Kara n’avait pas menti, elle se sentait sincèrement hors d’elle, dans un état second d’excitation qu’elle peinait à dissimuler. Le voulait-elle seulement ? Yes ! Enfin, il accède à sa demande, il abdique, elle a gagné ! Ce n’était pas aussi bon qu’obtenir qu’il vienne chez elle, là, tout de suite, vite. MAIS, cela signifiait qu’il était dans le même état qu’elle, assez pour céder sur certains points. En l’embrassant furieusement, la jeune femme gloussa contre ses lèvres, cela sentait bon la victoire.
« Hmmm… »
Et évidemment, il fallait qu’il mette une condition ! L’entendre parler l’électrisa encore plus, il avait le don pour se faire désirer, pour attiser les flammes en elle, il savait sur quel levier appuyer, cela semblait si facile pour lui… Kara soupira d’envie en mordant sa lèvre.
« Tout voir ? »
Merde, c’était dangereux, ça, non ? Elle savait à quel point ce genre de jeu pouvait dévier, mais dans la fièvre, la tête pleines d’images salaces, la frustration rendait cette condition vraiment attirante, pire, vraiment, vraiment motivante.
Ses mains sur sa poitrine l’encouragent énormément, à vrai dire, elle sait que c’est une belle avancée que d’avoir obtenue ce modeste passe-droit, mais plus il est vif et brutal, plus il la regarde droit dans les yeux, et plus Kara en veut davantage. Elle le veut, elle a envie de lui, elle est persuadée qu’elle ne pourra pas tenir bien longtemps…
« Tu vas pas être déçu… » Murmure-t-elle d’une voix éraillée par la brûlure de sa gorge, en montrant les dents. « Tu vas jamais réussir à bosser correctement cette nuit, je vais te spammer si fort… »
Elle ne voit même pas les gens qui passent autour d’eux, tellement elle est électrisée et au bord du gouffre. Sa main se frotte nerveusement, en tremblant, contre son jean, qu’elle aimerait virer coûte que coûte. Ce qu’il lui révéla la fit transpirer d’un coup, comment pouvait-il lui dire qu’il voulait la baiser sans passer à l’acte ? Il avait une volonté de fer, ce con, et elle, elle fondait…
Mais il faut qu’il s’en aille.
NON ! Kara tente de le retenir, mais la claque la fait sursauter et elle ne peut retenir un gémissement plus fort. Les yeux bien écarquillés, incrédule, elle le regarde s’éloigner la bouche ouverte, totalement surexcitée mais médusée. Elle mit une minute à s’en remettre, à faire de l’ordre dans ses idées, avant d’avaler difficilement sa salive et marcher jusqu’à son immeuble. En courant, même.
Rentrer chez elle, avaler deux grands verres d’eau, foncer sous la douche pour se refroidir.
Kara reste un long moment pour souffler, mais son corps et surtout sa mémoire a gardé toutes les sensations en tête… Elle a encore la voix de Souta au creux de son oreille qui lui souffle des scènes vulgaires, et fatalement, son pouls s’accélère. En quelques secondes, en fermant les paupières, la jeune femme a des images bien nette de ces quatre sièges du bus. La chaleur monte jusqu’à ses joues, envahit ses reins…
Elle souffle, va cuisiner pour se changer les idées. Mais c’est trop dur. Il est trop présent. Elle peine à se concentrer sur quoi que ce soit, c’est un enfer. En grognant, Kara lâche son couteau et abandonne sa popote pour se laver les mains et se passer de l’eau sur le visage… Elle a l’impression d’avoir de la fièvre… Autant arrêter de se cacher ou de se mentir, elle soupire, déterminée.
D’un pas net, elle se dirige vers sa chambre en se saisissant de son téléphone portable, et prend une première photo, pour débuter en douceur… Elle est encore habillée, ouvre son chemisier, appuie encore pour un cliché plus évocateur, bien décolleté. Kara envoie les premières photos en se mordillant la lèvre, se sentant légèrement ridicule. Mais rapidement, le jeu devient plus intéressant… Il aura droit à un joli cliché de ses sous-vêtements, lui qui les martyrise depuis deux jours. Lentement, sa main glisse sur le tissu simple de son soutien-gorge, tout en appuyant encore pour déclencher cette fois une courte vidéo.
Elle glisse ses doigts sous le tissu, le téton qu’elle effleure, sensible, s’érige aux premiers contacts, excités comme elle l’a été par leur petite séance à l’arrête de bus. Doucement, sa respiration s’accélère, elle se prend au jeu, envoie sa vidéo à Souta. Pendant un moment, debout, elle ne fait que se dévêtir et caresser lentement sa peau, en faisant profiter le maître du jeu avec quelques visuels bien cadrés. Merde, elle se trouve presque sexy en se voyant en photo.
Kara ferme les yeux alors qu’elle descend sa main sur son ventre, sa poitrine se soulève plus vite, elle revoit parfaitement la bouche de Souta s’approcher d’elle, a des flashes de leurs parties de sexe si obscène à l’hôtel. Et immédiatement, ses doigts trouvent le chemin de son entre-jambe, en frissonnant de plaisir. Elle se laisse tellement aller qu’elle en oublie, un instant, de prendre des photos, s’allongeant sur son lit qui grince.
Elle profite de cette victoire qu’elle a obtenu… Ses doigts frottent doucement sur son clitoris, elle sait comment faire, elle soupire et gémit, avant de réaliser qu’elle n’envoie rien. Se mordillant la lèvre, elle se tortille et se penche pour réussir à trouver un angle adapté. Quelle connerie, ce n’est pas si facile de prendre une photo à la fois sexy et évocatrice de cet endroit. Mais ses efforts payent, elle lui envoie une vidéo de son index et son majeur joints, caressant adroitement chaque partie sensible de son intimité, attendant encore pour les insérer à l’intérieur.
Mais se concentrer sur le cadrage tout en se touchant, c’est vraiment la galère, elle tourne l’objectif et transmets à Souta une vidéo de son visage, les joues rouges, alors qu’elle se met à gémir légèrement sous la chaleur que produisent ses massages, en l’insultant cependant.
« T’es vraiment qu’un connard. Régale-toi avec ça. J’espère que t’es bien à l’étroit dans ton froc. »
Ses mouvements s’accélèrent, elle lâche un temps le portable pour venir s’occuper de sa poitrine en même temps qu’elle écarte ses lèvres intimes et y glisse ses doigts. L’atmosphère de sa chambre devient plus torride, elle soupire et geint, continue un moment avant de reprendre son smartphone et filmer sa main qui bouge, bouge plus vite, le son à fond pour que ses collègues entendent. Elle pense à ses mains, à lui. A ses lèvres, sa langue au même endroit.
« Oh, putain. »
Nerveusement, sans vraiment plus réfléchir au cadrage, certaines photos qu’elle lui envoie sont floues tant elle commence à perdre pied. La contrepartie devient accessoire, elle a la tête farcie de visions érotiques qui l’excitent et font s’intensifier ses gestes, comme ses vocalises.
Mais Kara se connait bien, agit avec efficacité, sent le plaisir monter, monter encore… En sueur, elle rattrape juste à temps son téléphone pour se filmer, filmer son visage qui se tord, avant qu’elle n’explose, en direct devant l’objectif. Le son saturé de l’appareil capte son orgasme, son corps se tord et se crispe, se détend, les spasmes font sauter la vidéo.
Elle se laisse retomber, les bras en croix, en se rendant compte qu’elle a oublié d’arrêter le film… Elle le ramène alors contre sa bouche pour réussir à articuler douloureusement.
« A demain, Souta. »
Il faut qu’elle s’y reprenne à plusieurs reprises pour réussir à lui envoyer cette putain de vidéo, ses doigts engourdis l’empêchent de correctement pianoter sur l’écran tactile. Elle l’abandonne sur son lit quand elle trouve la force de se lever pour aller reprendre une douche, à bout de souffle. Ça fait un bien fou. Elle se sent sur un nuage… Vivement demain.