zone étant sensible chez elle.

Les lueurs qui dansaient sur le visage du Monarque, sur sa propre peau également, son téton se durcissant si vite sous ses lèvres, les dents qu’elle percevait parfois, l’électrisèrent. Lorsque l’on ne fait que subir les attouchements de ses Maîtres, de leurs amis, de leurs invités, jamais Alecto n’avait osé les regarder faire, tant elle était dégoûtée, à en vomir. Elle subissait en silence, sauf si on lui demandait de couiner, évidemment.

Mais admirer ce visage idolâtré la couvrir de baisers à la rendre fiévreuse, c’était d’un ensorcellement pour la jeune femme, qui sentait sa vision de troubler et fut prise de puissants tremblements. Ses doigts vinrent agripper le crâne de son époux alors qu’elle articulait des encouragements inaudibles entrecoupés de soupirs mourant déjà dans sa gorge, tant elle était ivre de plaisir. Instinctivement, elle gardait précieusement contre elle le visage de Serenos contre son sein, réclamant ses attentions avec opiniâtreté, ne pouvant plus diriger son regard ailleurs que sur cette bouche qui lui donnait autant d’exaltation.

Mais son manque d’expérience, et le trop plein d’émotion qu’elle n’avait pas anticipé la prirent de court.

Dans ses cheveux auréolant d’ébène le Monarque, Alecto crispa ses doigts, et ses cuisses se resserrèrent avec vigueur, alors qu’elle était transportée par une extase puissante et soudain, qui résonnait en elle de longues minutes, criblée par les secousses du membre qui entrait en elle à coups plus fermes, plus sauvages, plus primaires.


Oh oui, oh oui, songeait-elle en se convulsant comme une démente, contractant tous ses muscles autour du Roi, et fondant sur lui pour lui relever le visage et faire mourir ces râles avortés dans sa bouche, l’embrassant avec une telle passion qu’elle défaillait. Alors qu’elle s’était un peu calmée dans ses mouvements de bassin, ils reprirent de plus belle, comme revigorée et prise d’une pulsion subite.

Le visage nimbé d’une aura de béatitude, elle l’adorait avec une fulgurante passion, uniquement animée par l’amour qu’elle lui vouait et le plaisir qu’il venait de faire exploser en elle. Tous ses sens sans dessus-dessous, Alecto souriait en irradiant de bonheur. Il lui manquait de lui hurler combien elle l’aimait. Oh, oui, et combien elle aimait son corps, dans le sien.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le jeudi 18 juin 2020, 07:48:25
Dans l'élan de leur passion, le Roi ne perdait cependant pas un seul moment de ce qui se passait entre eux. Il sentait très nettement les mouvements de sa belle, le coulissement de son membre en elle, alors qu'elle remuait des hanches de haut en bas, s'empalant d'elle-même sur le membre épais de son amant. Il sentait le sexe de son épouse se resserrer sur le sien, son corps remuer et presser contre ses muscles, et même s'il avait une expérience conséquente dans le domaine, il devait admettre qu'il y avait toujours quelque chose de plus spécial quand on faisait l'amour à une femme que l'on aimait. Ce n'était plus qu'une connexion charnelle, mais même, oserait-il croire, spirituelle, parce qu'il ne se contentait pas de simplement assouvir ses besoins, il recherchait dans ses bras un amour qu'il ne trouverait pas autre part, non pas que personne d'autre ne l'aimerait, mais personne ne l'aimerait de cette façon, la façon d'Alecto.

Les mouvements reprirent de plus belles, avec chacun des baisers augmentant la fougue du souverain, dont les hanches remuaient au rythme des mouvements d'Alecto. Sa respiration accélérait, démontré par une plus grande quantité d'air qui sortait de ses lèvres, ainsi que ses grondements de plaisir. Les frissons revinrent, plus furieusement, et alors qu'il les sentait se répandre sur sa peau, il aurait jurer les avoir senti se transmettre chez sa belle, lui donnant davantage ce sentiment qu'ils étaient connectés, pour son plus grand plaisir.

Après un certain moment, il se retira délicatement de sa femme, avant de la manipuler doucement et la pousser gentiment contre le sol rocailleux, se glissant derrière elle, plaquant son torse contre le dos de son aimée, ses bras entourant son abdomen, alors qu'il s'introduisait de nouveau en elle, cette fois dans cette position qui lui permettait, notamment, de balader ses mains avides sur le corps de sa bien aimée, caressant son ventre, ses flancs et ses seins en toute liberté, embrassant ses lèvres, son cou et ses épaules au gré de ses envies. Alors que le plaisir grandissait, le Roi la poussa doucement en position plus horizontale, lui prenant les mains et les joignant sur le sol, alors qu'il lui donnait des coups de reins plus passionnés, mais sans la moindre violence. Les mouvements accélérèrent graduellement, de plus en plus, faisant remuer tout le corps d'Alecto, ses seins et ses cheveux s'agitant au gré des mouvements du Roi, jusqu'à ce qu'il atteigne le paroxysme de son plaisir.

Il n'en fallut guère plus pour qu'Alecto ressente cette sensation étrange qui accompagnait la jouissance du Roi, alors que sa semence brûlante remplissait son antre. Le Roi se crispa ainsi sur elle, ses doigts se resserrant sur les siens alors que son visage se perdait dans les ténèbres de sa chevelure noire. Le Roi resta ainsi quelques secondes, le temps que cet extase l'abandonne et qu'il reprenne ses sens, prenant son épouse dans ses bras pour la ramener au bord de l'eau.

Mais il ne fallait pas s'y tromper; le Roi était loin d'être satisfait; il avait encore énormément d'amour à lui accorder, mais maintenant,il voulait profiter de ses gémissements et de l'avantage stratégique que lui donnait cette caverne, car non contente d'être isolée du monde, cette grotte était également doté d'une acoustique remarquable qui offrirait les plus beaux échos possible.

Le Roi ramena sa bien aimée jusque dans les peaux qu'il avait emmené plus tôt, l'allongeant parmi elle, avant de revenir à l'assaut, l'embrassant sur les lèvres, lui agrippant les fesses avec vigueur pour simplement pouvoir mieux entrer de nouveau en elle et reprendre leurs ébats, sans la moindre gêne, ses lèvres revenant bientôt dans son cou alors qu'il lui murmurait ces doux mots.

"Je t'aime, Alecto... Mon Alecto... Ma chérie..."

Il remonta le visage pour l'embrasser sur les lèvres, lui relevant une jambe d'une main glissée sous son genou, ce qui lui permit de s'enfoncer plus profondément dans l'intimité de sa belle, continuant de la malmener avec toute sa passion et tout son amour.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le jeudi 18 juin 2020, 10:35:45
Leur étreinte n’avait cessé que quelques minutes à peine, le temps de retrouver cette sensation fraiche de l’air qui pénètre ses poumons sans altération magique. De nouveau à la surface, au chaud sur la fourrure qui caressait son dos, sa peau claire se frottait de nouveau contre celle du Roi, plus burinée par le soleil de Meisa.

Ce dernier semblait insatiable, et étrangement, Alecto ne se sentait ni épuisée après les efforts qu’elle avait grandement fait, ni rassasiée non plus. L’eau avait lavé toute espère de sueur de leurs corps, mais dès que son mari s’introduisit de nouveau en elle, relevant sa cuisse pour accentuer bien plus la profondeur de ses coups de reins, elle sentit déjà la moiteur les entourer.

Lui rendant des baisers éperdus et fougueux, furieux, même, la jeune femme soulevait son bassin pour aller au-devant des assauts du Roi, pleine active sous lui, sans se ménager. Chaque pénétration du Monarque était une décharge d’électricité qui résonnait dans tous ses membres et enflammait ses entrailles. Chaque choc entraînait un feu d’artifices d’émotions et ses sens étaient bouleversés.

Malgré leur retour à l’air libre, il lui semblait qu’elle manquait de souffle, haletante, ses perceptions faussées par l’amas d’excitation et des délices qu’ils se prodiguaient ensemble. Son époux était un amant redoutable, infatigable, et leurs valses lui semblait durer des heures entières. Sans qu’elle ne puisse se l’expliquer, elle se nourrissait de l’énergie qu’il dégageait pour tenir, en vouloir toujours plus, sentir toujours le désir étreindre son ventre et son antre le réclamer, toujours plus. Tantôt avec brusquerie, ses coups de butoir plus animal, tantôt langoureux et profonds, devenus plus intenses.

Avec un acharnement dément et sensuel, Alecto gardait le plus possible son Roi contre elle, le ramenant vers son corps humide et bouillant dès qu’il se redressait, n’en déplaise à d’éventuelles courbatures ou crampes. Elle lui souriait souvent, le regard emplit d’une admiration qu’elle n’offrait aux idoles, en contemplant son visage magnifié par le plaisir. Ses mots d’amour résonnaient longtemps après qu’il eut fermé la bouche, à ses oreilles, transformant les simples phrases en des émotions magiques qui la soulevait pour qu’elle étreigne encore plus fort.

C’était incroyablement intense, et pourtant, si sauvage, instinctif. N’importe quel spectateur pourrait assurément voir la profonde affection qui les unissait, malgré leurs ébats passionnés cachés dans cette caverne. Il ne manquerait pas non plus d’écouter le récital que la jeune femme scandait au rythme de ce membre épais et dur qui fermement la transperçait avec bonheur. Se laisser aller à s’exprimer véritablement, sans entrave, sans craindre d’être épiée, jugée, malmenée ensuite, était un pur délice. Aucune contrainte ne les enfermait, ils étaient libres.

Elle voulait ça toute la vie. Comment pourrait-elle revenir à une vie normale après cela ? Le plaisir la submergea encore, plusieurs fois, la surprenant toujours, et la faisant hurler son amour. Toutes les petites particules luminescentes entendirent crier le nom de Serenos des dizaines de fois, mais garderaient leur secret.

Comme un flash lumineux, Alecto cilla soudain, et elle voulut s’assurer d’une réflexion qu’elle avait eut alors que le Roi l’avait retournée sur le ventre, sous l’eau. Jadis, les individus qui l’avaient prise ainsi étaient des brutes, ne pensant qu’à leur bon plaisir, la possédant comme on monte une chienne, sans aucune considération. Elle avait toujours détesté cela, se sentant humiliée au point de retenir des haut-le-cœur. Mais sous l’eau, Alecto avait été stupéfaite de trembler de désir lorsqu’il l’avait recouverte ainsi, au point que cela avait alimenté des visions fantasmées durant leurs ébats, ensuite.

Prenant les mains de Serenos, l’ancienne esclave les posa sur ses tempes, et son regard plongea dans le sien avec conviction. Elle murmura, ondulant toujours son bassin.

« Lis. »

Elle voulait qu’il perçoive sa demande, comme elle était encore peu assurée à le lui réclamer, mais songeant que le Mage pourrait facilement visualiser dans son esprit ce qu’elle avait en tête, et qui faisait augmenter son désir depuis un moment.

Dans le chaos des pensées d’Alecto, Serenos put deviner de manière très floue, et magnifiée, deux petites silhouettes qui ressemblaient à la jeune femme et lui. Elle, elle se voyait visiblement plus petite qu’elle n’était réellement, plus effacée, bien moins jolie, dénuée de charme. Sa poitrine était étrangement plus grosse qu’en réalité, sans doute puisqu’Alecto la considérait comme un handicap, une honte, un fardeau lui attirant des ennuis.
Serenos, lui, était plus grand, plus musclé, même, et ses cicatrices floues semblaient danser sur son corps nu. Alecto devait vraiment glorifier cet homme, car dans son esprit, il irradiait d’une lueur divine, presque auréolé d’une grâce surhumaine. Ses cheveux en bataille tombaient sur son front et sa nuque avec des mouvements typiques des songes, et tous deux luisaient d’une sueur bien plus élégante que dans la réalité.
Dans son fantasme, le Roi assaillait son épouse, à genoux, en la pénétrant profondément, son ventre son ses reins, une main agrippant fermement une hanche, et l’autre pétrissant sa nuque, son cou, son épaule. Dans ses rêves, il avait des mains puissantes et larges, qu’on devinait cependant douces et évidemment agiles.
C’était confus, et très approximatif, mais Serenos pouvait tout de même entendre leurs deux râles de plaisir mêlés, alors qu’ils gémissaient tous les deux des déclarations enflammées. Même les fantasmes d’Alecto restaient emplis d’amour, naïvement.


Lorsqu’elle fut sûre que son amant ait vu ce qu’elle voulait qu’il devine, elle pinça les lèvres, peut-être un peu gênée, mais ce ne fut pas long, leur complicité la rassurait. Le poussant aussi sagement que son instinct pulsionnel le pouvait, et avec une force minime vu son gabarit, l’épouse du Monarque le fit doucement sortir d’entre ses cuisses, avant de se tourner, et de lui présenter son fessier, à quatre pattes. Elle imaginait cette scène depuis qu’ils étaient sortis de l’eau, elle le voulait encore, elle voulait confirmer son ressenti et savoir si, véritablement, cette position lui semblait être l’une de ses préférées, grâce à lui.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 19 juin 2020, 08:36:44
"Lis."

Elle devait bien se douter qu'il était réticent à s'aventurer dans son esprit. Malgré le fait qu'elle eût été une esclave pour une bonne part de sa vie, son esprit restait cependant un temple qu'il ne convenait pas de troubler, parce qu'il s'agissait du seul endroit où elle pouvait espérer conserver une certaine indépendance. Même si elle se soumettait aux règles de son Dieu, aux lois des hommes et aux règles de certains, il y avait toujours la possibilité pour elle de ne pas aimer certaines choses, de questionner, de craindre. Entrer dans son esprit devenait un synonyme d'entrer dans son for intérieur, en cet endroit où elle devait toujours se sentir complètement en maîtrise, de peur que ce sanctuaire, une fois bafoué, devienne un autre puits de violence et de manipulation.

Pour Serenos, c'était une nouvelle preuve de sa confiance et de son amour. Elle lui offrait les portes de ce sanctuaire, elle lui donnait le droit de voir ce que nul autre avait le droit de voir. Il hésita un moment, puis il s'approcha d'elle de nouveau, posant délicatement son front contre le sien. Il n'avait pas vraiment besoin d'un contact physique pour entrer dans l'esprit d'une autre personne, mais cela pouvait au moins rassurer la dame. Il fallut quelques bonnes secondes au Roi pour parvenir à se détendre suffisamment, compte tenu de son émoi et de son excitation, pour pouvoir ouvrir les portes de son propre esprit, posant les 'mains' sur celles de sa femme et de les ouvrir, s'engouffrant dans son être.

Entrer ainsi dans l'esprit d'une autre personne était une expérience qui, pour les non-initiés, pouvait être alarmante; les sensations, les perceptions, le concept même du 'moi' qui foutait tout simplement le camp. Dans l'esprit d'Alecto, il ne faisait pas que lire ses pensées; il était Alecto. Par ses yeux, il se voyait plus grand que nature. Il sentait sa propre odeur dans ses narines, le son de sa respiration dans son oreille, le toucher de sa peau propre peau contre elle, et le plaisir que ce contact simple et amoureux lui procurait. Mais il n'était pas en elle spirituellement pour partager ses sensations, donc il dût se raffermir sa perception de son soi-même pour combattre cette impression de familiarité avant de se perdre en elle. Il se contenta donc d'écouter, et il fit ce que la jeune femme désirait, secrètement.

Pour Alecto, cela pouvait être un sentiment possiblement rassurant ou terrifiant; la simple sensation de savoir que devant l'homme qu'elle aimait, son esprit, son âme même, serait mise à nue sans la moindre possibilité de se cacher de cette inquisition à laquelle elle s'était elle-même soumise. Elle pouvait sentir cet esprit puissant entrer le sien, son aura, son être même se propager dans ses tréfonds. Pendant un moment, elle put même expérimenter ce que c'était d'être le Roi; tout ce pouvoir contenu en lui, cette capacité pour de grandes destructions, contenu par une fine couche de raison. Elle pouvait également percevoir cette fureur contenue, cette colère, cette sauvagerie pure que l'homme contenait derrière cette même raison, mais plus notable encore pour elle c'était l'amour qu'il lui vouait; alors que leurs esprits se côtoyaient et partageaient leurs sensations, elle put sentir en lui un mélange d'amour, de passion, de vénération et de désir, mais également une certaine culpabilité. Un nom lui vint à l'esprit; "Laryë", mais ce nom s’effaça aussi vite qu'il était arrivé.

Après ces quelques secondes, qui lui semblaient à la fois trop longue et trop courte, il se retira lentement de son esprit. Il posa doucement un baiser sur ses lèvres, avec amour, la regardant alors qu'elle se retournait lentement, lui présentant sa croupe, et le Roi ne la fit pas languir bien longtemps, venant se caler derrière elle. Il prit alors son membre en main et l'orienta de nouveau, avant de le presser contre la féminité de sa femme et il entra en elle. Derrière son épouse, le Roi pouvait sembler plus intimidant qu'à l'habitude, peut-être un effet secondaire de leur rapprochement mental, mais les mains du Roi se posèrent sur ses hanches et il l'attira contre lui, tout en venant à sa rencontre, s’enfonçant graduellement mais profondément en elle. Le Roi sentit de nouveau ce frisson l'envahir, l'encourageant à poursuivre, commençant lentement à posséder son épouse.

Après quelques mouvements, la main droite du Roi se glissa lentement sur le corps de son épouse, alors que l'autre se glissait sous elle pour la soutenir pendant qu'il la pénétrait répétitivement, dans un rythme soutenu, augmentant par moment la vitesse juste pour la pousser davantage à se relâcher dans cet ébat. La main droite du Roi caressa son dos, puis ses omoplates, son épaule avant de s'arrêter sur sa nuque, sur laquelle il referma sa prise alors qu'il augmentait la cadence et la profondeur de ses gestes, lâchant des râles involontaires de plaisir, puis finalement des grognements bien assumés. La nature plus passionné de l'homme le poussait à augmenter encore le rythme, faisant claquer les fesses de sa femme contre son bas-ventre.

Après une bonne série de coups de reins, sur une durée de presque une minute, le Roi relâcha sa prise sur les hanches de sa femme, et il se pencha sur elle, se soutenant d'une main au sol alors que l'autre abandonnait sa nuque pour venir s'emparer de son sein droit, le pétrissant avec amour, alors qu'il s'emparait passionnément de ses lèvres, sa langue venant à la conquête de sa bouche, avec la fougue du conquérant, mais la tendresse de l'amant.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le vendredi 19 juin 2020, 15:28:59
Alecto avait ressenti le picotement dont Serenos lui avait parlé, lorsque quelqu’un rentrait dans son esprit. C’était en effet, peu agréable au niveau physique, mais… Spirituellement, les deux esprits fusionnant, elle se sentit pleinement et totalement en communion avec son mari. Ils étaient liés par leurs noces devant le Tout-Puissant, leurs corps ne faisaient qu’un, et désormais, leurs pensées également. Qui ils étaient se confondait lorsqu’il pénétrait son âme, et qu’elle acceptait cette intrusion en y consentant entièrement.

Ce qu’elle lu de lui, involontairement bien sûr, qu’elle perçut naturellement sans même faire quoi que ce soit pour cela, la bouleversa. Ce prénom qui était gravé dans l’esprit du Roi, qui s’était enfui dès qu’elle l’avait compris, restait cependant dans la tête de l’Esclave malgré tout. La colère profonde, sourde, qui grondait en Serenos l’avaient choqué plus qu’elle ne s’y attendait. Il semblait être un volcan endormi… Alecto s’en trouva durablement perturbée.

Cependant, pour l’heure, son corps désirait le sien, et elle était trop obsédée par la scène qu’elle fantasmait en boucle dans son esprit depuis plusieurs minutes maintenant. A mesure que son sexe s’enfonçait en elle, dans cette posture qui jadis l’avait tant humiliée, elle percevait le corps puissant de son mari dans son dos jusqu’à ce qu’il se plaque contre elle. Sentir son ventre musclé, ses pectoraux ferme contre ses omoplates, cela la rendit immédiatement en transe. C’était si différent de ce qu’elle avait vécu, et cela l’excitait énormément, laissant sa peau humide et frissonnante.

Aux râles de Serenos, répondaient les gémissements passionnés de sa femme, dont la poigne sur sa nuque décuplait les sensations et le plaisir. Les flammes faisaient bouillir son sang en lui rendant ses baisers endiablés et se cambrant au rythme effréné de ses coups de reins. Le Roi était de plus en plus exalté et enragé dans ses mouvements, Alecto le sentait puissant derrière elle, et ses doigts qui caressaient de nouveau l’un de ses seins la rendaient folle.

Les sons de leurs ébats et des acclamations de plaisir résonnaient sur la voute caverneuse qui les protégeait, éclairant leur peau luisante de sueur. L’acoustique multipliait les bruits des coups, du chahut de leurs corps, donnant l’impression qu’ils étaient bien plus que deux dans cette grotte, tout en leur renvoyant un écho grisant.

Alecto se laissait malmener, secouée à chaque pénétration sauvage, et s’étonnait elle-même alors qu’elle appréciait cela, toute la passion primale de Serenos nimbée de cet attachement profond qui les unissait, l’électrisait jusqu’aux sommets.

Sa bouche dévora la sienne, sans aucune retenue, se contorsionnant pour lui agripper la joue d’une main, essayant de ne pas perdre l’équilibre. Ses baisers finirent de la survolter, et elle se laissa emporter par les secousses de plaisir. Des larmes bienheureuses emplirent ses yeux et se mirent à couler sans qu’elle ne puisse les contrôler. Son visage était loin s’exprimer la peine, au contraire, elle se sentait revivre pleinement, et n’avoir jamais connu un tel état de bientôt, en total accord avec Dieu et l’univers.

« Je… je t’aime tellement… » Balbutia la jeune femme en soupirant amoureusement, le corps tremblant par spasme, les muscles endoloris et palpitants. A bout de force pour l'instant, trop accaparée par l'extase qui irradiait son corps, elle se laissa reposer délicatement sur les fourrures douces ou chaudes, voulant conserver Serenos contre elle, sur elle, en elle. Ses fesses continuèrent d'onduler ainsi, par instinct, sa main cherchant l'une des siennes pour enlacer leurs doigts et embrasser le dos de sa main avec ferveur et se cambrant le plus possible, arquant sa colonne.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 19 juin 2020, 20:19:35
Bien que les experts varient sur les raisons pour lesquels les humains ressentaient un tel plaisir lorsqu'ils faisaient l'amour, certains prétendant que ce n'était qu'une réaction naturelle pour encourager la reproduction et pousser les êtres pensants à perpétuer leur espèce, Serenos était partial à l'autre explication; que parce qu'ils étaient des créatures sociales et que leur sens de communauté naturel demandait qu'ils approfondissent leurs liens, leur essence même recherchait à se fusionner à celles des autres.

Le thème de la connexion revenait souvent dans son esprit lorsqu'il faisait ainsi l'amour avec une personne qu'il respectait, et ce rapprochement lui accordait une plus grande satisfaction, un plus grand plaisir, que l'acte lui-même. Certes, il n'était pas indifférent à l'érotisme lui-même, et le fait de sentir tous ses nerfs, tout son être, réagir de cette façon lorsqu'il était en Alecto était clairement une manifestation de son désir pur et charnel de se reproduire et de rechercher le plaisir, mais au-delà de cela, il ressentait une autre forme de stimulation. Quelque chose en lui, de primal et sauvage, était comblé par le fait qu'Alecto se donnait ainsi à lui, sans retenue, dans ces échanges les plus naturels du monde.

Les gémissements de sa femme l'encourageant, le Roi continua ses coups de rein, stimulant de plus en plus fortement cette peau tendre et sensible qui formaient les parois de son intimité. Les lèvres du Roi quittaient par moment celles de sa femme pour embrasser son dos, se redressant même parfois pour reposer ses mains sur ses hanches et l'attirer contre lui dans un rythme passionné, presque bestial, tant que la jeune femme semblait y prendre du plaisir.

Après un certain temps, il glissa ses mains sous les épaules de la jeune demoiselle pour la redresser sur ses genoux, lui plaquant le dos contre son torse d'homme, causant ainsi son sexe à presser plus fortement contre l'intérieur de son bas-ventre. Continuant ses mouvements, il lui agrippa alors les seins à pleine mains et les massa généreusement, plaquant ses lèvres contre les siennes alors qu'il la manipulait ainsi. Pour varier les plaisir, une main quitta même ses seins pour se glisser le long de son ventre, atteignant son intimité et, alors qu'il continuait de se mouvoir en elle, il stimula des doigts son clitoris gonflé, sensible et délicat avec une retenue et une maîtrise qui contrastait avec la sauvagerie de leurs ébats.

Après quelques bonnes secondes de ce traitement, le Roi se laissa de nouveau tomber sur elle, retenant leurs corps d'une main, l'autre posée sur le sol pour éviter qu'ils ne s'écrasent sur le sol, leurs lèvres soudées dans un baiser passionné et chargé d'amour. Il la sentir alors se crisper sous ses mains, et il la serra un brin plus fort, alors qu'une nouvelle fois, son propre corps était traversé d'une puissante vague de plaisir, relâchant les muscles qui, jusqu'à maintenant, l'empêchait d'accéder à ce relâchement qu'il recherchait tant, ensemençant encore une fois sa jeune épouse. Plutôt que de se retirer, il sentait bien qu'elle voulait rester un peu comme ça, et donc, il se laissa simplement choir sur elle, l'écrasant contre le matelas de fourrures, la couvant de son corps musclé.

"Je t'aime aussi." Lui dit-il au creux de l'oreille, avant de poser un baiser sur sa tempe, puis sa joue.

Dans cette position, il lui sembla que, d'une certaine façon, il agissait encore en protecteur. Cela l'amusa, quelque part, puisque dans cette grotte, il n'y avait littéralement rien qui ne puisse leur faire du mal. Accompagnant les ondulations des hanches de sa femme, le Roi remua délicatement contre elle, malgré le fait que chaque mouvement lui donnait l'impression que son sexe et son bas-ventre étaient électrisés en raison de leur sensibilité accru par l'orgasme qu'il venait d'encaisser, ses doigts se resserrant doucement sur les siens. La respiration du Roi semblait enfin se détendre de quelque peu, bien qu'elle restait pantelante par moment en raison de sa sensibilité et des éclairs que lui assénait sa femme, lui arrachant même un petit rire.

"Je pourrais te faire l'amour encore et encore..." murmura-t-il, posant des baisers sur ses épaules nues, arquant le dos et séparant légèrement leurs corps, ce qui faisait, incidemment, entrer plus profondément son membre en elle, mais ce n'était pas une menace que les choses allaient reprendre. Il savait qu'elle était épuisée, pour le moment. Il voulait simplement la couvrir de baisers et l'aider à se détendre. Bien vite, les mains du Roi se séparèrent des siennes et il massa délicatement le dos de sa femme, avec douceur et adresse. Quand il s'agissait de couvrir sa bien-aimée de ses attentions, il semblait bien que le Roi ne manquait définitivement pas d'imagination; c'était comme s'il n'y avait rien qu'il ne sache faire.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le vendredi 19 juin 2020, 23:51:59
Alecto gloussa un rire léger et harassé lorsque son Roi lui susurra qu’il était capable, et en avait l’envie, de l’étreindre encore et encore. Elle n’avait aucun mal à le croire, elle avait perçu en lui tant de bestialité pure, et elle le sentait insatiable. Une seconde, une crainte la prit à la gorge. Ne saurait-elle jamais le contenter pleinement ? Elle se savait bien jeune par rapport à lui, bien sûr, peu adroite, loin d’être audacieuse, et à aucun moment une séductrice affirmée. Elle aurait cependant tout le temps de douter, plus tard, lorsque l’extase aura été dissipé, que le nuage cotonneux où ils résidaient actuellement.

« Je n’en doute pas… » Souffla-t-elle avec un petit sourire complice, se rendant compte en le disant, que chaque petit mouvement de son bassin engendrait encore des frissons chez le Roi, comme chez elle, d’ailleurs. Elle s’en étonna avec un fin rire, se délectant du massage salvateur pour ses muscles endoloris que lui prodiguait son mari.

« Je me sens épuisée mais… » Elle soupira d’un air bienheureux, en inspirant longuement. « … mais j’ai comme l’impression que. Mon corps. Veut effacer les années passées loin de toi. »

C’était sans doute une déclaration difficile, pour elle. Avouer ses sentiments sans en avoir honte n’était pas naturel pour elle, alors que Serenos était si spontané. Elle n’avait jamais été habituée à cela, tout était nouveau, une découverte, une aventure. Et son caractère était loin d’être aventurier, à vrai dire. Mais leur relation si pure la rendait plus loquace, et à son niveau, si entreprenant. Un mouvement de bras du Monarque entraîna involontairement ou non, et elle soupira de plaisir, avant de reprendre.

« Aucune femme ne peut rêver d’un autre homme que toi. » Affirma la jeune femme avec conviction, incapable de se départir d’un sourire amoureux juste en songeant au visage de son amant.

Elle ne put s’empêcher de repenser à Laryë, ce prénom qu’elle avait furtivement lu en lui lorsqu’il avait pénétré son esprit à sa demande. Sa curiosité maladive commença à la ronger, elle perdit un petit instant le fil de ses pensées érotiques, immobile, oubliant même où elle se trouvait, et les caresses de son mari.

Mais rapidement, la sensation entre ses cuisses la réveilla de sombres pensées, et Alecto reprit son sourire et ses soupirs langoureux à chaque massage. Serenos n’avait aucun défaut, selon elle, et ses talents pour plaire aux femmes n’avaient aucune limite. Elle se délassait tout en restant légèrement attisée par leur étreinte qui perdurait. Elle chassa les pensées qui accompagnaient ce prénom, respectant les secrets de l’homme qu’elle aimait plus que tout au monde. S’il avait toujours soigneusement évité de parler de la Reine, alors qu’il lui avait présenté en détail ses enfants, Alecto ne souhaitait pas lui poser de questions. Elle saurait vivre dans cette ignorance. Elle saurait surmonter ses questionnements.

Ses bras revinrent contre son corps pour caresser délicatement les cuisses du Roi, distraitement, du bout des doigts et des ongles, se mordillant la lèvre.

« Merci d’avoir lu en moi avec autant de douceur. »

Elle n’avait jamais douté de la noblesse d’âme de son époux, mais elle avait ouvert les portes de son esprit sans aucune retenue, et sans crainte. Elle n’avait pas vraiment réfléchi au fait qu’il pourrait y percevoir des informations diverses, les plus secrètes et les plus intimes. Mais c’était un risque qu’elle était prête à prendre, tout lui dévoiler, puisqu’elle avait du mal à tout lui dire.

« J’ai peur de me réveiller… » Ronronna-t-elle alors, se cambrant sous les mains habiles de Serenos.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le dimanche 21 juin 2020, 00:29:58
"Je me sens épuisée... mais j’ai comme l’impression que... mon corps... Veut effacer les années passées loin de toi."

C'était une pensée romantique, peut-être un peu naïve. Du point de vue de Serenos, effacer le passé était impossible, aussi fort que soit notre volonté. Cependant, il n'allait pas la priver d'une pensée rassurante, donc il la gratifia tout simplement d'un baiser rempli d'amour et de tendresse, la couvant encore une fois de son corps. Il l'aimait, et elle était en sécurité avec lui, et même si cela lui prenait toute la vie de la jeune femme à réaliser, il s'assurerait de rembourser toutes ces années de malheur avec une vie de béatitude.

Elle lui adressa de nouvelles éloge, en lui disant qu'aucune femme ne pouvait rêver d'un autre homme. Cela le fit secrètement sourire tant l'exagération était presque trop grande pour son propre égo. Évidemment, il était content qu'elle n'ait pour lui que de belles pensées, et qu'elle le voyait plus grand que nature, mais parfois, elle disait ce genre de choses qui, sans nécessairement le mettre mal à l'aise, l'embarrassait parce qu'il avait l'impression qu'elle lui accordait des qualités qu'il n'avait pas, et qui seyaient pas avec ses tentatives de conserver une certaine humilité. Il ne voulait pas qu'elle commence à s'attendre à trop de lui, à ne voir que ses bons côtés, parce qu'il craignait que cela la rende incapable de le remettre en question; elle était sa femme, pas son esclave ou sa servante, elle n'avait pas à se soumettre à toutes ses volontés et le voir comme un parangon.

Au contact de ses ongles sur la cuisse, le Roi eut un nouveau frisson, et il prit sa main dans la sienne.

"Ce n'est pas un rêve, la rassura-t-il, s'extirpant d'elle avant de la retourner vers lui et s'allonger sur elle, posant son front contre le sien. Et même en dehors d'ici, nous sommes ensembles, nous sommes mari et femme, nous ferons l'amour tous les soirs, et je m'assurerai que tu sois heureuse."

Il posa alors un baiser sur ses lèvres, venant chercher sa langue de la sienne, prenant ses mains pour y étreindre les doigts et les ramenant de chaque côté de son épouse, son torse se pressant contre sa ferme poitrine. En raison de leur différence de taille, elle pouvait en ce moment même sentir ses abdominaux presser contre sa féminité; les Meisaens n'étaient pas tous aussi grand que lui, mais même lui ne l'était pas avant que Melisende ne fasse de lui un hybride d'Ashansha, lui accordant une nouvelle croissance.

Le Roi profitait de ce petit moment de quiétude, autant que sa bien-aimée. Alecto y voyait peut-être juste une autre preuve que le Roi était un homme bon et doux, mais pour Serenos, c'était également le moment de mettre ses soucis de côté, de se détendre, d'être avec la femme qu'il aimait, loin des soucis de la couronne.

Honnêtement, il ne savait même plus depuis combien de temps ils étaient là. C'était le désavantage, ou même l'avantage, de ce lieu; pas de lumière céleste, pas d'étoiles, rien que des petites formes de vie, et il n'avait pas vraiment pensé à conserver une notion du temps. Qu'en avait-il à faire, finalement? Ce n'était pas comme si son gouvernement était incapable de se passer de lui pour une journée ou deux.

Se redressant doucement pour se positionner sur ses genoux, il posa les mains sur le bassin de sa femme, caressant son abdomen délicatement. Elle lui avait parlé de son incapacité à porter la vie, mais parfois, c'était une chose très simplement corrigée avec la magie. Il pouvait aisément capter les endroits où les traitements avaient causé des dommages permanents, et avec un peu de concentration, il laissa une vague d'énergie se répandre en elle, forçant certains tissus à se régénérer et faisant disparaître ce qui pouvait potentiellement empêcher une réparation des tissus organiques. Cela semblait être une solution miracle, la magie, n'est-ce pas? Eh bien, même avec la magie, il restait des choses qu'il ne pouvait pas forcer. Parfois, le corps, après des blessures trop sévères, se trouvait dans l'incapacité de faire reprendre ses fonctions à certains membres et organes, ce qui expliquait pourquoi il était impossible de contenir le vieillissement pendant des siècles ou régénérer des blessures qui dataient de trop longtemps; le corps ne savait simplement pas comment se servir de ces organes, depuis le temps. Il espérait que celui d'Alecto serait capable de reprendre son cycle naturel, mais il ne se faisait aucun faux espoir; il savait très bien qu'il y avait une possibilité que ses efforts ne soient pas récompensé.

Il masqua évidemment cette opération magique en la camouflant derrière un massage. Sans vouloir lui mentir, Alecto avait fait des choix par le passé, et peut-être qu'elle n'apprécierait pas ce geste. De plus, comme il était possible qu'il soit sans succès, il ne voyait pas l'intérêt de nourrir chez elle une espérance ou une crainte. Le massage remonta jusqu'à la poitrine de sa femme, qu'il pétrit et manipula avec le plus grand soin, remontant ensuite pour masser ses épaules, remontant ensuite pour glisser ses doigts dans les cheveux de la jeune femme, jouant dans ce magnifique océan de jais, avant de lui sourire d'un air rassurant.

"Tu veux que je te masse le dos?"

En voilà, une idée. Certes, il y avait des serviteurs qui pouvaient faire ce travail, mais qui avait l'occasion de se faire masser par un Roi qui était incidemment également son mari? Il n'y avait qu'Alecto, pardi! Et elle avait des privilèges!
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 21 juin 2020, 09:59:17
Le regard clair d’Alecto, reflétant à merveille les lueurs tout autour d’eux, se mirent à pétiller un peu. Il avait dit que ce n’était pas un rêve, et même si elle le savait intérieurement, entendre ces mots étaient délicieux, rassurant, grisant même. Avant leur mariage, ils avaient vécu des moments durs, qui restaient ancrés en elle, comme une menace à jamais présente. Mais depuis qu’il lui avait passé un anneau au doigt, l’Esclave vivait sur un nuage.

Elle n’avait rien perçu des agissements du Roi sur ses organes internes, se dandinant légèrement sous ses caresses, en soupirant à nouveau d’aise, son visage exprimant un sentiment bienheureux de béatitude, lissant la peau blanche, lui retirant s’il en était, toute trace de rides d’angoisse. Avait-elle toujours été incomplète, et désormais unie et totale avec son mari ? Ce sentiment la faisait gonfler la poitrine de tendresse, ne sachant pas comment l’exprimer.

Qu’il lui murmure sa volonté de lui faire l’amour chaque soir l’avait plongé dans une impatience presque capricieuse, et fière, même, elle qui ne ressentait jamais ce type de choses. Alecto était assurément très fière de son époux, ne se sentant bien sûr pas à la hauteur de cet homme qu’elle magnifiait et avait presque élevé au rang de divinité. Alors, savoir que Serenos la visiterait chaque soir, qu’il l’aimerait sans retenue juste elle chaque nuit… Quelle chance elle avait ! Un large sourire de contentement tirait les lèvres de la jeune femme, se projetant déjà dans leurs étreintes futures avec un petit piaffement empressé. C’était trop d’honneur pour elle-seule, elle le savait, mais elle le voulait contre elle jusqu’à mourir sous ses baisers, si Dieu le voulait.

Alors que son mari plongeait son regard dans le sien, se laissant envahir par un frisson amoureux à ce seul contact visuel, et qu’il lui proposait de la masser, Alecto se redressa sur ses coudes et, avec un petit mordillement de lèvre, elle gloussa.

« Non. » C’était une petite voix, mais bien plus assurée que jadis. Signe qu’elle osait petit à petit se sentir presqu’au niveau du Roi. « Non, laisse-moi te masser, moi. »

Prenant les devants, chose ô combien aventureuse pour elle, Alecto fit rouler son amant, le laissant s’installer sur le ventre contre les fourrures moelleuses, lui laissant le temps qu’il faut pour qu’il soit parfaitement en position pour se détendre. Il était si doux et si bon avec elle, l’ancienne domestique voulait qu’il profite à son tour de cette situation hors du temps, hors de ses fonctions pesantes. Et… elle avait ressenti sa colère sourde, toujours présente en lui, elle l’avait pris de plein fouet comme un choc terrible. Cela l’effrayait, oui, et même si elle n’y pouvait rien, qu’elle n’y pourrait peut-être jamais rien, la jeune femme ne savait pas faire autrement que tenter de l’aider.

Ils étaient mari et femme. Son devoir était de toute faire pour soulager l’âme de son époux. S’installant alors sur ses reins, le chevauchant de la peau encore chaude et humide de l’intérieur de ses cuisses, elle frissonna un peu de ce contact, avant de se pencher pour presque coucher le haut de son corps contre son dos.

Serenos était grand, et ses épaules larges, faisant largement rêver sa jeune épouse. Elle poussa délicatement les cheveux bruns en bataille d’une main douce, et embrassa sa nuque en plusieurs baisers affectueux.

« J’ai dû apprendre à masser il y a quelques années. » Souffla-t-elle, distraitement, pendant qu’elle posait ses paumes sur les mains de son Roi, et les faisait glisser en les remontant jusqu’à ses épaules, augmentant petit à petit la pression de ses phalanges.

« Je ne pensais pas que j’aurais à le faire par plaisir… » Continua la jeune femme en admirant les omoplates de Serenos, comme on se languit devant une œuvre d’art, malgré les marques et les stigmates des combats qu’il avait mené. L’une de ces cicatrices lui appartenait, par ailleurs… Elle vint l’embrasser avec respect.

Alecto passa ses mains alors contre l’échine du Monarque, jouant de tensions et pressions. Elle n’était pas aussi douée qu’une de ces esclaves achetées dans ce simple but, comme elle en avait parfois rencontré. Elle n’avait eu à masser ses Maîtres ou leurs Invités illustres qu’à quelques reprises, et jamais de manière très soutenue, ces gestes n’étant là que pour plaire aux hôtes, avant qu’ils ne profitent plus profondément d’elle. Ces fébriles massages de l’époque n’étaient pas là pour soulager ces individus, juste pour bien se faire voir auprès du maître des lieux, le soulagement venait après…

Mais parcourir la peau et délasser les muscles de son mari était une caresse qu’elle apprécia, espérant qu’il réussirait à se relâcher et oublier un instant l’état volcanique de son être.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le dimanche 21 juin 2020, 10:48:35
C'est avec un grand sourire que le Roi accepta de se soumettre aux mains de sa femme, la laissant le manipuler sans lui opposer de résistance. Le ventre contre les fourrures, le Roi présenta ainsi son dos musclé et couvert de blessures à sa bien-aimée. Le simple fait qu'elle souhaitait prendre l’initiative ne manquait pas de contenter son époux, qui aimait beaucoup la voir se dégourdir ainsi avec lui, puisqu’il craignait secrètement à ce que rien ne change dans son caractère.

Bien qu’il y eût une certaine attirance de sa part, en tant que protecteur, à la voir rechercher sa tendresse, sa douceur, et sa délicatesse flattait son égo, mais il savait très bien que si leur relation ne l’encourageait pas à le voir comme son égal, et qu’elle n’arrivait pas à l’aimer en tant que telle non plus, elle risquait de battre de l’aile un jour. Trop souvent avait-il entendu parler de ces couples qui débutaient si bien, avec un des deux compagnons se soumettant sans question à tout ce que son partenaire exigeait, mais qui finissaient par se distancer parce que le couple ne se parlait pas, même dans les moments durs. Donc, le Roi était heureux, simplement.

Ce qui l’impressionnait davantage chez Alecto était à quel point elle était confortable avec son apparence. Nombre de femmes ne pouvaient s’empêcher de ressentir une certaine pitié en voyant de telles blessures, et elles ne cessaient de le traiter avec crainte, comme s’il était une bête fragile et aisément courroucée. Il n’y avait aucun doute que Serenos n’était pas l’homme le plus… serein qui soit, prompt à l’agacement et à lever le ton, mais il n’avait rien d’un sauvage. Derrière cette apparence de guerrier restait un homme, un être capable de raison. Même s’il ne reniait pas le côté repoussant de ces traces de son passé, Serenos était fier d’être un guerrier, et encore plus fier d’avoir tenu tête à ceux qui les lui avaient infligées. Nul ne pourrait dire, un jour, que le Roi Serenos des Trois Royaumes, avait plié devant la torture ou ne s’était soumis à un adversaire par la peur.

C’était également parce qu’il était si fier de ses blessures qu’il respectait Alecto, une femme qui avait su garder son courage malgré les supplices qu’elle avait subi. Il n’oubliait pas que pendant ses années en tant qu’esclave, elle s’était soumise à la volonté d’autrui, mais elle n’avait pas succombé. Elle n’avait pas renié sa foi, elle n’avait pas oublié qui elle était, et son mari était excessivement fier d’elle, bien qu’il ne parlât pas de cet orgueil, sachant que sa femme n’aimait pas les louanges en raison de son humilité presque maladive.

Les mains de sa femme commencèrent alors ce massage, et bien qu’elle lui avoua être peu expérimentée dans le domaine, Serenos ne put s’empêcher de croire qu’elle manquait simplement de confiance en elle; ses efforts étaient bien récompensés par le relâchement des muscles du Roi, ainsi que de ses tensions. Il regretta simplement qu’elle ne soit pas un peu plus forte, car en raison de ses muscles, les mains et les pressions exercées par la jeune femme ne pouvaient espérer atteindre les nœuds plus résistants et profonds du Roi.

Serenos n’était cependant pas du genre à rester sans rien faire, donc alors que sa femme s’affairait à le masser, il glissa ses mains le long de son corps, jusqu’à trouver les genoux de la jeune femme, et pour l’encourager, il lui caressa les genoux, puis les mollets, les massant doucement. Après quelques minutes de ce traitement, laissant sa femme masser son dos, le Roi se retourna sous elle. La jeune femme se retrouva donc assise sur son abdomen, et il la regarda dans les yeux. Une main se leva jusqu’à la joue d’Alecto, qu’il caressa avec une grande tendresse, l’autre main prenant la sienne et la posant sur son torse, à l’endroit où son cœur battait, tel un ode à l’amour qu’il lui portait, avant de l’attirer vers lui et poser un baiser sur ses lèvres, comme tout remerciement.

Bien qu’Alecto n’avait aucune façon de s’assurer que le réservoir de sa colère s’était amenuit quelque peu en raison qu’il ne lui communiqua pas ce succès, puisqu’il ignorait lui-même qu’elle avait ressenti la présence de cette rage secrète, il y avait une certaine gratitude et quiétude dans les yeux du souverain. Elle lui avait fait du bien, et il ne s’en sentait que mieux parce qu’elle se souciait de son bien-être. Il vint doucement poser une main sur les reins de sa femme, la serrant contre lui, posant sa joue sur le crâne de la jeune femme.

Malgré le manque d’érotisme de la situation, et que rien chez Alecto ne laissait supposer une envie de reprendre leurs ébats ce soir, il sentit le contact doux de la fesse de la jeune femme contre la peau sensible de son membre, ce qui lui arracha un discret roulement des yeux; décidément, son sexe ne savait pas lire l’atmosphère. Il la regarda avec une moue désolée.

"Tu peux l'ignorer, ne t'en fais pas. C'est la proximité, je n'y peux vraiment rien."

Cela semblait une excuse bidon, et pourtant, c'était la vérité.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 21 juin 2020, 13:52:38
Le sourire amoureux d’Alecto s’était un peu transformé alors que le Roi n’avait pu s’empêcher de lui caresser les genoux, pendant qu’elle s’efforçait de délasser ses épaules nuées. Plissant les yeux d’un air malicieux, sans être certaine que son époux pourrait la voir dans cette posture, elle remua un peu le bassin contre ses reins et caqueta :

« Tu ne te reposes jamais… toujours tu bouges et tu réfléchis. »

Elle sursauta lorsqu’il roula sous elle, et accueilli se retournement de situation avec un petit rire de se sentir soulevée si facilement. N’était-elle qu’une brindille sous le corps musculeux et puissants de son Roi ? Elle le pensait, en effet, et elle plaqua docilement sa paume contre son torse, sentant vibrer sous leurs peaux jointes les battements de cœur de l’homme qu’elle aimait, ce simple rythme régulier effaçait tous les sons et tous ses autres sens…

Elle se rendait compte que se savoir aimée était sans doute plus doux encore que d’éprouver ces sentiments, elle qui avait manqué d’affection durant toute sa vie. Elle n’était persuadée que de l’Amour de Dieu pour elle, comme pour toutes ses brebis. Désormais, le Tout-Puissant avait à partager Alecto avec Serenos. Cette pensée la fit rire, même si elle savait qu’elle était proche du blasphème. Un homme ne pouvait être à la même hauteur que le Divin, mais… Ce n’était pas un homme. C’était son Roi. L’Esclave l’embrassa avec dévouement.

Contre son corps chaud, collée, serrée, protégée et aimée, la jeune femme ronronna avec un regard assez complice.

« Tu n’arrives jamais à te laisser faire ? »

C’était une tentative pour être familière et taquine, comme elle supposait que l’étaient des époux, libres de plaisanter. Mais ses mots étaient cependant sincères. Serenos était un homme habitué à l’action, et un Roi : il savait prendre les devants, les décisions, faire des choix pour son peuple, aller de l’avant. C’était un homme actif, qui ne reposait pas même ses mains lorsqu’elle l’avait massé.

Alecto sourit et voulut lui dire que cela ne la dérangeait pas, comme si elle se sentait coupable d’avoir porté un jugement sur son mari, mais le frôlement chaud de son sexe contre sa fesse le fit réagir, et à vrai dire, rougir la jeune femme. C’était évidemment plaisant, excitant devait-elle avouer, ce contact et cet appel, au moindre effleurement. Elle se demanda si le Monarque était insatiable parce qu’il avait longtemps été seul, ou si c’était le désir qu’elle faisait naître en plus qui l’assoiffait. Dans son cœur naïf, la Domestique était convaincue que c’était plutôt l’affection de Serenos pour elle qui lui donnait autant faim de sa chair.

Néanmoins, elle n’ignorait plus les pulsions du Corps, qui parfois prenaient le pas sur la Raison… Elle y avait goûté, malgré elle, et savait pertinemment qu’elle-même se sentait troublée physiquement par le Roi. La peau de son ventre aux abdominaux si joliment dessinés, frottant sur son intimité quand l’un d’eux bougeaient, aiguisait ses sens. En se contorsionnant, elle jeta un œil par-dessus son épaule pour constater l’émoi du Souverain, et se mordre la lèvre.

Son membre viril lui donnait raison : il ne se reposait jamais vraiment. Cette simple vision l’émoustilla et elle détourna les yeux pour les ancrer dans ceux de son mari, un petit sourire, très légèrement gêné, aux lèvres.

« Est-ce que tu me soumets à la Tentation ? »

Son jeu était dangereux, et elle s’en voulait déjà d’avoir prononcé ces mots. C’était plaisanter avec les valeurs et notions Divines, et à la limite du blasphème… Ses joues se tintèrent de carmin, mais elle se pencha tout de même pour embrasser son Roi impie avec malice.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 22 juin 2020, 08:20:09
"Hm... Je n'ai jamais appris à me laisser faire, je suppose. C'est dans ma nature d'éviter les pertes de temps. Chaque moment que je passe à ne rien faire, j'ai l'impression que je les gaspille... donc j'essaie de toujours rester occupé."

Ce n'était pas des excuses ou une justification pour se tirer d'une remontrance; le Roi n'était plus un enfant qui prenait n'importe quoi comme une reproche. Il voulait simplement que sa femme comprenne qu'il ne cherchait pas à dévaloriser son massage, ou se refuser à ses efforts, bien au contraire; il aimait qu'elle se soucie ainsi de lui, qu'elle le traite aux petits oignons dans l'intimité. Assurément, il ne devait pas avoir l'air bien reposé, la plupart du temps, mais il s'était fait à ce rythme de vie qui était le sien depuis si longtemps qu'il n'était pas certain d'être capable, voire de vouloir même, changer cet aspect de lui-même. Cela ne l'empêcherait assurément pas d'accepter ses caresses et sa tendresse, loin de là, mais elle devait être prête à ce qu'il les lui rende avant, pendant ou après, selon son envie du moment. C'était le petit souci d'aimer un homme tel que lui.

Elle lui demanda alors s'il cherchait à la tenter, sur un ton très coquin. Il sentit en elle ce doute et cette crainte, et il comprit qu'elle venait de dire quelque chose de potentiellement blasphématoire. Il posa doucement une main sur la joue de sa femme.

"Ne crois-tu pas qu'un être qui mérite une telle part de ton cœur devrait au moins avoir un sens de l'humour?"

Alecto connaissait suffisamment Serenos maintenant pour savoir qu'il n'insultait pas sa Foi. Cette question n'avait rien d'insolente ou de malpolie, bien au contraire; c'était simplement pour apaiser sa conscience et l'amener à réfléchir à ce qu'un être tout-puissant qui prêchait soi-disant l'amour et la bonté pourrait croire de ces simples mots. Dans l'esprit du Roi, il ne faisait absolument aucun doute qu'un être bon avait également un cœur assez grand pour accepter qu'on le mêle à nos vies, et punir les gens pour des phrases sans poids et sans méchanceté, ce n'était plus de la Foi, mais de la tyrannie spirituelle. Oh, le Roi ne s'arrogeait pas le droit de prétendre connaître la religion plus que sa femme, mais du point de vue d'un homme qui avait autant de pouvoir dans le monde matériel, il s'autorisait des suppositions et des comparaisons.

Même lui qui était un homme très austère dans ses responsabilités n'était pas dans l'incapacité de montrer un sens de l'humour, il peinait donc à croire qu'un personnage aussi puissant que le Dieu qu'elle vénérait, au moins dans sa foi si ce n'était pas dans la réalité, devait assurément avoir le cœur suffisamment grand et un intellect assez avancé pour comprendre quand les gens cherchaient à enfreindre ses règles. Pour avoir connu le prêtre qui les avait marié, il savait que ce type jurait à un rien, ne serait-ce qu'en se frappant le pouce avec un marteau, et alors que leur Dieu exigeait qu'on n'use pas de son nom en vain, il était certain que ce même nom ne serait pas aussi aisément glissé dans une conversation.

Tout Roi qu'il était, pour connaître aussi bien les effets du pouvoir et son poids, si on s'empêchait de montrer à son peuple clémence et sens de l'humour, on n'était rien d'autre qu'un tyran, et aucun tyran ne méritait d'être adulé, encore moins aimé avec la force que sa femme investissait dans sa foi.

L'époux d'Alecto l'embrassa de nouveau en lui caressant lentement la chute de ses reins, remontant lentement les doigts sur ce dos malmené par les années de maltraitance, de sauvagerie, et il vient doucement saisir sa chevelure, lui faisant délicatement basculer la tête vers l'arrière avant de venir poser quelques baisers au creux de son cou, mais bien vite il se défit de ses cheveux pour glisser ses mains sous elle et venir masser sa poitrine, la narguant toujours de ce sexe taquin sans lui accorder la libération de le savoir au fond d'elle. Après avoir montré son affection à ces charmants seins, il ne put s'empêcher d'enlacer son épouse et de lui chatouiller les flancs tout en la couvant de baisers amoureux et taquins sur les joues, la bouche et le cou, la chatouillant de sa barbe dans son cou.

Après quelques moments de ce traitement, avec le fou rire qui l'accompagnait, le Roi renversa son épouse dans les fourrures et la regarda dans les yeux, avec un sourire.

"Je suis ce que ta Foi appelle un Païen et un Hérétique, mon amour. Mais je t'aimerai toujours plus que n'importe quel autre homme, qu'il craigne ton dieu ou non, ou que je sois foudroyé si j'erre de cette promesse."

Il l'embrassa de nouveau, comme pour sceller cette promesse, avant de lui écarter délicatement les cuisses et glisser le long de son corps pour venir la gratifier de nouveau d'une session d'amour oral. Il s'adonna à ce jeu d'amour simplement pour raviver les flammes du désir chez son épouse, mais non pas pour lui accorder un nouvel orgasme, donc ses caresses restaient relativement simple, ne serait-ce que pour faciliter la lubrification naturelle. Après un moment, il enfonça sa langue chaude et habile en elle, venant stimuler ses points sensibles pendant quelques secondes, et alors qu'il faisait grimper le plaisir de sa femme, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle risquait d'un jour le trouver non seulement insatiable, mais peut-être aussi trop envahissant, donc il prit une petite pause pour la regarder et il accota doucement son menton contre son pubis.

"Tu sais... Si un jour, j'en fais trop, tu es libre de me dire non. Tu es ma femme, mais tu n'es pas mon inférieure. Tu es libre de ton corps."

Il posa un baiser sur son clitoris, le sucotant par la même occasion.

"Mais j'aime tellement ton corps, ma chérie..."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le lundi 22 juin 2020, 22:47:52
Alecto aurait aimé discuter des heures durant de théologie avec son mari.
Mais alors qu’elle plongeait ses yeux dans ceux du Roi, le visage barbu entre ses jambes, qui le regardait avec une intensité qui semblait même aller à l’encontre de ce qu’il venait de dire… Comment résister ? Comment préférer converser de Dieu, le Tout-Puissant spirituel qui dictait sa vie depuis sa naissance, lorsqu’un homme, la chair si désirable, un homme qui lui appartenait qui plus est, se trouvait ainsi placé ? Serenos était si talentueux aux techniques de l’amour, qu’elle avait même eu du mal à entendre ce qu’il disait, tant qu’elle avait senti, au premier coup de langue, un flot irrépressible de flammes l’envahir, courir le long de sa colonne vertébrale.

La simplicité de ses attentions n’était en rien un handicap pour la jeune femme, qui à chaque instant percevait de nouvelles manières de ressentir ce plaisir qu’elle avait touché du doigt avec son époux. Cela aurait pu déplaire à certaines femmes, peut-être, mais en matière de sexe, Alecto se donnait corps et âme au Roi, sans jamais juger, et essayant de plus en plus de ne faire que ressentir, sans se poser de questions… C’était, naturellement, assez difficile pour elle, et elle n’y parvenait que lorsque le plaisir la submergeait.

Et Serenos avait pu constater que ses caresses lui faisaient toujours énormément d’effet… A vrai dire, dans ces temps de nouveauté, le simple souvenir de leur étreinte torride savait la rendre humide et laissait frissonner ses jambes. Alors, à chaque contact de sa langue, et lorsqu’il embrassa la source pleine de son émoi, avec attention, elle manqua une respiration.

« Oh… »

Alecto allait répondre, mais les frissons retardèrent ses mots, qui s’évanouirent dans sa gorge, masqués par un petit gémissement délicieux.
Il lui fallut quelques secondes pour que les vibrations s’estompent un peu, et lui laisse du répit. Suffisamment pour qu’elle sourit, laisse même un léger rire percer ses lèvres roses. Elle battit des cils avec vigueur, le visage un peu rouge, déjà, de l’excitation qui revenait rapidement.

« Tu sais si bien m’enflammer… » Comment dire ‘non’ à tout cela ? Elle avait vécu tant d’année sans jamais rien connaître de tout ceci, sans même l’imaginer, à vrai dire, puisqu’elle s’était dit dès petite qu’elle n’y aurait jamais droit. On regrette moins quelque chose que l’on ne connait pas du tout… Maintenant, alors que ses cuisses se serraient un peu autour du visage de Serenos, Alecto songeait qu’elle ne pourrait jamais plus revenir en arrière. C’était irrévocable.

« Cela semble tellement facile pour toi. » Gloussa-t-elle, en ronronnant un peu, maladroite mais sincère, sa main venant caresser la joue de son mari, alors qu’elle sentait son souffle contre son intimité de plus en plus bouillante.

« Apprends-moi. » Murmura la jeune femme tout bas, dans un gémissement ardent.

« Apprends-moi à allumer ce même brasier chez toi… Toujours. »

Les yeux mi-clos, son désir marquant son visage d’une aura lascive d’une sensualité qu’elle-même ne pourrait jamais affirmer posséder. Pourtant, le Roi voyait en elle tellement plus que cette femme gauche…

Elle sentit sa poitrine se gonfler d’une fierté qu’elle pensait malvenue. Il aimait son corps… Il l’avouait sans aucune honte, et bien au contraire, s’en drapait avec orgueil… Elle gémit en se mordant la lèvre, tant cette pensée la comblait de bonheur, et accroissait son appétit.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le samedi 27 juin 2020, 07:37:47
"Apprends-moi à allumer ce même brasier chez toi… toujours…"

En voilà une demande à laquelle le Roi ne s'attendait assurément pas. Son visage passa immédiatement de la passion et l'intensité de la sexualité. Il resta un moment interdit, silencieux, comme s'il cherchait la manière la plus élégante de se défiler, parce qu'il savait qu'elle avait eu des expériences effroyables par le passé avec des hommes qui n'avaient pas ses sentiments sur la conscience. Il eut un instant l'idée de poursuivre ses caresses, histoire de la distraire et de l'arracher à ces principes qu'elle devait faire quoi que ce soit pour attiser ses flammes, mais il vit à son regard qu'elle n'accepterait pas ces distractions et peut-être même le prendrait comme un refus de l'aider à participer plus activement dans leur couple. Il se releva lentement, puis il lui prit doucement la main, l'aidant à s'asseoir.

Il posa alors la main de sa femme contre ses pectoraux.

"Hm… Je n'ai pas l'habitude qu'on demande quoi que ce soit. Je suis plus instinctif, plus primal, dans ma recherche du plaisir amoureux."

Il guida la main de sa femme sur son torse, le remontant sur ses trapèzes musclés, son cou, puis sa joue. Il y posa un baiser tendre, puis la guida dans sa chevelure, où il l'encouragea à saisir sa chevelure. Une fois qu'elle s'exécuta, il se pencha sur elle, l'embrassant doucement sur les lèvres, ses mains quittant la sienne pour se poser sur ses hanches, et il se laissa lentement tomber sur elle, la regardant dans les yeux, de ce regard embrasé mais tendre, brisant leurs baisers. Il se retourna alors, la faisant passer sur le dessus, glissant une main dans ses cheveux noirs, pressant doucement son corps contre le sien.

"Sentir ton corps sur le mien me procure du plaisir en soi. Sentir tes mains sur mon corps, tes lèvres. Je dirais que… dans l'éventualité où tu as une envie, le matin… simplement caresser mon corps de tes mains, m'accorder tes baisers et tes mots d'amour suffiraient à éveiller mon désir."

Il réfléchit un moment, pensant à ce qui pouvait bien attiser les flammes en lui, en se mettant en tête qu'il ne le serait pas déjà.

"Les hommes, même moi, n'ont rien d'exceptionnel. Certains sont moins sensibles que d'autres. Moi, par exemple, si je suis réceptif aux caresses… les mamelons me laissent parfaitement indifférents."

Comme pour la faire rire et aussi dédramatiser la situation, il lui prit les mains et se pinça les tétons avec ses doigts. Le contact et les caresses ne lui arrachèrent aucune réaction, pas même un frisson.

"Cependant… plus bas, comme tous les hommes, je reste vulnérable. Ta poitrine, tes mains… tes lèvres…"

Un brin mal à l'aise à cette mention, Serenos se sentit le rouge monter aux joues. Il n'était pas habitué de parler de ses propres désirs, peut-être parce que la plupart de ses compagnes avaient plus de notions, ou au moins elles n'avaient pas subi les abus qui avaient été infligés à sa bien-aimée. Même si la pensée le mettait secrètement hors de lui, il savait que nombre d'hommes s'étaient servi d'elle, l'avaient violentée, s'étaient servi de sa bouche, sa féminité et probablement ses fesses pour satisfaire leurs bas-instincts, pervertissant la nature même de l'acte d'amour et dépouillant ces caresses de toute tendresse et sensualité. Il craignait que les caresses orales étaient un tabou pour la jeune femme, d'une part parce que certaines écritures disaient que l'acte d'amour était fait simplement pour assurer la reproduction, et que le plaisir lui-même était un péché. Ce n'était pas une pratique répandue, jugée même un brin archaïque au sein de l'église, mais il savait qu'elle s'adonnait aux punitions charnelles pour 'expier' ses 'péchés', et ce que son épouse considérait un péché semblait être quoi que ce soit qu'elle puisse trouver agréable pour elle-même.

Éclaircissant sa gorge, le Roi regarda son épouse, relevant l'autre main pour encadrer doucement son fin visage et poser son front contre le sien.

"Tu n'es pas forcée de faire quoi que ce soit que tu n'es pas confortable de faire. Lorsque nous sommes tous les deux, je suis tien, et jamais je ne me refuserais à tes caresses. Je t'aime, et jamais je ne me lasserai de te faire du bien, et je prendrai toujours un grand plaisir le faire."

En fait, c'étaient simplement des idées pour qu'elle se sente à l'aise d'expérimenter avec lui. L'opinion de Serenos ne changerait pas envers elle, peu importe sa maladresse. Alecto était gauche, de toute façon, dans ses gestes, parce qu'elle craignait toujours de lui faire du mal, de le fâcher ou de commettre une bêtise, mais si effectivement, Serenos n'apprécierait pas, par exemple, qu'elle lui échappe des livres sur les orteils, il ne lui en tiendrait jamais rigueur. Son amour pour elle était suffisamment fort pour enterrer ce genre de choses bien facilement.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le samedi 27 juin 2020, 10:38:58
Alecto ne s’attendait pas à obtenir une leçon sur les éventuelles choses qui grisaient le Roi en matière d’amour. Mais lorsqu’elle constata avec empathie sa surprise, puis son embarras, elle aussi l’accompagna dans son rougissement. C’était la première fois qu’elle voyait Serenos dans un état non-assuré, outre la vulnérabilité de l’orgasme, et son cœur venait de fondre face à son visage légèrement mal à l’aise, mais toujours aimant.

Qu’il était séduisant, ainsi, songea-t-elle, alors qu’elle se croyait détentrice d’un trésor inconnu de tous, alors qu’elle se pensait riche d’un secret plus précieux que toutes les couronnes. Serenos s’était montré sans crainte devant elle pour afficher sa gêne et lui servir de de Professeur. Son pouls accélérait, mais cela pouvait également provenir des caresses qu’elle glissait sur le corps musclé de son amant, guidée par les mains puissantes de son mari.

Elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui explique de manière si posée, mais cela lui ressemblait beaucoup, à bien y réfléchir. Il était pédagogue et sage, et après tout, le Roi réfléchissait à tout… Alecto ne cessait de lui sourire, même si ses pommettes étaient cramoisies, et ses yeux ne pouvaient exprimer tout l’amour qu’elle lui vouait, toute la dévotion qu’elle ressentait. Toute la reconnaissance, même, de la prendre sous son aile, elle, l’ignorante.

Elle accompagna sa phrase concernant ‘les hommes non exceptionnels’ avec une moue qui le contredisait. Bien sûr qu’il avait tord ! A ses yeux, le Roi était l’être le plus exceptionnel qui soit. L’ancienne esclave était persuadée qu’il n’avait rien de commun avec l’ensemble des autres hommes qu’elle avait déjà croisé dans sa vie. Et, évidemment, il était à des années lumières des êtres qui l’avaient possédée jadis. A vrai dire, ils avaient été si bas et crasses, que paraître plus aimable qu’eux était assez facile…

Alors qu’elle pinçait légèrement son mamelon, sous l’impulsion de son époux, elle se mit à rire sans faire attention, et lâcha un chantant « Oh ! c’est tout le contraire de moi ! » La jeune femme se savait extrêmement sensible à cet endroit, cela avait pu lui jouer des tours par le passé, mais désormais, elle savait que Serenos en userait pour la faire atteindre des strates de plaisir encore inexplorées.
Elève attentive, même si leurs deux corps nus et surtout, la vue du membre du Monarque proche d’elle, contre elle, la rendait étourdie, Alecto se demandait si on avait déjà demandé au Souverain des Trois Royaumes ce qu’il désirait vraiment, et ce qu’il aimait vraiment. C’était un homme de devoir et d’honneur, mais elle l’avait bien constaté aussi, sauvage, qui savait laisser parler ses instincts lorsqu’il était avec elle. Mais la jeune femme voulait voir son époux sans barrière, qu’il se laisse vraiment aller, sans la couronne, sans tout ce qui lui collait à la peau. La petite ignorait que c’était impossible, évidemment, mais elle le souhaitait, ardemment.

Leurs fronts étaient calés l’un contre l’autre, le corps du Roi sur elle, et Alecto ne pouvait se dépeindre d’un sourire amoureux, et sincère.

« Je ne me force pas… Je veux juste… » Elle vint lui voler un baiser, puis un second, ne pouvant se contenter d’un seul, en passant ses bras autour de sa taille et caressant ses côtes. « Je veux juste te rendre heureux. »

Ses joues rosirent légèrement, alors qu’elle continuait de l’embrasser avec ferveur, sentant le désir reprendre ses droits sur son corps. Elle se souvenait si bien de sa langue sur son intimité, et ce souvenir brûlant suffisait à éveiller en elle une légère bravoure. Enhardie, Alecto rompit leur étreinte et, avec un petit sourire candide, elle semblait demander avec cérémonie.

« Laisse-moi essayer. Si… je me sens mal… » Elle pinça les lèvres, gênée, mais son regard était de braise. « Je te le dirai. »

A ces mots, elle poussa tout doucement le corps massif de son mari pour qu’il bascule à sa guise, et qu’il s’installe confortablement sur les fourrures, assis ou allongé, comme il lui plairait. Se faisant, Alecto paraissait inspirer et expirer avec maîtrise, comme pour se retenir d’agir bêtement, ou peut-être, pour se concentrer sur ce dont elle avait envie, loin des angoisses.

C’est différent, se disait-elle. Cela n’a rien à voir, c’est Serenos. Il m’aime. Il ne me fera pas de mal.
Sa main droite vint à la rencontre de son sexe qu’elle caressa, timidement, mais bien vite, ce contact fit passer la maladresse et les craintes. Tout était clair, désormais, en elle, à ce simple effleurement, son instinct semblait se souvenir des moindres étreintes passées avec son Roi. Un souffle puissant de désir l’envahit, et son visage s’approcha du membre dressé tant adoré, pour l’embrasser de ses lèvres chaudes et humides.

Impérieusement, elle refusait à des souvenirs plus anciens de refaire surface, fermant les yeux avec force, et cherchant à se concentrer sur les flammes qui léchaient sa peau. Se focalisant sur la respiration de Serenos, elle ouvrit bientôt les lèvres, et introduisit la hampe palpitant de son Roi dans sa bouche. Tenant toujours à distance les sensations néfastes, elle se sentit cependant immédiatement soulagée… Quelque chose venait de briser un cercle vicieux de tortures. Sa relation avec le Monarque n’avait rien à voir avec ce qu’elle avait vécu par le passé. Libérée d’un poids, Alecto débuta alors les caresses de sa langue, sa main imposant doucement un mouvement de va et vient sur ce pieu qui frottait contre son palais.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le samedi 27 juin 2020, 18:25:07
Tous les sens de Serenos s'éveillèrent alors qu'il faisait ses explications, attentif à la moindre réaction d'Alecto à ses paroles, inquiet de la voir se renfermer sur elle-même. Peut-être nourrissait-il une crainte de l'avoir effrayée en lui démontrant qu'il n'était pas un homme anormal, que malgré ses attentions et son amour pour elle, il était au même niveau que les autres, à rechercher des contacts jugés pervers ou impurs. Son regard restait river sur elle, ne se relâchant dans un sourire que lorsqu'il la vit rire de ses commentaires sur l'insensibilité de ses mamelons, lui faisant le commentaire que c'était tout le contraire d'elle; il s'esclaffa à son tour. C'était vrai; il avait remarqué qu'Alecto avait une poitrine fort sensible aux caresses amoureuses, et c'était une des raisons qu'il aimait tant l'y embrasser et caresser. Une autre était simplement parce qu'il raffolait de cette peau douce sous ses mains, et qu'il ne pouvait s'empêcher de croire, inconsciemment, que cette poitrine avait été sculptée pour ses mains à lui. Si son Dieu était vrai, Alecto avait été faite juste pour lui. Ou du moins ils étaient simplement compatibles à un niveau physique et émotionnel.

Peut-être que le destin voulait simplement que Serenos répare ce que les années d'esclavage avaient détruit chez Alecto. Peut-être que par leur amour, elle regagnerait sa confiance en elle-même, elle regagnerait son estime et son amour propre. Avec le temps, il y avait un fin espoir qu'elle ne voit plus cette vie comme un calvaire imposé sur elle en échange de la béatitude de l'après-vie, mais comme un avant-goût de ce qui l'attendrait dans l'autre monde. Mais c'était peut-être juste lui, aussi, et qu'il se donnait une importance qu'il n'avait pas.

Il fut arraché à ce genre de pensées quand sa femme le couvrit de ses baisers auxquels il ne pouvait faire autrement que rendre avec une passion sans borne, venant saisir sa nuque de sa grande main pour presser leurs lèvres les unes contre les autres, ne la relâchant qu'à regret lorsqu'elle lui demanda de la laisser essayer. Quelque part, il voulait l'arrêter avant qu'elle ne fasse quelque chose qui la répugnerait et, quelque part, l'offenserait un peu, mais elle l'assura de lui dire si elle se sentait mal. Le Roi se laissa donc tomber en position allongée dans les fourrures qui composaient leur lit marital improvisé, ses sens s'enflammant alors qu'il sentait les cheveux noirs de sa femme lui chatouiller l'abdomen, descendant de plus en plus jusqu'à ce que le visage de sa belle se retrouva au-dessus de son membre, rendant le Roi bouillant d'anticipation contenue, bien qu'il ne pût s'empêcher d'attendre avec impatience ces caresses promises. Bien involontairement, le fait qu'Alecto offrait ses délices, alors qu'elle aurait pu être dégoûtée par ses expériences antécédentes, rendait ceux-ci d'autant plus exhilarant pour le souverain, qui ne pouvait presque plus contenir son désir d'elle.

Il ne put s'empêcher de soupirer d'aise alors qu'il sentait les lèvres de son épouse sur son membre turgescent, érigé si fièrement qu'il savait que, malgré son air parfois impassible, il ne pourrait jamais cacher son désir et son plaisir à sa femme, l'une des conséquences d'être né au sexe mâle. La respiration de l'homme accéléra et, malgré lui, il se sentit se caler contre les fourrures, appréciant les caresses remarquablement habiles de son épouse. Le Roi se délecta de cette sensation étrange et fort plaisante que lui procuraient les caresses de la langue de sa bien-aimée. Il glissa instinctivement une main dans la chevelure de sa femme, caressant tout ce qu'il pouvait atteindre.

Serenos n'avait jamais été bien bavard dans son plaisir. Il ne saurait dire si c'était simplement par habitude ou parce qu'il passait une si grande part de sa vie à se contrôler, refouler ses sentiments et ses envies. Plutôt que de vocaliser, le Roi de Meisa communiquait son plaisir par son corps. Ses muscles se tendaient, sa respiration accélérait, les frissons envahissaient sa chair et, bien sûr, son sexe trépignait sous les caresses de sa femme. Il ne voulait pas empêcher sa femme de le toucher, parce qu'il ne voulait pas qu'elle ne le craigne; entre les mains de la jeune religieuse, le puissant Roi de Meisa n'était que son humble compagnon, s'offrant allègrement à tout ce qu'elle pouvait lui offrir. Instinctivement, le Roi releva un peu le rein, pressant sa verge contre le palais de sa femme et glissant un peu plus profondément dans sa bouche, mais cela était involontaire. Le Roi, entre deux soupirs, parvint à peine à vocaliser ses excuses, s'étant promis de ne pas s'imposer.

Conformément aux désirs de son épouse, il était bien clair que le Roi était hautement réceptif à ses caresses, et qu'il s'embrasait à son tour, lâchant des soupirs de satisfaction et s'efforçant d'éviter son désir de prendre cette bouche si délicieuse. Quelle délicieuse torture.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le samedi 27 juin 2020, 23:06:10
Cela n’avait rien à voir avec ses précédentes expériences. Certes, Alecto se montrait étonnement douée, ses maîtres de jadis ayant eu à cœur d’en faire une bonne esclave, après tout… Glissant ses lèvres avec la juste pression, accompagnées de sa main, agile, la jeune femme découvrait qu’elle plaisir elle pouvait tirer de ses actions, alors qu’elle craignait tant d’y être confrontée. L’angoisse des premiers va et vient était envolée, elle goûtait le Roi avec délice. C’était si différent d’avant, qu’elle n’arrivait pas à faire le rapprochement entre ces deux pratiques, ce n’était pas la même chose, clairement pas.

Sa tête montait et descendait en suçant, léchant et lapant ce membre qu’elle sentait pulser contre l’intérieur de sa joue, réagir au moindre contact de sa salive, vibrer alors qu’elle l’enfonçait un peu plus. Le mouvement instinctif du bassin royal la fit hoqueter, et elle ouvrit les yeux d’un coup, pour croiser son regard. Elle comprit à peine qu’il était désolé, et en fut soulagée, redevenue l’espace d’une seconde, cette proie captive qu’on abuse sans vergogne. Malgré l’incongruité de la situation, son sexe dans sa bouche, Alecto esquissa un sourire maladroit, s’apaisant de l’entendre ensuite gémir légèrement, à peine plus qu’un souffle rauque dans sa gorge.

Qu’il ne soit pas bavard n’était pas exactement un problème pour sa jeune épouse. Il fallait avouer qu’elle avait connu les Maîtres loquaces, qui grognaient et l’insultaient. Certaines de ses Maîtresses étaient très expressives, mais elle ne sentait jamais d’échange réel… C’était à sens unique. Dans leurs étreintes, Alecto et Serenos étaient en communion, et leurs corps se mêlaient avec tant de naturel et d’aisance, que les mots étaient superflus. Toutefois, savoir que l’effort qu’elle faisait rendait son Roi fou de désir, sentir les veines de son sexe gonfler contre sa langue, et écouter le bruissement des fourrures alors qu’il s’y cramponnait, c’était une victoire qu’elle savourait autant que cette peau qu’elle aspirait.

Il lui fallut un instant plutôt court pour chasser de nouveau les visions abjectes de ses précédentes expériences, et pour se laisser à nouveau envahir par le plaisir, le brasier et la passion. Ses mouvements en attestaient eux aussi, alors qu’elle accélérait, la pression de sa bouche se faisant plus conséquente, et sa respiration plus sonore. L’ancienne esclave s’étonnait d’apprécier autant ces caresses, tout comme elle s’était trouvée surprise d’adorer le chevaucher, ou se laisser aller à ses désirs.

Sa main libre, celle qui n’accompagnait pas sa bouche de ses mouvements de va et vient, vint fébrilement caresser la cuisse du Roi, en appréciant les muscles contractés par la crispation caractéristique de la passion délicieuse qui l’enivrait. Elle agrippa sa hanche en intensifiant sa succion, pour reprendre son souffle, et inspirer son odeur. Le parfum de sa peau, comme à chaque fois qu’elle le respirait à pleine narine, la rendait ivre de fièvre.

Dans la chevelure d’encre, la main de Serenos lui semblait hésiter à l’empoigner plus sévèrement, et elle acheva ce temps plus lent, pour reprendre un rythme soutenu, passionné. Ses gémissements se trouvaient freiné par l’épaisse hampe dans sa gorge. Au moment où elle se sentit plus fébrile, comme si elle allait craquer tant elle s’enflammait, Alecto poussa un râle en faisant coulisser le sexe de son mari dans sa bouche, et s’éloigna pour prendre une profonde goulée d’air qui lui brûla la gorge. Son regard éperdu fixa le bleu du Roi et, avec une expression presque désolée, elle se redressa, marcha à quatre pattes en remontant sur lui, et vint s’asseoir sur son membre, le laissant pénétrer en elle sans prévenir, en se mordant le pouce pour retenir un soupir soulagé.

« P… Pardon… » Balbutia-t-elle, en ne pouvant faire autrement que commencer à bouger le bassin, consciente qu’elle avait craquer si facilement à ses pulsions, et un peu honteuse de se montrer égoïste.

Ses maîtres l’auraient punie pour avoir osé agir ainsi, mais jamais elle n’avait eu envie d’eux… Elle avait cédé à une envie soudaine qu’elle essayait de contrôler. L’appel de son corps, le besoin viscéral de le sentir en elle, écartant ses parois si fines et si sensibles, son intimité épousant à merveille le pieu de chair si dur à présent… Alecto glapit de plaisir en venant s’excuser auprès de son mari, en un baiser incandescent.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le dimanche 28 juin 2020, 06:39:32
Quiconque ayant un jour levé la main sur Alecto, maître ou non, le Roi de Meisa était convaincu que cette personne ne méritait pas d'arpenter cette terre sans une malédiction proportionnel au crime d'avoir instauré la crainte dans le cœur d'une telle personne. Elle qui n'était que douceur et tendresse, dans ses gestes comme dans ses mots, était un trésor, un être qui ne devrait être traité qu'avec amour et révérence. Même alors qu'elle assouvissait les désirs de son mari, il sentait dans ses caresses une retenue qu'il ne pouvait attribuer qu'à ces horribles souvenirs. Cela ne l'empêchait pas, bien au contraire, de se délecter du contact des lèvres de sa femme sur son sexe, des mouvements de sa langue qui aguichait son gland et de la douceur incroyable de ses joues qui massaient sa peau sensible de sa hampe. Alors que les premiers gestes étaient incertains et craintifs, ils gagnaient graduellement en assurance et ce pour le plus grand plaisir de celui qui les recevait, bien qu'il dût se contenir avec grand mal la passion qu'il sentait naître en lui. Avec une autre femme, cela aurait été le signe qu'il pouvait prendre les devants jusqu'à orgasme s'ensuive.

Il aurait aimé goûter plus intensément à cette gorge invitante qui, pendant un long moment, lui refusait sa chaleur, jusqu'à ce qu'à sa propre surprise, il sentit la bouche de sa femme dévorait son membre, et cette fois, il ne put retenir un grondement de plaisir, un brin surpris mais également comblé par la nouvelle confiance de son épouse. Le Roi ne s'autorisa pas à ignorer un seul instant de cette délicieuse fellation, devant se contenir et s'empêcher d'accompagner ses mouvements par ses propres gestes, ce qui allait à l'encontre de tous ses instincts.

Cependant, toute bonne chose devait prendre fin, pour laisser place à d'autres, et donc sa femme acheva cette caresse avec un bruit délicieusement obscène de succion alors qu'elle se retirait pour reprendre une bonne bouffée d'air, laissant derrière elle un sexe humide et coulant de salive. Il eut presque envie de protester, parce qu'elle l'avait mené presque au seuil de l'orgasme avant de s'arrêter, mais il était suffisamment en contrôle de lui-même pour savoir que ce n'était pas la bonne façon de démontrer sa reconnaissance à cette dame qui avait fait un effort inestimable pour lui accorder ce plaisir et lutter contre les traumatismes qu'il lui avait évoqués. Alors qu'elle grimpait vers lui, le roi glissa ses mains sur ses épaules, ses flancs, puis se posèrent sur ses hanches, alors qu'elle s'empalait de son propre gré sur son sexe, lui arrachant un nouveau hoquet de plaisir. Il n'avait pas besoin de ses dons de perception pour se rendre compte qu'elle le voulait en elle, et il en fut flatté; quel homme ne le serait pas d'être désiré par une femme aussi délicieuse.

Elle lui présenta ses excuses, mais le Roi s'empara immédiatement de sa bouche, sa langue s'enfonçant entre ses lèvres pour venir chercher la sienne et venir la goûter sans la moindre hésitation, le brisant seulement pour murmurer qu'elle n'avait pas à s'excuser. Elle y répondit par un nouveau baiser, enflammé, s'excusant de nouveau malgré ses protestations, mais il ignora cette nouvelle excuse, se laissant simplement retomber dans les fourrures. Il observa avec délice les ondulations de sa femme, accompagnant ces gestes d'une sensuelle danse du bassin, venant à la rencontre du sien lorsqu'il sentait que cela aiderait à lui accorder davantage de plaisir.

Jamais il ne la punirait. De cela, il était convaincu. Il n'était d'erreur assez grave pour qu'elle doive se confondre en excuse devant lui, il n'était de reproche assez grand qu'il puisse avoir pour elle qui ne serait pas effacé par l'amour qu'ils se vouaient. Lorsqu'il était en elle, Serenos ne voyait pas une esclave. Il ne voyait plus ses cicatrices, il ne voyait plus ses défauts, il ne voyait plus une femme brisée; il ne voyait que sa femme. Pour elle, il ne serait pas un Roi, il ne serait rien d'autre que son mari plein de bienveillance à son égard. Lorsqu'il la regardait se donner à lui à cœur ouvert, il ne se sentait pas capable de s'imaginer lui faire le moindre mal.

Les mains du Roi gravirent lentement l'abdomen de son épouse, et alors qu'une main se refermait sur sa poitrine, l'autre grimpa jusqu'à son épaule, effleurant son cou, sa nuque, redescendant pour toucher sa poitrine, puis passer dans son dos, se délectant simplement du contact de sa peau chaude sous sa main. Il vit les cheveux de la jeune femme tomber sur de derrière son oreille pour couvrir une par de son corps et de son visage, et de la main qui massait sa poitrine, il vint caresser sa joue ainsi masquée, se redressant en position assise pour poser un baiser sur sa joue, puis sur sa paupière alors que sa main replaçait ces cheveux rebelles, s'emparant de nouveau de ses lèvres.

Il se rendit alors compte à quel point leurs respirations étaient étrangement similaires, comme si leurs propres corps avaient entré dans une forme de synchronisme, ce qui rendait leurs baisers un peu plus difficiles, puisqu'ils semblaient devoir expirer au même moment, mais Serenos était prêt à sacrifier son droit à l'air pour ne sentir que les lèvres de sa femme contre les siennes, l'embrassant de nouveau, mêlant leurs langues, leur haleine et leur souffle comme s'il craignait que ce ne soit la dernière fois qu'il ne puisse le faire. Entre deux baisers, il souffla le nom de sa bien-aimée, qui lui vint aussi naturellement que les vers du plus beau poème ou des paroles des plus grandes chansons connues.

Il sentait qu'il ne tiendrait pas bien longtemps. Son sexe restait tout de même excessivement fragile dû à sa jouissance précédente, en plus des caresses expertes de sa femme, et son intimité, qui enserrait fermement son membre dans un délicieux étau, ne l'aidait en rien. Néanmoins, il fit de grands efforts pour se contenir, jusqu'à ce qu'il sente le plaisir de sa femme monter davantage. L'extirpant doucement de sa verge en la soulevant, il l'invita à s'agenouiller à califourchon, l'empalant de nouveau sur son membre, mais à revers, et alors qu'il atteignait une profondeur comparable à la levrette de tantôt, il la serra dans ses puissants bras, une main posée sur la mâchoire de sa femme pour la maintenir alors qu'il l'embrassait avec toute la passion du monde, calant son torse musclé contre son dos.

"Mon amour, je t'en prie, laisse-moi de nouveau venir en toi…"

Il l'avait fait déjà plusieurs fois, copieusement, parce qu'il n'aurait pu s'en empêcher, mais il lui demandait cette fois le droit de le faire, démontrant de nouveau à quel point le choix de sa femme lui importait.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 28 juin 2020, 23:23:12
Son corps avait repris le contrôle de ses mouvements, même si son esprit espérait toujours réussir à redevenir le seul maître à bord. Malheureusement pour lui, les sensations de ce membre qu’elle faisait coulisser en elle avec ses ondulations courcircuitait tout effort de maîtrise de ses pensées. Seuls ses sens étaient en pleine possession de chaque centimètre de peau de la jeune femme, la faisant vibrer avec passion.

Lorsqu’il intima un changement, tous les membres de l’épouse se contractèrent, comme pour vainement le retenir, alors qu’elle sentait son sexe la quitter. Bien sûr, elle se doutait bien qu’il ne s’agissait là que d’un très court au revoir, qui attisa encore plus son désir, et lorsqu’il la pénétra de nouveau, dans cet angle qui accentuait ses sensations, elle lâcha un lourd gémissement, presque un remerciement, à vrai dire.

Désormais dans une position qui lui interdisait de correctement admirer son mari, Alecto ferma les yeux fermement, pour replonger dans le souvenir ardent de ce torse luisant de sueur, aux muscles saillants, qui roulaient sous la peau marquée de si nombreux témoignages de son passé. Cette simple vision la fit geindre fiévreusement, tant désormais elle pouvait associer le corps de Serenos à tous les plaisirs qui y étaient liés.

Saurait-elle à nouveau le regarder sans le dévorer du regard ? Cela lui semblait impossible… Et comment faisaient les autres femmes, pour ne pas le désirer ardemment ? Oh, évidemment, l’épisode traumatisant avec Patience était là pour lui rappeler que, certaines femmes, elles aussi, avaient des vues sur le Roi. Pour Alecto, c’était la personne exceptionnelle et noble du Monarque qui attirait les dames et leurs convoitises, loin des intrigues du Pouvoir. Son mari était si séduisant, après tout… Et ses mouvements de va et vient augmentèrent à cette simple pensée. Son mari. A elle.

Ce même torse dont elle rêvait était collé contre son dos, elle se sentait moite contre elle, leur peau glissant l’une contre l’autre avec tout le feu de leurs mouvements effrénés. Son ressenti était trop fort, trop intense pour qu’elle reste muette, d’autant qu’elle découvrait une posture nouvelle, qui la surprenait par son intensité. Elle le sentait si profondément en elle, et à chaque fois qu’elle ondulait les hanches, c’était une explosion divine. Oh mon Dieu, que c’était bon…

Les baisers de Serenos trahissaient l’état fébrile et ivre qui l’avait gagné, baisers qu’elle lui rendait avec tant d’exaltation, comme une furie. Elle eut du mal à percevoir ses mots, tellement sa tête était une étuve, une véritable fournaise. Mais finalement, son cerveau sembla réussir à analyser les sons qu’elle entendait et elle laissa un petit cri amoureux venir se briser sur les lèvres de son époux.

« Oh. » Son intimité venait de se contracter avec force, rien qu’à la compréhension de ce qu’il venait de dire. Le plaisir de son Roi était un pur instant de délice dont elle se sentait fière et chanceuse. Aussi, bisant ses lèvres de petits baisers sonores et vifs elle lui sourit, rit, même.

« Oh oui ! Viens, viens ! » Elle se concentra pour ne pas cesser de bouger son bassin sur son sexe qu’elle sentit palpiter d’impatience, au bord de l’extase, et ses muscles se contractèrent pour l’épouser parfaitement, ses yeux roulant dans leurs orbites en accueillant les secousses exquises de son mari.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 29 juin 2020, 06:34:19
"Oh oui ! Viens, viens !"

Autant le Roi ne pouvait cesser de prendre un malin plaisir à la taquiner, à tourner autour du pot, à la faire languir, comme tous les hommes, aussi imparfaits soit-il, il n'en restait que sa résistance à son propre plaisir n'était simplement pas à la hauteur de son appétit, et il sentit bien vite ce grand frisson, ce sentiment qu'il connaissait si bien, qui se propageait en lui, accompagné de ces étranges contractions et soubresauts qui projetait en Alecto une dose bien généreuse de semence bien fertile. Alors qu'il se laissait fondre en elle, le Roi sentit ses bras se resserrer sur la fine silhouette d'Alecto. La pauvre jeune femme, dans toute sa tendresse, venait d'encaisser des orgasmes multiples en plus d'accueillir sans rouspéter ceux de son mari. Il se laissa alors lentement tomber vers l'arrière, au creux des fourrures et la serra contre lui, l'aidant à replacer ses jambes pour qu'elle ne se blesse pas en relevant une dernière fois le bassin, la soulevant par la même occasion, avant de se reposer. Alors qu'il regardait le plafond, dans son plaisir, Serenos ne pouvait même plus voir les formes de la grotte; il ne voyait que des milliers de petites étoiles qui scintillaient et se mouvaient, sans leur porter la moindre attention, alors que les petits organismes qui en étaient l'origine se déplaçaient, peut-être effrayés par les gémissements qui avaient envahi leur lieu de vie.

Lorsque son sexe se dégonfla, glissant hors de la féminité chaude et humide d'Alecto, alors le Roi la prit dans ses bras, la laissant se tourner vers lui, et il posa un baiser sur son front. La bête sauvage en lui était enfin, pour le moment, docile et contentée, et il était satisfait. Il refusait cependant de la relâcher, la maintenant dans ses bras, blottie contre son tronc, le nez pressé contre sa chevelure, humant le parfum d'Alecto mêlé à l'odeur salée du bassin et de la sueur. Après l'amour, c'était presque devenu un automatisme; le Roi devenait une boule d'affection, aux petits soins pour sa femme. Il s'assura qu'elle n'était pas trop épuisée, la couva de ses excuses, comme s'il craignait de l'avoir poussée trop loin dans leurs ébats, même si elle ne laissait jamais sous-entendre de telles accusations.

Quelques longues minutes après l'amour, le Roi prit sa femme par la main, saisissant une petite bourse qu'il avait laissé là plus tôt avant leur arrivée et l'emmena vers le bassin lumineux et l'invita à s'asseoir dans l'eau, et avec un soin amoureux, il lava la sueur de sa peau, frottant ses jambes avec une éponge, utilisant des huiles pour nettoyer la peau des impuretés. Comme elle l'avait fait si longtemps pour d'autres, le Roi démontra son savoir-faire en matière d'hygiène en s'occupant de sa femme, comme les serviteurs le faisaient normalement, mais contrairement à elle ou les serviteurs, il n'y avait aucune soumission dans ses gestes. La dignité du Roi ne saurait être abaissée par ces gestes parce qu'il ne le faisait pas par soumission à son épouse; il le faisait par amour et par souci. Il lui lava les cheveux avec une lotion moussante, lui massant le crâne habilement, avant de lui rincer la tête. Usant d'un peigne en argent enduit d'huiles aromatiques, il élimina les nœuds qu'il lui avait causé au cours de leur baignade et de leurs ébats. Une fois bien propre, il s'accorda quelques minutes avec sa femme dans l'eau, s'offrant à ses soins et pensées.

Mais leur nuit de noce touchait à sa fin. Bientôt il le savait, ils devraient retourner en Meisa, pour qu'il retourne à ses affaires, et qu'elle retourne aux siennes, jusqu'à ce que le soir les réunisse. Mais il n'était pas triste; il savait que chaque minute passée loin d'elle ne ferait qu'ajouter à son désir de la revoir.

Plutôt que de s'inquiéter de leur séparation future, le Roi mit fin au bain, puis l'enveloppa dans un grand linge gris et blanc que les Meisaens utilisaient pour se sécher et l'emmena de nouveau dans les fourrures, s'allongeant à ses côtés, et il lui embrassa doucement le front.

"Je te retrouve dans tes rêves."

Et ce n'était pas un mensonge; il comptait bien la visiter dans l'immatériel. Il ne s'empêcha bien sûr pas de lui faire la conversation, jusqu'à ce que la fatigue l'emporte et qu'ils ne s'endorment, dans les bras de l'autre.

***Le matin suivant***

Le lendemain, Serenos se réveilla naturellement. Il n'avait pas besoin de la lumière du soleil pour savoir qu'il était encore tôt; juste assez tôt pour que leur absence ne soit pas remarquée. Il s'assura que sa femme soit fin prête avant de l'escorter dans sa chambre. Il posa un nouveau baiser sur son front, avant que quelque chose ne le mette en alerte; des murmures préoccupés dans le palais.

"Quelque chose cloche. Viens."

Il se mit alors à marcher et remarqua que personne n'était à son poste. Les cuisines ne flambaient pas, les bains n'étaient pas remplis d'invités. Il y avait quelque chose d'anormal. Le Roi se mit à marcher plus rapidement, ses sens aux aguets, alors qu'il traversait les couloirs principaux, traversait l'atrium du palais à grand pas pour se rendre dans la cour, où se massaient déjà une grande quantité de gens. Il y avait tant de conversations simultanées qu'il ne parvint pas à discerner ce qui se disait, mais son arrivée ne manqua pas d'attirer l'attention de ces gens, et le Roi eut droit à un passage. Un homme se tenait sur le pont qui menait à la Citadelle, accompagné d'un contingent d'hommes en armures, et à leurs étendards, il devina facilement de qui il s'agissait; des envoyés de l'Ordre Immaculé.

Le visage auparavant rempli d'amour du Roi se durcit, et il fut tenter de chercher le contact réconfortant de sa lame; aucune visite de l'Ordre Immaculé sur les Territoires des Trois Royaumes ne s'était soldée autrement que par un désastre retentissant, et depuis, les Paladins n'étaient pas les bienvenus chez lui. Il se tourna alors vers une personne de l'assemblée et demanda simplement plus d'éclaircissement sur la raison pour laquelle ces hommes avaient été autorisé à entrer aussi profondément dans la citadelle, et il lui fut expliqué que ces hommes étaient accompagnés de l'ambassadeur de Nexus, et qu'ils demandaient audience. Ils étaient également arrivés au beau milieu de la nuit, mais personne n'avait été capable de prévenir le Roi, qui était introuvable. Il faillit presque se reprocher sa nuit de noces, avant de chasser cette idée de son esprit; il ne regretterait jamais d'avoir passer du temps avec sa nouvelle épouse.

Il s'avança vers l'homme, gardant Alecto près de lui; elle était la seule dans tout le royaume en qui il avait suffisamment confiance pour parler avec ces fanatiques.

"Je suis le souverain des Trois Royaumes. Vous vouliez une aud…"
"Alecto!"

Sans égard pour le protocole, l'homme de tête s'avanca vers l'épouse du Roi et lui prit les mains, les embrassant.

"Dieu est bon! Je t'ai enfin retrouvée! Oh, quand j'ai appris que tu étais dans ces terres barbares, comme j'ai craint pour toi! Oh, si j'avais su que cette Thiana te vendrait à des hérétiques… As-tu été maltrait…"

Le Roi agrippa fermement l'étranger et le tira d'un coup brusque par son capuchon, l'éloignant d'Alecto d'un geste violent du poignet, tirant sa lame et menaçant l'homme avec une froideur monstrueuse dans le regard. Il n'aimait pas le regard de cet homme. Quelque chose lui disait de se débarrasser de lui.

"Alecto est sous ma protection. Vous ne la toucherez pas si librement!"
"Alecto, mon enfant, ce monstre t'a-t-il privée de ta langue? C'est moi! C'est Thorius! Tu me reconnais, n'est-ce pas?"

Il tenta à nouveau de s'approcher, ignorant le Roi, mais celui-ci le repoussa de nouveau, avant de regarder par-dessus son épaule et regarder sa femme.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le lundi 29 juin 2020, 21:28:48
Tout rêve prend fin. Celui d’Alecto avait été des plus merveilleux, et elle se sentait infiniment chanceuse d’y avoir goûté. Il aurait été malhonnête d’affirmer qu’elle ne regrettait pas l’achèvement de leur délicate parenthèse à deux, mais elle louerait le Seigneur encore de nombreuses heures, pour avoir vécu la grâce de ces instants qu’elle avait cru ne jamais vivre.

Il lui faudrait revenir à quelque chose de plus conventionnel, avec celui qui serait son mari dans l’intimité, et juste son Roi, le reste du temps. La jeune femme craignait ce dur retour à la réalité, mais il était nécessaire. Implacable, il devait fatalement arriver, alors elle le prenait comme tel. Si tel était le désir du Très-Haut, elle aimerait Serenos cachée de tous, et chérirait les instants passés ensemble comme des trésors secrets.

Une fois de retour à Meisa, alors qu’elle s’éveillait avec bonheur après ce si doux et irréel songe, Alecto fut remise rapidement dans le tourbillon de la réalité… Suivant le Roi qui se trouvait intrigué, son état d’esprit fut contagieux, et ce questionnement, chez Alecto, était plutôt une angoisse. Si cela pouvait inquiéter le Monarque des Trois Royaumes, d’autant vu le froncement de sourcil à mesure qu’ils avançaient dans la cour de la forteresse, c’était sans doute terriblement dangereux… Du moins, c’est ce que pensait sa jeune épouse, avant d’apercevoir très rapidement les symboles et bannières de l’Ordre.

Ce fut alors tout le contraire de la réaction de son mari, évidemment, sur le visage de l’ancienne esclave. Sans d’abord penser qu’il s’agissait de quelque chose de négatif, ou dangereux pour Serenos, elle sentit son cœur bondir dans sa poitrine face à tant d’allures familières, qui pour elle, étaient réconfortantes. Sans savoir pourquoi, elle se sentit en sécurité, alors seulement, elle perçut la nervosité du Roi à côté d’elle.

Restée un peu en retrait, elle vit clairement le Monarque la garder proche de lui, comme pour la protéger. Elle ne comprit pas… Puis, prise d’inquiétudes, se demanda si cela n’était pas en effet de mauvaise augure. Leur mariage était secret, mais Dieu, lui, savait… Pourtant, il lui avait narré ses déboires et mésaventures avec l’Ordre Immaculé, au point d’avoir développé de l’animosité naturelle envers les représentants mortels du Très-Haut. Bien qu’elle différenciât très clairement les instances spirituelles du Culte et Dieu, sachant tout Homme faillible et corruptible, même les plus dévots, Alecto avait instinctivement confiance en ces hommes et ces femmes d’église.

Serenos prit visiblement sur lui pour afficher une mine convenable, et se présenter aux dignitaires de l’Ordre qui s’avançaient vers eux. Cependant, elle sursauta lorsqu’elle entendit prononcer son nom. Ecarquillant de grands yeux ronds, elle regarda à droite et à gauche, comme s’il pouvait s’agir d’une autre personne qu’elle… Ce n’était certes pas un prénom bien courant en Meisa mais… Cet homme venait-il vraiment de la nommer ?


Derechef, elle se retrouvait les mains jointes dans celle d’un inconnu, du moins, de celui qu’elle prenait pour un inconnu. Mais quelque chose la travaillait, au fond d’elle, son esprit œuvrait et doutait. Cette voix… Elle la connaissait, elle en était persuadée. Des sensations étranges semblaient rejaillir du passé en entendant ces sons, et lorsque l’homme se mit de nouveau à parler, elle ouvrit la bouche, hébétée, pour lui répondre.

Mais le Roi ne lui en laissa pas l’occasion. Sur la défensive, même agressif à vrai dire, Serenos venait d’empoigner le délégataire religieux, et sa femme avait par son geste, dû reculé de plusieurs pas. Attrapant immédiatement ce poignet que le Monarque avait vigoureusement empoigné pour l’éloigner, Alecto sursauta de terreur lorsqu’il tira au clair son arme pour imposer une distance raisonnable entre eux et l’homme de l’Ordre. Paniquée, elle cacha sa bouche dans ses paumes pour éviter de hurler à son mari de ranger son épée. La simple vue de la lame, à vrai dire, venait de lui glacer le sang, mais ce n’était rien en comparaison de la rage qui émanait de l’homme qu’elle aimait, et qu’elle reconnaissait alors à peine.

Quand enfin le représentant divin prit la parole, avec un calme qui contrastait avec l’émoi terrifié qu’elle ressentait, Alecto hoqueta de surprise et de panique mêlée. C’était évident désormais qu’elle voyait son visage, alors que Serenos lui avait arraché cette capuche qui le masquait. L’homme avait pris des rides et ses cheveux étaient plus gris que dans ses souvenirs, mais elle n’aurait pu l’oublier. Jamais.

« Père Thorius ! » Elle avait trop peur de la tension de la situation actuelle pour exprimer pleinement la joie incommensurable qu’elle éprouvait de revoir l’homme de foi qui avait partagé sa vie de nombreuses années durant, lorsqu’elle officiait au Temple.

La menace de l’acier régnant toujours, elle vint d’un geste extrêmement intimidé par la posture bestiale du Roi, poser sa main sur le plat de son arme. C’était un geste d’une audace extrême pour elle, qui craignait les lames plus que tout. Mais elle devait agir pour assurer à Serenos qu’il n’avait rien à craindre du Prêtre, elle s’en portait garante. Alecto avait une confiance aveugle en Thorius.

« M… Sire…… Je… C’est mon ancien Mentor, je vous en prie sur ce qui m’est cher, ne lui faites pas de mal. »

Levant alors les deux mains en signe de paix, s’interposant entre les deux hommes, les épaules courbées, sans doute de soumission telle qu’elle avait l’habitude jadis de le faire face à un Maître violent, elle baissa les yeux humblement. Elle savait qu’en public, elle n’était rien d’autre qu’une étrangère dont le Roi s’était pris d’affection et avait accordé quelques menus privilèges, jadis Compagne, quoi désormais ? Pour la Cour, elle devait rester à sa place, et fort heureusement, c’était quelque chose qu’elle faisait à merveille, et naturellement.

Avec grâce, elle tourna son regard clair vers le Père Thorius, à qui elle osa adresser un fin sourire, mal à l’aise au vu de la tension, mais bien sincère tout de même.

« Père Thorius… Le Roi des Trois Royaumes m’offre sa protection, je… je vous en conjure. Réservez votre jugement, Monseigneur, jusqu’à ce que vous ayez pu en attester. »

Que Thorius puisse avoir traité Serenos de monstre après l’avoir insulté d’hérétique, même si c’était effectivement ce qu’il était aux yeux de l’Ordre, était un crève-cœur. Elle voulait immédiatement prouver au Prêtre combien le Roi était un homme digne, noble, et honnête. Si ce n’était son manque de foi, Sombrechant serait un parangon du Très-Haut, elle le savait. Il fallait que son ancien professeur le voit, comme elle le voyait, elle.

Mais avant cela, il fallait qu’elle mette un terme, par tous les moyens, aux animosités des deux hommes, car elle voyait bien que la réaction du Roi avait entraîné parmi ses suivants des réactions, et qu’ils étaient tous très tendus, attendant visiblement des ordres de leur Sire, et qu’ils étaient prêts à agir comme lui, au moindre regard de leur souverain. Alecto priait intérieurement pour que cela n’arrive pas, de toutes ses forces.

Le Délégataire de l'Ordre Immaculé semblait considérer le Suzerain avec assurance, et un certain apaisement dans le regard, mais au fond, se trouvait une sorte de dureté infaillible et sévère. Alecto prit cela pour de l'humilité, mais il n'en était rien.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mardi 07 juillet 2020, 18:42:10
Encore une fois, le Roi de Meisa se retrouvait devant un étrange dilemme en ce qui concernait la Foi d'Alecto; agir selon sa nature et botter ce fanatique hors de chez lui, ou se montrer plus conciliant au risque de paraître faible devant les autres. Il n'aimait pas les fanatiques. Même Alecto pourrait être considérée comme tel, dans une certaine mesure, car il n'était rien qu'il puisse dire ou faire qui pourrait la faire fléchir dans sa foi. La grande différence entre elle et les gens qu'il abhorrait, c'était qu'elle n'était pas une extrémiste; elle ne tenterait pas, par exemple, de blesser un autre simplement parce qu'un prêtre l'a demandé. De son côté, Serenos en avait bien assez vu par le passé pour ne presque jamais accorder sa confiance à quiconque portait plus d'attention à sa Foi qu'aux lois des hommes. Celui qui se trouait devant lui présentement en était un exemplaire tout désigné; alors que le sens commun voudrait qu'il présente ses hommages au souverain des Trois Royaumes, peu importe sa position au sein de son institution religieuse, le fait qu'il avait sciemment ignoré sa présence en plus de s'approcher de lui, et incidemment de ses proches, sans y avoir été invité laissait pressentir une étrange disposition à provoquer les puissants dans le but de les montrer sous un mauvais jour. La mauvaise nouvelle pour lui, dans cette situation, c'était que Serenos était déjà vu comme un souverain au cœur de pierre, assoiffé de sang et de carnage, avec un amour débridé du sexe féminin. Évidemment, ces défauts étaient grandement exagérés et tenaient davantage des histoires gaillardes que de la réalité.

Devant le Père Thorius, Serenos ne pouvait simplement pas chasser son présentiment. Quelque chose en lui restait constamment alerte devant l'homme aux cheveux grisonnants. Il devait avoir au moins la quarantaine, peut-être même la cinquantaine. Il n'était pas nécessairement 'vieux', mais la protection de la magie de Foi semblait avoir adouci certains de ses traits. Enfin, attribuer le terme de 'magie' aux interventions des esprits de Foi était un sujet sur lequel les sorciers et les prêtres débattaient depuis des siècles sans jamais parvenir à se mettre d'accord, mais la théorie de Serenos, qui voulait que la magie naisse des émotions, impliquait également que toute forme de manipulation de la réalité par la force simple des émotions et de la maîtrise du surnaturel suffisait à qualifier ce genre de choses comme une œuvre de magie. Il pouvait sentir à travers son corps une vitalité qui était tout sauf naturel pour un humain normal, et il entendait un étrange… sifflement émanent de lui. Il se garda évidemment d'en parler; il n'en savait pas assez pour se risquer dans des présomptions.

Il voyait bien qu'Alecto était affectée par le fait qu'il ne s'entendait déjà pas avec le prêtre, mais elle n'était surement pas sans savoir que sa foi, ou du moins la majorité des pratiquants de celle-ci, refusait les gens comme lui, et elle ne devait pas être bien surprise de l'animosité entre le fervent cultiste et lui-même. Cependant, voyant qu'elle était très inconfortable, le Roi rengaina lentement sa lame, son regard quittant le sien pour se tourner de nouveau vers Thorius.

"Vous êtes en Meisa, prêtre. Surveillez vos manières."

Que ce soit parce qu'il ne voulait pas se montrer déraisonnable ou erratique devant Alecto, le Père Thorius fit quelques pas de reculons, avant de s'arranger, réajustant son étole sur ses épaules. Joignant les mains devant lui dans une position naturelle qui voulait montrer un homme de raison et de piété, il dévisagea le Roi, contenant au mieux les émotions qu'il ressentait. Enfin, même s'il ne montrait plus ses émotions de manière volontaire, le Roi pouvait voir ses jointures blanchir et sa mâchoire se contracter; comme un fauve prêt à bondir de nouveau.

Un autre homme, un Paladin, cette fois, posa une main sur l'épaule du Prêtre pour le forcer à reculer, avant de regarder le Roi dans les yeux.

"Je suis Valeden de Montessan, Paladin de l'Ordre Immaculé et chevalier de l'Ordre du Brassard, adoubé par Sa Majesté la Reine de Nexus, votre Majesté, et votre humble serviteur, se présenta-t-il en retirant son casque et s'incliner poliment devant le Roi.
-Je me souviens de vous, Valeden, lui dit-il avant de s'incliner de même. N'êtes-vous pas le même Valeden qui a désarçonné le Maréchal, Seigneur de Vrahilel, lors du Tournoi organisé pour l'anniversaire de la Reine en 3212 de votre ère?
-Oui, Majesté. Je suis honoré que j'aie fait impression à votre mémoire.
-C'était un beau duel."

Une fois les plaisanteries échangées, des serviteurs apportèrent rapidement des bancs, des tables et un scribe prit place à quelques mètres d'eux, son pupitre bien attaché à son cou et des rafraîchissements, posant le tout sur le pont.

"Je vois que la Loi n'a toujours pas changé, déplora le paladin.
-'Nul envoyé diplomatique de l'Ordre Immaculé ne franchira la porte de ma demeure', récita le souverain. Non, en effet, cette loi perdure."

Il prit place sur son siège, et ainsi fit son interlocuteur.

"Qu'est-ce qui vous amène si loin de Montessan, sir Paladin?
-Pour être franc, monseigneur, cette visite n'est pas mon idée, c'est…
-C'est moi qui aie demandé cette sainte escorte, siffla le Père Thorius.
-Ah bon."

Le Roi faillit lancer de nouveau son fiel au visage de cet inconnu en lui disant que cela devait expliquer pourquoi il n'avait pas été prévenu, ne serait-ce que par lettre, sous-entendant que les prêtres étaient trop convaincus de leur propre importance pour indulger les autres des démonstrations les plus simples de la courtoisie et de la diplomatie, mais comme il ne voulait pas offenser Alecto plus qu'elle ne l'était déjà.

"Et qu'ai-je donc fait pour mériter ça?
-Sire… fit le paladin, tentant d'éviter l'escalade.
-Oui, oui. Qu'est-ce que l'Ordre Immaculé veut?
-Eh bien… elle.

Le paladin leva son doigt ganté vers la jeune femme, vers Alecto. Le silence tomba sur l'assemblée présente, un silence qui dura quelques bonnes secondes, avant que, tout à coup, le Roi n'éclate de rire, son ricanement trouvant même un écho dans la ville tant il riait fort, au point de s'en taper la cuisse, avant de regarder de nouveau le Paladin.

"Non, sérieusement, De Montessan, vous ne vous êtes pas déplacé jusqu'ici, à la demande d'un prêtre, pour enlever une femme, rassurez-moi!
-Je ne plaisante pas, Sire, et croyez-moi, je suis le premier à trouver cette situation ridicule.
-Il n'y a rien de ridicule, paladin, dit le prêtre. Alecto est une citoyenne de Nexus et une fidèle de l'Ordre Immaculé, ainsi qu'une de mes ouailles. La R…
-La Reine, ma Reine, est forcée d'exiger que vous nous rendiez Alecto. Par le pacte entre l'Église et la Couronne, ceux qui suivent la Voie de l'Ordre sont considérés comme appartenant à l'Ordre, et comme Meisa est…
-Une terre d'hérétiques et de païens, cracha Thorius.
-Comme Meisa n'accueille pas l'Ordre Immaculé, nous sommes dans l'obligation de rapatrier la demoiselle."

Même pour un Paladin, un chevalier de l'Ordre Immaculé, un spécialiste de la chasse aux sorcières, un militaire formé pour entrer en croisade et tuer au nom de son Dieu coupables et innocents, ce niveau de connerie semblait au-dessus de lui.

"Et si je refuse?
-Malgré son apparence, l'homme qui porte des robes n'est pas un simple prêtre. Il a l'oreille du Pontife. Il a réussi à convaincre le Saint Père que cette demoiselle est une… Comment dire dans la langue profane… eh bien, le terme religieux est ihanavi'shivikran, ou en d'autres termes une personne proche de Dieu.
-Foutaises.
-Nous sommes d'accord là-dessus, sire. Mais cela suffit à mes supérieurs pour exiger le rapatriement de cette jeune femme, et de menacer votre contrée de guerre.

La menace ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd, et le Roi se leva abruptement.

"Vous osez?
-À contrecoeur, sire."

Le Roi regarda la délégation, un à un, avant de reposer les yeux sur le guerrier religieux.

"Vous savez ce que vous risquez à me braver, Paladin.
-Oui, sire.
-Retirez-vous. Emmenez votre prêtre. Vous aurez ma réponse cette semaine.
-Non! Vous allez… commença le prêtre.
-Bien, votre Majesté, le coupa le paladin pour éviter un autre drame.
-Assurez-vous de ne pas quitter les quartiers qui vous sont assignés. Ma protection… ne s'étend pas à la ville."

En d'autres termes; ceux qui quittaient les quartiers mentionnés seraient tués. Serenos se tourna et regarda Alecto.

"Vous voulez les suivre, Alecto, ou rester au Palais?" demanda-t-il avec une pointe plus douce dans la voix.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mardi 07 juillet 2020, 20:14:31
Alecto se sentait de trop, dans cette configuration tendue, et à la fois, il lui semblait qu’elle faisait partie intégrante de ces deux mondes qui venaient s’opposer. Comme si les deux facettes de son existence actuelle pouvaient se rejoindre, s’observer en coin, se défier sans même tenter de se cacher… L’électricité dans l’air l’avait rendue blême, mais elle avait réussi à respirer dès lors que Serenos avait rangé son arme, soulagée qu’il accepte d’entendre raison.

Elle n’avait jamais vu le Roi ainsi. A observer son visage crispé, ses yeux enragés d’une froideur sourde, sa mâchoire large se contracter, alors qu’il semblait ne jamais vouloir quitter du regard son ancien Mentor, sa secrète épouse se dit que les rumeurs fantasques concernant le Monarque devaient venir d’un seul paysan ayant pu apercevoir la stature sauvage de Serenos.

L’intervention du Paladin avait réussi à séparer les deux antagonistes, et permit à la jeune femme de se sentir légèrement moins terrifiée. Bien que la situation eût révélé des trésors de courage en elle, l’ancienne esclave se sentait bien trop pénétrée par les tensions entre les deux hommes, comme si elle pouvait les sentir, matériellement, s’affronter, se défier, se menacer sans cesse.

Petite, jamais elle n’avait vu le Père Thorius comme un homme impoli, voire insultant, tel qu’il semblait l’être face à Serenos. Cette attitude la choqua, mais, alors qu’elle entendit prononcer les termes de ihanavi'shivikran, elle hoqueta bruyamment malgré elle, sursautant d’un bond glacé. Un point dans sa poitrine la força à haleter, et elle se sentit immédiatement mal à l’aise, sentant plusieurs regards se tourner vers elle. Être au centre de l’attention lui était particulièrement désagréable, elle manquait d’air, sa peau la grattait, sa nuque, sa poitrine, ses tempes chauffaient bien trop.

« Foutaises » Alecto cacha sa bouche de sa main lorsque le Roi pesta, prise d’un haut le cœur. Il rejetait donc les mots du Saint-Père ? Elle était trop chamboulée par cette nouvelle pour réussir à réfléchir correctement, et la tête lui tournait déjà.

Est-ce qu’elle était réellement une élue du Tout-Puissant ? Son humilité criait au mensonge, mais elle ne remettrait jamais en doute la parole cléricale, évidemment. Alors, pourquoi Serenos rejetait-il cette hypothèse ? Elle blanchit en réfléchissant péniblement, cillant comme une démente. Son mari n’était pas croyant, il devait prendre tout ceci, effectivement, pour des fadaises, et tout au mieux, une excuse abusive.

Même le Paladin venait de remettre en question les paroles du Pontife, et de Père Thorius. Elle en fut choquée, alors qu’elle posait ses yeux paniqués sur lui. La menace de guerre fit reculer Alecto d’un pas chancelant. Quoi ? Mais… comment sa simple et seule personne pouvait-elle être une source de conflit armé entre deux puissantes nations ? C’était… impensable. La jeune femme sentait bien trop d’attention sur elle, elle se sentait défaillir, et dut se tenir au dossier d’un des sièges pour ne pas tomber.

La sentence de Serenos tomba comme un couperet, lui coupant le souffle également. A part une mêlée sanglante, la rencontre n’aurait pu pas plus mal se passer, songea-t-elle, peu habituée à ce type d’entrevue.

Quand son mari porta son regard sur elle, Alecto perçut son effort pour chercher à la rassurer, ou du moins, paraître moins enragé. C’était un bel effort, mais elle s’en trouvait toujours aussi terrifiée. Il lui sembla plus grand, plus massif, et plus dangereux, tout à coup. Avalant difficilement sa salive, elle sentait déjà les larmes piquer ses yeux.

Prendre des décisions n’était pas son fort, elle n’avait jamais à en prendre, et l’on décidait toujours tout pour elle. Tous ces hommes savaient tous bien mieux ce qui était bon pour elle, ou plutôt, ce qu’ils pensaient être bon pour eux, et un peu, pour elle. Diriger sa vie, la réclamer, la prendre lorsqu’ils en avaient envie… Lui dicter sa conduite, lui dire quoi penser…
Elle baissa le visage, intimidée, souhaitant mille fois s’isoler avec le Roi que d’avoir à parler ainsi au milieu de cette cour bondée et tendue.

« S… Sire… » Sa gorge était trop sèche, elle toussa, se reprit. « Peut-être pourrais-je… pourrais-je parler au Père Thorius. » Elle se rendit compte qu’elle tremblait, de cette crainte qu’elle avait jadis lorsqu’elle devait affronter le regard de ses maîtres. Elle se sentait fautive, sans savoir exactement de quoi. D’être la cause de la colère de son époux ?

Thorius, en retrait, ne faisait que l’observer, ne rompant le contact visuel que pour planter son regard haineux, plein de suffisance, sur le Monarque qui lui tournait légèrement le dos pour parler à la jeune femme.

« Si vous le permettez… il vous serait peut-être opportun d’en apprendre davantage sur… » Alecto n’osait pas regarder son Roi, triturant ses doigts avec angoisse. « Sur les intentions de l’Ordre à. A mon… A mon sujet. » Sa phrase s’était évanouie dans un couinement de souris dépassé par les événements. Elle cherchait clairement ses mots, tournait autour du pot, n'osait pas parler franchement comme elle aurait pu le faire à son époux dans l'intimité.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 11 septembre 2020, 07:12:43
Les intentions de l'Ordre… Serenos n'avait pas besoin de savoir ce que l'Ordre voulait d'elle. Il se méfiait, et pas parce que c'était des étrangers, mais parce que lorsqu'il s'agissait de foi, nombre d'hommes ont perdu leur capacité de raisonner selon la logique du non-divin, et cela en faisait des hommes dangereux, erratiques et si certains disaient qu'ils étaient imprévisibles, Serenos notait, lui, une certaine régularité; tant qu'il ne s'agissait pas d'un ordre direct de leur divinité, les hommes de foi ne voient pas les limites, parce qu'ils croient que si leur Dieu ne l'a pas expressément interdit, ne serait-ce qu'à travers ses prophètes ou par sa main écrite, ils n'hésitaient pas à jeter tout ce qui pourrait leur être inconvénient aux poubelles.

Ce n'était pas que Serenos était incapable de croire qu'Alecto était peut-être une jeune demoiselle à la destinée exceptionnelle, car après tout, nombre de héros et héroines, que ce soit des textes épiques ou des grandes tragédies, ont souvent un passé plutôt modeste, et on était rarement plus modeste qu'une personne sans famille, sans héritage et sans fortune. Cependant, il rejetait l'idée de se séparer d'elle, surtout parce que dans leurs moments de paix, elle lui apportait une grande quiétude qui lui faisait un grand bien.

Il comprenait le besoin d'Alecto de protéger le prêtre; peut-être instinctivement ou simplement parce qu'elle était plus perspicace qu'elle ne laissait autrui le voir, la femme du Roi savait que le Roi n'oserait pas commettre un geste qui pourrait potentiellement lui faire perdre son estime, et donc, le Roi comprit que s'opposer à sa décision ne participerait pas à l'harmonie de leur couple. Serenos resta cependant silencieux à la requête de sa femme quelques minutes, avant de soupirer et de lever une main pour la poser contre sa joue.

-Très bien, tu peux y aller, acquiesça-t-il à contrecœur.

Du pouce, il caressa sa pommette, pour qu'elle sache qu'il ne cachait aucune colère envers elle, avant de se tourner vers les cultistes.

Qu'importe si Alecto est une adorable demoiselle, quelque chose en lui continuait de le mettre en garde, et jamais il ne doute de son instinct, simplement parce que celui-ci ne l'avait encore jamais trahi. Ou du moins pas volontairement.

Lorsque la main de Serenos se décrocha de sa joue, un garde s'approcha et posa une main sur le dos de la jeune femme, la poussant doucement vers les cultistes, qui s'étaient retournés pour voir ce qui allait se passer. Du coin de l'œil, Serenos put voir le sourire réjoui du prêtre, qui accueillit sa protégée avec les bras grand ouverts. Le Roi se retourna cependant avant que le prêtre ne s'en aperçoive et quitta les lieux, rapidement suivit des membres de sa cour et de ses visiteurs.

Les hommes du Paladin entourèrent la jeune femme et son ancien protecteur et les emmenèrent dans un quartier près du Port, visiblement mis à l'écart du reste de la communauté. Lorsqu'ils approchèrent, les gardes surveillant l'endroit leur demandèrent leur autorisation, et le Paladin leur montra son rosaire, résultant immédiatement à l'ouverture des grandes portes de fer. Bien que ce quartier semblât 'protégé', il n'évoquait pas l'isolation propre aux quartier riches, au contraire; on aurait davantage apparenté l'endroit à une prison. Une fois les hommes du paladin passé, les gardes refermèrent la grande porte de fer derrière eux et la verrouillèrent.

-Tu vois, mon enfant, que Dieu est bon. Même cet aveugle de Roi de Meisa s'incline devant la volonté de notre Seigneur. Devant sa puissance, même un Roi sanguinaire n'est qu'un couard.

Certains soldats de l'Ordre hochèrent de la tête avec approbation devant cette déclaration. En contrepartie, De Montessan conserva un silence contemplatif; il ne semblait pas nécessairement appuyer les grands éclats du prêtre. Certes, il était un paladin et un ennemi de sa Foi était son ennemi, mais le Roi de Meisa était difficilement un ennemi de la Foi; il n'y adhérait simplement pas et ne reconnaissait pas le Seigneur comme son maître.  Selon certains écrits, il n'en fallait pas plus pour être considéré comme un ennemi, mais De Montessan était un modéré, et par le fait même que ses pouvoirs, son Investiture, n'était pas moins puissante lui assurait que son Seigneur n'était pas en désaccord avec cette philosophie.

De Montessan s'arrêta prêt d'une demeure, plus ou moins délabrée.

-Les conflits entre le Roi et notre Foi ne sont pas inconnus du peuple. Même les serviteurs locaux refusent de travailler en tant qu'employés de notre organisation et les fidèles de l'Ordre préfèrent garder leur Foi en privé.
-Des lâches et des couards, persiffla le prêtre de nouveau.
-La bravoure se présente sous plusieurs formes. Je trouve, pour ma part, que conserver sa foi en terre païenne est un dévouement suffisant.

Le Paladin laissa le prêtre et la jeune Alecto entrer.

-Je serai à l'auberge si vous nécessitez ma présence, monseigneur.

Et il se retira.

Thorius regarda la jeune Alecto et lui prit les mains.

"Mon enfant, qu'il est bon de te revoir enfin. Toutes ces années… toutes ces longues années… ah, tu dois avoir tant de choses à me raconter. Viens, viens, je te préparerai un bain. Allons, j'insiste, ne sois pas timide."

Et pour être honnête, Thorius se montra d'une remarquable délicatesse envers la jeune femme. Certes, il était acerbe et agressif envers les païens et les étrangers, mais envers les gens de sa foi, qui partageaient sa ferveur, il était comme un bon grand-père. De ses propres mains, il puisa puis fit bouillir de l'eau et des herbes dans une cheminée mal entretenue, puis versa le tout dans une bassine de bois, puis la refroidit légèrement pour que l'eau ne brule pas. Il y fit ensuite tomber son rosaire en murmurant une prière.

"Allez, allez, prend place. Nous devons absolument te nettoyer de tes péchés, ma pauvre enfant."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le samedi 12 septembre 2020, 11:43:14
Malgré les signes visibles d’affection, peut-être forcés, de son Roi, Alecto n’avait cessé de trembler alors que Serenos la laissait agir, à contre-cœur. La caresse de sa main sur sa joue la rassura légèrement, c’est vrai, comme si un unique événement avait pu la faire douter des sentiments de son Epoux à son égard. Elle se rendait compte, par cette rencontre sous tension, que la moindre péripétie pouvait mettre à mal l’épanouissement si doux qu’elle avait ressenti dans l’intimité, et la paix de tout un Royaume. Que Serenos restait un Monarque, un homme droit, mais dur. Un roc, rassurant, massif, fier… mais tranchant et sans pitié pour comme un récif millénaire dans une baie.

Il ne la voulait pas suivre l’Ordre, c’était certain, il lui semblait même qu’elle pouvait ressentir des picotements au cœur quand il détachait sa main de sa joue, comme s’ils partageaient ce sentiment. Ce geste si délicat et plein d’amour fut vite brusqué par la main ferme d’un des chevaliers du Culte, et elle tourna la tête en s’éloignant de son Mari.
Quelque chose en elle refusait de le quitter. Mais elle devait apaiser cette situation, et comprendre. Une Elue, vraiment ? Cela lui semblait impossible, mais qui était-elle pour remettre en question les paroles du Saint-Père ? Et désormais, elle sentait sur ses épaules le poids bien trop lourd pour elle d’avoir à empêcher une guerre et la mort d’innocent. Par. Sa. Faute.

Durant le trajet qui les amenait où le Père Thorius résiderait, l’Ancienne Esclave resta silencieuse. Elle était encore totalement chamboulée par ce qui venait de se passer, et choquée, également, par les échanges qu’avaient le Prêtre avec ses hommes. Elle ne doutait en rien de la Bonté du Seigneur, mais qualifier Serenos de couard la rendait malade, nauséeuse. Comme si on s’attaquait à elle, dans ses tripes, directement. Elle ne comprenait pas ce qui arrivait.

Il lui semblait que le Paladin était un homme censé, et modéré, et elle osa détacher son regard de ses pieds pour l’observer un peu mieux. Cependant, étant déjà arrivés à destination, elle le salua en s’inclinant bien bas, comme elle en avait l’habitude lorsqu’elle n’était qu’une misérable domestique, et qu’elle devait montrer son respect à un Chevalier, ou toute autre personne libre. Cette révérence n’était pas feinte, naturellement, et Alecto savait les hommages qu’elle devait aux Paladins de la Foi.

Seule avec l’Homme d’Eglise, enfin, la jeune femme sembla se détendre légèrement. Ses yeux étaient encore rouges et ses joues pâles, à vrai dire, mais lorsqu’il lui prit les mains, elle perçut une sorte d’assurance, dans les mouvements et la voix de Thorius, qui lui permettait de tenter de se ressaisir. Encore trop perturbée par les événements, elle n’eut même pas le réflexe naturel d’aider le vieil homme, et comme si elle le regardait faire sans le voir, elle murmurait.

« La joie m’étreint aussi, mon Père, de vous retrouver. J’ai… » Les mots ne vinrent pas. Elle avala difficilement sa salive, et sans broncher, se dévêtit en silence, seuls les flammes et le bruissement des tissus se faisaient entendre.

Laver ses péchés. L’entendrait-il en confession dans son bain ? Ce… ce n’était pas réglementaire. Mais le Très-Haut l’écouterait par les oreilles du Père Thorius, elle le savait, et elle n’avait pas la force de souligner ce point.

Alors, une fois nue, Alecto eut la surprise de se sentir honteuse, bien sûr, et intimidée. Elle était une femme, désormais, loin de l’enfant qu’avait éduqué Thorius. Et ce corps était empli de cicatrices, qui montraient ses fautes, et les châtiments de ses Maîtres en réponse. Elle pensait mériter toutes ces marques, mais c’était autre chose que de les exposer à un homme de Foi. Elle ne pouvait plus rien masquer, plus rien cacher.
Pas même les cicatrices bien plus fraiches à sa cuisse gauche, les marques du cilice, de la cire, puisqu’elle n’osait pas encore user de ses méthodes habituelles en présence du Roi. Elle savait combien il désapprouvait ses pratiques. Mais le Chemin de Rédemption faisait partie d’elle. C’était plus fort qu’elle.

Etrangement, ces cicatrices-là, à sa cuisse, n’étaient pas celles qui lui faisait ressentir de honte vis-à-vis de Thorius. Il savait qu’elle la pratiquait, il l’avait initiée jadis. D’un coup, en y songeant, elle se sentit plus légère. Cette culpabilité là n’avait pas lieu d’être face à lui. Même si ses marques à vie, rouges, boursoufflées, étaient le signe qu’elle avait beaucoup de choses à se faire pardonner par le Seigneur.

Elle entra dans l’eau en passant la jambe par-dessus le bois du baquet, la chaleur agréable se diffusant dans son corps lorsqu’elle s’y asseyait, en soupirant discrètement d’aise. Malgré tout, elle n’en avait pas oublié les derniers mots du Prêtre… Il l’enjoignait à lui racontait son passé loin de lui, et à laver ses péchés. Cela nécessitait de se confesser…

Pinçant les lèvres, l’Epouse du Roi saisit instinctivement le médaillon du Sombrechant qui logeait à la naissance de sa poitrine. Pour lui donner du courage ? Parce qu’il représentait à lui-seul bien des péchés qu’elle avait à avouer tout haut ? Jusqu’alors, elle n’en avait parlé qu’avec Serenos… Le dire à un tiers rendrait tout ceci si concret. Si réel, elle qui vivait une sorte de rêve éveillé.
Et surtout… Son mariage devait rester secret, elle le savait. Alecto se mordit la lèvre, en observant l’onde qui fumait légèrement. Mais Dieu voit tout…

« Mon Père, j’ai péché. J’ai… beaucoup péché. » Sans y réfléchir, elle caressa le relief de sa cuisse. « J’ai besoin de votre Absolution, mon Père. »

C’était évident désormais dans son esprit. Elle avait besoin du Pardon de Thorius, et celui de Dieu. Elle priait à la Chapelle bien sûr, mais ce n’était pas assez. Elle devait être sûre que le Très-Haut l’avait entendue. Elle devait laver son Âme. Relevant ses yeux clairs et suppliants vers lui, au bord des larmes, la jeune femme s’agrippa au baquet.

« J’aime cet Homme, Mon Père. Je ne suis pas une. Une Elue, je… je ne suis qu’une Pécheresse. Je l’aime ! »
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le dimanche 13 septembre 2020, 09:21:01
Voyant qu'elle prenait place dans la bassine sans rouspéter, le vieux prêtre ne put s'empêcher de s'extasier secrètement de l'apparence de cette demoiselle. Elle qui n'était qu'une menue, frêle gamine, elle avait maintenant tous les atours d'une femme, et dans sa seule présence, le vieux prêtre ne pouvait autrement que sentir la douceur de Dieu, et l'amour qu'il lui accordait. Si Dieu ne l'aimait pas, il ne lui aurait pas donné la garde d'Alecto et Il n'aurait pas uni leurs chemins de nouveau. Il n'y avait aucun doute possible dans son esprit; Alecto était le chemin que Dieu avait créé pour lui. À travers elle, il goûterait aux extases du Paradis, et ce même sur le plan des mortels. Quelle bonté, quel honneur que lui accordait ainsi son Seigneur. Mais évidemment, il ne devait pas s'empresser, parce que les promesses des délices charnels n'étaient pas facilement réclamées; il fallait les gagner, et tel était la dernière étape qui séparait le prêtre de sa récompense pour toutes ces années de bons et loyaux services au Seigneur, son Dieu.

Il prit donc une éponge et la frotta avec du savon, avant de la passer sur le dos couvert de cicatrices de la jeune femme. Un silence s'étant installé entre eux, Thorius dût faire preuve d'un remarquable contrôle de soi pour ne pas laisser percevoir son excitation au travers de sa respiration, forçant une apparente normalité et régularité. Il frottait laborieusement la peau de la jeune femme, laissant derrière ses passages une peau endolorie et bien rouge, comme s'il cherchait à nettoyer le péché, et que le péché, en soi, collait à la peau comme l'herbe aux vêtements. Si elle couinait d'inconfort, il ignorait ses complaintes, parce que comme toute bonne femme de la Foi, Alecto savait pertinemment que la rédemption passait par la douleur, et qu'il était plus aisé d'entrer au paradis et de se départir de ses péchés à ceux qui sacrifiaient leur chair qu'à ceux qui se prétendaient des parangons d'innocence.

Alors qu'il frottait sa peau, elle lui admit alors qu'elle avait commis des péchés. Devant l'admission de ses actes, l'homme ne put s'empêcher d'éclater de rire.

-Mais bien sûr que tu as péché, Alecto. Aucun mortel n'est à l'abri du péché, pas même les plus grands saints n'ont jamais été autre que des pécheurs. C'est à travers leur rédemption et leur persévérance à atteindre la lumière du Très-Haut qu'on reconnaît les vrais héros de Dieu. Bien sûr, les païens sont irrécupérables parce qu'ils sont aveugles à sa splendeur et sourds à sa parole, donc ils ne peuvent pas acquérir le salut divin.

Avec la même rigueur, il frotta les bras de la jeune femme, frottant de nouveau si fort que les bras de la demoiselle passèrent du blanc habituel à un rouge vif, puis il passa à ses jambes. Dans sa poitrine, son vieux cœur commença à accélérer, et pour cause.

-Mais tu sais comme moi que l'absolution du péché vient de la confession, et de la renonciation à ce qui nous mène à la tentation.

Et là, elle lui dit qu'elle avait des sentiments pour un homme. Cet homme. Et considérant le contexte, il comprit qu'il s'agissait du Roi païen. Il dût se contenir de toutes ses forces pour ne pas exploser devant elle et lui montrer l'étendue de sa consternation. Comment une femme, dorlotée et choyée par le Seigneur, pouvait-elle accorder la moindre affection à cette abomination? Un païen, un hérétique et un magicien par-dessus le marché!

-Alecto.

Il prit une lente inspiration, puis il expira lentement, lui adressant un regard contrit comme s'il compatissait à sa situation, même si dans les faits, il n'était contrarié que parce qu'elle semblait sincèrement croire qu'elle était amoureuse de Serenos.

-Tu n'es pas vraiment amoureuse, Alecto. Cet homme n'est pas un homme; il est le diable, il est le péché, il est la tentation qui te perdra. Il t'a jetée un sort, ma pauvre enfant.

Il posa une main sous le sein gauche d'Alecto, à l'endroit de son cœur.

-N'oublie pas les enseignements; la Femme de l'Homme ne doit l'Adoration qu'à Dieu et l'Homme soumis au Divin. Les hommes, les hérétiques, ils sont perfides, manipulateurs. Ils ont le diable en eux.

Il retira sa main de la peau d'Alecto et lui engloba le visage de ses doigts osseux.

-Et si cet homme t'a possédée, je vais devoir te libérer de son emprise, Alecto. Est-ce qu'il s'est emparée de ton corps? Est-ce qu'il a rependu sa semence perfide en toi?

La tradition de l'Ordre Immaculé disait que les fidèles devaient se confesser à leurs supérieurs religieux, et que retenir une information était, sans être un péché, une chose découragée, simplement parce que l'omission était considérée, au même niveau qu'un mensonge, comme une insulte au Très-Haut.

Il ne serait pas surprenant qu'Alecto se remémore des histoires des sœurs, du culte en lui-même. En admettant que Serenos était effectivement le Diable, elle serait effectivement sous son emprise. Et il n'y avait pas beaucoup de moyens pour se libérer de l'emprise d'un tel être dans les écritures. C'était souvent, en fait, un secret qui était conservé par les plus grandes instances de l'église. Peut-être que Serenos était vraiment un diable, une tentation envoyée par le Très-Haut pour tester sa Foi, ou pis encore, Serenos avait peut-être toujours planifié sa perdition? Ne l'avait-il pas séduite? Ne l'avait-il pas, en toute connaissance de sa Foi, prise dans son lit? Ne lui avait-il pas fait l'amour, sachant pertinemment ce qu'elle risquait? Tous ces autres hommes qui lui avaient passé dessus ne pouvaient pas la briser, parce qu'ils n'atteignaient pas son cœur, alors que Serenos, lui, s'en était accaparé.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le lundi 14 septembre 2020, 21:31:42
Aucune protestation, aucun couinement de souffrance, et aucun mouvement ne vint d’Alecto, alors que le Prêtre frottait sa peau avec acharnement et sans douceur, passant sur certaines cicatrices boursoufflées pour toujours douloureuses, grattant son épiderme pour le purifier par le crin et l’eau. Bien évidemment, ce traitement la faisait souffrir, brûlait sa peau, même. Mais l’Ancienne Esclave ne bronchait pas. Elle subissait, acceptant son sort et sa Croix sans jamais émettre un son. Elle savait qu’elle avait à endurer ce châtiment. Et Alecto avait été très, très bien éduquée à ce sujet. Se taire.

Elle ignorait tout des émois qui traversaient l’Homme de Foi lorsqu’il se trouvait si proche d’elle, nue dans son bain, à la frôler tantôt. Pour l’heure, elle était encore bien trop perturbée pour percevoir quoi que ce fut d’autre que la bienveillance d’un patriarche envers une brebis égarée.

Ses mots résonnaient dans son esprit, comme une musique lancinante, qui envahissait ses réflexions. Avouer. Avouer ses péchés. Elle savait qu’il n’était pas permis de mentir au Très-Haut, bien sûr. Mais dans ses tripes, la furieuse volonté de taire ses noces se faisait ressentir de manière impérieuse. Comme s’il était vital pour elle… Ou vital pour Serenos ?

Cependant, ses dilemmes furent coupés dans leur course en rond, lorsqu’elle entendit Thorius prononcer son nom. Relevant ses grands yeux humides d’un bleu si clair vers lui, constatant l’expression de son visage, la jeune femme pinça les lèvres, comme immédiatement coupable d’avoir déçu cet homme qu’elle estimait tant. Et ses pupilles se dilatèrent.

Le Diable ? Serenos ? Le Prêtre devait faire erreur.
« N…. non… » Balbutia-t-elle, incrédule, avant de sursauter lorsqu’elle sentit la main de l’Ecclésiastique sur son corps.

Cette sensation était à la fois honteuse et rassurante.
Mais elle était devenue blanche comme un linge, alors que ses paroles tournaient en boucle dans son esprit, au point qu’elle avait du mal à se concentrer sur son discours. Son Roi n’était pas le diable, il ne lui avait jeté aucun sort, elle en était persuadée. Elle le savait ! Jamais son Epoux ne ferait une chose pareille, elle en était convaincue. Pire, le Monarque lui avait parfaitement expliqué les sensations puissantes lorsqu’un sortilège vous touche, et l’ancienne Esclave était assurée n’avoir ressenti cela que lorsqu’elle lui avait permit de lire dans ses pensées, et cette chaleur à chaque fois qu’il pansait ses blessures par la magie.

Mais c’était une chose délicate à exprimer à Thorius, elle le savait. Sa gorge était étrangement sèche, tout à coup, et il lui semblait qu’elle manquait d’air. Les paumes du Prêtre contre son visage furent salvatrices, et lui permirent de se calmer légèrement. Du moins, de réussir à prendre une grande goulée d’air.

Parler des rapports intimes qu’elle avait avec Serenos était bien la dernière chose dont elle avait envie, pas avec son Mentor. Une boule au ventre lui donnait la nausée, et Alecto se mordit l’intérieur de la joue pour éviter d’ouvrir la bouche.

Les paroles de Thorius étaient un crève-cœur. Jamais elle ne pourrait qualifier son cher Mari de perfide, de diabolique… Il ne s’était pas emparé de son corps par la manipulation, elle s’était offerte à lui. Volontairement ; Et désormais, elle était son épouse… Ils pouvaient faire l’amour sans craindre les foudres divines. Du moins, c’est ce qu’elle pensait…
Le Prêtre attendait sa réponse, elle le savait, elle sentait son regard sur elle, pesant, aussi lourd que l’épée du Jugement. Les mots ne venaient pas, ou plutôt, bien trop semblaient vouloir sortir d’un coup, dans un chaos sans nom.

Frémissante, le visage blafard et le dos voûté, Alecto sentit les larmes couler le long de ses joues et piquer ses yeux.

« Je… je… » Elle agrippa ses mains. « Serenos est un homme bon, Mon Père, loin d’être fourbe ou manipulateur, il est juste et droit. Il administre ses Royaumes avec clairvoyance et fermeté. Son peuple l’aime ! Et il… Il est humble. Il a subi mille épreuves durant lesquelles il aurait pu devenir égoïste et despotique, mais il est un homme altruiste, qui … qui n’hésiterait pas à se sacrifier pour sa famille, ou son peuple ! »

Bien sûr, la petite Domestique ne savait pas que son discours se heurterait à un mur. Elle croyait, naïvement, que Thorius l’écouterait, la croirait sur parole, puisqu’elle était sincère. Elle parlait d’une voix dévote, qui dégoulinait de cette admiration déraisonnable et amoureuse qu’elle vouait au Monarque des Trois Royaumes.

En serrant un peu plus les mains de l’Ecclésiastique, les joignant à son signe de prière, l’Ancienne Esclave redoubla d’éloquence.

« Mon Père, vous m’avez crue. Lorsque tous me disaient seule coupable de mes crimes, et vous avez plaider en ma faveur lorsque la Justice des Hommes a prononcé sa sentence pour moi. Je vous en prie, je vous en supplie ! Croyez-moi encore cette fois. Je vous en conjure ! »

Elle sursauta, comme si une décharge électrique venait de la foudroyer, et Alecto cilla longuement. Une évidence venait de la frapper… Ce n’était pas le sauvetage de son Âme dont elle avait besoin. C’était pour celle de son Epoux. Coûte que coûte. Serenos l’avait sauvée de sa condition, l’avait rendu heureuse.

« Père Thorius. Mon Père. Laissez-lui une chance de vous prouver sa valeur. »
Son manque de franchise, elle qui n’avait aucunement répondu aux questions inquisitrices de l’Homme d’Eglise, était un aveu en soi, mais elle n’y songeait pas, elle ne le pouvait pas. Frénétiquement, comme pour le supplier encore, elle embrassait le dos des mains de son Mentor, en pleurant.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mardi 15 septembre 2020, 06:21:04
- Je… je… Serenos est un homme bon, Mon Père, loin d’être fourbe ou manipulateur, il est juste et droit. Il administre ses Royaumes avec clairvoyance et fermeté. Son peuple l’aime ! Et il… Il est humble. Il a subi mille épreuves durant lesquelles il aurait pu devenir égoïste et despotique, mais il est un homme altruiste, qui … qui n’hésiterait pas à se sacrifier pour sa famille, ou son peuple !
- Mon enfant, tu sais très bien que c'est ainsi que le Diable s'infiltre dans nos vies. Il se montre contre un parangon de vertu. Il est beau, il est fort, et les gens l'admirent. N'oublie pas que ce royaume est peuplé par des hérétiques, ils vénèrent le Diable, qu’ils le veuillent ou non. C'est pour cela que nous sommes protégés; nous choisissons nos dirigeants grâce à la bienveillance de notre Pontife et du Seigneur qui murmure à ses oreilles. Notre Foi nous protège de la déchéance et du vice. Les hommes comme Serenos l'embrassent. Tu as vu les femmes de ce royaume? Elles se montrent à tous les hommes, exposant leurs seins, ne demandant qu'à les condamner à la perdition. Elles s'adonnent aux plaisir de la chair avec des hommes qui ne sont pas leur mari, et avec d'autres femmes.

Visiblement, le prêtre croyait fermement qu'il n'y avait rien à sauver en Meisa. Et nul ne pourrait ébranler sa Foi; il savait qu'il n'y avait aucun autre moyen pour un homme d'en être un de valeur et de vertu que celui de partager la seule vraie Foi.

Dans les faits, selon la pensée même de la Foi, il n'était pas dans le tort. Les Écritures ne laissaient aucune place au doute. Mais il restait préoccupé parce qu'Alecto semblait avoir perdu de sa ferveur; elle qui était une farouche, très farouche amoureuse de sa religion, comme le prouvait sa cuisse meurtrie par des années à porter le cilice et les marques de brûlures témoignant de ses séances de purification et de confession. Il pouvait même dénoter qu'elle pratiquait toujours cela, mais Alecto semblait manquer de… rigueur. Elle était prête à défendre cet homme, parce qu'elle croyait fermement en sa bonté. Cela était pour le moins inquiétant. De plus, elle continuait d'en appeler à sa bonne nature, demander au prêtre d'accorder à cet homme répugnant et ingrat le bénéfice du doute. Elle lui rappela qu'il était l'un de ceux qui avait tenu tête aux autorités pour la protéger de la loi des hommes.

Mais ce n'était pas la même chose. En tant que son confesseur et le prêtre de sa paroisse, il était de son devoir de protéger ses ouailles au meilleur de ses capacités, et de plus… il ne voulait pas que la jeune Alecto soit perdue. Hors de portée. Déjà bien jeune, elle démontrait la dévotion requise pour qu'il puisse la consommer sans répercussion; après tout, quel enfant de chœur, dévoué à Dieu et convaincu de faire son œuvre, oserait divulguer l'amour particulier que lui vouait son protecteur?

-Je vois que tu n'as pas répondu à mes questions, Alecto.

Il laissa doucement aller un soupir, avant de lui prendre le visage de ses mains.

-Ma pauvre enfant. Souiller une élue de notre Seigneur… Cet homme n'en est pas un. Et il n'y a qu'une seule façon pour te purifier. Cela me brise le cœur, ma pauvre Alecto, mais pour ta grande destinée…

Le prêtre prit doucement la jeune femme par le bras.

-N'aie pas peur.

Et il l'emmena dans la salle suivante, sans lui laisser l'opportunité de se rhabiller. De toute façon, elle n'aurait assurément pas besoin de ses vêtements. La chambre, modeste si délabrée, était décorée de nombreux symboles de leur Foi. Il la déposa sur le lit, puis tira de sa robe un épais volume, que la jeune femme pouvait reconnaître comme une copie, très dispendieuse, des Saintes Écritures. Il commença par une prière simple, puis tourna les pages, comme cherchant le passage qui l'intéressait.

Il lut le passage à voix haute. Si une femme aimée de Dieu est contrainte par la force, l'égarement ou sa simple condition de femme d'être connue par un hérétique ou un apostat, et qu'elle accueille en elle la semence du Diable, le prêtre du rituel doit purifier la brebis égarée. L'égarée doit être accueillie, sans se voiler à la vue du Seigneur, dans une pièce consacrée à Notre Père notre Créateur. L'encens doit être brûlée pendant le rituel. Le prêtre s'arrêta de lire quelques moments pour s'approcher d'une armoire et il l'ouvrit. Dedans se trouvait toute sorte d'objets et de plantes, et l'homme en tira de l'encens préparée. Après quelques secondes, il parvint à allumer l'encensoir, qu'il laissa fumer tranquillement derrière lui. Le prêtre doit être un ministre approuvé par le Seigneur et ses ministres terrestres. Comme l'égarée, il doit être dévoilé à la vue du Seigneur. Et le prêtre retira ses propres vêtements, ne gardant sur lui que les symboles religieux dont il était affublé. Certains étaient même horriblement cousu à sa chair. Le corps du ministre n'était pas celui qu'on s'attendrait d'un vieillard; bien que maigre, son corps conservait une certaine force physique, probablement dû à des années de rigueur.

Il lut enfin l'ultime passage.

L'Égarée se doit d'accueillir le Prêtre, car par la semence de son ministre, notre Seigneur luttera le démon qui s'est infiltré en elle. Si elle lutte, le prêtre se doit de s'armer de rigueur et de fermeté, et user de la force si nécessaire.

Ainsi avait parlé leurs prophètes. Le prêtre s'approcha alors d'Alecto et posa une main sur sa tête.

-Je ne veux pas te faire de mal, Alecto. Tu dois comprendre que le péché est en toi, maintenant. Notre Seigneur a le pouvoir de te pardonner et de chasser le péché, mais seulement si tu te conformes à ce rituel. Et je refuse de laisser le péché en toi, mon enfant. Je ne te laisserai pas accepter la damnation pour les beaux yeux d'un hérétique, d'un criminel et d'un ennemi de notre Foi. Je le refuse!
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mardi 15 septembre 2020, 22:57:15
Alecto se sentait désemparée. Elle avait toujours eu une confiance aveugle en Thorius, depuis toute petite, et de manière indéfectible encore, lorsqu’il avait été le seul à la croire, quand tous l’accusaient d’avoir tué un notable. Lui, avait écouté et lui avait fait confiance, avait cru ses aveux, et la version la plus dérangeante de l’histoire, mais pourtant la vérité. Il n’avait pas eu besoin de preuve, pas non plus qu’elle le supplie de lui accorder le bénéfice du doute, non… Il l’avait immédiatement crue. Tous lui avaient tourné le dos, notamment ses Sœurs, et Thorius avait été la seule lueur d’espoir dans un océan de ténèbres.

Elle était promise à l’échafaud, et grâce à son intervention, à sa prestance et son influence, à celle de l’Ordre, la jeune fille n’avait été qu’Esclave. Une vie de pénitence et de labeur, une vie privée de toute liberté, toutes sauf sa Foi. Son Mentor le savait. Mais cette fois… Il ne la croyait pas.

Quelque chose en elle se brisa, se sentant à nouveau terriblement seule, contre l’Ordre. Pourtant, elle n’avait pas renié ni sa ferveur ni sa loyauté au Seigneur, elle le priait, elle espérait même ranimer le Culte parmi les humbles de Meisa. Par sa présence, par l’affection que lui accordait le Roi, Alecto avait songé qu’il pourrait, peut-être, exister un moyen d’adoucir les relations entre l’Ordre Immaculé et le Royaume.

Alors que tout son être hurlait, à l’intérieur, que le Prêtre avait tort, qu’elle n’était pas ensorcelée, et que Serenos n’était en rien le Diable, un déclic salvateur se fit, plutôt une sorte de verrou. Celui qui la sauvait toujours. Quelque chose lui dicta de ne plus contester, de ne pas chercher à convaincre son Mentor, pour qui elle avait tant d’admiration… L’Acceptation. La Résignation. La Soumission.
Elle voyait dans son regard un sentiment qui la détruisait. Elle aurait beau faire preuve d’arguments infaillibles, jamais Thorius ne la croirait. Elle n’avait pas ce pouvoir. Elle ne réussirait plus à le convaincre.

Les yeux clairs de l’Esclave, rougis par les sanglots, se firent plus mornes, laissant échapper ce qui restait de chaleur, en même temps qu’elle se résignait. Lentement, docile, Alecto baissa les yeux, comme d’anciens réflexes qui revenaient si naturellement en elle. Comme s’ils faisaient partie d’elle. La tête basse, presque rentrée dans ses épaules, elle avait suivi le Prêtre sans rechigner une seule seconde.

Elle comprit dès les premières lignes qu’il lut à haute voix. Elle connaissait les Saintes Ecritures, bien qu’elle ne se soit jamais attardée sur ce passage.

L’encens commença à lui piquer la gorge, déjà légèrement sèche malgré ses larmes, et elle n’osa aucunement relever le regard lorsqu’elle entendit la bure tomber au sol, et devinait devant elle la silhouette nue de l’Homme d’Eglise. Elle était glacée, pétrifiée, et se sentait incapable de bouger… Elle savait ce qui l’attendait. Elle n’en avait bien sûr pas envie, et fut tentée, sans savoir comment ni pourquoi, de serrer son pendentif et de prier, non pas le Très-Haut, mais son Epoux, l’appelant à l’aide… Mais elle n’en fit rien. Elle s’y refusa, même.

Si, par un moyen magique, Serenos parvenait à saisir que son épouse était dans une situation délicate, elle le savait assez noble pour voler à son secours. Or, Alecto refusait de le mettre en danger. Elle préférait se sacrifier, s’il le fallait. Après tout, les Ecritures vantaient le Martyr.

Alors, assise sur le lit et contrite, les yeux fixement ancrés vers ses pieds, la jeune femme sursauta lorsqu’elle sentit la main de l’Ecclésiastique sur sa tête. Elle se sentait fiévreuse. Elle avait chaud, maintenant, mais était glacée à l’intérieur.

Elle avait tant péché…
Thorius cherchait à sauver son Âme. Agirait-elle ainsi, si elle était convaincue qu’une personne qu’elle chérie d’un amour si maternel, songeait-elle, était possédé et délirait ? Ne chercherait-elle pas à le libéré de l’emprise du Malin ? Coûte que coûte ? Même contre son gré ?

Alecto avala sa salive, en frémissant.

« Il ne sera pas nécessaire d’user de la force, Mon Père. » Souligna la jeune femme, d’une voix chevrotante et maussade.

« Je suivrai les Écritures et accueillerai le Ministre que vous êtes, Monseigneur. » Affirma-t-elle encore, comme s’il était nécessaire d’assurer Thorius de son obéissance totale. Mais son corps ne bougeait pas, comme figé.

Quelque chose hurlait en elle, et, délicatement mais avec fermeté, elle fit taire cette voix interne.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mercredi 16 septembre 2020, 07:13:14
Thorius ne voyait assurément pas le mal qu'il causait à la jeune femme. Certes, il acceptait la possibilité qu'elle eut été bien traitée par le Roi, après tout, le Diable savait séduire. Comme leur Seigneur, le Diable n'avait pas qu'un seul visage. Il était un Roi dans une contrée, il était un chevalier dans une autre, il pouvait aussi bien être un petit pêcheur qu'un soldat dans une contrée en paix. Le Diable était partout, il incarnait ce que les missionnaires et les fervents croyants devaient lutter; l'hérésie, l'incroyance, le blasphème et surtout la magie. Cela ne voulait pas dire que le Diable était nécessairement un être violent, quoiqu'il puisse bien l'être. C'est pour cela qu'il ne fallait jamais croire en le bien absolu chez une personne, parce que le seul bien absolu était dans le cœur des croyants. Si Serenos aurait été un Roi et un membre de leur Foi, il aurait été forcé d'accepter que la jeune femme était hors de sa portée, mais le destin, Dieu, lui avait donné le droit, le privilège, de pouvoir sauver l'âme d'Alecto.

Comme parce qu'il lisait ses pensées, le prêtre s'approcha et essuya délicatement les larmes qui coulaient sur les joues d'Alecto, et posa un baiser sur son front.

-Je sais que tu crois sincèrement en la bienveillance de ce Roi, ma petite Alecto. Mais tu sais que, peu importe à quel point il est bon et doux, il n'a pas accepté le Créateur comme son souverain éternel. Tôt ou tard, il aurait ébranlé ta Foi, Alecto, parce que c'est ce que les païens font. Ils nous tentent, avec leur mode de vie. Ils nous persuadent qu'au final, il n'y a aucune conséquence à nos transgressions.

La Foi. C'était tellement difficile de s'y tenir. Une vie entière à lutter pour rester dans le droit chemin, à se battre contre la pensée, discrète mais constante, que peut-être, il n'y avait pas de souverain céleste qui nous attendaient. Peut-être même que les Païens, les adorateurs des Dieux de l'Olympe, sont sur la bonne route. Ces dieux-là, disaient-ils, se manifestaient chez les hommes, leur accordaient leurs miracles directement. Mais un souverain, un vrai souverain, ne se mêlerait pas ainsi de la vie de ses sujets. C'est pour cela que leur Seigneur était si puissant; il n'avait pas besoin d'apparaître pour que ses ouailles croient en lui; c'est l'essence même de la Foi. Autant ils croyaient en leur Dieu, leur Dieu croyait en eux, et donc ne s'abaissait pas à leur porter secours dans tous leurs petits malheurs. À travers leur Foi, tout simplement, ils devaient trouver la force de surmonter les épreuves que la vie leur réservait. Ce n'était pas la faute de Dieu s'il y avait un meurtre, un massacre ou même un génocide; c'était la faute des païens, des faux-croyants, parce qu'aucun être de Foi ne s'adonnerait à de telles atrocités, et pour s'assurer que le nombre de meurtriers, violeurs et tout autre genre de criminel s'amenuisent, ils devaient les éradiquer, par la force des armes ou par celle de la conversion.

Les mains de Thorius s'aventurèrent sur le cou de la jeune femme, sa nuque, ses épaules, venant bien vite caresser sa poitrine. Il se mit alors à marmonner des prières, comme pour la bénir et chasser le péché qu'il trouvait sur sa peau. Mais peut-être, seulement peut-être, priait-il pour lui-même, pour se protéger du regard de la jeune femme. Il se prépara alors au reste du 'rituel' pour se rendre compte qu'il n'était pas… 'prêt à l'action'. Entre ses jambes, son attribut viril pendouillait misérablement, lui qui était pourtant bien érigé quelques minutes plus tôt. Quelque chose ne lui sied pas. Peut-être était-ce parce que dans tous ses fantasmes, elle se débattait sous ses mains? Peut-être était-ce parce qu'il avait l'habitude d'être repoussé? Non. C'était beaucoup plus simple que cela.

-Tu vois, ma chère Alecto? Ce magicien ne veut pas que tu sois sauvé. J'ai pratiqué ce rituel sans aucun problème plusieurs fois par le passé.

Une idée lui vint alors.

-Peut-être que ton toucher pourrait… Après tout, tu es tout de même une Élue… et puis, tu dois bien savoir comment faire…
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 16 septembre 2020, 09:47:32
Ignorant tout des émois et réflexions du Prêtre, Alecto s’était renfermé au point d’avoir du mal à entendre convenablement les paroles de son Mentor. Cette capacité avait ainsi put lui sauver la vie à de nombreuses reprises, lorsque ses Maîtres abusaient d’elle… Ne pas se rebeller, subir sans broncher, cela sauvait les Esclaves, car les plus récalcitrants étaient battues, elle avait assisté à nombre de coups. Enfin… même en étant obéissante, l’on se faisait punir… ses nombreuses cicatrices l’attestaient.

La caresse de Thorius sur son visage la fit trembler, mais elle se sentait étrangement apaisée qu’il s’agisse de lui… Que se serait-il passé si sa Purification avait dû être effectuée par un inconnu ? Thorius était son Précepteur, presque la seule représentation d’un père, pour elle. Elle songeait qu’il devait détester autant qu’elle ce qui arrivait, loin de s’imaginer combien il avait rêvé de son corps et de le posséder. Et loin d’imaginer qu’il désirait la voir se débattre…

Mais Alecto ne ressentait aucun désir pour cet homme, alors que ses mains descendaient sur son cou et ses épaules, et que cette sensation la dérangeait de plus en plus, croyant qu’il se sacrifiait lui aussi pour la sauver, et sursautant lorsque les doigts noueux du Prêtre s’aventurèrent sur sa poitrine. Elle interpréta ses prières pour un encouragement, pour lui-même, à continuer le Rituel malgré le fait qu’il n’en avait pas envie. Après tout, elle savait qu’il avait fait vœux de Chasteté, et qu’il devrait le renier pour elle, pour la libérer de l’emprise, pensait-il, du Diable.
L’Esclave était persuadée que Serenos n’était pas cette créature manipulatrice et tentatrice… Mais… N’avait-elle pas été tentée par son corps ? Dès leur rencontre, elle avait osé l’observer au-delà de ce qu’il était permis, elle l’avait trouvé petit à petit très attirant, c’était émue de ses gestes, et sa gentillesse. Elle… l’avait désiré. Avec horreur, elle se rendit compte que songer à son Roi alors que des mains la caressaient la faisait frémir.

Fort heureusement, Thorius brisa la psalmodie de ses prières pour constater le manque de désir de son corps, et Alecto ne put s’empêcher de lever les yeux, tombant droit sur le membre du Prêtre, la faisant rougir. Cela confirma encore ce qu’elle pensait… Son Mentor se sacrifiait pour elle...
Doucement, elle acquiesça et avala difficilement sa salive. Il faudrait qu’elle l’aide à la sauver. Et il avait raison là-dessus, durant ces longues années d’esclavage, la jeune fille avait bénéficier d’expérience lorsqu’il fallait satisfaire ses Maîtres. Elle savait mettre de côté son dégoût, même, pour effectuer sa besogne.

Le regard toujours posé sur le sexe de son Mentor, elle leva les mains jusqu’à lui, et ses paumes glissèrent alors sur sa peau, le haut de ses cuisses, l’aine, le bas du ventre. Durant plusieurs minutes, impassible, Alecto évita savamment ce membre qu’elle devait rendre vigoureux. Etrangement, ses mouvements étaient tremblants certes, mais non dénués d’efficacité. Elle avait agi ainsi à de nombreuses reprises par le passé.

Enfin, après avoir laissé la frustration monter, docile, la jeune femme effleura la peau sensible de son entre-jambe, lentement, d’abord, et au moment où ses caresses devinrent plus fermes, l’Esclave releva les yeux vers le visage de son Professeur, comme on le lui avait appris. Beaucoup de ses Maîtres devenaient fou de désirs dès qu’elle les regardait ainsi, pendant qu’elle s’occupait d’eux. Mais elle savait quelle était la prochaine étape, et cela la rebutait. Elle prit une inspiration plus profonde, qu’elle espérait discrète, et approcha son visage de ses mains.

Elle était allée à bonne école… Pour qu’il soit en pleine forme, souvent, ses mains ne suffisaient pas. Peut-être parce qu’elle était trop gauche, ou mollassonne ? Quelle qu’en soit la raison, Alecto avait apprit qu’elle devait accompagner ses caresses de sa bouche. Alors, lentement, elle entrouvrit les lèvres, et sa langue vint le lécher timidement, le visage blanc, s’appliquant à continuer à glisser ses paumes avec plus de vigueur.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mercredi 16 septembre 2020, 10:34:02
Si Thorius avait été un homme moins intelligent, ce que malgré son endoctrinement profond et tordu il n'était assurément pas, il aurait pu être surpris du manque d'énergie que démontrait Alecto dans son devoir de servante du dieu unique. Il voyait bien qu'elle ne prenait aucun plaisir à ce qui se déroulait, et si cela ne le réjouissait pas de la voir aussi récalcitrante, il ne pouvait qu'admettre que sa soumission à leur mère l'église était tout à fait louable. Elle ne posait pas de question, elle ne commentait pas, elle acceptait son lot avec un abandon complet. Elle était peut-être terrifiée, blessée, mais comme toute bonne endoctrinée, elle n'oserait jamais aller à l'encontre des consignes d'un ministre de son dieu.

En dehors de sa propre satisfaction et de son plaisir de voir sa jeune élève se soumettre à lui, Thorius voyait également que le démon qui l'avait possédée n'avait pas une aussi grande emprise qu'il ne l'avait cru. Si elle avait été complètement dominée par le Roi de Meisa, elle se serait refusée à ce rituel. Elle aurait hurlé, elle aurait lutté, mais sa dévotion envers le seul et unique souverain des cieux était si parfaite que même dans son égarement, elle reconnaissait la nécessité de cette pratique. En quelque sorte, le Prêtre était un peu déçu de l'inefficacité du Roi à mener la jeune femme sur le chemin de la perdition, car cela ruinait complètement son désir d'être un rédempteur, et d'user de ce rituel, de son corps, pour que par l'amour du Seigneur il ramène Alecto sur le droit chemin. De plus, il aurait peut-être dû prévoir que les années de supplice que son élève avait dû encaisser avait assurément laissé en elle des dégâts qu'il n'avait pas correctement apprécié à leur juste valeur. Pour une esclave, ce qu'il faisait, après tout, n'était rien de bien exceptionnel. Et de plus, il le faisait pour elle.

Il le voyait cependant en elle. Il voyait cette résistance qu'elle tentait de cacher. Elle ne le faisait pas pour elle-même. Elle se soumettait parce que c'était ce qu'elle devait faire, et en soi, cela était encore pire, bien pire, que ce qu'il avait imaginé. Lutter physiquement signifiait qu'il pouvait la soumettre et faire qu'elle soit en son pouvoir, mais sa seule rébellion était son impassibilité. Elle ne craignait pas sa virilité, et elle n'en était pas plus émue. Au bas mot, elle donnait simplement l'impression qu'elle n'en avait rien à faire. L'acte en lui-même ne l'intimidait plus, surtout lorsqu'elle ne le désirait pas elle-même. Certes, elle tremblait, mais probablement parce qu'elle était répugnée par ce qu'elle devait faire.

Après quelques minutes d'attention, le sexe du prêtre commenca à prendre de la vigueur, et il décida qu'il était temps de passer aux choses sérieuses. Il reprit sa prière et, sans lui laisser l'opportunité de s'en sauver, Thorius inséra le gland de son membre dans la bouche de la jeune femme et commença le rituel par la 'purification' de cette bouche pulpeuse. Et ce n'était en rien une expérience agréable pour la jeune femme, car il s'enfonçait sans la moindre douceur dans sa bouche et sa gorge, lui tirant la tête par les cheveux jusqu'à ce que son membre ait complètement pénétré sa gorge. Elle ne pouvait même pas appeler à l'aide, parce que malgré son âge avancé, dans les environs de la cinquantaine avancée, le prêtre restait étonnamment fort. Si elle luttait, cela ne faisait qu'encourager l'homme, qui continua son rituel avec une force presque brutale, psalmodiant les prières rituelles comme si le fait de réciter les écritures sacrées suffisait à justifier son geste.

Pour Alecto, cela n'était pas nécessairement une surprise. Aucun rituel n'était fait pour être agréable. La plupart des rituels de 'purification' était même tout simplement des copies barbares de pratiques religieuses, créés pour punir le pécheur et le péché. C'était la même école de pensée qui justifiait l'existence de pratiques mutilatrices, du fouet et du cilice, car à travers le sacrifice de la chair, à travers le malheur que le croyant s'inflige, cela renforçait le sentiment que sa rédemption était sincère, alors que, dans les faits, un dieu, qu'il soit unique ou non, possédait normalement suffisamment de contrôle sur le monde de la pensée pour savoir si, oui ou non, un croyant était sincèrement désolé ou non, ils n'avaient pas besoin de ces pratiques sauvages. Même qu'il ne fut jamais écrit, dans aucun livre, que la douleur était absolument nécessaire pour acquérir le pardon divin. Ce sont les membres de l'Ordre Immaculés qui prêtaient à leur Seigneur une soif de sang.

Thorius repoussa bien vite la pauvre Alecto contre le lit et la força sur le ventre, lui tirant le bassin pour la forcer à relever les fesses. Lui écrasant la tête contre la paillasse, il continua ses prières alors qu'il s'enfonçait dans son intimité et commença à la pénétrer sans la moindre écoute pour ses protestations, suppliques ou autre. Son membre continuait de coulisser en elle, heurtant douloureusement le col de son utérus.

-Tu dois demander ton pardon, Alecto… mmh… Prie avec moi pour ton salut…!
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 16 septembre 2020, 11:07:10
Si Alecto avait réussi à se résigner alors qu’elle ne faisait que caresser le membre de son Mentor, le lécher la rendait bien plus active, et à mesure qu’elle le sentait, sous la langue, réagir et durcir, elle commençait peu à peu à s’inquiéter des étapes suivantes. Si elle avait bien compris les Ecritures, celles-ci n’étaient évidemment pas détaillées sur les pratiques dont pouvaient user les Ministres divins. Peut-être suffirait-il que Thorius jouisse dans sa gorge ? Elle estimait que ce serait rapide et un moindre mal pour eux deux mais…

Une seconde, elle eut un flash de réminiscence, cette posture lui rappela ses ébats avec son Epoux, et elle sursauta de surprise en ressentant des frissons entre ses cuisses. Mais ce fut fugace, car un hoquet choqué fut brisé par ce sexe qui pénétra sa bouche, sans aucune bienveillance. Elle écarquilla de grands yeux, peinant à respirer sous la surprise, et cherchant de l’air.
Thorius avait repris ses prières lancinantes, qui faisaient vibrer l’atmosphère autour d’eux, et les lourds mouvements de coulisse jusque dans sa gorge, brutaux, lui faisaient perdre l’équilibre. Alecto s’étonnait que son Mentor ait autant de force, et à cet instant, elle prit peur de la suite.

Son cuir chevelu la brûlait horriblement, alors qu’il lui tirait les cheveux pour s’enfoncer toujours plus sèchement dans sa bouche, écartant ses lèvres avec une facilité déconcertantes, alors qu’elle avait un réflexe idiot de resserrer la mâchoire. Elle frissonna en songeant que son ancien Professeur paraissait bien moins se sacrifier.

Elle releva ses yeux humides vers son visage pour chercher à lire son expression mais, à son grand désarroi, elle fut repoussée sans ménagement contre le lit, la joue écrasée contre la surface et elle sentit les mains du Prêtre remonter son bassin. La panique la gagna, même si elle savait qu’elle devait obéir. Alecto n’avait pas l’intention de s’y soustraire, ou de contester, mais son corps se convulsait légèrement, comme s’il était indépendant de son esprit résigné.

Sa gorge lui faisait encore mal. Elle n’en savait rien, mais sa légère résistance devait plaire au Prêtre… Il s’enfonça en elle, lui arrachant un cri aigu. La jeune femme n’éprouvait aucun désir pour la situation, et son manque d’excitation rendait chaque mouvement de ce membre dur en elle des plus désagréable. L’Esclave serra les dents et agrippa le drap pour subir son sort sans pleurer, s’échinant à garder les fesses hautes pour assurer à son Mentor une meilleure prise pour la Libérer.

Elle souffrait, Thorius n’était ni doux, ni tendre, il la prenait avec force, ses mains étonnement puissantes la retenant au sol. A sa place. A sa place, songea-t-elle. Le Rituel opérait peut-être ? Elle commençait à se dire qu’elle n’aurait jamais dû rêver de s’élever plus haut que ce traitement abject. N’avait-elle pas fait preuve de vanité ou d’orgueil, en se sentant digne d’être une Reine ? N’avait-elle pas renié totalement les valeurs Cléricales lorsqu’elle avait fait l’amour, tant de fois, et ressentit autant de plaisir avec Serenos ? Elle n’avait pas fait que subir ses assauts non… Parfois, elle les avait provoqués. Parfois, elle avait exprimé son désir profond pour cet homme. Elle l’avait aguiché, elle l’avait tenté !

A chaque coup de reins brutal, Alecto se rendait compte d’un nouveau péché, et de son immoralité. Le châtiment du Prêtre opérait à merveille…

« Je suis une pécheresse ! J’ai péché ! Oh oui, j’ai péché ! »

Se mit-elle à murmurer, de plus en plus fort, encouragée par les prières, l’encens qui lui tournait la tête, et le choc de ce sexe qui écartait ses chairs avec violence.

« Je vous en prie Monseigneur, je vous en prie, accordez-moi votre Pardon. Je demande votre Miséricorde et la Rédemption, je vous en prie, je vous en prie. »

Elle était au bord du hurlement, la voix cassée, désormais, les larmes coulant sur la paillasse qui lui râpait la joue. Alecto sentait ses entrailles en feu la faire souffrir encore et encore plus, fermant les paupières soudain avec force, tant cela devenait insupportable, et entamant de longues prières entêtantes.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mercredi 16 septembre 2020, 11:51:50
Alors que Thorius besognait la jeune Alecto comme une vulgaire catin, en réponse à l'angoisse grandissante de la jeune femme, le médaillon du Roi de Meisa, plus exactement les yeux de l'effigie du Sombrechant, se mit à briller légèrement.

Les coups de reins de Thorius continuèrent pendant de longues minutes qui devaient sembler durer une éternité à la jeune femme, et peut-être était-ce en raison de son âge ou simplement parce qu'il avait des problèmes érectiles, mais il fut forcé, en raison de l'absence d'un orgasme, de reprendre les prières du début pour accompagner la prolongation de ces ébats. Il s'y adonnait de plus en plus férocement, tentant d'atteindre un orgasme et de purifier sa pauvre soumise, mais rien ne lui venait, et bientôt, il s'arrêta, remarquant que l'encens ne brûlait plus. D'ailleurs, il avait peut-être dû fermer les yeux, mais même le feu de l'âtre ne semblait plus propager la moindre lumière, et pourtant il était toujours allumé. Il pouvait encore discerner son environnement, mais il n'y voyait presque rien

Une ombre passa devant lui, et il fut arraché à ses ébats, tombant lourdement sur le sol. Le bois craqua sous son poids et il renversa accidentellement un vase décoratif, le brisant sous son poids, avec certains morceaux qui s'enfoncèrent dans la peau nue de sa paume. Endolori, sonné, il se releva lentement, titubant. Son regard balaya les ténèbres, cherchant son agresseur, mais il ne pouvait rien y voir. Sa main agrippa nerveusement le tisonnier, qu'il savait près de la cheminée, et il le brandit comme une arme. Cette fois, l'ombre revint à la charge et l'homme fut heurté brutalement au visage. Il agita avec panique le tisonnier dans les airs, et il sentit soudainement une résistance. C'est alors que ses yeux perçus le regard incandescent, irradiant de lumière et de rage, de l'homme qu'il ne s'attendait pas à voir dans une pièce consacrée au Seigneur.

Le Roi Serenos de Meisa.

La pointe du tisonnier dans sa main droite, le monarque le lui arracha des mains d'un geste brusque et lui flanqua un coup de la poignée en plein visage, envoyant le prêtre nu s'affalé sur le sol. Le prêtre gémit de souffrance en se tenant la bouche alors que le sang lui coulait entre les doigts; il devait avoir quelques dents de brisées. Le souverain ne sembla pas lui porter plus d'attention pour le moment et regarda Alecto, prostrée ainsi pour un autre homme. Tout cela pour une religion. Il regarda les symboles autour de lui, tous utilisés pour extirper les mauvais esprits. Il s'approcha de sa femme, puis il la couvrit de sa cape, la posant sur ses épaules. Il la regarda dans les yeux, un moment, puis il lui mit une claque sur la joue. Pas assez fort pour lui faire mal, mais assez pour lui faire comprendre son mécontentement.

-Tu aurais dû crier, lui dit-il, avant de la prendre dans ses bras. Si tu avais crié, je t'aurais entendue. Je serais venu…
-Relâche-la, démon! Tu n'as pas d'emprise sur elle!

Il regarda le mur derrière sa femme, alors que sa colère, à peine contenue, grimpait d'un cran encore. Il posa un baiser sur la tempe de sa femme, ainsi que sur la joue qu'il avait giflé, avant de se tourner vers le prêtre, qui tenait devant lui un rosaire. Ce petit objet aurait pu avoir une certaine efficacité sur de vrais démons, ou des esprits maléfiques, mais entre les mains d'un homme tel que Thorius, ses effets n'auraient été rien comparativement à un homme doté d'un cœur pur et d'un esprit saint.

-Je ne suis pas un démon.

Serenos s'approcha du prêtre, l'œil brillant encore davantage tant il tentait de contrôler l'orage d'émotions qu'il ressentait à cet instant, aucune ne laissant présager quoi que ce soit de bon pour le prêtre.

-Je suis un homme. Je suis un amant. Je suis un mari. Et vous avez usé de la Foi de mon aimée pour satisfaire vos propres désirs.

La main du Roi écarta brutalement le rosaire et le bras tendu du prêtre, avant d'agripper celui-ci par la gorge.

-Pour votre crime, je demande réparation. Je vous prive de votre langue, qu'elle ne manipule plus jamais la parole divine pour vos desseins.

D'un geste brusque, la main du Roi enfonça deux doigts dans la bouche du prêtre, alors qu'il se débattait pour trouver de l'air. Les doigts s'enfonçèrent jusque dans la gorge, à la base de la langue, et d'un geste, il enfonca ses ongles dans le muscle et tira d'un coup sec, arrachant l'organe qui tomba sur le sol. Thorius hurla de douleur et, alors que le Roi le relâchait, tomba au sol en se tenant la bouche, crachant le sang qui lui remplissait la gorge. Le Roi le poussa alors du pied, et pressa son genou contre la poitrine de Thorius.

-Et je vous prive de votre virilité, qu'elle ne serve plus à blesser quiconque.

Et sans la moindre hésitation, malgré les grognements de protestation de sa victime, le Roi empoigna l'arme sexuelle du prêtre, incluant les bourses, et tira dessus. Le prêtre hurla à plein poumons, crachant du sang sur son propre visage, paniquant et se débattant, jusqu'à ce que dans un 'shlop', ses parties génitales lui furent brutalement arrachées. Le Roi les jeta dans les flammes, sans la moindre pitié, et se releva, chassant de sa main le sang qui y coulait d'un geste de la main.

Il se tourna alors vers Alecto, et la prit dans ses bras, avant de lui murmurer à l'oreille.

-Rentrons chez nous.

Il posa son front contre le sien, l'emmenant vers la sortie, avec la ferme intention, dans son cœur, de braver les forces ecclésiastiques et l'Armée Sainte au complet si quiconque tentait de lui reprendre sa femme.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 16 septembre 2020, 14:37:00
Tout comme le Rituel lui semblait durer une éternité, à mesure qu’elle s’habituait de la pire des façons à la douleur régulière, serrant les draps de ses petits poings aux jointures endolories, les événements qui suivirent lui parurent soudains, et d’une rapidité folle. Alecto ne comprit pas exactement ce qui lui arrivait, et ne voyait pas bien ce qui ressemblait à un affrontement. Une seconde, elle crut deviner la silhouette de son Epoux, mais elle avait dû rêver…

Cependant, les coups suivirent, Thorius chercha à se défendre, en vain. Elle avait mal aux reins et put difficilement se retourner pour tenter de percevoir quoi que ce soit. Alors, elle le vit. Son cœur morne accéléra d’un coup, et elle ressentit confusément de trop grandes émotions mêlées. D’abord, bien sûr, le soulagement. Mais immédiatement suivi de la terreur, et la culpabilité. L’immense et implacable effroi de constater que Serenos était ici, qu’il avait attaqué un Prêtre de l’Ordre, et qu’il l’avait vue ainsi. Sa gorge sèche tenta bien de parler, mais elle s’en trouva incapable.

Lorsqu’il s’approcha d’elle, une seconde, elle fut rassurée par le réconfort de sa mante sur ses épaules, mais la gifle sur sa joue la fit hoqueter, venant plaquer sa paume sur la peau endolorie, choquée. La bouche grande ouverte, elle écouta son reproche, contradictoire avec l’étreinte. Aurait-elle dû crier ? Était-ce de sa faute ?  Elle venait de subir un acte barbare, qu’elle avait certes accepté sans rechigner… Mais ne pas appeler au secours la rendait-elle coupable ?

Mais le Prêtre semblait ne pas permettre que Serenos reprenne son Epouse, et malgré les coups qu’il avait pris, n’avait pas dit son dernier mot. Cette scène la choqua de manière durable. Pourrait-elle encore fermer les yeux sans revoir la main de son Roi s’enfonçant dans la gorge de son Mentor, pour lui arracher la langue ? Elle ne put supporter ce spectacle plus longtemps, et détourna les yeux, un haut-le-cœur la soulevant.

Serenos venait d’émasculer et de mutiler un homme à mains nues. Il venait de blesser sans sourciller un Ecclésiastique de l’Ordre. De ses propres mains. Alecto se rendit compte à quel point elle avait ignoré la force de son mari, son pouvoir et sa puissance. L’Esclave se cachait le visage dans les mains, et bouchait ses oreilles, pour éviter t’entendre les couinements rauques de son Professeur, en larmes. Le bruit de ces deux mutilations résonnait encore à ses oreilles, elle était terrorisée. Comment son Roi pouvait-il était aussi bestial, elle qui l’avait connu si doux et attentionné ?

La tête lui tournant, elle craignait de vomir, ou de s’évanouir tant elle se sentait mal, et lorsqu’elle fut soulevée par son Monarque, la jeune femme paraissait sur le point de tourner de l’œil. La tête lui tournait, et son visage livide était marqué des sillons de ses sanglots. Hagarde comme après une profonde déflagration près d’elle, un bruit sourd avait envahi son cerveau, et elle tourna des yeux horrifiés vers la silhouette maculée de sang de Thorius, pendant que Serenos la portait pour quitter les lieux.

Elle avait provoqué cela.
Elle était responsable de tout cela.

Murée dans un silence tremblant, Alecto n’osa pas croiser le regard de son époux. Elle ne réfléchissait même pas encore aux graves conséquences politiques de cet événement pour les Royaumes, pour son Roi, ou pour elle-même. Elle avait en tête le déchirement de la chair et l’odeur âcre du sang. La Jeune femme aurait dû parler, remercier son Mari, qui avait volé à son secours… Elle aurait dû lui avouer ce qui s’était passé dans le détail.

« Je… »

Mais quelque chose l’en empêchait.
Le regard fou de rage de Serenos lui restait en mémoire, les actes barbares qu’il avait commis. Pour elle, certes. Et le Rituel… Elle n’était pas purifiée. Elle n’était pas Pardonnée.

Sur la route jusqu’au Palais de Meisa, Alecto ne cessa de trembler, sursautant à chaque mouvement de son porteur. La giflerait-il encore ? Allait-il la punir d’avoir accepté le Rituel ?
Avec peine, et douleur, elle chuchota alors, d’une voix éraillée et peureuse.

« V… Vous… » Elle se reprit, comme si le vouvoiement était naturel lorsqu’elle était intimidée. « Tu avais dit… que tu n’exercerais aucune… vengeance… sur ceux qui m’ont. Maltraitée. »
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le jeudi 17 septembre 2020, 10:53:16
-V… Vous… tu avais dit… que tu n’exercerais aucune… vengeance… sur ceux qui m’ont… maltraitée.
-Et je tiens toujours parole.

Une fois loin de l'enclave, Serenos posa un regard sur sa femme.

-Je t'ai promis de ne pas chercher vengeance sur tes anciens maîtres, et je ne les rechercherai pas, mais personne, en Meisa, n'a le droit de faire ce que le prêtre t'a fait. Personne n'a le droit de blesser autrui. D'ailleurs…

Le Roi leva son poing et s'asséna un violent coup sur la pommette droite. Il grogna sous l'impact et secoua la tête vivement. Normalement, un humain ne s'infligerait pas lui-même une douleur suffisamment élevée, mais grâce à son contrôle phénoménale sur son corps et esprit, le Roi pouvait s'infliger des tourments conséquents même sans l'assistance d'autrui.

-Cela vaut aussi pour moi.

Inutile de dire que dans ce cas, le Roi devrait se soumettre à une punition pour ce qu'il a fait au prêtre, puisque, de toute évidence, il l'avait effectivement blessé. Cependant, Serenos avait agi non seulement en tant que mari et protecteur d'Alecto, mais également en tant que juge et exécuteur, car en tant que Roi, il pouvait se permettre d'agir ainsi. Il ne pouvait pas comprendre ce que la jeune femme pouvait bien ressentir, mais il ne pouvait pas simplement accepter que quelqu'un utilise sa Foi contre elle. Ce n'était pas acceptable, ce n'était pas juste. Et même s'il devait être haï pour cela, il était prêt à l'accepter.

Après quelques minutes de marche, le Roi s'arrêta, regardant la femme qu'il avait épousée. Plutôt que de continuer vers le palais, il l'emmena dans une autre partie de la ville. Le décor changeait graduellement. Là où les décorations de la ville s'inspiraient des couleurs nationales, l'argent et le noir, de nombreuses maisons décoraient leur façade avec des couleurs plus chaudes, plus sensuelles, telles que le rouge et le pourpre. Le Roi se posa avec elle près d'une fontaine où de nombreuses autres jeunes femmes se nettoyaient.

-Il y a une raison pour laquelle je n'adhère pas à ta foi, Alecto. C'est une chose que tu ne pourras jamais changer chez moi.

Il leva une main et montra les environs. Des femmes riant en s'échangeant des potins, des hommes gaillards et énergiques qui tentaient de les séduire, quelques-uns ayant un quelque succès, d'autres s'esclaffant de leur propre manque de succès. Des enfants courraient dans les rues, sans le moindre souci, ne voyant ni vice ni cruauté. À quelques pas d'eux, un jeune père essayait de changer les langes sales de son poupon sous le regard découragé de son épouse. Autour d'eux, il n'y avait pas cette crainte de faire quelque chose de mal, parce que la vie surpassait la Foi.

Le Roi leva une main et la cape qui couvrait sa femme changea d'apparence, devenant une robe. Les couleurs restaient les mêmes, la fourrure également, mais il n'avait pas besoin de la tenir en place et elle ne risquait pas de se découvrir par accident. Le Roi regarda sa femme dans les yeux, et s'éloigna un peu d'elle.

-Je vais te raconter une histoire, et cette histoire, tu es libre d'y croire ou non. Si tu choisis d'avoir confiance en moi, alors, je te présenterai les preuves de ce que j'avance. Si tu n'y crois pas, alors… Eh bien, tu es assez grande pour prendre tes propres décisions, même si tu n'y es pas habituée.

Et le Roi parla.

Il y avait peut-être une décennie de cela, le Roi de Meisa était entré en conflit avec le Grand Pontife, et celui-ci avait prononcé une malédiction, au nom de son Seigneur, une malédiction qui avait, finalement, une certaine consistance. Le Roi avait cherché longtemps l'origine de cette malédiction, puisque ses propres sorts ne semblaient pas capable d'y mettre fin. Il avait donc fait un grand voyage à travers le monde, à la recherche d'un expert qui pourrait régler ce problème, et au courant de ces voyages, il avait fait de nombreuses rencontres. Des amis, et même des ennemis, mais nul ne possédait la moindre information, jusqu'à ce qu'il rencontre l'Avatar d'une créature que les humains appelaient 'divinité'.

Il raconta à Alecto comment ces grands esprits n'étaient pas eux-mêmes à l'origine du monde. Ils étaient créés en réponse au besoin du monde d'avoir des protecteurs, et des réceptacles pour les énergies dégagées par le commun des mortels. Ces grands esprits, depuis, s'abreuvent de la Foi et des concepts pour concrétiser leur existence, prenant bien vite forme physique. Tous les dieux ne naissent pas nécessairement en même temps, et certains même attendaient toujours de se matérialiser dans le monde, encore trop faible pour s'éveiller et prendre leur place.

L'Avatar du grand esprit était bien entendu au courant de l'existence du Dieu de l'Ordre Immaculé, et c'était la l'origine de la malédiction qui l'avait frappé. Cette créature, peut-être instinctivement, avait réagi à la colère d'un véritable croyant et avait porté son assistance. C'était seulement elle qui pouvait mettre fin à cette malédiction, parce que la puissance du Roi ne saurait rivaliser avec les plusieurs centaine de milliers de personnes qui vouaient à ce Dieu une Foi inconditionnelle.

-J'ai donc conversé avec votre Dieu, et j'ai fait mon cas devant lui. J'ai expliqué mon grief, du mieux que j'ai pu. Peut-être parce qu'il était encore trop jeune ou trop informe pour comprendre pour quelle raison on l'avait invoqué, il ne semblait pas plus obstiné que cela. Le jour-même, il brisa la malédiction.

Serenos croisa les bras et regarda devant lui.

-Autrefois, les mortels étaient beaucoup plus près des grands esprits qu'aujourd'hui. Maintenant, on les appelle des 'dieux'. Ils sont nos protecteurs, nos gardiens, et les hommes préfèrent en faire leur Suzerain.

Il regarda Alecto de nouveau.

-Ton Seigneur, Alecto, n'est pas une créature de colère ou de rage. C'est un grand esprit d'union. Un Gardien du Mariage, de la Famille et de la Communauté.

Peut-être que pour Alecto, cela relevait simplement du blasphème, mais Serenos ne comptait pas la forcer à accepter cette version des choses aussi simplement, mais avec un peu de réflexion, peut-être qu'elle arriverait à voir où est-ce qu'il voulait en venir. La raison d'être des péchés était même plus aisément expliquée; la gourmandise, l'avarice, l'envie, la colère, la paresse, l'orgueil et la luxure menaient inexorablement vers des conflits entre les membres d'une famille et d'une communauté.

-Voudrais-tu le voir de tes propres yeux? Te tenir dans sa grande magnificence? Pas seulement à travers ta Foi, mais également ton âme, ton esprit et ton corps.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le jeudi 17 septembre 2020, 21:00:51
La jeune femme avait écouté son Roi sans sourciller. Elle était encore sous le choc, hébétée et nauséeuse. Elle avait été choquée par le coup qu’il s’était infligé lui-même, également. Et si elle avait eu le soulagement inexpliqué de le voir les diriger à l'opposé du Palais, Alecto ne pouvait nier que ce conte que lui narrait Serenos ne lui convenait pas.

Ils ne seraient jamais en communion sur ce sujet de la Foi, il avait raison. Ce constat lui brisait le cœur, mais c'était ainsi, et se l'avouer la rendait à la fois maussade et apaisée… Il était inutile qu'elle cherche à lui exprimer les bienfaits de l'Ordre. Désormais encore moins qu'avant. Comme Thorius avant lui, Alecto n'avait pas les moyens, pas le pouvoir de le convaincre. Peu importait ses dires, fussent-ils fondés. Tort, toujours, elle aurait tort. Du moins, n'aurait-elle jamais raison. Cette sensation n'était pas nouvelle en Alecto, mais elle n'était pas agréable à ressentir de nouveau, pas vis à vis de l'homme qu'elle aimait au point de pouvoir tout sacrifier pour lui.

C'était ainsi. Ils étaient différents et avaient vécu des événements qui les amenaient à cet instant précis. Elle acceptait cet état de fait. Sans lutter. Car il y a des choses qui dépassent les Mortels, comme le narrait son Époux.

Mais ce récit, pour la jeune femme, n'était qu'une belle histoire… Encore secouée et livide, elle observait sans sembler les voir les passants. Leur vie paraissait humble, mais heureuse. Cela lui arracha un sourire attendri, mais sans joie. Peut-être d'une nostalgie qu'elle n'avait jamais connue. Ce discours au sujet d’Avatar, de grands esprits, de créature divine… La petite Esclave du Nexus ne pouvait pas l’accueillir autrement que comme un conte pour enfant. Il semblait agréable d’y croire mais… Mais pour elle, le Très-Haut n’était ni jeune, ni vieux. Ni représentable, ni représenté. Il lui semblait impensable d’évoquer même d’autres divinités.

De faux dieux. Songea-t-elle d’instinct, comme si elle entendait encore les voix sèches des Mères Supérieures au Monastère, des fadaises, des blasphèmes, oui.

Le calme avec lequel son Roi lui narrait son récit avait cependant le mérite de réussir à lui faire oublier la scène atroce qu’elle venait de vivre. Mais ce qu’il disait lui retournait l’estomac, elle fut même tentée de lui demander de se taire, avant de réussir à ne prendre cette histoire que pour ce qu’elle estimait être. Un Conte. C’était un Conte pour illustrer sa façon de voir la vie et les croyances diverses.

Elle respira plus lentement, pour se relaxer, n’osant toujours pas croiser le regard de son Mari, mais ses doigts étaient agités, et elle manipulait son médaillon sans s’en rendre compte vraiment. Son corps souffrait, encore, des assauts qu’elle avait subi.

« Je suis d’accord avec toi. » Souffla-t-elle trop bas, avant de se racler la gorge irritée, et de reprendre. « Dieu unie les Hommes et ne prône que l’Amour. La lecture que font les Hommes de Ses mots, ineffables, les conduit à la jalousie, à la guerre et à vengeance. »

Sa voix était éraillée, mais le timbre doux, légèrement caverneux et morne. Quelque chose dans son regard était éteint, et pouvait sans doute ressembler à ces yeux vitreux qu’elle avait en arrivant à Meisa. La Résilience s’y était réinstallé confortablement, la couvrant de ses grands bras rassurants dans un univers bien connu.

Mais elle sursauta, s’arrachant une grimace douloureuse, alors que Serenos lui proposait quelque chose d’impensable.

« Non ! » Lança-t-elle un peu trop vivement, jurant avec le ton bas juste avant. « Non, bien sûr que non. Je. Je n’ai pas besoin de Le voir, Il n’a pas à être vu, Il est avec moi, à chaque seconde de ma vie, Il m’accompagne sur le chemin et me montre la Voie. »
Là était la puissance de sa Foi. Inébranlable, malgré ce qu’avait pu penser le Prêtre. Sa façon bien particulière d’interpréter le Culte, de louer le Seigneur, de propager sa Bonté. De voir en chacun le Bien plutôt que le Mal. De tendre l’autre joue. De résister à sa manière à chaque gifle que la vie lui assénait.

Tremblante, Alecto se leva doucement, cherchant son équilibre, et baissant le visage comme l’Esclave qu’elle avait été.

« Je demande ton Pardon. Et s’il ne t’est pas possible de me l’accorder, accepte de me livrer le châtiment qui pourra m’y conduire. »

Cela l’obsédait depuis qu’ils avaient quittés les lieux sordides de ce malheur. Elle était fautive, coupable de cela. Outre le besoin viscéral qui l’envahissait de prier et de se mutiler, Alecto pensait avoir besoin du Pardon de son Roi.

Leur relation pourrait-elle survivre à toutes ses épreuves ? Ne se lasserait-il pas d’elle, avec tous les ennuis qu’elle lui attirait, à lui comme à ses Royaumes ? Pour la jeune femme, rien ne semblait plus évident. Elle s’était rendu compte de la brutalité de son Mari, qui lui avait fait peur, et elle avait perdu, pensait-elle, son Mentor. Les deux figures masculines en lesquelles elle avait confiance, qu’elle admirait. Qu’elle vénérait, même.

Très lentement, elle osa relever les yeux, du sol jusqu’aux bottes de son Roi, puis ses hanches, s’attardant sur son torse large et enfin, son visage broussailleux. Serenos lui parut beau. Comme lorsqu’elle avait cru à des coups, jadis, dans son Bureau, et qu’il s’était montré miséricordieux envers elle. Alors, peu sûre d’elle, elle leva un bras, tendant sa main vers lui.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 18 septembre 2020, 10:28:40
Évidemment, elle refusa de se retrouvée confrontée à ce que les gens de sa Foi appelaient un Dieu. Après tout, c'était le principe même de la Foi; si le croyant avait besoin d'une preuve tangible, c'est qu'il n'était pas réellement croyant. Serenos ne croyait pas qu'elle aurait accepté, peu importe à quel point il le désirait. Il voyait que quelque chose avait été brisé en elle, et il ne pouvait n'en vouloir qu'à lui-même; il était le coupable, et cette culpabilité était quelque chose avec laquelle il devrait vivre jusqu'à ce qu'il regagne la confiance de sa bien-aimée si, et seulement si, il était possible pour elle d'un jour avoir confiance en lui de nouveau, mais il n'était pas dupe. Tout comme le pardon divin, le pardon humain se méritait à force de travail, et parfois, tous les efforts et les bonnes intentions ne suffisaient pas pour racheter les erreurs commises.

Aux yeux du Roi, ce qu'il avait fait au prêtre était une juste punition. Une punition violente, certes, mais assurément méritée. Il ne saurait expliquer à Alecto ce qu'il avait perçu chez cet homme, dès le moment qu'ils s'étaient croisés sur le pont menant au palais. Il aurait pu blâmer cet homme, rejeter toute la faute sur lui, mais un homme, encore plus un Roi, se devait d'accepter ses propres manquements, et dans cette situation, Serenos acceptait la pleine responsabilité de sa décision, ainsi que les conséquences.

-J'ignore si tu implorais mon pardon ou celui de ton Dieu, Alecto, mais si tu crois que tu as commis une faute envers moi… je te rassure qu'il n'y a rien en ce monde que je ne saurais te pardonner. En revanche…

Il se gratta le cou.

-Je sais que j'ai commis une grave erreur, vis-à-vis de toi, et je sais que, tôt ou tard, j'en commettrai d'autres, parce que le destin se nourrit des situations désastreuses. Ce sont ces situations qui font avancer la trame de ce monde. Je ne te demanderai pas d'avoir foi en moi, mais si tu peux au moins croire ma parole en sachant que je ne briserai jamais un serment, sache que je ferai tout en mon pouvoir pour remplir chaque moment entre ces catastrophes d'amour et de compréhension.

Le grand Roi remarqua alors la main de sa femme qui se tendait vers lui, et il baissa doucement la tête, laissant la main froide de son épouse toucher son visage. Il releva une de ses mains et la pressa la sienne contre sa joue, avant de poser un baiser sur son poignet.

-Je suis loin d'être parfait, Alecto. Je n'ai jamais…

Il prit un moment pour réfléchir à ce qu'il allait dire par la suite, cherchant les mots qui décrivaient le mieux ce qu'il voulait lui dire.

-Je n'ai jamais été avec quelqu'un d'aussi différent de moi. Nos croyances, notre culture, notre Foi, nos amis et ennemis… Je ne sais pas comment concilier tout ça.

Cela était un bien triste dialogue, voire même le discours parfait pour annoncer qu'il allait déjà mettre fin à leur mariage. Après tout, n'était-ce pas ce à quoi elle pensait? Qu'il se lasserait d'elle? Qu'elle l'irriterait de plus en plus? Que sa personnalité soumise ne lui conviendrait pas? Qu'elle n'était qu'une fascination temporaire qui, tôt ou tard, finirait en flamme et la laisserait maintenant seule dans un monde hostile.

Mais alors que Serenos reprit la parole pour continuer, il n'en fit tout simplement rien.

-Mais j'apprendrai.

Il regarda sa femme et s'approcha pour poser un baiser sur la joue sur laquelle il l'avait frappée d'une claque, puis posa son front contre l'épaule de son épouse.

Évidemment, la gifle qu'il lui avait assénée n'avait pas pour but d'imposer sa dominance sur elle. De la voir ainsi suppliciée sous un homme qui se repaissait de sa soumission, il était entré dans une colère panique, une colère qu'il aurait voulu qu'elle démontre. En soi, il était en colère qu'elle ne le soit pas. Il était en colère parce qu'elle lui avait promis que tout irait bien, et tout est allé de travers. Rien ne justifiait qu'il ne lève la main sur elle, et il devra vivre avec ce geste pour le restant de ses jours. En fait, il était surtout en colère contre lui-même d'avoir été assez naïf pour croire que la décence humaine existait, quelque part, dans cette créature noire et perverse qu'il voyait en Thorius.

Il resta un moment comme ça, contre elle. Maintenant que la colère et l'anxiété s'était dissipée, il se sentait vide et épuisé. L'effet d'Alecto sur lui avait quelque chose de calme, d'apaisant, mais ce n'était assurément pas le moment de rechercher cela. Après tout, il n'était pas celui qui devait être le plus ébranlé dans cette histoire.

Le Roi se redressa alors puis attira sa femme plus près de lui, et l'enlaca doucement de ses bras puissants et aimants, une main posée sur sa cuisse, l'autre enroulée autour de sa taille, et il posa un baiser sur sa tempe.

-Alecto… tu es libre d'être qui et ce que tu veux. Je ne te forcerai pas à être la femme de Serenos si tu ne souhaites pas l'être. Je ne te forcerai pas à rester dans cette ville si tu ne le veux pas. Quoique tu veuilles être, où que tu veuilles aller, tu auras mon soutien. Si tu me le demandes, je retourne de ce pas trouver ton prêtre et je réparerai les dégâts causés. Pour ton bonheur et ta paix d'esprit.

Il ne croyait bien sûr pas que cela effacerait le passé, et encore moins que cela réparerait les dégâts qu'il avait causé entre eux, mais il savait que si elle croyait que cet homme ne méritait pas son châtiment, en tant que victime, c'était son droit de demander la réparation adaptée. Serenos avait agi avec la mentalité de Meisa, mais Alecto n'était pas Meisaenne. Elle n'était pas comme les autres femmes qu'il avait connu, et s'il voulait qu'elle soit heureuse, il devait être prêt à faire des concessions, même si cela était pour des choses qui l'insupportait, comme pardonner à l'homme qui l'a violée.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le vendredi 18 septembre 2020, 18:59:39
Le calme bienveillant de Serenos faisait son effet sur le morne visage de la petite Esclave. Elle semblait moins lourde, comme si ses épaules se trouvaient moins voûtées, à mesure qu’il discourait. Son mari était un homme compréhensif, elle le savait bien sûr, mais le constater à nouveau chassait peu à peu les yeux pleins de rage qu’elle avait encore en mémoire. La douceur avec laquelle il l’enlaça la fit frissonner et, enfin, elle se permit de soupirer, soufflant au loin bon nombre de sombres constats.

 Constats que le Roi faisait lui aussi, au point que l’on se demandait bien comment le Monarque pouvait éprouver des sentiments si forts à son égard, si différente, en effet. Elle fut tentée de lui répondre qu’elle-même n’avait jamais eu ni mari, ni concubin, ni même compagnon… Elle ignorait tout de la vie de couple, des aléas des sentiments et compromis. Pourtant, Alecto avait un caractère qui la rendait certainement apte à vivre avec quiconque, tant elle était docile. Autour d’elle, cependant, la vie s’acharnait à tester sa Foi. C’est du moins, ce qu’elle croyait.

La note positive et optimiste de Serenos la soulagea, son baiser la fit fermer les yeux pour en profiter un peu plus, tout comme elle fut apaisée du contact de sa barbe revêche contre son épaule.

« Je te crois. » Murmura-t-elle.

Elle savait qu’il ne briserait pas son serment, et qu’il tiendrait parole. En réalité, elle n’avait pas besoin de promesses de la part du Roi. Elle l’aimait, et pour Alecto, cela signifiait qu’elle avait une confiance aveugle en lui. Elle qui voyait le Bien en chacun, estimait qu’aucun des actes de son Epoux n’était destiné à lui nuire volontairement.

Elle ajouta, doucement.

« Personne n’est parfait, mon Roi. Je pardonnerai. Tu as cédé à la colère qui rend sourd, pour protéger ta Femme. Je pardonnerai au Père Thorius de s’être fourvoyé sur ton compte, et de t’avoir insulté. »

Car pour la jeune femme, le Prêtre n’avait pas mal agi en l’agressant. Il avait suivi les Saintes Ecritures. Il voulait la sauver. Pire, encore, pour Alecto, Thorius avait agi comme il le fallait, lorsque l’on croit être en présence d’une Possédée.
Mais elle, elle savait qu’elle ne l’était pas. Serenos n’était pas le Diable. Elle le Savait. Et pourtant, ses mots, ensuite, la tentèrent insidieusement, autant qu’ils l’avaient terrifiée, au point qu’elle avait tremblé, de peur qu’il ne la renvoie chez la Sorcière…

Réparer les dégâts causés à son Mentor ? La Magie saurait-elle guérir de si profondes ablations ? Elle posa ses paumes sur les joues hirsutes de son Epoux pour pouvoir le regarder dans les yeux, affrontant désormais avec bien moins de crainte le regard de celui à qui elle appartenait corps et âme. Elle voulut immédiatement lui répondre qu’il était trop tard, et qu’aux yeux de Dieu, les actes du Roi ne sauraient être réparés par la Sorcellerie. Qu’il lui faudrait, s’il le désirait, gagner son Pardon, à elle puisqu’il ne reconnaîtrait pas le Tout-Puissant. Qu’ils devraient tous deux vivre avec ces actes dignes d’un fou sanguinaire, et que c’était là la voix de la rédemption… C’était ainsi la bonne chose à faire pour apprendre, sortir de cette épreuve grandit, et plus près du Seigneur.

Mais soudain, elle sursauta, et ses yeux s’arrondirent dans une expression paniquée. Les mains qui encadraient le visage de Serenos se crispèrent.

« La guerre. Si… si nous ne réparons pas… C’est la guerre… »

Alecto se jeta au cou de son mari, ignorant les douleurs diverses et les courbatures, et le serra aussi fort qu’elle pouvait. Elle devait renier ses croyances, cette fois encore, pour faire passer le Bien Commun avant sa Paix Intérieure. Avec conviction et gravité, elle déclara.

« Oui, c’est ce que je veux. Tu. Tu peux le faire. Revenir en arrière, réparer le corps de Père Thorius, effacer sa mémoire et le sang, effacer ma venue avec lui. Si… Lorsqu’il ira trouver le Paladin, Serenos… Tu dois éviter cela ! Il suffira de. » Elle se dégoûtait, mais continua. « De falsifier ses souvenirs, faire en sorte qu’il pense que jamais je ne l’ai accompagné ce soir. Efface ce drame de son esprit, répare son corps. »

Ses mots allaient trop vite, même pour y réfléchir vraiment. Jamais elle n’avait envisagé d’encourager un quelconque acte magique, elle avait déjà tant de mal à se positionner vis-à-vis de ces forces surnaturelles dont elle n’était que peu familière malgré les mois à vivre aux côtés de Serenos. Cependant, s’il le fallait… Elle s’accrochait au Roi avec ferveur.

« Evite les orphelins et les veuves, ton Peuple ne doit pas souffrir de mes fautes. Je… Je ne veux pas que tu partes au combat, ni tes enfants, ni aucun soldat de Meisa. Je veux que tu me restes, je veux rester avec toi. »
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mercredi 30 septembre 2020, 19:01:51
Encore une fois, Alecto ne semblait pas se rendre compte qu'elle était la victime d'un viol. Cela frustrait le Roi, mais il savait qu'il ne pouvait défaire en quelques mois ce qu'il a pris des années à bâtir; une confiance et une vénération aveugle envers la hiérarchie de son organisation religieuse et la présomption de culpabilité. Alecto ne pouvait cacher ses véritables émotions; quoi que Serenos fasse ou dise, elle continuait de croire qu'elle vivait dans le péché. Le péché, ou l'excuse par excellence pour que les membres de cette religion se refusent aux joies du monde terrestres simplement pour se garder une place dans un monde utopique dans la vie d'après, et inutile de dire que le paradis n'était qu'une variation du plan spirituel, un changement provoqué par la Foi de ces fidèles. Enfin, en ce qui attrait aux âmes. Il y a effectivement un endroit où les créatures surnaturelles, les anges, résidaient, sur un plan différent, mais l'appeler 'paradis' aurait été une grossière exagération.

Ce n'était pas une conversation pour aujourd'hui. Alecto était au plus bas, niveau moral, et elle venait d'assister à quelque chose qu'elle n'était pas mentalement préparée à voir, ce n'était clairement pas le moment de la contrarier sur des sujets de spiritualité et de métaphysique.

Devant la panique de son épouse à l'idée qu'une guerre puisse éclater, le Roi ne put s'empêcher de sourire. Il leva la main et tendrement lui caressa la tête pour la détendre, se penchant sur elle pour poser un baiser sur sa joue.

"Calme-toi, calme-toi. Le Grand Pontife reste le grand-père par alliance de ma fille. Il n'osera pas mettre ses arrière-petit-enfants en danger pour un prêtre. Certes, ce n'est pas le grand amour entre nous, mais ce serait une guerre avec peu d'intérêt."

Et le Roi n'avait pas tort. Bien que cela agacerait le Grand Pontife que le Roi de Meisa s'en prenne à des prêtres, il n'ira pas jusqu'à déclarer la guerre. Demander réparation, cependant, était tout à fait possible, mais les armées du Grand Pontife, de l'Ordre Immaculé, étaient réservées à la chasse aux armées démoniaques qui apparaissaient à l'occasion. La mobiliser pour les affaires des hommes réduiraient le nombre d'effectifs disponibles pour contrer ces incursions, et si ces armées s'amenuisaient, les démons gagneraient l'avantage et pourraient établir un nouveau poste avancé sur leur plan et cela était beaucoup plus important que gérer un problème de non-croyants, surtout que, mine de rien, il fallait faire traverser l'océan à cette armée.

Enfin, cela n'effaçait pas ce qu'il devait faire pour que la jeune femme ne balade pas avec elle une éternelle culpabilité. Il s'assurerait que quelqu'un s'occupe de guérir le prêtre, mais pas au point de lui conférer les outils nécessaires à satisfaire sa perversion.

Une fois sa femme un peu plus calme, le Roi lui frotta doucement le dos, la gardant tout contre lui, puis, lorsqu'elle se sentit prête, il la ramena au palais.

À la suite de cet événement, les mois se succédèrent. Serenos, comme promis, avait fait envoyer un guérisseur pour rectifier la situation, avec de fermes instructions. Bien qu'il eut été autorisé à régénérer les parties viriles du prêtre, celui-ci fut privé de certains composants de son anatomie qui aidait à l'érection, le condamnant à une vie de castrat, bien qu'en toute apparence, il semblait bien normal. Malgré la nouvelle que son ancien mentor avait été guéri, l'humeur d'Alecto ne semblait pas s'améliorer. Serenos avait également remarqué que les nuits de la jeune femme ne lui apportaient aucun repos, et qu'elle n'avait pas beaucoup d'appétit. Lentement mais surement, leurs conversations prenaient une fin abrupte, leurs échanges devenant de moins en moins chaleureux. Même les livres que le Roi lui apportait ne semblait pas vraiment l'intéresser, et le Roi savait très bien pourquoi.

Bien vite, Serenos et Alecto ne partagèrent plus leurs nuits, le Roi s'enfermant dans ses bureaux dès les premières lumières du soleil, ne s'accordant que des siestes occasionnelles avant de se remettre au travail. Évidemment, il tâchait de faire au moins preuve de présence à l'occasion, mais il était souvent épuisé et ne pouvait rester éveiller bien longtemps avant de sombrer dans un profond sommeil qui pouvait aisément durer toute la journée si on ne le réveillait pas. Il lui assurait cependant, régulièrement, qu'il y avait une bonne raison, et la suppliait d'avoir foi en lui.

Aldericht lui-même était alarmé de la nouvelle dédication du Roi pour l'étouffante bureaucratie qu'il s'était lui-même infligé pour que les territoires sous son contrôle puissent jouir d'une plus grande liberté et d'une supervision moins sinistre et inquiétante. Pour compenser au mieux l'absence du Roi, le jeune prince passait également beaucoup de son temps en compagnie de sa belle-mère secrète, lui apportant une forme de soutien émotionnel, mais il savait que cela n'était rien comparativement à ce dont la jeune femme avait réellement besoin; de sa perception, le prince comprenait qu'elle voulait son mari, elle voulait l'homme qu'elle aimait, et toute la bonne volonté du prince ne ferait jamais rien d'autre qu'apposer un bandage sur une plaie béante.

Néanmoins, cela laissait amplement le temps à la jeune femme de profiter de la chapelle. Peut-être même que l'absence du Roi lui venait comme une bénédiction, lui laissant à loisir l'opportunité de démontrer sa sincère dévotion et de s'infliger des supplices que, si le Roi était présent, elle n'oserait jamais faire, de peur de l'alarmer et que, dans sa panique, il ne cherche à condamner la chapelle.

Alors que l'hiver approchait, le Roi quitta enfin ses bureaux et gagna la chambre royale, au beau milieu de la nuit. Il y trouva son épouse, endormie dans les draps, son oreiller encore humide et tacheté de larmes. Le souverain savait qu'elle était malheureuse. Il savait qu'il ne pouvait pas faire grand-chose pour réparer ce qu'il avait causé. Mais cela allait changer, il en était convaincu. Ce calvaire qu'ils s'étaient tous deux imposés n'allait pas s'étirer plus longtemps. Il était maintenant temps de passer à l'action.

Le Roi prit place sur le lit, derrière sa femme, et se pencha sur elle, posant un baiser sur sa joue.

"Mon amour."

Il glissa une main sur la couverture, le long de son flanc et s'arrêtant sur sa hanche.

"Nous allons partir pour quelques semaines."

Il s'allongea derrière elle et l'enlaça avec amour.

"Toi, moi, mes enfants et petit-enfants. On m'a parlé d'un village côtier dans les territoires annexes de Nexus. Il y a un couvent, là-bas, et l'abbesse est une amie. Je crois que cela te fera du bien. J'ai fait des arrangements pour que nous puissions y rester. Être avec des gens qui partagent ta Foi, et qui te traiteront proprement."
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 30 septembre 2020, 19:50:47
Serenos n’avait pas accédé à ses demandes exactes, et avait décidé à sa place de qui devait être fait pour le compte de Thorius ; mais le Roi n’avait jamais évoqué quelques magies dans ses mots, et sans doute avait-elle été bien trop terrifiée par la guerre pour avoir une réflexion adaptée… C’était ce qu’elle pensait, en tout ça, ou ce qu’elle penserait, si d’aventure elle avait à songer à sa propre condition. Mais soyons honnête, cela n’arrivait pas. Elle n’avait jamais appris à avoir une opinion et un regard critique sur une situation. Elle n’avait qu’à suivre le mouvement.

Le Palais avait à nouveau été sa maison, mais elle n’y trouva pas le réconfort de jadis. Les ouvrages que son Mari lui offrait n’arrivaient pas à égayer son cœur, et petit à petit, les semaines passants, l’ancienne Esclave ressenti, évidemment, de la culpabilité à ne pas réussir à être heureuse.

Chaque soir, alors qu’elle s’allongeait dans le but de dormir, ses yeux restaient désespérément ouverts, car à chaque fois qu’elle fermait les paupières, des flashs de réminiscence de ce regard de haine qu’avait le Monarque la hantaient. Elle avait alors un goût dans sang dans la gorge, et son cœur tambourinait comme si sa vie était en danger immédiat. Impossible de trouver le sommeil dans ces conditions. Avec les insomnies, la perte d’appétit creusa ses joues et son regard jadis si brillant lorsqu’elle admirait son époux était morne et fade.

Son apparence n’avait, cependant, aucune importance pour elle, évidemment. Elle passait beaucoup de temps à lire, certes, mais dans le seul but de passer le temps, sans y prendre aucun plaisir, se désespérant de n’être qu’une coquille vide, habitée par des fantômes horribles. Alors, ses visites à la petite Chapelle se multipliait, et bien qu’elle sache le mal que cela ferait à Serenos, Alecto ne pouvait s’empêcher de se brûler à la cire chaude des cierges, se couper assez légèrement, mais de façon répétée, à des endroits dérangeants tel que le creux des mains ou du genou, un handicap minime, mais douloureux au quotidien. La présence agréable d’ Aldericht n’y changeait rien…

Elle ressentait ce besoin viscéral de payer dans sa chair ses fautes, et plus elle constatait les absences de son Roi, plus elle s’en voulait, mais restait amorphe et tétanisée. Serait-ce ainsi que les mariages meurent ? La jeune femme avait assisté une fois à une séparation d’un de ses Maîtres, lui trop amoureux des fêtes impies, et elle, trop occupée par les affaires… Lorsqu’elle était arrivée à leur service, ils ne faisaient déjà plus chambre commune, puis, ils ne déjeunèrent plus ni à la même table, ni à la même heure. Enfin, ne partageant plus ni temps, ni espace, ni amour, son Maître avait quitté la villa familiale, et ils l’avaient vendu…
Qu’adviendrait-il d’elle, dans son cas ? Chaque jour convaincue un peu plus que le Monarque l’appréciait de moins en moins, mais incapable d’agir, comme murée dans sa souffrance et son mal-être, la petite Domestique, l’ancienne Esclave, l’ancienne Compagne du Roi sentait son cœur se meurtrir, impuissante.

Avec l’approche de l’hiver, et les carences diverses, Alecto commençait à s’endormir, tombant de fatigue au beau milieu de la nuit. Un sommeil léger, emplis de cauchemars, mais elle eut la surprise d’en être tirée par son Mari. Ses mots la firent frémir, et alors que sa main réchauffait son flan avec tendresse, malgré une boule au ventre qu’elle ne savait expliquer, l’épouse l’écouta en regardant la pénombre en face d’elle.

Partir ? Au couvent ?
Elle ne put s’empêcher de penser que Serenos avait peut-être envie qu’elle prenne une retraite pieuse le temps de faire annuler leur mariage. Mais, au fond d’elle, la douceur et la chaleur du Roi ne faisaient que raviver un sentiment proche de la foi : il l’aimait, et il ne voulait que son bien. Enfin, cette perspective fut la seule chose qui réussi à lui tirer une sorte de sourire, ses lèvres gercées s’étirèrent un peu, et elle se retourna dans le lit, pour faire face à son mari.

Faiblement éclairée, la lueur de l’âtre conférait à son visage la beauté d’une statue, avec les ombres et la lumière de chaque être vivant. Elle ressentit le besoin le lever la main jusqu’à son visage, effleura d’abord timidement sa joue hirsute, comme si elle s’attendait à être piquée. Alors, comme rassurée, elle caressa sa mâchoire.

« Tu… Tu priveras le Royaume de son Suzerain… Ce… » C’était un acte d’amour qu’elle prenait à sa juste et grande valeur. Elle supposait qu’un Roi ne prenait jamais de vacance, tant les affaires royales étaient prenantes, jour et nuit, quoi que l’homme ressente. Serenos était taillé dans l’étoffe de ceux qui se sacrifient pour le bien de son peuple. Cela devait lui coûter, alors, mais peut-être aussi lui offrir un peu de répit.

Son nez vint se lover contre son cou, dans un geste oublié depuis quelques temps, et elle ferma les yeux machinalement. Pour la première fois depuis longtemps, aucune image ne vint revivre dans sa rétine. Elle prit cela pour un signe de Dieu. Ce qui arriverait après serait Sa volonté.

« C’est une très bonne idée. » Souffla-t-elle contre sa peau, sans réussir cependant à se sentir véritablement heureuse. Se recueillir au Couvent quelques temps et parler théologie avec des Fidèles serait salvateur.

Et puis, passer du temps avec les enfants du Roi, et ses petit-enfants, lui semblait primordial pour se faire accepter par la famille royale. Anxieuse à l’idée d’être rejetée, d’être accusée de rendre Serenos malheureux et mélancolique, Alecto sentit la petite boule dans son ventre grossir un peu.

Bouger, se lever, marcher était devenu un effort, dans sa condition. Cependant, cette fois, elle se redressa mollement, baissant les yeux, en s’asseyant au bord du lit. Se relever lui prit davantage de temps, il fallait qu’elle n’aille pas trop vite, pour éviter d’avoir la tête qui tourne. Enfin, prenant son courage à deux mains, Alecto se mit debout, et ouvrit une imposante armoire où ses quelques affaires, toutes offertes par le Roi bien sûr, étaient parfaitement disposées.

« Je vais faire mes bagages. » Sans montrer d’impatience ou d’enthousiasme démesuré dans son comportement, son attitude pouvait en soit déjà être perçu comme une avancée. Maladroite, elle savait que Serenos aurait demandé à ses servantes de faire sa valise, mais ce n’était pas dans sa nature, trop habituée à être à leur place.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mercredi 07 octobre 2020, 19:58:01
« Tu… Tu priveras le Royaume de son Suzerain… Ce… »

Serenos leva une main pour l'interrompre.

"Le Royaume peut se passer du Roi quelque temps. Ce n'est pas pour rien que j'ai créé plusieurs instances d'autorité. Si quelque chose arrive pendant mon absence, de toute façon, ils m'en informeront par magie. Et j'ai pris suffisamment d'avance sur mes propres responsabilités pour au moins m'assurer un départ prolongé."

Il lui sourit tendrement, avant de serrer sa femme contre lui, ses bras se resserrant sa frêle silhouette, relâchant un soupir de réconfort. Comme elle lui avait manqué. Il détestait l'idée de l'avoir laissée seule aussi longtemps, sachant qu'elle ne comprenait peut-être pas ce qui lui arrivait, ou si le Roi lui avait finalement tourné le dos. Peut-être même croyait-elle que son intérêt pour elle était mort parce qu'un autre l'avait envahie. Et pourtant, il n'en était rien; Serenos l'aimait toujours autant. Certes, quelque part, il bouillonnait toujours de colère, mais cette colère n'était plus dirigée vers qui que ce soit d'autre que lui-même; il se sentait coupable, coupable d'avoir failli à son devoir de protéger sa femme.

Mais il ne pouvait se blâmer complètement; il était impossible pour lui de comprendre à quel point la Foi d'Alecto était à la fois une influence salvatrice mais également un danger pour elle. Elle ne parvenait pas à voir, ou croire, le mal qui était dans le cœur des gens qui la partageaient, surtout lorsqu'ils étaient haut placés dans la hiérarchie. Après tout, n'étaient-ils pas reconnus pour leur piété? Pour leur dévotion envers leur Seigneur? Comment pourraient-ils être de mauvaises personnes? Comment pourraient-ils abuser de cette autorité, eux qui devraient être plus saints qu'elle? Elle qui n'était qu'une jeune pousse de seize, peut-être dix-huit ans, qui était-elle pour contester la sagesse de ses supérieurs?

L'expérience avait apprit au Roi que tout le monde avait sa part de noirceur, une part vicieuse qui cherchait constamment à éroder les murs de leur raison, de notre conscience, pour assouvir des désirs et des plaisirs qu'ils ne soupçonnaient même pas avoir. Être imparfait qu'il était, Serenos lui-même avait ses propres vices, qu'il devait tenir constamment sous contrôle pour ne pas les laisser prendre le dessus. Parfois, il regardait Alecto et elle lui paraissait si innocente, si vulnérable que son esprit de prédateur, de guerrier, n'avait qu'une envie, et cette envie était de la dominer, de la plaquer là, maintenant, contre le lit, de lui arracher ses vêtements et de la consommer incessamment, et aux enfers les conséquences. Être imparfait qu'il était, Serenos luttait également contre sa soif de vengeance, contre son mépris des humains. Il savait que son esprit était souillé par la Corruption, et que cette force nourrissait en lui des pulsions sauvages et destructrices, ce qui était d'ailleurs une raison pour laquelle il s'était débarrassé de ses maîtresses, de peur que son esprit ne flanche et qu'elles n'en fassent les frais. Fort heureusement, Alecto était protégé par l'amour qu'il lui vouait, ce qui aidait plus ou moins à contrôler l'effet négatif de la Corruption, mais cela signifiait également qu'il était plus prompt à la jalousie; la noirceur en lui ne voulait pas partager Alecto, d'aucune façon. Il la voulait pour lui, et lui seul, personne d'autre ne méritait même de la regarder. En sachant que lui-même, qui se considérait pourtant comme un homme honorable et droit à sa façon, il savait qu'il y avait pire. Bien pire. Derrière chaque sourire, derrière chaque image immaculée, il y avait un secret, ou quelqu'un qui nourrissait de sombres desseins. La plupart ne le concernait pas, assurément, mais ils existaient.

Il la relâcha après quelques moments, puis, remarquant qu'elle manquait de force pour des raisons qu'il préférait ne pas imaginer, il posa une main contre le ventre de son épouse et relâcha en elle une bonne dose d'énergie pour la revigorer. Ce n'était pas une solution, nécessairement, puisque cela ne remplacerait assurément pas son manque de nutrition et de repos, mais au moins, elle serait capable de générer suffisamment de force pour que ses tâches ne soient pas une corvée. Voyant qu'elle comptait faire ses valises elle-même, le Roi la suivit tout de même et lui offrit son assistance, posté derrière elle. Il la voyait ainsi, dos à lui, il ne pouvait s'empêcher de se souvenir qu'il ne l'avait pas touchée depuis l'incident avec le prêtre. Les doigts du Roi se glissèrent donc sur sa nuque dénudée, et il se pencha pour poser un baiser de l'autre côté. Si près d'elle, il pouvait sentir l'odeur de sa peau, sentir la chaleur de sa chair sur ses lèvres, et, bien sûr, se rendre compte à quel point il avait envie de la prendre dans ses bras, de lui faire l'amour. Il dut cependant reculer pour ne pas se laisser gagner par cet élan de passion, retirant sa main de sa nuque.

"Je… enfin… prends ton temps, d'accord?"

Il lui caressa gentiment le dos, avant de se retirer, de peur qu'elle ne se sente intimidée et forcée de lui accorder l'attention qu'il recherchait.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 07 octobre 2020, 20:34:43
Les réflexions de Serenos étaient les bonnes, assurément. Loin d’être aussi idiote que ce que l’on pouvait penser d’elle, Alecto avait senti l’étrange intensité du baiser sur sa nuque. Cela ne lui échappait pas, et même si elle s’en sentait sempiternellement un peu gênée, cette fois, un sentiment de bonheur lui explosa au visage, sans prévenir. L’attitude du Roi, qu’elle avait si peu vu depuis plusieurs semaines, attestait parfaitement de son amour pour elle, et cela pouvait effacer largement ses doutes.

Elle estimait le Monarque capable de se montrer diplomate avec la Cour, faire croire à une affection courtoise pour des dignitaires, mais selon elle, personne ne feignait l’amour. Bien sûr, elle se trompait, comme sur beaucoup de choses, elle qui pensait les gens incapables de faire du mal volontairement. Pourtant, l’ancienne Esclave pensait que Serenos se refuserait à lui mentir sur ses sentiments, et qu’au mieux, s’il n’éprouvait plus les tendres pensées qu’il avait avoué jadis à son encontre, il ne se forcerait aucunement à être si doux, si proche, si câlin.

Ce baiser était un symbole, et Alecto ferma les yeux durant toute la durée de ce frôlement agréable, sentant le souffle de son époux contre sa peau qui se réchauffait à son contact. Sa main contre elle, à la fois ferme et délicate, la fit frissonner bien malgré elle. Elle ne trembla pas de crainte, comme elle avait pu le faire autrefois dans ce baraquement ignoble et terrible où avait eu lieu le drame. Non, elle se surprit à frémir de contentement.

Était-elle guérie ? Assurément, non. Mais alors que la Pensée et la Peur régnaient en maîtresse dans son esprit depuis des jours et des jours, Alecto se laissait aller à ressentir. Une petite braise inoffensive sous les cendres s’éveilla, elle se mordit la lèvre d’instinct, et elle fut sauvée par le recul du Roi.

Si elle avait pensé une seule seconde que le Monarque fut en demande de son attention et de son corps, sans aucune réticence, elle aurait docilement offert à Serenos l’objet de ses attentes. Elle estimait qu’il était du devoir d’une épouse de contenter son mari, et ce quand bien même elle n’y était pas prête, fatiguée, ou sans envie. Elle savait parfaitement que cela arrivait dans les couples, pour avoir côtoyé des Maîtres et des Maîtresses dans ce cas précis. Cependant, pour eux, posséder des esclaves permettaient de se soulager, et les conjoints avaient le luxe de refuser les avances des assoiffés.

Alecto tourna légèrement la tête alors que son Roi s’éloignait d’elle, comme s’il était confus. Devait-elle l’encourager ? Elle se mordit d’intérieur de la joue, continuant de sortir ses quelques affaires, en tirant de l’étagère une robe élégante de soie, très ajourée, à la mode de Meisa. La jeune femme la déplia et la posa contre elle, comme pour l’essayer… Elle l’avait peu portée, à vrai dire, n’osant pas encore réellement afficher des parties de son corps aussi intimes à la vue de tous.

« Ce n’est pas … une tenue pour un Couvent. » Fit-elle, presque pour elle-même.

Mais au fond d’elle, elle songeait que son Epoux serait touché s’il la voyait ainsi vêtue. Et, après des jours sans l’avoir à ses côtés, elle ressentait maintenant une sorte d’envie étrange… Celle de lui plaire, à nouveau. S’il lui avait offert cette robe, il apprécierait de l’admirer sur son modèle.

Alecto rougit en y pensant, se rendant compte alors que la position debout la faisait souffrir, bien évidemment au niveau de sa jambe gauche, meurtrie sans cesse. Prenant sur elle, elle se tourna complètement pour faire face au Monarque.

« V… Voudrais-tu que je la porte ? » Balbutia-t-elle, intimidée. Et s’il répondait ‘non’ ?! Son cœur s’accéléra.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le dimanche 25 octobre 2020, 19:50:03
    Il aurait peut-être été plus simple pour Serenos de ne pas tenter de se contrôler autant, mais chaque fois qu'il sentait ses propres pulsions éveiller sa chair et enflammer ses sens, il ne pouvait que se rappeler qu'Alecto n'était pas une femme comme les autres. Ou du moins pas comme les femmes qu'il connaissait ou avait connu. Il aurait été injuste de sa part de vouloir autrement.

    La seule autre femme qu'il eut épousée par le passé était Laryë, et bien que la femme du Nord et Alecto se ressemblaient beaucoup physiquement, avec leurs yeux bleus et leurs cheveux de jais et leurs formes qui auraient poussé un homme à se damner pour n'avoir droit qu'à une nuit dans leurs bras, il y avait une grande distinction au niveau mental. Alors qu'Alecto nourrissait une forme de dégoût envers sa propre sexualité, Laryë l'embrassait et l'utilisait pour assoir son contrôle sur son couple. Serenos se souvenait que chaque conflit entre sa défunte épouse et lui-même finissait souvent dans les draps, et même un homme aussi entreprenant que lui-même se rendait rapidement compte qu'il ne connaissait ce plaisir et ce bonheur qu'au bon vouloir de sa femme.

    Mais Laryë n'était plus là, et Alecto n'était assurément pas là pour la remplacer. Autant Serenos ne pouvait oublier celle qui lui avait rendu son cœur, il ne négligeait pas l'importance d'Alecto, qui faisait battre sa poitrine aussi vivement à chaque fois.

    Le Roi s'approcha d'elle à nouveau, alors qu'elle choisissait sa robe, et posa une main sur son avant-bras. 'Alecto?' l'apostropha-t-il d'une voix qui se voulait douce, sans vraiment savoir ce qu'il voulait lui demander, alors que son visage se rapprochait du sien. L'autre main de Serenos se pressa contre la joue de sa femme, et orienta son visage vers le sien, et leurs lèvres se rapprochèrent jusqu'à ce qu'elles s'unissent dans un baiser. La main qui tenait son poignet entoura doucement son abdomen, alors que l'autre relâchait son visage pour entourer ses épaules, la plaquant contre son corps.

    Après un moment, le Roi brisa le baiser, et regarda sa femme, avant de jeter la robe derrière lui, sur le lit, où il attira également sa femme, avant de la faire assoir dessus. Le Roi n'y grimpa pas avec elle, cependant, et se mit sur les genoux pour être au moins devoir lever les yeux vers sa femme. Il prit sa main et embrassa délicatement chaque doigt, avant de prendre la robe et de l'aider doucement à l'enfiler. Comme la mode Meisaenne était adaptée au climat chaud et humide de Meisa, certaines femmes du continent insisterait pour dire que cette tenue était fort trop révélatrice, surtout parce que le tissu était si fin qu'il était possible, dépendant de l'éclairage, de voir ce qui devrait normalement se cacher dessous. 

    La robe était en fait un morceau de soie affiné pour laisser l'air circuler librement. La robe était soutenue par un col séparé, donc il fallait y passer la tête, puis passer les bras entre le collier et la robe, puis masquer la poitrine avec les pans. Certains préféraient les croiser, mais Serenos jugeait plus confortable de les laisser naturellement tomber sur la poitrine. Serenos usa ensuite de petits cordons de soi pour tenir la robe sous la poitrine, pour qu'elle ne se dégage pas soudainement, puis croisa les pans au niveau de la hanche, où il attacha une ceinture d'argent. La robe pouvait manquer de modestie, mais elle avait été créée avec l'élégance et la température en tête.

    Pour être franc, il eut à peine le temps de l'aider à enfiler la robe que, juste à déposer les yeux sur elle, il eut immédiatement envie de la lui arracher de sur le dos. S'il n'était pas l'homme raisonnable qu'il était, ce serait peut-être même déjà chose faite.

    'Si je peux être parfaitement honnête…' dit-il en posant la tête sur ses genoux, les mains se glissant sur ses cuisses et les caressant délicatement. 'Je préfèrerais que tu ne portes rien. Tout ce que je veux, depuis des jours, c'est revenir ici, et faire l'amour avec toi. Ici, dans les bains, dans la nature, à donner au monde entier le cadeau de notre amour. Mais chaque fois, je pense à ce que tu as vécu… et ce que tu as vu de moi. À mon échec de te protéger, de lui comme de ma nature. Et j'ai peur de me rendre compte que… Enfin…'

    Il était difficile d'expliquer à quelqu'un ce qui nous habitait réellement. Dans le cas de Serenos, c'était la peur qu'au fond d'elle-même, caché derrière son sentiment de devoir, Alecto le rejette, comme elle rejetait tous les autres hommes et femmes, même si elle s'était soumise à leurs désirs et leurs supplices.

    'Il y aura toujours ce monstre en moi, Alecto,' admit-il, en fermant les yeux. 'Ce monstre fait partie de moi. Il est hideux, brutal, sauvage et cruel, mais j'essaie de toujours l'utiliser à bon escient. Pour la justice, pour la guerre… et pour être franc, depuis que tu es là… C'est comme si à chaque fois que je suis dans tes bras, mes sens s'engourdissent. Ma colère s'atténue. Ma soif de violence également. La seule chose qui monte en moi, c'est le désir de te faire l'amour, encore et encore, jusqu'à m'effondrer de fatigue.' Il marqua une pause, histoire de réfléchir à savoir s'il s'était déjà effondré de fatigue due aux choses de l'amour. 'Pas que ce soit déjà arrivé.'
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 25 octobre 2020, 21:04:19
Se faire habiller par son Roi était un privilège que peu de sujet du Royaume avait déjà eu. Alecto avait conscience de la chance qu’elle avait ; elle en avait toujours eu conscience. Sa rencontre avec Serenos, sa bienveillance, l’amour qu’il lui portait, la vie qu’elle avait désormais… C’était digne d’un conte de fées. Certains chapitres étaient sombres et cruels. Même dans les histoires pour enfants, les Monarques ont leur part d’ombre. Ils ne pourraient rivaliser avec les Démons et les Créatures innommables qu’ils affrontent, sans cela.

Une fois vêtue, et le Souverain à ses pieds, l’ancienne Esclave rougit légèrement, tout comme elle avait frémit, souvent, dès que les mains de son Mari passaient près de sa peau, lorsqu’il nouait, avec dextérité, chaque lien de sa tenue provoquante, typique de Meisa. En toute vérité, ces atours n’étaient pas si différents des voiles translucides que sa Maîtresse la forçait à porter à l’Auberge. Mais cette fois, c’était différent. Le regard des Clients était lubrique et sale, alors que les yeux de son époux brillaient d’affection. Oh. Et de désir, aussi, elle le décela sans peine.

Serenos confirma son intuition, elle ne put s’empêcher de sourire, alors que le Roi suggérait sa nudité préférable, et se montrait franc sur ses désirs.
Son cœur s’accélérait à mesure qu’elle se sentait soulagée, et même… flattée. Un sentiment qu’elle n’avait pas l’habitude de ressentir. Sa main se glissa dans la crinière noire de Serenos, cependant qu’il faisait la géographie des lieux où ils pourraient laisser leur passion exploser… Instinctivement, elle se sentit gigoter légèrement, comme si tout ceci évoquait des images, des fantasmes. C’était… déroutant.

Pourtant, le Souverain des Trois Royaumes effaça ses illusions érotiques, et devenait plus grave, alors qu’ils n’avaient pas évoqué les sinistres événements et leurs conséquences depuis ce jour, les langues semblèrent prêtes à se délier. C’était nécessaire, songea-t-elle, elle qui avait toujours eu du mal à exprimer véritablement le fond de sa pensée, puisque personne jamais ne l’y avait incité.

« Serenos, je… » Sa main dans ses cheveux glissa sous son visage, pour le relever un peu, délicatement, l’invitant à la regarder dans les yeux, plutôt que clore les paupières comme s’il fuyait son regard. Son jugement. « Jamais je ne te jugerai, ni te blâmerai. Cette facette de toi ne peut t’être retirée, et elle fait partie de celui que j’aime. »

Elle avait été horrifiée par cette facette, il est vrai. Pourtant, son cœur lui dictait des paroles sincères, bien ancrées en elle.

« Je te penses incapable de me faire du mal volontairement. » Souffla-t-elle, caressant sa joue, ses doigts se perdant dans sa barbe rebelle. Elle appréciait cette douceur, ce chaos sur ses joues… Esquissant un tendre sourire, elle qui se montrait habituellement peu loquace reprit.

« Je pense que nous avons tous en nous de la Noirceur. Il faut accepter son existence et ne pas lutter. Juste… » Elle se racla la gorge. « Savoir comment l’apaiser. »

Était-ce le regard de son Mari qui rendait sa diction moins évidente ?
Alecto avait l’impression que sa gorge devenait plus sèche, et elle avala difficilement sa salive, ouvrant de nouveau la bouche après une courte pause. Son cœur tambourinait, tant l’entendre affirmer qu’elle était, elle, ce qui apaisait la Noirceur du Roi… C’était. Comme un Honneur.

« Moi, je n’y arrive pas encore. » Révéla-t-elle, sa jambe gauche frémissant nerveusement à ses mots. Non. Elle était loin de réussir à vivre en harmonie avec ses côtés sombres, ceux que sa Moral réprouvait. Mais la prière, et l’affection de Serenos, bien sûr, pouvaient largement l’y aider.

« Tu n’as pas échoué à me protéger. J’ai fait des choix. Et tu m’as sauvée. Encore. »

Sa main vibra sur la joue du Roi, le regard bleu clair de la jeune femme s’éclaircit malgré la gravité du sujet. Parler lui faisait du bien. Parler sans crainte. S’exprimer vraiment. Ne pas se contenir, se mordre la langue, ne pas -trop- bégayer. Et cette libération avait un effet visible sur l’attitude de l’ancienne Esclave, qui dépliait les épaules, comme pour se grandir.

A le voir ainsi, à genoux devant elle, Alecto estimait Serenos plus séduisant que tous les hommes qu’elle avait croisés. Sa main remonta pour repousser les mèches indisciplinées qui encadraient son visage, et elle cilla. Lâchant involontairement un gloussement lorsqu’il évoqua de s’effondrer d’épuisement après des heures d’étreinte, l’Epouse du Roi plissa les yeux, alors une légère malice.

« Je n’ai pas l’endurance d’un légionnaire, moi, mon Roi. Je serai la première à m’effondrer. » Cet aveu de faiblesse ne semblait cependant pas la gêner. Elle se savait frêle, d’autant plus ces dernières semaines, et d’une médiocre constitution pour ce qui était des activités physiques.

Elle se pencha alors, sa seconde main venant se poser en miroir de la première, pour approcher son visage, et l’embrasser. Quelque chose était plus sain, alors qu’elle pressait sa bouche contre la sienne, et plus naturel. Elle sentait ses épaules moins lourdes, et son dos moins noué. La franchise avait des vertus. Alecto glissa sa langue entre les lèvres de son Mari.
Serenos évoquait si facilement son désir et ses envies… Elle l’admirait d’être si serein vis-à-vis de ses instincts. Elle avait encore beaucoup à apprendre de lui. Cependant, alors qu’elle se laissait aller à s’offrir sans verrou à ce baiser, la jeune femme aux cheveux d’ébène songeait qu’elle marchait sur la bonne voie.

« Cela ne se fait pas de faire l’amour au Couvent… » Murmura-t-elle contre ses lèvres, la honte d’une sorte de blasphème s’évanouissant immédiatement, dès que le souffle du Roi caressait sa peau qui se réchauffait.
Elle avait désormais les pommettes rouges, mais il ne s’agissait plus de gêne… Encore légèrement mal à l’aise avec la lecture qu’elle faisait des réactions de son propre corps, et des images qu’elle avait en tête, Alecto se sentait cependant rassurée : elle désirait son Epoux, encore, malgré tout. Et il avait envie d’elle, lui aussi.

Elle se convainquait que rien ne les empêchait de s’aimer.
Qu’ils étaient dans leurs bons droits, puisqu’ils étaient mariés.
Mais ce n’était pas aussi facile.

Soudain, agacée par autant de tergiversation, la jeune femme glissa ses mains dans le cou du Monarque, pour l’attirer à elle, et de nouveau, l’embrasser avec ferveur. Elle voulait que ce contact annihile sa réflexion, et se sentir libre encore. Elle savait que c’était possible. Il fallait juste… éviter de penser.

Fronçant les sourcils pour se convaincre, Alecto bascula en arrière dans cette tenue si élégante, tirant sur elle son Roi.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mardi 27 octobre 2020, 19:02:11
     Bien que sa femme n'eut pas été élevée en Meisa, elle semblait malgré elle en avoir intégré certaines parts, ou du moins avoir des points communs avec ce qui était socialement acceptable en Meisa et ce qui ne l'était pas. Serenos n'était pas un parangon de ce que sa société natale considérait comme un parfait compagnon de vie. Certes, comme tous les hommes de son âge, il avait eu une éducation militaire, il était apte à protéger sa maison et sa famille, il avait des ressources suffisantes, largement même, pour subvenir aux besoins d'une famille nombreuse, mais contrairement à l'archétype du gentilhomme Meisaen, il n'était pas nécessairement tendre de cœur. Il était parfois insensible, arrogant, il montrait aucun respect des conventions et parfois même embarrassait ses proches, qui devaient ensuite faire les frais de ces indiscrétions.

     Pourtant, Alecto ne démontrait aucune rancœur. Même si elle n'approuvait pas de toutes les facettes de la personnalité du Roi, elle semblait accepter que certaines parts étaient une partie intégrante de lui. Certaines femmes recherchaient l'homme parfait, celui qui était irréprochable, vertueux, aimé de tous, et passaient leur vie entière à le chercher, sans jamais le trouver, parce que chaque homme, chaque femme, chaque personne avait sa part d'ombre qui, tôt ou tard, allait ressurgir, plus souvent qu'autrement au moment le moins propice. Un gentilhomme pouvait perdre son sang-froid après des mois à ignorer les insultes discrètes de ses rivaux, un fermier pouvait démontrer un déplaisir croissant à remplir ses tâches quotidiennes, un marchant pouvait s'énerver contre des clients, tout le monde était, au plus profond d'eux-mêmes, faillibles et parfois même repoussants pour les autres.

     Évidemment, Serenos ne saurait accepter de se montrer cruel envers son épouse, et heureusement pour elle, ses héritiers ne le tolèreraient pas non plus. Bien que Serenos eut sa part d'ombre, son amour pour Alecto était sincère, mais cet amour n'était pas conditionnel à sa soumission, voire même que Serenos encouragerait sa femme à démontrer une plus grande fermeté envers ce qu'elle daignait acceptable ou inacceptable. Ce n'était pas toujours facile, surtout dans une contrée aussi lointaine, sachant que quitter Meisa reviendrait peut-être à se jeter volontairement dans la gueule du loup, avec Thiana qui pourrait ressurgir n'importe quand. Même si elle était discrète, Alecto restait incapable de voiler ses émotions, ce qui encourageait, le plus souvent, un changement d'attitude du Roi.

     Étant relativement perspicace, le Roi avait une grande capacité d'empathie qui lui permettait de lire les gens. Chez Alecto, il lisait comme dans un livre ouvert, quoi qu'avec un texte embrouillé. Parfois, il pouvait discerner clairement ce qui la troublait, mais plus souvent qu'autrement, il devait décrypter ses messages subtils. Par exemple, il avait remarqué que chaque fois qu'elle était sujette à une émotion négative, elle ressentait le besoin de se resourcer dans la chapelle. Il savait également que dès le moment qu'elle s'autorisait un peu d'égoïsme, elle ressentait le besoin d'expier la culpabilité qui en résulte par ses rituels de mutilation. Comme le Roi n'approuvait pas de ceux-ci, elle ressentait davantage de culpabilité, et donc elle entrait dans un cercle vicieux. En fait, Alecto était constamment dans celui-ci, parce que sa Foi elle-même encourageait le mépris de sa personne au bénéfice de la pureté de son âme et de sa communauté. Laissée à ses propres moyens, elle n'hésiterait pas un seul instant à donner toutes ses possessions à un miséreux, même si elle devait elle-même s'appauvrir au point de ne pouvoir se nourrir et se loger, parce que sa Foi disait que le Divin, s'il désirait qu'elle vive, mettrait sur son chemin la nourriture qu'elle avait besoin.

     Parlant de besoin, bien que son esprit était préoccupé par son analyse personnelle d'une situation à laquelle il n'avait aucun contrôle, sa femme lui fit remarquer qu'il n'était pas acceptable de faire l'amour dans un couvent, ce à quoi Serenos s'abstint de lui admettre qu'il avait déjà commis ce 'sacrilège' par le passé. Après tout, n'était-ce pas un lieu d'amour, de communauté et de compréhension? Ou du moins, c'est ce que l'abbesse lui avait dit avant de l'emmener dans le confessionnal.

     Bien que Serenos n'avait pas l'habitude de s'engager dans des relations avec des demoiselles de la Foi, il fallait dire que l'abbesse, Catalina, avait été une camarade à l'époque de la Grande Guerre, avant qu'elle n'ait renoncé à sa vie de femme pour se consacrer à une carrière religieuse. Certes, le Roi n'approuverait jamais ouvertement le départ d'une personne pour se faire oublier dans un service religieux, il pouvait comprendre que, parfois, certaines personnes avaient un autre destin que celui qu'il voyait pour eux. Il comptait notamment donner à Catalina un titre de noblesse et lui donner terres et biens pour assurer son support dans l'avenir, parce qu'il savait que son support serait d'une grande aide dans l'administration de son nouveau domaine, mais il avait dû renoncer à ce projet. Ceci dit, même si elle se consacrait à ce Dieu unique, parfois, pour vivre une vie libre de toute contradiction, il fallait accepter sa propre faillibilité, et dans le cas de l'abbesse, cette faillibilité était le désir que son ancien camarade et elle-même partageaient. Certes, cela ne se produit qu'une seule fois, mais cet événement leur permit de clore enfin cette partie de leur histoire.

     Mettant fin à ses réflexions, sa femme l'embrassa sur les lèvres avec une ferveur qui le surprit agréablement. Les doigts de la demoiselle agrippèrent sa tenue, et le Roi la suivit alors qu'elle l'attirait dans le lit. La tendresse et la chaleur de sa femme eurent tôt fait de chasser de son esprit les préoccupations qui l'accablaient. Tout en pressant son corps contre le sien, le Roi arracha tant bien que mal son manteau de ses épaules, puis s'affala sur elle pour l'embrasser passionnément, prenant sa place entre les cuisses de son épouse, leurs bassins se pressant l'un contre l'autre alors que leurs corps se cherchaient, se touchaient, avec un désir incontrôlable de s'unir.

     Les mains du Roi se posèrent sur les hanches d'Alecto, se baladant sur ces formes si généreuses, massant sa peau et se délectant de ce grain si fin et doux, avant de se glisser sous elle et saisir ses fesses, palpant les muscles fermes, tout en l'attirant contre lui. Après un court massage, il promena ses mains sur les cuisses de sa femme, remontant sur ses hanches, son ventre et ses flancs. Pour Serenos, chaque exploration qu'il faisait de ses mains était aussi enivrante que la première; il connaissait chaque parcelle du corps d'Alecto, pouvant énumérer chaque relief, chaque cicatrice, avec la précision d'un cartographe, et pourtant, il ne cessait de s'extasier devant une telle beauté.

     Cette robe ne pouvait pas rester en place bien plus longtemps, donc il chercha à la lui retirer. Ses doigts, rudes et maladroits, cherchaient tant bien que mal de défaire le cordon qu'il avait lui-même attaché, se maudissant mentalement de l'avoir noué si fermement, car dépourvu d'ongles, c'était une corvée de séparer le cordon, mais il ne démontra pas ouvertement sa frustration. Pour se donner un peu de patience, il alla chercher d'autres baisers sur les lèvres de son épouse, puis se décala vers son cou qu'il gratifia de baisers, le chatouillant accidentellement avec sa barbe.
     Bien vite, ses bottes tombèrent lourdement derrière lui, les boucles émettant une note métallique au contact du marbre car, d'un geste des pieds, il les retira. Passant les bras sous sa femme, il la hissa un peu plus haut, vers le milieu du lit.

     Les baisers revinrent immédiatement, plus fougueux et amoureux que l'instant précédent, alors qu'il la faisait tourner sur le ventre. Remontant les cheveux de sa femme, il dégrafa son collier et écarta les pans de tissu qui masquaient son dos, et ses doigts se glissèrent dans l'ouverture pour caresser la chair, et il débuta un lent massage. Ses paumes se pressèrent contre les muscles du dos de la jeune Alecto et malaxèrent lentement ses reins, alors que ses pouces massaient généreusement le muscle le long de sa colonne, remontant lentement et sensuellement. Entretemps, les lèvres du Roi continuaient leur ouvrage, venant gratifier avec une attention presque cérémonieuse chaque cicatrice laissée sur le dos d'Alecto par ses maîtres; chaque trace de brûlure, coup de fouet ou de lacération était embrassée, comme s'il présentait ses excuses  pour ne pas avoir été là pour empêcher leur création.

     Serenos remonta jusqu'à la tête de son épouse, et une main abandonna temporairement le massage pour écarter ses longs cheveux noirs de son oreille, que le Roi s'empressa immédiatement de venir mordiller avec tendresse.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le mardi 27 octobre 2020, 20:58:08
Il était inutile de quémander l’affection du Roi, qui se laissa immédiatement emporté par la passion que lui témoignait sa Femme. Elle n’avait pas conscience du pouvoir qu’elle pouvait exercer sur lui, son esprit, son cœur, et son corps, surtout. Ignorante de ses propres capacités, elle estimait simplement que le Monarque lui accordait sans doute une valeur dont elle se pensait dénuée. Pourtant, elle savait aussi que l’amour n’avait pas toujours d’explications, bien qu’elle sache une chose : il venait du Seigneur.

Un homme comme Serenos ne pouvait avoir été mis sur sa route par hasard, et naturellement, la jeune femme n’y croyait pas. C’était écrit. C’était assurément une pensée divergente qu’avait son Mari à ce sujet, et elle se doutait qu’il soit par si facile de songer, comme elle, que notre destin n’était pas déjà tracé. Dieu, alors, combien Alecto cédait à chaque seconde, aux appels incessants de son instinct, qui la forçait à lâcher prise.

Pas aussi prompte à se déchaîner que beaucoup d’autres femmes dans cette situation, Serenos savait combien le cérémonial était important pour que sa jeune Epouse puisse pleinement profiter de leurs ébats. Sans culpabilité, sans remord.

D’autres n’avaient pas eu cette délicatesse.
Mais l’ancienne Esclave n’y songeait pas, en ces instants où les mains rugueuses du Roi parcouraient la peau de son dos, après que les baisers du Suzerain eu brûlé ses lèvres, et qu’il embrasse désormais ses marques. Elle savait qu’il souffrait, à voir son échine bosselée, ne pouvant qu’imaginer les sévices qu’on lui avait infligé avec cruauté. Mais avec légitimité.

Le massage devait la détendre. Cependant, elle se sentait de plus en plus tendue. Etrangement, aucune angoisse ne perlait lorsqu’elle sentait le souffle brûlant du Monarque le long de sa colonne vertébrale, qui descendait et remontait en lui causant des frissons. A chaque fois que sa bouche se pressait sur sa peau, Alecto sentait tout son corps se tendre, surprise malgré la douceur de ses caresses, sur le lieu où il jetait son dévolu.

Petit à petit, elle succombait, en attestait sa respiration qui se faisait sonore, et sa gorge qui s’asséchait. Les dents sur le lobe de son oreille l’achevèrent, et elle lâcha un râle discret. Le Souverain avait tout pouvoir sur elle, et elle s’y abîmerait sans regarder en arrière… N’avait-elle pas annoncé qu’il fallait vivre avec sa part de Noirceur ? L’accepter ? Alecto ferma les yeux une seconde.

Quand elle les rouvrit, incapable de rester immobile, elle se tortilla avec grâce pour tenter de se retourner. Chose faite, se contractant, elle agrippa la nuque de son époux pour attraper ses lèvres, se vengeant en piquant de ses dents la pulpe de sa lèvre inférieure. Elle agissait avec bien moins de contrôle de ses émotions que son Mari, c’était évident. Sa maladresse naturelle devenait un peu brouillonne dans ces instants où elle ne savait que répliquer à une stimulation, entre la panique et la fièvre.
Elle se retenait au cou de son mari d’une main étrangement ferme, ses doigts crispés sur sa peau. Comme si elle craignait qu’il s’enfuie, Alecto glissa son autre main sur ses côtes, et l’appel viscéral de sa peau contre la sienne la prit aux tripes.

Son cœur tambourinait dans sa poitrine, qui se soulevait de manière chaotique, et une respiration haletante comme si le Roi c’était montré bien plus torride qu’un simple massage, et quelques coups de dents… Un réveil agité lui faisait ouvrir de grands yeux ronds, et sans lâcher sa nuque, sa seconde main retirait fébrilement les boutons de la chemise royale. Un exercice de dextérité rendu difficile par le tambour dans ses tempes, qui l’empêchait de se concentrer pleinement sur sa tâche. Elle mordit un peu vivement la lèvre de son Compagnon, se révélant agacée. Un comportement qui ne lui ressemblait en rien.

Si son Roi cherchait à s’éloigner, la poigne sur sa nuque lui intimait de n’en rien faire, et elle emprisonnait sa bouche de la sienne pour s’assurer leur extrême proximité. Une pensée unique tournait en boucle dans son esprit, sentir la peau de Serenos sur la sienne. Sans savoir à quel moment exactement, elle avoua, même, dans un souffle rauque.

« Je veux ta peau. »

A force d’acharnement, le dernier bouton sauta, et comme une affamée, se colla à son torse. La robe glissa sans mal dans sa frénésie, laissant sa poitrine nue entrer en contact avec le buste tout aussi nu de son Epoux.

Elle prit une profonde inspiration, comme si elle avait été en apnée trop longtemps, l’air lui brûlant les poumons. La chaleur de Serenos répondait à son désir, alors qu’elle réaffirmait sa prise dans son cou, ses doigts venant se nicher dans ses cheveux sombre, et retirant lentement cette fois la chemise devenue inutile de son mari.

Se penchant encore vers lui, tirant sur ses muscles douloureux, jusqu’à ressentir sa peau meurtrie se tendre au niveau de sa cuisse malmenée, Alecto enfouit son nez au creux du cou de Serenos, inspirant longuement cette odeur qui n’appartenait qu’à lui, et qui lui semblait le parfum le plus délicat qui soit.
Oh, qu’elle aimerait être de ces femmes sûres et audacieuses, pour lui dépeindre l’étendue de son affection et du désir qu’il faisait naître en elle… Mais l’Ancienne Esclave s’en sentait incapable. Soudainement, elle réalisa combien elle manquait s’assurance, et la panique commença à prendre le dessus.

On lui disait toujours quoi faire, et comment le faire.
Agir d’elle-même, pour elle-même… C’était déroutant. La petite Domestique avala sa salive avec peine, et cilla, se détachant de son Mari, pour lui lancer un regard perdu. Que devait-elle faire, maintenant ? Elle s’était déjà montrée très ambitieuse, à se montrer si entreprenante. Était-ce mal ?
Alecto sentait qu’elle se trouvait à la croisée des chemins. Un rien pourrait la terrifier.

Certaine qu’elle devait attendre un Signe, pour prendre une décision, elle scruta les pupilles de son Roi. Un mouvement infime de son corps lui donna une légère décharge électrique, et le feu qu’elle lut dans les yeux de Serenos eurent raison de son hésitation.

Un doigt sur ses lèvres, lentement, elle invita le Monarque à se reculer, la laissant libre de se reculer, encore, jusqu’à descendre du lit. D’une main, elle retenait encore la robe sophistiquée de tomber au sol, alors qu’elle faisait encore quelques pas en arrière. Pourtant, elle ne fuyait pas, malgré les frissons qui la parcouraient, et les manifestations d’incertitude dans ses mouvements.
Cependant, rien n’indiquait qu’elle doutait. Oh, elle estimait qu’elle ne savait pas comment s’y prendre correctement, mais son choix était sans appel, son regard reflétait une ferveur prodigueuse, dévorant ses yeux le visage, et le torse nu de son Mari.

La jeune femme se tint debout face au Roi, éloignée, et lentement, détacha ses cheveux, d’un geste loin des plus grandes courtisanes, mais touchant d’abandon. Ses boucles noires tombèrent en cascade autour de son visage et dans son dos, et elle remua doucement la tête pour les faire cascader. Enfin, comme si le temps était allongé par ses pauses et ses regards presque provoquants, Alecto fit délicatement glisser la soie de sa tenue le long de son corps, le collier tomba lourdement au sol.

Enjambant ses atours, l’Epouse du Roi revint sur ses pas, très, très lentement. Elle ne savait pas se déhancher comme une tigresse, ni aguicher par ses attitudes hautaines, mais son corps savait parler sans qu’elle n’ait à le faire. Elle avançait vers Serenos, nue, et prête à s’abandonner. Elle s’était délestée du fardeau des apparences, et ne cachait rien.

Remontant sur leur lit, à quatre pattes, elle continua de réduire la distance entre eux deux, jusqu’à coller son nez contre le sien, puis, avec dévotion, embrassa son Mari, sa bouche, sa joue, puis son front, avant de descendre dans son cou, passant ses lèvres, puis sa langue, et même ses dents sur le passage que ses doigts avaient maintenu peu de temps avant.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le samedi 06 mars 2021, 04:42:44
Parfois une image même de la chasteté et de la pudeur, tantôt une femme épanouie dans sa sexualité et dans son désir, Alecto ne cessait jamais de troubler le Roi. Elle semblait toujours naviguer dans les eaux troubles entre sa Foi, qui lui demandait de garder ses désirs et ses besoins sous contrôle, et sa nature même d’amante qui recherchait les bras et les attentions de son partenaire. Quelque part, Serenos était troublé non seulement parce qu’il n’était jamais sûr de comment il devrait réagir à ces changements, mais aussi parce que dans Alecto, il voyait un peu de la personne qu’il était alors qu’il vivait au Palais Impérial d’Aranie. Il était un Meisaen dans un pays d’étrangers, un magicien dans un monde qui abhorrait la magie, et pour peu qu’il tente de s’adapter, de s’intégrer, il y avait toujours cette part de lui qui lui rappelait que, non, il n’était pas comme les autres. Il n’était pas comme Malek. Il n’était pas comme Isnale.

Il secoua la tête pour empêcher ces souvenirs d’empoisonner ce moment. Il n’avait pas l’envie de réexplorer sa mémoire, surtout pas quand sa femme était là, avec lui. Il revint plutôt porter son attention sur cette femme qui venait de lui mordre la lèvre, réussissant de ce fait à chasser ces distractions néfastes de son esprit. Bien qu’elle se voit elle-même comme maladroite, il y avait un charme indéniable dans l’inexpérience de sa femme, dans son empressement presque jouvenceau, comme si elle était nerveuse, comme si elle avait peur de ce qu’il pourrait penser d’elle. Enfin, lui ou bien son Dieu. Et pourtant, il serait d’avis que tous deux partageaient le même désir que la jeune femme soit bienheureuse, peu importe ce que l’Ordre Immaculé continuait de promulguer.

La main du Roi se glissa lentement contre le ventre de la jeune femme, remontant jusqu’à son sein gauche pour le palper délicatement, ses lèvres se plaquant contre les siennes dans un baiser de plus en plus passionné. Le désir du Roi ne faisait que monter pour cette jeune femme, au rythme du battement synchronisé de leurs cœurs. Pendant un moment, il voulut lui arracher ses vêtements, venir dévorer ses seins de ses lèvres, mordiller ces arrogants tétons qu’il aurait pu jurer entendre le supplier de leur accorder ses attention. Le Roi dût lutter contre cette soudaine pulsion. Il craignait ce côté de lui-même, et pourtant, chaque jour qui passait, la douceur et la tendresse d’Alecto réveillait en lui un désir qu’il peinait de plus en plus à contrôler, comme si, plutôt que de le calmer, sa délicatesse lui donnait envie de tenter de tester les limites de cette fragilité, de découvrir jusqu’où il pourrait aller avant qu’elle ne se brise entre ses doigts. Était-ce son instinct de guerrier, ou celui de l’érudit ? Celui du fou ou du savant ? Il ne saurait dire. Il n’avait jamais ressenti cela pour Melisendre ou Laryë, peut-être parce qu’il savait que rien ne pourrait les briser.

Les boutons de sa tunique commencèrent à s’écarter, les uns après les autres, révélant la peau qui se cachait en dessous. La chemise du Roi, comme la plupart de ses vêtements, était doublé d’une cotte de maille, pour le protéger d’une éventuelle tentative d’assassinat.  Même si le Roi aurait tenté de l’aider, elle ne l’aurait pas laissé faire ; telle était la prise qu’elle maintenait sur sa nuque. Parfois, il se demandait si elle tentait de les tuer par asphyxie dans un baiser éternel, avant que celui-ci ne se brise brièvement seulement pour être remplacé par un autre.

-Je veux ta peau, lui dit-elle entre deux baiser, pressant son corps contre le sien.

D’instinct, le Roi referma un bras contre la hanche de sa femme, la resserrant contre lui, un souffle rauque émanant de ses lèvres alors qu’il la sentait se presser contre lui, se donner à lui. Cette soudaine spontanéité semblait le vider peu à peu de sa raison, de son contrôle, et il la serra d’autant plus fort contre lui, comme si, à ce moment, il s’accrochait à elle pour conserver les dernières parts de sa raison.

L’autre main du Roi se leva et caressa la joue de sa femme, le bout de son pouce venant doucement décrire la forme de ses lèvres, avant qu’il ne revienne à la charge pour d’autres baisers. Elle lui prit les cheveux, et il se sentit gronder un peu, mais pas de déplaisir, au contraire ; cela ne faisait que l’attiser davantage. D’un geste d’épaule, il fit tomber la tunique, et sa femme l’en débarrassa. Il revint à elle, et la serra contre lui alors qu’elle se nichait contre son cou. Un moment, encore une fois, où le côté plus sauvage du Roi se résorba pour laisser place au mari attentionné et aimant. Il sentait le trouble en elle. Mais il l’aimait tout autant. Il ne pourrait pas faire autrement. Elle n’avait pas à s’efforcer d’être une femme qu’elle n’était pas pour lui plaire. Et il n’y avait qu’une seule série de mot qu’il aurait pu dire pour le lui démontrer.

Il se pencha doucement contre elle, et alors qu’elle se lovait contre son cou, il murmura les plus doux mots qu’il connaisse au creux de l’oreille de sa femme. Des mots qu’il n’aurait dit à personne d’autre, en ce moment, avec autant de sincérité. Des mots qu’il regrettait ne pas avoir prononcé plus librement par le passé. Des mots qui, une fois prononcés, agissaient comme un baume sur les cœurs brisés et qui pouvait calmer même les plus grandes tempêtes. C’étaient des mots si simples, mais si remplis de sens qu’ils avaient un pouvoir incroyable, pour peu qu’ils étaient prononcés sincèrement.

-Je t’aime, mon Alecto.

Il lui prit délicatement le visage, posant ses yeux dans les siens, pendant un long moment. Au-delà de son amour, il voulait qu’elle ressente, à travers ces mots, la passion et le désir qu’il lui vouait. Il voulait qu’elle sache le feu qui l’habitait, la peur également. Il voulait qu’elle sache qu’elle n’était peut-être pas parfaite, mais qu’il ne l’était pas non plus. Puissant ? Assurément. Dangereux ? Indubitablement. Potentiellement une menace pour tout ceux qui oserait poser un geste déplacé envers la jeune femme ? La question ne se pose même pas. Et donc, plutôt que d’être parfait, il était simplement parfaitement lui-même, et cela lui convenait. Du moins quand cela suffisait.

À sa grande surprise, elle se défit de lui, dans un geste qu’il voyait à la fois surprenant et aussi… un brin excitant. Il embrassa délicatement le doigt poser sur ses lèvres. Elle quitta le lit et il crut pendant un moment qu’elle venait de mettre fin à leur séance de câlin, de façon la plus aguichante qu’il n’ait jamais vu, mais alors qu’il se préparait à se lever à son tour, il remarqua qu’au contraire, elle se préparait à poursuivre. Aurait-elle appris l’art de le manipuler aisément, ou cela lui venait simplement ? En tout cas, elle savait captiver son attention. Ce n’était pas les gestes experts et mesurés d’une courtisane du quartier chaud de la ville, ou d’une maîtresse s’étant consacrée à l’art de plaire, mais il n’en restait pas moins que chaque mouvement de la jeune femme était surveillés par le Roi, le forçant aux aguets tant il peinait à se contenir. Oh, ce qu’il ne donnerait pas pour simplement lui sauter dessus.

Elle revint vers lui, et leur visage se frôlèrent, leurs lèvres se rejoignirent dans un baiser tendre et aimant. Puis, le Roi se laissa bécoter quelque peu. Après un moment, il leva le visage de la jeune femme d’une main et la souleva du lit, un bras passé sous ses fesses pour la tenir en position surélevée. Il la regarda dans les yeux, puis de son bras libre, il lui caressa le visage, le nez, les lèvres, avec un sourire. Il la fit doucement tomber sur le lit, à plat ventre, avant de se relever et de retirer, d’un geste de la main, le pantalon qui le restreignait toujours, ainsi que le ruban noir qui maintenait sa chevelure dans une queue de cheval.

Il grimpa dans le lit, et posa les mains de chaque côté de son épouse, avant de se pencher et de poser un baiser sur sa cuisse, ses fesses, remontant vers son dos. Les lèvres du Roi se posèrent sur les marques de fouet qui couvraient le dos de la jeune femme, alors que ses doigts se glissaient lentement sur sa peau et griffaient délicieusement celle-ci le long des flancs. Le message était clair ; elle voulait sa peau, mais le désir qu’il nourrissait pour la sienne était d’autant plus sauvage et bestial.

La main droite du roi, plus habile, se glissa lentement sous elle, suivant sa hanche jusqu’à tomber dans la région de son bas-ventre. Ses doigts se faufillèrent aisément entre ses cuisses, et bientôt, Alecto put les sentir se presser contre sa féminité, puis caresser délicatement sa petite perle d’amour. D’abord, les mouvements furent doux, délicat, mais au rythme de ce mouvement, le bassin du Roi se pressait contre ses fesses, son membre érigé se pressant légèrement contre les monts de chair.

Ne la laissant pas en reste, la main gauche du Roi se perdit dans la chevelure dense de sa femme, et massa délicatement son crâne, puis sa nuque. La respiration du Roi se fit de plus en plus rauque dans l’oreille de sa femme, et il se pencha sur son cou, ouvrit la bouche et planta légèrement ses dents dans la nuque de sa femme, mordillant sa peau, la suçant bruyamment, causant la peau à passer de son rose naturelle à une marque plus sombre et violacée.

Soudainement, les doigts du Roi abandonnèrent son clitoris et du majeur et de l’annulaire, il vint explorer l’intimité de sa femme. Loin d’être rustre ou agressif, ou envahissant, il se révéla doux, délicat avec cette partie d’elle, sinon un brin expert. Les doigts du Roi en elle commencèrent à remuer très délicatement, leur passage devenant graduellement de plus en plus aisé par la présence de lubrifiant.

Le traitement se poursuivit pendant un moment, mais le Roi ne tenait pas à la faire languir plus longtemps que nécessaire. Lentement, il retira ses doigts de l’intimité de sa femme et, saisissant sa verge, il orienta son membre puis s’enfonça lentement en elle. Comme d’habitude, le sexe de sa femme ne se laissait pas pénétrer aisément. Peut-être était-ce un réflexe physique pour elle, mais elle se crispait toujours dès le moment que cette étape approchait. Après, s’il avait vécu ce qu’elle avait vécu, il serait probablement réfractaire à la chose lui-même, mais le Roi n’était pas impatient. Il attendait qu’elle se détente. Ca pouvait prendre une minute, parfois deux, mais le corps de sa femme finissait par se relaxer, et le laisser entrer. Lentement, et doucement, son membre remua en elle, s’enfonçant de plus en plus, à petit coups, jusqu’à ce qu’elle le sente au plus profond d’elle-même.

Les mains du Roi, alors qu’il commençait à bouger, quittèrent ses cheveux et ses hanches pour remonter le long de son dos, puis de ses épaules, ses bras et ses mains, qu’il saisit des siennes, refermant ses doigts entre les siens. Le Roi se redressa un peu, histoire de pouvoir mieux contrôler ses mouvements, et commença un lent rythme de va-et-vient, résistant tant bien que mal à son désir d’en faire tout autrement. Les mouvements du Roi se faisaient graduellement plus passionnés, mais toujours restreint, comme s’il avait peur de la briser, ou de lui faire peur, tout simplement.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le vendredi 12 mars 2021, 22:14:33
A chaque mot d’amour de son Mari, il paraissait à l’ancienne Esclave que son cœur était trop petit pour pouvoir supporter une telle déferlante d’affection. Une impression de submersion qu’il lui était impossible de contrôler, puisque l’envisager était déjà un concept étrange. Evidemment, jamais elle ne doutait de ses sentiments envers elle, puisqu’Alecto était persuadée que tout être était incapable d’être faux, et elle vouait à son Epoux une telle adoration, qu’elle le plaçait naturellement au rang de parangon de vertu, dont l’honnêteté. Et, en toute franchise, comment décemment ne pas lire la tendresse profonde qu’elle lisait dans son regard, l’attachement si palpable, qui répondait étrangement à ce qu’elle ressentait : un lien plus fort que l’échange d’anneaux, pour cette enfant pieuse, puisqu’ils avaient été unis devant le Très-Haut.

Dès lors, lorsque Serenos avait glissé ses mains puissantes et larges pour encadrer son visage, si petit, si pâle comparé à sa peau, à l’amour véritable se mêlaient clairement le désir tangible, physique, qu’il ressentait pour elle. Si beaucoup de ses Maîtres s’étaient trouvés excités par sa plastique, bien que fade, maladroite, discrète, Alecto prenait seulement dans les bras du Roi la mesure de ce pouvoir étrange qu’elle avait peut-être toujours possédé. Celui de plaire, de faire naître en lui une envie primale, et plus troublant encore, elle la ressentait tout autant. Cet instinct qui lacérait les entrailles actuellement, à elle aussi, chauffait ses reins et remontait le long de sa colonne vertébrale, par le simple fait d’échanger un regard devenu brûlant avec son Epoux, et sentir ses doigts au cuir rêche sur sa peau délicate tant de fois meurtrie.

Qu’il était facile pour le Monarque de la soulever, poids plume dans ses bras si forts, bras qui savaient être un danger pour quiconque, et qui, une fois près d’elle, devenaient des forteresses imprenables et rassurantes. La jeune femme estimait qu’il était l’homme le plus courageux et le plus puissant qu’elle ait jamais rencontré, et les regards qu’elle lui lançaient, brûlant de désir désormais en perdant petit à petit l’implacable contrôle de sa Raison, étaient également emplis d’une admiration sans borne. Empathique, alors qu’elle frémissait sous les ongles de son amant, Alecto ressentait une sorte de frein dans les mouvements de Serenos, qu’elle n’arrivait pas à comprendre, du moins, à conceptualiser. Les hommes qu’elle avait connus n’avait aucune retenue, pas vis-à-vis de son corps. Mais le Suzerain, lui, paraissait lutter entre ses instincts bestiaux et le profond respect qu’il voulait offrir à sa femme. Incapable de se concentrer suffisamment pour analyser la situation, lorsqu’elle lâcha un gémissement au contact du bout de ses doigts sur les recoins les plus sensibles de son corps, l’ancienne Esclave se mordit la lèvre dans un son guttural.

Ainsi contrainte par la pression produite par le Roi sur elle, qui vint peser au point qu’elle n’ignore plus une seule seconde le désir puissant qu’elle faisait naître en lui, Alecto ne put retenir un mouvement de bassin, instinctif et sauvage, mais loin d’être une ruade farouche… Dans un coin de sa tête, quelque chose désapprouvait cette pulsion, mais était tant acculée face à la déferlante de passion qui chamboulaient ses pensées, qu’elle devrait prochainement s’avouer totalement vaincue. L’Epouse Royale voulait plaire à son Mari, voulait son plaisir et à mesure que leur relation s’épanouissait, se projetait même de plus en plus vers l’acceptation de son propre plaisir, à elle. A croire que Serenos était, en effet, un talentueux magicien…

Sans pouvoir agir contre ce mouvement primaire, devenue fiévreuse, ses reins se mirent à onduler pour accompagner les caresses de son Epoux, tant il savait parfaitement la manipuler et effleurer, presser, contourner et insister là où le plaisir s’en trouvait décuplé. Aux oreilles du Souverain, les très discrets gémissements de sa compagne montaient crescendo, un témoignage supplémentaire du bien qu’il prodiguait, loin des épanchements des femmes assurées, mais ô combien sincère. Et elle se laissait consumer par le volcan qui avait toujours été en elle, bien enfoui, et qu’elle avait trop longtemps réfréné, celui qui s’éveillait davantage, et qui appelait de ses vœux des traitements plus conséquents.

Comme s’il lisait ses signaux facilement, attentifs à ses réactions et les sons devenus plus rauques par le manque de salive, le Roi mit fin à ses caresses, la pénétrant avec une infinie douceur… Une délicatesse nécessaire, dont elle lui était reconnaissante, et qu’Alecto eut soudainement envie de communiquer, mais trop submergée par les sensations de ce membre qui s’insérait en elle, lentement, centimètre par centimètre, ne sut l’exprimer clairement. Elle tenta de balbutier quelques mots, mais les sons se transformèrent en couinements et en râles, et devinrent de langoureux « Oh, Serenos… ohh… » alors qu’il s’enfonçait complètement en elle. Un soupir plus long accueillit cette délivrance pour tous deux, cette communion puissante, et elle serra les doigts de son Mari dans les siens avec la ferveur d’une dévote.

Ce simple geste, anodin, commun, multipliait le feu qui brûlait ses joues et faisait battre le sang à ses tempes, elle s’y cramponna en ondulant son bassin au rythme des coups de reins, de plus en plus soutenus, quittant l’allure sensuelle des débuts, en sentant les frémissements dans les muscles de son Mari. Alecto tourna la tête suffisamment pour tenter de lancer une œillade à l’homme qu’elle aimait, pour lequel elle se damnait, et lui sourire avec une complicité touchante. Pourtant, l’ancienne Esclave percevait la retenue de son Epoux, la crispation de certain élan, avortés avant d’atteindre ses fesses rebondies. Les sons feutrés de leurs ébats qu’il s’efforçait de maintenir, et la force qu’il devait conserver pour la protéger… Ainsi dans la fièvre de cet échange charnel de moins en moins sage, l’Epouse Royale décelait ses tensions muselées, et laissa alors libre court à son instinct.

Se cambrant davantage, accentuant la résistance de ses réponses aux pénétrations du Monarque, sa gorge sèche de trop gémir lâcha de manière audible, dans un soupir :

« Encore, Mon Roi. Encore. » Son petit visage hocha pour lui assurer de son consentement, alors qu’elle s’entendait parler sans vraiment y croire, à un niveau de transe trop grand pour encore réussir à se contrôler. « Plus fort. » 



Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 16 avril 2021, 07:08:19
S’adonner aux affaires de la chair n’avait jamais été un acte dévalorisé, en Meisa. D’aussi loin que les plus vieux puissent se souvenir, il était même mal venu qu’un homme, ou une femme, ne s’accorde pas quelques plaisirs. De fait, les bordels et les courtisanes affluaient les rues, et nombres d’entre elles étaient aussi respectées que certaines dames de la cour simplement parce que leurs amants et amantes sont de puissantes relations. Il est dit qu’en Meisa, savoir choisir son partenaire de vie était aussi important que de choisir son partenaire de corps.

Il a fallu du temps, des années même, pour que le Roi vienne à accepter qu’il y eût plus aux moments de passion que le simple besoin de reproduction. C’était une forme de communion, de communication. Il y avait une grande différence entre ce qu’il ressentait lorsqu’Alecto réclamait ses caresses en comparaison aux invitations d’une maîtresse ou d’une courtisane. Alors que le corps d’une de ces dernières lui promettait des moments d’extase, celui d’Alecto lui demandait le soin. Le simple fait d’être en elle, de son propre vouloir, bien que trahissant leur désir mutuel, était une déclaration d’amour et de confiance. Une confiance qu’il devenait parfois de plus en plus difficile de ne pas abuser.

Ne se rendait-elle pas compte qu’elle avait affaire à un guerrier ? Comment osait-elle nécessiter autant de délicatesse de sa part, à lui, Serenos de Meisa ? N’était-il pas arrogant de sa part d’être aussi vulnérable devant lui.

- Encore, Mon Roi, lui dit-elle. Encore. Plus fort.

L’hésitation le prit et pendant un moment, il se demanda si ses pensées se lisaient aussi facilement sur son visage. Il devait admettre qu’il peinait à conserver son sang-froid, mais n’était-il pas en contrôle ?

Finalement, se dit-il, n’était-il pas normal qu’elle apprenait à lire en lui ?

Il se pencha sur elle un moment et posa un baiser contre son épaule nu, puis son cou.

- Oui, mon Alecto, concéda-t-il entre deux baisers, s’approchant pour murmurer au creux de son oreille.

Il posa sur ses lèvres un baiser doux, aimant.

Ses mouvements de rein commencèrent à se faire un peu plus vif, son bassin heurtant les fesses de la Reine dans un geste graduellement plus agressif. Encore une fois, le Roi prenait garde à ne pas sauter les étapes.

Les doigts du Roi se resserraient entre ceux de sa femme alors qu’il l’écrasait graduellement de plus en plus contre le matelas moelleux, son membre tapant au creux d’elle-même. Bien qu’il fit attention de ne pas la blesser, il y avait graduellement un manque de délicatesse dans les gestes du Roi, quelque chose de plus primaire.

Alecto ne resta cependant pas bien longtemps tournée dos au Roi. Après un moment, le Roi s’extirpa d’elle, et la retourna pour qu’elle lui fasse fasse. Un moment, il l’observa, la toisant de son corps musclé. Il y avait en lui une tension, une tentative de se contrôler qu’il ne voulait plus. Il regarda sa femme, devant lui, ses seins le narguant, son corps couvert de petites cicatrices. Alecto, qui n’avait jamais tenu une arme de sa vie, avait le corps d’une guerrière, ou du moins elle avait les cicatrices d’une survivante, et Serenos ne pouvait se contenir ; quelque part, autant il était répugné à l’idée que quelqu’un puisse lui avoir fait du mal, esthétiquement, il y avait quelque chose qui lui plaisait. Non pas qu’il en rajouterait, mais le fait qu’Alecto porte, comme lui, des cicatrices lui donnait un sentiment de… similarité.

Le Roi se pencha de nouveau sur sa femme, et avec un mouvement de hanche plus qu’habile, regagna sa juste place entre ses cuisses. Ses mains se glissèrent de nouveau sur les poignets de sa femme, les relevant jusqu’aux oreillers, et il entama un va-et-viens plus puissant, bougeant l’intégralité de son corps. Ses muscles, rendus glissants par la sueur, glissaient aisément sur l’abdomen d’Alecto. Son torse, pressé contre sa poitrine, la comprimait et la massait alors que leurs corps semblaient chercher à s’unir davantage, comme s’ils espéraient se fondre l’un dans l’autre.

Sans les restreindre de manière inconfortable, les mains de Serenos joignirent les poignets de sa femme au-dessus de sa tête, et il la tint ainsi. Tout en apportant une certaine vulnérabilité à la jeune femme, cela lui apportait également un certain soutien, comme une ancre, l’empêchant d’être secouée. La main ainsi libérée du Roi descendit jusqu’à la hanche de la jeune femme, puis sa cuisse, qu’il releva contre sa hanche, lui permettant ainsi d’entrer plus profondément en elle.

Bien vite, sous l’enthousiasme du Roi, même le lit ne put s’empêcher de participer, en quelque sorte, alors que les mouvements du Roi le secouait. Les planches grincèrent, les pattes sur le plancher émirent des grattements bruyants, mais il n’en avait que faire ; il ne portait plus attention à rien d’autre qu’à sa femme. A sa voix, à ses yeux, à ses lèvres, son corps. Alecto, en ce moment, était le seul et unique objet de l’attention du Roi.

Serenos relâcha la cuisse de sa femme et vint plutôt caresser sa joue, plantant leurs yeux bleus dans ceux de l’autre. Leurs lèvres se frôlèrent alors que les halètements venaient mourir contre ceux de leur partenaire, se cherchant pour s’embrasser sans se trouver pendant un moment qui semblait être près d’une éternité. Finalement, le Roi se pencha et posa un autre baiser sur ses lèvres, un baiser langoureux, passionné, l’empêchant par la même occasion de protester ou de gémir. En ce moment, Serenos était un mélange de passion, de fougue et de tendresse.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 18 avril 2021, 18:24:24
Alecto était loin de savoir bouger et agir comme les femmes qui assument leurs désirs. Au quotidien, elle n’était qu’une tapisserie agréable aux yeux, discrète, s’excusant par son attitude même d’exister, tout simplement. En matière d’amour, elle s’était vouée adolescente au Seigneur, mais la vie en avait décidé autrement, et elle n’avait pas été éduquée pour chercher l’épanouissement personnel, quel qu’en soit le domaine. Les plaisirs du ventre n’étaient pas non plus développés chez ce petit appétit d’oiseau, mais il fallait avouer qu’elle n’avait jamais été inexpérimentée. A l’Auberge, Ysor était un cuisinier hors-pair et le plaisir engendré par la nourriture n’était pas si répréhensible… Rien en comparaison du pêcher suprême.

Il fallait avouer que jamais personne n’avait pris la peine de se préoccuper de son ressenti, cherchant simplement à user de son corps, détruire son esprit pourtant naturellement si docile. Sentir le désir brûler ses entrailles avait longtemps été un horrible sentiment pour l’ancienne Esclave. Désormais, au contact de Serenos, elle apprenait à le découvrir et s’y ouvrir. On ne peut indéfiniment refouler ses pulsions sans que cela ne devienne problématique ; la petite Poupée obéissante découvrait que l’on pouvait penser par soi-même, et appréciait désormais la brûlure de ces sentiments incompréhensibles mordant ses reins, chatouillant l’intérieur de ses cuisses, la poussant à respirer avec insistance comme après une longue période d’apnée.

La confiance sans faille qu’elle vouait à son Roi, la tendresse extrême dont il faisait preuve, au prix d’efforts qu’elle paraissait percevoir un peu, avaient eu raison de ses barrières, bien qu’il en résidât encore de nombreuses à écarter.

Le feu léchait sa peau dès que le Monarque la touchait, réceptive au moindre de ses gestes, et en tirant un désir dévastateur. La sueur perlait à son front et roulait le long de sa colonne vertébrale, elle percevait plus clairement désormais comme sa supplique avait été écoutée par le Suzerain des Trois Royaumes. La vigueur de ses coups de rein lui arracha des couinements, fermant les paupières pour se concentrer sur les sensations bénéfiques ; il y avait toujours ce risque, dans un coin de son esprit, que cette étreinte passionnée ne soit percutée par son pendant cauchemardesque, tant de fois vécue. Combien de Maîtres avaient abusé d’elle ? Ses petits doigts serrèrent avec force, toute celle dont elle était capable, ceux de son Epoux, pour s’accrocher à tout ce bien qu’il lui procurait.

Désormais face à l’homme qu’elle adorait, le regard rétrécit par l’excitation et la transe, bien incapable de se contrôler tant elle était submergée, la petite Esclave soupira en admirant son Roi. Chaque regard qu’elle lui portait témoignait de sa dévotion presque surnaturelle. Elle n’y songeait pas, mais pour Alecto, la Divine Présence de Dieu dans son cœur était petit à petit diminuée par la place énorme que prenait désormais le Monarque. Sujet de toutes ses pensées, de toutes ses attentions, elle le lui avait déjà dit, dès leur première rencontre : vivre dans son ombre serait un délice, siéger proche de lui, et pouvoir l’observer de loin, une bénédiction. Alors, être détentrice de son affection était un privilège dont elle avait du mal à se sentir digne.

Mais elle ne jugerait jamais les sentiments de son Epoux, cela ne lui appartenait pas de le faire. La jeune femme se cambra pour accentuer l’angle de leur fusion et ancrer leurs corps suintants, se sentant ainsi totalement surplombée par la musculature du Roi. Sa puissance était encore mesurée, mais elle lisait dans son regard un désir sauvage qui, cette fois, était loin de l’effrayer. La petite Colombe fragile avait été mordue par le besoin viscéral de communier avec lui, elle le voulait si fort qu’elle en ressentait une étrange pointe dans la poitrine.

Suffoquante, l’Ancienne Esclave discrète gémissait désormais que les coups de bassin pleuvaient de nouveau, écartant les cuisses pour dégager son passage et laisser libre cours à la passion dévorante du Monarque. Plus vifs, plus profonds, ses mouvements arrachaient des vocalises plus perçantes à sa Femme, au point qu’elle se mordit la lèvre en se rendant compte qu’elle ne maîtrisait plus du tout sa voix. Pourtant, une œillade brûlante de Serenos, qui la fit sursauter tant elle était percutante, l’encouragea à cesser de se retenir, et Alecto laissa sa tête tomber en arrière pour succomber pleinement aux sensations qui envahissaient l’ensemble de son corps.

 Saisissant sa bouche avec un empressement qui la surprit elle-même, dès qu’il approcha ses lèvres des siennes, la jeune femme soupira bruyamment contre sa peau, l’emprisonnant dans un baiser qu’elle ne contrôlait pas. Un temps, ses piaulements acharnés cessèrent, soufflant par le nez comme un bœuf en ondulant davantage, se sentant libérée d’un carcan si longtemps contraignant.

Sa langue se joignit à la danse, glissant sur sa bouche et piquant la commissure de ses lèvres en couinant, mais alors qu’elle repartait à l’assaut par un nouveau baiser, tirant le cou comme une assoiffée, les yeux implorants, Alecto se tendit soudainement. La décharge de plaisir la surprit et elle se crispa un instant serrant les dents jusqu’à en avoir mal à la mâchoire, avant de se secouer en de nombreux spasmes de démente, se dégageant de sa contrainte sur ses poignets, pour s’accrocher aux épaules du Roi comme à une bouée de sauvetage.

Se convulsant un bon moment, plaquant ses lèvres sur celles de son Epoux comme s’il lui était interdit de s’exprimer, l’Ancienne Esclave enserra le bassin du Monarque de ses jambes pour lui interdire toute retraite, bien qu’il n’ait aucun mal à s’en défaire. Mais pour Alecto, il lui appartenait. Il était à elle, et elle le voulait pour toujours dans ses bras. Ne jamais plus le lâcher. Son bassin reprit peu à peu un rythme moins chaotique, sa respiration encore sporadique l’empêchant de s’exprimer correctement… Mais un baiser plus doux sur la joue barbue de sa Majesté témoignait qu’elle regagnait petit à petit le monde des mortels après s’être envolée.

Les joues carmin par le plaisir, le regard amoureux et un sourire équivoque aux lèvres, la petite Servante donna un petit coup de rein plus vif, puis pinça les lèvres. Elle ne pouvait pas rougir davantage, mais son regard pétilla de ce qui devait être de la malice, toute relative pour cette chose timide. Ses mains désormais libérées après l’extase glissèrent sur le dos luisant de sueur de Serenos, l’une se fichant sur sa nuque en dégageant sa chevelure sombre, et l’autre descendant jusqu’à ses hanches, pour caresser la naissance de ses fesses. Ce simple geste, anodin, lui tira un soupir délicat. D’autres n’y prêteraient aucune importance. Alecto s’en repaissait comme le plus cavalier des comportements. Pour l’accompagner, son nez glissa sur la jugulaire du Monarque, embrassant puis léchant sa peau salée, jusqu’à oser y planter la pointe de ses canines en frissonnant.
Titre: Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]
Posté par: Serenos I Aeslingr le vendredi 11 juin 2021, 00:49:16
Malgré ses dires et comportements, le Roi de Meisa savait ce qui se tramait dans la tête de la jeune femme. Ses dilemmes religieux, les conflits entre sa Foi et sa raison, son cœur et ses vertus. Il ne pouvait pas partager sa Foi, sachant ce qu’il savait, et pour avoir vu à quel point le monde est cruel et froid, vouer une quelconque dévotion envers la créature qui, selon les éléments démonstratifs, serait responsable de tout cela, il ne pourrait l’accepter. Certes, lui-même est un défendeur du libre-arbitre, il croit que chaque créature devrait être responsable de sa propre destinée, mais entre lui-même et ses moyens limités et l’être demiurge, il y avait assurément une marge où ce dernier pourrait facilement mettre fin à des conflits inutiles sans nuire au libre-arbitre, ne serait-ce qu’en prodiguant une inspiration quelconque aux concernés.

En contrepartie, Serenos n’était lui-même pas à l’abri des dilemmes. La différence d’âge entre lui-même et sa compagne, bien qu’il puisse l’ignorer la plupart du temps, lui rappelait à l’occasion qu’il était peut-être en train d’abuser de sa confiance. Après tout, Alecto était plus jeune que ses deux fils plus âgés, et dans la même tranche d’âge que ses filles cadettes. La seule qui restait plus jeune que la demoiselle serait Liorene, sa plus jeune fille, une bâtarde née de sa liaison avec Mélisende.

Également, il ne parvenait pas à ignorer, par moment, la ressemblance troublante et frappante que sa nouvelle épouse avait avec la défunte Reine de Meisa. Des cheveux noirs comme l’onyx, deux yeux bleu clair qui assombrissaient les siens par comparaison, une figure dessinée et frêle, s’il avait été un brin superstitieux, il aurait peut-être même cru qu’il s’agissait de la réincarnation de la défunte souveraine du royaume. Évidemment, cela ne voulait pas dire qu’il les comparait, car comparer Alecto, qui était d’une tendresse et d’une délicatesse désarmante, à Laryë, qui était une femme d’action et de décision, revenait à comparer des pommes et des oranges. Bien qu’elles soient toutes deux très belles, il n’enlevait pas qu’Alecto était Alecto et que sa place dans le cœur de Serenos n’était pas à titre de remplaçante, et que Serenos l’aimait en tant que telle. La ressemblance, certes troublante, lui rappelait simplement qu’il y eu une époque où Serenos n’avait pas démontré à la personne qu’il aimait l’affection qu’il lui portait, une erreur qu’il ne comptait pas commettre de nouveau avec sa bien-aimée.

Un autre dilemme qui lui venait souvent en tête était l’éducation de la jeune femme. Avide de littérature comme elle l’était, elle était également très timide de le montrer, de montrer son intelligence. Pour le moment, il désirait la garder à l’écart du pouvoir, pour éviter de la mettre dans des situations d’opposition avec des gens qui chercheraient à exploiter cette timidité pour gagner des faveurs en se montrant plus courtois et gentils envers elle simplement pour avancer leur propre agenda. Serenos avait développé une méfiance naturelle envers les gestes visiblement « de bonne volonté », et n’acceptait que rarement les compliments de façon sincère, y voyant toujours, jusqu’à preuve du contraire, une intention malveillante. Alecto avait eu ses propres expériences, mais sa foi et sa culture exigeaient qu’elle accorde un bénéfice du doute avant toute chose, et de ne jamais refuser aux gens qui requéraient son aide, une chose qui pourrait potentiellement la mettre en danger, car une générosité trop grande favorisait un débalancement des forces.

En revanche, sa disposition morale était un excellent contrepoids à l’intransigeance du Roi. Lui qui était habitué à se montrer froid et distant envers les autres, l’ouverture d’esprit de sa femme pourrait potentiellement l’aider à se montrer plus raisonnable dans des situations délicates qui, au final, rapporteraient de grands bénéfices non seulement à sa propre réputation, mais également à la prospérité du royaume et de la cour.

Cela était bien loin des pensées du Roi, en temps normal, mais quand il faisait l’amour avec elle, il ne pouvait s’empêcher de penser à elle, à son bonheur, à sa place dans le monde. Elle semblait fort satisfaite de leur relation et de son rôle d’épouse, mais tôt ou tard, il savait qu’elle chercherait à avoir un impact dans ce monde, un impact qu’une Reine pourrait avoir, par exemple.

Et pourtant, bien qu’il lui semblât qu’il s’était perdu longtemps dans ses pensées, il ne s’était écoulée que quelques secondes, et il y fut de nouveau arraché par les baisers de sa femme. Un peu de culpabilité le saisit néanmoins, car comment pouvait-il se permettre, même pour un instant, de laisser son esprit vagabonder. En guise d’excuse, il lui rendit son baiser et s’adonna à la tâche de couvrir sa peau de pêche de baisers amoureux. Il agrippa les cuisses de la jeune femme alors qu’elles se resserraient sur lui, caressant ce grain de peau si particulier et si doux qu’il n’aurait aucun mal à le préférer au satin. Il ne se lassait jamais de la toucher, de la découvrir, encore et encore, comme s’il voulait garder, à son esprit, une carte parfaite de sa femme. Chaque cicatrice, chaque marque, grain de beauté, il n’avait même pas besoin de la lumière pour les trouver, et tous participait à rendre sa femme encore plus belle.

Il était tellement concentré qu’il ne se rendait presque plus compte à quel point il était près de l’orgasme, alors que sa femme commençait pourtant à montrer de signes évidents ; ses mouvements étaient un peu plus gauche, ses gémissements étaient plus aigus et elle recherchait plus avidement sa présence, ce qu’il lui accorda bien sûr, et il l’accompagna dans des mouvements délicats jusqu’à ce qu’elle se crispe de plaisir, atteignant un orgasme qui, par réaction, déclencha également celui du Roi. Alors que sa femme se crispait sous lui et l’embrassait, le Roi la ramena plus fermement contre lui et sa virilité s’enfouit dans les plus profonds recoins de son intimité, relâchant alors sa semence en elle dans un orgasme puissant et un brin salissant.

Un profond sentiment de libération et de contentement se répandit dans le corps du Roi alors que les endorphines causés par l’orgasme lui montait au cerveau. Alors que sa femme se crispait et gémissait, Serenos vivait simplement un moment de déconnexion. Pour un moment, le monde entier cessa d’exister, hormis lui et elle. Dans ce moment de parfaite isolation mentale, il se pencha sur elle et plaqua doucement son front contre le sien alors qu’elle s’agrippait à lui. Il n’était pas homme pieu, elle le savait plus que quiconque, mais pendant un moment, il ne put s’empêcher de la remercier. Pas son Dieu, pas les grands esprits, pas ses parents ; il la remerciait, elle, d’exister. Il la remerciait d’avoir tenté de le voler. Il la remerciait d’avoir échoué. Il la remerciait de l’aimer.

Alors que sa femme l’enlacait de ses bras et jambes, leurs lèvres se soudant dans un nouveau baiser chaleureux et aimant, le Roi, lui, refermait son étreinte sur sa petite forme, plaquant son torse contre la poitrine de sa femme et courbant le dos pour se le permettre, mais il ne s’extirpa pas d’elle. Il n’avait pas envie de briser cette connexion, ce lien charnel entre eux, et les draps en payèrent le prix, mais il n’en avait que faire.

Il la laissa mordiller sa chair sans rouspéter, souriant devant ce petit geste d’amour, avant de la porter délicatement et l’emmener vers les coussins, s’extirpant lentement et à regret de son intimité, avant de s’allonger, la laissant se reposer sur lui. Les mains du Roi attirèrent alors les jambes de sa femme pour que son bassin se retrouve sur son abdomen, leur permettant de s’embrasser à cœur-joie, alors que les mains du Roi caressaient sans la moindre gêne les fesses rondes de son épouse.

‘Lève ton menton,’ lui demanda-t-il sur un ton doux, et profitant du moment où elle s’exécuta, il se faufila dans l’ouverture et plaqua ses lèvres sur son cou, près de la nuque, et embrassa sa peau, l’aspirant pendant de nombreuses secondes. ‘Dès qu’il disparaitra, nous referons l’amour. Encore, et encore, et encore.’ Il remonta doucement une main le long de ses reins, remontant vers sa nuque. ‘Parce que je ne te laisserai plus jamais toute seule aussi longtemps.’

Il glissa la main vers la joue de sa femme et l’attira vers lui pour un autre baiser.

‘Entendu ?’ Et il attendit sa réponse. Après cette réponse, évidemment, il ne comptait pas la laisser se reposer si aisément. Oui, ils avaient un voyage devant eux, mais après une telle séance, il ne serait que normal que…

‘Votre Majesté, on a… Oh !’ fit une voix derrière Alecto.

Penchant la tête sur le côté et protégeant la chasteté de sa femme de ses grands bras, le Roi darda sur la servante un regard chargé d’avertissement. Déranger le Roi dans ses moments de calme ou d’intimité était un risque, surtout s’il était de mauvaise humeur.

‘Que voulez-vous ?’ demanda-t-il avec une pointe de colère.
‘Je… je venais préparer le bain, Majesté… et aider son Altesse avec sa toilette…’

Même s’il était fâché, le Roi ne se laissa pas emporter outre mesure.

‘Inutile. Je m’en occuperai moi-même. Vous pouvez disposer.’
‘Oui, sire !’

Pas besoin de le répéter deux fois, la jeune femme tourna les talons, non sans jeter un dernier coup d’œil vers le Roi et dévorant son épouse avec un regard chargé d’envie ; visiblement, la Reine avait déjà des demoiselles envieuses de sa position. Un problème pour un autre jour. Serenos savait bien que la position de Reine ou de compagne était destinée à faire des envieux, que ce soit pour des raisons de pouvoir, de prestige ou simplement d’estime personnelle, et qu’il aurait assurément des détracteurs pour sa décision lorsqu’il annoncerait la légitimité de son épouse au grand jour. Pour l’instant, les rumeurs circulaient, tout au plus, et c’était ainsi que Serenos le désirait, parce que cela lui permettait de surveiller les réactions de ses opposants et de mieux protéger Alecto.

Délicatement, il souleva son épouse et la porta vers la petite pièce à l’arrière de la chambre royale, une pièce qui faisait à la fois office de salle d’hygiène mais aussi de méditation. Jaillissant du mur de pierre au fond de la pièce, une tête de sombrechant, le grand oiseau qui symbolise Serenos, fait de pierre faisait couler de l’eau de son bec, remplissant un grand bassin d’eau fraîche. Lentement, le Roi et sa compagne se glissèrent dans cette eau, descendant les marches une par une, jusqu’à ce que le bassin lui arrive jusqu’à la taille. Il déposa doucement sa femme, qui en eu au moins jusqu’au nombril, et il l’embrassa dans le cou.

‘Nous n’allons pas nous présenter devant tous couvert de sueur, n’est-ce pas ?’ la taquina-t-il entre deux baisers.

Il entreprit alors de l’aider à se laver, ses mains glissant aisément sur elle, mais la laissant également se débrouiller si elle décidait de refuser ses douceurs.