Donc Hitomi s'était bel et bien égarée dans le Quartier de la Toussaint. Voodoo ne remit pas en cause ses dires car elle disait la vérité et la mutante le sentait. Elle n'avait pas vraiment besoin de lire dans ses pensées car certains signes physiques ne trompaient pas : battements accélérés du cœur, débit rapide et ainsi de suite. De toute manière, qu'elle mentait ou non, Voodoo s'en foutait : chacun était libre de vivre sa vie comme il l'entendait et ce n'était pas elle qui allait empêcher les autres de faire ce qu'ils voulaient. La vie était déjà bien assez chiante comme ça sans qu'il soit besoin d'en rajouter.
- Ça n'a pas vraiment d'importance en fait...
Quand la mutante lui posa la seconde question, Hitomi se mit à rougir et commença une ébauche de réponse quand le métro s'arrêta à une station et que six hommes entrèrent dans la rame : ils étaient jeunes, bruyants et avaient des mines patibulaires (mais presque). Quand ils virent les deux jeunes femmes ils vinrent à leur hauteur et s'assirent à côté d'elles avec des regards qui en disaient long...
Voodoo demeurait imperturbable : ils se prenaient pour des durs mais ce soir c'était le chasseur qui allait devenir le chassé... Hitomi, en revanche, était terrifiée : son visage était décomposé et elle serrait les jambes. Cela ne s'améliora pas quand l'un des gugusses lui fit une "cour" empressée ; comble de malchance, un autre reconnut en elle la professeur d'anglais du lycée et à partir de là, ça tourna au vinaigre pour Hitomi qui dut subir une "fouille à corps" dans les règles de l'art...
Pendant ce temps là, la mutante était encerclée par les cinq autres gaillards :
- T'as vu les nichons qu'elle se trimballe ?!
- Purée, j'en ai jamais vu d'aussi gros !
L'un d'entre eux, celui qui avait l'air d'être le chef avança une main fébrile vers la poitrine de la jeune femme, quand cette dernière le foudroya du regard en disant d'une voix glaciale :
- Ne fais pas ça, sinon...
- Sinon quoi ?
Il fut un peu décontenancé par l'attitude calme et décontractée de Voodoo : la plupart du temps quand une fille se faisait agresser, elle hurlait, se débattait, suppliait... Mais pas elle. Cependant son hésitation ne dura qu'un instant et il posa avidement sa main sur le sein gauche de la mutante, savourant sa douce rondeur à travers le tissu du T-shirt. Cette sensation agréable ne dura qu'une fraction de seconde : Voodoo se saisit de cette main et la broya impitoyablement, un craquement sinistre résonna dans l'air suivi d'un hurlement de douleur qui retentit dans toute la rame.
- SINON, ÇA !
Sa voix n'était plus qu'on grondement, pareil à celui d'un fauve. Tandis que le chef se traînait lamentablement au sol, tenant sa main brisée en poussant des petits cris de fillette entrecoupés de sanglots, Voodoo passa à l'attaque : elle souleva de terre celui qui se trouvait le plus à sa droite, comme s'il ne pesait rien, et le balança sur ses congénères ; trois reçurent le projectile et ils allèrent tous s'écrouler deux mètres plus loin, au fond de la rame, heurtant durement qui un poteau, qui un siège. Il en restait un dernier qui balança son poing sur elle : Voodoo le stoppa net et lui balança un coup de pied dans les parties, lui ouvrant ainsi la possibilité d'embrasser une carrière de castrat...
Elle se tourna vers Hitomi qui était occupée avec le sixième gaillard : elle avait bien réussi à lui asséner un coup mais il était revenu à la charge. Quand il vit comment Voodoo s'était débarrassée de ses agresseurs, il devint pâle et essaya d'échapper à cette furie ambulante. Peine perdue. La mutante l'empoigna par le col et projeta sa tête contre la vitre de la rame qui vola en éclat. La tête ne valait guère mieux...
Le métro s'arrêta à la station suivante. Fort heureusement, personne ne monta cette fois-ci. Voodoo prit sa compagne par le bras :
- Venez, on va changer de voiture : celle-ci est trop mal fréquentée !
Elles sortirent rapidement et se dirigèrent deux voitures plus loin. Là aussi il n'y avait personne. Voodoo s'assit et dit :
- Quelle soirée ! Ça va sinon ? L'autre naze vous a rien fait de mal ?