Une amie... Un mot qui sonnait si doux à l'oreille de Miya. Elle avait des collègues de travail, mais qui n'étaient rien de plus. Avec Marine, ce serait différent, c'était évident. Alors elle lui sourit : au moins, Miya n'était plus seule, et ça allégea légèrement la peine qui étreignait son coeur... Jhun lui avait souvent reproché son besoin obsessionnel d'affection et d'amour - généralement quand il ramenait une charmante jeune femme dans la roulotte...
Aussi, quand Marine revint sur le sujet de sa raison de vivre, les épaules de la demi déesse s'affaissèrent à nouveau. C'était très personnel, et très indiscret de la part de Marine, malgré leur nouvelle amitié toute fraiche. Mais elle ne s'en offusqua pas une seconde... Il fallait croire que Ryuga avait disparu en embarquant son mauvais caractère. Ses yeux s'embrumèrent et se baissèrent sur la bague qui ornait son annulaire gauche. Une bague sans aucune signification particulière, pas de fiançailles ni de demande en mariage à la clef. Ce n'était rien de plus qu'un "objet pratique" pour penser à l'autre, quand les journées où ils travaillaient chacun de leur côté semblaient être une éternité... A présent, c'était le bijou le plus précieux que possédait Miya, celui qu'elle ne quittait jamais, et qu'elle ne quitterait plus jamais.
- C'est...
Elle n'arriva pas à parler davantage. Une grosse boule se formait dans sa gorge, et une larme roula sur sa joue avant de s'écraser sur sa main. Elle dut attendre quelques minutes, les yeux rivés sur l'anneau à son doigt, avant de pouvoir reprendre la parole.
- Vous allez me trouver ridicule... J'aime un homme. Éperdument. Un mortel, bien sûr. Ce n'est pas un problème, je pourrai le rendre immortel, ou invoquer le fantôme de mon frère pour lui demander les symboles à dessiner pour sceller mon immortalité et devenir mortelle... Mais cet homme...
Miya souffre. C'est la première fois qu'elle en parle à quelqu'un qui n'a rien vu de leur idylle, ces jours passés à se chercher, jusqu'au soir "fatal"... La plus belle soirée de sa vie.
- Je l'aime, et j'ignore où il est, comment il va, ou même s'il est encore en vie. Il a disparu il y a... (Elle a un rire et une légère grimace empreinte de douleur.) un an, sept mois, deux jours et quatre heures. Je vous épargne les 32 minutes.
Miya était assez folle pour compter les minutes, oui. Elle pensait qu'elle ne pourrait jamais souffrir autant que lorsqu'elle avait perdu son frère. Cette épreuve était pourtant bien plus terrible... Une nouvelle larme suivit le sillon laissé par la première.
- Alors oui, j'ai trouvé une raison de vivre... Mais qui me fait tant souffrir en cet instant que je souhaiterai en mourir.