Ah, aaaaah !! Il en aurait poussé des jurons tant ce qu’il sentait était bon ! Le fait de la baiser, oui, car il était bien en train de le faire, en remuant aussi voracement sa queue en elle, mais... Nathan appréciait surtout le fait de se sentir enfin apaisé, de ne rien entendre de la Bête. Quand il couchait avec une femme, il retrouvait enfin sa liberté, il bénéficiait enfin de sa paix d’esprit, d’une certaine forme de félicité, et, dans les moments précédent l’orgasme, il acquérait suffisamment de lucidité pour se convaincre de se débarrasser de ce monstre, d’abandonner la Bête. Cette lucidité était fermement ancrée en lui, mais disparaissait à chaque fois quand sa crème jaillissait. Ce liquide blanchâtre et gluant ne comprenait pas que ses spermatozoïdes, il avalait également tout son courage et toute sa détermination à redevenir un homme normal, en noyant ses déterminations derrière de faux-semblants.
Il sentait que Catalina se faisait plaisir, se caressant en même temps, utilisant l’une de ses mains pour se doigter. L’eau jaillissait sur eux, recouvrant les deux amants, les avalant dans un carcan chaud de plaisir. Ses mains se crispaient sur les cheveux de la femme, il soupirait de plus en plus, son membre se tordant en elle, s’enfonçant comme un serpent prêt à claquer dans sa bouche pour ne plus en sortir. Oh, ce qu’il pouvait aimer ça ! Une bonne vieille fellation, un plaisir intense et jouissif, humain et transcendant. Son corps remuait d’avant en arrière, son membre s’enfonçant en elle, tapant contre sa gorge, avant de revenir, pour repartir. Elle n’avait plus le choix, cette fois :il l’avait embarqué de force dans leur numéro. Un tour dans le Bolid’, une séance de remue-manège, sensations fortes garanties ! Son sexe était l’animation de la soirée, un petit bout de chair source de vie.
*Fascinant, quand on y pense...*
Mais, pour l’heure, il ne pensait qu’à l’acte en lui-même. Sa tête était penchée vers la femme, vers cette masse de cheveux qui entourait son membre. Il la plaquait contre lui, savourant sa présence, savourant le son de ses gémissements diffus. Il remuait encore plus fort, et ne restait guère silencieux. Il fallait qu’il expulse ce plaisir. Il ressentait en lui le besoin de hurler, de frapper, de déchirer, de détruire. Sexe et violence... Car le sexe restait fondamentalement une sorte de violence, un plaisir douloureux, la preuve que, dans ce monde, tous les opposés étaient liés entre eux, l’ensemble formant une alchimie complexe, un tissu qui le dépassait avec des nœuds et des points communs.
« Putain, ce que t’es BONNE, Cata’ ! Haaa, ce que je peux aimer ça !! BORDEL !! T’en veux encore, HEIN ?! ENCORE !! »
Il hurlait dans la douche, et parler lui donnait encore plus envie de la défoncer, renforçant sa rage... Car, à ce stade-là, plaisir et violence n’étaient plus que des synonymes, les deux lignes distinctes se rejoignant, s’enlaçant, fusionnant en elle pour former cette sensation indistincte et indécise qu’était le sexe. Une négation totale de la notion de « civilisation », un rappel permanent que l’Homme, fondamental, restait un Animal, une Bête sauvage et primaire. C’était un pont vers la barbarie, une fenêtre ouverte vers le chaos et l’anarchie, une fenêtre qu’on fermait presque tout le temps, car, quand elle s’ouvrait, elle était comme la vanne d’un barrage, balançant un flot incompressible, menaçant de se rompre à tout moment, vous berçant par ces douces sensations. Nathan les ressentait, ces pulsions. Elles remontaient par sa verge, mais se diffusaient dans tout son corps, comme si une bombe venait d’exploser en lui, remplissant tout son corps, l’inondant totalement. Il ne faisait plus qu’un avec cette sensation, s’y noyant totalement... Et, ce faisant, l’Homme et l’Animal s’assemblaient, acceptant mutuellement leurs intrinsèques différences, pour se transcender et disparaître.
Du bout des doigts, il caressait les plumes des Anges. Ses mains se serrèrent contre la tête de la femme, il cessa de crier dessus, et bascula sa tête en arrière, peinant à retenir sa salive. Tout se suspendit quand il sentit la vague frapper dans son sexe, comme si elle venait de débouler à toute allure, et, en réalisant qu’elle s’apprêtait à sortir, mettait soudain un coup de frein, sollicitant l’accord final de son propriétaire... Un accord que Nathan donna par un ultime coup de reins. Cette seconde d’éternité disparut, et Nathan, pour un bref moment, connut le bonheur. Sa douleur disparut, de même que cette sensation d’aliénation. L’Animal mourut avec ce sperme qui filait dans la gorge chaude de Catalina, et il reprit le contrôle, se déversant en elle pendant de longues secondes. Ah, si c’était bon, de se vider ainsi, de s’abandonner, de balancer tout le surplus.
« Haaa !! »
Grâce à la Bête, il pouvait jouir assez généreusement, ce qu’il fit en ce moment même, jouissant tellement que sa queue finit par sortir de la bouche de la femme, et aspergea son visage. Sous l’effet du plaisir, il serra tellement les cheveux de sa belle que, quand il retira sa main, quelques cheveux s’étaient emmêlés entre ses doigts. La séance se termina donc en une belle éjaculation faciale, Nathan balançant quelques giclées sur son visage...
...Puis, comme si le plaisir venait de l’assommer, l’homme tomba à la renverse, et s’assit sur le sol de la douche, juste devant la femme, la respiration lourde, son dos heurtant le rebord de la cabine.
« Oh, la vache... » réussit-il à dire en voyant le visage de la jeune femme.
Il soupira encore, et se posa une main sur son front, en secouant la tête.
« Dé... Désolé, Catalina... Je crois que je me suis un peu emballé... »