Si une personne en ce procès comprenait vraiment la capacité de transformation de Darthestar, la manière dont celle-ci fonctionnait, et ses potentielles répercussions sur le corps du vampiroïde, celle-ci ne se permit pas le moindre propos, en vint même à complètement faire disparaître sa présence dans la pièce, devenant définitivement incapable d'être remarquer par les membre alentours. Syon ne voulait pas en parler, ne voulait pas non plus offrir le moindre détail sur cette lente transformation de son « vaisseau Terran », pour la simple et bonne raison qu'offrir de telles informations à une peuple prompt à la recherche et à la guerre était en soit équivalent à offrir une arme destructrice entre les mains d'un enfant : le résultat ne risquerait que d'être déplorable, et les finalités sûrement bien moins acceptable que nécessaire. Non, pour une fois, il n'allait pas se gausser de ce développement de justice humaine, il n'allait pas non plus se moquer de leur difficultés à envisager ce monde sous l'angle de cette forme étrange qu'est la non-matière, il allait tout simplement les laisser patauger, sans un mot, et laisser le cours de choses progresser, tandis que Darthestar allait trouver de lui-même les propos pour leur répondre, avec sa propre inexactitude des circonstances. Laissons aux êtres matériels le don de s'embourber dans cette mélasse incompréhensible, et profitons-en pour observer les alentours, Syon notamment quittant sa chaise pour aller délicatement approcher de la princesse de Sylvandell et de Bismarck, voulant absolument en apprendre plus sur ces deux êtres, par simple curiosité.
D'un autre coté, Darthestar était plutôt tendu, un sentiment peu plaisant lui restait coincé en travers de la gorge, une sorte de malaise alors qu'il comprenait très bien que cette transformation, même si il la maîtrisait désormais, restait un peu occulte à ses yeux, étant donné qu'il n'avait jamais vraiment compris de quelle manière elle s'exprimait ou marchait. Bien sur, il n'allait pas mentir aux jurés, ou aux membres de la salle, mais il y avait dans cette capacité à se métamorphoser des énigmes, des éléments hors de sa compréhension, encore plus maintenant qu'ils avaient eut l'occasion de remarquer quelques détails qui les avait forcé à agir un peu avant le procès. Il absorbait et changeait, rendait manipulable ce qui ne l'était originellement pas, et parfois avec certain risque pour lui même, comme le fait d'avoir réussi à absorber les forces de Mälrunn, ce qui avait failli lui revenir à la figure avec la force d'un ouragan, manquant de réduire son corps à l'état d'un simple pantin livré aux forces chaotiques. Pour autant, c'était la première fois que cela arrivait, et cela avait été l'occasion de voir apparaître un autre élément enfoui en lui, mais malgré tout cela laissait l'homme se poser quelques questions qui attendront la fin du procès pour être étudiées : Qu'est-ce qu'il pouvait ou non absorber, et à quel point ses capacités pouvaient évoluées à partir de l'absorption d'un sang, ou d'une force quelle qu'elle soit ? Les réponses étaient certainement retenue par quelqu'un en ce monde, mais si les archimages d'Ashnard n'avaient elle même pas grandes idées de ces éléments, comment lui pourrait les découvrir ?
« Je voudrais m’attarder un peu sur les éléments entourant votre transformation, Monsieur Fyune. Si j’ai bien compris, cette transformation améliore vos capacités en vous permettant d’utiliser de façon optimale les pouvoirs mimétiques que vous ingérez... Comment expliquez-vous le fait que, il y a sept mois, vous puissiez utiliser cette capacité librement, et sans perte de contrôle ? Par exemple, si la Cour vous demandait de vous transformer, ici, maintenant, en seriez-vous capables ? »
Il voulut répondre en cet instant, mais Emhyr sembla vouloir prendre la parole avant que le vampire ne se permette de réagir aux propos de Samara, qui soulevaient une question d'importance : Comment avait-il obtenu le contrôle de son être dans ce genre de situation ? Lui même n'avait que des hypothèses à ce propos, mais pour autant, il ne voyait aucun mal à en faire part, mieux encore, il allait être tout simplement ravi de les partager, notamment avec Samara, qui aurait ainsi une carte supplémentaire pour tabler sur son cas en tant qu'archimage, et non en tant que jurés.
« Ce n’est qu’une hypothèse, pas une demande de la Cour. Mais je me permettrais de compléter la question de mon assesseur, en vous demandant... Que ressentez-vous quand vous vous transformez ? Est-ce que vous vous sentez toujours vous-mêmes ? Vous rappelez-vous de ce que vous avez pu faire ? J’insiste sur cette question, non seulement depuis le moment où vous avez pu améliorer votre capacité, mais aussi avant. Quand vous ne vous contrôliez pas, aviez-vous conscience, après avoir fini votre transformation, de ce que vous aviez fait ou non ? »
Les questionnements d'Emhyr en revanche se tenaient bien plus sur le domaine juridique, mais soulevaient aussi des points importants de la métamorphose du vampiroïde. Pour une fois, l'homme était dans son domaine, et il allait en profiter pour s'exprimer clairement auprès des jurés à propos de cette forme monstrueuse, cette apparence terrible qui, autrefois, avait créé une véritable apocalypse à l'intérieur de la cité d'Ashnard, car si ses actions en tant qu'être humain se déroulait de manière bien plus cordiale et mesurées, ses actions en tant que bête avaient été la raison pour laquelle tant de personnes avaient eut bien du mal à osés lui faire face, notamment la milice Ashnardienne qui s'en était souvent sortie avec nombre de blessés, parfois graves ! En tout cas, il ne fallait pas non plus qu'il ne tarde trop avant de leur répondre, et c'est avec un léger raclement de gorge que l'homme vint à s'éclaircir la voix, et reprit rapidement leurs propos afin de s'exprimer sur le sujet, cherchant avant tout à répondre à leurs commentaires, non sans ajouter à chaque fois son brin de détail qui permettrait à tous d'envisager le vampiroïde le plus précisément possible sous son aspect bestial.
« Tout d'abord, Madame, sachez que j'ai toujours eut la capacité d'enclencher la transformation. La différence entre autrefois et maintenant se tiens bien plus à l'urgence, à la nécessité que j'avais à me transformer, quand maintenant je peux en délayer les dates limites. Quand cette forme est apparue, elle m'était essentielle, car j'absorbais bien trop de capacités en tant que *quasiment humain*, et cette accumulation monstrueuse de pouvoirs nécessitait que mon corps en fasse un résultat épuré des éléments les plus gênants. Si je résistais à cette transformation, je souffrais graduellement au point où mon corps se blessait de lui-même, si bien que je finissais par laisser la transformation s'enclencher par besoin que cela cesse, plus que par envie. »
Sortir un exemple concret à ce moment ne servirait à rien, mais l'homme se souvenait encore de ces moments, lors de ses voyages, où son corps commençait lentement à se fracturer par endroit, ou des plaies soudaines apparaissaient sur son corps sans qu'il ne puisse les soigner, et où son esprit se perdait dans des visions absurdes. Ce fut sûrement le moment le plus douloureux de son existence, et la fréquence à laquelle ceux-ci se déclenchaient avait tendance à lui asséner progressivement de douloureux pique de folie, du moins jusqu'à ce qu'il accepte de laisser la bête en lui s'exprimer. D'ailleurs, aussi ridicule cela pouvait être, mais à cette époque sa forme monstrueuse s'exprimait sous l'aspect d'une énorme gelée blanchâtre, dotée d'une gueule aux crocs acérés, à l'intérieur de laquelle se trouvait un œil embrasé. Enfin, même si il se rappelait désormais de cette époque avec une certain aigreur, car le fait d'avoir ainsi laissé cette force s'échapper avait été le premier pas vers la perte de sa raison, et le commencement de son avènement en tant qu'homme « supérieur », imbue de lui-même, et considérant le reste du monde comme des êtres faibles, il comprenait aussi que cela avait été essentiel à sa survie, et que finalement le choix ne lui avait pas été donné : soit il acceptait la métamorphose, et l'utilisait pour faire le tri dans son être, soit l'accumulation de petits pouvoirs sans grande importance aurait eut tôt fait de le déformer, de le charcuter, jusqu'à ce qu'il en soit plus qu'une forme méconnaissable de chair, puissante, mais dénuée d'esprit.
« Pour ce qui est du fait de ma transformation actuelle, cette nécessité n'existe plus. En effet, je pourrais me transformer ici et garder le plein contrôle de mon corps, même si ma pensée se trouveras sûrement altérée, d'une manière plus bestiale exactement. Sauf que contrairement à autrefois, même cette pensée ne dépasse plus ma propre volonté. Il s'agit de la principale différence avec les événements qui se sont déroulés en Ashnard auparavant : si je suis désormais capable de faire appel à cette puissance délibérément, au prix d'une certaine bestialité dans mes actions, tout en en gardant le plein contrôle, ce n'était pas le cas au début. Non seulement, suite à la métamorphose, je ne conservais plus le moindre souvenir de mon comportement passé, mais surtout je n'était clairement pas aux commandes de mon corps. Tout ce dont je peux me rappeler de ces instants, c'est que mon être avait besoin d'une grande, très grande quantité d'énergie pour pouvoir faire le tri dans les forces que j'avais absorbées durant mon passage sous forme humaine. »
Il prit un instant pour respirer, et reprit légèrement :
« Donc pour résumer, à l'époque de mes méfaits, j'étais incapable de me souvenir de mes actions sous cette forme, et me rappelle que je lisais dans les journaux locaux ce qu'il s'était produit durant la nuit. Désormais, comme lors de l'attaque sur les ruines de Mälrunn, j'en ai le contrôle, les souvenirs, et la capacité ainsi d'analyser la version la plus optimale de mes forces. Je n'ai, en sus, plus besoin de faire appel à cette forme pour faire le tri naturel de ces capacités, les aspects inférieurs disparaissant d'eux-même pour ne laisser que les aspects majeurs. Il m'est juste plus simples d'observer ces capacités majeurs sous la forme bestiale, comme par exemple, la capacité de régénérer et survivre d'un coup fatal, comme celui que m'a porté Mälrunn, et dont vous avez sûrement une trace dans vos rapports. Toutefois, si je peux remarquer tout ces constats... Je ne peux vous dire comment j'ai put ainsi obtenir un tel contrôle, ou une telle aisance avec cette forme. »
Un trou béant dans le corps, la majorité des poumons détruis, les organes digestifs consumés, et plus important encore, mais une partie du cœur détruite, voilà de quoi parlait le vampire. Les flammes émeraudes de Mälrunn avait creusées ce trou dans son corps, et pourtant, il avait put s'en relever quelques minutes plus tard, aidant ainsi à porter un coup final au mage, non sans avoir grand mal à se régénérer ensuite, ayant eut besoin d'un minimum d'aide de la part des archimages présentes en cette occasion. En tout cas il avait finit son explication, et attendait désormais que les jurés voient entre eux si il y avait besoin de plus amples détails, tandis que dans la salle, l'impression étrange qu'il avait plus tôt semblait s'être estompée, ne manquant pas de lui faire grandement plaisir. Pourtant, Syon était loin d'être partit. Il était là, discret, calme, et se déplaçait juste avec une lenteur et un rythme des plus étranges, cessant parfois de s'avancer, d'autres fois reprenant sa marche sans raisons, jusqu'à finalement atteindre un siège, juste derrière Bismarck. Cet homme était une gêne, pourquoi ne pas rendre la partie plus intéressante grâce à lui du coup ? Attrapant son visage, l'homme tira sur celui-ci lentement, détachant le masque expressif pour révéler l'apparence lisse de sa tête, dénuée de la moindre forme humaine, et vint avec beaucoup d'amusement poser son substitut de visage sur la poitrine de l'homme, celui-ci s'y attachant immédiatement. Bien sur le commun des mortels ne le remarquerait pas, mais les mages ci-présent sauront y porter les yeux, et donc se questionner sur les attentions de l'Être du Néant.