«
Nous en aurions dit comme elle, Nexus serait toujours elfique » commenta sobrement Iorveth après le coup d’éclat de Louane.
Ça... Cahir ne pouvait que reconnaître que Louane avait un sacré tempérament. Une Terranide comme elle, ça ne courait pas les rues ! Les Terranides étaient connus pour leur soumission, leur propension naturelle à l’obéissance, mais Louane... Louane était différente, très éloignée de ces clichés ambulants. C’était ça qui lui plaisait chez lui. Cahir n’était pas encore très au point sur les sentiments qu’il éprouvait à l’égard de cette femme avant de la revoir, mais, maintenant... C’était un amour impossible, et, sous bien des aspects, pathétiques. Celui d’un apatride honni de tous et d’une kitsune qui refusait d’accepter son sort.
*
C’est notre dénominateur commun... Le monde veut qu’elle se soumette, le monde veut que je meure, et, pourtant, nous sommes toujours debout...*
Indéniablement, il y avait une leçon à tirer de tout ça. Cahir ne répondit pas à Iorveth, et reprit sa marche. Louane était en tête, très fière, et l’apatride la rattrapa rapidement. Ses mains se posèrent sur ses épaules, et il approcha sa bouche de son oreille, déposant un bref baiser dessus, avant de sourire :
«
Pendant un instant, Louane, j’ai cru voir une Ashnardienne en action... »
C’était un délicieux compliment. Il lui sourit encore plus affectueusement, et Iorveth, agacé, se mit à grogner :
«
Vous croyez que ça nous enchante d’attaquer les nôtres ? Mais la Banque Vivaldi a cessé depuis longtemps de représenter les intérêts des nains. -
Ce n’est pas ma vision des choses, mais c’est sans importance. »
En réalité, Cahir comptait bien fausser compagnie à Iorveth dès leur approche de Nexus, et quitter la région avec Louane. Il voyait mal la kitsune vouloir conserver son métier de serveuse dans une auberge où les gens devaient régulièrement lui cracher dessus. Fuir vers de meilleures terres était la seule option valable. Ainsi, ils échapperaient à la Scoia’tael, mais aussi aux Nexusiens. Pour le reste... Eh bien, Cahir savait que la Banque avait à cœur la protection des communautés naines, mais, comme elle était riche, il soupçonnait que ça suffisait à en faire, par principe, un ennemi de la Scoia’tael.
Le trio continuait à s’avancer dans la nature, Cahir et Louane proches, et, assez rapidement, Iorveth reprit les devants. C’était lui, après tout, le guide. Le groupe se rapprochait d’un amoncellement rocheux, et Iorveth s’arrêta alors.
«
Nous ne sommes pas seuls... »
Cahir s’arrêta également, portant la main à son fourreau, et sentit le sol trembler, vibrant dangereusement. Il se retourna alors vers Louane, en comprenant soudain ce qui se passait :
«
Louane, attention ! »
Le sol s’ouvrit brusquement juste devant Louane, et une énorme masse marron avec de multiples pattes en émergea, se dressant fièrement vers le ciel. Un
scolopendromorphe émergea alors, accompagné d’autres mille-pattes géants, et cracha vers Louane un jet d’acide... Cahir avait déjà brandi son épée, et se précipita vers la bête, mais un autre monstre jaillit à côté de lui, le déstabilisant en le jetant à terre.
Finalement, les choses allaient se compliquer sensiblement...