Quand la nuit tombait, Edge ne pouvait s’empêcher de pousser un long soupir. Elle ne regardait que très peu le ciel, mais le devinait quand elle se voyait forcée de plisser les yeux pour mieux distinguer les noms notés sur ses flacons. Elle porta la main à la lampe, appuya légèrement. Un déclic, puis une aura jaune se permit d’envahir les lieux. Elle passa sa main sur ses yeux, un peu rouge, légèrement meurtris par tout ce travail. Depuis ce matin, elle y était. C’était épuisant, à force. Même si elle prenait un malin plaisir à travailler ainsi, à faire sa cuisine étrange, son corps ne suivait pas. Elle se décida à poser ses outils, et se laissa tomber en arrière, sur son siège. Elle vivait dans des conditions assez enviable : elle disposait d’une demeure à un étage, dont le bas était occupé par chambre, cuisine, et toutes ces choses utiles à la survie, tandis que l’étage était occupé par son « laboratoire », où elle avait posée un futon, pour les jours où elle travaillait beaucoup. Son jardin, de bonne taille, était une réserve où poussaient toutes sortes de plantes, et elle possédait une source chaude – ou rotenburo – sur le côté gauche. Elle y vivait bien, et ne demandait rien d’autre. Toute sa maisonnée ressemblait à un manoir miniature, amusant.
Ce matin, elle avait reçue une demande, avec un délai de trois jours. C’était peu, très peu. Un philtre puissant, pour guérir. Elle n’avait de cesse de pester contre ce genre de demandes, les gens se prenaient pour des dieux et s’imaginaient déjà guérisseurs.
Elle passa sa main dans ses cheveux fins, qui coulaient le long de son corps. Elle portait une tenue des plus étranges : Un pantalon de coton, noir et élégant, de longues bottes en cuir marron, une chemise peu fermée et un veston de velours marron. De nombreuses ficelles étaient nouées de façon lâches autour de sa taille, et elle gardait des bracelets, colliers aux couleurs douces. Ce n’était peut-être pas une tenue très adaptée pour travailler, mais elle s’y sentait à l’aise. Elle repoussa de la main ses outils.
« J’y re-travaillerais demain, soupira t’elle »
Elle se leva doucement, passant sa main sur son front. Depuis qu’elle était arrivée, elle n’avait pas eu d’ennuis, mais pas un jour ne passait sans qu’elle craigne qu’on vienne la chercher. Vivre dans cette atmosphère était des plus déplaisante. Elle toussa légèrement, et regarda le ciel qui noircissait à vue d’œil. Elle avait appris à le savourer, ce ciel. Il lui avait manqué, quand elle était aux Enfers. Elle fronça les sourcils, se refusant de repenser à ce moment assez délicat de sa vie. Elle sortit, retourna la pancarte « Ouvert » pour la mettre dans le sens « Fermé », l’heure des visites était passée. Elle alluma toutes les lumières de sa maison, et se posa sur un canapé de cuir, dans son salon. Elle jeta une fiole dans la cheminée, et un feu s’alluma vivement, dansant devant elle.
Elle eut un sourire.