Le minotaure s'apprêtait à charger de toute sa masse.
Cornes en avant, ses naseaux expiraient bruyamment chaque charge d'air en trop dans ses poumons et tout ses muscles étaient bandés à l'extrême, tendus comme des câbles prêts à rompre au moindre mouvement mal calculé. Ses yeux d'un noir de jais étaient braqués sur le Champion. Baralthorn. L'homme qui venait de couper le cou du second minotaure, frère du premier. Baralthorn, l'homme au corps massif dont les courbes musculaires étaient davantage dessinées par le sang dont il était couvert après de larges éclaboussures s'étant répandues sur lui.
Le champion attendait l'assaut, prêt à frapper. A l'instar de celui de son adversaire, son corps était paré à sa prochaine action et l'adrénaline pulsait avec rage en lui, pompée par un coeur furieux. Les minotaures avaient sû à un moment le mettre en difficulté et le champion avait aimé ça, se sentir prit au piège. Les complications l'excitaient, le rendaient encore plus furieux.
Quant il avait étêté le premier des monstres, la foule avait rugi superbement et ses vivas tonitruands avaient fait trembler les murs du Colisée, le galvanisant d'autant plus alors que la rage saisissait le minotaure restant qui avait hurlé à s'en déchirer la gorge.
L'assaut qu'il s'apprêtait à livrer serait le dernier de ce combat, d'une façon où d'une autre.
L'ambiance était lourde, le Colisée silencieux comme avant chaque passe décisive de son Champion. Puis les pieds commençèrent à taper en choeur contre le sol, déclenchant un grondement sourd et terrible, rythme de la mort à venir qui tira un frisson d'excitation à Baralthorn, qui ne pût s'empêcher de sourire.
Ce fût le déclic.
Les muscles du minotaure de détendirent d'un coup, le propulsant comme une balle meutrière de 300 kilos alors que le Champion armait son mouvement pour cueuillir la bête au moment le plus approprié. Tout allait très vite, tout allait très lentement. Pour Baralthorn, le temps semblait suspendu et il savait grâce à cela à quel moment il devait abattre sa lourde lame. Dix secondes. Neuf secondes. Huit secondes.
Et la lumière l'aveugla, tirant une expression d'horreur au public qui ne l'attendait pas. Le minotaure fût surpris aussi, mais était incapable de s'arrêter, continuant sa course folle. Alors, tout se passa en l'espace d'un instant.
Contre son corps, le champion senti la chaleur d'un autre. N'oubliant pas la charge destinée à le faucher, il referma son bras puissant sur le corps étranger par pur reflexe et le serra avec force tandis qu'il détendait ses jambes pour bondir sur le côté de justesse, sentant une des cornes lui arracher une partie de la peau du bras.
Sans trop le comprendre, le champion entendi le cri d'effroi d'un autre homme aussi clairement qu'il entendit ses tripes perforées par le minotaure qui chuta dans la surprise de cet impact inattendu, laissant Baralthorn récupérer rapidement, ses yeux descendant sur ce qu'il venait de sauver. Une jeune femme. Frêle, insignifiante.
Son oeil jetta à l'intruse un regard noir de fureur, mais un cri du minotaure le détourna de lui.
La bête revenait à la charge.
Sonné par sa chute, le minotaure ne fût plus vraiment un problème et la lourde épée de Baralthorn lui ouvrit le ventre dans le sens de la hauteur, le coupant net alors que la foule exultait dans un bruit de tonnerre assourdissant, qui ne fit que s'amplifier alors que le Champion abandonnait sa lame pour plonger ses deux mains dans le corps de son adversaire, en extirpant les intestins dans un geste furieux et barbare qui libéra une gerbe de sang allant s'abattre sur la jeune femme qu'on semblait avoir oublié.
Un morceau d'intestin à la main qu'il brandit vers le ciel, Baralthorn hurla sa victoire en un cri furieux et guttural tandis que les spectateurs explosaient et que le colisée en vibrait sur ses fondations.
C'était ça, l'arène ! La terrienne ressentait elle la fureur, la puissance, la brutalité de ce monde qu'elle venait de percuter ? Son âme en était elle remuée, son corps en était il excité ? Peut-être.
Baralthorn se tourna enfin vers elle, la saisissant par le premier poignet qu'il pût attraper et la fit se redresser pour la montrer à la foule, avant que d'une main ferme, il n'arrache sa robe avant de la jeter un peu plus loin sur le sable chaud, exposée à la vue de plusieurs milliers d'yeux.
Le verdict de la foule fût rugit plus qu'il ne fût crié.
"POUR TOI, CHAMPIOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !"
En cet instant, l'inconnue venait de voir se sceller son destin.
Selon le verdict intraitable de la foule, elle devenait l'objet de celui que les sepctateurs ivres de violence acclamaient encore à tout rompre.