« Le procès de Monsieur Fyune peut reprendre. Qu’on amène l’accusé à la barre ! »
Il commençait à se demander quand tout cela allait reprendre, la longue heure passée dans le box adjacent, sous la vigilance de deux gardes, et ferré comme le criminel qu'il était considéré, ayant passablement atteint ses nerfs, lui qui s'était attendu à connaître rapidement le retour aux questions inquisitrices, et aux paroles singulières des différents partis de la cour. La voix forte d'Emhyr ayant désormais demandé son retour, ce fut avec un calme tout particulier que ses vigiles vinrent le quérir, lui se levant simplement pour se laisser guider par les deux hommes armés, tandis que la porte leur fut ouverte par quelque présence extérieur afin qu'ils arrivent au beau milieu du procès, qui semblait avoir immédiatement perdu de son agitation passé, chacun se tenant désormais en silence, à sa place, non sans quelques regards indiscrets tournés de par et d'autre de la pièce. Étrangement, l'homme ne ressenti guère le malaise de la journée précédente, cette espèce de présence qu'il avait détecté dans la grande salle sans jamais avoir put poser son regard sur l'entité qui en était responsable, et cela fut pour lui un certain soulagement, devoir rester stoïque dans une pièce avec une telle alarme, un tel danger dans son dos n'était pas le moins du monde agréable pour une personne aussi vigilante et prudente que le vampiroïde. Ce fut donc avec une certaine sérénité qu'il s'approcha finalement de la barre, où, selon Baldwin, il allait être longuement interrogé en cette journée. Il remarqua d'ailleurs, d'un coup d'oeil rapide, le jeune homme qui était en train de relire ses informations sur son carnet, et si il ne le connaissait guère, sa position dans la pièce lui laissait entendre qu'il allait être le damoiseau en charge de le troubler, de le confondre dans ses méfaits... Très bien.
« Monsieur Fyune, nous allons reprendre l’audience que nous avons commencé hier. Le Tribunal a revu avec vous les faits ayant justifié votre présence ici, ainsi que les éléments de votre personnalité. Le Tribunal est maintenant suffisamment informé pour pouvoir écouter les différentes parties en cause. L’audience de ce jour, au moins pour ce matin, est consacrée aux réquisitoires du Ministère public, qui est libre d’amener à la barre les témoins qu’il estimera utiles. La liste de ces témoins a été communiquée au Tribunal en temps utile. »
Encore une fois, et cela ne surprendra personne, Darthestar avait tout autant de connaissances juridique qu'un castor, ou tout autre bête qui se concentre simplement sur son petit brin de vie, ce qui faisait qu'il avait beau comprendre un minimum ce qui lui était annoncé en cet instant, ce n'était pas non plus pour autant qu'il était en capacité de comprendre les tenants et les aboutissants de cette première partie de journée, hormis le fait qu'il allait se retrouver face à la partie la plus virulente du procès. Emhyr, dans la journée précédente, n'avait fait que survoler le dossier, avait approfondi des éléments les plus légers de leurs documents pour que le vampire puisse apporter détails et éléments, mais il n'avait pas été là pour tenter de le prendre en faute, simplement pour avoir sa version de l'histoire, des faits, version qui, bien sur, avait toute possibilité d'être complètement fausse, car pétri de mensonges divers et variés. Bien sur, le vampiroïde avait été honnête, mais tout le monde pouvait ne pas le considérer comme tel, exemple tout à fait prit au hasard du général Bismark, qui aurait sûrement toute tendance à considérer que la langue du vampiroïde ne se déplaçait que pour déblatérer quelques sottes révélations, quelques trompeuses histoires, dans le simple et unique but de se tirer d'une situation complexe, et de s'en sortir avec une peine bien inférieure à celle qu'il estimait devoir être mise en place. C'est pour cela qu'il attendait avec une certaine impatience, mêlé d'une crainte assez honnête, les premiers propos, les premières attaques de la défense, car il avait besoin d'estimer la virulence de ce procureur, et de découvrir si il comptait le piéger, d'une quelconque manière, ou alors n'aurait pas la finesse pour atteindre un tel objectif :
« Je vous remercie, Monsieur le Président. Mesdames les assesseurs..., se permit-il d'un ton d'une politesse excessive, avant de se mettre en marche en direction de l'accusé. Monsieur Fyune ! Nous avons entendu toute la journée d’hier votre version des faits. Longuement, la Cour est revenue sur les accusations dont vous êtes la cible, et a pu se faire une idée assez large de votre personne. À ce stade, la question de votre culpabilité ne se pose plus, puisque vous avez reconnu les faits. »
Il ne répondit pas, car il n'y avait dans le fond rien à répondre. Il était en effet le criminel qu'Ashnard avait longtemps cherché, et longtemps tenté d'arrêter, sans autre résultat que des coups et des blessures, rien de mortel, mais toujours suffisant pour permettre à son lui passé de pouvoir s'enfuir, loin du danger, et de continuer de narguer les force de cette capitale qui ne parvenait à égaliser son pouvoir. Il n'y avait qu'une chose qu'il n'avait pas accepter, et c'était le cas de vampirisation de la fille Bismarck, ce qui d'ailleurs faisait enragé l'un des principal parti du procès, mais pour autant il y avait là quelque chose qui pouvait se jouer de manière bien dangereuse : Si ils ne parvenaient pas à démontrer son innocence sur cette affaire, innocence dont il était d'autant plus certain qu'il n'avait jamais produit la moindre vampirisation sur la plus petite personne qu'il avait mordue, et qu'il connaissait la dépendance qui était apparue chez Lyz, cela pouvait se retourner contre lui sous la forme d'un refus d'obtempérer aux demandes de la cours, et ainsi, alourdirait largement son éventuelle peine. Pour être tout à fait honnête, il espérait que l'homme ne revienne pas dessus, qu'il se contente d'autres éléments un peu plus simple à gérer, du moins pour le vampiroïde, mais il avait peu espoir que les choses deviennent aussi simple. Pendant ce temps là, en tout cas, l'homme continuait de déblatérer de telle sorte qu'il semblait se complaire dans son monologue plein de "savantes" paroles, donnant presque au vampire l'envie de lui dire d'abréger... chose qu'il ne fera guère, ne voulant qu'on lui colle un outrage à la cour en plein procès :
« Néanmoins, il y a quand même quelques éléments qui m’intriguent... Vous nous avez dit que vos crimes ont été commis alors que vous étiez transformé. Sur ce point, il existe des décisions, nombreuses, essentiellement en matière de lycanthropie. Je n’apprendrais rien à la Cour, mais, pour vous expliquer simplement, selon les cas, une personne victime de lycanthropie peut être, tout en étant coupable, jugée irresponsable, si la Cour estime que vous souffriez d’un trouble ayant aboli votre discernement. »
Il opina lentement du chef. Ce n'était pas vraiment pour signifier qu'il était en accord avec cela, mais simplement pour lui dire qu'il avait compris ce qu'il sous-entendait, et qu'il pouvait continuer. De manière moins polie, et plus personnelle, il voulait simplement qu'il commence à lui poser des questions, parce que sinon, ils en avaient pour la journée entière à ce rythme, et c'était quelque chose qui aurait tôt fait de mettre le vampiroïde sur les nerfs, finissant peut-être pas transformer son ton et sa voix sous un aspect moins délicat, plus tranchant. Et ce serait un malheur qu'il ne voudrait pas produire, si cela était parfaitement possible !
« En l’occurrence, cette question est importante. Et, pour anticiper l’un des arguments de la défense, Monsieur Fyune... Seriez-vous favorable à l’organisation d’une mesure d’expertise visant à déterminer si, quand vous vous transformez, votre discernement est véritablement aboli ou non ?
- Je crains que, malheureusement, votre question ne soit mal posée. Je l'ai déjà affirmé à la cour, hier, mais j'ai désormais le plein contrôle sur mon être lors de cette transformation. Ce n'était malheureusement pas le cas par le passé, mais ceci n'est plus démontrable. J'accepterais volontiers cette mesure d'expertise pour permettre de démontrer à la cour que je suis désormais en pleine capacité de mes moyens, mais je ne puis désormais vous permettre de vérifier si, en effet, mon discernement était aboli lors de mes primes exactions. »
Il fit immédiatement le silence après ceci, et se redressa, attendant les prochaines questions de l'homme.