8
« le: dimanche 01 mai 2016, 16:12:06 »
C'est dans ces moments-là qu'Anton perd pied, parce que le rêve commence à lui paraître trop réel. La plongée dans ses sentiments les plus profonds lui donne un tournis qui rend le maintien dans l'univers onirique difficile. Impossible de nier l'émerveillement dont il fait preuve quand elle décide de jouer pour lui, de le bercer de sa voix : Ses yeux brillent comme ceux d'un enfant, mais d'un enfant qui n'aurait pas connu le bonheur avant, les pupilles froides d'un homme qui redécouvre un plaisir simple de la vie, qui, pourtant, est loin d'être naturel : On ne lui fera pas décemment croire que l'envoûtement qu'elle exerce sur lui n'est que résultat de sa beauté et de ses talents humains. Il y a de la sorcellerie là-dessous, il en est sûr. Et c'est volontairement qu'il baisse sa garde, laisse faire l'enchantement, comme une créature disciplinée, comme si le rapport de force avait changé de sens. Charme-moi encore, Princesse, semble-t-il hurler en silence, les iris troublés et les lèvres à peine entrouvertes.
Et elle ne cessera pas. Le souverain se laisse emmener dans les sables, et ses défenses toujours nues, il ne peut s'empêcher de ressentir de l'excitation et de l'appréhension à la suivre et à l'écouter et à la voir et à la désirer. Il en avait presque oublié, dans la torpeur engourdie de ce sommeil agité, qu'il pouvait encore avoir des sensations. Elle disparaît ; ici, c'est la crainte qui arrive au galop, et un peu de colère, parce qu'il ne supporterait pas d'avoir été berné, parce qu'il pense qu'il a été fou de la croire soumise aussi longtemps, elle attendait juste son heure pour fuir, et le sable frémit sous lui, la marque commence à faire effet, il n'en a pas conscience mais voudrait commander à ce désert de la retrouver et de la châtier, parce qu'on ne le trompe pas impunément, et le mastodonte de métal, lui, reste immobile, car il est partie intégrante du rêve, il sait où elle est, et il se contente de monter la dune avec son double qui crie le nom de la princesse, presque de désespoir, jusqu'à la voir de nouveau et respirer d'un soulagement intense.
Qu'est-ce, maintenant ? La déception ? Oui, ça y ressemble. Celle d'être aussi faible devant elle. Pourquoi se laisser ainsi entraîner ? Il a un rôle à tenir, il doit lui être supérieur, et ne pas ramper face à celle qu'il a rendu esclave. Pourtant, le voilà qui avance d'un pas pressé pour la rejoindre, et se baigne sans broncher, avide d'en découvrir encore. Elle joue avec sa luxure, elle joue avec ses émois. Il voudrait l'écouter parler encore, dans cette langue qui n'est sue que d'eux, et quand vient le moment de répondre, c'est une torture, comme s'il brisait une œuvre d'art.
-Le désert me hait. Je n'ai jamais aimé la chaleur ou le sable. Il ne me laissera jamais...
Mais elle le forcera à écouter, et voudra le convaincre. Par le stupre, elle l'obligera à oublier sa conscience et à en revenir à ses instincts primaires. Dieu, qu'elle suce bien. Très Saint Père, ne regarde pas, aujourd'hui j'ai honte d'aimer autant ça. Il en gémit, chose rare, en réclame plus, mieux, encore, la Princesse fait un tel honneur à son rang, et ce maléfice supplémentaire lui fait supplier intérieurement de rester ici pour toujours, dans ce monde onirique où il manipule le vrai et tutoie le plaisir pur, oui, il ne pense qu'à lui, qu'au plaisir, il veut se faire hédoniste, oublier la douleur de la réalité à jamais et vivre pour toujours allongé dans ce sable, sucé par sa Divine Putain, son adorable noble à genoux qui le sert avec tant de dévotion.
-Cesse, s'il te plaît. Viens.
On ne relèvera pas la politesse remarquable dont il a fait preuve. C'est un crève-coeur que de lui dire de s'arrêter, mais il désire un peu plus. Quand bien même les plaisirs oraux font partie de ses péchés mignons, autant sensationnellement que symboliquement, il veut communier avec elle, entièrement, car les sables sous sa tête lui murmurent que c'est la clé de sa puissance. Il l'amène jusqu'à son niveau, la fait s'empaler quelque peu précipitamment sur lui, en grogne de satisfaction. Une main sur ses reins pour l'accompagner dans ses mouvements ; l'autre sur un sein pour lui offrir ses caresses appuyées, le jumeau était câliné par ses lèvres et sa langue. Elle danse sur lui, grâce et volupté dans ses gestes, lui-même balançant en rythme son bassin. Il voudrait s'éterniser ainsi. Ils sont seuls, les soldats autour d'eux se sont évaporés, y compris le chevalier.
-Je n'ai jamais fait que détruire. C'est dans ma nature.
Au-delà de la confession qui n'en était pas une, c'était surtout l'aveu masqué qu'il voulait essayer de créer. Il agrippe sa nuque, la force à un violent baiser, lui intimant de la poigne d'aller plus vite sur lui. D'un murmure troublé par le désir, il lui dit de jouir autant qu'elle veut. Et le sol s'anime. Si on pourrait croire que ce n'est que le vent qui soulève ces fins rubans dorés qui volent, tourbillonnent et s'écrasent, on commence à douter de l'implication de l'allemand dans ces phénomènes lorsque ceux-ci commencent à rester en l'air, dessinent des arabesques au-dessus du couple, se font plus denses et moins agiles, mais finissent immanquablement par retomber. L'effort qu'il doit fournir pour commander aux éléments est considérable, alors même qu'il n'a qu'à demi-conscience de ce qu'il est en train de faire, ébloui par la beauté de l'acte qu'ils commettent à deux.
Il va jouir. Il refuse. Il sait qu'il ne peut se contrôler longtemps, quand bien même il est un surhomme : L'orientale s'agite sur lui comme personne, son corps entier réclamant sa jouissance, sa chatte le berçant de sa supplication de le voir s'abandonner. C'est hors de question. Yamiha est jetée sur le côté. Il la retourne pour l'allonger sur le ventre, vient au-dessus d'elle. Les courbes sont parfaites : Ses reins creux qui entament la montée jusqu'à son cul rond, parfaitement formé, redescendant ses cuisses qu'il ne prend pas la peine d'écarter. Il se contente de séparer ses deux fesses, y guide sa queue trempée de mouille pour la coller sur son anneau. Les sables auparavant calmés frémissent de nouveau. Il veut s'y enfoncer d'une traite, mais se rend soudain compte qu'il ne souhaite pas lui infliger ça, parce que ce serait une sanction, et qu'il refuse de la punir. Alors, calmement, l'extrémité de sa verge rompt la barrière ; il se penche sur elle pour lui dire que tout ira bien. Que la nature le commande ainsi, que la marque le désire. Il ne ment pas, elle sait qu'il a raison : N'est-ce pas ainsi que le sceau a été consacré ? Prudemment, il continue d'entrer en elle, donnant de légers coups de bassin afin qu'elle s'habitue à son diamètre sans heurts. Mord son oreille, caresse son dos. Les éléments tourbillonnent de nouveau, valsent lourdement autour d'eux.
-Je veux te prouver que je mérite d'être ton Dieu.
Doucement, il accélère. Ses mains continuent de découvrir son corps. Malgré la position peu adéquate, la noble étant clouée au sol, il lui fait soulever son bassin afin de porter deux doigts sur son clitoris, l'aider à supporter le traitement. Lui-même ne peut nier qu'il vit une pleine satisfaction. Dans sa douce transe, le SS donne forme à ses pensées, les arabesques se faisant plus nombreuses et plus compactes, se mêlant entre elles, dansant comme des flammes sauvages autour d'eux. Il lui fait lever la tête devant elle, lui demande d'ouvrir la bouche en tenant son cou. Devant ses yeux s'anime un nuage de sable, palpitant comme un globe de foudre. Il lui demande de lui faire confiance. Et une fois les lèvres entièrement descellées, le sable s'insinue en elle, allant jusqu'à sa gorge, bloquant son souffle. Il la sodomise avec tendresse, certes, mais non sans passion : L'amant joue de son bassin dans son cul, de ses doigts sur sa perle, de ses crocs sur sa nuque, de sa poigne sur sa gorge, et surtout, du sable qui l'empêche de respirer un bon moment. Non sans malice, c'est une nouvelle intrusion qu'elle devra subir, cette fois-ci dans sa matrice : Un appendice est né de la grève, glisse et pénètre ses chairs malgré ses cuisses closes, accompagne l'allemand dans son rythme.
Quand elle retrouve son souffle, il lui dit merci. Il lui dit qu'elle est merveilleuse, qu'il voudrait qu'elle soit sa reine, qu'il voudrait créer avec elle toute sa vie. Et le désert entier semble approuver. Les murs de sable sont immenses, comme une aurore boréale terrestre, exécutent une valse informe, presque violente, entourent l'oasis. Anton n'a aucune idée de ce qu'il fait, n'arrive pas à matérialiser précisément un objet. Et il s'en fout. Il veut juste démontrer son pouvoir sans rien y comprendre. Il veut l'aimer, aussi. Il veut jouir, de cette Yamiha imaginaire et de ce Sahara d'ailleurs, et mourir ainsi. Son orgasme fera exploser ses constructions mouvantes, répandant une pluie ocre à des centaines de mètres à la ronde.
Après un long moment allongé sur le dos, foudroyé par le plaisir, il sera parvenu à retourner dans les eaux sacrés afin de s'y baigner un peu. Il se sent incapable de recommencer à maîtriser la poudre de roche comme il venait de le faire. Sa fatigue est conséquente. Sa troupe est de nouveau réapparue, comme si elle n'était jamais partie.
-Je ne sais pas si tu feras une bonne reine, mais tu es une parfaite esclave. Je n'offre pas ce compliment à la légère, tu sais. Bien... Nous devrions retourner au palais.