Encore une autre de ces soirées gâchées, perdues assis à mon bureau, à passer plus de temps à réfléchir qu’à véritablement écrire. Il n’y a pas à dire, j’ai du mal en ce moment. Pas moyen que j’arrive à quoique ce soit, l’inspiration ne vient pas.
Bon, faut dire que rester enfermé des jours et des jours, ça n’a rien de bon pour personne. On ne sort pas, on ne parle pas, on n’voit personne... En clair, à quoi bon vouloir écrire à propos d’une vie que l’on ne vit pas ? À moitié avachi sur mon canapé, je me promettais que demain, j’irai commencer par foutre un pied dehors, histoire de changer d’air, quoi.
Pfffouuuah. Je bâille. J’ai l’intime conviction de n’avoir rien foutu, mais quand même, je bâille. Je reste là, allongé un moment, à scruter mon téléphone, à faire défiler les annonces et articles en tous genres, sans jamais me laisser intéresser par quoique ce soit...
Mon ventre grogne. C’est vrai qu’avec tout ça, j’m’étais pas non plus fait à bouffer. J’étais resté cloîtré, seulement obnubilé par cette page blanche qui jamais ne semblait vouloir se remplir d’elle-même.
Je me levais et entamais quelques pas vers ma cuisine, fouillais ça et là avant de me rendre compte que, bien sûr, puisque j’m’étais pas décidé à sortir de toute la semaine, ben il ne me restait plus rien à becter. Pas la moindre pâte. Rien. Un profond soupir et j’m’en retourne à mon canapé, m’y laissant tomber lourdement. Je retourne scroller de longues minutes durant avant de finir par m’essayer à une nouvelle application de livraison. Bah ouais, comme il y avait des réducs pour les nouveaux inscrits... Vous voyez, quoi.
Pas foutu de savoir c’que j’veux bouffer non plus...
Je finis par opter pour un truc un peu plus sophistiqué que d’habitude, bien cuisiné, bien noté... le genre de trucs que j’irais bouffer qu’au resto, mais que j’me permets de me commander en double -grâce aux réductions-, histoire que ça me fasse un peu de rab pour le lendemain. Mon ventre grogne encore... j’me décide à prendre le service de livraison maximum, histoire que ça arrive vite.
Le temps de prendre une douche, de se mettre un truc correct avant d’aller ouvrir la porte, d’allumer la télé... et hop. Une affaire de réglée.
Je valide le paiement sans trop faire gaffe, puis je laisse tomber mon téléphone sur les coussins.
J’me désape vite et traverse mon appartement jusqu’à atteindre la salle de bain. Un peu de musique, et tout est parfait. J’allume l’eau, attendant juste qu’elle se réchauffe assez, puis je passe sous ma douche à l’italienne.
Mes mains posées contre le mur devant lequel je me tiens, je me laisse enfin aller, me remettant à soupirer longuement. Je prends le temps de me laver, sans vraiment prêter attention à l’heure, me disant qu’j’ai une sonnette... ou qu’au pire, la porte est ouverte... Je prends mon temps et je laisse mes idées glisser ailleurs. Je repense à quelques-uns de mes voyages... ou plutôt, à quelques-unes de ces femmes que j’ai pu rencontrer ces derniers temps. Il ne m’en faut pas beaucoup plus pour mes esprits s’échauffent, pour que mes mains viennent se poser autour de cette espèce de 3ème avant-bras qui pend trop lourdement entre mes cuisses. Après tout, quel mal y a-t-il à se faire plaisir, même seul ?
Bandant comme un dingue, je finis quand même par m’arrêter, bien trop vite rattrapé par l’idée que d’ici quelques minutes, j’me tiendrais sûrement face à un pauv’ livreur qu’a rien demandé à personne. Un nouveau soupir de ma part et j’arrête l’eau.
« Aaah, putain... j’ai juste envie d’baiser... »
C’était p’têt ça mon problème, en fait.
Je sors de la douche, tendu comme pas possible et viens attraper mon peignoir, le posant à peine sur mes épaules alors que je quitte ma salle de bain.
J’attrape une clope sur un comptoir et l’allume au détour d’un couloir avant de repasser enfin vers l’entrée. Quelque chose me frappe d’emblée : la porte est ouverte.