« Moi, je suis loin de vous… Oh mais c’est pas vrai ça ! »
Il leva de grands yeux vers elle, la regardant entre l’envie de rire et l’envie de se cacher. Apparemment pour elle, ça n’avait pas trop l’air de la gêner. Il essaya de se faire tout petit alors que tout les regards se reportèrent sur eux. Puis, d’un ton presque glacial, Marine s’excusa. Le ton de sa voix était si froid que l’effet fut immédiat. Elle avait prononcé des mots d’excuse qui avait sonnés comme un ordre …
Elle reporta son attention sur Kei, mais son visage était impassible : pas un sourire, plus de traces de colère. Une seule lueur de tristesse se lisait au fond de ses yeux. Elle s’excusa une fois de plus. C’est vrai, elle l’avait prévenu : tutoyer était assez dur pour elle. Mais il n’avait jamais été aussi loin de la vérité. Pas une seconde il se serait douté que la jeune femme s’était fait battre dans sa vie. A tel point que d’après ce qu’il comprenait, elle était « marquée » par ses bourreaux. En effet, ce n’était pas quelque chose qui pouvait s’oublier avec un seul sourire. Elle avait surement une très forte volonté.
« Donc, je disais que j’étais bien loin de te trouver inintéressant. Ce n’est pas parce que tu es réservé que tu es insignifiant. C’est plutôt moi qui dois l’être. Je n’ai jamais vraiment eu d’existence, alors je n’ai pas grand-chose à raconter. En tout cas, moi, j’apprécie ta compagnie, Kei »
Un nouveau sourire vint illuminer son visage. A première vue, il ne s’agissait pas d’un sourire de façade, mais un réel sourire. Ses mots touchèrent l’ange au plus profond de lui. Ce fut cette fois à lui de faire le premier pas. Il tendit ses bras et prit l’une des mains de Marine dans les siennes, puis lui dit d’un air sérieux.
« Si c’est vraiment ce que tu penses, profite de cette nouvelle vie que tu es venue chercher ici … Et sache que si tu as un problème, tu pourras compter sur moi – il se mit à alors à sourire – Du moment que ça ne concerne pas les études, je pense que ce devrait être bon. En tout cas, je te remercie. »
Les choses seraient toujours plus faciles lorsque leur poids ne reposait pas sur une seule personne. Certes, c’était un peu présomptueux de lui dire cela, mais au moins elle savait que s’il se passait n’importe quoi, elle pouvait compter sur lui. Puis il repensa à ce qu’elle lui avait dit.
« Sans dire que je connais un très bon docteur … »
Bien entendu, ça sous-entendait lui-même. Comme il lui avait soigné son poignet plus tôt dans la soirée, il pouvait réitérer l’opération sur ses cicatrices. C’était réalisable pour lui. Le problème résidait dans le fait qu’il devrait se justifier après l’avoir « guérie ». Les marques disparaitraient sans nul doute, mais ce passage de sa vie restera ancré au plus profond de sa mémoire.