L’homme était en s’approchait de la porte du petit appartement pour quitter lorsqu’il sentit son téléphone vibrer dans ses poches. Il le sortit puis regarda le numéro, il s’agissait de son employeur. Il venait justement de terminer ce pourquoi il avait été engagé. L’homme ne savait même pas pourquoi il l’avait fait, mais ce n’était pas dans son habitude de poser des questions. Pourtant, cette affaire était étrange, trois cent milles et un voyage en première classe vers Seikusu pour seulement un travail dans un appartement miteux. Surtout que son travail n’avait pas été particulièrement difficile. Il chassa ses pensées de sa tête puis répondit, il entendit une voix grave avec un accent anglais à l’autre bout du fil.
- Vous avez terminé?- Je vous avais dit que je vous contacterais une fois le travail terminé, mais oui, j’étais justement en train de terminer.- Bien. Alors, qu’est-il arrivé à notre ami en commun?- Le pauvre écoutait la radio en prenant son bain, un faux mouvement a fait tomber l’appareil dans sa baignoire et il est mort électrocuté sur le coup. Une bien triste histoire.L’homme se retourna vers la porte de la salle de bain encore ouverte pour contempler un instant le cadavre d’un gros japonais dans sa baignoire, toujours parcouru de spasmes.
- Ça me semble un peu tiré par les cheveux…- C’est pourtant ce qui est arrivé, vous n’aurez qu’à lire le journal… ou vérifier les rapports de la police. L’homme savait qu’il ne devait pas poser de questions, mais il décida de se risquer
- Il n’est pas dans mon habitude de poser des questions, mais pourquoi avez-vous développé cet… intérêt particulier pour notre ami en commun?- Ce n’est pas la première fois que j’ai recours à vos services et j’ai toujours apprécié votre silence. Je comprends pourtant que cette affaire était étrange et que vous êtes méfiants. Disons simplement que notre ami en commun n’était pas ce qu’il avait l’air. Les apparences sont souvent trompeuses mon ami… Merci encore une fois pour votre aide, nous aurons surement à travailler ensemble à nouveau dans un futur pas si lointain. À bientôt… Mr. Bateman À cet instant, l’employeur raccrocha. Bateman fit de même. Il allait devoir se débarrasser de ce téléphone. Dans son métier, seul les paranoïaques survivaient. Justement, Bateman n’était pas son vrai nom, c’était par contre l’un de ses alliasses préférés, son employeur n’était pas sensé connaitre celui-là. La situation n’était pas encore alarmante, mais il devrait surveiller de près son employeur. Bateman sortit de l’immeuble. Il n’avait même pas de caméras de surveillance. Il vit la voiture noire de son contact à Seikusu. Il s’approcha alors pour entrer à l’intérieur. Il se demanda un instant si son contact connaissait également plus d’un de ses noms d’emprunts, surement pas, pensa-t-il
Bateman n’avait pas de nom, pas d’empruntes digitales, en fait, il n’avait pas d’identité. Il n’existait pas. Il avait déjà existé il y a longtemps, mais selon le gouvernement de son pays, il était mort dans un incendie vingt ans plus tôt. Bateman était ce qui se rapprochait le plus d’un fantôme. Officiellement, il était mort, mais pourtant, il était là. Cette pensée le fit sourire. Il embarqua dans la voiture et boucla sa ceinture. Son contact fit tourner la clé et la voiture démarra.
- Où voulez-vous aller?- Je vais rallonger de quelques jours mon voyage à Seikusu, les choses commencent à devenir intéressantes.Bateman s’intéressait surtout à la prime sur la jeune fille mystérieuse, mais il avait quand même quelques affaires à régler avant de quitter Seikusu. Certaines traditions qu’il respectait à chaque fois qu’il était en ville.
- Conduisez-moi au fleuriste le plus proche, j’espère qu’ils ont des roses…Après s’être acheté deux belles roses au fleuriste du coin, Bateman demanda à son contact de le conduire dans une petite ruelle près du quartier Toussaint. Le chauffeur trouvait la requête étrange mais ne dit rien. Bateman débarqua du véhicule et marcha quelques pas. Il s’arrêta à un certain endroit, c’était comme s’il y avait quelque chose là que seul lui pouvait voir. Il contempla le sol pendant quelques instants avant de déposer l’une de ses roses. Le coin n’avait pas changé, même la guerre ne l’avait pas atteint. C’était comme si cette ruelle était figée dans le temps, comme pour rappeler à Bateman son erreur.
Il y avait sept ans, ou était-ce huit? Bateman ne se souvenait plus des dates, mais il se souvenait de ce qu’il avait fait. Après tout ce qu’il avait fait dans sa vie, après tout ce qu’il avait vu, il se sentait toujours coupable. Il croisa son regard dans une flaque d’eau, lui non plus n’avait pas beaucoup changé, il avait quelque rides en plus, mais il était sensiblement le même homme. Après plusieurs longues minutes, Bateman retourna dans la voiture. Il s’assit puis ne dit plus rien. Le chauffeur quitta la ruelle, se demandant toujours ce qu’ils étaient venus faire là.
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Dorobo attendait toujours Make sur la rue Saneno, le jeune homme ne semblait pas venir. Dorobo se doutait que quelque chose de grave s’était produit. Il était en compagnie de trois autres Akuma, des sans noms. Dorobo croyait qu’il y en avait un qui s’appelait Togi, mais il n’était pas certain. Il entendit au loin le moteur d’une voiture arriver, ce n’était pas Make. Il reconnut la vieille Lincoln noire de Satsu. Ça, ce n’était pas des bonnes nouvelles. Satsu freina juste au dernier moment avant d’atteindre la voiture de Dorobo. Satsu sortit de sa voiture avec un pistolet dans les mains. Dorobo et ses hommes firent de même.
- Où est-il?- Make?- Oui. Dis-moi où il est. Maintenant!- Jamais!Les trois autres Akuma ne savaient plus ce qui se passait. Dorobo leur avait expliqué que Satsu s’était arrangé pour que la police retrouve l’entrepôt où Make était sensé se battre contre Okuni, et que Satsu avait été payé par les Guramu pour monter ce coup. En échange de la mort de Make, les Guramu auraient également arrêtés de se battre. Pour un Akuma, trahir son clan était la pire chose à faire.
- Dis le moi, je ne te le redemanderais pas deux fois…- Je ne te laisserais pas lui faire du mal!Satsu voulut dire quelque chose, mais Dorobo ouvrit le feu à plusieurs reprises, il atteignit Satsu dans l’épaule. Satsu tituba jusqu’à sa voiture, évitant de justesse plusieurs balles et il appuya sur l’accélérateur. Il fonça en direction de Dorobo qui put se tasser juste à temps. Satsu dut se résigner à fuir. Dorobo ne prit même pas la peine de le suivre. Le conflit n’avait pas encore atteint tout les Akuma, même le Daimyo ne pouvait dire qui disait la vérité. Il s’était résigné à attendre patiemment que Make revienne, il devait faire confiance à Hanzai et à son protégé.
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Les autres Rônins finirent par arriver, Hanzai fut soulagé de les voir. Il regarda le conducteur et en un signe de tête, ils comprirent ce qu’ils devaient faire. Hanzai accéléra, ils entreraient bientôt en territoire Guramu, le temps leur manquait. Le Rônin était prêt à entrer en collision avec le van, ses hommes se chargeraient du reste. Il n’était plus qu’à quelques mètres, il serra les dents pour se préparer au choc. Les autres Rônin préparaient leurs armes. Au dernier moment, un Guramu remarqua Hanzai.
C’était pourtant déjà trop tard. Hanzai entra en collision avec le van. Le véhicule dérapa puis alla s’écraser contre un poteau de téléphone. Le choc avait été immense, le van n’avait plus aucune chance d’être utilisé à nouveau. Hanzai s’en était plutôt bien sortit, le coussin gonflable avait fait son travail. Les cinq autres Rônins sortirent d’un van un peu plus loin, armés jusqu’aux dents. Quatre Guramu sortirent du van. Les Rônins firent feu, des centaines de projectiles, comme des abeilles en colère, filèrent vers les Yakuza qui tentèrent de riposter en vain. L’un d’eux réussit à tirer un coup de feu, mais n’atteignit personne.
Okuni était surement resté dans le van. Il n’avait pas paru particulièrement résistant, il devait être sonné. Hanzai sortit du véhicule, il était indemne. Il ramassa un pistolet à terre et s’approcha du van. Comme personne n’en sortit, il se risqua à entrer. Quand il passa la tête à l’intérieur, il vit… rien. Pas de Make, ni de Takeshi ou d’Okuni. Il y avait tout de même quelques caisses. En en ouvrant une, il vit qu’il s’agissait d’armes. Les hommes à terre étaient bien des Guramu, mais pas ceux qu’ils cherchaient. Hanzai fit alors quelque chose qu’il n’avait fait jusque là que dans quelques rares occasions, il jura.
- MerdeMake allait devoir se débrouiller seul.
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Make avait été battu, tiré dessus et trainé contre son gré jusqu’au QG des Guramu, là, il faisait face à l’Oyabun des Guramu qui avait très probablement l’intention de le tuer, rapidement ou non. Sa vie était officiellement de la merde, pensa-t-il. Pendant que Takeshi et Akihiro parlaient de la musique qui jouait, Make s’efforçait d’écouter l’air. Le chœur des esclaves. Make ne se serait pas imaginé que l’Oyabun des Guramu avait des goûts si… raffinés. L’air de la chanson, Make ne se souvenait pas d’où il l’avait entendu, mais il l’avait déjà entendu quelque part. Sauf que ce n’était pas exactement la même chose. L’air était le même, mais une femme chantait en français.
Tout d’un coup, Make s’en souvint, le souvenir était douloureux. Il frappa Make comme un coup de poing au visage. La femme qui chantait était Nana Mouskouri, la chanson s’appelait Je chante avec toi liberté. Make s’en souvenait, puisque s’était l’une des chansons préférées de son grand-père. À la mort de son grand-père, son père s’était mis à écouter du Nana Mouskouri, pour se rappeler de bons souvenirs déduit Make. S’était cette chanson qui jouait dans la voiture le jour de la mort de son père et de sa mère. Comment Make avait-il fait pour l’oublier même un instant?
Make écoutait attentivement les hommes parler, il n’avait pas grand-chose à dire pour l’instant, alors il se contenta d’écouter. Okuni débarqua tout d’un coup, sa présence stressa Make, il était imprévisible. Akihiro Guramu semblait bien le savoir. Là où les Akuma se considéraient tous comme des frères de sang, les Guramu s’haïssaient entre eux la plupart du temps et n’appréciaient que très peu de leur semblables. Le ton monta, Okuni sortit son flingue, il semblait déterminé à descendre son père, quand tout d’un coup, il reçut un shuriken dans la gorge.
Il vit alors sortir de nulle part une belle jeune femme au costume moulant. Ses formes avantageuses et sa grâce naturelle ébranla quelque peu Make. Le jeune homme réussit par contre à ne rien laisser paraitre. Elle était belle, c’était vrai, mais elle était surtout une Guramu qui venait de tuer un homme. Make n’avait jamais entendu parler d’Akiko, mais ce n’aurait pas été la première fois qu’un Oyabun garde son enfant préféré secret dans le but de la protéger.
C’était rare de voir une femme à la tête d’un clan, mais ça arrivait quand même parfois. Si Akihiro voulait léguer son clan à Akiko, personne ne viendrait s’y opposer. Surtout que Akiko semblait plutôt forte, elle ne devait pas avoir de difficultés à se faire respecter.
Make avait beau être dans une situation désespérée, il restait toujours un homme, un jeune homme de surcroit. C’était presque impossible pour lui de rester indifférent face à une femme. Son regard se posa sur Akiko, à part peut-être un certain air de tueuse, elle était bien. Make avait toujours aimé les femmes fatales. Il réalisa tout d’un coup le sens que cette expression avait dans la présente situation, car Akiko risquait bien d’âtre fatal à Make. Son attention surtout porté sur la demoiselle et ses… attributs, Make n’écoutait qu’à moitié Akihiro.
- …gré de me dire où la trouver, si vous ne tenez pas que ma chère fille, qui semble beaucoup vous apprécier, vous fasse part de ses... Talents particuliers.- Pardon, vous disiez?Les informations arrivèrent avec un léger décalage dans la tête à Make. Il comprit alors, la fille et où la trouver. Il comprit également la menace, Akiko avait beau être agréable à regarder, Make n’avait pas particulièrement envie de découvrir ce que Akihiro voulait dire par talents particuliers. Make se racla la gorge avant que le Guramu n’intervienne puis entreprit de répondre à la question qui lui était posée.
- Ah, la fille… Tina je crois. Non, c’était Tifa. Je… et bien, il semblerait que nous soyons à une impasse... Make prit un instant pour regarder le regard sévère de Akihiro
- Je ne sais pas où la trouver. Je ne l’ai jamais su d'ailleurs. Notre présence dans la même maison n’était qu’une coïncidence. Tout ça n’est qu’un énorme malentendu. Elle a même essayé de me tuer. Croyez-moi, j’adorerais vous aider sauf que… et bien, je ne peux pas.Make essayait d’analyser un peu les réactions de Akihiro, le Akuma était de plus en plus nerveux.
- Alors… Si vous nous laissiez partir moi et le flic. Je suis sur qu’avant longtemps nous rirons tous de ce quiproquo. Le regard de Make se tourna alors vers Akiko. Il y avait quelque chose de pas net avec cette fille. C’était au moins la troisième fille d’une grande beauté que Make croisait en l’espace de quelques jours et c’était également la troisième à avoir l’air de vouloir le tuer. Comment ce faisait-il que Make attirait toutes les jolies psychopathes? En fait, les intentions d’Akiko étaient toujours pour lui un mystère. Elle était calme pour l’instant, et c’était mieux comme ça. Il espérait réellement qu’Akihiro les laisses partir, mais Make n’était pas dupe. Il était l’héritier de son clan rival. Il ne s’en tirerait pas aussi facilement. Les chances que Hanzai arrive étaient également de plus en plus minces. Make devait se sortir de là tout seul. Pour ce faire, il ne pouvait compter que sur lui et sur Takeshi.