Écran beu... c'est normal ? (terminé)

L'un dans l'autre ma première semaine de cours ne s'est pas trop mal déroulée. Finalement j'ai eu raison de me mettre vite au travail. Plus qu'à rentrer les notes de mes nouveaux élèves dans le réseau du lycée, et j'aurais le week-end pour moi. Si je me dépêche je pourrais même sortir ce soir, les derniers cours ne son pas terminés, le soleil n'est pas tout à fait couché. Je jette un coup d'œil par la fenêtre... ou peut-être un film et un verre de vin ?

Je reprend mon petit archivage. J'en ai qui pourraient donner des leçons à des anglophones, d'autres qui croient encore que la phrase "Hasta la vista, baby !" est elle-même anglophone. J'imagine que c'est pareil partout. Idem pour les regards. Mon tailleur intéresse plus les garçons que mon tableau noir. Sans compter que...

"Mes yeux sont plus haut."

J'en ai attrapé six avec ce petit classique, dont deux en une seule et même heure. Il n'y a pas si longtemps j'étais à leur place, et je n'avais pas non plus les yeux dans la poche. Toujours est-il que le niveau général est correct, au moins. Conscience professionnelle, mais surtout moins de boulot en rattrapage.

J'arrive bientôt à la fin de l'avant-dernière classe. À chaque nom j'essaie de faire revenir un visage. ce sont surtout les regards qui viennent. Ceux que j'ai surpris, du coin de l'œil. Ceux que j'ai poussé à la fuite, ou laissé se balader. Ils me rassurent. je suis passée de l'autre côté de la barrière, dans une ville inconnue. Mais je n'ai pas tout perdu.

Finalement je pense ce soir sera bien film et vin. Il est plus que temps que je prenne un peu soin de moi-même. Encore quelques noms et je clique pour sauvegarder la liste. L'ordinateur ne réagit pas. Ça fait bien deux heures que je suis dessus, le système d'exploitation n'est pas franchement une bête de concours... j'en profite pour pour ranger les feuilles inutiles dans mon sac. Quand je relève les yeux, je pousse un cri d'horreur.

L'écran est devenu tout bleu ! Avec des trucs en jargon de geek écris en en gris ! Deux heures que je suis dessus ! Même si je dois pas tout recommencer, je vais être obligée de revenir demain matin ! Ça veut dire que je vais devoir me lever !

- Non, non non... Saleté de machine... Tu peux pas me faire ça !

La sale bête émet un signal sonore aigu et s'éteint soudain d'elle-même. Je dois rêver ! Même le matériel bizute la petite nouvelle ! je rallume le poste pour tomber sur un écran, noir cette fois. Il y a des options, mais avec ma veine je vais provoquer une véritable catastrophe. Que'est-ce que je fais ? Je me tire ni vue ni connue ? la tentation est grande mais ce ne serait pas correct. Et planter un ordi dès la première semaine ne serait pas du plus bel effet.

Avec un soupir énervé je me rejoins le bureau pour passer un coup de fil.

- Le secrétariat ? J'ai un petit problème en salle d'informatique...

Ulrique venait de terminer sa dernière heure de cour de la journée. Une journée pleine de trou d'ailleurs à cause de son emploi du temps aménagé. En effet pas la peine de le faire repasser par la case Math, SVT et bien d'autres qui n'ont au final pas de grande différence avec leur équivalant français.

Il se dirigeait donc vers ... Hem hem, les WC en fait. Il s'apprêtait d'ailleurs à en franchir la porte quand son téléphone se met à sonner. La sonnerie étant attribuée aux numéros inconnus, il peut supposer qu'il s'agit d'un client quelconque.

Bizarrement c'est du secrétariat de l'établissement qu'il a en ligne. Apparemment le responsable informatique du lycée étant occupé (ou absent ?), la secrétaire avait pour consigne d'appeler un intervenant extérieur en cas de gros pépins. Vu que le dossier d'Ulrique n'était pas passer inaperçu dans son bureau la jeune femme a pensé à lui quand l'une des professeurs c'est plainte d'un dysfonctionnement de sa machine et qu'elle ne savait ou ne pouvait pas la remette sur pied.

Difficile de trouver plus proche qu'un élève en effet. Et vu qu'il a des activités professionnelles dans le domaine ça ne poserait a priori aucun problème qu'il s'occupe de ça. Il prend donc le numéro de salle et la vague description du problème et s'y rend une fois sa "petite affaire" régler.

Pièce numéro 119, salle informatique des professeurs. Une porte coulissante tout au bout du couloir du premier étage. À cette heure-ci il n'y avait pas grand monde à vrai dire. D'ailleurs il se demande si on ne lui a pas fait une blague quand il vient frapper le panneau qui tient l'endroit isolé du passage. Pourtant la porte s'ouvre quelques secondes plus tard.

La jeune femme qui lui ouvre doit sans doute être surprise de se retrouver avec la poitrine du nouvel arrivent sous le nez. Un rapide coup d'oeil vers le haut lui apprendra qu'il dépasse les deux mètres, fessant que la porte est trop basse pour le laisser passer debout ... Et pas asse large non plus d'ailleurs en y regardent bien. Une taille pareille ça ne passe pas inaperçue, sinon elle se serait rappelée de l'avoir eu en cours.

Ulrique porte son t-shirt rouge et unie sans signe distinctif ainsi un pantalon noir lui aussi très simple et ajuster à ses mensurations quelque peu spéciale. Une simple sacoche d'ordinateur noire elle aussi complète le tableau qui dans l'ensemble n'a rien d'extravagant, voir manque sérieusement de style.

Dans l'intervalle le jeune homme, qui n'en est pas vraiment un, découvre lui aussi la jeune femme en panne. Une taille relativement moyenne, rousse aux yeux bleu comme les siens avec un vissage comportant quelques taches de rousseurs qui vont de pair avec la chevelure. Le tout habiller d'un tailleur et d'une jupe stricte et sans originalité dans des tons gris qu'il trouve triste. Pourtant elle semble jeune encore. Après c'est une question de goût.

Hem ... Vous êtes Mlle Yamagashi ?

Si les traits de son visage n'ont pas renseigné Hitomie, son accent étranger lui indiqueront qu'il n'est pas vraiment originaire du Japon. Grave et accompagné de notes qui sentent bon la France, l'accent est aisément reconnaissable ... Si on sait d'où il vient.

Je raccroche le téléphone, pose mes paumes à plat sur mes cuisses et prend une grande inspiration. C'est partie pour une bonne plombe d'attente, à me faire des cheveux à propos de ma base de donnée. Mon premier réflexe est d'attendre patiemment sur la chaise, le second de me lever pour parcourir la salle de long en large. Sans compter que depuis que je suis installé, je n'ai pas trouvé une minute pour chercher une salle de sport. J'ai beau trouver un peu de temps pour aller courir, je saute au plafond au moindre stress.

On frappe ? Déjà ? C'est sûrement une erreur. Je file vers la porte et la fait coulisser... D'où sort ce mur rouge ? Et pourquoi on lui a taillé des pectoraux à cette hauteur. Je lève la tête et découvre que le mur en a aussi une. Vu l'altitude il doit aussi avoir une vue imprenable sur mon décolleté.

Hem.. Vous êtes Mlle Yamagashi ?

Je m'écarte de la porte.

Oui, c'est moi.

Pas de "Yamagashi-sensei" ? "Mademoiselle" ? Il n'est sans doute pas aussi japonais que moi, et je ne le suis qu'à moitié. Son accent me dit quelque chose, mais il n'y a qu'une chose à dire.

Pitié ! Dites-moi que vous venez pour l'ordinateur !

Pitié ! Dites-moi que vous venez pour l'ordinateur !

C'est ce que l'on appelle le "crie de l'utilisateur en détresse", même si en l'occurrence on a ici affaire à une jeune femme (les hommes sont guères mieux face à leur PC), professeur du lycée qui plus est. Bon, il y a bien eu un petit air de surprise quand il a demandé s'il était au bon endroit. Un petit problème de syntaxe qui ne passe pas encore toujours très bien dans le fin fond du cerveau d'Ulrique, mais ce n'est qu'un détail.

Oui, vous me montrez ?

L'objet de la dérive de la jeune femme semble être une machine d'un certain âge compte tenu des standards de l'informatique moderne. Au menu du jour, Pentium 4 et son accompagnement de SD-RAM agrémenté de sa sauce XP. Comme quoi même au pays de la démesure électronique les institutions regardent de près les budgets qui les concernes.

Pour compléter le tableau, les explications concernent la survenu de l'écran bleu, suivie bien évidemment de l'habituel menu auquel personne n'ose toucher et qui propose un "mode sans échec", le même avec le réseau, une console de réparation, un démarrage pas à pas et pour finir, le démarrage normal. Plein de choses pratiques ... Quand on sait à quoi elles servent.

Hum ... Et bien on va voir ça.

Ulrique sélectionne tout bêtement le démarrage normal, usant à nouveau de son "truc" pour mettre le malade sous monitoring. Mais il avait déjà une bonne idée de l'origine du problème ... Une chose très bête comme beaucoup des pannes du genre, qui semblentimpressionnantes mais qui finalement sont sans gravité. On ne le dira jamais suffisamment, les ordinateurs n'aiment pas la poussière ...

En attendant le moment où il ouvrira le capot, l'ordinateur lui demande docilement identifiant et mot de passe pour accéder à la suite. Il pourrait s'en passer en fait en se contentant de forcer l'étape suivante, mais vu que Mlle Yamagashi se trouve ici, autant lui demander ... Sinon ça lui paraitrait bizarre aussi.

Si vous voulez bien vous donner la peine sensei ...

Tien, il y a pensé cette fois ? C'est vraiment aléatoire en fin de compte ...

[HJ : Tend de temps pour si peu ... Je me déçois moi-même ...]

Mon sauveur ! Et en moins de dix minutes ! Je respire enfin. je respire et je remarque à quel point il est immense, et musclé. J'ai l'impression d'être une gamine à côté de lui. Il doit presque plier les genoux pour passer la porte en baissant la tête. Et il la franchit en biais, comme un grand matelas, en fait. D'ailleurs sur quoi un homme de cette carrure peut-il bien dormir ? Quel lit peut bien résister à son poids ? Sans compter que s'il a le sommeil agité il doit ravager sa chambre à longueur de temps.

mais à quoi tu penses, Hitomi ? C'est le stress. J'accompagne le colosse jusqu'à la machine défectueuse. En y repensant j'espère presque qu'il va m'annoncer qu'elle est fichue. Une bonne excuse me défouler en la jetant par la fenêtre. Je me penche vers l'écran en l'invitant à s'asseoir.

Allez-y.

Il s'installe devant le clavier, balaie l'écran de démarrage et fait... quelque chose. Ce genre de gars doit se moquer des gens comme moi, qui se laissent tenir par la gentille main de Windows, et qui tombe par comme des bébés dès qu'on les lâche. En plus tout ce qui est écrit là est en Anglais, ma langue natale. je ne sais pas pourquoi, je n'ai jamais réussi à piger.

Bref, une fenêtre ne tarde pas à apparaître, demandant l'identifiant et le mot de passe. Comme tous les lycées celui si est plein de geeks qui pourraient entrer dans le système comme dans un jardin public, mais ce sont les profs qui doivent montrer patte blanche. Le jeune homme s'écarte pour me laisser libre accès au clavier.

Même assis il est presque aussi grand que moi. Je dois étendre les bras si je ne veux pas l'escalader, puis le descendre en rappel, pour atteindre les touches. Je pianote tout ça aussi vite que possible, moins que je ne l'espérais vu que le "A" est à l'autre bout du monde. Je me sens ridicule, j'ai peur de le gêner. Être aussi gâté par la nature n'est pas forcément un cadeau, je ne voudrais pas qu'il se sente gêné. Il est là pour m'aider.

J'abandonne le clavier, et à vrai je l'abandonne aussi. Je ne vais rester derrière lui, sur la pointe des pieds à regarder par-dessus son épaule. Dans son dos, regarder ses épaules... Son T-shirt le serre juste à assez pour laisser deviner les courbes de sa musculature... Et ses bras, ses grandes mains... Comment peut-il travailler sur des ordinateurs sans briser leurs claviers ?

Soudain on me touche les fesses. Je sursaute et me retourne. une chaise. J'ai reculé de trois mètres sans m'en rendre compte ? Il faut que je me ressaisisse. Je fais quelques pas dans la salle, les bras croisés sur ma poitrine. Chaque fois que je cligne des yeux mon regard reviens vers mon gigantesque sauveur du jour. Qui ne m'a pas encore sauvé, mais il est venu et c'est le principal. Je dois penser à autre chose, mais tout seule ce ne sera pas facile. Soudain un détail me reviens.

Vous êtes Français, non ?

Il bosse, Hitomi. Espèce de cruche. Ma main droite s'échappe pour balayer mes propres mots.

Pardon, ça vous dérange peut-être qu'on parle.

Comme à quasiment chaque nouvelle rencontre, la taille d'Ulrique semble avoir un certain effet sur la professeure. C'est un effet habituel qui amuse le jeune homme plus qu'autre chose depuis le temps. Ça comporte même certain avantage non négligeable, comme entre autre être pile à la hauteur nécessaire pour observer les poitrines des jeunes filles sans passer immédiatement pour un pervers de première, que l'on soit assis ou debout. Ça rendrait jaloux des sentinels en collant sans doute, mais quoi qu'il en soit le dépanneur du jour lui il ne se gêne pas ... Enfin pas trop, juste de quoi joindre l'utile et l'agréable.

Là où les choses deviennent comiques ou plus compliqué en fonction du point de vue, c'est quand Hitomie viens pour entrer son mot de passe. Ulrique ne s'étant pas suffisamment reculé pour qu'elle soit à l'aise dans l'opération. À la réflexion la scène pourrait être mal interprétée par quelqu'un qui entrerait à ce moment-là, à moitié cacher par l'imposante carrure du jeune homme, la professeure pourrait avoir l'air de pratiquer une activité ... Pas très catholique diront nous.

Heureusement personne ne vient leur rendre visite, lui permettant d'observer de plus près la professeure qui ne semble pas très à l'aise pour une raison X ou Y. Elle disparaît d'ailleurs de sa vu après avoir déverrouillé la machine, passant dans son dos sans demander son reste. L'opération de remise en service reprend donc son cours normal ...

Il ne prête pas spécialement attention à ce que fait Hitomie. D'ailleurs il ne bouge pas d'un poil quand cette dernière bute sur une chaise à force de reculer, supposant qu'elle devait faire autre chose en même temps alors qu'il utilise quelques programmes qu'il garde bien au chaud sur la clef qu'il a branchée dans l'intervalle. Quelques minutes plus tard le diagnostique est fait.

Vous êtes Français, non ?

Exacte, de Sarthe pour être plus précis. Vous connaissez ?

C'est peu probable, à moins d'être allé dans ce département, d'être fan de rillette ou de suivre le sport automobile. À part ça le département est nettement moins vendeur que la côte d'azurs.

Pardon, ça vous dérange peut-être qu'on parle.

Non pas du tout, en fait j'ai trouvé le problème.

Comme pour marquer la chose, il sort de sa sacoche un curieux instrument pour un dépanneur en informatique, une bombe qui ressemble furieusement à un aérosol similaire à ses parfums pour WC que l'on trouve en grande surface. Quelques minutes plus tard le couvercle fermant la tour laisse place aux entrailles de la machine qui s'avère être quelque peu ... Encombrée.

Il y a tellement de mouton là-dedans qu'on pourrait me faire un pull.

Dit-il en plaisantent avec son jeu de mot, très simple d'ailleurs. Ce qui est moins marrent c'est le nuage de poussière qui se crée quand il fait usage de sa bombe d'air comprimé, décrassant rapidement radiateurs et circuits électroniques qui forment les poumons et la chaire de la machine

Si ça ne gêne pas...

- Non, désolée. Tout ce que j'ai vu de la France, c'est le Languedoc.

Il sort une bombe de sa sacoche. Qu'est-ce qui se passe ? La machine a grillé et il veut masquer l'odeur ? Je le contourne pour voir qu'il ouvre le capot de l'ordinateur. Après tout il doit savoir ce qu'il fait. Je lui dirais bien trois mots en Français pour le mettre à l'aise, et me mettre en valeur. Mais je parle l'argot des gamins du sud d'il y a dix ans, avec un accent anglo-japonais. Si j'essaie il va se crever les tympans.

- Il y a tellement de mouton là-dedans qu'on pourrait me faire un pull.

Soudain le troupeau de moutons me saute au visage. Je n'ai pas eu le temps de prendre ma respiration que je ferme les yeux et me rejette en arrière.

- At'si !

Je déteste ça. Avoir tout le corps crisper, la tête rentrée dans les épaules, l'air qui me chatouille des narines à la gorge. Je titube en tentant de retenir mes éternuements. J'ai les yeux mi-clos, déjà plein de larmes pour chasser la poussière. Je n'y vois rien. Chaque fois que mon corps tressaute, le poids de ma poitrine m'entraîne en avant. Comme quoi il n'y a vraiment pas que des avantages à être gâtée par la nature.

La main que j'agite devant mon visage brasse la poussière tant qu'elle peut. Soudain elle se plaque contre un bras musclé alors que ma poitrine s'écrase contre mon sauveur. Sur un dernier éternuement je pars en arrière pour me retrouver par terre, sur les fesses, aux pieds d'Ulrique.

Non, désolée. Tout ce que j'ai vu de la France, c'est le Languedoc.

La Côte d'Azurs alors, ça doit changer du climat japonais. Moi je suis de bien plus au nord en fait.

Une conversation anodine sur un sujet anodin, dans un endroit finalement très banal. En clair la vie de tous les jours loin des dieux, elfes, orcs, autres_machins_trucs_muche que l'on peut croiser à quelques portails de là. Mais il faut croire que le hasard ne tolère pas ce genre de situation trop stable et creuse.

En effet, le destin a voulu qu'Hitomie se trouve sur la trajectoire du jet d'air et de poussière, alors qu'Ulrique pour sa par ne s'aperçoit que trop tard qu'elle l'a contournée pour observer son petit manège. Résultat, une superbe crise d'éternuement à gogo, accompagnée de la traditionnelle perte d'équilibre et de la montée de larme qui vient inévitablement avec.

D'ailleurs elle se met à tanguer dangereusement, déséquilibrée par son avantageuse poitrine qui finit par l'entraîner contre lui. Ulrique n'a pas le temps de la rattraper d'ailleurs quand le choc la renvoie en arrière comme une balle de tennis contre un mur, en moins d'une seconde la professeure ce retrouve les fesses à terre à le regarder un peu bêtement les yeux larmoyants.

La crise finit heureusement par passer alors que l'image vue de l'extérieur aurait sans doute des airs disons ... Fortement suggestif, un peu comme tout le reste en fait. Il finit par lui tendre la main pour la remettre sur ses jambes, une position sans doute nettement plus convenable entre la professeure et un élève ... En en profitent pour jeter un oeil au décolleté qu'il a sous le nez, pourquoi se priver d'ailleurs ?

Ça va mieux ?

Whaaa ... Imagination débordante dans cette question vous ne trouvez pas ?

[Pas terrible désolé]

J'ai encore la tête qui tourne, et le voyant debout devant moi ça ne s'arrange pas. J'attrape la main qu'il me tend et me laisse tirer. Il est vraiment fort. Il me remet sur mes jambes sans le moindre effort.

- Ça va mieux ?
- Oui, merci.

Je chancèle un peu. Ma petite aventure m'a coupé les pattes. Je pose même ma main libre sur son torse pour garder l'équilibre.

- Désolée, je suis parfaitement ridicule.

Soudain je remarque son regard. J'aime qu'on me dévore des yeux. En classe je l'aurais copieusement allumé pour son regard baladeur. Mais nous ne sommes pas en classe. Et maintenant que j'y pense ça commence à faire quelques temps qu'un homme ne s'est pas occupé de moi. j'ai déjà honte de m'être effondrée comme une idiote, la chaleur qui me monte à la tête me fait rougir.

Je ne suis pas douée pour faire le premier pas. En fait je ne suis pas assez subtile. J'attends toujours que l'es autres approchent, puis quand les choses sont claires je me laisse aller. Il me regarde et semble trop s'en contenter. Je m'éclaircis la gorge, comme pour éviter une nouvelle volée d'éternuement. Ma main quitte son torse pour aller faire sauter les premiers boutons de mon chemisier.

- Ça vous dérange si...

J'ai la voix fluette d'une ado qui essaie de piéger son prince charmant. Pourvu qu'il ne s'enfuit pas en courant.

Désolée, je suis parfaitement ridicule.

C'est de ma faute, je n'avais pas vu que vous étiez derrière moi.

Un accident con en somme. Mais bizarrement cet événement finalement anodin fait rougir la professeur. C'est peut-être son regard un peu mal placé dans ce genre de situation qui provoque ça, allez savoir. Mais bon quand on s'appuie sans vergogne contre un (grand) homme, il faut bien s'attendre à être détaillée par ledit homme non ? Ce n'est peut-être pas comme cela que ça fonctionne au Japon, les locaux étant parfois déroutant dans leur logique et leur culture quand on n'est pas né dedans.

Évidemment il ne pouvait pas deviner qu'Hitomie connaissait au moins en partie la culture européenne, bien qu'on n'aborde pas forcement les choses sous le même angle en France et en Angleterre. Mais là n'est pas vraiment le sujet à vrai dire.

Ça vous dérange si...

Soit la jeune femme est aveugle au point de ne pas se rendre compte que ce genre de comportement peut être interprété de façon très suggestive, soit elle essaie de l'allumer d'une façon très coincée et/ou hésitante.

Moi ça ne me pose aucun problème. J'en ai plus pour longtemps.

Effectivement il remonte la machine à l'origine de leur rencontre. En ce qui concerne le fichier perdu il ne peut malheureusement pas faire grand-chose, avec un peu de chance elle pourra en récupérer une partie via la sauvegarde automatique, mais sans doute trop peu pour terminer avant la fermeture de l'établissement. Mais la jeune femme a-t-elle réellement envie de ce remette là-dedans après tout ?

Il éteint l'ordinateur et récupère ses affaires pendant que la professeur en fait sans doute de même. Il attend poliment qu'elle soit prête elle-même à sortir en se tenant debout à coter de la porte, mais avant de la franchir il prend le temps de s'étirer. Les bras tendus en l'air soulevé un peu le tissu qui lui couvre le torse pour dévoiler un petit bout de son ventre. L'étoffe laisse d'ailleurs deviné le reste ce qui ne manque probablement pas d'attirer le regard d'Hitomie, regard qu'Ulrique intercepte avec sans doute tout l'intérêt dont il est chargé.

J'imagine que vous ne passez pas toute votre vie dans le rôle de professeur, vous savez où l'ont peut boire un truc frais dans le coin ?

Une perche aussi grosse qu'un building qu'elle ne peut a priori pas louper si elle voulait effectivement jouer les allumeuses. À Hitomie de saisir sa chance ... Ou pas, ça ne dépend plus que d'elle maintenant.

Le voilà qui se remet au travail. Ha non : il plie bagages. Je ne sais pas si j'ai touché le fond de la bêtise ou atteint les sommets de l'idiotie en l'allumant comme ça. Un jeune homme aussi bien fait, il doit se faire aguicher en permanence. Une de plus, et qui le drague lourdement au boulot. En fait c'est de ma faute, je n'ai vraiment pas brillé. À force d'élèves entreprenants j'ai peut-être perdu la main. Je récupère le veste de mon tailleur et mes copies qui trainent encore sur le bureau. je ne pose même pas la question : perdues ou pas ma petite liste est le cadet de mes soucis. J'ai besoin d'un long bain en tête à tête avec ma compil de U2.

En me retournant vers la porte je découvre Ulrique en train de s'étirer devant la porte. Il est tellement grand qu'il doit plier les bras derrière sa tête. Ses coudes touchent presque le plafond ! Je voudrais être une petite chose fragile entre ces gros bras, et blottie contre tout le reste. Son t-shirt tendu épouse les courbes de son corps musclé. Il se lève même pour découvrir une paire d'abdos, deux carrés de chocolat qui excitent mon appétit. Il le fait exprès ! Il le fait exprès ? Une réponse positive à mes avances maladroite ? Il ne tarde pas à me le confirmer.

J'imagine que vous ne passez pas toute votre vie dans le rôle de professeur, vous savez où l'ont peut boire un truc frais dans le coin ?

Je reste figée une demi seconde puis tousse un coup. Sauvée par la gorge.

Oui, bonne idée.

Je ne suis sorti qu'à deux endroits dans cette ville. le premier est un salon de thé, pas l'idéal pour boire frais. Le deuxième se trouve dans le quartier de la Toussaint, le Dahlia Noir. Un club de strip-tease où je connais une fille qui pourrait me piquer mon géant d'un battement de cil. Il va falloir improviser. Il va falloir improviser, Hitomi...