Mal à l'aise, c'était le mot qui convenait le mieux. Le seul et unique. Difficile de penser à autre chose ou d'être autre chose lorsqu'on était ainsi largué dans un univers totalement différent du sien. Alors soit il s'agissait de jeunes femmes absolument ravissantes ou mignonnes, mais c'était bien trop étrange pour Senri. Enfin, pour le moment. Peut-être s'y habituerait-il avec le temps. Par chance, Gia ne tarda pas à revenir. Seule. N'était-elle pas aller chercher Mélinda ? Quoique, cela semblait plus logique que ce soit lui qui vienne à elle. Acquiesçant alors, le jeune homme avait rapidement suivi la jeune femme dans ce grand escalier suivi de quelques couloirs. Leur chemin se fit sans un mot et se termina devant une porte à double battant. Pour sur, les choses n'étaient déjà pas assez effrayantes, il fallait en rajouter. Gia, ou plutôt sa maitresse, li disait que ça se passait derrière mais qu'il devrait y aller seul.
Dans un coin de son esprit, le jeune homme ne put comparer cette scène qu'à un sacrifice. Telle une biche qu'on offrait à un prédateur qui n'en ferait qu'une bouchée. Ou quelque chose du genre. Déglutissant, il allait prononcer quelques mots mais s'en abstint alors qu'elle se pencha, l'enlaça et l'embrassa. Un baiser qui lui fit le plus grand bien et qui fit fuir toutes ces réticences. Il savait alors qu'elle le soutenait et qu'il n'était pas réellement seul. Mieux encore, il savait que c'était pour elle et pour les futurs plaisirs qu'il pourrait probablement vivre ensembles. Réunissant alors son courage, il passa la porte.
L'atmosphère de cette pièce était tout autre. Éclairée par le feu d'une cheminée et quelques bougies disposées ici et là, la pièce avait un air plus... Sombre ? Non. Ce n'était pas vraiment le cas, mais qu'importe le terme exact, Senri avait quelque chose de plus important à faire. Ses yeux balayèrent alors rapidement la pièce avant de tomber sur la jeune femme assise sur sur l'un des fauteuils au centre de la pièce. En la voyant, le jeune homme comprit comment tout un univers de personne pouvait tourner autour d'elle et graviter aussi normalement. Elle était resplendissante. À couper le souffle. Vêtue d'une robe dorée, il pouvait deviner un corps sans imperfection et une grâce sans pareille. Déglutissant un peu, se sentant presque misérable et loin d'être à la hauteur, il la regarda un instant alors qu'elle releva la tête pour le regarder et lui sourire. Lorsque ses mots brisèrent le silence, le jeune homme ne put réprimer un frisson.
Sans précipitation, il vint s'asseoir en face d'elle, essayant de s'installer le mieux possible, tant pour ne pas avoir l'air irrespectueux que maladroit ou totalement stupide. Si proche d'elle, il semblait difficile pour lui de rester lui-même ou de ne pas être totalement... confiant. Et ce fut pire encore lorsqu'elle lui proposa à boire. Une boisson qui serait servi par son frère qui se trouvait là-bas, dans un coin de la pièce. À ses mots, Senri essaya de trouver ce frère en question et déglutit en le voyant à peine. Lui qui croyait qu'ils seraient seuls. Cette situation n'en devenait que plus gênante. Comment rester soi-même et pouvoir discuter convenablement. En plus d'être un homme, c'était son frère. Senri se demandait s'il n'en était pas venu à couper une discussion entre un frère et une sœur. Est-ce qu'il était si mal tombé que ça ? Un si mauvais timing était-il possible ? Sans savoir pourquoi, il en doutait. Enfin, ce n'avait aucune importance. C'était maintenant sa chance de parler et de poser ses questions. Il n'allait pas s'en priver, mais là comme ça, cela allait être difficile. Non, il fallait un peu de temps au jeune homme pour réunir ses esprits et trouver les questions. Temps qu'il gagna en répondant à la première proposition.
Merci mais pour l'instant ça va, je n'ai pas très soif.
Comment aurait-il pu avoir soif ? Senri n'était généralement pas timide mais il avait toujours eu un peu de mal avec tout ce qui touchait à l'administration et étrangement, cette scène y ressemblait beaucoup. Inspirant alors un peu, le jeune homme enchaina alors sans trop y réfléchir.
Oui, Gia me l'a dit. J'ai en effet pas mal de question, après tout, Gia m'a un peu pris de court et ce que j'ai vu m'a un peu... Surpris. Enfin bref, je me demandais si...
Et là, ce fut le drame. Rien ne vint. Il avait des questions. Il en était certain... Mais pourtant, aucune question ne voulait sortir la première. Impossible d'en caler une avant l'autre. Devait-il toutes les prononcer en même temps ? Non, c'était stupide. Face à ce désarroi, Senri se pinça la lèvre. Pourquoi il passait maintenant. Pour un abruti ramener par une fille que la maitresse de maison, ou plutôt de manoir, avait ramené ? Il n'aimait pas ça. Pas ça du tout. Le silence avait duré quelques secondes à peine depuis ses derniers mots mais pour lui cela durait déjà trop longtemps. Incapable de mettre la main sur une question simple et acceptable, puisque après tout, demander si son frère pouvait les laisser ne semblait pas une question viable, Senri décida de changer de fusil d'épaule et de poser sa question autrement.
J'aurais aimé savoir ce qu'il va se passer ou comment ça va se passer... Quand j'ai rencontré Gia, j'étais loin de penser qu'il y avait derrière elle tout un groupe de personne tournant autour de la domination et la soumission. J'avoue que du coup, je suis pas mal perdu et j'aurais au moins savoir ce que vous attendiez de moi. Gia m'a dit que vous étiez la maitresse de tout le monde ici, alors dois-je vous considérer aussi comme ma maitresse, ou dois-je m'en tenir à servir Gia ? Quel serait mes rapports avec les autres ?
Voila, c'était enfin sorti. Pas tout à fait comme il l'aurait voulu, mais c'était pas mal. En revanche, ce que redoutait maintenant le jeune homme s'était la réaction de son interlocutrice. Il ignorait tout d'elle et il savait que sa façon de parler était peut-être un peu étrange ou décalée. Mais une chose était sure, il serait sans nul doute fixé. Bientôt...