Syon, ou en tout cas la forme qu'il avait prise pour avoir une certaine forme dans le plan matériel, semblait rester d'un calme placide, conserver une tenue exemplaire, même si par moment il se faisait beaucoup plus inquiétant, beaucoup plus malsain, comme si sa nature tendait à transparaître derrière le masque étrange qui lui servait actuellement de visage. Dans le fond, l'homme voyait Samara comme une personne relativement courageuse, rien que par le fait qu'elle osait s'adresser à lui, échanger, parler, alors même qu'elle n'avait aucune idée de ses attentions, et que bien des gens aurait sûrement préféré faire sortir l'assemblé calmement avant de régler le problème de sa présence en ces lieux. Rien que pour cela, elle semblait avoir gagner le respect de l'homme, ou du moins ce qui était équivalent à du respect pour lui, à savoir une certaine forme d'intérêt. C'est bien pour cela qu'il avait finit par demander lui même ce que la démone voyait en Darthestar, ce vers quoi elle se projetait envers cet humain dont il avait choisit le corps pour se faire un écueil. La réponse qui suivit d'ailleurs ne manqua pas de l'étonner par sa franchise et son aspect des plus direct, prouvant encore une fois que même si la femme ne se doutait pas de la puissance de l'être qui lui faisait fasse, elle ne comptait pas ployer en demi-mesures et en fausse politesse pour s'adresser à lui, ce qui rendait bien sur l'échange bien plus savoureux :
« Il n’est rien à mes yeux... Rien d’autre qu’un pauvre bougre qui a été possédé sans comprendre comment, et que j’hésite à qualifier, soit de bonne poire, soit d’esclave. »
Une bonne poire ? Oh il faudrait pour cela qu'il ait put comprendre ce qui lui arrivait, et son corps n'avait pas atteint le stade où Syon pouvait définitivement communiquer avec lui, donc il serait bien dur de considérer l'homme ainsi. Esclave ? Pas vraiment non plus, un esclave se retrouve bien souvent à obéir à une puissance supérieure, ce qui n'était pas le cas de Darth qui avait conserver sa pleine liberté, et qui utilisait à sa guise le pouvoir qui lui avait été offert par cette symbiose sans pour autant en demander le droit à l'origine de cette puissance. Non pour le coup, il la trouvait un peu maladroite dans son jugement, malgré l'aspect relativement direct de celui-ci, et il lui serait donner l'occasion d'en répondre, il aurait relativement tendance à invalidé ce que la démone venait d'exprimer comme avis, mais il savait que dans l'état actuel des choses, sa voix aurait autant d'importance qu'une flasque de poison qu'il chercherait à lui faire boire alors même qu'elle aurait la connaissance du danger de la mixture. De plus, remarquant bien qu'elle avait encore beaucoup à dire, il ne se permit pas de prendre la parole, attendant avec une tranquillité toute personnelle qu'elle finisse son propos avant de lui même y glisser quelques nuances importantes, conservant avant tout cette logique qui intimait qu'une fois une question posée, on attende la fin de la réponse pour s'exprimer :
« Ce que j’attends de lui, c’est qu’il puisse mener la vie qu’il souhaite, et non celle que vous lui imposez. Ce que j’attends, c’est de m’assurer qu’il accepte votre présence, et qu’il est bien responsable de ses actes en ce moment.
- Tout cela est bien à votre honneur, mais il m'est étonnant qu'une personne ayant tant absorber de magies semble rester de glace à la puissance qu'elle pourrait faire sienne en drainant les pouvoirs du vampiroïde. Enfin, si encore cela est possible... »
Il laissa une légère pause, observant Samara de ses fentes sombres avant de finalement laisser s'agrandir la fente qui lui servait de bouche en un fin sourire, toujours plus surprenant et étrange et inquiétant que les précédents. La démone était en effet une personnalité intéressante, rare, une femme dont la force de caractère se prouvant autant dans ses propos que dans la teneur de ceux-ci, et l'audace dont elle faisait preuve face à l'inconnu laissait à réfléchir quand à la puissance qu'elle avait accumulée avec le temps, permettant finalement au Cavalier du Néant de la cernée un peu plus en terme de personne, et non plus d'inconnue. Peu étonnant que Darthestar ait développé un certain respect à son encontre, il s'agissait d'une personne forte et assurée, quelqu'un qui ne doutait pas de ses propos ou de ses actes, loin de la manière de faire du bûcheron devenu voyageur, et pour ces raisons, il voyait bien à quel point l'homme avait put voir en elle une figure respectable et digne de confiance. Syon aurait bien plus eut tendance à la voir comme une potentielle alliée en terme de magie, sa curiosité et son avidité de pouvoir et de puissance en aurait fait une camarade des plus agréables à l'époque de la découverte du Néant, mais comme tout démon, elle n'avait pas ce « creux » permettant à l'apparition de celui-ci... Enfin, il fallait bien qu'il finisse son propos, plutot que de rester muet.
« Disons que je vais croire vos propos au pied de la lettre. Vous voudriez que Darthestar ne soit plus, qu'il n'y ai que Balthazar, et qu'il ai le plein choix de sa vie. Penseriez vous qu'il serait d'accord ? Cette transformation lui a permit de quitter son ancienne vie, de découvrir le monde alentour, de découvrir des dimensions inexplorés, et même de rencontrer cette jeune héritière dont il s'est éprit. Il a évolué, plus ou moins bien, et commence tout juste à acquérir ce qu'il désirait, une force brute capable d'écraser n'importe quels opposants, et une magie capable d'arrêter des armées. Réfléchissez Samara, rappelez vous votre époque sans pouvoirs, une époque où le moindre démon aurait put faire de vous une simple chair à viol, une époque où le plus simple ennemi vous aurait fait suer sang et eau pour vous en sortir. Comment auriez vous envisagée la puissance, si ce n'est comme une liberté. Oui Samara, ce que ressent Balthazar est la liberté, et c'est pour ça qu'il est aussi serein pour son jugement, aussi serein face à ses actes. Il a goûté un pouvoir impressionnant, une puissance qu'il ne se connaissait pas, et je pourrais presque dire qu'au-delà de ses craintes... Il en est fier. Et cette fierté lui fait assumer le moindre de ses actes avec droiture. N'en tiendrait qu'à lui, il accepterait son jugement, je suis le seul ici à avoir d'autres projets, car je ne peux attendre qu'il reste des années emprisonné alors que ma fille foule ces terres, et qu'elle peut s'éveiller à tout moment. »
Se détournant de Samara, observant la pénombre totale autour d'eux, il laisse une seconde planer avant de finir :
« Si vous avez d'autres questions, je vous écoutes, mais considérez au moins dans vos doutes ceci : Darthestar a agit par lui même, par sa propre volonté, par sa propre bestialité, purement humaine... Vous l'insulteriez en tenant d'autres propos de ce genre, et ce n'est pas parce qu'il ne vous entends pas qu'il mérite que vous le fassiez. »
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Le jugement se prolongeait en parallèle sans que pour autant le vampire ne perde la face. Il restait là, droit, prêt à subir toutes les bravades possibles, à répondre à la moindre question qui lui serait adressée, et actuellement, si il y avait bien une seule chose qu'il pouvait craindre, c'est qu'Emhyr puisse insister vis-à-vis de l'existence des différents portails qu'il avait put emprunter autrefois. Mais, alors même qu'il en avait parler à haute voix et distinctement, il remarqua que l'homme ne broncha pas, resta d'un calme froid et serein, comme si la découverte de tels passages ne l'alarmait pas le moins du monde, ce qui honnêtement restait une grande surprise, quand on considérait que cet homme était un haut placé d'Ashnard, et qu'il aurait tout à fait put craindre que Nexus découvre ces passages pour en faire usage contre la capitale désertique. Cela ne manqua pas de faire tilter le vampiroïde, au point de ce dire que l'homme devait absolument connaître l'existence de ces passages pour conserver un tel calme, et par là même, qu'il savait pertinemment que si l'homme en connaissait l'existence, c'est qu'il connaissait aussi la Terre, et avait donc choisit de l'ignorer ou de la laisser tranquille. Ce constat ne manqua pas de rassurer le vampire sur la valeur de la personne qui se trouvait actuellement à le juger, y découvrant par là une certaine sagesse, une certaine réflexion qui lui plaisait particulièrement... Si en tout cas ses propres pensées n'allaient pas trop vite en besogne.
« Bien... Et que vous est-il arrivé une fois arrivé au sein de l’Empire ? Quand ont commencé vos... Les infractions, dont vous avez reconnu la matérialité des faits ? »
Cette question là... était plutôt simple à répondre, même si elle ouvrait enfin le bal en terme de véritable « raisons » de le juger : Prétexter désormais qu'il était innocent aurait été d'une idiotie sans noms, quand à expliquer les termes exactes de son état pourrait très bien être prit comme une tentative de se dédouaner de certaines des horreurs qu'il avait accomplit. Pourtant, au vu du comportement qu'il avait choisit d'afficher durant le procès, et surtout au vu de ce qu'il avait put faire connaître aux différents habitants d'Ashnard durant l'époque où il s'était permit quasiment l'intégralité des exactions possibles, du vols à l'étalage au meurtre, de l'agression pure et dure au refus d'obéissance face aux forces de l'ordre, il ne pouvait se permettre de minimiser son comportement, et ainsi d'assumer le moindre de ses propos. Ainsi, avec un certain calme, mais sans sous-peser le moindre de ses termes, choisissant de rester brut dans l'explication de son histoire et le rapport de son premier réel séjour à Ashnard, il se racla modérément la gorge avant de commencer à faire le détail de cette époque, gardant les précisions sordides pour plus tard, sans pour autant se départir de la culpabilité dont il faisait l'objet.
« Mes infractions avaient déjà commencées avant que je n'arrive à Ashnard, pour une raison simple : j'avais commencer à développer une forme bestiale, monstrueuse, qui me permettait de soutenir le poids de la transformation graduelle dont mon corps faisait l'objet. Cette transformation a, alors, commencer à altérer ma psyché, m'amenant à me croire au delà des codes et des lois humaines. Quand je suis arrivée à Ashnard, il y a de cela deux ans environs, j'étais déjà devenu un être sans foi ni loi, choisissant de faire ma vie de « prédateur » comme il me convenait de le faire. Ainsi, durant les mois qui suivirent, je me permis de vivre selon mon bon vouloir, jusqu'à ce que je sois freiné dans mon élan par l'apparition d'Unahzaal Dovahiiz, puis qu'elle décida de me limiter dans ma liberté le temps que cette bestialité sois sous mon plein contrôle. »