Dans cet état bizarre où elle tenait mal sur ses jambes, Kara releva légèrement vers Souta, qui venait de se coller à elle dans un geste simple, pour la soutenir, voyant bien combien elle peinait à marcher droit après autant d’effets, d’émotions confuses. Elle cilla longtemps, en silence, à le regarder du coin de l’œil. Il n’était pas foutu de lui dire des mots gentils, était-ce si étonnant ? Il n’avait pas non plus été capable de répondre à sa demande de câlin, qu’il avait tout de suite interpréter comme une demande sexuelle.
Quelque chose se demandait, en elle, ce qui lui était arrivé dans sa vie passée pour être ainsi incapable de faire preuve de sensibilité, d’exprimer des sentiments plus tendres. Ou alors, tout simplement, il n’en avait pas pour elle… Puisqu’il ne voulait pas, par franchise, que cela sonne faux dans sa bouche. Etait-ce vraiment grave ? La Commerciale se contenta de soupirer lorsqu’il se montra aussi franc, en hochant légèrement la tête, lui répondant simplement par un haussement d’épaule. Même ce geste lui coûta, elle était fourbue… Et, pourtant, les gestes de son amant restaient emplis d’attention simple. Il ne devait juste pas faire autrement. Elle n’était pas là pour le forcer. Pour le changer.
En marchant, elle eut l’impression qu’il cherchait à se rattraper en lui soufflant des compliments maladroits. C’était tout lui. Elle se souvenait que toutes ses intentions ou ses essais pour être cool sonnaient de manière douce-amère à ses oreilles. Un sourire s’étira un peu, sur ses lèvres poisseuses, et elle lui saisit le bras pour ne pas trop chanceler. Elle avait du caractère, et du répondant… C’était euh… Positif ?
« Merci pour ta franchise. » Souffla-t-elle lentement, se concentrant sur ses pas hasardeux.
Fort heureusement, son appartement était loin d’être immense, et ils se retrouvèrent rapidement dans la pièce d’eau, pendant que Kara évite son reflet dans le miroir du lavabo… Elle se sait immonde et saccagée, et n’a aucune envie de le constater véritablement. Dans les yeux de Souta, elle ne lit aucun dégoût, mais elle sait à quel point il est trash, lui…
A le voir ainsi, encore vraiment en forme, la Commerciale se demande ce qu’il prend pour être vraiment tout le temps opérationnel. C’est pas humain… Un instant, elle louche sur son sexe érigé d’une taille colossale, se demandant encore comment elle a pu encaisser ça, et relève le nez vers son visage pour lui sourire, à cette petite remarque, comme s’il lisait dans ses pensées. Et elle éclate de rire en même temps que lui, il semble heureux de sa connerie.
« Que JE te saute dessus ? » Elle glousse, mais rire fait mal aux abdos, elle se tient les côtes en grimaçant. « Putain, t’es chié quand même, c’est toi qu’en demande toujours plus. »
Cependant, Kara n’a pas trop la force de lui envoyer une pique, elle s’engouffre dans la douche et le laisse la rejoindre en lui tirant la langue. Même ça, ça tire sur sa peau maculée de fluide qui commence à craqueler. Rapidement, elle lève la tête et ferme les yeux, sous le jet d’eau puissant qui la débarrasse efficacement de tous les miasmes de cette soirée bizarre. Un bon moment, n’ayant que les sons de Souta qui se savonne, couvert par le bruit de l’eau, l’odeur du savon la détend, elle garde le silence, puis soupire longuement.
Elle l’entend parler, certes, mais hésite à répondre. Quelque chose lui dicte que c’est peine perdue. Ils sont différents sur ce point, elle ne peut pas lui demander quelque chose qu’il ne peut pas lui apporter… Kara hausse les épaules, par dépit, baisse la tête en ruisselant et sourit légèrement avec une sorte de compassion.
« Je crois que t’es un trop mauvais garçon pour moi. Je suis un cœur d’artichaut, tu sais… Alors je m’attache un peu trop. Je sais que t’es pas le genre de mec qu’il me faut… Tu me fais du mal, parfois, sans le vouloir. » Elle ricane et, pour casser cette lourde atmosphère qu’elle créé, lance : « Et je parle pas de ta queue, crétin. »
En lui prenant le savon des mains, la jeune femme entreprend d’être plus claire, évitant son regard, comme juste avant. « En fait, moi j’ai besoin qu’on me prenne dans ses bras, et qu’on sache me dire des trucs gentils, tout comme me grogner des insultes à la gueule en me sautant. Tu vois ? » Ses mains pleines de mousse glissent sur son propre corps, machinalement. « Et toi, tu sais faire que la moitié, tu vois ? »