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« le: mardi 09 avril 2019, 13:57:34 »
Les mains du Démon continuaient de nettoyer son armure de toute cette eau. Le tissu qu'il utilisait devint de plus en plus humide, et bientôt, il ne séchait plus, il étalait tout simplement. Son plastron était encore humide, mais ce n'était pas bien méchant. Dans le pire des cas, il devrait s'en faire faire une autre avant de retourner à sa demeure, mais cela ne pressait pas. Il n'était pas assez faible pour avoir impérativement besoin de cela pour se protéger. Ce qui lui fit penser à Erika. Il redressa un regard vers elle, à mi-chemin entre la consternation et l'émerveillement des efforts qu'elle accomplie pour pouvoir continuer de vivre seule sur les routes. L'Ancien se demandait dans la continuité de sa pensée, pour quelle raison elle n'avait pas optée pour une calèche ou un cheval, et jouer les livreurs de villes en villes. Elle aurait pu avoir une vie plus simple, avec un minimum de temps en milieu urbain. Même s'il était vrai qu'elle parlait de suivre les traces de son père adoptif... Mais est-ce nécessaire de faire exactement pareil, et rester dans la même dynamique ?
Ars commença à y réfléchir sérieusement. Avoir un chariot lui permettrait de dormir plus souvent au chaud, de traverser de plus grandes distances et d'avoir du matériel divers à portée. Certes, ce serait de l'entretien, sans compter le ou les chevaux, et de devenir plus voyant pour les brigands, ce qui n'était pas une partie de plaisir. Mais y-avait-elle seulement réfléchie ? Le Démon parti du principe que non, tout simplement parce qu'elle semblait trop focalisée sur des absurdités pour faire autrement. Pessimiste de nature.
Des grommellements, et une voix lointaine qu'il perçut à peine à cause de la forte pluie, il tourna son visage vers elle. La Dame était en train de s'endormir, et il n'eut pas le temps de comprendre ce qu'elle disait, perdu dans ses pensées comme il le fut. Il eut un bref moment de pause en la fixant, avant de poser son armure au fond de la grotte et de laisser son manteau s'égoutter du mieux possible. Allant au bord de la cavité, il regarda l'horizon. Dégagé, l'odeur humide de la forêt et de la terre s'élevait jusqu'à lui. La nuit serait tranquille, les animaux restaient cachés, et il ne sentait pas de présence proche, aucun esprit autre que le sien et celui d'Erika, ou de quelques animaux inoffensifs. Ars se colla contre le mur, et ferma les yeux. Il allait se reposer tranquillement.
Quelques heures plus tard, alors que le soleil n'apparaissait que peu derrière les nuages de l'horizon, le Démon ouvrit les yeux. Erika semblait toujours dormir, à quelques mètres à peine de lui. Son armure et son manteau était dans le fond et la pluie se calmait, bien qu'encore présente. Il s'étira et s'enquit immédiatement de son large manteau de cuir noir, et ajusta son épée à sa taille. J'ai bien quelques heures avant son éveil. Et il partit vers la forêt, longeant les falaises en quête de traces inhabituelles. Heureusement pour lui, ses yeux lui offrirent bien plus d'informations que ne l'auraient fait des yeux Humains, et il put s'orienter sans mal.
Au bout de quelques dizaines de minutes, Ars arriva à la grotte. Ses sauts dues à ses capacités de changeforme lui permirent d'aller bien plus vite et de parcourir bien plus de territoires qu'une bête enjambée ! Sur place, Il refit le chemin jusqu'à la cavité où lui et Erika firent demi-tour plus tôt. Une fois sur place, il étendit sa pensée, cherchant les créatures qui habitèrent là. Elles n'étaient pas bien difficiles à trouver quand il se concentrait pour cela. Et après les avoir assujettis à sa volonté, le Marionnettiste leur ordonna de se révéler.
Des taupes bien étranges. Imposantes, au poil dur. Des griffes épaisses et d'une rigidité capable de creuser à même la roche. Leurs petits yeux aveugles et noirs ne présentaient presque pas de pupilles. Ce sont des créatures que je n'avais jamais vu, et encore moins ici. Ont-elles étés forcées de déménager, ou les ais-je toujours ignorer par négligence ? L'Ancien continua d'observer leurs organismes, allant même à en vivisectionner une avec les moyens du bord. Ouvrant le ventre de l'un tout en le gardant parfaitement calme avec son esprit pour comprendre son fonctionnement interne. Mais il n'avait pas tout ce qu'il fallait sur place pour faire un examen poussé, ni même tout observé. Néanmoins, leur métabolisme semble courant. Aucun point qui me saute aux yeux. Plongeant sa main à l'intérieur, il put reconnaître chaque organe, et ces taupes n'étaient au final qu'une espèce commune. Certains diront des espèces de taupes "garous", mais rien d'exceptionnel en soi. La déception du Démon se lit alors qu'il secoua négligemment la main qui avait palpé l'intérieur de la créature. Il se servit de l'une d'elle comme monture pour sortir de la grotte plus vite, et reparti vers la cavité. La pluie s'était arrêté entre temps, et il fit un détour à un ruisseau afin de laver sa main. Quelle perte de temps.
Alors qu'il nettoyait sa main dans l'eau vive, un cri survint au loin. Cela ne ressemblait pas à la voix d'Erika, mais il était curieux. Se redressant, tant pis pour l'odeur qui infestait sa main, il se laverait plus tard. Il étendit sa conscience autour de lui une nouvelle fois et sentit Erika s'y dirigé alors qu'il réfléchissait. Je dois arriver avant elle. Il se dirigea vers l'origine du bruit sans plus attendre, et la retarda en lançant sur elle un léger sort d'illusion, qui devrait la perturber suffisamment longtemps pour lui permettre d'être sur place en premier.
Il arriva vers l'endroit qui lui semblait être le bon, à en juger par des traces de sang et de poils au pied d'un arbre. Il commença à enquêter prudemment dans la zone.