Derrière eux, toute la cavalerie les pourchassait. Outre la dernière voiture restante, des motards avaient maintenant rejoint leurs poursuivants, un déluge de plomb s’abattant sur le van. Tifa, à l’arrière, tentait tant bien que mal d’ouvrir le feu, mais l’arme était lourde, et sa position était instable. A dire vrai, elle cherchait surtout à ne pas tomber, plutôt qu’à réellement tirer. Tifa fit à nouveau feu, ses tirs se perdant sur l’asphalte, mais contraignant les adversaires à rester à distance respectable. Dire que la situation était critique semblait être l’évidence même. Une armée aux fesses, peu de munitions, et le van partait en lambeaux.
« Alors permet-moi de te conseiller. Pour semer les flics et les Guramu, on devrait se rendre dans l’est du Toussaint. Aux dernières nouvelles, cette région nous appartenait. Le Toussaint est dangereux ces temps-ci, mais ni les flics ni les Guramu nous suivront jusque là. C’est mon avis. »
Takeshi ne répondit rien. Il saignait, et l’adrénaline qui carburait dans ses veines le forçait à continuer à écraser la pédale. Le van tombait en morceaux, et l’est de la Toussaint, ce n’était pas la porte à côté. Néanmoins, en roulant aussi rapidement, et en passant par l’autoroute urbaine, il y avait moyen de le rejoindre dans un court laps de temps. Toute la difficulté, c’était effective ment que le van réussisse à tenir, ce qui, honnêtement, était tout, sauf une certitude. Ce dernier tombait littéralement en morceaux. La police les rejoindrait, mais Takeshi n’avait plus ses papiers, et aucun moyen de prouver son identité. Néanmoins, il restait un flic, et savait qu’il serait à l’abri auprès des policiers. Cependant, avec un Akuma à côté de lui, et une femme suspectée de plusieurs meurtres, il risquait de perdre un temps précieux. Akihiro Guramu était en danger de mort, c’était une certitude, une évidence qui s’imposait aux yeux de Takeshi. Son jeu était serré, et il avait besoin de l’aide des Akuma, qui en savaient bien plus sur les secrets de cette ville que sur la police. Il devait surtout retrouver Hatekayama, et quelque chose lui disait que les Akuma sauraient où le trouver.
« Okay ! s’exclama-t-il. On file là-bas ! »
Il braqua sur sa droite, et Tifa partit contre le mur, lâchant le fusil à pompe, qui glissa hors de la camionnette. Elle jura, et se protégea ensuite la tête, les balles tombant autour d’elle. L’une d’elle fit sauter la serrure d’une des caisses, et elle vit, à l’intérieur, une série de grenades à fragmentation. Le van repartit droit devant, et elle s’avança, attrapant une grenade, puis la balança en al dégoupillant. Il y eut une belle explosion, mais elle ne faucha aucun poursuivant. Takeshi, quant à lui, fonçait droit vers un rond-point, avec de la pelouse au milieu, et quelques statues, une rambarde empêchant les usagers de monter dessus.
« ’Pas le temps de faire le tour, on fonce ! »
Il fila vers la rambarde, l’explosant, et le van roula au milieu du rond-point. Sur sa droite, Takeshi vit plusieurs voitures de police se rapprocher, leurs gyrophares rugissant. Il fonça devant lui, sur une rue qui montait, atteignant un arrêt de bus où un bus était, justement, à l’arrêt. Pestant, Takeshi roula en contresens, voyant une voiture juste devant. L’automobiliste braqua sur sa droite, raclant les voitures stationnées, le van évitant de justesse une collision fatale. La fumée était de plus en plus dense, virant au gris, et le pneu arrière gauche éclata. Takeshi contrebalança avec le volant, essayant d’empêcher le van de partir dans le décor. Entre-temps, la dernière voiture des Guramu tenta un tête-à-queue. Le van tremblait bien trop.
« Putain, on y arrivera pas ! »
Tifa se retourna, et remonta dans le cockpit. Toutes les grenades étaient tombées, explosant parfois, mais sans décourager leurs poursuivants.
« Est-ce qu’il y a une station de métro là où vous voulez aller ?
- Je... Euh... »
Takeshi regarda Make, avant de secouer la tête.
« Ouais, mais ça va être chaud.
- Cette coque de noix n’en a plus pour longtemps. Vous avez une autre idée ?
- Bordel de merde ! »
C’était une réponse éloquente. Takeshi fila sur la gauche, rejoignant une petite place avec des bus, un carrousel, et la station de métro. L’endroit était une petite place estudiantine, avec des cafés, des terrasses, et, au milieu, la station de métro. Takeshi atteignit la place, et klaxonna furieusement, forçant les gens à s’écarter.
« Accrochez vos putains de ceintures, ça passe ou ça casse !
- Je... On devrait peut-être réfléchir à...
- Accrochez vos ceintures ! »
Voilà qui coupait court à la discussion. Les piétons s’écartèrent, tandis que le van défonça iune série de bancs et de tables, envoyant valdinguer tout ce qui se trouvait, filant vers la bouche du métro. Un escalier suffisamment large pour les laisser passer, avec un escalator à côté. Poussant des hurlements, les piétons s’écartèrent, et le van fila dans l’escalier, décollant du sol, avant que le haut du véhicule ne heurte violemment le plafond, arrachant un morceau de tôle. Le van s’écrabouilla sur l’escalier, et s’avança lentement, raclant les parois, dans un enfer de morceaux de tôle et d’étincelles. Les trois airbags se déclenchèrent simultanément, l’arrière du van se redressant, les roues tournant inutilement dans le vide.
Sonné, Takeshi sentait ses oreilles bourdonner, et toussa, avant d’écarter l’airbag. Tifa arrache le sien, se frottant le nez, entendant des bruits derrière elle. Le van était tombé comme une pierre, manquant se déchirer en deux, et elle pouvait voir que le plancher avait disparu. Ses pieds touchaient le sol, ainsi qu’une espèce de flaque d’essence qui grossissait. Des étincelles, de l’essence... Et, derrière eux, les Yakuzas qui les rattrapaient. Il y avait une autre entrée de la station, juste en face, et Tifa comprit qu’ils allaient devoir se dépêcher de sortir, avant que les Yakuzas ne les piègent.
« Remuez-vous, les gars ! »
Tifa sortit la première. Les badauds avaient craintivement formé un demi-cercle, les regardant, éberlués, ne sachant pas quoi dire. Tifa saignait, sa tenue était déchirée par endroits, et Takeshi parvint à enlever l’airbag. Il tenta de sortir par le côté, la portière ayan tété arrachée, mais des balles résonnèrent autour de lui. Comprenant que le temps leur était compté, que le van n’allait pas tarder à exploser, Tifa courut vers l’autre escalier, et se cacha dans le coin, attendant que les Guramu débarquent pour leur sauter dessus. Elle en atteignit un au torse, l’envoyant heurter violemment le mur, et son pied faucha un second Yakuza. Le troisième se tourna vers elle, et tira, mais elle se baissa, évitant la balle par réflexe, et le frappa à la tête, l’envoyant s’affaler contre les escaliers. Prenant l’un des pistolets qui traînaient sur le sol, elle visa le haut de l’escalier, et fit feu, contraignant les autres Guramu à se replier, tandis que la police se rapprochait également, les policiers ouvrant le feu sur les Yakuzas.
Se retournant, l’arme à la main, Tifa s’élança vers les guichets permettant de rejoindre la station. Elle vit un guichetier paniqué, bras levés.
« Mains en l’air ! Lâchez votre arme ! » résonna une voix forte, mais mal assurée, dans son dos.
Un agent de sécurité. Il avait sorti son arme de service, visant Tifa. Pendant ce temps, en hauteur, un Guramu se mit à dégoupiller une grenade, et la lança vers le van. L’avantage, c’est que les Guramu affrontaient maintenant la police, et ne tiraient donc plus sur le van.