La soirée avait été, comme je l'avais prévu en arrivant, très calme. Je ne sais pas ce que je préférais. Une soirée où le bar était plein, avec des gens à servir, des pervers à dégager et de l'action, ou bien une soirée comme celle-ci, sans personne, limite chiante à mourir. Personnellement, je n'avais pas à me plaindre au niveau des pourboires, je n'étais pas ici pour l'argent. Mais pour certains employés qui galéraient, une soirée comme celle-ci, avec peu de pourboire, était une soirée perdue. Il devait être une ou deux heures du matin, les quelques clients étaient partis. Les filles étaient parties en coulisses se changer. J'avais vu partir les deux premières, que j'avais surveillé jusqu'à leur voiture. On n'est jamais trop prudent, surtout ici. J'étais sorti fumer ma clope dans l'arrière cour. Une nuit douce, quelques flocons tombaient, mais il ne faisait pas trop froid. Pour un brésilien, peu habitué à ça, un peu quand même, et ma veste à capuche n'était pas de trop. Je me retournais quand j'entendais la porte de derrière s'ouvrir. La troisième danseuse, celle qui se démarquait des autres, sortait fumait.
Brune, plutôt petite. Enfin petite..non, même pas, mais avec ma taille, beaucoup de gens étaient petits. Elle faisait une taille normale pour une femme. Un visage magnifique, très mature. Et, pour l'avoir vu danser, évidemment, un corps de rêve. Une poitrine bombée et apparemment totalement naturelle, des fesses qui devaient même faire rêver les femmes, et ce petit piercing au nombril en bonus.
Ce coup-ci, elle était habillée, et devait sortir en griller une avant de rentrer. Adossé au mur, je tirais une taff sur ma clope, presque consumée.
- Iinuki, le mec de l'autre soir ne t'as pas fais chier ? Il n'est pas revenu un soir où je ne bossais pas ? Si c'est le cas, n'hésites pas, on s'en occupera.
Je me tournais vers elle, à quelques mètres de là. Je n'avais que peu d'idée pour engager la conversation, ce qui ne me ressemblait pas. Moi, un charmeur invétéré. Personne ne m'avait jamais résisté, j'étais habitué à une réussite sans faille. Mais cette fille, Iinuki, n'avait jamais semblé daigner m'adresser un seul regard. Je jetais mon mégot et sortait une nouvelle cigarette de mon paquet. J'avais le temps, le bar était vide, plus rien ne me pressait, j'avais les clefs pour fermer en partant.
- On vous surveille le soir, quand vous partez, au cas où. Pas mal de débiles traînent par ici, de nuit. J'espère que vous avez toutes vraiment besoin d'argent pour venir bosser ici, parce que ça a beau être l'endroit le moins mal famé.. ça l'est quand même. Vous devriez faire attention. Surtout toi. Tu danses à merveille.