Le jeune Senri semblait être secoué, et nerveux. Une nervosité que Mélinda pouvait comprendre, puisqu’il était en face d’elle, et que sa beauté, ainsi que sa nature vampirique, étaient souvent très détonantes pour les humains. Mélinda se disait souvent que, instinctivement, les humains devaient ressentir la supériorité génétique des vampires. Il ne fallait effectivement pas croire que Mélinda était une femme modeste et humble. Pour elle, les vampires étaient des êtres supérieurs, supérieurs aux êtres humains, et elle ne se privait pas pour le faire savoir. Le beau et timide Senri, intimidé par cet environnement, semblait peiner à trouver ses mots, ce qui fit que, pendant de nombreuses secondes, il se contenta de regarder Mélinda ou de fixer le vide, en semblant tenter de mettre de l’ordre dans ses pensées. Finalement, il finit par tout balancer d’un coup, et Mélinda, silencieuse, avait patiemment attendu. Elle était habituée à cette gêne, et elle appréciait de la voir. La petite vampire esquissa un léger sourire.
« Ce que j’attends de toi... Ce n’est pas bien compliqué. J’attends juste de toi que tu sois mon petit soumis. »
Mélinda sourit légèrement, révélant à nouveau ses belles dents blanches. Quand ils ne parlaient pas, le silence n’était rompu que par le crépitement de la cheminée, et le bruit des branches se craquelant dans l’âtre de la cheminée.
« Je suis effectivement ta Maîtresse... Mais sache que tu as encore le choix de repartir. Bien que je comprenne que tout cela puisse être déroutant pour toi, si tu ne le sens pas, tu peux encore partir. Maintenant, sache que, officiellement, il y a moi, ta Maîtresse, et les autres esclaves, et que, toujours officiellement, vous êtes tous les mêmes. Cependant... »
Les choses n’étaient évidemment pas aussi simples, car, dans ce cas, et bien, ce serait trop facile. Mélinda avait quelques précisions à faire, car elle avait conscience qu’être le soumis de Gia puisse surprendre Senri, si, en réalité, Mélinda était la seule Maîtresse.
« Cependant, disais-je donc, il y a des variances, qui tiennent compte de la personnalité de chacun de mes esclaves. Je suis leur Maîtresse, c’est vrai, mais ce n’est pas pour autant que je vais les brimer. Je vois ce manoir comme un lieu d’épanouissement personnel, un endroit où chacun et chacune est libre d’exprimer ses fantasmes et ses désirs sans avoir à craindre le regard des autres. »
Elle ne mentait pas en disant ça. En réalité, c’était un peu plus qu’un simple « lieu d’épanouissement personnel », mais, vu sa nervosité, elle ne se voyait pas déjà lui parler de Terra, d’Ashnard, et du harem, sous peine de le voir fuir à bride abattue en hurlant tous les Saints. Dans les faits, si Mélinda lui donnait le choix, en lui indiquant qu’il pouvait partir, elle était en train de délivrer suffisamment d’informations pour limiter ce choix. Elle partait ainsi du principe que, si Gia avait été jusqu’à le ramener ici, c’est que Senri était un petit pervers, et avait donc toute sa place dans le manoir. Tout ce qu’il fallait faire, maintenant, c’était de le rassurer, et de le convaincre qu’il n’y avait aucun autre endroit au monde où il serait plus heureux qu’ici.
Mélinda laissa donc passer quelques secondes, et reprit :
« Pour ces raisons, il existe des esclaves qui sont un peu plus dominateurs que les autres. On peut voir ça comme une sorte d’échelle, si tu veux, où, au premier échelon, il y aurait de jeunes novices comme toi, et, au dernier échelon, des esclaves dominatrices, qu’on appelle ‘‘Maîtresse’’ par jeu, mais qui restent mes esclaves. Gia, elle, fut pendant très longtemps une soumise, comme toi, et elle espère juste pouvoir augmenter. C’est pour ça qu’elle t’a ramené... Mais, comme tu es son premier esclave, je pense qu’elle aura encore envie de jouer avec toi. »
La vampire lui sourit, révélant à nouveau ses belles dents, ses jambes toujours croisées.
« En clair, si tu acceptes d’être ici, tu seras mon esclave, mais tu continueras continuer à être aussi celui de Gia, si tu le souhaites... Ou d’autres personnes. Il y a très peu de garçons dans mon manoir, alors, généralement, les garçons ont tendance à être les soumis d’un peu tout le monde. »
Mélinda termina ensuite :
« D’autres questions ? »