Comment dire que l'ambiance était particulièrement tendue dans la salle qu'ils avaient investis ? Normal après tout, quelques mois sans se voir, cela avait le don de créer une certaine distance, encore plus quand l'un des partis avait drastiquement changé lors de ces longs mois de vagabondage, devenant progressivement de plus en plus éloignés de l'être qu'il avait été autrefois. Il était évident que si l'elfe lunaire n'avait pas eut le droit à une distinction des odeurs particulièrement accentuée, et que le vampire n'avait pas montré sa surprise de la revoir après tant de temps, ils ne se seraient surement jamais revu. Après il y avait aussi tout autant de chance que sans cette option de sûreté, à savoir que Minerve saurait toujours suivre la trace de son "frère" malgré les heures et les jours, la femme ne se serait jamais engagée dans un tel voyage, à devoir traverser les terrains les plus ardues, les plus particuliers, là où le vampiroïde pouvait facilement s'avancer quand elle avait dut y mettre toute sa volonté de le revoir pour réussir. Mais l'évident résultat était là, ils s'étaient désormais retrouvés, et tout les deux dans cette pièce était bien en mal de commencer une discussion construite, Darthestar ayant toujours eut du mal avec autrui, et Minerve ne sachant comment engager la conversation envers cet être à la fois si différent et ressemblant à celui qu'elle avait tant voulue retrouver. L'un face à l'autre, le silence en devenait pesant, puis finalement c'est l'homme qui parla en premier, d'une voix qui se voulait douce et engageante :
« Je suis content de voir que tu vas bien, ce fut un choix difficile que de partir ainsi en te laissant derrière moi. Il ne t'es rien arrivée de grave durant le voyage ? Ces terres ne sont pas des plus sure, et je ne connaisse rien de pire en ce monde que de tenter de s'approcher d'Ashnard alors que l'on est une femme seule ni humaine, ni démone.
- Ne t'en fais pas pour ça je ... Je n'ai pas eut le moindre soucis... Généralement j'ai suivis ta trace le plus fidèlement possible, et tu ne passais que peu dans les villes. J'ai entendue tellement de choses que je ne voulais croire quand j'approchais des villages. Des histoires de monstres, d'horreurs, de dangers... Balth', en étais-tu le coupable ? »
L'homme baisse les yeux en entendant cela. Ashnard n'avait pas été le seul lieu où sa nature bestiale s'était exprimée. Si il cherchait à connaître toute les erreurs qu'il avait faite, il était la raison d'une légende côtière comme quoi une femme devait être laissée près des cavernes chaque mois pour nourrir une bête qui y aurait élu domicile, était connu comme étant la source de nombreux viols à caractère psychotique sur Terre dans la ville de Seïkusu, avait réduit un royaume à feu et à sang à cause d'un soulèvement des troupes armées de cette même principauté, et à Ashnard avait réduit la milice de la ville à peau de chagrin tout en agissant comme le pire des vampires qui soit, malgré son jeune âge en tant qu'être de la nuit. Si la jeune femme l'avait suivit durant tout ce temps, elle devait connaître la moindre de ses exactions sur le bout des doigts, et il eut un petit ricanement ironique intérieurement en imaginant si ses détracteurs avaient l'occasion de tomber sur la jeune femme et de se rendre compte de tout son savoir à son propos. Ce serait surement la meilleure de toutes les accusations juridique qui serait alors mise en place contre lui, et dans ce cas là les espoirs de libérations seraient minces. En tout cas en se redressant un peu, afin d'être parfaitement audible, il s'humecte rapidement les lèvres avant de répondre, malgré ce pincement qu'il avait au coeur rien qu'à l'idée de voir le visage de sa "soeur" s'éteindre suite à ses propos.
« Oui je suis coupable. Quand je suis partis, je pensais avoir survécu à la mort, j'ai découvert plus tard que je n'étais finalement que le résultat d'une transformations particulièrement gênante et je ne sais toujours pas vers quoi cela me mène, vu que je continue encore d'évoluer depuis. Je suis devenu fou à une époque et perdu le contrôle, c'est ainsi que mes crimes ont eut lieu.
- Je vois... »
Au tour de Minerve de baisser la tête, perdue dans ses pensées et ses questionnements. Après tout elle faisait face à quelque chose à laquelle elle ne s'était clairement pas attendu : l'homme qu'elle connaissait tant ayant partiellement disparu durant ces mois pour en devenir un autre, à la fois plus repoussant... et attirant en un sens. Mais toutefois, quand elle était face à lui, elle ressentait bien deux êtres différents, et c'est peut-être cela qui la gênait le plus quand elle discutait avec lui. Sa voix était celle de Balthazar, sa gestuelle aussi, et son odeur n'avait quasiment pas changée depuis le temps, conservant ce quelque chose de réconfortant qu'elle avait toujours appréciée dans sa jeunesse, mais au-delà de ces aspects, de son regard, loin, bien plus loin que ce qui était visible au premier regard, elle percevait quelque chose d'autre en lui, et cela la gênait, tout en l'amenant à se poser toujours plus de question sur la nature de ce qu'il appelait une transformation. Si elle avait été en position d'utiliser l'art de la lune de ses ancêtres, elle aurait surement déjà essayer de percer les secrets qui se terraient au fond de son frère, mais il fallait être honnête, elle ne savait même pas si elle réussirait à faire autre chose que d'améliorer la pousse des fleurs du jardins, aussi se terra-t'elle un peu dans sa curiosité et reprit-elle, tout bas :
« C'est... Du coup je trouve que c'est surprenant que tu sois ici, tu ne devrais pas être en prison pour ce genre de choses ? Plutôt qu'aux cotés de magiciennes et d'une princesse ?
- Oh euh... Eh bien les choses font que, si j'ai été retrouvé par Ashnard, c'est parce qu'une guerre fut déclarée entre le pays de la princesse Alice et une force obscure, et que je fis partie de l'assaut conjugué de Sylvandell et Ashnard pour le coup. Alice pense qu'elle doit me remercier pour cela autant qu'elle le peut, et ainsi a fait énormément pour que je sois au moins assigné à résidence durant l'attente pour le jugement.
- Oooooooh...? »
Cette expression de Minerve s'était fait avec un regard douteux envers son compagnon d'enfance, la jeune femme ayant très, trèèèès bien remarquée ce qui venait de s'afficher dans le regard du vampire, tandis qu'il avait expliqué sa situation actuelle. En fait, non, ce n'était pas tant pendant qu'il avait parlé de ce dont il lui était arrivé, c'était clairement lié à la mention de la princesse Alice, le simple fait d'en avoir parlé ayant illuminé les yeux de l'homme de cette expression douce et bienveillante typique de l'ancien Balthazar. Qu'est-ce qu'il y avait entre ces deux là, elle ne doutait pas que la dynaste de Sylvandell soit une bonne personne, elle en avait eut la preuve plusieurs fois dans la journée, mais elle restait dubitative face à une telle implication d'une personne royale envers un membre du peuple. Quand à Darthestar, elle était autrefois la seule à avoir le droit à ce genre de regard, et elle était presque sure qu'il était peut-être même moins prononcé à l'époque que dans l'immédiat, laissant à la demoiselle comprendre le genre de sentiment qui était en train d'animer le coeur de son tendre frère aux chauds sentiments. Finalement il n'avait peut-être pas tant changé que cela, il restait tout aussi facile de lire en lui comme dans un livre ouvert, et il semblait toujours gardés les choses pour lui. Il était juste devenu très fort, mais ça restait un benêt maladroit avec autrui...
« Écoutes, je crois avoir compris pourquoi tu es partie, et pourquoi tu n'es pas revenu. Maintenant j'ai une autre question et il va falloir que tu me répondes honnêtement.
- Oui, bien sur, je t'écoutes elvia. »
Elle semblait grave en prononçant cela, mais ce qu'elle avait en tête était tout autre. Elle essayait de voir si c'était bien son Balthazar d'autrefois qu'elle côtoyait et pour cela son plan était tout bête. Montant sur la table pour approcher son visage de celui du vampire, elle se mit à sourire d'une manière amusée, avant d'ouvrir les lèvres et de poser sa question devant un Darthestar un peu surpris par ce changement soudain, même si celui ci lui mettait du baume au coeur, retrouvant un peu l'enfantine demoiselle sur qui il avait veillé tant de temps :
« Cette princesse, Alice, tu l'aime, non ? »
Le résultat est immédiat, le faciès calme et sérieux de Darthestar laissant place à l'expression évidemment gênée d'un Balthazar prit dans ses moments de plus grande intimité. Elle connaissait si bien cette expression, ayant joué avec lui plus d'une fois quand elle était en train de devenir une jeune femme que de la revoir lui permit directement de se rendre compte que oui, elle avait bien affaire à son "frère", tout puissant et dangereux qu'il était devenu. Les joues rouges, les yeux grands ouverts, et le léger recul qu'il avait affiché, tout ça elle aurait put le prévoir avant même que ses mots ne lui parviennent pour le faire trembler de timidité. De son côté l'homme ne savait que dire, car s'étant attendu à quelque chose de bien moins intrusif, de bien moins personnel, il s'était surtout douter de devoir agir avec sérieux, avec tact, pour ne pas avoir à la blesser par une réponse un peu maladroite. Non, la demoiselle voulait juste savoir si en effet il s'était épris d'Alice, et il ne pouvait même pas mentir après la réaction qu'il avait eut, se demandant même comment il allait faire pour réussir à prononcer ce qu'elle voulait entendre. Quand elle se rapprocha encore un peu dans un signe d'attente à peine voilé face au mutisme de son "frère", il cracha finalement le morceau, et elle accueillit cette réponse avec un sourire joyeux, presque ravi de découvrir une telle facette de son camarade de vie :
« Oui... Oui je l'aime, et je ne sais pas quoi faire de ces sentiments.
- Ah, je retire ce que j'ai dis, tu n'as pas changé Balth', pas le moins du monde.
- S'il te plait n'en dis rien à qui que ce soit, c'est déjà bien assez compliqué comme ça.
- Oh mais je n'en avais pas l'intention. »
Elle s'avance, puis saute sur les jambes de l'homme pour l'observer de plus près, toujours avec ce charmant sourire de chipie, une idée derrière la tête désormais. Perturbé, il la laisse faire, lui qui ne voulait même plus entendre parler d'un tel rapprochement autrefois, pour des raisons que lui même ignorait. Avec un fin sourire, elle s'exprima à nouveau, avant de se poser contre lui, dans une étreinte qui lui avait longuement manqué durant ces mois de solitude.
« Tu devrais le lui dire Balth', ce n'est pas à d'autres de le faire pour toi...
- Allons Minerve, je suis un ancien chasseur de campagne, théoriquement parlant je suis encore plus bas que le moindre valet de cette bâtisse.
- Laisses moi reformuler, tu dois le lui dire, affirma-t'elle, plus fermement. Les sentiments ne peuvent pas blesser quand on les assumes, encore plus quand il s'agit d'amour, idiot.
- Minerve, écoutes...
- Chut, laisses moi profiter, grand frère. »
Et il se tut.